la protection des cultures, les pesticides et l`environnement
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1. bordeaux au dessus des normes am ricaines para t il en provenance peut tre la fois des traitements aux ars niates g n ralis s entre les deux guerres et pourtant arr t s depuis quarante ans et des applications d ars nite de sodium toujours pratiqu es pour combattre l esca l exocoriose et les formes hivernantes des insectes d pr dateurs Les r glementations encadrant en France les productions de l agriculture dite biologique ne concernent jusqu pr sent que des cahiers des charges de conduite des productions v g tales Ces contraintes ne peuvent aboutir des normes z ro de polluants dans les produits obtenus tant donn s l historique de la majorit des terrains et les param tres du milieu ambiant En fait les agriculteurs qui s y assujetissent doivent tenir compte de l environnement pass et pr sent de leur exploitation car ils ne peuvent garantir que des v g taux produits dans des zones nagu re trait es aux organochlor s et sous l emprise d imbr l s et des rejets vari s de la circulation automobile et des usines avoisinantes ne contiennent aucun des polluants interdits ou d nonc s par les partisans d une alimentation naturelle id ale Il ne faut surtout pas se laisser abattre ni impressionner par des fresques apocalyptiques sur les dangers de notre alimentation Malgr nos progr s dans les connaissances biologiques et malgr les divergences entre coles m dicales c est toujou2. et d application assez bien ma tris es et bien entendu ceux que nous importons en provenance parfois de pays moins pointilleux ou d agricultures moins sophistiqu es 46 Courrier de la Cellule Environnement de l INRA n 14 Si les risques de toxicit directe et caract ris e sont faibles m me en additionnant les doses qui s accumulent dans notre organisme ou qui se concentrent dans les cha nes alimentaires les actions insidieuses sont de plus en plus prises en compte On s inqui te depuis quelque temps de certains herbicides car ils se retrouvent dans les nappes phr atiques c t des nitrates et jusque dans l eau qui nous est distribu e et aussi maintenant de certains fongicides dont les toxicit s ne sont plus n gligeables devant celles des insecticides Les r cents retraits de produits aux USA qui ont entra n une peur contagieuse en Europe sont motiv s par la crainte d effets carcinog nes long terme On parle m me de pr curseurs ou d initiateurs de canc risation pour d autres produits accus s d action insidieuse Ces peurs qui surgissent au moment o la sensibilit des m thodes analytiques s est fortement accrue vont peut tre p naliser dans les prochaines ann es les terres depuis longtemps cultiv es par rapport aux terres vierges les exportateurs par rapport ceux qui vendent sur place Ne trouve t on pas de l arsenic stable et effet cumulatif comme les organochlor s dans des crus de
3. plupart des pyr thrino des ne distinguent pas ainsi que tous les produits large spectre d action les utiles des nuisibles parmi les insectes et les autres animaux sang froid poissons reptiles batraciens il faudrait les employer avec discernement et mod ration sous peine d atteintes irr versibles aux bioc noses ce n est pas toujours facile et n entre gu re dans les intentions des pr conisateurs ni dans celles des utilisateurs Ils sont de plus en plus pandus en grandes cultures les trois quarts ou plus des surfaces trait es o ils ont fortement r duit le probl me des r sidus du fait de leur innocuit pour le consommateur Il faut savoir que l agriculture biologique aux normes europ ennes les admet comme ceux dont il va tre question ensuite en d pit de l opposition de ceux qui restent farouchement oppos s tout produit de synth se Une troisi me g n ration d insecticides est repr sent e par des mol cules pratiquement sp cifiques des fonctions essentielles des insectes ou des autres arthropodes comme celles par exemple qui les Rappelons ce propos que la science qui s occupe des dangers pour l homme et les animaux qui l entourent mod les de laboratoire esp ces consomm es ou domestiqu es est la toxicologie alors que celle plus r cente qui s inqui te des cons quences sur l environnement est l cotoxicologie Courrier de la Cellule Environnement de l INRA n 14 45 emp chent de muer
4. Courrier de la Cellule Environnement de l INRA n 14 43 la protection des cultures les pesticides et l environnement par J P Moreau Station de Zoologie du centre de Versailles INRA Route de Saint Cyr 78000 Versailles Pesticides produits qui tuent les pestes c est dire les nuisibles insectes rongeurs agents de maladies mauvaises herbes broussailles etc tout ce qui s attaque aux productions v g tales ou animales aux denr es stock es ou simplement une nature transform e par l homme Le terme de pesticides cache souvent des biocides qui tuent le vivant soit dans le r gne v g tal soit dans le r gne animal soit encore dans l un et l autre avec heureusement des diff rences de sensibilit parmi les organismes touch s Pour domestiquer ces substances qu elles soient d origine naturelle ou fabriqu es dans nos usines il faut jouer sur les doses les dates les lieux et les conditions d application nous de prendre les pr cautions requises et de viser juste pour pargner les bons et occire les m chants En fait le r sultat a des chances d tre m diocre si l on n a pas lu le mode d emploi ni suivi les conseils d application des sp cialistes On a coutume de ranger les pesticides les plus courants par ordre de toxicit croissante fongicides employ s contre certaines maladies des plantes caus es par des champignons microscopiques puis herbicides et enfin insect
5. danger de l utilisation des pesticides tout du moins dans nos pays d velopp s et avec des producteurs comp tents et honn tes r side dor navant dans leurs ventuelles cons quences sur les cosyst mes qui n ont pas t suffisamment prises en compte lors de leur mise au point ni pendant les premi res ann es de leur utilisation Courrier de la Cellule Environnement de l INRA n 14 47 Un insecticide consid r comme peu toxique a pu se r v ler tr s cotoxique m me r pandu des concentrations inf rieures celles homologu es simplement parce qu il s est concentr dans les organismes successifs de la cha ne alimentaire qu il a contamin e avec pour cons quence la destruction du dernier maillon de cette cha ne par exemple un pr dateur n cessaire l quilibre originel Ce sch ma que l on retrouve dans beaucoup de livres d cole correspond tout fait aux organochlor s Des fongicides des herbicides peu toxiques eux aussi peuvent pr senter des risques lev s d cotoxicit par leurs effets secondaires sur les cosyst mes agricoles ou voisins des zones cultiv es Plus insidieusement une mol cule sans effet direct notable pourra tre scind e en m tabolites dangereux ou donner des radicaux libres susceptibles d associations n fastes avec des substances pr sentes naturellement ou introduites par l homme diverses occasions Inversement une substance fortement toxiq
6. icides Ceux qu on appelle pudiquement insecticides correspondent en fait une fois sur deux des poisons violents pour tous les animaux invert br s ou vert br s y compris l homme bien videmment S ils sont pratiquement sans danger dans le cadre de l usage auquel ils sont destin s c est gr ce leur pr sentation conditionnement formulation leur mode d utilisation leur persistance limit e pour certains etc Les insecticides de synth se disponibles l heure actuelle se rattachent trois grandes cat gories selon leur anciennet et leur mode d action Ceux dits de premi re g n ration sont des toxiques g n raux ou des neurotoxiques qui se r partissent en deux grands groupes 44 Courrier de l Cellule Environnement de l INRA n 14 1 Des produits assez peu toxiques pour l homme et les animaux sang chaud mais tr s stables c est le DDT et les produits de la m me famille les organochlor s que leur accumulation dans les cha nes alimentaires a fait progressivement interdire depuis vingt ans dans presque tous les pays d velopp s Ils sont stockables aussi bien dans les organismes consomm s que dans les consommateurs et agissent de mani re cumulative ce qui a impos de r duire fortement les DJA doses journali res acceptables ou de les proscrire sur les cultures vivri res en en limitant strictement l emploi aux cultures florales cas du di nochlore acaricide De cette famille nous produ
7. isons le lindane principalement utilis en France en Asie et en Afrique En fait partie galement la dieldrine largement employ e en 1989 contre les invasions du Criquet p lerin en Afrique du Nord La m me ann e un bateau la cargaison mal arrim e a perdu un f t de lindane dans la Manche A ces occasions les discussions sont all es bon train sur l int r t de persister utiliser ces produits reliques bon march et faciles stocker mais p nalis s par des dossiers cotoxicologiques et dont les propri t s toxicologiques inqui tent 2 Des produits g n ralement tr s toxiques pour les hom othermes vert br s sang chaud mais d une persistance courte ou relativement limit e ce sont les organophosphor s comme le parathion et les carbamates comme le pirimicarbe et l aldicarbe Presqu aussi anciens que les organochlor s ils les ont remplac s progressivement surtout dans les pays d velopp s avant de reculer leur tour devant d autres plus modernes Leur effet fugace les rend plus acceptables du point de vue des atteintes ventuelles l environnement alors qu ils sont en contre partie beaucoup plus dangereux que les chlor s pour les utilisateurs d o la n cessit r cente d une formation ad quate ou d un encadrement vigilant La quasi totalit des accidents relat s en particulier dans le tiers monde leur sont imputables et on comprend la r ticence qu ont ces pays abandonner les produits
8. normalement Ces produits nouveaux commencent se vulgariser car ils ont de bonnes chances d apporter des solutions aux probl mes ardus que pose la r sistance croissante de certains nuisibles majeurs aux produits de 1 et 2 g n rations On peut cependant leur reprocher de n tre pas plus s lectifs que leurs pr d cesseurs vis vis de l ensemble des insectes et des arthropodes et donc de ne pas pargner les auxiliaires et autres insectes utiles C est pour cette raison que les inconditionnels de la lutte biologique continuent leur pr f rer juste titre les insectes entomophages qui mangent des insectes pr sents naturellement ou lev s en masse puis commercialis s pour tre l ch s ainsi que les microorganismes entomopathog nes agents de maladies des insectes r le semblable EU UN PASSAGE D PAT es n BonJou Rois PASSAGES y W WEY Punua W W ia ET Sn four Des dangers pour l homme Comme nous utilisons toujours assez largement les toxiques g n raux en raison de leur faible co t et m me de la faiblesse du risque qu ils font courir aux utilisateurs cas des organochlor s nous serons oblig s de continuer les d pister pendant quelques ann es encore dans notre alimentation sous la forme de ce qu on appelle des r sidus Les denr es et produits surveiller sont ceux obtenus dans notre propre pays dans des conditions de r glementation
9. ns en tirer ne doit pas nous faire renoncer aux efforts pour la connaissance et le progr s dans ce domaine primordial pour l avenir de l homme et de sa plan te L homologation d un produit antiparasitaire correspond l autorisation l gale de le commercialiser pour des emplois et des doses pr cis ment d finis
10. pr c dents Il suffit des souvenirs des chambres gaz et de catastrophes industrielles comme celle de Bohpal pour qu organophosphor s et carbamates reculent irr m diablement dans l indulgence du public et des l gislateurs C est ces occasions qu on red couvre les relations peu avouables entre les phytos et les gaz de combat et aussi entre les engrais et les explosifs Heureusement depuis une quinzaine d ann es on a mis au point des produits de deuxi me g n ration plus s lectifs Comme les pr c dents ils sont capables d agir sur le syst me nerveux de tous les animaux mais pas au del de 30 C m nageant ainsi les esp ces sang chaud notre b tail notre gibier et nous m mes On a pour ce faire imit un insecticide d origine naturelle v g tale la poudre de pyr thre utilis e largement autrefois Ces pyr thrino des de synth se tout en gardant le m me mode d action se sont principalement pour des raisons de prix de revient loign s des substances naturelles Leur noyau chrysanth mique ainsi nomm parce que les pyr thres sont des sortes de chrysanth mes 3 atomes de carbone a t rapidement remplac par un noyau benz nique 6 carbones bien meilleur march dans les synth ses industrielles On les a de plus chlor s fluor s brom s pour allonger leur persistance d efficacit de 2 jours 2 semaines les pyr thrines naturelles sont d truites par la lumi re Comme la
11. rs la dose qui fait le poison depuis Paracelse et ce n est pas parce que nos techniques permettent dor navant d identifier et de pister des substances l tat de ce qu on appelait autrefois des traces que nous devons syst matiquement nous inqui ter et croire que notre sensibilit va s aligner sur celle de nos nouveaux instruments de mesure On peut d ailleurs supposer en s inspirant la fois de l allopathie et de l hom opathie qu une mol cule r put e nuisible peut tre b n fique tr s faible concentration A quoi servirait de traquer dans un but d limination des ppb parties par milliard si elles ont un effet diff rent voire l oppos de celui des ppm parties par million L alimentation humaine partir de produits v g taux correctement produits et conserv s n offre en fait que peu de risques et s il s en pr sente ils seront plut t dus des contaminations parasitaires donc naturelles par des champignons et ou des bact ries avant ou apr s r colte qu des pollutions phytotechniques Il convient d tre plus circonspect en ce qui concerne les produits animaux que nous consommons Car nous nous situons alors un chelon plus avant dans la cha ne alimentaire avec un facteur de concentration de l ordre de 10 ou m me de 100 lorsqu il s agit de mol cules stables Plut t des dangers pour la nature dont l homme d pend Avec l volution r cente des produits de traitement le principal
12. ue mais rapidement d grad e pourra n avoir que des cons quences passag res et n gligeables sur l environnement On comprend ainsi que les relations entre toxicit et cotoxicit d un m me pesticide ne seront ni simples ni videntes ni m me toujours pr visibles car la deuxi me s exprimera principalement selon les conditions de milieu Chaque cas chaque r action m ritent d tre tudi s s par ment dans leurs modalit s et leurs cons quences Les interactions viendront r guli rement rendre les interpr tations plus difficiles et faire que l on h sitera les inclure dans les protocoles exp rimentaux Il faut conna tre et oser poser les vraies questions R cemment la presse a relat le d saccord entre le ministre de la Sant publique et celui de l Environnement au Br sil le premier voulait continuer les applications de DDT en Amazonie contre les moustiques pour faire reculer le paludisme alors que le second demandait de trouver des solutions alternatives Le journaliste ne disait pas si les insectes en question taient devenus r sistants au produit comme il arrive souvent de par le monde Si tel tait le cas ni l argument m dical ni l argument conomique ne plaidaient en faveur du choix du DDT Nul scientifique ou simple utilisateur ne peut accepter les g n ralisations h tives ni les estimations simplificatrices Mais la complexit des ph nom nes des interpr tations en faire et des conclusio
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