1 COMPOSITION FRANÇAISE ÉPREUVE COMMUNE : ÉCRIT
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1. est av r assez s lectif dans la mesure o la difficult relative de son analyse a accentu les travers des candidats les plus fragiles ou les moins bien pr par s Ces travers peuvent tre rang s sous diverses rubriques D limitation du sujet La d limitation g n rique propos e cette ann e n aurait pas d surprendre Or la d finition du roman est apparue tr s floue sous la plume de maints candidats Il semble donc n cessaire de faire quelques rapides mises au point Le sujet a tr s souvent conduit une confusion du roman et de la litt rature De nombreuses copies ont t illustr es par des exemples hors sujet d Ovide Ionesco les textes les plus cit s de ce point de vue tant les Essais les Caract res les Confessions et Enfance Si l autofiction peut en effet brouiller les fronti res g n riques l analyse de la confluence entre critures est rarement entreprise par les candidats les autobiographies tant consid r es dans les copies sans l ombre d une explication comme des fictions narratives Cette d rive a t pr judiciable de nombreux travaux La citation devait donc inciter r fl chir ce qu est un roman ce n est pas simplement une fiction car une pi ce de th tre aussi est en g n ral fictionnelle mais une fiction narrative qui ne fonctionne pas tout fait de la m me fa on qu un conte ou qu une nouvelle l id e de substantialit qui a beaucoup d2. et morales Le sujet ainsi compris permettait de poser un ensemble de questions qui pouvaient nourrir la probl matique Si le roman n est pas comme le pr tend Pavel la simple mise en uvre d une technique comment d s lors qu on se soucie d en d chiffrer la signification sa pens e prend elle forme La pens e propre au roman qui n est pas conceptuelle ne se trouve pas comme le rel ve Pierre Macherey en arri re des formes litt raires elle ne saurait tre extraite de ces formes comme un corps tranger pouvant tre recueilli par l interm diaire d un syst me d nonc s s par s quoi pense la litt rature PUF 1990 p 197 Cette premi re question pouvait conduire des r flexions sur les deux niveaux po tique et narratif o se forme la pens e du roman laquelle proc de comme le dit encore Macherey de la circulation libre des images des sch mes nonciatifs et narratifs plus que d une organisation d ductive strictement agenc e ibid p 198 On pouvait ainsi s interroger sur la charge symbolique de certains titres Germinal sur le jeu des r f rences intertextuelles l hypotexte pascalien dans Un roi sans divertissement la r criture parodique de Candide dans Voyage au bout de la nuit sur le r le des m taphores l enfer parisien dans La Fille aux yeux d or sur le rapport du r cit l exemplum et sur son fonctionnement all gorique L
3. gard du sujet est souvent constitu par la tendance des candidats voir la litt rature travers le prisme de la critique Si l on ne peut que se r jouir de les voir bien inform s des tendances de la litt rature secondaire capables souvent de restituer les arri re plans et les enjeux de la citation et riches d j de la familiarit qu ils ont pu acqu rir avec ces d bats et avec des tudes de poids il est un peu d cevant en revanche de devoir se demander parfois si cette information n a pas fait obstacle la lecture directe des uvres il est bon que Madame Bovary soit analys e avec l aide du Contre Sainte Beuve que l on utilise Genette Deleuze Rousset ou Compagnon mais le jury continue continuera d tre sensible la rencontre entre un candidat et les textes qu il voque l tendue et la pertinence de ses lectures la richesse d une analyse personnelle et pr cise remise en perspective et exploit e bon escient dans le d bat Qu il soit bien clair qu aucune analyse critique aussi blouissante soit elle ne saurait se substituer la litt rature De surcro t l inconv nient de ce recours parfois exag r aux commentateurs au d triment des textes est la transformation de la discussion en une bataille de critiques qui court le risque du hors sujet Il va de soi galement que raconter ne suffit pas trop de d veloppements sont b tis sur une simple pr sentation d ouvra
4. rout aurait pu tre analys e dans cette perspective Les candidats qui ont bien pris en compte la d limitation du sujet ont t conduits proposer souvent en introduction un certain nombre de traits d finitionnels du genre romanesque Tr s souvent ces propos introductifs ont t approximatifs voire erron s Genre lawless selon le mot de Gide que l on a souvent vu cit le roman appara t comme une criture libre de r gles Il faut souligner que cette vision des choses juste par ailleurs est dat e les r gles en question en litt rature fran aise sont celles de l ge classique Avant et apr s cette p riode d autres genres ont t libres de r gle en particulier le th tre qui n est r gulier que pendant deux si cles en France Les candidats sont souvent all s plus loin en expliquant cette libert d criture par deux facteurs historique et social le roman est un genre neuf le roman est un genre bas Rappelons cependant que le roman est un genre illustr quelques candidats l ont dit avec bonheur dans l Antiquit poque o la litt rature continue fleurir m me apr s Aristote D autre part si l on consid re la litt rature d expression fran aise les premiers romans terme qui signifie alors traduction d uvres antiques en langue vulgaire apparaissent vers 1140 1150 avant les premi res pi ces de th tre vernaculaires qui nous sont parvenu
5. COMPOSITION FRAN AISE EPREUVE COMMUNE ECRIT Estelle Doudet Fran oise Gevrey Pierre Glaudes Guy Larroux Anne Pascale Pouey Mounou Olivier Stiker M tral Emmanuelle Tabet Fran ois Vanoosthuyse Coefficient 3 Dur e 6 heures Sujet Dans La Pens e du roman Paris Gallimard 2003 p 46 Thomas Pavel crit Pour saisir et appr cier le sens d un roman il ne suffit pas de consid rer la technique litt raire utilis e par son auteur l int r t de chaque uvre vient de ce qu elle propose selon l poque le sous genre et parfois le g nie de l auteur une hypoth se substantielle sur la nature et l organisation du monde humain En vous appuyant sur des exemples litt raires pr cis et vari s vous direz ce que vous pensez de cette affirmation Le sujet de cette ann e portait sur le roman genre que les candidats pensent parfois mieux conna tre que d autres Il a cependant pos bien des probl mes en offrant une certaine r sistance la compr hension Il est vrai qu il se situe d embl e sur le terrain herm neutique il d finit les l ments prendre en compte non seulement pour d terminer saisir le sens d un roman mais aussi pour porter un Jugement critique sur lui ou pour en estimer la valeur appr cier Ce sont donc conjointement les questions de la construction du sens dans un roman de son d chiffrement par le lecteur qui sont pos es Ces questions sont ell
6. a Peau de chagrin La Peste Une autre question non moins importante concerne l incidence sur l herm neutique du roman d une pens e par hypoth se fond e sur la construction d un monde possible dont les lois consid r es globalement constituent dans l ordre virtuel et exp rimental de la fiction une anthropologie voire une cosmologie Cette deuxi me question pouvait conduire des r flexions sur le savoir paradoxal produit par le roman un savoir en forme de questionnement de formulations dilemmatiques de confrontation dialogique Le Tiers Livre Jacques le Fataliste laissant une grande libert au lecteur et le pla ant en situation de coop ration interpr tative ce qui ne permet gu re au genre de faire place la pr dication cf les limites du roman th se la mani re de Paul Bourget La troisi me question qui pouvait tre pos e concerne la tension propre la pens e du roman entre une anthropologie fondamentale visant Homme et une anthropologie sociale ayant en vue l homme dans un environnement sociohistorique On pouvait examiner cette question travers l analyse des facteurs qui d terminent selon Pavel ladite tension Certains sont historiques on pouvait consid rer sous cet angle la fa on dont l histoire du roman est travers e par le conflit d un romanesque imm morial enracinant le genre dans des arch types fondamentaux de la passion de l h ro sme a
7. boucher sur une probl matisation tr s banale centr e le plus souvent comme on l a vu sur l articulation sch matique de la technique et du sens parfois la limite de la contradiction I La technique est secondaire IL La technique joue un r le primordial gt ou r p ter simplement la citation sous forme interrogative voire assumer sans le moindre embarras le caract re impos de l exercice Il s agit de discuter la citation Il faudra s interroger sur la pertinence du propos toutes formules qui signifient Je vais faire une dissertation Il est objectivement difficile de passer de l analyse conceptuelle la probl matique mais c est sans doute sur cette tape d cisive de l introduction qu il faut concentrer ses efforts au moment o la citation une fois comprise il s agit sans la caricaturer ni la r duire de confronter l avis de son auteur une exp rience de lecture que seul peut donner le contact personnel avec les textes Or c est ici que le caract re formel de l exercice et la panique des candidats ou leur frilosit occultent le plus souvent l essentiel du d bat faisant se disperser la r flexion en une multitude de questions parses d attaques injustes de distinctions oiseuses Rappelons aux candidats qu une citation forme un tout coh rent qu elle a des implications et que les modalit s d articulation entre ses termes essentiels doivent mobilise
8. dans l ordre po tique que le roman n est pas une duplication de la r alit mais un artefact mim tique une reconfiguration du r el qui introduit dans cette construction s miologique un principe d intelligibilit de la structure du monde Voir Ric ur Temps et R cit De l vient que pour d gager la pens e du roman on ne peut se contenter d une analyse des formes condition n cessaire qui cependant ne suffit pas puiser la question la technique litt raire non seulement n est pas elle m me sa propre fin mais pour que l uvre prenne sens au cours de la lecture elle doit tre rapport e une proposition fondamentale relevant du possible et portant sur l homme une hypoth se que le roman genre de la dur e a le temps de formuler avec une certaine ampleur cette hypoth se est substantielle Plus exactement cette proposition fondamentale aborde le monde humain sous deux aspects la fois concurrents et compl mentaires touchant sa nature et son organisation Par nature du monde humain il fallait entendre la place de l homme dans le monde prise dans sa plus grande g n ralit La Pens e du roman op cit p 46 c est dire quelque chose comme une anthropologie romanesque qui transcende la multiplicit des communaut s humaines ibid une pens e g n rale des rapports que l homme en tant qu esp ce institue avec l univers et notam
9. de nombreuses copies atteint les limites de l acceptable pour un travail crit Certes on trouve encore de bonnes formules sous des plumes inspir es Mais les tours oralis s se font de plus en plus nombreux On peut pas dire que d j en d but de phrase tend remplacer en premier lieu au final semble avoir eu raison d enfin Doit on rappeler qu on peut douter de l l gance et de la correction de pr sentatifs comme Voil t 11 pas Que bien que est toujours utilis avec le subjonctif et apr s que avec l indicatif On pourrait multiplier l infini les mauvais exemples Certains ma trisent si peu ce qu ils crivent qu ils en viennent affirmer l inverse de ce qu ils voudraient dire D non ant la cause de la peine de mort Hugo Pr sentation des copies Qu il soit enfin rappel aux candidats que la lisibilit des copies est une exigence minimale Certains travaux sont tr s difficilement d chiffrables du fait d une criture minuscule ou rel ch e Les abr viations r p tons le sont proscrire une dissertation n est pas un carnet de notes c est un discours organis qui comporte des paragraphes commen ant par un alin a Les ratures sont malvenues et insupportables quand elles tendent envahir la page Certaines copies manquent de clart tel point que le lecteur reste ind cis sur leur d coupage il arrive que la probl
10. endant que l inach vement du Conte du Graal pour ne citer que cet exemple ait laiss la post rit dans l indiff rence pour d autres un roman est toujours sauv par son esth tique c est un genre qui pla t parce qu il est par d finition vraisemblable comme si La Princesse de Cl ves de ce point de vue n avait suscit aucun d bat un genre surtout caract ris par son absence de structure voyez La Vie mode d emploi par exemple Choix des exemples Les exemples disponibles ne manquaient pas Mais la plupart des candidats se sont sagement tourn s vers des uvres analys es en classe Gargantua La Princesse de Cl ves Jacques le Fataliste Madame Bovary L Assommoir Du c t de chez Swann Voyage au bout de la nuit La Jalousie Cet ensemble est int ressant et riche condition d en proposer des analyses pr cises ce qui a parfois t le cas Rappelons que les exemples doivent tre choisis dans un champ assez large du point de vue chronologique qu il convient d tre exact La Princesse de Cl ves n est pas un roman du XVII si cle Fureti re n est pas l auteur du Roman comique Mme de R nal n est pas un personnage d un roman de Flaubert comme on a pu le lire et qu il est bon de ne pas s en tenir toujours aux m mes passages tudi s en cours On doute parfois que certains candidats aient pris le temps de lire des romans Or on attendrait d eux une approc
11. es En tout tat de cause ce n est pas un genre n au XVI si cle ni sous la plume de Diderot comme on a pu le lire parfois le premier roman est de Diderot ou encore les romans antiques tant peu connus le roman ne s impose qu apr s la Renaissance Rappelons aussi que le roman n a t consid r comme un genre populaire que tardivement Les romans de Chr tien de Troyes vers 1170 1180 sont une litt rature r serv e la plus haute aristocratie Cette situation sociale perdure au XII si cle moment de la grande vague arthurienne cette poque le roman n est nullement un genre bourgeois il ne met gu re en sc ne cette population et ne semble pas tre particuli rement en faveur aupr s d elle C est gr ce son extraordinaire succ s que le genre se diffuse bient t de la fin du XIII si cle au XVIT si cle vers d autres couches sociales Au XVII si cle il est en effet devenu populaire au sens o un public de plus en plus tendu le lit Exclu des cat gories inspir es par l aristot lisme le genre conna t alors la ran on de son succ s D cri il doit d velopper des strat gies de l gitimation narrative pr tendant tre document authentique d couvert par hasard faux m moires ou fausses correspondances avant de s imposer au XIX si cle Le roman de cette p riode que les copies connaissent bien mieux est donc issu d une longue histoire qu il ne faut pas
12. es m mes indissociables de l valuation de ce qui distingue tel roman particulier des autres uvres du m me genre La th se soutenue par Thomas Pavel est que le sens et la valeur d un roman ne sauraient tre ramen s la mani re dont celui ci repr sente la r alit au moyen de proc d s la technique litt raire utilis e par son auteur sur lesquels les po tiques narratives d inspiration formaliste ou structuraliste commencer par la narratologie ont concentr leur attention Pavel qui r affirme l h t ronomie et la transitivit du roman refuse de r duire ce genre un ensemble de proc d s formels de ne consid rer l univers fictif que sous l aspect d un agencement d l ments au sein d une structure Le r cit qu on d signe par l le muthos aristot licien la mise en intrigue ou l articulation de la di g se et de la narration est sans grand int r t et m me incompr hensible selon Pavel si on le consid re en lui m me sans r f rence la pens e qui l anime Le pr suppos sur lequel se fonde implicitement l nonc de Pavel est que dans un roman le r cit ce qu il appelle aussi la mati re anecdotique La Pens e du roman op cit p 46 est ins parable de l id e de la pens e qui l informe On retrouve ici l opposition aristot licienne de la mati re et de la forme distinction physique dont d coule
13. exte une histoire litt raire des plus sch matiques Expression fran aise syntaxe orthographe La grande faiblesse conceptuelle de certaines copies se refl tait dans une ma trise du fran ais crit dramatiquement insuffisante Tr s nombreux ont t les candidats qui ne sont pas parvenus recopier correctement le terme substantielle qui figurait dans le sujet On a rencontr bien souvent des mots courants mal orthographi s manni res d abbord celont contr re la forme et le fon des verbes du troisi me groupe dont la conjugaison au pr sent de l indicatif d sormais chappe il exclu sans sa d sinence t semble s tre impos dans l usage de plusieurs candidats des confusions fr quentes avec l anglais scandal language characters d innombrables licences dans l usage de la ponctuation et des accents l accent circonflexe est ainsi devenu un signe lawless apparaissant et disparaissant myst rieusement Il semble entendu pour certains candidats que les noms propres n ont pas d orthographe et le jury a d deviner qui se cachait derri re Quenaud Orace Mme de Lafaillette Sartres U Echo R Bathes ou J Gracques La Princesse pl biscit e a trop souvent t de Claive M de Nemours Nemors ou Nesmours Et que dire de apparition d une Manon Lesqueau Enfin le style
14. ges sans que l on puisse discerner si ceux ci ont t effectivement lus ni si cette lecture s est born e en prendre connaissance sans distance critique Quelle que soit la c l brit de l uvre en question son anciennet on a ainsi pu appr cier la vari t d exemples tir s aussi bien du Quart Livre ou de L Astr e que des romans de l extr me contemporain l ouverture d esprit dont on fait preuve ne justifie en aucun cas que l on se contente de les mentionner ou de les d crire La pertinence des exemples est aussi affaire de dosage il est tr s contestable de b tir un devoir sur quatre exemples surd velopp s transformant la dissertation en une tude sur uvres facilement verbeuse Ainsi on a pu relever de beaux rapprochements entre la substantifique moelle du prologue du Gargantua et l hypoth se substantielle de la citation mais certains candidats n ont pas su s arr ter ensuite de parler de Rabelais Il est tout aussi regrettable de se lancer dans de vagues consid rations sans le moindre exemple ou d ass ner sans preuve ni nuance les affirmations les plus p remptoires L histoire litt raire non plus ne saurait tenir lieu de r flexion le d ploiement des exemples doit porter une argumentation non tre d roul pour lui m me et il est cet gard d routant de voir certains candidats oublier l exigence du d bat et le dire pour faire de la citation le pr t
15. he personnelle du genre Cette approche ne devrait pas exclure des exemples tr s r cents comme Les Bienveillantes mais devrait remonter aussi au del de Balzac et de Flaubert ou de l in vitable incipit de Jacques le Fataliste Enfin l utilisation des exemples doit tre pr cise combien de fois cite t on l expression de la Stendhalie cr e par Julien Gracq sur le mod le de la Romancie sans se soucier de mettre en rapport les grands romans stendhaliens avec la pens e de Thomas Pavel Cette utilisation doit aussi tre r fl chie Cl lie de Mile de Scud ry n est pas rocambolesque il n est pas si vident que La Disparition de Georges Perec n ait aucun sens et soit purement ludique quand on consid re le contexte historique de la d portation qui est sous jacent Nous conseillerions volontiers aux candidats de citer des uvres dont ils connaissent l auteur ou le titre Pirandello ne s appelle pas Picarelli ni Dosto evski Do evski Crime et Ch timent n est pas intitul Crime et Sentiment non plus qu Orgueil et Sentiments au lieu d Orgueil et Pr jug s n est une uvre de Virginia Woolf Gautier n a pas crit Le Capitaine Fracas ni Proust En revenant de chez Swan Le jury est heureux de lire des analyses d uvres litt raires trang res condition que celles ci soient ma ftris es par les candidats Un obstacle l indispensable disponibilit l
16. la po sie etc quoi sert une tude des personnages de Stendhal si elle n est pas clairement rapport e au sujet Rappelons que la premi re qualit requise d une dissertation est la disponibilit face ce sujet On ne saurait trop mettre en garde les candidats contre une tendance rejoindre des variations connues d avance De nombreuses copies introduites par une citation de Mallarm de Montesquieu de Malraux de Baudelaire de Val ry dont le rapport avec le sujet n est pas toujours tr s net trahissent d embl e cette tentation de retrouver dans celui ci la mati re d un devoir trait en cours De l de nombreux d veloppements convenus sur le rapport la v rit sur la mim sis sur le personnage ou encore sur l intentionnalit Ces morceaux rapport s ont t introduits dans les copies d autant plus facilement que le manque d articulation chez un grand nombre de candidats favorise les raccourcis porteurs d erreurs pour beaucoup d entre eux l hypoth se est ainsi devenue une v rit impos e par l auteur cette v rit s est confondue avec la r alit et l expression de cette derni re a t ramen e la question du r alisme ou du naturalisme On conseille aux candidats d viter les affirmations rapides et les g n ralisations abusives qui d notent une paresse de la pens e en croire certains un roman ne serait efficace que s il est achev on ne voit pas cep
17. matique et l annonce du plan soient indiscernables que le nombre exact des parties ne puisse tre tabli avec certitude qu il soit difficile de d terminer en fin de devoir si celui ci est achev Beaucoup de candidats s ils veulent tre compris doivent prendre conscience de l importance des codes graphiques qui r gissent l crit Les copies de haut niveau il y en a eu heureusement d excellentes sont celles qui allient la fermet de la pens e la rigueur de l analyse l l gance de l expression la tenue de la pr sentation et la civilit de l criture
18. ment des relations qu il tisse avec ses semblables La notion d organisation renvoyait alors dans cette perspective la modulation des hypoth ses anthropologiques fondamentales ibid p 47 que produit le roman par des facteurs historiques et sociaux La distinction entre nature et organisation indiquait donc selon toute apparence une tension l uvre dans le roman entre d une part une conception unitaire de l humain permettant de poser toujours les m mes questions sur l homme en tant qu individu sur ses rapports avec l ordre commun sur l articulation de cet ordre commun et de l id al moral et d autre part l attention port e aux d terminations sociohistoriques concr tes l immersion de l homme dans un milieu particulier La pens e du roman au sens o l entend Thomas Pavel serait donc toujours prise dans cette dialectique o l homme est appr hend dans sa plus grande g n ralit mais aussi dans ses particularit s circonstancielles li es une histoire une culture une soci t L quilibre entre ces composantes comme l ensemble des d terminations de cette anthropologie fondamentale et sociale d pend de divers facteurs qui si l on consid re la citation sont essentiellement de trois ordres historique selon l poque g n rique le sous genre et psychologique le g nie de l auteur ses dispositions intellectuelles
19. occulter On ne reprochera videmment pas aux candidats qui ont choisi des tudes d j tr s exigeantes une culture litt raire antique faible et une culture litt raire m di vale quasi nulle Mais on peut leur sugg rer d tre prudents dans leurs affirmations Analyse du sujet La citation de Thomas Pavel conduisait les candidats r fl chir au fonctionnement du roman du point de vue du lecteur autant que de l auteur Fonctionnement paradoxal puisque fond sur une tension entre l affirmation d un mode universel du roman sa pens e son hypoth se substantielle et la prise en compte de son volution et de sa diversit poque sous genre Pareille perspective s inscrit dans un contexte critique que beaucoup de candidats ont compris un retour dans les ann es 2000 sur les m thodes d approche des ann es 60 Mais fr quemment l analyse de la citation a manqu Les introductions se sont souvent r sum es au recopiage de la formule de Pavel et des probl matisations postiches r v lant la pr cipitation de certains candidats ou leur incapacit interroger le sujet En quoi est ce juste de dire cela L int r t du roman ne r side t 1l pas dans d autres aspects Dans quelle mesure l auteur de La Pens e du roman a t il raison Lorsqu elle a t tent e l analyse du sujet a fr quemment conduit des simplifications des reformulations caricatu
20. r en priorit la r flexion On a ainsi souvent rencontr des copies pleines de fermet d efficacit d nergie d allant mais qui peinaient d gager les enjeux du sujet Ce sont ces difficult s qui expliquent le d s quilibre fr quent de certaines compositions la premi re partie occupant la moiti de l ensemble la troisi me faisant parfois d faut ou tant r duite sa plus simple expression indigne d une v ritable discussion Enfin il est vident que le proc d qui consiste d couvrir la probl matique dans les cinq derni res lignes de la dissertation Il faudrait interroger la notion d hypoth se substantielle est particuli rement dangereux Organisation et articulation des id es Issus d introductions rapides sur le sujet de nombreux travaux ont donc tourn court et se sont enferm s dans de fausses contradictions Le jury a t frapp par la fr quence d affirmations vagues Le roman donne une certaine approche du monde Le monde humain remplit les romans de tous les si cles etc De telles platitudes ont souvent remplac l articulation des id es voire les id es elles m mes Autre travers affaiblis par une r flexion inexistante sur le sujet les candidats se sont r fugi s dans des formules apprises qu ils ont souvent assembl es par juxtaposition un paragraphe sur le personnage un autre sur le style d autres sur la critique parfois sur le th tre
21. rales de v ritables faux sens Ainsi l apparente mise de c t de la technique litt raire est devenue le centre de bien des copies ouvrant des plans en forme d impasse opposant avec paresse le fond et la forme I le roman n est pas un genre qui a besoin d une technique II Toutefois sans technique il n y a pas de roman II Le style c est l homme m me qui sait concilier la forme et le fond etc D autre part l pith te substantielle qui posait assur ment un probl me a t le plus souvent vit e ou mal comprise au sens de mat riel de li aux apparences etc alors qu elle ajoutait un paradoxe int ressant hypoth se Beaucoup de candidats se sont content S de poser sans plus ample d bat cette notion d hypoth se substantielle comme allant de soi ou lont assimil e par commodit aux notions floues et galvaud es de message le message et donc P hypoth se et de th me le roman naturaliste peint la condition ouvri re le th me du roman balzacien est la lutte pour l argent Toutefois certains candidats parviennent conduire leur analyse avec finesse et on a pu relever avec satisfaction chez les meilleurs de tr s r elles qualit s de conceptualisation Une chose cependant est de comprendre la citation une autre est d en d gager la mati re d une discussion C est ainsi qu une analyse tir e sur plusieurs pages peut d
22. vec une aspiration plus de vraisemblance un ancrage historique et social plus solide cf l opposition anglo saxonne entre romance et novel Autres facteurs pris en compte par Pavel les codes qui constituent le cahier des charges d une vari t de roman le rapport au r f rent l ancrage de la fiction dans la r alit ne sont pas les m mes c est l vidence dans les romans all goriques du Moyen ge Le Roman de la rose et dans les nouvelles historiques de l ge classique La Princesse de Cl ves dans les contes philosophiques de Voltaire et dans les romans r alistes de Flaubert ou des Goncourt Enfin une derni re question consistait se demander dans quelle mesure l id e d une pens e du roman d fendue par Pavel r sistait l objection de Gracq dans la pr face de Penth sil e lequel affirme que l uvre de Kleist comme toutes les vraies uvres symboliques ne signifie rien avec pr cision et qu on perdrait son temps essayer de cerner son message Corti 1954 p 13 Comment en particulier rendre compte en se fondant sur la th se de Pavel des romans de la modernit litt raire qui se situent dans la post rit de Flaubert et se r f rent un assez grand nombre de candidats l ont vu l id al d un livre sur rien qui tienne par la seule force de son style x Le sujet propos cette ann e offrait donc une ample mati re de r flexion Il s
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