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1. aujourd hui Chaque pays en a bien conscience qui en profite pour critiquer l action de l ONU sans pr senter pour autant de doctrine nationale de remplacement Les conclusions du rapport Brahimi sur le fonctionnement des op rations de maintien de la paix de l ONU mettent en lumi re les multiples dysfonctionnements et carences du d partement des op rations de la paix des Nations unies Mais surtout il pointe le fait que la protection des populations n est pas en l tat une mission qui puisse se traduire en terme d objectifs et d actions militaires L absence de doctrine militaire concernant la protection des populations est d autant plus grave que chacun s accorde reconna tre que les populations sont devenues les principales cibles et victimes des conflits en cours Les fonctions que la France occupe la t te du d partement des op rations de maintien de la paix des Nations unies et l exp rience qu elle a accumul dans ce domaine devraient la conduire ouvrir ce vrai d bat2. aggrav par la p nurie alimentaire Les crises ont toujours une histoire et ne d marrent pas au moment o les cam ras se mettent fonctionner Quand l op ration militaire internationale est finalement d cid e on est presque un an apr s le pic de la famine Effectivement il tait important d apporter de la nourriture mais l intervention qui arrive est d cal e par rapport son objectif humanitaire La plupart des victimes sont d j mortes et la situation de s curit est intenable Tr s vite il y a une escalade de la violence entre les diff rents contingents nationaux de la force internationale et les chefs des diff rents clans politiques et militaires somaliens Sur le terrain les diff rents contingents nationaux composant la force internationale ont chacun des doctrines d intervention diff rentes voire divergentes Cr e pour distribuer du riz aux affam s l op ration internationale va sous la pression des Am ricains d clarer la guerre l un des chefs de clan somalien L intervention humanitaire s est transform e en guerre ouverte notamment apr s la capture et la mise mort des soldats am ricains avec un encha nement d attaques et de Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 7 repr sailles A la suite de ces v nements l h pital et la maison o travaillait MSF sont bombard s par les h licopt res de l ONU causant morts et bless s Une manifestati
3. Harmattan Paris 1994 129p Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 2 Les motifs des critiques mises par les Organisations humanitaires contre ces op rations militaro humanitaires n ont pas t entendus et compris pour leur vraie valeur Ils ont souvent t caricatur s comme expression d un antimilitarisme pr tendu naturel des ONG ou d une d fense corporatiste de ces ONG confront es l efficacit des arm es dans le domaine humanitaire Le dialogue entre humanitaire et militaire est indispensable et in vitable Il constitue une donn e constante de l activit sur les terrains de crise Mais ce dialogue ne peut se satisfaire de caricatures de r actions pidermiques ou de querelles de personnes La contestation lanc e d s le d but du conflit en Bosnie par certaines ONG dont MSF contre certains aspects des op rations militaro humanitaires s adresse ceux qui dans les gouvernements et l ONU ont con u et organis ces missions c est dire dans tous les cas aux responsables politiques des instances nationales et internationales C est donc tort ou parfois sciemment pour viter de r pondre aux vraies questions pos es par les ONG sur la protection des populations que certains font semblant de voir dans cette contestation une injure l honneur et au d vouement des forces arm es et aux militaires morts ou bless s dans ces op rations 1 La dangereuse ambigu
4. ne doivent pas s y tromper ce n est pas contre eux mais contre les d cisions politiques qu ils taient charg s d appliquer que nos critiques taient tourn es Sous les apparences de sa g n rosit humanitaire la communaut internationale cachait un choix politique inavouable et inavou celui de rester politiquement et militairement passive face aux crimes massifs qui taient commis en Bosnie Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 9 L ensemble de ces contradictions a conduit en Bosnie au drame toujours non lucid de Srebrenica En 1995 8000 civils bosniaques furent massacr s et 35 000 autres d port s par les forces serbes lors de leur attaque contre la zone de s curit de Srebrenica L ONU qui tait cens e prot ger l enclave et sa population na l poque pris aucune mesure militaire ou politique pour contrer cette attaque ou prot ger la population L tude du cas de Srebrenica et du g nocide au Rwanda sont pour nous indissociables de toute r flexion s rieuse sur le r le des militaires dans l action humanitaire MSF a insist au niveau du parlement fran ais notamment pour que des enqu tes nationales viennent compl ter les rapports tr s diplomatiques r dig s par les Nations unies sur les drames de Srebrenica et du Rwanda Malheureusement les enqu tes nationales et internationales ont du mal claircir les circonstances r elles de ces drames car o
5. s fragilis es par la guerre et les difficult s conomiques a pos des probl mes r els notamment au regard des trafics de la corruption et de la prostitution Des mesures tr s strictes ont d ailleurs t prises avec succ s pour limiter ces probl mes lors de l op ration de l ONU au Timor Il faut galement mentionner un dernier point qui limite l efficacit des militaires dans le domaine humanitaire Il s agit de l incapacit des militaires qui font de lhumanitaire rester op rationnels si le conflit clate C est vident pour les militaires mais c est une surprise pour les civils Surtout si on a mis en avant la mission humanitaire des forces arm es Je voudrais prendre un exemple pour illustrer ce point Au moment de l attaque sur l enclave de Srebrenica il y avait une quipe chirurgicale de MSF qui travaillait l h pital et deux quipes m dico chirurgicales n erlandaises pour le contingent n erlandais de la FORPRONU L attaque sur l enclave a dur six jours avec des bombardement extr mement intensifs qui ont fait norm ment de bless s puisque toute la population civile avait reflu sur la ville Quand l quipe chirurgicale de MSF a demand de l aide l quipe m dicale hollandaise celle ci a r pondu qu elle ne pouvait pr ter aucun m dicament ni m decin car elle tait en tat d alerte et devait garder le tout disponible pour son contingent D s que Srebrenica est tomb e le 11 juillet au so
6. t des actions militaro humanitaires Ce qui a conduit notamment M decins Sans Fronti res mais aussi d autres ONG contester les actions militaro humanitaires d s le d but de la guerre de Bosnie ne tenait pas des r actions pidermiques ou des querelles de personnes entre Bernard Kouchner et ses successeurs dans les ONG mais des diff rends sur le fond essentiels qui m ritent vraiment d tre consid r s dans leur dimension intellectuelle surtout au regard de leur co t humain en termes de protection des populations Car quelle que soit la lecture que l on fasse des d ploiements militaro humanitaires des dix derni res ann es force est de constater que leur bilan est mitig au regard des objectifs affich s qui concernaient la protection des populations en danger Au Rwanda un g nocide a t perp tr malgr la pr sence des forces arm es des Nations unies y compris des contingents fran ais En Bosnie la FORPRONU a t plac e en position d observateur de la purification ethnique et des massacres Cette Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 3 guerre a co t la vie a de nombreux soldats de l ONU au premier rang desquels les Fran ais sans pour autant que la population civile bosniaque ne soit prot g e des massacres y compris dans les zones de s curit des Nations unies L ensemble de ces consid rations doit nous permettre de poser sur la base des f
7. Elles doivent s adosser au cadre politique national ou international de la soci t concern e La participation de militaires internationaux la r habilitation des infrastructures conomiques vitales d un pays suppose la capacit de v rifier et d viter que cette r habilitation ne b n ficie une structure conomique mafieuse par exemple L exemple du Kosovo a montr que les actions civilo militaires de stabilisation ou de reconstruction n cessitent l existence d un cadre politique international La clarification du concept d action civilo militaire en p riode post conflit renvoie par contraste au flou doctrinal qui continue d entourer les actions militaro humanitaires entreprises en situation de conflit dans un cadre national r gional ou dans le cadre de l ONU Apr s 10 ann es d exp riences dans ce domaine force est de constater que peu d efforts ont t faits au niveau national et international pour clarifier la port e du concept de protection militaire des populations en danger ou de protection militaire d enclaves et de zones dites de s curit Au cours de ces ann es les organisations humanitaires ont mis en vidence le d ficit de s curit et de protection Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 18 des populations La r ponse cette question ne se trouve pas dans des actions de secours m diatis es et militaris es telles que celles que l on a connues jusqu
8. soit men e par des militaires qui disposent de moyens logistiques et humains adapt s pour faire face notamment aux cons quences humaines d une catastrophe naturelle Mais d s lors que les militaires se trouvent dans une situation de conflit arm le droit humanitaire limite leur possibilit d entreprendre des actions humanitaires Cette limitation est fond e sur plusieurs motifs Tout d abord la concentration de personnes civiles dans des installations g r es par des militaires risque de cr er une confusion sur la nature civile ou militaire de ces installations et risque donc de mettre ces personnes civiles en danger en cas d attaque par une autre partie au conflit Il est donc toujours essentiel de pr server le caract re civil des secours des lieux et des personnes que l on cherche prot ger des effets des hostilit s D autre part quand le droit international pr voit que l assistance humanitaire en p riode de conflit doit tre neutre il n interdit pas aux forces arm es de proc der des actes humanitaires mais il prend acte du fait que l assistance aux victimes est une activit majeure qui ne doit pas tre compromise par la poursuite d autres activit s tout aussi n cessaires Or en p riode de conflit quelles que soient les missions donn es aux militaires il y aura toujours un moment o ils seront oblig s de donner la priorit des consid rations autres qu humanitaires pour remplir les diverses missio
9. BOUCHET SAULNIER mai 2001 14 Il serait videmment plus simple sur le papier tellement plus rassurant et efficace que la communaut internationale et les Etats puissent g rer et d ployer les l gions militaires et humanitaires qu ils puissent aligner toutes les forces du Bien coalis es contre les forces du Mal Cette d marche souffre d un d faut majeur elle suppose qu il ny ait aucune tension entre la politique et humanitaire Derri re l illusion de l efficacit cette attitude enferme donc les organisations humanitaires dans une soumission par rapport aux consid rations et logiques politiques et militaires Placer les humanitaires et les militaires dans le r le d acteurs humanitaires indiff renci s cest prendre le risque de cr er un faux d bat qui permette aux responsables politiques de rester dans l ombre Ce d bat l se finit souvent en affrontement st rile et ne rend finalement service personne ni aux politiques ni aux militaires ni aux humanitaires et surtout pas aux victimes Pour sortir des malentendus il est parfois important de rappeler que les organisations humanitaires comme MSF ont dans plusieurs situations demand des interventions de la communaut internationale incluant l usage de la force Les organisations humanitaires sont mieux plac es que d autres pour savoir que l envoi de convois de secours ne permet pas de s opposer des crimes de masse C est pour cela qu elles ont critiqu le choix de l
10. Le I Ma MEDECINS SANS FRONTIERES Les actions militaro humanitaires Vrais probl mes et faux d bats Fran oise Bouchet Saulnier Conf rence donn e en mai 2001 l cole militaire de Saint Cyr Co tquidan lors d un colloque sur le droit international humanitaire et les forces arm es Document en provenance du site internet de M decins Sans Fronti res http www msf fr Tous droits de reproduction et ou de diffusion totale ou partielle sous quelque forme que ce soit r serv s pour tous pays sauf autorisation pr alable et crite de l auteur et ou de M decins Sans Fronti res et ou de la publication d origine Toute mise en r seau m me partielle interdite Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 1 Les actions militaro humanitaires Vrais probl mes et faux d bats Intervenant Madame Bouchet Saulnier Directeur juridique de M decins Sans Fronti res En 1999 M decins Sans Fronti res a re u le prix Nobel de la Paix Madame Bouchet Saulinier est Directeur juridique de M decins sans Fronti res et Directeur de recherche la Fondation M decins sans Fronti res Madame Fran oise Bouchet Saulinier a crit plusieurs ouvrages et articles sur les questions de l action et du droit humanitaires et de la justice internationale Elle est l auteur notamment du Dictionnaire pratique du droit humanitaire d un livre sur le Rwanda qui porte le titre vocateur de Ma
11. a communaut internationale de confier des missions humanitaires plut t que militaires aux forces arm es internationales confront es la purification ethnique ou au g nocide C est dans ce contexte qu il faut comprendre les critiques et demandes de clarification par les organisations humanitaires du concept fran ais d op rations civilo militaires Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 15 2 Le vrai faux d bat des op rations civilo militaires Le concept fran ais d op rations civilo militaires a soulev un certain nombre de critiques et d inqui tudes de la part des organisations humanitaires soucieuses de ne pas ajouter la confusion existante entre les actions militaires et humanitaires Encore une fois il faut rappeler que les op rations humanitaires entreprises par les militaires en p riode de paix ne posent aucun probl me juridique ni op rationnel pour les organisations humanitaires Mais d s l instant ou ces actions se situent en p riode de conflit il faut s interroger sur le statut combattant ou pas des forces arm es concern es avant de pouvoir se prononcer sur la nature de leurs activit s humanitaires Il faut donc toujours distinguer des op rations qui se situent en temps de paix ou en temps de guerre Or m me si les choses semblent simple sur le papier la r alit se caract rise par des glissements in vitable li s l instabilit du contexte de telles inter
12. action de la communaut internationale pendant deux ans a conduit l attaque par l arm e rwandaise de ces camps de r fugi s des massacres et la mort d environ 250 000 r fugi s Cette attaque a eu lieu en octobre 1996 Mais il faudra attendre la mort de Laurent D sir Kabila en janvier 2001 pour que tout le monde reconnaisse enfin publiquement la mort de ces 250 000 personnes Je peux personnellement t moigner que pendant plus de six mois apr s l attaque des camps MSF et d autres organisations humanitaires ont tent de porter secours ces r fugi s et tent de retrouver leur trace Quand nous avons exprim notre inqui tude sur le sort de ces r fugi s aupr s de divers gouvernements nous avons t publiquement accus s de mentir leur sujet La version rest e officielle dans les chancelleries et l ONU jusqu la mort de Laurent D sir Kabila tait que tous les r fugi s taient rentr s au Rwanda Le r cit de ces histoires anciennes et d primantes est n cessaire pour comprendre dans quel contexte r el et non imaginaire on se situe quand on parle de la compl mentarit entre les militaires et les humanitaires sur les terrains de crise Ce type de retour sur les exp riences du pass est essentiel pour comprendre l int r t de s parer les r les des diff rents acteurs politiques militaires et humanitaires de la communaut internationale Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme
13. aits un certain nombre de questions importantes qui concernent les missions des organisations humanitaires et des forces arm es internationales au regard de la protection des populations en danger C est sur la base des faits et non des discours que les organisations humanitaires souhaitent poser la question de la protection des populations en danger par les forces arm es internationales C est sur la base de l analyse des exp riences pass es que ces organisations qui sont par essence pragmatiques veulent esquisser les possibilit s d avenir dans ce domaine La confusion entre le maintien de la paix et la protection des populations a co t la vie de tr s nombreuses victimes Ce sont les composantes militaires et humaines de ces deux activit s qui doivent tre clarifi es pour permettre d affiner les zones de compl mentarit entre les acteurs militaires et humanitaires Au del de toute pol mique les relations entre le militaire et humanitaire doivent d abord tre replac es dans le cadre fix par le droit international humanitaire Le droit humanitaire applicable aux situations de conflits arm s pose aux organisations humanitaires une exigence d ind pendance vis vis des pouvoirs politiques et des forces militaires parties au conflit Le Comit international de la Croix rouge est l un des meilleurs avocats de cette ind pendance voulue par le droit international Mais dans de nombreuses situations concr tes il a t bien
14. bl mes de droits de l Homme et d acc s pour les organisations humanitaires mais elle posait surtout des probl mes pour la paix et la s curit internationale de la r gion Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 6 Les organisations humanitaires ont t soulag es de cette intervention militaire parce qu elle a permis de lever ponctuellement le blocage de la Turquie et de r soudre tr s rapidement un probl me logistique norme Mais derri re son habillage humanitaire l objectif de cette op ration consistait faire rentrer tous les Kurdes en Irak le plus vite possible Ni l Irak ni la Turquie n ont par la suite accept le droit d acc s des organisations humanitaires aupr s de ces populations qui continuent vivre dans des conditions particuli rement difficiles D but 1992 en Somalie les organisations humanitaires se trouvent confront es une famine qui n int resse ni le Programme alimentaire mondial ni aucune grande agence de coop ration A cette poque seuls le CICR MSF et l UNICEF dans le sud sont pr sents face une situation de p nurie alimentaire gravissime qui tourne la famine Ces organisations sont confront es un double probl me Le premier concerne leur impossibilit mobiliser les quantit s de nourriture n cessaires pour r pondre aux immenses besoins alimentaires Le deuxi me concerne leur difficult travailler dans un contexte d ins curit
15. dats de la MINUAR pr sents sur place ainsi que par les organisations humanitaires elles aussi pr sentes sur les lieux Le comptage manuel a t fait devant les humanitaires par les soldats australiens et zambiens de la MINUAR Ils ont arr t de compter 6 000 morts Les soldats de la MINUAR avaient un mandat de protection sur ces populations Mais au lieu de s interroger sur les raisons qui avaient emp ch les soldats de l ONU d viter ce massacre les Etats et PONU ont d cid de cr er une commission d enqu te conjointe avec le gouvernement rwandais Cette commission a conclu quelques semaines plus tard un bilan de 350 morts par accident Les raisons donn es par la hi rarchie de l ONU pour taire ce massacre taient des raisons nobles et sup rieures il ne fallait pas mettre en danger la r conciliation nationale au Rwanda Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 12 A Kibeho l ONU et les Etats membres ont non seulement renonc la mission de protection des populations qu ils avaient donn e leurs soldats mais ils ont galement contribu taire le massacre Les organisations humanitaires ne sont pas l pour juger les arbitrages politiques et militaires qui pr sident de telles d cisions Elles doivent pourtant rappeler que la sp cificit de l humanitaire consiste ne prendre en compte aucune autre consid ration que des consid rations d humanit Ces m me
16. difficile de faire admettre l existence d une situation de conflit arm l o l ONU pr tendait maintenir la paix De m me a t il t difficile de savoir si les forces arm es internationales taient engag es militairement dans le conflit ou bien si elles restaient avant tout des observateurs neutres malgr l autorisation qui leur tait faite d utiliser la force par la charte de l ONU Les humanitaires ne revendiquent pas un monopole de l assistance Mais l volution des missions de maintien de la paix vers les concepts de r tablissement ou m me Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 4 d imposition de la paix a cr une v ritable confusion sur le statut et la mission des forces internationales de maintien de la paix Les r gles du recours la force le statut de combattant voire de bellig rant de ces forces internationales ont largement influ sur leur capacit d agjir la fois sur le plan humanitaire et militaire Ces volutions ont galement influ sur la nature des relations entre ces forces arm es internationales et les organisations humanitaires La r alit a donc t marqu e par une perte des rep res fix s par le droit humanitaire Le droit humanitaire s appuie pourtant sur une distinction a priori simple qui concerne la participation ou non un conflit arm En dehors d un conflit arm il ny a bien s r aucun probl me ce qu une action humanitaire
17. dilemmes et contradictions entre le maintien de la paix et la protection des populations ont marqu les r ponses de la communaut internationale face au g nocide du Rwanda En 1994 un g nocide a t commis au Rwanda devant les forces de maintien de la paix des Nations Unies La r action du Conseil de s curit des Nations unies et des pays membres fut de diminuer le nombre de soldats des Nations unies et surtout d viter jusqu la fin du mois de juin 1994 l emploi du mot g nocide pour le remplacer par le terme de crise humanitaire moins effrayant pour l opinion publique et moins contraignant sur le plan juridique Ce point est extr mement important car il montre que la gestion politique et militaire du g nocide par l ONU et les pays membres a t l escamotage Pour les organisations humanitaires comme MSF qui sont rest s Kigali pendant toute la dur e du g nocide cela montre les limites de l engagement r el de l ONU et des Etats membres dans le domaine humanitaire malgr les discours et les petites phrases qui dans les mandats des forces internationales font r f rence la protection des populations ou des secours Nous nous sommes battus pour faire reconna tre cette qualification de g nocide par l ONU et pour faire admettre qu un g nocide m rite autre chose que le retrait de la force du maintien de la paix des Nations unies Mais dans ce domaine l ONU joue souvent un r le de bouc missaire institutionnel parfai
18. ie En 1991 je participais en tant que responsable juridique de MSF aux n gociations pour l vacuation des bless s de l h pital de la ville assi g e de Vukovar Cette exp rience est d terminante pour comprendre les prises de position de MSF qui pendant toute la guerre en Bosnie a refus les escortes militaires de l ONU A Vukovar la n gociation de l vacuation des bless s de l h pital a t utilis e notre insu pour servir de gage une autre n gociation de caract re tout militaire ayant pour but la lib ration et l vacuation des soldats de la caserne de Zagreb Nous n tions pas au courant que les deux op rations avaient t li es par les Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 8 responsables militaires serbes et croates sous les auspices des observateurs militaires de l Union europ enne Comme l vacuation de la caserne de Zagreb se passait mal les soldats voulaient partir avec leur armement notre convoi de bless s a t d rout vers un champ de mines entre les lignes de front Notre convoi a t accident par des mines et nous avons eu des bless s graves parmi notre personnel Mais surtout cet v nement nous a emp ch s de faire partir le deuxi me convoi pr vu qui devait emmener les 200 bless s restant dans l h pital Quelques jours plus tard au moment de la prise de la ville par les forces serbes ces deux cents bless s ont t massacr s et
19. ien Somalie Bosnie Rwanda 1991 le Kurdistan Cette premi re op ration militaro humanitaire est intervenue apr s la guerre du Golfe dans le contexte de ce que le pr sident am ricain appelait le Nouvel ordre mondial Quand l exode des Kurdes irakiens a commenc les autorit s am ricaines ont commenc par dire nous n interviendrons pas Mais les images de l exode sont apparues la t l vision Je me souviens qu l poque nous avions une mission exploratoire clandestine qui tait rentr e en Irak et deux de nos m decins se sont retrouv s pris dans l exode bloqu s dans les montagnes la fronti re avec la Turquie Ils ont inform CNN de ce qui tait en train de se passer Le Docteur Marcel Roux a dit c est un g nocide La pression de ces images a provoqu ce qu on appelle le do something syndrom c est dire l obligation de faire quelque chose pour r pondre la pression de l opinion publique Il y a donc eu une intervention la fronti re turque des arm es de la coalition qui avait conduit la guerre du Golfe Cette intervention a permis de r soudre un norme probl me logistique mais galement un norme probl me politique En effet la Turquie ne voulait pas laisser les r fugi s Kurdes p n trer sur son territoire et elle emp chait galement l acc s des organisations humanitaires La pr sence de centaines de milliers de kurdes irakiens en territoire turc posait certes des pro
20. ilitaire et politique respecte autant que possible les exigences de survie et d humanit des populations Confront s l analyse de la trag die de Srebrenica certains ne veulent y voir qu un accident tragique un exemple isol qui n aurait pas de signification ni de port e g n rale au regard de la protection des populations dans le cadre des op rations de maintien de la paix de l ONU Malheureusement quelques mois seulement avant Srebrenica en avril 1995 un autre massacre de civils de grande ampleur avait eu lieu dans une zone prot g e par l ONU au Rwanda Ce drame a t partiellement occult aux yeux de l opinion publique mais il a certainement inspir les auteurs du massacre de Srebrenica qui y ont appris les faiblesses des dispositifs de l ONU Kibeho constituait l poque une zone de s curit prot g e par des soldats de PONU Il s agissait d un camp de personnes d plac es sur le site de l ancienne zone turquoise 250 soldats de la MINUAR gardent cette zone o il y a un tr s grand nombre de d plac s internes ce qui reste de la population de la zone Turquoise L arm e rwandaise qui estimait que ce camp tait utilis pour des infiltrations de son territoire par des l ments hostiles d cide de d manteler ce camp Au moins 6 000 personnes sont tu es au cours de l attaque par l arm e rwandaise Ce chiffre est tabli au moment m me des faits par les observateurs des droits de l Homme de lOnu et par les sol
21. ir elle a mis ses quipes disposition des civils Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 17 Je crois que cet exemple montre bien quel point il est important d aborder les relations entre les militaires et les humanitaires avec des points de rep res clairs en refusant la confusion d magogique des fonctions et en affirmant que l existence d une situation de conflit reste le crit re essentiel qui permet de d finir et de clarifier les r les et les compl mentarit s possibles Le concept fran ais d action civilo militaire a fait l objet de clarifications crites et il semble d sormais acquis que ces actions ont pour cadre des situations de stabilisation et de reconstruction post conflit Il s agit effectivement d un vaste champ d action dans lequel les organisations humanitaires d urgence ne sont plus des acteurs essentiels La reconstruction d un pays n cessite en effet la coop ration et le soutien politique et conomique des autres Etats Dans de telles situations les militaires sont certainement des acteurs cl s s missions de reconstruction Les militaires ont certainement un r le important jouer pour accompagner les moments les plus critiques de ces p riodes de transition notamment au travers de missions de s curisation ou de remise en route d infrastructures essentielles la vie conomique et civile Mais ces missions ne sont pas des t ches uniquement techniques
22. jet s dans une fosse commune J allais dire que Vukovar a tr s clairement prouv pour nous la n cessit de s parer les mandats politico militaires et les mandats humanitaires En effet les forces de maintien de la paix d ploy es par l ONU en ex Yougoslavie avaient pour premi re mission le maintien de la paix et pour mission secondaire la protection des zones prot g es et l acheminement de l aide humanitaire Ces missions pouvaient dans un certain nombre de cas tre compl mentaires Mais dans d autres circonstances elles pouvaient aussi tre contradictoires ou m me incompatibles Il est important de constater que chaque fois que cela s est produit c est la mission politique de maintien de la paix qui a toujours t privil gi e et l usage de la force a t refus pour l accomplissement de la mission humanitaire Pendant toute la guerre nous avons vit les escortes de la Forpronu pour circuler en Bosnie et nous n avons pas eu plus de difficult s que ceux qui recouraient ces escortes Le fait de lier le politico militaire et humanitaire faisait prendre des risques nouveaux aux humanitaires sans leur donner la garantie qu il y aurait usage de la force pour imposer l acc s des secours aux victimes ou assurer leur d fense contre les massacres Pendant toute la guerre en Bosnie certaines organisations humanitaires dont MSF ont critiqu l usage humanitaire des forces arm es internationales Mais les militaires
23. n se heurte la difficult d acc der des archives qui sont recouvertes des multiples labels du secret des divers Etats et des organisations internationales concern es Dans le cas de Srebrenica ces enqu tes illustrent cependant l existence d arbitrages tragiques entre les composantes humanitaires politiques et militaires de la mission de la FORPRONU Monsieur Akashi qui tait repr sentant sp cial de l Onu en Bosnie l poque des faits a bien pr sent les ingr dients de ce drame en rappelant devant le Parlement fran ais que la force des Nations unies qui tait pr sente en Bosnie avait pour premier mandat l obtention d un accord de paix pour deuxi me mandat la protection des soldats d ploy s et enfin pour troisi me priorit l action humanitaire et la protection des populations Cela donne trois alin as bien ordonn s sur le papier mais sur le terrain cela a conduit au massacre des civils En effet il serait faux de faire croire que ces trois missions sont indissociables comme les tages d une fus e et qu on passerait de l une a l autre comme on monte les marches d un escalier ou comme on enfile les perles d un collier Il n y a pas dans les faits de continuit entre ces objectifs Si on les int gre dans une politique Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 10 de compl mentarit il faut assumer de dire clairement lesquels seront sacrifi s s ils entre
24. ns diplomatiques politiques militaires ou de maintien de l ordre qui leurs sont donn es ou encore pour assurer leur propre d fense La s paration des r les pr vue par le droit humanitaire repose donc d abord sur son intelligence particuli re des situations de conflit S parer les r les c est donner le maximum d efficacit aux humanitaires de leur c t et aux militaires du leur Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 5 L histoire des op rations de maintien de la paix illustre bien le fait que la pol mique n a pas t invent e par les organisations humanitaires Elle a t produite par le d calage entre l objectif politiquement et m diatiquement affich de ces op rations et leurs r sultats en mati re de protection des populations Il faut pour s en convaincre reprendre les cas les uns apr s les autres Dans les ann es 1990 le contexte politique international a chang le rapport de force entre les grandes puissances d tentrices du droit de veto au Conseil de s curit est modifi L argument humanitaire constitue au sein du Conseil de s curit un l ment de consensus minimal qui permet de d bloquer de nouvelles op rations de police internationale C est une vraie victoire diplomatique mais pas toujours une victoire pour les principes humanitaires de protection des populations Reprenons les grandes tapes de ces op rations les plus symboliques Kurdistan irak
25. nt en contradiction les uns avec les autres Srebrenica a montr que celui qui a t sacrifi cest l objectif de protection des populations Pour tous ceux qui ne vivent pas sur le papier mais sur le terrain le risque des politiques militaro humanitaires int gr es n est pas un risque th orique il a d j conduit a accepter la passivit militaire face au massacre M decins Sans Fronti res tait entr Srebrenica en 1993 avec le G n ral Morillon et en est sorti en juillet 1995 avec le Colonel Karemmans le chef des Casques bleus hollandais Nous avons partag avec certains militaires notre abattement et notre incompr hension face cet abandon En effet quand on cherche a comprendre pourquoi pendant les dix jours de l attaque serbe sur Srebrenica aucun soutien militaire terrestre ou a rien n a t donn au bataillon hollandais de l ONU qui en faisait jour apr s jour la demande on est oblig de se tourner vers un autre cadre d explication que celui de dysfonctionnements administratifs des pannes de fax ou des erreurs de formulaires Or Srebrenica m me si le mandat de l ONU pr voyait la protection des populations et la d fense de l enclave la d cision de ne pas agir a t prise par PONU au nom de deux autres principes sup rieurs la non mise en danger du processus de paix et la s curit des Casques bleus Ce crit re de non mise en danger du processus de paix m rite d tre examin car c est un concept
26. on de rue est r prim e dans le sang Les forces de l ONU ont l poque ni tre tenues au respect du droit humanitaire m me quand elles utilisaient la force Elles ont depuis r vis cette position Pour justifier ce gigantesque d rapage on a voqu le fait que les manifestations de rue taient en fait organis es par les clans somaliens qui se servaient de la foule comme bouclier Mais il aurait galement t important de se demander si l ONU pouvait sous la seule banni re humanitaire recomposer les rapports de force politiques et militaires des clans somaliens et quel prix La le on des checs devrait tre tir e pour viter leur r p tition Mais dans la pratique il y a une r elle difficult d battre de certains pisodes douloureux du pass La Somalie est un cas int ressant car il concentre d s le d but tous les probl mes qui vont continuer appara tre le glissement d une intervention internationale partir d un mandat humanitaire vers un objectif politique la difficult d harmoniser les diff rences de doctrines d intervention des divers contingents nationaux de PONU l articulation entre la dimension terrestre et a rienne du dispositif onusien l articulation entre la mission de protection des populations et l imp ratif de s curit des soldats de l ONU Ce sont tous ces l ments et dilemmes non r solus que l on va retrouver l occasion de l intervention de l ONU en ex Yougoslav
27. qui chappe compl tement l analyse et la d cision des militaires et des humanitaires Mais ce crit re conduit aujourd hui des questions sans r ponses Il faut rappeler que l accord de paix de Dayton a t sign deux mois seulement apr s le massacre de Srebrenica et la disparition des enclaves de l Est Zepa Srebrenica Gorazde etc La disparition de ces enclaves devait faciliter la signature de cet accord de paix Mais dans quelle mesure ce facteur a t il t pris en compte par les responsables politiques de l op ration de maintien de la paix en Bosnie et par les pays membres du groupe de contact qui n gociaient l accord de paix Dans quelle mesure ce facteur a t il pes sur la d cision de ces m me pays de ne pas d fendre l enclave ni sa population quand elle a t attaqu e Il appartient depuis toujours aux responsables politiques de fixer l quation entre les sacrifices humains acceptables et l obtention du bien sup rieur que constitue la paix Les op rations de maintien de la paix illustrent au niveau international la rudesse de tels calculs Voil pourquoi les organisations humanitaires ne peuvent pas subordonner leurs objectifs humanitaires 10 Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 11 aux contraintes plus larges et pas toujours tr s humaines du maintien de la paix Ces organisations doivent rester dans une relation critique n cessaire pour que le rapport de force m
28. t pour les Etats qui justifient tous de n avoir rien pu faire parce que les autres Etats ne voulaient pas agir La France a raison de dire qu elle fut le seul pays volontaire l poque pour une intervention au Rwanda Mais l op ration Turquoise men e dans un but humanitaire manifeste ne d mentait pas la persistance d une logique d intervention des Etats calqu e sur l existence de leurs zones d influence Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 13 Pour s en convaincre il faut rappeler la fa on dont ont t trait s les r fugi s rwandais dans les camps l est du Za re Ces camps cr s par l exode de la population encadr e par l ancienne arm e rwandaise et l administration coupable du g nocide n taient pas des camps de r fugi s comme les autres Le Secr taire g n ral de l ONU et les organisations humanitaires comme MSF ont demand qu une force de maintien de la paix soit d ploy e dans ces camps et proc de la s paration des r fugi s g nocidaires du reste de la population Pendant deux ans les soldats de Onu sont rest s d ploy s au Rwanda et rien n a t fait par la communaut internationale pour r pondre l intenable situation des camps malgr la violence et les exactions dont les r fugi s taient victimes Et surtout malgr la menace que ces activit s faisaient peser sur la s curit r gionale et particuli rement sur celle du Rwanda Cette in
29. terpr tation pourrait tre soutenue par le fait que dans le m me temps les pays membres de l Alliance refusaient de financer l action du Haut commissariat aux r fugi s vis vis de ces populations Dans le cas du 15 Colloque DIH Co tquidan Intervention de Mme BOUCHET SAULNIER mai 2001 16 Kosovo nul ne peut pr dire le sort de ces populations si l offensive terrestre avait eu lieu ou si le conflit s tait enlis dans le temps Enfin quand on parle de l importance de la logistique militaire face aux soci t s en crise on risque d amalgamer plusieurs composantes de l action militaire qui selon les cas se transformeront en atouts ou en faiblesses La premi re de ces caract ristiques concerne la capacit de s curisation que peuvent d ployer les militaires dans un environnement instable comme c tait le cas notamment en Albanie ou en Somalie Mais on a vu galement que la contrainte de protection de la s curit des militaires internationaux peut se retourner aux d pens de la protection de la population locale Concernant les capacit s logistiques des forces arm es il faut aussi rappeler que cette logistique peut parfois compliquer l action des organisations humanitaire notamment en saturant les capacit s de transport a rien comme se fut le cas sur l a roport de Tirana en Albanie ou en fragilisant l environnement humain Au Cambodge et au Rwanda le d ploiement de contingents internationaux dans des soci t
30. udits soient les yeux ferm s et d un troisi me Une justice internationale pour l ex Yougoslavie mode d emploi du Tribunal p nal international de La Haye Durant les dix derni res ann es les actions dites militaro humanitaires ont connu un tr s grand d veloppement dans le cadre notamment des op rations de l ONU pour le maintien de la paix Ces op rations manifestent une volution de la mission confi e aux forces arm es nationales dans le cadre d op rations internationales En 1988 les Casques bleus de l Onu ont re u le prix Nobel de la paix Leurs missions taient l poque surtout caract ris es par l interposition et la garantie des cessez le feu Dans la d cennie suivante leurs missions ont t largies de nombreuses composantes humanitaires Cette volution a modifi le contexte des interventions humanitaires Les militaires et les humanitaires se sont ainsi trouv s c te c te sur de nombreux terrains de crises Le mariage entre les forces des Nations unies et les organisations humanitaires qui pouvait sembler logique et normal l opinion publique n a pas toujours t tr s heureux Ce c te c te s est parfois transform en face face en confrontation l Dictionnaire pratique du Droit humanitaire la D couverte Paris 2000 492p Maudits soient les yeux ferm s Fran oise Bouchet Saulnier et Fr d ric Laffont Jean claude Lattes Paris 1995 296p 3 Collectif L
31. ventions Quid alors du statut d une force de maintien de la paix qui recourt la force dans le cadre de la l gitime d fense ou pour imposer le respect de son mandat Quid d une situation de maintien de la paix qui glisse vers des pisodes violents Et quid de la p riode qui suit juste une phase offensive o l existence d un cessez le feu ne garantit pas l arr t d finitif des hostilit s L organisation et la gestion des camps de r fugi s par l OTAN pendant la guerre du Kosovo constituait un choix politique contestable pass la phase d urgence Certes la d portation des milliers de civils par l arm e serbe tait une tactique militaire destin e d stabiliser les forces de l OTAN Il tait donc normal que l OTAN prenne les premi re d cisions relatives cet exode Mais la militarisation des camps et des secours comportait par la suite le risque de faire perdre leur statut de personnes prot g es ces civils et d exposer les camps situ s sur la fronti re des attaques militaires La contribution logistique des forces arm es est importante mais elle n est pas le seul crit re consid rer dans de telles situations Dans le contexte du Kosovo la composante humanitaire de l action de l OTAN pourrait aussi tre interpr t e tout la fois comme une op ration de relation publique de l Alliance vis vis des m dias et des opinions publiques et comme une op ration tactique de contr le des populations Cette in
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