Home

la règle et l`invention

1. Des litiges apparaissent cependant parfois m me sous le r gime de la r gle coercitive et de l acceptation tacite le lea der n est pas l abri des contestations Roland 6 7 se trouve sur les quelques marches d escalier du porche Il est charg par Andr 7 6 de retenir le ballon shoot par ce dernier chose quasi impossible tant donn l ampleur des li mites Albert 7 1 l autre extr mit de la cour est charg de re donner le ballon Andr lorsque Roland le relance Roland plusieurs reprises essaie de prendre la place d Andr qui est le seul shooter Andr refuse Albert reste sa place sans rien dire alors que Roland continue contester la r gle mais en poursui vant n anmoins le jeu Parfois la structure du groupe est plus complexe et com prend un sous groupe fonctionnant sur le mode galitaire dans lequel on n gocie alors qu l int rieur du m me jeu d autres relations sont hi rarchis es Marc 6 1 propose St phane 5 8 de faire un concours c est dire de monter par l escalier une tour du fort grimper de la place de jeu puis de traverser le pont et redescendre de l autre tour par l escalier d abord puis par le filet et enfin de sauter terre et recommencer Lui Marc devra essayer de l emp cher de prendre le bon chemin en le contraignant prendre des raccourcis et en disant chaque fois C est plus vite par la Apr s quelques minutes ils
2. gl s seuls les jeux d emportement pour reprendre le terme de Ch teau sont anarchiques Consid rons le jeu symbolique il a de nombreuses fonctions d couverte et ex ploration de la r alit mat rielle et sociale d couverte de soi expression des sentiments ma trise des motions et 23 y a r gle et r gle compensation des frustrations ne peut remplir ces fonc tions que s il est centr sur le joueur lui m me Son d but sa fin les th mes choisis et leur d veloppement ne peuvent d pendre que de l enfant qui joue Pour pouvoir jouer plusieurs et par l donner au jeu un int r t suppl men taire des accords doivent tre pass s des consensus trou v s on dirait que d ac je serais C est une fa on de r gler le jeu mais qui sert uniquement concilier des int r ts individuels Si ces int r ts divergent trop la convention de d part tombe et les joueurs se s parent Dans le jeu de r gles proprement parler au contraire la r gle pr existe Le joueur doit la conna tre et s y soumettre pour que le jeu puisse se d rouler Au joueur individualiste et tout puissant du jeu symbolique succ de un joueur qui se plie une loi dont il ne discute au plus que les modalit s d application S il a perdu en ind pendance ce joueur l a gagn sur deux autres plans l int r t du jeu et la richesse des relations En effet un jeu r gl permet la confront
3. niste la plus p le Probablement pas car les filles de cinq huit ans dans les jeux symboliques qui sont leurs jeux de pr dilection n gocient abondamment posent des normes les examinent les discutent et les modifient Songeons 68 Gar ons et filles hypertrophie souvent observ e cet ge de la phase de pr paration du jeu dirait que je serais ta maman et t aurais pas voulu aller l cole et je t aurais grond e et aux am nagements minutieux des lieux o se d roulera le jeu ici ce serait la maison et on aurait un balcon et a ce serait ta chambre Cette phase d avant le jeu peut conna tre un tel d veloppement entrer dans un tel luxe de d tails que le jeu une fois que tout est pr t n est plus jouable il a t jou verbalement en quelque sorte Dans ce cadre la les filles n gocient se mettent d accord reviennent sur ce qui tait convenu pour trouver une formule qui satis fasse toutes les joueuses ou permette d int grer une id e nouvelle Certes il ne s agit pas de r gle proprement par ler mais de normes Mais ceci est une autre histoire Les jeux r gle arbitraire sont donc majoritairement des jeux de gar ons Ce n est pas la moindre de leur vertu si l on se souvient que le jeu des gar ons est plus restreint que celui des filles car il semble que la gamme de leurs jeux se soit consid rablement r duite 1 Leur univers lu diq
4. changent les r les en raison de la fatigue de St phane Apr s une dizaine de minutes de jeu milie 5 1 se joint eux Elle n a le droit de jouer que comme attrapeuse alors que les gar ons continuent avoir alternativement les deux r les On le voit si une majorit des jeux analys s nous propo sent comme dominante le mod le de la r gle coercitive et 44 La r gle dans les jeux r gle arbitraire de l approbation tacite d autres comportements apparais sent certes le litige ne d bouche pas sur la n gociation mais le meneur de jeu peut installer des rapports gali taires Par ailleurs l initiateur qui est g n ralement l enfant le plus g use parfois de son pouvoir pour instaurer des r gles qui am nent une certaine galit entre les joueurs comme le tour de r le Tout se passe comme si partant d une forme d organisation connue et maintes fois exp ri ment e dans le jeu symbolique les joueurs s appuyant sur des rapports familiers explorent peu peu des modes nou veaux de relation Neuf des observations retenues sur 34 nous pr sentent des jeux qui se pratiquent selon les formes du consentement mutuel d crites par Piaget avec des rapports galitaires entre joueurs Nous sommes encore dans le domaine du jeu r gle arbitraire donc en dehors de la r gle rationnelle proprement parler c est typiquement le stade que Piaget appelait la coop ration naissante Sylvain
5. crit ci dessus est l exception dans tous les autres jeux observ s lorsqu il y a comp tition il s agit d un jeu o la performance vitesse habilet adresse constitue le ressort Cependant la r ussite telle qu impos e par la r gle n a souvent pas le caract re ab solu qu elle aura plus tard ou qu on lui donne dans le sport l exemple de Sylvain et Daniel pp 61 62 chap 6 1 J R Vernes Jeux de comp tition in Jeux et Sports ss la dir de Caillois Encyclop die de la Pl iade Paris Gallimard 1967 352 73 La comp tition montre que les joueurs de jeux r gle arbitraire sont aussi en comp tition avec eux m mes et entendent moduler la r gle selon le type de performance qui les int resse ou qui leur permet de r ussir R gle oui mais encore souple D s lors la comp tition prend un tour plus complexe suit des m andres qu elle ignorera plus tard C est qu il faut que chaque joueur trouve une satisfaction personnelle dans le jeu sans cela il abandonne Les jeux de comp tition que nous avons trouv s parmi les jeux r gle arbitraire observ s sont donc souvent des jeux hybrides encore marqu s par le jeu symbolique ou par l egocentrisme des petits qui permettait chacun de faire sa r gle propre et de dire j ai gagn Cela tient l ge des joueurs de 4 ans 4 mois 7 ans et 7 mois La comp tition dans les jeux r gle arbitraire n est pas r serv e
6. jeu c est la r gle ou plut t les r gles qu ils posent ou tentent de poser Arielle plus jeune joue un autre niveau celui du jeu fonctionnel et s adonne au pur plaisir de l exercice des difficult s vaincre Celles qu affrontent Sylvain et Da niel sont d un autre ordre Le jeu r gle arbitraire vu sous l angle de l espace se r v le donc comme un jeu qui s insere dans la place dispo nible qui profite des vides comme des am nagements qui tire parti des accidents du terrain comme des installations et des constructions Il se faufile ainsi que les enfants eux m mes dans le monde des grands Le terrain de jeux r gle arbitraire n existe pas plus que la valise de mat riel qui lui serait destin Tant mieux Pour autant bien s r que les adultes n oublient pas de laisser aux enfants la part d autonomie qui leur est indispensable 62 Chapitre 7 GAR ONS ET FILLES E cinq et huit ans gar ons et filles jouent de plus en plus souvent s par ment Non qu ils ne s int res sent pas les uns aux autres ainsi qu en t moignent les conversations qu ils tiennent entre eux mais quand il s agit de jouer c est autre chose Tous les auteurs s accordent pour constater que jusqu trois ans environ le comportement ludique est indiff renci partir de cet ge les filles vont s appliquer devenir des filles et les gar ons des garcons Cela passe aussi par le jeu ou plut t par les jeux
7. nous serions dans un jeu r gl traditionnel ou non Nous avons d abord relev les jeux qui fonctionnent sur un mode archa que en quelque sorte c est dire les jeux r gle arbitraire qui s organisent autour de l acceptation ta cite propre la r gle coercitive Ils pr sentent des rapports hi rarchis s entre enfants mode d organisation typique de la r gle coercitive en effet cette r gle s incarne chez le plus grand ou chez l initiateur du jeu La majorit des jeux rete nus pour notre analyse de la r gle 25 sur 34 sont v cus sur un mode proche de l acceptation tacite telle que l implique la r gle coercitive Juan 6 6 a organis un jeu qui consiste faire rouler une pe tite voiture sur un matelas de sieste plac obliquement de fa on que la voiture entre directement dans le garage Il joue avec Simon 5 3 et Richard 5 8 qui il a distribu des voitures il in dique chacun son tour emp che Simon de jouer plus souvent qu il n y a droit Simon puis Richard s int ressant autre jeu 42 La r gle dans les jeux r gle arbitraire qui se d roule proximit quitteront successivement la partie Juan par la force des choses renonce Ici la r gle tient l int r t que lui porte Juan impose ses compagnons de jeu qui ne la discutent pas Il reste tout au long le meneur du jeu le propri taire de l activit en quelque sorte Il n est donc pas tonnant qu i
8. 5 2 a propos le jeu du croche patte Il se met au milieu d une pente qu il propose Domitien 6 7 Arnaud 7 2 et Charles 6 7 de descendre en courant et il devra les faire tom ber par un croche pied Cette mani re de faire tant douloureuse Domitien propose Sylvain d attraper plut t ses partenaires par la taille ce qui est accept sans probl me Apr s une dizaine de minutes alors que les joueurs rient de plus en plus et font des chutes toujours plus spectaculaires Domitien d sire prendre la place de Sylvain C est quand m me pas toujours toi dit il Sylvain ce que ce dernier admet volontiers en c dant sa place 45 La r gle dans les jeux r gle arbitraire Les n gociations et le jeu des relations entre joueurs peu vent prendre parfois un tour plus complexe On voit appa ra tre des l ments de jeux traditionnels et subsister par fois dans la m me partie le souvenir du jeu symbolique Hubert 5 11 qui tient un ballon propose un jeu de loup On donne pas le ballon au loup C est G rard 5 11 qui sera le loup il grogne en effet comme s il en tait un Marie 5 10 dit qu on doit noncer le pr nom de l enfant qui devra attraper le bal lon Quand le joueur appel a rattrap la balle le loup avance de trois pas tout le monde crie loup ballon et on recommence Les jeux peuvent ainsi s laborer au gr des propositions des joueurs On n est plus en pr sence
9. Saillant Eckmann Hans Kaspar Von Matt Isidor Wallimann Diffusion aupr s des libraires Albert le Grand S A Temple 1 1701 Fribourg 1993 Editions EESP case postale 70 CH 1000 Lausanne 24 Tous droits r serv s Reproduction interdite Imprim en Suisse ISBN 2 88284 018 5 L COLE D TUDES SOCIALES ET P DAGOGIQUES EESP L cole d tudes sociales et p dagogiques de Lausanne pr pare plusieurs professions sociales Elle compte aujourd hui cing sections Le Centre de formation d ducateurs sp cialis s L cole d ducateurs et d ducatrices de la petite enfance L cole d ergoth rapie L cole de service social et d animation La Formation des ma tres socio professionnels Elle propose des cycles r guliers de formation plein temps et en emploi environ 400 tudiants ainsi que des cours sp ciaux de directeurs et directrices de lieux d accueil pour jeunes enfants de praticiens formateurs et de superviseurs L cole d tudes sociales et p dagogiques de Lausanne a t cr e le 19 novembre 1964 par la fusion de l cole d assistantes sociales et d ducatrices 1952 et du Centre de formation d ducateurs pour l enfance et l adolescence inadapt es 1953 Etablissement de formation professionnelle sup rieure membre de la Conf rence suisse des coles sup rieures d du cateurs sp cialis s CSEES de la Conf rence suisse des coles sup rieures
10. ait la capacit d imaginer un jeu et de le faire vivre il faut qu il ait d velopp ce qu on pourrait ap peler ses facult s ludiques Le petit enfant qu on occupe et distrait sans cesse une fois laiss lui m me est comme une me en peine il ne sait pas que faire et sollicite tous ceux qui autour de lui sont susceptibles de le divertir Ce m me enfant si on le laisse vivre le moment de latence qui s pare une activit d une autre si on le laisse s ennuyer le temps qu il faut pour qu il trouve en lui m me les res sources lui permettant de cr er une activit nouvelle d ve loppera ses capacit s de joueur Il en va de m me l ge des jeux r gle arbitraire Les enfants qui peuvent d velopper ce comportement ludique parce que le milieu o ils vivent le leur permet se renforcent comme cr ateurs de jeux Plus ils en jouent plus ils sont capables d en inventer de nou veaux C est dans ce sens aussi que la pratique du jeu r gle arbitraire pr pare les activit s ludiques ult rieures 85 Chapitre 11 UNE P DAGOGIE DES JEUX R GLE ARBITRAIRE convaincus de l utilit et de l importance des jeux r gle arbitraire les adultes qui entourent les petits coliers souhaitent leur offrir la possibilit d y jouer que doivent ils donc faire En d autres termes y a t il une p da gogie des jeux r gle arbitraire On dit ni la mallette ni le terrain am nag ni le recueil d
11. au sens il appara t possible en s en donnant les moyens de leur faire entendre raison c est dire de leur enseigner des connaissances diverses le jeu devient suspect Il convient de le cantonner dans des moments et dans des lieux pr cis et de s interroger pour savoir si Am lie ou Adrien n auraient pas mieux faire Jouer est vu comme un exutoire un trop plein d nergie les enfants ont une telle vitalit une d tente n cessaire apr s l effort et le plus souvent une perte de temps le signe d une immaturit d passer au plus vite Exag rations que tout cela peine Le r tr cissement des possibilit s de jouer est galement li chez nous la modification des conditions de vie Les es paces dedans comme dehors ont tous d sormais une fonc tion pr cise contr l e par les adultes les greniers les re mises les terrains vagues o l activit des enfants peut se d rouler librement sont devenus rares Les d placements qu entrainent cong s et loisirs familiaux affaiblissent les re lations entre enfants d un m me voisinage Les jeux tradi tionnels qui s amp panouissent dans les pr aux les cours d im 14 En amont du jeu traditionnel meubles et les terrains vagues s 6tiolent r gressent et pour certains disparaissent Les activit s ludiques d sign es par les termes jeux tra ditionnels appartiennent une culture populaire particu li re et un groupe s
12. aux plus grands l ensemble des ges que nous avons pris en consi d ration est repr sent Elle n est pas non plus r serv e aux gar ons les filles y sont plus fortement repr sent es que dans l ensemble des jeux observ s Qu on en juge sur le nombre total des joueurs participants aux jeux de comp ti tions on compte 21 filles et 20 gar ons il est vrai que les gar ons restent le plus souvent les initiateurs du jeu c est le cas pour 11 d entre eux contre 7 filles C est n anmoins une surprise lorsque l on songe la fois la modestie de la par ticipation des filles aux jeux r gle arbitraire et l affirma tion courante qui veut que la comp tition soit davantage dans la nature ou dans la culture votre choix des hommes Tout se passe comme si l int rieur du jeu r gle arbitraire la dimension comp tition pr sentait un int r t 74 La comp tition particulier pour les filles On l a dit plus haut l exercice de la r gle et de la n gociation chez elles passe plut t par la mise en place des jeux symboliques Or ces derniers n of frent rien qui puisse tre de l ordre de la comp tition Force est donc pour les filles de chercher ailleurs cette dimen sion l Encore ne faut il pas nous le r p tons exag rer le carac t re comp titif des jeux r gle arbitraire On est frapp de voir que le fait de gagner n a qu une importance limit e Souvent on po
13. cette r serve naturelle qu il a fallu faire conna tre et appr cier pour la prot ger des d fricheurs et constructeurs aujourd hui admir e v n r e elle touffe sous les pas des promeneurs et les papiers gras des pique niqueurs Les jeux r gle arbi traire souvent cras s par la m connaissance des adultes pourraient galement s tioler si on leur porte un exc s d attention Quelle que soit sa forme le jeu spontan doit rester l af faire des enfants Il ne vit que s ils en sont les initiateurs et les ma tres Mais plus que toute autre cat gorie de jeu le jeu r gle arbitraire exige de l adulte discr tion ouverture et compr hension Discr tion car il n est pour les enfants eux m mes que l activit du moment lui donner trop d impor tance le mettre en avant vouloir qu il se reproduise le per vertirait donc Ouverture car on l a vu il prend souvent des formes inattendues et traite l espace et les objets de mani re cr ative Compr hension enfin pour saisir toute la richesse d une activit qui au premier regard souvent sans int r t En d finitive le jeu r gle arbitraire pose la question du regard que nous portons sur les enfants Les voyons nous 99 Et si on r inventait le base ball comme les artisans de leur d veloppement capables de trouver des r ponses leurs propres besoins ou comme des irresponsables toujours pr ts toutes les b tises et
14. chez les enfants les plus jeunes parmi les joueurs observ s et des organisations tout fait hi rar chis es fonctionnant sur le mode de l acceptation tacite chez les plus grands De plus l ge moyen des joueurs est exactement le m me 6 1 pour les deux types d organisa tion Il n y a donc pas de changement de type de r gle et de sociabilit selon l ge des joueurs dans les jeux r gle arbi traire Leur caract re de jeu interm diaire se confirme cheval sur deux formes de relations Une analyse plus fine de l ge des joueurs nous montre cependant que lorsqu il y consentement mutuel l cart d ge entre les joueurs d une m me partie est plus restreint que lorsqu on est dans le mode acceptation tacite En d autres termes les jeux qui impliquent une coop ration naissante soit une forme de sociabilit plus labor e que la hi rarchisation et le consentement tacite des petits se jouent plut t entre pairs Lorsque l cart d ge entre les joueurs augmente la domination des plus grands s impose on est dans un sch ma o ce que Ch teau nomme l appel de l a n prend tout son sens La r alit sociale des jeux r gle arbitraire se r v le donc riche et diverse et certains gards inattendue Le jeu r gle arbitraire n est pas un simple apprentissage des 47 La r gle dans les jeux r gle arbitraire formes de coop ration plus labor es des jeux de r gle un
15. davantage de jeux symboliques chez les filles plus de jeux moteurs pour les gar ons et une tendance de plus en plus marqu e se grouper par sexe Les petits coliers que nous avons ob serv s abordent une p riode o la s paration est tr s vi sible Nous n entrerons pas ici dans le d bat sur la part de linne et de l acquis dans la disparit des comportements des garcons et des filles et sur la responsabilit d une du 63 Gar ons et filles cation ventuellement porteuse de pr jug s sexistes Nous pensons toutefois que ce d veloppement s par des acti vit s ludiques tient largement aux enfants eux m mes et la phase d laboration d une identit sexu e dans laquelle ils se trouvent Des entretiens avec deux ducateurs et trois ducatrices travaillant dans trois des institutions o nos observations ont t recueillies nous ont montr que plut t que des hommes ou des femmes travaillant avec des gar cons et des filles ils elles se consid raient comme des du cateurs travaillant avec des enfants Nous voulons dire par la qu il n y a pas entre ducateurs et ducatrices de diff rence dans les propos tenus sur le jeu pas plus qu il a de disparit dans les r actions qu ils disent avoir vis vis des filles ou des gar ons Lattitude ludique des enfants de cinq huit ans diff re donc bien selon le sexe quels que soient le lieu ou les cir constances n y a d s lors
16. de Service social CSESS du Comit suisse des coles d ergotherapie CSEET de la Coordination des Ecoles sup rieures suisses d animation socio culturelle CESASC la Fondation cole d tudes sociales et p dagogiques Lausanne est reconnue et subventionn e par la Conf d ration suisse et les Cantons de Berne Fribourg Jura Neuch tel Tessin Valais et Vaud Alice Alan et Yann REMERCIEMENTS travail b n fici de l aide de Catherine Stalder Val rie Panizzieri Anne Claire Schlaeppi et Domi nique Liardet tudiantes l IPGL et l EESP qui nous ont aid es dans la collecte des observations Nous leur en sommes tr s reconnaissantes Notre gratitude va galement la Fondation Pro Juven tute la F d ration des coop ratives Migros et la maison Denner pour leur appui financier ch 1 ch 2 3 ch 4 ch 5 ch 6 ch 7 ch 8 ch 9 TABLE DES MATIERES AV AINE PEO POS banane 11 amont du jeu traditionnel ss 13 Harlem 21 la recherche des jeux r gle arbitraire 31 La r gle dans les jeux r gle arbitraire 39 L man de el gie 49 L espace seinen 57 Garcons tienne 63 Dar COMPE AON noms 71 Etles adultes name 77 ch 10 quoi peuvent servir les jeux r gle arbitraire 81 ch Une p dagogie des jeux r gle arbitraire 87 ch 12 Etsi on r inventait le base ball 97 AVANT
17. du jeu propri t d un leader qui ne laisse ses partenaires d autre alternative que de suivre sa volont ou quitter le jeu Le jeu a ici plusieurs propri taires qui peuvent proposer avec succ s des va riantes La r gle arbitraire devient une cr ation collective la coop ration bien qu encore inaboutie les int r ts tr s di vers de G rard et de Marie peuvent se vivre en parall le comme s ignorant est r elle N anmoins on l a vu les jeux r gle arbitraire appar tiennent majoritairement au mode d organisation sociale des petits acceptation tacite et rapports hi rarchis s Ils fonctionnent la plupart du temps selon la r gle coercitive utilis e dans le jeu symbolique avec parfois des litiges et m me des n gociations et des sous groupes galitaires En d autres termes la majorit des jeux r gle arbitraire ne sont plus des jeux symboliques dans le sc nario mais res tent proches du jeu symbolique par la forme de contrainte impos e par la r gle Tout naturellement on serait tent de 46 La r gle dans les jeux r gle arbitraire poser l hypoth se que les premiers jeux r gle arbitraire s laborent sur ce mod le et que petit petit des modes de collaboration plus labor s apparaissent et am nent la co op ration naissante Or il n en est rien L examen des ges des joueurs allait nous r server des surprises On trouve des relations de consentement mutuel
18. es dans cet ouvrage soulignent les probl mes et proposent des solutions Simone PAVILLARD et Martial GOTTRAUX ds POLITIQUES DE LA PETITE ENFANCE A5 broch 1990 104 pages Ce cahier propose un panorama des r alisations et des politiques mises en oeuvre en Suisse romande et souligne les implications des volutions actuelles pour les professionnel les Il recense les probl mes r soudre pour que la politique de la petite enfance tienne mieux compte des r alit s sociales et culturelles d au jourd hui Catherine PAUCHARD FEMMES DIVORC ES ET S CURIT SOCIALE A5 broch 1991 174 pages Une tude d taill e de la situation de la femme divorc e dans la s curit sociale suisse De nombreuses suggestions pour am lio rer une situation qui engendre des difficult es et des souffrances Marie Chantal COLLAUD et Claire Lise GERBER POUR LA COLLABORATION ENTRE B N VOLES ET PROFESSIONNELS DANS L ACTION SOCIALE A5 broch 1991 100 pages Ce cahier rassemble quelques faits et r flexions sur les principales dimensions de l activit b n vole et les probl mes qu elle peut rencontrer Il propose plusieurs fiches techniques qui peuvent ser vir d instruments de travail Paola RICHARD DE PAOLIS Muriel PECORINI Gil MEYER Annelyse SPACK Candid BERZ ACCUEIL DE LA PETITE ENFANCE Une enqu te r gionale 16x24 cm broch 1992 224 pages Comment accueillir des enfants dans la cr che la garderie au j
19. gner quelle que soit sa performance peu importe mais le besoin de se mesurer appara t clairement tout autant que la difficult accepter le verdict de la r gle Il faudra long temps des ann es parfois pour que l enfant parvienne surmonter la frustration de perdre sans se f cher quitter le jeu ou essayer de modifier la r gle son avantage Le tiers exactement des jeux r gle arbitraire que nous avons analys s peuvent tre consid r s comme des jeux de comp tition Nous entendons par l que deux ou plusieurs joueurs sont la recherche d un m me r sultat l objectif de chacun tant de l emporter sur ses partenaires adversaires La r gle de ce type de jeu d signe g n ralement clairement l existence voire la n cessit d un gagnant La notion de perdant est moins fr quente mais appara t parfois Cela si gnifie t il qu elle est implicite dans les autres cas Plus vrai semblablement la difficult dans un jeu de comp tition tant de perdre les joueurs encore novices laissent ils pru demment dans l ombre le sort de celui qui ne gagne pas Apr s tout cela pourrait arriver aussi celui qui pose la r gle Nadine 7 1 et Julien 6 4 jouent avec des cartes qui repr sen tent les crados Julien Je mets le plus salaud Nadine Je mets le plus d gueulasse celui qui met le plus d gueulasse ra masse les deux cartes Julien Moi je mets la plus belle toi sn N
20. n qu elle avait auparavant Elle est la pour har moniser les rapports de jeu et tire sa force de son accepta tion par les joueurs eux m mes est interessant de consid rer aussi l clairage que nous donne Ch teau sur la nature de la r gle telle qu il la per oit dans le jeu r gle arbitraire Son approche est plus empi rique et plus globale que celle de Piaget Il constate que vers trois ans au moment o l enfant prend conscience de lui m me apparaissent des activit s pratiqu es en solitaire r gl es celles pr cis ment qu il appellera jeux r gle arbi traire Elles lui permettent d affirmer son Moi en s impo sant une r gle c est un obstacle qu il se donne par lequel il parvient s prouver se prouver sa valeur Pendant ses premi res ann es l enfant a go t l ordre travers cer tains jeux fonctionnels et l on retrouve Piaget les jeux r gl s arbitrairement sont donc la suite logique d activit s lu diques bas es essentiellement sur cet amour de l ordre La r gle que l enfant s impose dans ses actes n est en aucun cas influenc e par le monde des adultes Elle repose sur un besoin personnel de codification Il nous para t crit Ch teau que l obligation est d abord pos e par le moi non par la soci t la soci t ne fait que pr ciser et consolider la 1 J Ch teau Le jeu de l enfant apr s trois ans sa nature sa discipline Pari
21. non la main contenant l objet de leur choix elles ont gagn ou perdu Si les objets choisis sont plus nombreux que ceux dont la pr sence est due au hasard le rapport s inverse lorsqu on consid re les jeux dans lesquels ils sont utilis s les observa tions retenues montrent davantage de jeux dans lesquels le mat riel n a pas t choisi o l on prend ce qui tombe sous la main Cela signifie donc que lorsqu il a choix des ob jets ceux ci sont int gr s en plus grand nombre l activit que lorsqu on prend ce qu on trouve On peut donc en conclure que le jeu r gle arbitraire conna t diff rents ni veaux d laboration il peut tre pr vu organis construit en quelque sorte ou na tre tr s soudainement de l inspira tion du moment Cela est confirm lorsqu on consid re l ge des joueurs qui utilisent un mat riel de hasard de 4 53 Le mat riel de jeu 8 ans La fourchette se r tr cit lorsque le mat riel est choisi et multiple 6 8 ans L hypoth se d une volution des jeux r gle arbitraire du fortuit l labor du simple au com plexe est donc l gitime Par exemple dans toute une s rie d observations on voit les enfants des garcons de 6 8 ans r aliser un parcours pour un objet qui roule ou encore pour les joueurs eux m mes Il est probable que ce niveau d la boration n est atteint qu apr s une certaine pratique du jeu r gle arbitraire Enfin que le m
22. peut anticiper l volution et la conclusion par analogie avec des parties semblables ordon n es par la m me r gle Pour rep rer le jeu r gle arbi traire il ne faut pas manquer le ou les moments o la r gle est dite ou discut e elle repr sente la cl du jeu l l ment qui permettra l observateur de le comprendre 39 La r gle dans les jeux r gle arbitraire Il faut donc d abord saisir la nature de cette r gle la mani re dont les enfants la concoivent et la port e qu ils lui donnent Pour cela nous utiliserons les cat gories d crites par Piagetl r gle coercitive et respect unilat ral coop ra tion naissante et enfin r gle rationnelle et respect mutuel Le besoin des enfants que le jeu se d roule de fa on r gl e et qu il y ait un gagnant entra ne un d but d entente mutuelle Les enfants ont six sept ans parfois moins La plupart du temps ces coop rations sont momentan es Si les enfants admettent la n cessit de r gles qui m diatisent la comp tition entre eux cela se fait au coup par coup n emp che et ce sont l les crit res que nous avons retenus pour s lectionner les jeux analyser que les enfants expri ment leur d sir de voir le jeu se d rouler selon des r gles et que leur plaisir est social et non plus gocentrique Les jeux r gle arbitraire se situent un moment inter mediaire dans un entre deux par rapport aux capacit s des enfants vivre e
23. qu il convient de tenir sous troite surveillance De la confiance que nous sommes capables de leur accorder naitra sans dif ficult l attitude qui rend le jeu possible et qui fera sa place au jeu r gle arbitraire Les enfants pourront alors au gr de leurs int r ts inventer le base ball le jet de fus es en p te modeler ou mille autres jeux encore le 28 8 93 100 Ouvrages parus dans la s rie Travail social Un autre travail social Par Bernard Bridel Marie Chantal Collaud Jean Pierre Fragni re Martial Gottraux Marisa Mucci Denise Rod Patricia Roux 212 pages broch Delta 1981 Assister duquer et soigner Travaux r unis par Jean Pierre Fragni re et Michel Vuille 272 pages broch R alit s sociales 1982 L enfant roi sans royaume Par Marie Chantal Collaud 144 pages broch R alit s sociales 1984 Familles en rupture pensions alimentaires et politique sociale Travaux r unis par Pierre Gilliand 444 pages broch R alit s sociales 1984 Comment faire un m moire Par Jean Pierre Fragni re 176 pages broch R alit s sociales 1985 La pr carisation de l emploi Prix Perspectives sociales 1987 Par Rosanna Mazzi 106 pages broch R alit s sociales 1987 La sanction et le soin Travaux r unis par Pierre Avvanzino et Serge Heughe baert 219 pages broch R alit s sociales 1987 S curit sociale en Suisse Introduction Par J
24. qu il s agisse du plaisir l ger lie amusement et au rire ou de celui plus profond qu offre le d passement de soi Le jeu r gle arbitraire est donc utile Nous esp rons l avoir montr surtout par les exemples que nous en avons donn l est d autant plus que l introduction aux jeux tra ditionnels par les plus grands se fait mal et peu d faut d un apprentissage des jeux de grands dans lesquels on compte pour beurre dans un premier temps puis aux quels on participe pleinement avant de pouvoir en prendre soi m me l initiative les jeux r gle invent e permettent d explorer un univers ludique nouveau La r gle et les rap ports qu elle instaure entre les joueurs qui s y soumettent les comp titions qui peuvent na tre les litiges sur son appli cation sont autant d apports du jeu r gle arbitraire Ap ports imm diatement perceptibles d ailleurs l observation courante montre dans les lieux d accueil que l agressivit entre les enfants diminue quand progresse l habitude du jeu partag Enfin la capacit des enfants jouer comme toute autre capacit n existe et ne se renforce que s ils ont la possibilit de l utiliser Les enfants jouent par n cessit en quelque sorte une n cessit li e aux besoins de croissance Toute fois le besoin de jouer doit pouvoir s actualiser dans le jeu 84 quoi peuvent bien servir les jeux r gle arbitraire Pour que l enfant
25. quotidien mis en place par les ducateurs peuvent tre une entrave une activit de meilleure qualit que les enfants sont capables de mettre en place eux m mes On nous a racont l histoire de cette ducatrice qui dans un groupe de petits coliers interrompait les jeux naissant 91 Une p dagogie des jeux r gle arbitraire apr s le repas de midi pour un moment collectif de relaxa tion cela partait bien s r d un bon sentiment mais la d tente esp r e pouvait elle vraiment s instaurer chez des en fants d us d avoir d abandonner un projet int ressant et contraints d adopter un comportement uniforme Certains enfants du m me ge dans un lieu d accueil qui leur laisse la libert de s organiser eux m mes apr s le repas jouent r guli rement la sieste Une d tente qui cumule le plaisir du repos et la joie du jeu Construire l organisation de la journ e en partant autant que possible des enfants c est une d marche exigeante qui repose sur une observation constante de leur activit qui ne tient rien pour acquis qui ne met pas la premi re place le confort et la routine des adultes qui contraint la r flexion et la discussion sur les pratiques en place Mais n est ce pas la seule fa on de rendre cr ative donc int ressante en richissante la t che de l ducateur Organiser une activit commune pour vingt enfants plut t que d organiser la vie collective de telle m
26. volont de maintenir ce qui existe il faut fournir l enfant les mat riaux l espace le temps et la compr hension dont il a besoin pour construire de nouvelles aptitudes ludiques explorer de nouveaux jeux Nous avons donc choisi de nous int resser l enfant spontan ment cr ateur de jeux et sa capacit d inventer des activit s ludiques comparables aux jeux r gles tradi tionnels Peu d sireuses de refaire le constat de l appauvris sement du r pertoire ludique des enfants d ge scolaire nous avons pos l hypoth se qu avant la pratique du jeu r gl se trouvent des comportements ludiques qui l annon cent et la pr parent Et c est la p riode charni re entre la petite enfance et l ge scolaire qu il convenait d aller voir Lorsque le jeu symbolique fait place des int r ts nou veaux alors m me que la capacit saisir reprendre et ap 1 H Hugon Derquenne Le jeu r invent Paris Fleurus 1977 18 En amont du jeu traditionnel pliquer des r gles de jeu n est pas encore d velopp e des activit s ludiques nouvelles apparaissent Observateur at tentif et subtil du jeu des enfants Jean Ch teau toujours lui parle de jeux r gle arbitraire ce sont des jeux qui ob issent une r gle individuelle pos e par le joueur pour une activit pr cise qui ne se r p tera pas n cessairement Il est chez un enfant de cinq sept ans une multitude de jeux vite i
27. 49 Le mat riel de jeu qui n a plus rien recevoir de lui un objet consommer compl tement achev Or il est essentiel que l enfant trouve une faille dans laquelle il puisse se glisser pour devenir ma tre de son jeu Les jeux r gle arbitraire par d finition sont la cr ation des enfants eux m mes L adulte ne peut donc pas pr voir fabriquer et commercialiser pour eux un mat riel sp ci fique C est dans les ressources de son environnement que l enfant trouvera les objets qu il fera entrer dans son jeu On va voir quel point l inventaire de ces objets refl te bien la r alit du milieu dans lequel les observations ont t faites c est dire l environnement mat riel des lieux d accueil pour les petits coliers Si classe en trois cat gories le mat riel utilis par les enfants observ s on obtient l inventaire suivant auquel il ne manque que le raton laveur pour acc der la po sie Jouets Ballon balle de tennis boulier rails de circuits de trains ou de voitures petites voitures et motos garages baby foot cartes jouer l ments de jeux de construction poup es p te modeler figurines de plastique panier de basket Objets utilitaires Matelas de sieste tabourets tables tapis gobelets bancs coussins caisses de rangement tag re tue mouches barrette cheveux Mat riaux divers et de r cup ration Sable cailloux boule de papier biscuit
28. PROPOS d part nous tions quatre ducatrices de la petite enfance et une enseignante de p dagogie Apr s quelque temps une des ducatrices a renonc une tu diante a crois notre chemin un peu plus tard la faveur de son m moire D autres tudiants se sont joints momentan ment cette petite quipe de recherche pour la collecte d observations Cela commence comme un jeu de H te toi lentement Des int r ts multiples mais tous centr s sur le jeu de l enfant nous ont fait cheminer trois ans durant sans renon cer notre projet malgr les difficult s et les obstacles inh rents la vie professionnelle et la vie tout court Les pages qui suivent sont le r sultat de ce parcours Leur seule ambi tion est d offrir au lecteur une balade sur les sentiers dis crets des jeux dont les joueurs inventent les r gles ces jeux mal connus que nous avons eu tant de plaisir d couvrir chez les petits coliers et au passage de livrer quelques consid rations d laborer quelques outils pour tenter de saisir de quoi il retourne Les jeux r gle arbitraire mettent de l ordre dans des comportements ludiques divers et foi sonnants de la m me mani re nous avons tent d ordon ner la perception que nous adultes pouvons avoir de ces jeux bizarres et de lui donner un sens Chapitre 1 EN AMONT DU JEU TRADITIONNEL ul besoin d insister sur le caract re indispensable du jeu pour les enfan
29. Raymonde Caffari Viallon Fran oise Curchod Fabienne Guinchard Hayward Marie Christine Knobel Villommet avec la collaboration de Sophie Perrin LA R GLE ET L INVENTION LE JEU DES ENFANTS DE 5 8 ANS LA R GLE ET L INVENTION LE JEU DES ENFANTS DE 5 8 ANS Raymonde Caffari Viallon Fran oise Curchod Fabienne Guinchard Hayward Marie Christine Knobel Villommet avec la collaboration de Sophie Perrin LA R GLE ET L INVENTION LE JEU DES ENFANTS DE 5 8 ANS Collection Travail social L cole d tudes sociales et p dagogiques de Lausanne publie r guli rement des tudes et travaux r alis s par ses enseignants et charg s de cours qui illustrent ses di vers domaines d activit de recherche et d enseignement l intention de ses anciens tudiants de l ensemble des professionnels de l action sociale et des milieux int ress s Le comit d dition Pierre Avvanzino Claude Pahud Simone Pavillard Paola Richard De Paolis Responsable de la diffusion Jean Fiaux La collection Travail social est publi e sous les auspices de la Conf rence suisse des coles sup rieures de Service social Elle se propose d assurer la diffusion de travaux et d tudes concernant le secteur du travail social en particu lier en vue de stimuler la formation des professionnels qui de pr s ou de loin lui sont rattach s Le Comit d dition Jean Pierre Fragni re Stephan M ller Christiane Ryffel Monique
30. adine Quand il y en a quatre t as gagn Julien Non c est zn celui qui a toutes les cartes qui a gagn 72 La comp tition Parfois la proximit du jeu symbolique se fait sentir l int rieur d un jeu pour lequel les enfants laborent des r gles structurent une comp tition la fiction r appara t Pour J R Vernesl jeux de comp tition et jeux d argent concourent un r sultat objectif mettre son adversaire chec et mat ou placer la fl chette au centre de la cible alors que les jeux de simulacre auxquels appartiennent les jeux symboliques tendent un r sultat subjectif dont la mesure est la satisfaction du joueur Dans le jeu r gle arbitraire des enfants les deux r sultats peuvent se superposer la place de jeu Arnaud 6 8 propose Simon 6 3 et Mi chel 5 8 de grimper sur le plan inclin en bois puis redescendre par les espaliers voisins le plus vite possible pour tre Batman Les trois enfants se pr cipitent et font l exercice plusieurs re prises chaque fois le premier arriv au bas de l espalier crie que c est lui Batman Apr s quelques parcours Arnaud d clare que le dernier arriv sera B b Ses partenaires acceptent le jeu reprend et chaque tour il y a un Batman et un B b Les jeux r gle arbitraire sont en majorit des jeux d adresse et de prouesse on l a vu Cela est plus vrai encore lorsqu il y a comp tition Le jeu de carte d
31. afin de retenir pour chacun des th mes envisag s uniquement les jeux qui pr sentaient un int r t pour l angle d analyse choisi ainsi lorsqu il s est agi de r fl chir sur la place du mat riel dans les jeux r gle arbitraire seules les observa tions de jeux incluant l utilisation d objets ont t retenues partir de l les observations ont t analys es pour es sayer de comprendre ce qui constitue le jeu r gle arbi traire de quoi il a besoin pour exister et qui y joue Il s agis sait bien s r de mieux conna tre une forme de jeux qui passe facilement inaper ue et qui est non seulement m connue mais souvent incomprise Et ensuite de tenter de donner tous ceux qui un titre ou un autre s occupent d enfants les moyens de d passer cette incompr hension 37 Chapitre 4 LA R GLE DANS LES JEUX R GLE ARBITRAIRE u centre du jeu r gle arbitraire il y a nous l avons dit une forme ou une autre de r gle Le jeu est structur par une loi qui lui est propre qu un ou des joueurs ont pos e Le jeu tire de cette r gle son int r t son d roulement et parfois sa fin La particularit des jeux r gle arbitraire tient l originalit de la r gle son carac t re unique et momentan et aussi sa souplesse elle peut tre n goci e et modifi e en cours de partie Les jeux r gle arbitraire ne sont donc pas codifi s n appartiennent pas a ces jeux connus dont on
32. ani re que chacun puisse d velopper l activit de son choix est une solution de facilit peu fruc tueuse puisqu elle contraint l adulte multiplier les efforts pour imposer une discipline des enfants souvent r tifs C est l adulte d tre rigoureux et organis afin de faire place la spontan it des enfants Trop souvent l ducation est pratiqu e comme l art de g rer l activit des enfants de faire faire afin de masquer l absence de rigueur des adultes leur incapacit cr er un milieu o les enfants trouvent v ritablement leur place Le travail de l ducateur consiste s interroger observer analyser et tenter de trouver des 92 Une p dagogie des jeux r gle arbitraire solutions plut t qu s agiter pour animer des enfants par faitement capables si les conditions sont r unies de s ani mer tout seuls Il faut aussi savoir reconna tre le jeu pour respecter son cours chaque fois que cela est possible Or les jeux r gle arbitraire se pr sentent souvent de mani re d routante Mais qu est ce qu ils font Observer essayer de comprendre ce qui se passe pourquoi la poup e va heurter le mur ou pourquoi le petit camion d vale le toboggan devrait tre le pr alable toute intervention Seul l adulte qui a saisi le jeu peut avoir l attitude juste plut t que des remontrances adress es ces gar ons turbulents qui jettent une poup e au risque de l ab mer
33. ardin d enfants ou chez une m re de jour Cette tude illustre les divers enjeux d un sujet br lant pour les d cideurs les profes sionnels et les parents sur la base d une enqu te r alis e dans la r gion de Morges Mich le DUBOCHET L ERGOTHERAPIE AVEC LES ENFANTS 16x24 cm broch 1992 298 pages Ce livre pr sente une organisation des th ories et des pratiques dans le domaine particulier de l ergoth rapie avec les enfants et en d veloppe les aspects essentiels Il s agit d un ouvrage g n ral con u comme un manuel Les analyses de caract re th orique sont illustr es par de nombreux exemples Jean Pierre FRAGNIERE et Anne COMPAGNON ds CHEC SCOLAIRE ET ILLETTRISME 16 x 24 cm broch 1992 148 pages L illettrisme est une r alit bien pr sente au sein des soci t s dites d velopp es La d monstration en est faite C est la un probl me qui interpelle l ensemble des milieux sociaux Inutile de jeter la pierre sur l cole La r alit est plus complexe Le monde du tra vail porte sa part de responsabilit s dans ce ph nom ne La mobi lisation contre ce fl au a commenc Cet ouvrage en t moigne Claire DUCRET et Nicolas K HNE MALVOYANTS EN INSTITUTION 16 x 24 cm broch 1993 142 pages Cette tude analyse les conditions d accueil des malvoyants dans une institution particuli rement dans les tablissements m dico sociaux et les foyers Avec de nombreuses indications prat
34. at riel soit li un choix ou qu il soit sim plement tomb sous la main des joueurs il est int ressant de se demander lors d un jeu plusieurs qui l a propos La r ponse est claire c est l enfant qui a eu l id e du jeu son initiateur Nous n avons relev que deux situations o un enfant invit participer au jeu ou s y tant joint de sa propre initiative propose du mat riel encore tait ce en cours de partie et non au d but C est dire quel point le mat riel choisi d lib r ment ou saisi au hasard fait partie de la donne de d part qui d pend du cr ateur du jeu La valise du jeu r gle arbitraire n existe donc pas Les enfants trouvent dans leur environnement ce dont ils ont besoin et si n cessaire c est souvent le cas d tournent l objet de sa fonction habituelle Le jeu r gle arbitraire s inscrit dans le milieu de l enfant et y puise le n cessaire La vari t du mat riel utilis est frappante L adulte doit y tre attentif afin d assurer la pr sence dans l environne ment des enfants d objets divers dont il devra accepter un usage parfois peu orthodoxe La plupart des institutions pour enfants am nagent des coins de jeu symbolique de 54 Le mat riel de jeu construction de dessin de bricolage pourvus du mat riel ad quat Le coin jeux r gle arbitraire n existera jamais et c est bien ainsi Mais il appartient aux adultes de r fl chir aux obj
35. ation avec l autre ou le hasard il fixe le d but le parcours et l aboutissement Ayant tabli la place de chacun cadre les r les il permet la relation entre les joueurs de se d velop per en finesse et en profondeur On doit J Piaget une analyse tr s pr cise du d velop pement de r gle chez les enfants Il distingue tout d abord le stade de la r gle motrice pr sente dans le jeu fonctionnel des tout petits Au d but elle ne se distingue pas de l habitude des rythmes des r p titions qui jalon 1 J Piaget Le jugement moral chez l enfant Paris PUF 1973 24 y a r gle et r gle nent la vie du b b et lui offrent la stabilit et la s curit n a son d veloppement D abord impos e l adulte la r gularit sera ensuite recherch e activement par l enfant si pour une raison ou une autre elle est rompue De la m me mani re il introduira r gularit et r p titions dans les jeux de son ge c est dire dans les multiples acti vit s motrices et sensorielles qu il affectionne La r gle coercitive va succ der la r gle motrice Elle est fond e sur la certitude de la toute puissance de l adulte et des a n s et le caract re quasi sacr que prennent leurs in jonctions Lorsqu il y a r gle coercitive on trouve ce que Piaget appelle le respect unilat ral de cette r gle n est pas le fruit d une n gociation pr alable puis d une adh si
36. conduites ludiques bien 22 Il y a r gle et r gle connues et largement maitris es pour anticiper sur la struc ture et l organisation des jeux ult rieurs Tels sont les jeux r gle arbitraire Jean Ch teau les a d crits et nomm s en montrant comment ils apparaissent dans la p riode de transition des environs de trois ans sous forme de jeux solitaires Nous nous centrerons pour notre part sur les enfants de cing huit ans et les jeux collectifs le plus souvent dont ils cr ent la r gle pour la dur e d une partie Plus labor s plus complexes que ceux d crits par Ch teau ces jeux nous paraissent cependant tre de la m me nature c est dire constituer une activit ludique or donn e par la volont d un joueur selon une r gle ph m re Nous avons donc conserv le terme de jeux r gle arbitraire Cette r gle arbitraire peut tre caract ris e simple ment de l ext rieur comme une r gle cr e de toute pi ce par un ou des joueurs selon l humeur et l envie du mo ment Elle n est pas destin e durer elle est m me modi fiable en cours de partie Bref elle a un caract re subjectif et n existe pas en dehors de sa mise en action Il importe ce pendant de la d finir aussi partir de l enfant pour voir comment elle se situe dans son d veloppement comment elle suit et pr c de d autres comportements La plupart des jeux sont d une fa on ou d une autre r
37. continuant s in t resser aux jeux f minins traditionnels pratiquent de plus en plus des activit s longtemps consid r es comme r ser v es aux gar ons Elles tendent donc le champ de leur acti vit ludique alors que pour les gar ons le ph nom ne se rait plut t inverse En effet le jeu traditionnel r servoir d activit s pour les enfants d ge scolaire dispara t plus ra pidement dans la soci t des gar ons que dans celle des filles2 Songeons quel point les jeux de rythme frapper dans les mains ou sautiller si pris s par les filles sont en core pr sents dans les cours de r cr ations de m me les jeux d astuce bas s sur des devinettes ou sur l habilet choisir tre choisi ou donner la bonne r ponse se maintien 1 Sutton Smith et B G Rosenberg Historical change in the game preferences of American children In R E Herron et B Sutton Smith Child s Play Malabar Florida Krieger Publishing Company 1971 pp 18 49 2 cf H Hugon Derquenne op cit 66 Gar ons et filles nent sans probl me Enfin autre preuve de cette vitalit du jeu traditionnel chez les filles le jeu de l lastique c est le plus jeune des jeux traditionnels il a peine trente ans chez nous et il fait l objet de r gles de codifications de formules d accompagnement abondantes qui t moignent de la capa cit des filles cr er des jeux traditionnels puisque ce sont elles qui
38. e Et les am nagements de la place de jeu peuvent susciter des pra tiques non pr vues comme celle qui consiste lancer les copeaux du sol dans un trou de la tour grimper L adulte devra donc savoir distinguer rapidement entre le tol rable et l impossible l anodin et le dangereux la pratique lu dique v ritable et la provocation ou l emportement Il devra en outre faire admettre le jeu dans les espaces disponibles que de voisins convaincre et devenir en quelque sorte le porte parole des enfants l avocat de leurs besoins Le temps aussi est limit Il faut faire en sorte que les t ches et obligations de la vie quotidienne ne mangent pas les journ es pensons aux devoirs scolaires Le temps des petits coliers est largement r gl par les activit s des adultes horaire de travail des parents qui fixe par exemple l heure du lever horaire scolaire dont il n est pas s r qu il soit toujours tabli en fonction des r alit s enfantines ho raire de l institution de garde enfin pour les enfants que nous avons observ s Les enfants doivent s en accommoder et glisser leurs activit s propres leurs jeux en particulier 89 Une p dagogie des jeux r gle arbitraire dans les moments pas tr s nombreux dont ils peuvent li brement disposer Dans les lieux d accueil pour les coliers la pause de midi est tr s utilis e pour le jeu libre Il arrive m me nous a dit une ducatrice que les enfants or
39. e face toute autre forme de jeu spontan des responsabili t s Celle de lui faire une place convenable tout d abord or ganiser la vie am nager le temps et l espace fournir le ma t riel pour que le jeu soit possible Simple en apparence cette t che implique de l ducateur une pr occupation constante On l a dit les enfants n ont pas besoin d un mat riel complexe et sophistiqu Chez nous cependant l abondance est la r gle Mais si les jouets neufs sont attrayants leur in t r t s puise vite Dans beaucoup de jeux leur fonction sera alors d vi e ou ils seront tout simplement ignor s et remplac s par des objets quelconques Pour l adulte la tache principale consistera 4 poser clairement les limites qu il entend mettre a l utilisation impr vue des jouets et ob 88 Une p dagogie des jeux r gle arbitraire jets et pour le surplus faire preuve d ouverture d esprit Il n en finira pas d tre tonn En revanche les espaces disponibles sont compt s dans les villes ils sont en outre attribu s des fonctions pr cises le trottoir pour marcher l escalier de l immeuble pour pas ser et la place de jeu pour jouer aux jeux pr vus par son concepteur Or on l a vu le trottoir permet en sautant contre les divers ravancements des murs de transformer le chemin de l cole en passionnant exercice L escalier de l en tr e devient buts pour un football nouveau styl
40. e telle vision ne r siste pas l examen Les enfants lorsqu ils cr ent la r gle l espace d un jeu recourent des formes de coop rations variables quel que soit leur ge en fonction de la composition du groupe vraisemblablement Il est vrai que les acquisitions quelles qu elles soient ne se font pas de mani re lin aire le chemin de l apprentissage est fait de va et vient de retours en arri re d alternance entre des sch mas connus et des comportements nouveaux entre des r p titions et des d couvertes 48 Chapitre 5 LE MAT RIEL DE JEU es enfants pour jouer utilisent la plupart du temps du mat riel jouets bien s r mais aussi objets de la vie courante d tourn s ou non de leur fonction et mat riaux divers quand par chance ils sont accessibles L volution des modes de production a entra n la d mocratisation des jouet Autrefois seuls les enfants de mi lieux privil gi s en poss daient qui taient souvent luxueux et avaient une fonction plus ornementale que lu dique Aujourd hui chez nous nous pouvons affirmer sans trop de risques que tous les enfants disposent de jouets en quantit et en qualit variables il est vrai Cette situation n est pas sans cons quence sur le jeu Beaucoup de jouets sont en fait du pr t a jouer Cr s par l adulte ils sont mat rialisation de son image de l en fance Il arrive donc que l enfant se retrouve face un objet
41. e jeux n existent dans ce domaine Vite invent s et vite oubli s pour reprendre l expression de Ch teau ces jeux n appartiennent qu aux enfants ne peuvent tre cr s et jou s que par eux Toute at titude volontariste de l adulte est donc d embl e exclue La p dagogie si en croit l tymologie est l art de conduire les enfants Peut on les conduire au jeu Ne s agit il pas plut t de les laisser jouer Quelle est la part sinon d intervention au moins de responsabilit des adultes Cer 87 Une p dagogie des jeux r gle arbitraire tains jeux peuvent se montrer les jeux traditionnels dont nous avons souvent parl les jeux de soci t On a dit d j les limites de l entreprise lorsque c est l adulte qui transmet S agissant des jeux r gle arbitraire le probl me ne se pose m me pas il n y a rien transmettre ni enseigner le jeu chaque fois diff rent n existant que dans l instant et par la volont des joueurs La tentation est donc grande de se dire que l adulte n y est pour rien que ce type de jeu poussera comme les mauvaises herbes partout o il le pourra dans les interstices de la vie organis e Malheureusement le jeu est plus fragile que la mauvaise herbe Qu on le restreigne trop qu on l enferme dans des lieux et des moments trop li mit s qu on l interrompe tout propos et il d p rit Les adultes ont donc face au jeu r gle arbitraire comm
42. ean Pierre Fragni re et Gioia Christen 260 pages broch R alit s sociales 1988 Formation professionnelle en Suisse Histoire et actualit Par Jean Pierre Tabin 204 pages broch R alit s sociales 1989 Comment cr er et animer une association Par Marie Chantal Collaud 100 pages A5 broch R alit s sociales 1990 Pauvret s et s curit sociale Travaux r unis par Pierre Gilliand 324 pages broch R alit s sociales 1990 Le temps des b n voles par Jean Pierre Fragni re et Pierre Mermoud 168 pages broch Cahiers du CFPS Sion 1990 Je m ris en apprenant par Sabine Voelin et Gerard de Rham 198 pages broch d IES 1992 Soziale Arbeit Herausgegeben von der Schweizerischen Arbeitsgemeinschaft der Schulen f r Soziale Arbeit SASSA Es sind erschienen Doris Zeller Funktion und Rolle von Praktikumsanleitung und Supervi sion in der Ausbildung von Sozialarbeitern und Erziehern 71 Seiten kartoniert 1981 Silvia Staub Bernasconi Christina von Passavant Antonin Wagner Theorie und Praxis der Sozialen Arbeit 408 Seiten kartoniert 1983 Ruth Brack Das Arbeitspensum des Sozialarbeiters 91 Seiten kartoniert 1984 Antonin Wagner Wohlfahrtsstaat Schweiz Eine problemorientierte Einf hrung in die Sozialpolitik 248 Seiten kartoniert 1985 Ruth Brack Judith Giovanelli Blocher und Rudolf Steiner Freiwillige T tigkeit und Selbsthilfe aus der Sicht beruflicher Soziala
43. entre elles joueraient donc peu a des jeux r gle arbitraire Et lorsqu elles y jouent dans un groupe mixte dans la plupart des cas l initiateur du jeu est un gar on sur les 22 jeux observ s 15 taient propos s par un gar on 4 par une fille pour les trois derniers il n est pas possible de d terminer qui est l initiateur Cependant m me si les filles prennent peu l initiative du jeu r gle arbitraire quand elles y sont pr sentes la gamme des jeux s largit Type de jeux Gar ons Filles Mixte jeu d adresse 15 1 10 jeu de prouesse 7 2 4 piste d obstacle 2 jeu de poursuite jeu de cartes jeu d astuce jeu de construction jeu r p tition jeu d observation 1 WH 65 Gar ons et filles Bien qu il soit difficile de formuler des g n ralit s par tir de si petits nombres il semble n anmoins possible d af firmer que si les jeux r gle arbitraire sont majoritairement des jeux d adresse et de prouesse quels que soient les joueurs gar ons ou filles la pr sence des filles am ne une plus grande vari t des jeux Et cette diversit va vers le jeu traditionnel jeux de poursuite de cartes ou d astuce voil qui voque le r pertoire des jeux qui passent d une g n ra tion la suivante Que les filles aient une gamme ludique plus large que les gar ons n est pas une surprise On sait que depuis plu sieurs dizaines d annees les filles tout en
44. erche active de l objet sp cifique ou tout au contraire t moigner d une certaine indiff rence la nature de l objet l enfant pouvant ais ment le d tourner de sa fonction originelle C est cette derni re hypoth se qui est la bonne En effet les 25 observations retenues pour cette ana 51 Le mat riel de jeu lyse montrent qu 19 reprises les enfants ont utilis des ob jets 25 en tout en les d tournant de leur fonction C est le cas bien s r du mobilier mais peut tout aussi bien arriver un jouet pourtant tr s typ Louis 6 1 a habill une poup e Il court vers un matelas se jette dessus la poup e toujours la main et profite de son lan pour faire glisser la poup e jusqu au mur Anne 5 3 et Adrien 5 1 se joignent lui un tour de r le s installe et c est qui fera l ensemble de l op ration le plus rapidement Le jeu est inter rompu par une ducatrice qui demande aux enfants de faire moins de bruit Les enfants sont donc capables de d passer ce qu un jouet ou un objet peut avoir de ferm de fini Tous les ob servateurs du jeu le savent bien Toutefois la limite infran chissable est la tol rance de l adulte Il est piquant dans l exemple ci dessus de constater que ce n est pas pour se porter au secours de la pauvre poup e que l ducatrice in tervient mais pour pr server sa propre tranquillit ou celle du groupe Cette plasticit du mat riel am ne t e
45. et filles ments des vitrines p 60 ou encore dans l exemple ci des sous Nathalie 4 4 et Sara 4 5 jouent marcher sur la bordure en pierre de la place de jeu en s appuyant peine la palissade Celle qui r ussit marcher le plus loin a gagn et elles recommencent Le jeu s interrompt lorsque Nathalie s enfonce une charde dans la main Apr s intervention de l educatrice qui prodigue les soins n cessaires le jeu reprend tel quel Lorsque le groupe est mixte on observe une diff rence analogue On a d j vu que dans trois quart des cas envi ron le jeu donc la r gle de d part tait propos par un gar S il y a n gociation en cours de route ce qui n arrive qu une fois sur deux ce sont majoritairement des gar ons qui n gocient Plus frappant encore lorsque le jeu est pro pos par une fille la r gle est toujours l objet de n gocia tions ou de modifications par contre propos e par un gar on la r gle tient toute la dur e du jeu pour les deux tiers des cas On peut donc affirmer que les gar ons manifestent un besoin plus grand dans le jeu r gle arbitraire de poser des limites de les prouver et de les red finir Les filles dis cutent et modifient peu les r gles une fois pos e par qui que ce soit la r gle est valable pour tout le jeu Ainsi les filles seraient conformistes et soumises Aurions nous remis en lumi re ce vieux st r otype qui fait fr mir la f mi
46. ets mis disposition des enfants l observation nous a montr que les roues d un petit camion cass les rails d un circuit de voiture tomb en d saffection comme tant d autres brimborions innommables pouvaient le temps d un jeu s av rer irremplacables 55 Chapitre 6 L ESPACE courante montre que l on ne joue pas n importe o Il faut un bon endroit vaste ou res treint tranquille ou anim pr s ou loin des adultes ouvert ou clos selon quoi on joue et selon l ge que l on a Jouer s accompagne donc en g n ral du choix d un lieu et le plus souvent de la d limitation d un territoire Des limites pos es lors d un jeu de cache cache aller au del ce n est plus du jeu celles de l chiquier en passant par les mar quages du jeu symbolique on dirait qu ici ce serait le ga rage et la la maison les joueurs s assurent d une aire r serv e leur activit ludique tout la fois la permettant et la contenant Ils vont d ailleurs la prot ger des intrusions si le chat saute sur l chiquier ou si un enfant qui n est pas dans le jeu vient installer ses l gos dans le garage la r ac tion est vive 57 L espace Qu en est il des jeux r gle arbitraire Quels espaces uti lisent ils Comment L analyse des 42 observations retenues allait nous r server quelques surprises Le comportement qui consiste choisir nommer et sou vent ma
47. eur ou la r ussite sans laisser de marques sur le joueur Toujours situ dans la fiction dans le pas pour de vrai il laisse aux protagonistes une marge de libert que la r alit interdit l ge o il faut s employer d couvrir com prendre et ma triser les rapports sociaux o il faut sortir de l univers simple et limit des petits pour commencer per cevoir toutes les nuances et complexit s des relations hu maines les jeux r gle arbitraire constituent un moyen qui ne peut tre remplac par nul autre On vu le jeu r gle arbitraire peut fonctionner aussi bien sur le mode archa que de la r gle coercitive c est a dire de la toute puissance du leader investi d une r gle sa cr e que sur le mode de la coop ration impliquant des n gociations et un d but de respect mutuel entre les joueurs Les enfants peuvent ainsi aller d un syst me un autre d un mode de relation familier un syst me d changes nouveau plein de difficult s et de probl mes Ils peuvent 83 quoi peuvent bien servir les jeux r gle arbitraire vivre une des transitions de leur ge dans un de ces mouve ments d all es et venues si fr quents dans les p riodes de changements Ces investigations se m lent la d couverte de soi travers des preuves d adresse d endurance ou de courage Et comme il s agit de jeu le plaisir condition sine qua non de l activit ludique est pr sent
48. ganisent leur jeu sur le trajet du retour de l cole et que le temps du repas serve mettre au point certains d tails Sit t le repas termin et l in vitable brossage des dents accompli les jeux d mar rent Ce ne sont bien s r pas toujours des jeux r gle arbi traire jeux de balle construction de cabanes et jeux symbo liques ont une large place dans ces moments Le matin et en fin de journ e les petits coliers s int ressent plus volon tiers des jeux de soci t ces p riodes sont plus calmes les enfants moins nombreux Apr s le go ter les jeux peuvent tre tr s riches et cr atifs mais pour les plus grands les de voirs scolaires accaparent une bonne partie du temps dis position Enfin il n y a pas d heure pour dessiner peindre bricoler autant d occupations qui mobilisent beaucoup cer tains enfants La richesse du jeu libre pendant la pause de midi peut s expliquer de plusieurs mani res c est sans doute mo ment de d compression entre deux p riodes scolaires et les enfants en profitent au maximum vite jouer avant de re tourner au travail Mais dans les institutions un autre fac teur intervient sans doute c est le seul moment de la jour n e o l on sait pr cis ment quand on devra s interrompre En effet les jeux de midi cessent quand sonne l heure du d part pour l cole et c est pour tous les enfants en m me temps Le matin et en fin de journ e les enfants arr
49. gle arbitraire m ritaient aussi qu on fasse l effort de les d cou vrir d en tudier les modalit s et l int r t afin qu une place leur soit faite D embl e nous avons choisi de proc der par observation directe l observateur tant physiquement pr sent mais impliqu aupr s des enfants se bornant noter les jeux r gl s qui apparaissaient Ce mode de faire plus souple que l utilisation de la vid o nous a permis de centrer nos rele 35 la recherche des jeux r gle arbitraire v s sur les activit s ludiques qui avaient de bonnes chances d tre des jeux r gle arbitraire Comme nous n entendions pas faute de moyens proc der une recherche quantitative et d terminer la fr quence d apparition de ces jeux il nous suffisait d en faire en quelque sorte la collection au gr de leur apparition Cette collecte a t faite dans cinq lieux diff rents des moments divers de la journ e comme de l ann e Cela n est pas sans cons quence tous les jeux tant influenc s par le temps disposition Jour d cole ou jour de vacances ne nous offrent pas le m me panorama ludique et les jeux l ext rieur diff rent de ceux qui se pratiquent en salle Nous avons voulu la vari t des moments et des situations et nous avons pu constater que les jeux r gle arbitraire appa raissent dans les cadres les plus divers Multiformes ils se glissent dans des espaces et des moments de
50. i qu s cet endroit Souvent nous remarquions quelques gar ons occup s faire rouler leurs petites voitures pleine vitesse jusqu les faire percuter le mur Ces pratiques avaient la facult de nous agacer Elles apparaissaient en effet sans but sinon de faire du bruit et d abimer le mat riel En y regardant de plus pr s nous avons remarqu que ce type de jeux tait plus organis que nous le pensions En effet les enfants chacun leur tour devaient viser un point pr cis contre la paroi Puis nous avons rep r d autres jeux du m me genre comme celui o deux gar ons de cinq et six ans se passaient un rouleau de papier collant en le poussant l aide d l ments du circuit de voitures Dans un premier temps nous tions port s voir deux enfants qui encombraient le pas sage en jouant avec du mat riel de bricolage qui n avait rien faire l En observant ce qu ils taient vraiment en train de faire nous avons vu des enfants qui avaient n goci des r gles et qui r inventaient le hockey Dans les diff rents lieux qui nous ont accueillies pour ob server nous avons d couvert des organisations ludiques semblables c est dire des jeux qui ne partent ni d une tra dition ni de l imitation du monde des adultes Certains de ces jeux comme les pistes d obstacles pour petites voitures construites avec des mat riaux se trouvant dans l environ nement direct matelas caisses de rangement tabou
51. imple action des camarades du m me ge ne suffit pas L apprentissage de la r gle demande une action plus coercitive celles des grands et du meneur R introduire par diverses animations des jeux que la so ci t enfantine ne conna t plus appara t donc bien probl matique Ne vaudrait il pas mieux essayer de d velopper chez l enfant l int r t le go t pour les jeux de type tradi 1 cf Ph Grand et al Jeux de notre enfance jeux de nos enfants Sierre Monographic SA coll M moire vivante 1983 pp 336 337 2 J Ch teau Jeux de l enfant in Jeux et sports ss la dir de Caillois Encyclop die de la Pl iade Paris Gallimard 1967 17 En amont du jeu traditionnel tionnel Et soutenir son aptitude en cr er en inventer Aptitude r elle si l on en croit l exp rience faite par Hugon Derquennel un groupe d enfants priv s de leur mat riel de jeu habituel passant leurs vacances la cam pagne dans un cadre qui leur offre de l espace et une nature riche en ressources ont re cr des jeux tr s proches des jeux traditionnels connus des folkloristes Les enfants sont donc capables de faire tre nouveau ce qui a t On ne fait pas jouer on peut seulement rendre le jeu pos sible Si l adulte a une responsabilit elle r side dans la pr servation de la capacit des enfants jouer Une t che de protection en quelque sorte mais qui va bien au del de la
52. iques Pierre AVVANZINO HISTOIRES DE L DUCATION SP CIALIS E 1827 1970 Les arcanes du placement institutionnel 16 x 24 cm broch 1993 236 pages De l enfant vagabond l enfant inadapt De l Asile rural la Maison d ducation Cette tude du pass est riche d actualit et ouvre l acc s des ques tions fondamentales pour le travail ducatif et la politique sociale d aujourd hui ditions EESP case postale 70 CH 1000 Lausanne 24 Diffusion aupr s des libraires Albert le Grand S A Temple 1 1701 Fribourg
53. ire respect du mat riel et des r gles de 79 Et les adultes la vie en collectivit qu il entend leur inculquer Elle va sim plement modifier son regard donner de l importance l ac tivit des enfants accorder plus de poids au jeu sur la ba lance du quand et comment intervenir Dans les diverses institutions qui nous ont accueillies pour observer les jeux r gle arbitraire taient diversement pr sents Il est probable que leur plus ou moins grande abondance est li e l attitude des adultes leur capacit faire place des jeux hors normes et au temps de libert qu ils accordent aux enfants En d autres termes si les adultes n apparaissent que tr s exceptionnellement dans les observations que nous avons pu recueillir ils sont pr sents en creux l attitude des enfants t moignant de la qualit de leur pr sence et de leurs interventions 80 Chapitre 10 QUOI PEUVENT BIEN SERVIR LES JEUX R GLE ARBITRAIRE alait il la peine de traquer recueillir d crire et ana lyser les jeux r gle arbitraire Ils vivent apparem ment fort bien hors des interventions de l adulte ils appar tiennent aux activit s propres des enfants et occupent les loisirs des petits coliers qui ont la chance de trouver des compagnons de jeu des espaces et du mat riel permettant d explorer la r gle en la cr ant et en la jouant et les rela tions entre joueurs en les vivant Le jeu des enfants n es
54. ivent et 90 Une p dagogie des jeux r gle arbitraire partent en ordre dispers au gr des horaires des parents on ne sait donc jamais en commen ant un jeu si tous les partenaires pourront aller jusqu au bout ou si l on ne sera pas d rang par de nouveaux arrivants Durant les vacances scolaires le rythme de vie et le rythme des vies changent Un groupe d coliers peut rester stable et jouer sur un th me unique pendant plusieurs heures Une ducatrice nous a relat un jeu de gendarmes et voleurs avec des r gles tr s loign es du jeu traditionnel jou pendant une heure et demie par un groupe de quinze enfants de sept neuf ans dans un parc apr s un pique nique Durant toute cette longue partie les ducatrices ac compagnantes n ont pas t sollicit es Bien que les adultes ne maitrisent pas enti rement le temps et soient eux aussi contraints de s adapter le temps devrait dans une collectivit d enfants tre aussi pens en fonction du jeu Laisser aux enfants la possibilit d laborer leurs jeux et de les jouer viter chaque fois que faire se peut d interrompre une partie en cours est indispensable pour pr server la capacit ludique des enfants L organisation de la vie collective qui incombe aux adultes doit donc prendre en compte le jeu et les jeux Au tour de quels besoins est elle tablie Ceux des adultes Ceux des enfants Cela m rite un examen attentif Les ri tuels du
55. jouent l lastique les gar ons ne le faisant que tr s rarement et tant plut t maladroits D s lors les filles auraient elles moins recours au jeu r gle arbitraire parce qu elles peuvent puiser ailleurs C est sans doute une des raisons mais pas la seule En effet les gar ons dans les jeux r gle arbitraire explorent et exercent la r gle ce que les filles apparemment font beaucoup moins Dans les 24 jeux retenus o les gar ons jouent entre eux on observe dix reprises des n gociations propos de la r gle et l introduction de modifications Par exemple Thierry 6 8 et Jacques 6 3 jouent la p te modeler Thierry montre Jacques comment sortir les fus es du garage et les faire atterrir sur la terre Il s agit de mettre de la p te mode ler dans un gobelet de taper dessous le plus fort possible de fa on que la p te modeler tombe sur la table Les deux enfants appli quent cette r gle plusieurs reprises puis Jacques propose une variante pour tre le meilleur conducteur de fus es il faut que la p te modeler tombe par terre pr s de son pied Le jeu continue avec cette nouvelle r gle jusqu ce que l educatrice interdise aux conducteurs de fus es de poursuivre leurs man uvres Lorsque les filles jouent entre elles par contre il n y a pas de n gociation ni de modification de la r gle en cours de jeu c est le cas dans le jeu de saut contre les ravance 67 Gar ons
56. l lui arrive la m saventure que les leaders du jeu symbolique connaissent bien lorsque l int r t des partenaires s puise ou lorsqu ils sont sollicit s par une activit qui les attire davantage ils quittent le jeu sans autre forme de proc s Ils ne sont donc pas lies par r gle tenus d aller au bout d une partie par exemple Ils subissent l autorit du meneur sans protester tant que dure leur int r t pour le jeu puis s en vont L ac ceptation tacite engendre des rapports hi rarchis s peu liti gieux mais le lien entre les joueurs reste t nu On peut dire que l int r t pour la r gle est ici le fait de Juan seulement ses deux compagnons s int ressent au contenu du jeu pas sa structure Une majorit des jeux analys s 20 sur 34 pr sentent cette forme d organisation soulignons que six d entre eux m lent des l ments de jeu symbolique au jeu r gle arbitraire Louis 5 1 joue avec la cabane faite de tubes et de plaques de plastique Quadro Il enl ve les plaques les remet dans un autre sens quitte la cabane et va se jeter sur un coussin o il fait sem blant d tre mort puis recommence de plus en plus vite Il ap pelle Odette 5 9 qui joue avec une poup e proximit Elle vient jouer avec lui chacun son tour ils enl vent les plaques les m langent par terre les remettent puis vont mourir sur le cous sin 43 La r gle dans les jeux r gle arbitraire
57. la notion de r gle collective et de s y plier Le meneur de jeu est souvent un grand et Ch teau d crit longuement l interaction entre grands et petits Le grand commande mais son attitude l gard de son 1 ibid p 167 28 y a r gle et r gle cadet est faite de patience et de bienveillance le plus petit est soumis mais son r le lui procure un sentiment de fiert irrempla able et surtout r pond son d sir de grandir Nos observations on le verra corroborent peu celles de Ch teau Cette initiation des jeux r gl s la plupart du temps des jeux traditionnels rarement t observ e dans les lieux o nous avons vu vivre les petits coliers l in verse alors que pour Ch teau les jeux r gle arbitraire qui apparaissent ce stade ont un caract re accidentel fortuit nous avons pour notre part d couvert une v ritable pra tique des jeux r gle arbitraire collectifs Autres temps autres jeux Pr s de cinquante ans nous s parent de l poque o Ch teau regardait les enfants jouer dans la cour de l cole Et ce que nous disions plus haut concernant le recul du jeu traditionnel prend ici tout son sens Il est pro bable que la transmission du jeu r gl d enfants enfants se fait moins et concerne un nombre de jeux beaucoup plus li mit que par le pass Cela tient outre les facteurs que nous avons d j voqu s au fait que nos enfants sont group s de mani re bea
58. la proposition d un objet plus ad quat pour poursuivre le jeu d adresse et de comp tition en cours plut t que la s che injonction de laisser le toboggan aux plus petits le respect d une activit structur e et int ressante pour les partenaires Il ne s agit pas mais on l aura compris de tout laisser faire D truire le mat riel se mettre en danger risquer de faire mal aux autres enfants ne pro duit pour le joueur lui m me que des effets d sagr ables desapprobation culpabilit sentiment d chec ou au mini mum interruption brutale d une activit prometteuse Les consignes de l adulte doivent donc comme dans les autres domaines tre claires et rappel es suffisamment t t lorsque les joueurs emportes par le jeu les oublient La connais sance des enfants ne suffit pas il faut saisir la nature de leur activit En soi l attitude d observation est d j un support Les jeux r gle arbitraire se sont d velopp s dans les lieux o au cours de cette tude le projecteur a t braqu sur 93 Une p dagogie des jeux r gle arbitraire eux L attitude de respect et de compr hension qu induit chez l adulte la volont de comprendre l activit des enfants est imm diatement per ue par les joueurs Ils essaient d ailleurs d en tirer parti comme ces petits coliers d une des institutions o nous avons observ qui disaient avec force leur ducatrice lorsqu elle interrompai
59. land 8 4 interpelle Maxime 9 0 Eh on invente le jeu du base ball Maxime est d accord suivent huit minutes d in tenses n gociations pour fixer les r gles et d cider du mat riel Andr 9 0 et Daniel 8 11 en sont les t moins attentifs Enfin le jeu peut d marrer Roland est au pied des marches du perron avec un balai la batte Andr s occupe de maintenir en quilibre le panneau plac au sommet des marches et compos d un petit ra teau en plastique qui soutient une plaque du grand jeu de 97 Et si on r inventait le base ball construction Quadro Maxime quelque distance de Roland est charg de lancer la balle et Daniel au centre de la cour devra aller la rechercher Outre la balle un ballon a t soigneusement d pos dans la cabane au coin de la cour Maxime lance la balle Roland la frappe avec le balai Le coup r ussi il laisse tomber le balai et court chercher le ballon dans la cabane puis se pr cipite vers le portail de la cour et l ouvre en criant c est nous Pendant ce temps Daniel ramasse la balle s avance en direction du panneau lance vigoureusement la balle pour faire tomber le panneau et crie aussi c est nous On aura compris que le vainqueur est celui qui le premier a fait tomber le panneau ou a pouss la porte L ducatrice auteur de l observation se voit confier le r le d ar bitre Parfaitement structur e cette partie va durer 35 minutes et ne s interr
60. lle l enfant prendre n importe quoi pour jouer Qu en est il de l intention de d part du choix En d autres termes la pr sence des objets dans les jeux r gle arbitraire est elle plut t fortuite ou plu t t intentionnelle Sur 47 objets recens s dans les observations retenues 30 ont t choisis d s le d part avec une intention pr cise ce qui n exclut pas un d tournement de fonction et 17 au contraire paraissent tre l de mani re fortuite autre chose aurait aussi bien fait l affaire L utilisation du mobilier est 52 Le mat riel de jeu g n ralement li e un projet il sert de support de terrain d atterrissage bref le plus souvent il am nage l espace pour rendre le jeu possible comme hors du jeu il am nage l espace pour rendre la vie possible Les jouets sont tout autant choisis que pr sents par hasard Leur abondance dans les lieux d accueil pour les petits coliers explique sans doute qu on les retrouve ainsi dans la plupart des situa tions Enfin les mat riaux et objets divers apparaissent sur tout de mani re fortuite comme si leur principale vertu tait de se trouver l au bon moment En sortant de l cole Adeline 6 3 tient dans ses mains fer m es une petite boule rouge et sa barrette orn e d un papillon Elle s adresse tour tour l educatrice et ses camarades en de mandant Tu veux boule rouge ou papillon Selon que ses par tenaires d signent ou
61. mper montre Christine 4 6 et Val rie 5 1 comment lancer les copeaux de bois qui recouvrent le sol de mani re atteindre un trou dans le plan cher de la tour Il faut lancer chacun son tour Le joueur qui at teint le trou a droit un deuxi me lancer 59 L espace La plupart des jeux r gle arbitraire naissent dans les moments de libert laiss s aux enfants Ils jouent l o ils sont certes mais ils sont l pour jouer libres de leurs mou vements dans un espace donn Il arrive cependant et ce n est pas exceptionnel 8 fois sur 42 jeux que le jeu r gle arbitraire naisse dans une situation de contrainte un mo ment o l enfant n est pas suppos jouer dans un lieu o il est forc de se trouver ou de passer Julie 7 2 et Yvonne 7 3 se sont donn pour consigne sur le chemin de l cole de toucher du pied tous les murets ravance ments et rebords de vitrines en disant touch Si l une d elle manque un de ces endroits l autre dit perdu Elles compta bilisent cependant pas les points Ces jeux avec les marques ou les accidents du sol sont fr quents que ce soit en situation de d placement oblig ou dans des moments de libert Souvent solitaires ils ne sont d ailleurs pas l apanage des enfants La contrainte que subit le joueur se d placer n em p che pas le jeu Au contraire elle en constitue un des l ments le jeu ci dessus n est possible
62. n es Les enfants admettent qu il faut des r gles pour mediatiser la comp tition mais cela se fait de cas en cas il leur manque encore la conscience de l existence d une l gis lation qui s etendrait par analogie n importe quelle situa tion de jeu La r gle rationnelle laquelle les enfants acc deront plus tard est elle codifi e et il y a entente sur cette codification La r gle appartient enti rement au domaine social en ce sens qu elle organise les rapports entre les partenaires et n est plus utilis e selon le caprice du moment ou d un indi vidu Non seulement les parties sont dor navant r gl es avec minutie dans le d tail m me de la proc dure mais le code des r gles suivre est maintenant connu de la soci t entiere 1 Les r gles en tant que facteur d organisation d un groupe de jeux sont discut es n goci es admises par consentement mutuel elles deviennent pratiques d mocra tis es Ce stade de la r gle est celui des jeux traditionnels parties de billes chez les gar ons d lastique chez les filles 1 ibid 13 26 y a r gle et r gle de cache cache dont on discute parfois longuement les mo dalit s selon le terrain le nombre de joueurs la pr sence de plus petits etc Le mode de fonctionnement de cette r gle est le respect mutuel qui postule l galit des rapports entre les joueurs La r gle n a plus le caract re absolu li au pou voir de l a
63. n propos peut tre une source f conde en explica tions du regard que nous portons aujourd hui sur les personnes handicap es mentales Jean Pierre FRAGNIERE LA BOITE OUTILS Un guide pour le temps des tudes A5 broch 1989 94 pages Vous tes plong dans les tudes Les bonnes surprises s accumu lent mais les questions aussi Ce dossier vous propose une s rie de suggestions et vous pr sente des techniques qui peuvent tre utiles pour votre travail Jean Pierre FRAGNIERE d L TUDE DE LA POLITIQUE SOCIALE A5 broch 1990 146 pages La politique sociale et la politique de la sant connaissent depuis plus de dix ans un d veloppement important et soutenu Cet ouvrage propose un bilan de la situation et pr sente les prin cipaux enjeux qui caract risent ces domaines de connaissance Sylvie MEYER LE PROCESSUS DE L ERGOTH RAPIE A5 broch 1990 98 pages Ce cahier pr sente les principales tapes de la r flexion des ergo th rapeutes lorsqu ils traitent leurs clients Il propose un mod le coh rent et adapt aux contraintes quotidiennes que rencontrent les th rapeutes Martial GOTTRAUX d COLLABORATIONS DANS LES PROFESSIONS SOCIALES A5 broch 1990 114 pages Les th mes de la collaboration interprofessionnelle et de l inter disciplinarit sont rendus actuels par l volution de la politique sociale et la mise en place de nouveaux quipements m dico so ciaux Les contributions pr sent
64. ntre l ouverture sur l ext rieur dans laquelle l enfant doit tre encadr et guid et l activit libre l une nourrissant l autre d ailleurs Mais dans le mode de vie qui est le n tre nous savons que la portion congrue est celle de l activit libre Vous tes convaincu que les jeux r gle arbitraire sont n cessaires aux petits coliers Vous voulez voir les enfants dont vous avez la charge y jouer Commencez par observer les jeux r gle arbitraire sont probablement d j l Les re conna tre vous d barrassera de la f cheuse habitude que vous avez peut tre de les interrompre Ensuite comme vous serez devenu un fin connaisseur d une activit lu dique trop ignor e vous ne pourrez que l encourager Pas par des injonctions Pas par des propositions Pas en mon trant ou organisant Mais par votre attitude d ouverture de compr hension de respect Et les enfants sans vous mais gr ce vous joueront 95 Chapitre 12 ET SI ON R INVENTAIT LE BASE BALL Po vous est il arriv Central Park ou dans le jardin d une famille am ricaine d tre le spectateur tonn d une partie de base ball dont vous avez cherch en vain saisir la logique et les r gles peu accessibles un cer veau europ en Sans doute vous a t il manqu dans votre jeune ge la pratique du jeu r gle arbitraire Elle aurait d velopp en vous une aptitude faire v tre le jeu le plus exotique Ro
65. nvent s et vite oubli s qui consistent suivre de telles regles Ces jeux constituent une des transitions vers les jeux r gl s a proprement parler Et c est donc a ces jeux tels qu ils sont pratiqu s par les petits coliers que nous avons choisi de nous arr ter 1 J Chateau L enfant et le jeu Paris d du Scarab e 1967 p 84 19 Chapitre 2 IL YA R GLE ET R GLE Ms l enfant lui m me le jeu passe par divers stades li s aux tapes du d veloppement et organi s s dans une succession immuable Les psychologues g n ticiens ont donc en m me temps qu ils d crivaient les di verses phases du d veloppement montr la succession des activit s ludiques dans l volution de l enfant Il en r sulte des classifications du jeu qui servent aussi classer les jeux La plus connue est celle de Piaget jeu fonctionnel jeu symbolique et jeu de r gle Elle d signe les grandes tapes du d veloppement ludique num re les divers types de jeu qui successivement dominent dans l activit de l enfant et propose du m me coup trois grandes cat gories dans les quelles on peut ranger les jeux faire du tricycle dans l all e 21 Il y a r gle et r gle est un jeu fonctionnel jouer la dinette un jeu symbolique jouer au Scrabble un jeu de r gle Pour clairantes et pratiques qu elles soient les grandes classifications ne rendent pas compte de l entier de la r a lit Il y a des m
66. ocial donn On ne joue pas aux m mes jeux en Chine ou en Suisse Pourtant comme on a pu le dire propos du conte populaire la terre des jeux tra ditionnels est ronde ils ont un fond commun et des va riantes l infini Jeux de cache cache de colin maillard de billes de marelle de poursuite ou d lastique se retrou vent d un pays l autre avec des caract ristiques locales ou r gionales Selon I Ivic tout groupe national ethnique et culturel est d tenteur en mati re de jeux d enfants tradi tionnels d un v ritable tr sor Les jeux traditionnels font partie des traditions populaires qui constituent la culture non officielle les traditions se d veloppent sous forme de culture orale elles voluent continuellement et sont la r sultante d une cr ation collective La notion m me de tradition renvoie des v nements du pass et l on pourrait s interroger sur l int r t qu il convient de lui porter Apr s tout il faut vivre avec son temps diront certains le temps des jeux vid o par exemple Mais les jeux nouveaux remplacent ils les apports du jeu tradition nel Nintendo a la place des gendarmes et voleurs Poser la question c est y r pondre il ne s agit pas des m mes jeux En outre la tradition n est pas seulement survivance du 1 Ivan Ivic Un projet international sur les jeux d enfants traditionnels In Perspectives vol XVI no 4 1986 15 En amont du jeu
67. oments dans la vie de l enfant o le jeu glisse d une cat gorie l autre ou encore se tient cheval sur deux d entre elles Courir en faisant un bruit de moteur jeu fonctionnel jeu symbolique Le plus souvent c est un passage de la dominante fonctionnelle courir pour le plai sir ou pour ma triser de mieux en mieux la course la do minante symbolique l int r t se tourne de plus en plus vers la repr sentation d un v hicule en marche a ainsi des jeux qui n appartiennent pas clairement une cat gorie Parmi eux Piaget citait les jeux de construction transition selon lui entre le jeu fonctionnel le jeu symbolique ou le jeu de r gle et la vie r elle Mais d autres encore se trouvent la marge des typologies Ce n est pas un hasard s ils apparais sent surtout dans les p riodes charni res du d veloppe ment des enfants entre deux et trois ans ou aux environs de six ans par exemple Ces moments de changement de r quilibrage ces pas sages d un palier un autre se signalent donc par des jeux diff rents difficilement classables On peut les voir comme le reflet des int r ts divergents de l enfant encore tourn vers le mouvement et d j sensible au symbole ou encore plong dans le monde symbolique et d j avide de r gles mais ils se pr sentent aussi comme l exploration de voies nouvelles ou comme l exercice d une facult en train de se construire Ils d passent les
68. ompra que parce qu il est l heure de partir pour l cole Fait remarquable la demande d un adulte Marco 9 11 un nouveau ne parlant pas le fran ais a t introduit dans le jeu en cours de partie Non seulement il a t accept sans difficult mais il en a d embl e et sans le secours des mots saisi les r gles Ainsi va le jeu des petits coliers pour peu qu on les laisse faire il occupe le temps il occupe l espace il permet le partage il offre la r ussite et il cr e le sport sur mesure parfaitement adapt aux dimensions de la cour au nombre des joueurs et aux objets disponibles Pont vers le jeu tradi tionnel vers les jeux cod s qu on nomme sports ou jeux de soci t vers la r gle et vers l autre le jeu r gle arbitraire m rite qu on lui porte quelque int r t L effort est d ailleurs imm diatement r compens tant est riche et int ressante la moisson de l observateur 98 Et si on r inventait le base ball Mais n est ce pas un paradoxe Ces jeux d un moment qui se glissent dans les interstices de la vie quotidienne qui n ont pas de nom qui ne sollicitent pas les adultes ne doi vent ils pas rester ignor s Ne risque t on pas les avoir mis en lumi re de les voir r cup r s sous des pr textes d ducation ou d animation Ne va t on pas s inqui ter des enfants qui les ignoreraient pr f rant la poup e ou le foot ball Vous avez lu dans votre journal l histoire de
69. on des jeux traditionnels s en trouve acc l r e Peut on y changer quelque chose Les d marches volon taristes tendant enseigner le jeu traditionnel faire jouer r introduire des pratiques ludiques disparues sont d ce 1 Alleau La tradition in Encyclopaedia universalis corp 18 Paris 1985 p 136 16 En amont du jeu traditionnel vantes L enfant d couvre avec plaisir le jeu que l adulte lui montre il y joue avec int r t mais ne reprend pas cette acti vit son compte Pass la premi re exp rience le jeu n est plus jou comme si l enfant ne l avait pas v ritablement in t gr C est par exemple ce que nous apprend l exp rience du bus jeu men e Gen vel Jean Ch teau avait d ailleurs clairement montr les limites de l action des adultes dans l apprentissage de la r gle des jeux s agissant des parents leur r le reste m diocre parce que leur autorit est trop marqu e parce que les liens affectifs sont trop forts Ils sont trop proches pour avoir cette action impersonnelle qui lib re la personne de l enfant Le maitre a l avantage d tre plus lointain Mais l autorit du maitre bien que d une autre nature reste dominatrice C est du c t des pairs que l enfant peut partir de six sept ans trouver les voies les plus propices un apprentissage de la r gle qui ne soit point un asservissement 2 Cependant selon Ch teau tou jours la s
70. on li brement consentie des partenaires mais r sulte soit d une contrainte de la part des a n s soit d un sentiment de contrainte d la toute puissance que l enfant leur pr te Nous sommes en plein stade gocentrique en tant que d faut de coop ration 1 La caract ristique de cette tape c est l imitation gocentrisme et imitation ne font qu un comme dans la suite autonomie et coop ration 2 souligne Piaget L enfant regarde et imite ses a n s il voit les plus grands jouer il les observe et reproduit ces jeux mais sa mani re Lorsqu il joue avec ses pairs chacun joue pour soi c te c te et souvent tout le monde peut gagner il joue individuellement avec une mati re sociale 3 Les r gles sont bien pr sentes reproduites par imitation mais elles ne ser 1 ibid 67 2 ibid pp 67 68 3 ibid p 24 25 y a r gle et r gle x SF vent pas r gler le jeu elles sont l parce que c est comme a parce qu un plus grand dit ou l a fait Elles ne sont pas un outil n cessaire au d roulement du jeu elles consti tuent une contrainte sacr e Apr s la r gle coercitive appara t ce que Piaget nomme la coop ration naissante Les enfants ont sept huit ans par fois moins Le d sir que le jeu se d roule selon des r gles et qu il y ait un gagnant motive un d but d entente mutuelle La plupart du temps pourtant ces coop rations sont mo menta
71. ous unit s d accueil pour coliers ou centres de vie en fantine Les centres de vie enfantine re oivent g n ralement les enfants d s les premi res semaines jusqu l entr e l cole primaire soit six sept ans Nous allions donc y trouver dans des groupes sp cifiques puisque ce sont des coliers avec leurs horaires propres des enfants de quatre sept ans environ Les unit s d accueil pour coliers sont r serv es aux enfants d ge scolaire et les re oivent jusqu neuf ou dix ans dans la plupart des cas Nous pouvions donc ren contrer l les cinq huit ans sur lesquels nous entendions nous concentrer Nos premi res impressions nos premiers rep rages nous ont montr que dans ces lieux d accueil le jeu est bien pr 32 la recherche des jeux r gle arbitraire sent Le jeu symbolique tout d abord fr quent facilement identifiable on joue aux voitures au papa et la maman l cole au magasin ou la s rie t l vis e en vogue Les jeux de soci t rencontrent aussi un succ s certain les petits co liers s adonnent volontiers aux joies limit es pour l adulte mais r elles pour eux des m mory chelles bataille et autres reversi en appliquant des r gles souvent lastiques Enfin on observe malgr leur rar faction un certain nombre de jeux traditionnels chandelle appel souvent le mouchoir le fermier dans son champ le picoulet de m me q
72. pace qui en quelque sorte fait na tre le jeu Nous entendons par l que le jeu se construit partir des particularit s que lui offre le lieu o il se d roule ou son am nagement comme par exemple dans le jeu consistant jeter des copeaux dans un trou du plancher de la tour grimper relat ci dessus ou dans le jeu de la mer Sylvain 6 1 explique Daniel 6 10 qu il ne faut pas tomber dans la mer car il y a des crocodiles Le jeu consiste faire le tour de la cour mais autant que possible en hauteur cause des croco diles c est dire en passant sur les bords des fen tres et sur les bancs Arielle 4 7 se joint eux bien qu elle ait de la peine faire le parcours et se situe visiblement ses propres yeux comme ceux des deux gar ons hors de la comp tition dans laquelle ils sont engag s Sylvain le premier qui a fait six tours gagne Da niel mais sans tomber Daniel est plus adroit que Sylvain 61 L espace mais plus lent Sylvain n est pas d accord et le dit Daniel conti nue sans se laisser impressionner malgr que Sylvain d clare Je joue plus c est null On le voit c est la configuration de l espace qui suscite le jeu Ce jeu l ne pourrait pas exister de la m me mani re ailleurs L espace agit comme d clencheur c est parce qu il poss de certaines caract ristiques que le parcours d adresse des deux gar ons peut exister Mais ce qui structure leur
73. par le bien des enfants crai gnent ainsi ce qui leur chappe ce sur quoi ils n ont pas d emprise et surtout ce dont ils ne saisissent pas l int r t Leur bienveillance leur souci de l enfant les pousse alors remplir le temps ou au moins favoriser certaines activit s et en stigmatiser d autres L enfant qui joue de sa propre initiative un jeu cr par lui que nul n avait pr vu chappe l entreprise ducative semble t il Ne faudrait il pas faire quelque chose pour lui Lui proposer une activit plus noble plus enrichissante Caricature En partie probablement Il y a heureuse ment des parents et des ducateurs qui n ont pas oubli ce 82 quoi peuvent bien servir les jeux r gle arbitraire qu tait le jeu quand ils avaient six ou huit ans Qui ont gard en m moire non seulement le plaisir mais aussi le sentiment exaltant d accomplissement qui accompagne un jeu r ussi y a aussi tous ceux qui ont appris dans les livres ou par l observation que le jeu pour les enfants sert grandir se d velopper s accomplir comme enfant et pr parer la vie adulte Les jeux r gle arbitraire permettent au moment o les facult s sociales sont en pleine volution un exercice de la relation un apprentissage des rapports d autorit de sou mission et de partage qui ne peut se faire que dans le jeu Activit sans enjeu r el le jeu permet l chec l exc s l er r
74. que si l on parcourt les rues et longe leurs vitrines Certains jeux r gle arbitraire ont ainsi la facult de se d velopper dans l espace de suivre un parcours Ce n est pas la majorit cependant seul un quart des jeux que nous avons observ s avaient cette carac t ristique Les trois autres quarts taient au contraire sta tiques nous entendons par l qu ils se d roulaient sur un espace unique du d but la fin Certes les joueurs sont mobiles puisqu il s agit souvent de jeux de prouesse ou d adresse En outre le th me du jeu peut tre un parcours 60 L espace ou un circuit on observe en effet beaucoup de parcours ou de circuits d obstacles suivis par les joueurs eux m mes ou par un objet qui roule ou qu on lance mais le terrain sur le quel le jeu se joue reste le m me On ne conna t pas dans le jeu r gle arbitraire ces d placements de l activit qu on voit parfois dans les jeux symboliques o l on se d place avec armes bagages poup es et mat riel de la maison la piscine o a lieu le pique nique Le jeu r gle arbi traire entretient donc le plus souvent avec l espace un rap port de hasard ou de contrainte ce qui pour le joueur n est pas tellement diff rent dans les deux cas le jeu s accom mode de l espace disposition il le r cup re en quelque sorte On en a la preuve en constatant que dans la majorit des cas les deux tiers c est l es
75. rbeit 140 Seiten kartoniert 1986 Jean Pierre Fragni re Wie schreibt man eine Diplomarbeit Uebersetzt aus dem Franz sischen von Paula Lotmar 132 Seiten kartoniert 1987 Anne M der und Ursula Neff Vom Bittgang zum Recht Zur Garantie des sozialen Existenzminimums in der schwei zerischen F rsorge 127 Seiten Kartoniert 1988 Christina Christen Wenn alte Eltern pflegebed rftig werden 115 Seiten kartoniert 1989 Peter L ssi Systemische Sozialarbeit Praktisches Lehrbuch der Sozialbe ratung 487 Seiten gebunden 1991 Ren Weber Existenzsicherung ohne F rsorge Die negative Einkommens steuer in Theorie und Praxis 83 Seiten kartoniert 1991 Verlag Paul Haupt Bern und Stuttgart LES CAHIERS DE L EESP Titres disponibles Raymonde CAFFARI VIALLON POUR QUE LES ENFANTS JOUENT A5 broch 1988 2 m d 1991 84 pages C est dans l abondance et la richesse des jeux de la petite enfance que la personne se construit Le jeu n est pas un r ve il est ap prentissage du monde de l autre de la relation C est avec son aide que l on grandit et c est en lui que plongent les racines de la vie int rieure Jean Louis KORPES HANDICAP MENT AL Notes d histoire A5 broch 1988 68 pages Ce cahier aborde le handicap mental sous l angle historique Le handicap mental tonne questionne intrigue d range Observer la succession des perceptions des interpr tations et des actions humaines so
76. rets se retrouvent de mani re tr s similaire dans des lieux diff rents On peut y voir la n cessit cet ge de faire quelques 34 la recherche des jeux r gle arbitraire exp riences autour de la gravitation les plans obliques sont une constante mais ce qui frappe c est qu ils se jouent plusieurs et impliquent tout un appareil de r gles Plus proche des jeux traditionnels nous avons galement ob serve une pratique semblable et l vidence cr e par les enfants eux m mes dans plusieurs lieux d accueil lorsque les enfants se mettent table ils soul vent leur verre eau pour conna tre le chiffre inscrit par le fabricant dans le fond ce chiffre est cens indiquer leur ge et l enfant le plus g a gagn Une pratique ludique de ce type implique deux constantes celle du choix de la vaisselle dans les col lectivit s d enfants et celle qui nous int resse ici des int r ts ludiques des petits coliers Aller la d couverte du jeu des petits coliers nous a donc conduites mettre en lumi re une cat gorie de jeux largement ignor e et souvent assez mal tol r e contraire ment aux jeux symboliques qui sont regard s avec sympa thie par la plupart des ducateurs en g n ral plaisants observer leur int r t pour le d veloppement de l enfant est en outre largement reconnu Tout d abord sans nom les jeux que nous avons ensuite catalogu s comme jeux r
77. rice de consulter le mode d emploi qui est dans la bo te du jeu H las il est introuvable C dric cite alors le mode d emploi de la bo te de jeu qu il a la maison Natacha conteste dans son mode d emploi elle le jure on commence avec les pions pos s sur la case 1 La partie cesse avant d avoir commenc faute d un accord On voit que les enfants accordent encore la r gle une valeur absolue il faut savoir qui a raison qui conna t la vraie r gle c est la r gle coercitive impossible de simple ment se mettre d accord sur une pratique par consentement mutuel Cependant l exigence d une r gle est ici particuli rement claire 1 J Piaget Le jugement moral chez l enfant Paris PUF 1973 13 41 La r gle dans les jeux r gle arbitraire Comment les r gles sont elles donc v cues et appr hen d es dans le jeu r gle arbitraire et quels modes de coop ration les enfants utilisent ils Il faut souligner que les jeux r gle arbitraire ne sont jamais tout fait dans la r gle coercitive ni dans la r gle rationnelle pas plus qu ils ne se fondent enti rement sur l acceptation tacite ou sur le consentement mutuel S agissant d une forme de jeu par d finition interm diaire on ne peut parler que de domi nante Si l on tait enti rement dans la r gle coercitive on aurait affaire des jeux d imitation l autre extr me si la r gle tait purement rationnelle
78. rien d tonnant que les jeux r gle arbitraire soient investis diff remment par les deux sexes Toutefois la clart de cette diff rence tonne tout par ticuli rement lorsqu elle est comme c est ici le cas observ e dans des institutions o gar ons et filles se c toient conti nuellement et partagent tous les moments de la vie quoti dienne Mais peut tre ceci explique t il cela Quand la vie vous rend si proche le jeu aide prendre de la distance se retrouver soi m me et s prouver autre Il faut ajouter 1 Pour plus de d tails voir S Perrin Filles et gar ons constat de leurs diff rences dans les jeux r gles arbitraires M moire de fin d tudes pr sent l EESP cole d ducateurs trices de la petite enfance 1991 64 Gar ons et filles aussi que les jeux r gle arbitraire des filles sont parfois tr s discrets comme le jeu d Adeline la page 53 Ils ont donc pu parfois chapper notre observation alors que les activit s dominante motrice des gar ons s imposaient d elles m mes Il faut donc prendre avec quelque pr caution la constata tion purement quantitative suivante sur les 50 jeux retenus pour proc der a une analyse sous l angle de la diff rence d attitude garcons filles on compte 24 jeux dont les prota gonistes sont uniquement des garcons 22 qui sont le fait d un groupe mixte et 4 qui ne regroupent que des joueuses Les filles
79. rquer par un quelconque signe ou objet un morceau de l espace est familier aux enfants de cinq huit ans Ils l utilisent abondamment dans leurs jeux symboliques Or rien de tel dans les jeux r gle arbitraire observ s aucun comportement de d limitation de marquage ou d appro priation Nous nous sommes alors demand s il y avait au moins un choix de l espace utilis une volont de jouer ici plut t que l Ce n est gu re le cas seule une minorit des jeux observ s 6 sur 42 t moignent probablement de cette volont Il faut noter que chaque fois qu il y a choix de l en droit les enfants l am nagent comme on le voit dans l exemple ci dessous Louis 5 10 installe un rail recourb provenant d un circuit de petites voitures entre l etagere et une caisse de rangement Le jeu auquel il convie Jean 5 5 consiste faire descendre une petite voiture le long du rail un des enfants lui donnant le d part et son partenaire devant la rattraper l arriv e Le jeu est suffisamment int ressant pour attirer des spectateurs qui souhaiteraient parti ciper mais ne sont pas admis Ici c est vraisemblablement un projet qui pr side au choix de l emplacement Il faut un lieu o l installation du rail puisse se faire Mais d faut d un choix m me som maire qu est ce qui d termine le lieu du d roulement du jeu r gle arbitraire Le hasard la plupart du temps En 58 L espace effet les enfants
80. s Vrin 1967 p 164 27 y a r gle et r gle r gle elle ne la cr e pas 1 En cela il diverge de Piaget pour qui la r gle vient du groupe et qui consid re que r gle et or ganisation sociale sont indissociables Ces premiers jeux r gle arbitraire sont des jeux soli taires vite invent s et vite oubli s on verra l enfant par exemple marcher en posant un pied exactement devant l autre ou tourner sur lui m me en r citant une quelconque formule Ils impliquent que l enfant est capable d organiser son comportement ludique en fonction d une injonction qu il se donne Vu sous cet angle le jeu r gle arbitraire est d abord une cr ation individuelle destin e exercer la mal trise de soi permettant de s ordonner soi m me avant que d ordonner le monde Lorsqu il d crit le jeu des enfants aux environs de six sept ans Ch teau souligne que les l ments d terminants sont alors les camarades et les r gles L enfant se d tache de plus en plus de l adulte qui pour lui n est plus un parte naire de jeu mais un grand un dieu qui demande v n ra tion et ob issance 1 pour aller vers ses pairs va chercher des mod les dans son entourage enfantin du c t des grands de pr f rence c est ce que Ch teau nomme 1 1 de l a n L apprentissage du respect de la r gle se fait au sein d un groupe d enfants d ges diff rents qui permettra aux plus petits d int grer
81. s copeaux de bois rouleau de papier collant 50 Le mat riel de jeu Beaucoup de jouets et peu d l ments naturels cela tient bien s r au fait que les observations ont t recueillies dans un cadre sp cifiquement pr vu pour les enfants dans un milieu urbain Mais on constate galement que lorsqu ils jouent l int rieur les enfants ont recours quasi syst mati quement des objets par contre lorsqu ils sont dehors leurs jeux se structurent volontiers avec l espace son relief ou ses am nagements a donc pas de mat riel sp cifique aux jeux r gle arbitraire Les joueurs font fl che de tout bois m me d une gaufrette s il le faut Trois enfants en compagnie d un ducateur mangent leur go ter des gaufrettes Bastien 6 2 grignote son biscuit dans tous les sens tout coup il s exclame eh j ai fait un on peut faire des lettres Anita Moi aussi je fais un T Bastien Non t as pas le droit de faire un T fais une autre lettre Anita Un 1 Toutefois les enfants marquent des pr f rences signe que certains objets se pr tent mieux que d autres aux jeux r gle arbitraire Parmi les jouets le garage le ballon et ce qui roule voitures etc apparaissent fr quemment Le mo bilier aussi est souvent sollicit en particulier les matelas de sieste l gers et mobiles Cette grande diversit de mat riel pourrait tre le signe d une rech
82. se les r gles on dit qui gagne et dans quelles conditions sans prendre la peine d aller jusqu la fin du jeu pour d signer un gagnant comme dans le jeu de cartes ci dessus Souvent aussi les parties se succ dent un rythme rapide qui fait que les gagnants et les ventuels per dants alternent c tait le cas dans le jeu de Batman et B b Certains jeux solitaires non retenus pour cette ana lyse nous montrent aussi des enfants qui se d clarent ga gnants en appliquant des r gles qu ils sont seuls conna tre et mettre en uvre et sans adversaires des gagnants ab solus en quelque sorte On retrouve l la r gle en plus l at titude gocentrique des petits Les jeux r gle arbitraire offrent donc un premier pas dans le monde de la comp tition en douceur Les r gles sont souvent flexibles on peut y glisser celle qui vous convient et on n insiste pas trop sur les perdants Souvent il suffit d attendre son tour et on gagne aussi Transition n cessaire donc entre l enfant souverain qui dans ses jeux croyait plier la r alit son caprice pouvoir tre le plus fort du monde chaque fois que cela tait n cessaire et la rigueur 75 La comp tition de la r gle des jeux traditionnels des jeux de soci t ou du sport Une tape ne pas sauter sur le chemin de la connaissance de soi et de la rencontre avec les autres 76 Chapitre 9 ET LES ADULTES n observan
83. ssible de pr voir ou d organiser faut donc si l on veut voir les enfants y jouer tre la Nous savions que les jeux r gle arbitraire existaient et taient pratiqu s par les enfants que nous avions choisi d tudier soit les cing huit ans Nous le savions par l ob servation courante un peu aiguis e d j par notre int r t pour ce qui se trouve en amont du jeu r gl Restait re cueillir un mat riel analysable des observations quand o et comment 31 la recherche des jeux r gle arbitraire Les petits coliers vivent dans leur famille dans leur quartier et l cole Ils jouent entre eux dans les cours de r cr ation et autour des immeubles deux lieux peu prati cables pour l observation Les pr aux sont sans doute un champ tr s riche mais l horaire des r cr ations un quart d heure deux fois par jour rend leur fr quentation probl matique Quant aux alentours des immeubles on n est pas toujours s r d y trouver des enfants comment d terminer le bon endroit et le bon moment Et si l on y parvient com ment par exemple conna tre l ge exact des enfants Il nous fallait donc un lieu d observation mieux circonscrit et o les enfants vivent une part importante de leur temps libre Nous avons opt pour les institutions d accueil qui re coivent en dehors des heures d cole les coliers dont les parents travaillent ces institutions que l on appelle chez n
84. t le jeu pour des imp ratifs d horaire ou de respect du mat riel Mais on joue L adulte qui duque doit donc tre un connaisseur du jeu sur le double plan de la connaissance th orique et de celle qu offre un regard affin par l observation Seule cette comp tence sp cifique permet de d passer l angoisse li e au sentiment de ne rien faire de visible de d montrable Lorsque les enfants jouent seuls les na fs se demandent quoi peuvent bien servir les professionnels salari s qui sont autour d eux Et cette na vet est fort r pandue Or c est parce que les adultes sont l c est parce qu ils ont cr le milieu et les relations de confiance qui permettent l activit autonome des enfants que le jeu existe Et c est parce qu ils continuent l observer qu ils sont capables de le pr server de le maintenir en adaptant constamment le cadre mat riel et humain dans lequel les enfants voluent Les ducateurs doivent le comprendre et pouvoir l expliquer ceux qui s inqui teraient de leur apparente passivit Qu on nous comprenne bien l ducation des petits co liers ne consiste pas seulement les laisser jouer L app tit des enfants de cet ge pour la d couverte du monde est trop grand et la r alit trop complexe pour qu on les laisse seuls face cette t che Il y a un quilibre trouver dans un 94 Une p dagogie des jeux r gle arbitraire emploi du temps charg e
85. t les jeux r gle arbitraire dans les lieux d accueil pour coliers notre intention tait aussi de voir quel r le y jouaient les adultes taient ils des incita teurs des perturbateurs des joueurs Dans des institutions o les enfants sont entour s d ducateurs professionnels par d finition sensibles au jeu et responsables des activit s des enfants nous pensions les voir dans le jeu ou sa p ri ph rie et observer l impact de leur pr sence Aussi avions nous pr vu une rubrique adultes dans notre grille d ob servation Elle est rest e d sesp r ment vide Les seules interventions qui ont t relev es et elles sont rares ont t des interruptions impos es parce que les en fants ou le mat riel taient en danger aux yeux de la per sonne responsable de la surveillance Sinon les jeux r gle 77 Et les adultes arbitraire ne demandent rien l adulte Ils se d roulent par fois hors de sa pr sence jamais bien loin dans nos observa tions car les enfants confi s une institution de garde n chappent pour ainsi dire jamais la vigilance de l adulte pay pour les surveiller parfois devant lui mais tablent alors sur son indiff rence Ce qui peut arriver de mieux un jeu r gle arbitraire c est probablement que l adulte ne s en m le pas En effet ce n est pas un jeu connu puisqu il vient d tre cr par les enfants Il n est donc pas reconnu il n en
86. t pas simple passe temps il est ap prentissage exercice d couverte construction de soi On l admet bien volontiers d autant plus que l enfant est petit Pour les coliers c est d j plus difficile Apr s tout il est temps d apprendre de pr parer l avenir selon les concep 81 quoi peuvent bien servir les jeux r gle arbitraire tions des adultes Et les journ es de l colier se remplissent d activit s qu il n a pas choisies qui ne l emp che pas de s y int resser heureusement pour lui Il arrive un ge o on commence craindre qu il ne perde son temps Certes on est pr t lui accorder des pauses les r cr ations les mercredis apr s midi et encore piano judo et orthodontie le guettent ainsi que la part des vacances qui ne sera pas d volue des activit s de loisirs organis s et sportifs Mais jouer n importe quoi faire du bruit s agiter sans produire rester entre enfants voil qui souvent inqui te les adultes La peur qu ils prouvent face ce qui leur chappe dans les activit s des enfants entre en jeu Peur du temps perdu qui ne se rattrape jamais c est bien connu peur des mau vaises fr quentations des mauvaises mani res des dangers de toutes sortes peur enfin g n ralement vague et inexpri m e que l enfant qui joue se contente d tre petit qu il n at teigne pas la maturit qu on escompte son ge qu il stagne Les adultes pr occup s
87. t utiliser les r gles Ils sont nombreux cette p riode charni re du d but de l cole l accent est alors mis sur les apprentissages en groupe et l enfant se trouve immerg dans un bain social encercl par toutes sortes de consignes de recommandations et de r gles Ce go t pour le jeu r gl pour la cr ation de structures qui organisent l activit n appara t donc pas dans un d sert la vie des en fants change cette p riode et leurs capacit s sociales sont en volution rapide 1 cf chap 2 pp 25 26 40 La r gle dans les jeux r gle arbitraire Ce stade de la r gle est celui que J Piaget a nomm coop ration naissantel et dont il dit que chaque joueur cherche dor navant l emporter sur ses voisins d o apparition du souci de contr le mutuel et d unification des r gles C est en jouant avec l acceptation tacite et les pr misses d un ac cord par consentement mutuel que l enfant va explorer la r gle arbitraire Pour ce faire il utilisera le litige et la n go ciation pour ajuster et affiner sa perception de la r gle en tant qu usage social avec plus ou moins de succ s comme on va le voir Cedric 6 3 et Natacha 6 7 veulent jouer au jeu de l oie ils ont un d et des pions Natacha veut poser son pion sur la case 1 pour commencer C dric pr tend qu il faut poser le pion avant le chiffre 1 Litige chacun argumente C dric est indign il de mande l educat
88. toutes sortes Le jeu r gle arbitraire n est pas toujours facile identi fier au premier abord Il peut commencer comme un jeu symbolique ou comme un simple rituel Beaucoup de pra tiques ludiques des petits coliers sont multiformes m langes de jeu moteur symbolique et de r gles Parmi les 73 observations recueillies nous avons d effectuer un tri et ne conserver que celles pr sentant un jeu dont la r gle consti tuait l l ment central et structurant C tait le cas de 42 ob servations Parmi elles si l on se r f re une typologie som maire 20 pr sentent des jeux d adresse 13 des jeux de prouesse 4 des jeux pouvant appartenir ces deux cat go ries seuls 5 jeux sont d un autre type devinette observa tion jeu de carte etc Le jeu r gle arbitraire tel que nous 36 la recherche des jeux r gle arbitraire l avons observ rel ve donc essentiellement de l activit motrice et s articule le plus souvent autour de la recherche de la performance En cela il correspond bien ce que l on sait des int r ts des enfants de 6 7 ans Cependant il est possible que la dimension adresse prouesse soit sur repr sent e dans nos observations tout simplement parce qu elle induit des activit s plus visibles donc plus facilement ob servables que les jeux d astuce de devinettes etc tr s pri s s galement cet ge Un second tri s est effectu au moment de l analyse
89. traditionnel pass Elle se borne la conservation ni la trans mission des acquis ant rieurs elle int gre au cours de l his toire des existants nouveaux en les adaptant des existants anciens Sa nature n est pas seulement p dagogique ni pu rement id ologique elle appara t aussi comme dialectique et ontologique La tradition fait tre de nouveau ce qui a t elle n est pas limit e au faire savoir d une culture car elle s identifie la vie m me d une communaut 1 Ainsi donc se pr occuper des jeux traditionnels n est pas li au seul souci de pr server un patrimoine de perp tuer ou transmettre un aspect de notre culture c est aussi une t che qui tout naturellement incombe des ducateurs attentifs promouvoir le jeu dans la perspective de construire l ave nir plut t que de s appliquer conserver le pass En effet les jeux r gl s et parmi eux les jeux traditionnels pr parent la vie adulte travers eux les enfants exp rimentent li tiges et n gociations et exercent progressivement coop ra tion et respect mutuel pour reprendre les termes de Piaget Or ne se trouve t on pas pris dans une spirale La part du jeu s amenuise chez les enfants d ge scolaire et les jeux tra ditionnels tendent dispara tre Ces jeux tant de moins en moins pr sents dans l environnement des enfants ceux ci sont moins stimul s jouer et du coup la dispariti
90. tre pas dans une cat gorie rassurante n est pas catalogu ex plicable Lorsque les enfants d veloppent un jeu r gle ar bitraire on ne sait souvent pas quoi ils jouent ni m me s ils jouent vraiment moins d avoir observ la naissance du jeu et reconnu qu il y a l une organisation ludique pr cise En outre on a vu que ce type de jeu fait fi de l utilisa tion de l espace et des objets pr vue par les adultes Il est autre il r cup re l environnement il introduit des compor tements non pr vus et non familiers De la m me mani re qu il se glisse dans les espaces et qu il r cup re le mat riel le jeu r gle arbitraire s infiltre dans les moments de rel chement de la pr sence et de l attention de l adulte La possibilit pour les enfants de d velopper pleinement cette activit ne va donc pas d pendre directement de l atti tude des adultes Mais si ces derniers sont tr s intervention nistes s ils consid rent de leur devoir d organiser et de contr ler le temps libre des enfants il y a peu de probabili t s que des jeux r gle arbitraire apparaissent De m me si les adultes sont rigides et estiment qu on n utilise pas le 78 Et les adultes mat riel et les quipements pour d autres fins que celles qui ont t clairement pr vues le jeu r gle arbitraire man quera d espaces et de moyens Comme c est dans la plupart des cas un jeu de gar ons et qu il se fonde bea
91. ts Il sert se d couvrir se construire comprendre le monde exprimer angoisse et agressivit d passer traumatismes et frustrations acc der la vie sociale pr parer la vie adulte et la liste peut tre allong e Autant de grands noms de la psychologie du d veloppement autant d affirmations du r le essentiel du jeu dans l volution motrice intellectuelle affective sociale Mais le jeu celui que les enfants cr ent seuls ou en groupe sans l appui des adultes ou d un mat riel sp ci fique est menac Les espaces qui lui sont d volus ou lais s s ont tendance se r tr cir Le temps libre des enfants est envahi par l cole toujours vorace ou par les activit s cul turelles artistiques ou sportives que des parents soucieux 13 En amont du jeu traditionnel du bien de leur prog niture ont tendance proposer voire imposer avec exc s Sans parler de la t l vision qui remplit le temps pourvu que l on appuie sur le bouton toujours l toujours pr te fonctionner et remplir les moments libres Ces menaces sur le jeu son d clin parfois touchent sur tout les enfants d ge scolaire Les petits ont encore peu de contraintes on les laisse plus volontiers jouer sans songer qu ils perdent leur temps puisque la plupart des adultes sens s estiment qu il est encore trop t t pour le solf ge ou le tennis Mais d s que les enfants deviennent raisonnables
92. ucoup plus horizontale qu autrefois les ges se m langent moins la garderie et l cole enfantine l cart d ge est de deux trois ans dans les lieux d accueil pour coliers et dans la cour de r cr ation la fourchette est un peu plus large mais chacun a son horaire et les m langes sont limit s Ch teau nous a donc mis sur la piste des jeux r gle ar bitraire Elle nous a men plus loin que lui m me ne l indi quait Partant du constat du d clin du jeu traditionnel ten tant de voir ce qui le pr c de nous avons d couvert que les 29 y a r gle et r gle petits coliers la p riode charni re entre petite enfance et ge scolaire pratiquent aujourd hui r guli rement et en groupes des jeux r gl s dont ils inventent et n gocient les r gles C est le stade de la coop ration naissante dont nous parle Piaget On peut donc risquer l hypoth se d une volu tion du jeu dans le monde contemporain ou plus pr cis ment d une capacit des enfants adapter leur comporte ment ludique leur environnement afin de pouvoir mal gr tout jouer et puiser dans le jeu des apports qui leur sont indispensables 30 Chapitre 3 LA RECHERCHE DES JEUX R GLE ARBITRAIRE Gens d couvrir et analyser les jeux r gle arbi traire des petits coliers Par d finition ce type de jeu appara t de mani re impromptue au gr du d sir des enfants sans qu il soit po
93. ucoup sur l adresse ou la prouesse le jeu r gle arbitraire peut fr quemment appara tre comme un jeu d emportement comme une activit incontr l e et pertur batrice Il va donc tre souvent interrompu ou en tout cas perturb les enfants tant remis l ordre M me si nous n avons pas observ tr s souvent ces interventions on peut tre certain qu en l absence d un observateur ext rieur elles sont fr quentes En effet si la pr sence d un observateur passif modifie peu le comportement des enfants qui s habi tuent sa pr sence et l oublient tr s rapidement il n en va pas de m me des adultes Ils se sentent regard s qui plus est dans la situation qui tait la n tre par quelqu un du m tier ou en voie de l tre et se retiennent sans doute d in tervenir dans le double but de permettre vraiment l obser vation et de ne pas appara tre comme agissant mauvais escient Le jeu r gle arbitraire a donc besoin de la compr hen sion des adultes Non pas une vague tol rance une bont molle l gard des enfants mais une attitude bas e sur une v ritable connaissance de ce qu est le jeu C est d ailleurs tout le sens de ce travail faire conna tre et comprendre un type de jeu g n ralement ignor afin que les adultes lui fas sent place Cette compr hension ne lib re pas l adulte de ses responsabilit s en particulier l gard de la s curit des enfants et du n cessa
94. ue des jeux de poursuite courate ou loup selon la termi nologie locale et de cache cache L o frapp s par le r pertoire limit de ces jeux et par l absence de grands clas siques comme la marelle et les billes les ducateurs ont es say d en sugg rer d autres les enfants ne s y sont int res s s qu en pr sence de l adulte et ne les ont pas repris leur compte confirmant par l ce que la litt rature sur le sujet nous avait appris Mais outre les jeux connus facilement identifiables il y a des activit s ludiques qui n entrent pas dans les cat gories habituelles Une ducatrice qui a travaill dans un groupe de dix huit enfants de cinq sept ans en majorit des gar ons d crit ainsi sa premi re perception des jeux r gle ar bitraire Il n tait pas difficile de reconna tre l activit des filles et de la situer dans le monde des jeux Une partie du local tait am nag e pour le jeu symbolique poup es d nette d guisements etc ce lieu tait constamment utilis le plus souvent par les fillettes Quant aux gar ons nous les voyions tr s souvent dans le coin 39 la recherche des jeux r gle arbitraire des jeux de construction legos play mobil petites voitures et pistes pour faire des circuits Des caisses de rangement conte naient ce mat riel et l espace tait d limit par un tapis Il nous a fallu beaucoup de temps pour identifier la nature des jeux prat
95. ue est actuellement plus menac que celui des filles parce que entre autres raisons les jeux des gar ons sont g n ralement plus mobiles et plus bruyants Il importe donc de veiller ce que la possibilit leur soit donn e de vivre les jeux r gle arbitraire qu il leur plaira d inventer 1 Sutton Smith et Rosenberg cit 48 69 Chapitre 8 LA COMP TITION Bow de jeux r gl s qu il s agisse de jeux tradi tionnels ou de jeux de soci t impliquent une forme de comp tition entre les joueurs le plus souvent mais aussi entre celui qui joue et le hasard Les jeux a r gle arbitraire antichambre des jeux r gl s connaissent aussi la comp ti tion ou du moins certaines de ses formes La comp tition est d ailleurs souvent pr sente dans les jeux des enfants d s cing ans chacun cherchant l emporter sur l autre tre le plus fort le plus malin le plus habile J Ch teau qui sou ligne que ce type de jeu fait appel aux fonctions motrice et intellectuelle comme la volont souligne que jeux de comp tition tiennent une grande place dans la troisi me enfance en raison de la vanit propre cet ge 1 Qu il 1 J Ch teau Le jeu de l enfant apr s trois ans sa nature sa discipline Paris Vrin 1967 p 384 71 La comp tition s agisse de vanit ou de survivance de l gocentrisme qui chez les moins de cinq ans permet chaque joueur de ga
96. utilisent l espace disposition c est dire un espace libre quelconque l int rieur de la salle de jeu dans sa partie la plus troite Jo seph 5 8 lance plusieurs reprises un ballon contre un poster qui orne le mur Il s adresse Raymond qui est proximit Tu joues on doit lancer le ballon contre le poster et pis si tu r ussis t as un point Il continue en lan ant alternativement le ballon sur les deux parois oppos es chaque fois sur un poster Un sys teme de marquage des points s instaure ainsi qu un tour de r le entre les joueurs Cet espace l o on est est g n ralement utilis tel quel Un seul exemple dans les observations retenues nous montre des joueurs qui proc dent un am nagement som maire Olga 5 9 et Yvan 5 2 jouent construire une maison avec des cubes de bois lorsque Yvan propose un autre jeu il forme un rectangle sur le sol avec les cubes et propose de le remplir avec les cubes restant puis le vider le plus rapidement possible sans d faire le rectangle Si le rectangle est d fait le joueur a perdu La r gle c est donc d utiliser l espace comme il est en profitant des am nagements fixes qu il propose Les obser vations faites sur des places de jeu montrent que les enfants r cup rent des installations pr vues pour des jeux moteurs et y glissent des jeux r gle arbitraire C est le cas de Fran ois 5 3 qui couch sous une tour gri

la règle et l`invention

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

la r&egrave;gle et l`invention

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

la règle et l`invention