Home

Art contemporain : la fin de la subversion

1. puo dele ces get N e we ses CORNE Bn e 3 A ts vaux e Ne a recen EN DIX BIBLIOGRAPHIE BATCHELOR David et Carl FREEDMAN Living in a Material World Freize n 35 juin ao t 1997 p 46 49 BELTING Hans L histoire de l art est elle finie Nimes Editions Jacqueline Chambon 1989 146 p BENJAMIN Walter L uvre d art l re de sa reproductibilit technique CEuvres III Paris Gallimard 2001 p 269 316 BOURRIAUD Nicolas Esth tique relationnelle Dijon Presse du r el 2001 123 p BROWN Craig A Z of How to Be a Significant Artist Modern Painters vol 8 n 1 printemps 1995 48 51 BUREN Daniel Function of the Museum Artforum vol 12 n 1 septembre 1973 p 68 BURROWS David Exquisite Corpses Art Monthly n 221 novembre 1998 p 24 25 BURTON Jane Shark Tactics How Damien Hirst and His Contemporaries Became International Art Stars Artnews vol 97 n 10 novembre 1998 p 137 139 CAUQUELIN Anne L art contemporain Paris Presses Universitaires de France Que sais je 1992 128 p CAUQUELIN Anne Petit trait d art contemporain Paris Editions du Seuil 1996 178 p CAUQUELIN Anne Les th ories de l art Paris Presses Universitaires de France Que sais je 1998 128 p DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire Paris Editions du
2. la distance que l historien entretient avec son poque au sens figur 11 se tient toujours l cart de ce qu il affirme Alors que sa nouvelle position et son discours incluent une implication directe avec l existence de l objet d art l historien ne peut plus pr tendre au m me regard critique Cette relation nouvelle avec la production actuelle ne lui permet plus de pr server la neutralit de l histoire et sa distance critique L historien ne peut parvenir remplir les deux facettes de son r le dans le syst me contemporain D une part il contribue l av nement de l oeuvre en participant au discours interpr tatif alors que d autre part il doit pr server sa distance critique pour garantir le sens de son r le d historien En d autres termes le r le de l historien tel que compris en lien avec la reconnaissance historique de l art et ses obligations de neutralit est appel s teindre dans le r gime contemporain En accord avec cette modification du r le de l historien l approche critique a elle aussi chang de forme La dissolution de l obiet d art a engendr une multiplication de discours se confondant dans l existence m me de l uvre Cette surench re de discours m ne l art contemporain sur la voie du pluralisme une pluralit de concepts et d interpr tations face laquelle la critique n a d autre choix que de s y soumettre L instabilit de l oeuvre travers l appareil interpr tatif du syst me
3. une activit destin e trouver des lois dans le devenir Pourtant l historien lui m me pourrait rappeler que les choses ne se sont tout simplement jamais pass es ainsi L historien n a jamais t que le simple spectateur de l activit artistique il en est aussi l acteur L histoire est un jeu o les personnalit s et les actions ne sont pas v ridiques envers elles m mes mais bien envers les questions que l historien leurs posent N anmoins l historien d pend de l artiste puisqu il ne produit pas directement il est acteur par procuration L historien se justifie en confondant sa recherche voire ses interpr tations avec la discipline dans laquelle il se fait exister lui m me c est l histoire qui le rend indispensable et non sa production d interpr tations La dissolution de l objet d art n a donc pas modifi le r le de l historien elle en a seulement r v l la part interpr tative et surtout la d pendance de son activit celle de l artiste En fait la conceptualisation de l objet d art en discours le rend plus ind finissable voire mouvant Les interpr tations de l historien ne se posent plus sur un objet fixe mais sur des id es et des concepts il devient l interpr te d interpr tations Le r le de l historien n est plus discernable en ce sens o ses m diations n interviennent plus comme interpr tations finales de l uvre produisant l histoire de l art mais en tant que strates suppl mentaires de disco
4. dire l avancement personnel de l artiste dans le milieu artistique N anmoins cette approche permet de cerner l mergence de nouveaux mod les propices au repositionnement de la croyance en l art Ainsi l activit artistique de Turk des QQ istes et de Phaneuf t moigne d un nouveau classement esth tique qui exempt de toute consid ration esth tique s appuie sur la position culturelle de l objet d art c est dire quel groupe culturel ou intellectuel il s adresse pour d finir la qualit esth tique de son statut d oeuvre Autrement dit les appropriations effectu es par ces artistes sont un exercice d usurpation d un positionnement dans l histoire de l art La multiplication des r f rences se d tache d un objectif subversif pour permettre aux artistes qui les exploitent d obtenir par procuration une certaine reconnaissance promise par le statut d uvre de l l ment appropri Ce mod le esth tique issu de la d marche de ses artistes modifie aussi la valeur de l identit 91 dans l histoire de l art En effet le Jeu de visibilit partir de l appropriation et d une subversion spectaculaire signe la fin de l identit naturelle et marque l mergence des identit s culturelles voire construites dans l histoire de l art En ce sens o ce sont les identit s et leur habilit produire des r f rences l histoire qui plus que les objets d art seront conserv es dans l histoire de l art Enfin la pratique artist
5. l exposition Turk a donc fait produire une s rie de cave en plastique Cette version plastique et mobile de Cave se pr sente telle une variante comm morative de moindre qualit comme le sont aussi les statues de cire destin e au souvenir d un hommage les caves ne 48 sont plus que les traces d une trace Dans ce jeu de poup es russes sur la c l bration et l incarnation historique d un artiste autrement dit le glissement entre la valeur mus ale et le simple gadget Turk r v le la nature mensong re du souvenir institutionnel Qu importe o les caves seront coll es Turk n aura pas v ritablement travaill l Par ailleurs Cave r fl chit aussi sur l origine des institutions et la nature des lieux de repr sentation de l art En effet la pr sence de l uvre en elle m me oblige interroger l espace de la repr sentation puisque malgr l absence des conditions traditionnelles du mus e Turk parvient avec cette sculpture recr er les m thodes comm moratives et inciter le spectateur se rappeler ce qu il ignore Ainsi la r v lation sans objet de Cave d finit surtout la n cessit de la reconnaissance historique de l artiste En pr sentant une uvre comm morative en d but de carri re Turk marque et c l bre autant le point z ro ou l origine de sa carri re que sa fin dans un processus de reconnaissance historique En cr ant personnellement son identit historique Turk construit auss
6. contemporain fait passer l approche critique de la signification l tre En fait la critique contemporaine ne peut plus simplement fournir une interpr tation de ce sur quoi les ceuvres portent il est appel d crire aussi ce qu elles sont La mutation de l objet d art en concept et discours oblige non seulement la critique la description mais cette description fait aussi office d uvre En d autres termes la critique c est faire partager l exp rience de l uvre non plus d en faire le jugemment Ainsi la position du critique dans le syst me contemporain s av re aussi ambig e que celle de l historien L implication du critique dans la production de l eeuvre par son discours nuit l laboration d une possible valuation critique de l uvre en question S il est parfois si difficile de trouver les valeurs que v hicule un texte en principe critique c est parce qu il accomplit une autre op ration que celle d valuer y compris de mani re indirecte il interpr te Bref la porosit nouvelle des fronti res entre les r les des intervenants du syst me contemporain affecte la valeur et le sens de l approche critique Autant les historiens que les critiques se retrouvent coinc s entre leur participation la production de l uvre par leur discours et la n cessit d une distance critique quant l valuation des r alisations artistiques Le glissement des r les productifs interpr tatifs et c
7. tre un cheval de bataille une femme nue ou une quelconque anecdote une sculpture est essentiellement un amas de fientes de pigeons en un certain ordre assembl es Maurice Denis 14 La culture c est ce qui reste quand on a tout d pens Gian Ansaldo 15 L art est quelque chose de plus profond que l gout CHALAS Yves Du canular dans l art contemporain et de son int r t sociologique dans Du canular dans l art et la litt rature sous la dir de Jean Olivier Majastre et Alain Pessin p 103 114 Paris L Harmattan 1999 p 114 16 En 2004 Armand Vaillancourt a t expos la Biennale Internationale de Montr al 17 Voil une exposition de loin plus passionnante que ma derni re visite au mus e de la plomberie FRIED Michael Massimo Guerrera plus d un tour dans son sac TV Hebdo semaine du 28 octobre 2002 p 6 7 18 L art c est facile Les QQistes 19 L art c est pas grave Les QQistes 20 L art c est l lite Les QQistes 21 L art n est pas la solution tous les maux Jean Frangois Chevrier 101 22 Si c est pas baroque c est du toc Big Ben personnage du film La Belle et la B te de Disney 23 Appr ciez vous la beaut l excitation et l nergie de l art canadien Extrait d une publicit de la revue Canadian Art 24 L art co te 17 5853 Les QQistes 25 Tabernacle Roland Barthes 26 Seul l
8. Par contre l essentiel du discours cynique des QQistes ne s adresse qu aux professionnels le public aspirant la connaissance est mis de c t par leur humour qui leur est souvent inaccessible En d autres termes le programme ducatif des QQistes ne s int resse pas au grand public mais remet en question les enjeux de la croyance en l art et ses institutions D abord en s appuyant sur leur dipl me pour revendiquer la confiance du public ils abusent de la reconnaissance de leur statut professionnel pour interroger son sens et sa valeur puisqu ils trahissent cette confiance en d formant l information qu ils diffusent ou tout simplement en pr sentant n importe quoi c est dire les coefficients A l image de 54 Duchamp et de son coefficient de valeur artistique c est dire la signature de l artiste les QQistes mettent nu le fonctionnement vide du r seau form par les professionnels de l art Ensuite les QQistes portent un regard sur les intervenants du r gime contemporain un regard particulier puisqu il provient de l int rieur du r gime car ils sont eux m mes des intervenants Ce que la pratique des QQistes met en lumi re est leur avis sur les diff rents projets ducatifs du r gime contemporain qui semble leur apparaitre vains et absurdes Avec les coefficients d art et la conf rence ils r v lent comment malgr les ambitions d mocratiques du r gime les intervenants ne s adressent toujours en fait
9. avril 2005 p 20 21 RANCIERE Jacques Malaise dans l esth tique Paris ditions Galil e 2004 173 p ROBERTS James Last of England Freize n 13 novembre d cembre 1993 p 28 31 123 ROCHLITZ Rainer Subversion et subvention Art contemporain et argumentation esth tique Paris Gallimard 1994 238 p SIROIS Dominique Cynismes Manif d art 3 Qu bec Para para n 020 in Parachute n 120 octobre d cembre 2005 p 2 3 SIROIS Dominique Turk l individualit esth tique Espace sculpture n 76 t 2006 p 15 18 SMITHARD Paula nterview Gavin Turk www backspace org STEEDS Lucy Massacre l anglaise Bain de sang dans l art britannique r cent Art Press Hors s rie mai 2001 p 80 85 TOURIGNY Manon Ceci n est pas une plaisanterie l irr v rence chez les QQistes Esse arts opinions n 56 hiver 2006 p 44 47 V ATTIMO Gianni La volont de puissance en tant qu art Les aventures de la diff rence Paris Les Editions de minuit 1985 p 101 125 VINCENT David Gavin Turk Copper Jubilee Modern Painters vol 15 n 3 automne 2002 p 143 144
10. du statut de t moins elles passent celui d acteurs de l histoire Il est clair alors que l histoire de l art qui pr tend rendre compte des uvres par les textes et les discours traditionnels se condamne non seulement reproduire et propager un mod le p rim mais ignorer la nouvelle r alit historique de la pratique contemporaine Particuli rement lorsqu il s exerce l int rieur du r gime contemporain l historien ne peut plus ignorer l in vitable part d interpr tation de sa discipline ses s lections et ses crit res sont autant des interventions dans l histoire que son propre discours sur l uvre Cette prise de conscience oblig e par la pratique artistique contemporaine interdit l illusion d une r alit historique et affecte la croyance en l histoire de l art Toutes les formes de la repr sentation imag e construisent leur propre r alit par transfiguration elles transfigurent d chiffrent et rendent visible des syst mes symboliques et cette sorte de construction historique atteint son terme avec l art contemporain qui renonce lui accorder de la cr dibilit Certes des lectures pluralistes de l histoire de l art sont encore possibles ne serait ce que parce que l histoire vaut aussi la peine d tre racont e du point de vue des domin s ou des vaincus mais le concept m me d histoire de l art et les attentes envers elle ne sont pas moins touch s L histoire demeure selon les ter
11. e subversive de l art s effectuera partir d une analyse en quatre chapitres de la pratique contemporaine et du syst me qui la supporte cet gard les textes d Arthur Danto philosophe tr s attach aux questions esth tiques et historiques de l art seront privil gi s pour tayer notre analyse quant la th orie posthistorique que l auteur y d veloppe pour ajuster la d finition de l art la pratique h t roclite contemporaine Nous retiendrons aussi d Yves Michaud qui a effectu une analyse de la critique et de l tat esth tique de l art contemporain ses prises de positions sur la fin de l utopie de l art et l vanescence de l esth tique au sein du r gime contemporain Les recherches de l historien d art Hans Belting sur l volution de la condition de l histoire de l art sauront aussi renforcer le raisonnement de l analyse puisqu il soutient la fin du mod le historique de repr sentation de l art De plus nous consid rerons certains ouvrages du philosophe Michel Onfray qui r clame pour l art contemporain l exigence de d fendre des valeurs anti platoniciennes tourn es vers une thique cyniques et de l historien d art ric Michaud qui retrace les diff rents mouvements des fronti res temporelles et sociales de l histoire de l art partir de l id al de l autonomie de l art dont les regards sauront orienter notre approche critique de l tat de la croyance en l art et en sa port e subversive partir des inter
12. en surexploitant les d tournements historiques ne parvient pas employer l histoire de l art de mani re engendrer un avenir Selon Nietzsche tout acte cr atif exige une certaine amn sie autrement l histoire paralyse Pour agir il faut savoir oublier et s exposer l erreur le sens historique exacerb de l art contemporain ne d fie rien sinon la probabilit d un avenir qui lui serait sp cifique Si la r appropriation rend tout possible c est aussi dire que plus rien n est n cessaire y compris la d finition d un avenir artistique Le pr sent perp tuel dans lequel l art contemporain fait baigner les images du pass met en place un avenir artistique d tach d un r cit historique compos d une suite de causes et d effets Cependant ce n est pas l avenir de l art contemporain en soi mais celui qui est immanent aux images appropri es qu il ne fait que renouveler Ainsi l impact de l effondrement de la cl ture historique sur l art contemporain n est pas tant d l exc s d historicisation l art n est pas plus puis par l histoire qu il ne t moigne non plus d une histoire puis e Cette perception de la situation MICHAUD Y ves L art l tat gazeux p 97 2 NIETZSCHE Friedrich Seconde consid ration intempestive p 113 21 revient d finir lart contemporain comme une r cup ration simpliste mais extr me des avant gardes apr s laquelle il ne reste que le vide le rien le blanc L
13. fig 15 et un enregistrement audio du vernissage Performance complexe la limite du quiproquo l v nement Le luxe du vernissage questionne sans d tour la valeur des intervenants du r gime Avec Critique en herbe la citation suffisait interroger le sens de la pratique des intervenants mais lors de ce vernissage sans uvre ce que les QQistes mettent en sc ne c est litt ralement les intervenants pr sents En fait Le luxe du vernissage se pose pratiquement comme la preuve extr me que la production artistique est secondaire dans le r gime contemporain puisque les intervenants dont le statut est affirm et reconnu se r unissent et s activent autour d une absence d uvre L happening des QQistes met l accent non seulement sur l ar ne m diatique de relation publique qu est le vernissage mais il en fait litt ralement une uvre l uvre partir de laquelle s organise le vernissage De plus la pr sence du public pay vient illustrer tel un miroir grossissant la pratique av r e des intervenants parader de vernissage en vernissage autrement dit se montrer et tre vu par les autres intervenants Ainsi Le luxe du vernissage met le doigt sur un malaise du r gime contemporain c est dire celui qui survient d embl e quand on m lange la culture des intellectuels la foire kitsch de la culture de masse et celui qui s installe ensuite quand on voit le r gime s activer autour d une absence d objet De toute vidence ce n
14. fixations obsessives de la croyance en l art 16 Ibid p 172 1 CAUQUELIN Anne Petit trait d art contemporain p 50 CONCLUSION En somme nous avons retrac le parcours voire le d clin de la croyance en la force subversive de l art c est dire comment cette croyance s est dissoute au sein de la pratique artistique et du syst me contemporain D abord la r cup ration partielle des probl matiques impos es par le ready made soit la substitution du r sultat entendu comme tant l uvre d art par les proc dures dans la pratique contemporaine a modifi le processus d identification de l art et par extension le syst me artistique En effet le rattrapage autour des proc dures duchampiennes a r v l une importance nouvelle de l artiste en ce sens o c est par son simple choix qu il parvient d signer l art et ainsi le distinguer du non art Il a donc t n cessaire pour satisfaire la croyance qu il existe encore une activit qui s appelle art de faire intervenir le discours dans l uvre pour que celle ci prenne du sens pour la eroyance Cependant cette nouvelle collaboration entre le choix de l artiste et l intervention du discours a favoris non seulement une certaine porosit des fronti res qui d finissaient les r les des intervenants du syst me artistique mais a aussi alt r la foi en l art et ses capacit s subversives En fait l implication conjointe du critique de l historien d art et de
15. l objet d art a transform ces m thodes en objets d art Cependant en se r appropriant continuellement les proc dures r ductives du ready made la production artistique contemporaine en vient se limiter au seul concept L uvre se confond avec le discours qui la fonde elle devient m me ce discours jusqu la disparition possible du support Non seulement la m thode qui conduit la chose est devenue la chose mais la m thode ne peut plus exister sans id e qui la soutient la justifie et l identifie artistiquement L art contemporain se reconnait ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p 33 11 d sormais un caract re d indistinction 1l ne se livre plus en fonction d un syst me g n ral de repr sentation mais au service des questions que le discours lui pose Le ready made a r v l l assujettissement philosophique de l art et boulevers les param tres entourant la d finition de l objet d art La r appropriation et la radicalisation contemporaine des proc dures duchampiennes ont lentement cart l objet d art de l quation d une d finition de l art L objet artistique est devenu la proc dure Jusqu la dissolution compl te de ce dernier en concept L art s est mut en signification et ne peut se r v ler qu travers le discours qui lui fournit une th orie support Ainsi encombr s des s curit s reli es l esth tique du beau et des cadavres du pass l art contemporain et le discou
16. pi g e dans les ruines fraiches de la cl ture historique perdue entre la nostalgie et les illusions asphyxi e par une histoire de l art trop vaste et trop pr sente Dans cette situation apparemment sans issue l art perd de sa puissance et devient compl tement socialis soumis un id al d mocratique Alors que la croyance en la force subversive et r sistante de l art s vapore l artiste se red couvre comme outil d une certaine volont de puissance A d faut de pouvoir exposer 10 Ibidem conform ment l utopie artistique une pratique r volutionnaire il s int resse sa propre existence comme objet de culte et uniquement comme instrument du renouvellement de la croyance en l art Cependant toute activit artistique contemporaine suppose un jeu entre l artiste et le r gime un jeu dont les r gles conduisent l usure des instincts subversifs Quoi qu on fasse les flux et reflux transforment les blocs de pierres aux ar tes effil es en galets polis Autrement dit malgr l apparence de moyens radicaux et d constructionnistes les artistes ceuvrant au sein du r gime en viennent le plus souvent des pratiques aux finalit s on ne peut plus conservatrices en ce sens o elles visent directement l int gration au r gime De fa on d finitive l art ne porte plus v ritablement promesse de r sistance et d mancipation la croyance en sa force subversive a pris une autre signification elle n est plus
17. r se St Gelais pour son investissement en tant que directrice de m moire Le temps qu elle m a accord et les conseils qu elle m a donn s m ont chaque fois permis d avancer Je pense que sans son aide et sa sinc rit ce m moire ne serait pas ce qu il est Je souhaite galement remercier Mme Claudie Pringuet responsable des programmes d changes l Universit Paris I Panth on Sorbonne pour son r le d interm diaire et ses conseils avis s qui ont rendu mon exp rience universitaire francaise plus satisfaisante Enfin je remercie ma famille et la famille Desrues pour leur soutien et leurs encouragements Un grand merci aussi mes amis qui ont su me divertir dans les moments difficiles TABLE DES MATIERES LISTE DES APPENDICES v LISTE DES FIGURES p vi R SUM p viii INTRODUCTION 1 Chapitre 1 LA NAISSANCE DU CONFLIT CONTEMPORAIN p 6 1 1 De Duchamp la dissolution de l objet p 6 1 1 1 Duchamp et sa rupture p 6 1 1 2 La r appropriation du ready made p 7 1 1 3 La dissolution de l objet p 9 1 2 Glissement et perturbation des r les critiques p 11 1 2 1 Les r les productifs p 11 1 2 2 Les r les interpr tatifs p 13 1 2 3 Les r les critiques p 15 1 2 4 Les cons quences p 16 Chapitre 2 LE R GIME CONTEMPORAIN p 19 2 1 Nouvelle for
18. sentation Par contre la fin de cette repr sentation n est pas la fin de l activit repr sent e elle engendre seulement une certaine d sorientation de la pratique de l histoire de l art L esth tique des attitudes modifie l essence de l histoire de l art dans la mesure o son exercice ne r pond plus au r cit historique d une suite de chefs d uvre et de styles mais bien une succession de modes de pens e voquant des r pertoires de formes et de fonctions artistiques toujours diff rentes Ainsi la division du travail entre la pratique artistique d un c t et l histoire de l art de l autre s effondre car l art de l esth tique des attitudes prend la forme d un discours part enti re il Ihid p 36 2 ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent 6 5 MICHAUD Yves La crise de l art contemporain p 217 gt Ibidem 80 faconne son propre r cit Le probl me de l histoire ne r side donc pas dans l arbitraire du sens qu elle impose aux faits elle ne peut viter de le faire il est dans les limites qu elle impose ses interpr tations au nom de la coh rence du r cit historique la lumi re des pratiques de Turk des QQistes et de Phaneuf et de l esth tique des attitudes une nouvelle mani re d interpr ter le r cit historique s impose les artistes tel que l a aussi not ric Michaud ne placent plus leurs ceuvres sous le couvert du r cit historique officiel de telle sorte que
19. tiques mais sur un dispositif d exposition appelant une esth tisation de l objet pr sent Avec la mise en march contemporaine des individualit s le syst me passe d un trait de l attitude esth tique l affirmation puissante de l identit pour circonscrire ce qui est ou non de l art Cette d marche ne va pas sans rappeler les ready made de Duchamp o le choix d un objet par l artiste permettait de d finir cet objet comme tant de l art Cependant dans le contexte contemporain alors que le ready made est devenu presqu une norme ce qui est proclam n est plus ceci est de l art mais je suis TOURIGNY Manon Ceci n est pas une plaisanterie l irr v rence chez les QQistes Esse arts opinions 46 RANCI RE Jacques Malaise dans l esth tique p 31 MICHAUD Yves L art l tat gazeux p 91 41 un artiste Cette affirmation invitant alors chez le spectateur une posture intentionnelle lui faisant admettre que ce qu il voit ne peut tre que de l art puisque c est le produit d un artiste Ainsi l id e d attitude esth tique v hicule avec elle non seulement toute l esth tique moderne mais laisse voir comment les attitudes parviennent former l exp rience sensible du spectateur Au gr des appropriations et des recyclages d images les artistes ont produit des attitudes les leurs qui se proposent aujourd hui d tre art et esth tique D embl e il s agit de dresser le
20. 166 DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 61 26 pr tentieux dans un langage qui leur ressemble voir quoi Rien Sinon le th tre insane de r f rences l gitimantes le nom d artistes citer des courants esth tiques prendre en otages des r f rences philosophiques in vitables des auteurs au programme l habituel jeu mondain qui dissimule l indigence du travail esth tique derri re un cran de fum e verbal et verbeux En c dant toujours plus d espace et d importance au discours l esth tique est devenue le discours Un discours qui produit aussi de la distraction et d tourne les ceuvres et le regard vers une sorte de machine penser congue dans l optique de conserver tout de m me une valeur sensible soit auratique Par contre cette pr sence sensible de l art contemporain est paradoxalement d vor e par le discours sur l art qui tend devenir sa r alit m me En fait l effet pervers de la situation esth tique contemporaine proc de de mani re ce que les ceuvres se trouvent chacune v hicule de la m me valeur et de la m me l gitimit ainsi elles deviennent toutes effectivement sans significations distinctes n y a alors plus de diff rences et les sensibilit s des uvres ne sont plus singuli res tout ce qui compte alors c est le spectacle la nouveaut comme indice de particularit des oeuvres Ce glissement de la sensibilit esth tique vers le sp
21. L implication plus claire et affirm e des historiens et critiques dans la production de sens des uvres contemporaines remet en question les r les r els de ces intervenants 1 2 2 Les r les interpr tatifs La dissolution de l objet d art a enlev aux critiques et historiens leur objet propre Puis la violation des fronti res cernant le territoire de la production artistique qui suivit a modifi la nature de leur distance habituelle par rapport cet objet C est dire que leurs interventions participent l mancipation de l objet en objet d art plut t que de se poser la fin du processus d identification artistique En v rit ce nouveau rapport la cr ation touche plus particuli rement les historiens qui doivent id ologiquement leur r le au respect des faits La situation sp cifique du syst me contemporain met en lumi re leur activit interpr tative comme quoi leur participation la production de significations artistiques d voile l interpr tation derri re les faits de l histoire de l art Pour tous en effet peintres savants philosophes interpr ter une image c est maintenant lui donner son corps et l historien n chappe pas cette nouvelle conjoncture 9 NIETZSCHE Friedrich Seconde consid ration intempestive p 150 U MICHAUD ric Histoire de l art Une discipline ses fronti res p 135 Le r le de l historien a souvent t associ une certaine devise d objectivit
22. Pr sident directeur g n ral Jean Frangois Proulx Directeur d image de marque et designer graphique officiel Silvia Casas Kelationniste de presse Sophie Desmarais Actrice principale 104 105 FIGURE I TURK Gavin Pop cire dans une vitrine de bois et de verre 1993 279 x 115 x 115 cm 106 FIGURE 2 TURK Gavin Che cire et vitrine 1999 280 x 114 2 x 114 2 cm 107 FIGURE 3 TURK Gavin The Death of Marat mat riaux mixtes et vitrine 1998 200 x 250 x 170 2 cm 108 FIGURE 4 TURK Gavin Cave plaque de c ramique 1991 49 cm de diam tre GAVIN TURKI Sculptor worked hege 949 1991 109 FIGURE 5 TURK Gavin Gavin Turk s Bronze Roller bronze et vitrine 1998 150 x 59 x 46 cm 110 FIGURE 6 TURK Gavin Gavin Turk balles de polyester et peinture de polym re sur canevas 1997 153 x 213 m 111 FIGURE 7 TURK Gavin One thousand two hundred and thirty four eggs coquilles d oeufs sur canevas 1997 132 x 221 cm LI FIGURE 6 QOISTES Les Les coefficients d art installation 2004 dimensions variables Ho FIGURE 9 QOISTES Les Les coefficients d art public installation 2004 dimensions variables 114 FIGURE 10 QQISTES Les Conf rence sur la V rit de l art performance 7 octobre 2006 35 minutes 115 FIGURE 11 QOISTES Les Critique en herbeTM le guide pratique du parfait petit critique in
23. Seuil 2000 340 p FRASER Marie Le ludique Qu bec Mus e du Qu bec 2001 159 p 122 FREEDMAN Carl Making Omelettes Modern Painters vol 11 n 3 automne 1998 p 99 101 GINTZ Claude L art conceptuel une perspective Paris Mus e d art moderne de la ville de Paris 1989 260 p JACQUES Alison Gavin Turk Flash Art vol 27 n 175 mars avril 1994 p 98 LEWISOHN Cedar Signature as Content Flash Art n 222 janvier f vrier 2002 p 76 77 LONG Declan Are You Someone Artists and the Art of Branding Circa n 101 automne 2002 p 28 31 MARLOW Tim Gavin Turk Interview video www tate org uk MICHAUD ric Histoire de l art Une discipline ses fronti res France ditions Hazan 2005 166 p MICHAUD Yves La crise de l art contemporain Utopie d mocratie et com die Paris Presses universitaires de France 1999 305 p MICHAUD Yves L art l tat gazeux Essai sur le triomphe de l esth tique Paris Stock 2003 204 p NIETZSCHE Friedrich Seconde consid ration intempestive De l utilit et de l inconv nient des tudes historiques pour la vie Paris GF Flammarion 1988 1874 p 69 179 ONFRA Y Michel Za sculpture de soi La morale esth tique Paris Grasset 1993 288 p ONFRA Y Michel Arch ologie du pr sent Manifeste pour l esth tique cynique Paris Grasset 2003 126 p PREECE Robert Gavin Turk Sculpture vol 24 n 3
24. art contemporain cet gard l artiste entreprend une d marche singuli re devenir l uvre Fort de la reconnaissance de 90 l importance de ses choix dans le processus d identification de l art l artiste amorce une nouvelle approche artistique en rattachant sa production son existence Ce projet qui prime abord ne se revendique pas d une volont subversive redonne tout le moins la croyance l espoir qu un avenir est possible pour l art contemporain par le biais de cette attitude esth tique En fait bien que cette d marche de l artiste n ait pour objectif que son mancipation individuelle dans le r gime soit en d autres termes l affirmation de sa servitude au syst me il y a tout de m me l l illusion d une ouverture la r sistance En effet en faisant de son existence un objet d art l artiste parvient cr er sa propre v rit et donc se poser tel le porte tendard de l autonomie tr s relative de son existence artistique face au r gime contemporain L examen des cas de Turk des QQistes et de Phaneuf abonde dans ce sens Le contr le de leur mythe ainsi que leurs attaques directes ou d tourn es au sujet du r gime et de ses intervenants ne visent que l int gration parfois par procuration ou tout simplement forc e de leur individualit au sein du r gime contemporain Cette pratique rel ve bien d une pointe de subversion mais le sens r sistant est contourn par ses objectifs c est
25. autant plus grand si l individu en question est de renomm e internationale Or une fois le canular d couvert l enthousiasme pass c est le nom de Phaneuf qui sera distribu travers le m me circuit d individus que la rumeur de la pr sence d un intervenant connu avait emprunt Ainsi Phaneuf met en march son nom en abusant de la popularit et de la pr sence pr sum e d autres intervenants du r gime et b n ficie de leur rayonnement m diatique pour faire circuler son identit Les interventions de Phaneuf dans les livres d or lui ont permis de se faire un nom par procuration un nom dont le MAKPCA continue la promotion avec Temps d antenne Temps d antenne est une vid o de 90 secondes pr sent e lors de l v nement interuniversitaire de cr ation vid o L C V de 2006 dont l unique plan est le nom Marc Antoine K Phaneuf crit en lettres blanches sur fond noir Encore ici le lien avec Turk est in vitable m me si la mise en sc ne du nom de Phaneuf est effectu e dans une optique nettement plus mercantile et promotionnelle comme le titre l indique En effet Turk manipule son nom comme un symbole ou un ic ne de son statut d artiste et de sculpteur car ce nom n est pas li une production artistique mais un r le celui de sculpteur Pour sa part Phaneuf pr sente son nom dans un v nement culturel mais ne l associe ni une production artistique ni un r le productif c est simplement le contexte d ex
26. ce qui de toute mani re ne ferait que pointer vers lui pour le seul fait de son exposition Autrement dit il est possible d entendre que les conditions de r ception et de signification des uvres se proposent de devenir l uvre d art L entr e dans une re de l art post auratique resacralis et commercialis par le r gime et ses institutions transforme le sens du propre de l art Ce que le singulier de l art d signe c est le d coupage d un espace de pr sentation par lequel les choses de l art sont identifi es comme telles MICHAUD Yves L art l tat gazeux p 55 RANCIERE Jacques Malaise dans l esth tique p 36 25 Le discours critique sauvegarde donc la valeur cultuelle et auratique de l art contemporain il la reconstitue a posteriori parce que le r gime a besoin d elle du moins de quelque chose qui en tienne lieu pour redonner une dimension sensible aux uvres Cependant le discours n est pas compl tement exempt de crit res esth tiques au contraire compte tenu de la forme esth tique clat e de l art contemporain il en exploite tellement et de si diff rents que cela peut prendre l apparence qu il y en a plus aucun La libert esth tique contemporaine souvent d nonc e comme le triomphe du n importe quoi r v le donc plusieurs pans de la situation du r gime et de son utilisation du discours On pourrait croire ais ment que l esth tique en est r duite faire l aveu qu elle se so
27. conscience de la construction de cette compr hension L identification de l artiste prend le dessus sur l identit du travail tout comme la reconnaissance dans un courant historique effrite l identit personnelle de l artiste au profit de la renomm e g n rale du isme soit du courant L approche pr s du mouvement Art and Language de Turk vise r v ler le c t fantomatique de l artiste son effacement derri re son nom qui peut parfois tre aussi lourd porter que le poids de l histoire de l art Enfin ces sculptures de Turk s attardent plus pr cis ment la visibilit de l artiste l int rieur du processus de reconnaissance historique L artiste a construit sa propre mythologie partir d uvres comm moratives pour ensuite se d tourner de la cr ation d objet pour mettre en sc ne sa signature La prise de conscience derri re la production de Turk est claire l artiste comprend les m thodes de repr sentation de l histoire de l art et du r gime contemporain il les exploite et les manipule pour enfin prendre le plein contr le de son mythe et de sa reconnaissance Turk se pr sente au r gime comme le maitre et le sculpteur de son identit 3 2 Jouer le r gime contemporain avec les QQistes 3 2 1 La critique le public et la v rit Dans un deuxi me temps nous ferons l examen de la pratique h t rog ne des QQistes un duo compos des artistes Marc Antoine K Phaneuf et Jocelyn Guitard tous deux dipl m s en hist
28. de l tat de la croyance subversive au sein du r gime contemporain r v le particuli rement le recodage permanent possible de l art contemporain cet gard notre analyse ne s impose pas comme une v rit mais bien comme une autre parole individuelle dont l existence r pond des attentes sp cifiques que l on d sirait r v ler Comme celles des artistes tudi s cette voix provient du milieu artistique du r gime contemporain et en Joue le jeu c est dire que le regard qu elle sugg re est peut tre le produit d une provocation sans pour autant faire figure de subversion elle ne vise plus le public mais les attentes de l art lui m me L objectif des voix sans id aux ni causes du r gime contemporain est de jouer avec la croyance et ses expectatives de transgresser ses attentes et ainsi de convoquer la d ception En fait nous avons vu que la croyance en l art et en son avenir n est possible qu l int rieur du croyant soit l artiste qui pourtant n accomplit pas ce r le H est alors important de voir cette pr sente analyse non pas comme le simple testament de la croyance en la port e subversive de l art mais comme le t moin de l accomplissement du glissement de la croyance en la subversion vers la d ception de la croyance en l art ANNEXES 95 APPENDICE A Liste des ceuvres de l exposition Les coefficients d art DAL Salvator Sans titre Saint S bastien gravure eau forte sur papier dition 46 25
29. e de l art mais dont l absence de croyance en son propre esth tique la condamne manquer la singularit de sa pratique 4 2 La croyance esth tique contemporaine La situation esth tique contemporaine s av re symptomatique de la mort non r solue du Beau On ne se d barrasse pas d un mort en s en repaissant avec d lice On le couvre de terre dans une fosse et on continue de vivre Autrement dit il est imp ratif pour r tablir la croyance en une singularit esth tique contemporaine de reformuler un mod le esth tique partir des nouveaux param tres conceptuels introduits par le ready made En fait en se r appropriant les proc dures duchampiennes la pratique contemporaine ne pose plus l uvre d art en tant que t moignage sur l art mais elle insiste plus sp cifiquement sur l tre humain le cr ateur de l eeuvre En ce sens il est int ressant de souligner comment les cas de Turk des QQistes et de Phaneuf utilisent l oeuvre pour r v ler et tudier leur propre historicit et illustrent justement de quelle fa on l uvre contemporaine lib r e des dictats du Beau s impose d autant plus comme document historique En fait pour r habiliter l esth tique de mani re ce qu elle soit utile pour l art apr s la fin de l art il faut int grer l histoire formelle dans un processus historique o n interviennent pas seulement les uvres mais aussi les hommes Dans une autre perspective resta
30. en vidence la n cessit d une r vision de la th orie esth tique pour qu elle conserve une certaine utilit en mati re d art selon les termes de Danto d apr s la fin de l art soit d art post ready made En effet l apparition du ready made a boulevers la situation et les conditions de la r flexion esth tique elle la confronte ses limites en ce sens o la forme artistique du ready made ne s int gre pas l histoire formelle de l art d j existante Ainsi pour remettre en relation la r flexion esth tique avec la forme du ready made et de ses r appropriations contemporaines il faut revoir l esth tique comme discipline la lumi re des changements impos s la pratique artistique depuis Duchamp L esth tique n est pas tout simplement morte avec le ready made mais avec la r appropriation des proc dures duchampiennes elle a essuy un s rieux d placement de trait d finitoire de l art elle est devenue une forme de cas sp cial au sein d un nouveau chaos formel En r alit l esth tique contemporaine se revendiquant de la rupture de Duchamp se rattache au caract re spectaculaire de l uvre elle participe au m me processus de communication elle rel ve de l apparition spontan e attirant le spectateur et sert le plus souvent de r f rence aux discours autour de l uvre Le caract re de l esth tique contemporaine semble donc confus du moins il n est pas entendu entre les intervenants du r gime qui peuve
31. est plus l art qui est f t par les vernissages mais le rassemblement d lites Le r gime contemporain n est peut tre qu un spectacle parmi d autres o l instar des vedettes hollywoodiennes sur des tapis rouges les intervenants d filent dans les vernissages Le tout est d tre vu En ce sens Marc Antoine K Phaneuf entreprend alors une d marche distincte du tandem QQistes il aligne son approche artistique sur son autopromotion et cr e le collectif Marc Antoine K Phaneuf Contemporary 39 Art Le groupe MAKPCA app E dont Marc Antoine K Phaneuf est le pr sident directeur g n ral est un collectif d envergure variable dont le principal objectif est l avancement social de Phaneuf l int rieur du r gime La mise en march de son individualit s appuie donc sur la distribution de cartes d affaires et la r alisation de campagne de promotion de Phaneuf via les diff rentes revues d art contemporain locales MAKPCA qui rappelle sans quivoque les groupes de relation publique derri re les vedettes hollywoodiennes marque une modification radicale dans la pratique de Phaneuf Il ne travaille plus au centre d un projet cr atif avec les QQistes il ne s int resse maintenant qu au seul succ s de son identit un point tel o cette derni re d pouille les QQistes du qqisme En effet l activit de MAKPCA est tellement efficace que l identit de Phaneuf prend le pas sur les QQistes jusqu ce que le milieu
32. esth tique pas plus qu il ne d fend une esth tique contemporaine anti esth tique Il cr e artificiellement un propre artistique et esth tique par son propre discours en exploitant un mode de perception et de repr sentation de la distraction Ainsi la v ritable r volution issue de ce mod le esth tique contemporain est sa r sistance singuli re aux formes de r sistances 2 1 2 Le s rieux de la subversion La r flexion sur l art qui est possible aujourd hui l int rieur du r gime contemporain alt re l image de l art comme forme culturelle et sociale de r sistance En effet l appropriation du discours et de la r flexion esth tique par le r gime favorise non seulement un certain herm tisme du r gime contemporain mais aussi une sorte d uniformisation des oeuvres L esth tique de la distraction s appuie sur la standardisation des r flexes de perception et de pr sentation pour engendrer la croyance syst matique qu il y a l art Par contre cette esth tique d sensibilise aussi la conception contemporaine de l art dans la mesure ou elle transforme la valeur auratique des ceuvres Alors que les ceuvres le discours et l esth tique pointent vers le succ s du r gime qui les manipule le combat de r sistance semble perdu d avance Le culte voire le r gime contemporain est r duit se prendre pour objet Il lui faut donc sauver Ibid p 88 24 l aura au mieux la cr er facticement pour retrouver dans l ar
33. et plus tard Andy Warhol ont d tourn l identification de l art par l observation la diff rence entre l objet commun et artistique ne se reconnait plus l aspect formel de l objet 115 ont creus un passage dans la fronti re qui distinguait l art du non art Ensuite la r appropriation active du monde commun par l art contemporain a men une surench re d objets d art h t rog nes pourtant tous soumis une certaine tranget esth tique L id e que l objet d art se distingue du statut de l objet commun par sa dimension sensible soit le choix de l artiste et son mode d appr hension introduit par le ready made est maintenant plus qu accept e elle est la norme dans le milieu contemporain Le lien qui unit l art et la philosophie est garant du caract re artistique des objets d art Par contre cette conscience radicale de la nature philosophique de l art ne s int resse pas la question concernant la qualit de l art faut donc trouver une d finition qui non seulement est compatible avec l ensemble radicalement h t rog ne de la classe des uvres d art mais encore permet de l expliquer Il s agit alors pour consid rer l art comme tant de l art d aller chercher un appui dans l histoire et les th ories artistiques Certes l art ne tient plus du domaine du visible ou du mat riel mais en faisant appel l histoire de l art et ses th ories artistiques on peut tout le moins expliquer le caract re art
34. ils d joueront la mort et vivront dans le futur Turk et Phaneuf explorent l volution de la c l brit et de l immortalit dans le r gime contemporain et parient sur leur nom pour accomplir leur pr sence iconique et garantir leur influence au pass au pr sent et au futur au del de l influence destructrice du mus e sur les identit s Leur d marche comporte une int ressante reconnaissance renvers e dans la mesure o ce ne sont pas leurs uvres qui font acc der leur nom la c l brit mais leur nom c l br qui am ne tenir compte de leur production Un renversement de reconnaissance dont usent aussi les QQistes sans pour autant questionner directement la c l brit et l immortalit En effet les QQistes se sont appropri un statut leur permettant de critiquer le r gime plut t que d attendre la reconnaissance de leur statut pour effectuer leurs critiques De plus ils faconnent Voir BUREN Daniel Function of the Museum p 68 67 chacune de leurs performances comme des v nements historiques Ils en tirent toujours le maximum d archives qu ils conservent et exposent ensuite telles des reliques la mani re de Turk Autrement dit le cours traditionnel de la reconnaissance dans le temps est modifi par ces artistes qui parviennent ainsi manipuler leur int gration dans l histoire de l art et garantir la survie iconique de leur identit en son sein Pour durer l int rieur du r gime il f
35. l artiste dans la production de l oeuvre et de son sens marque la fin de l illusion de l autonomie de la pratique artistique et d voile l assujettissement de l objet d art au discours lui m me monopolis par le syst me artistique Les ready made et leurs d veloppements ont donc quelque peu boulevers la donne l int rieur du site de la collaboration entre les diff rents intervenants du syst me artistique dans l laboration et l mergence d une uvre t moigne dans un premier temps de la sortie de l art contemporain du cadre possible de la subversion puis dans un deuxi me temps de l tablissement d un nouveau type de syst me artistique CAUQUELIN Anne Petit trait d art contemporain p 116 89 Ce nouveau syst me se rapproche par son limination graduelle de l autonomie de l art expos sous sa tutelle d une autocratie c est dire d un r gime de l art contemporain Son activit influence et affecte diff rentes sph res du milieu artistique de mani re toujours encourager l existence du r gime et donc abolir toute possibilit subversive D entr e de jeu le r gime contemporain marque l tablissement d un certain relativisme esth tique en ce sens o il profite de la normalisation des proc dures duchampiennes et de leur multiplication dans la pratique contemporaine pour att nuer leur force r sistante En effet la prolif ration d uvres similaires se revendiquant inlassablement de la
36. le r gime contemporain n exige pas la d finition d un mode d apparence sp cifique que les ceuvres d art devraient rev tir En fait le r gime contemporain offre une vari t immense de choix artistiques et n emp che aucun artiste d opter pour l avenue qu il d sire puisque gr ce la nouvelle configuration des r les les ceuvres vont toujours finir par parler en fonction du r gime En effet il apparait que la principale caract ristique de l art contemporain soit le fait que ses ambitions premi res ne sont pas d ordre esth tique pointe en v rit le succ s du r gime contemporain Le triomphe du n importe quoi marque la fin de l esth tique et laisse plus d espace et de pouvoir au discours en faveur du r gime qui pour sa part favorise le n importe quoi comme mode de repr sentation puisqu il requiert d autant plus la participation du discours La contamination certaine de l art contemporain par le relativisme esth tique sert donc l activit du r gime Pourtant l art contemporain n est pas compl tement d sesth tis au contraire l existence et la persistance d un art flou et relatif donne naissance une nouvelle forme de pr sence esth tique Walter Benjamin avait d cel un nouveau mode de r ception de l art la distraction Selon Benjamin la r ception distraite de l art soit l tat contemplatif normalis par la mise en relation avec les espaces et les objets de l art signifiait que le spectateur n ta
37. m me inspiration du ready made met en marche une trange approche de l art soit la distraction Dans un univers de simulacres et de copies sur le th me d une all gorie de Duchamp attirer l attention du spectateur devient un d fi qu une approche toujours plus subversive se propose de relever La subversion dans l tat esth tique du r gime contemporain n est donc plus une d marche revendicatrice ou r sistante elle ne d fend ni causes ni id aux mais fonde comme son seul objectif le spectacle voire l impact sensible le plus puissant pour se d marquer D ailleurs cet univers d esth tique de la r cup ration et de la r appropriation claire une nouvelle re pour l histoire de l art c est dire la fin de l influence de l imp ratif historique sur la cr ation L ouverture sur la r appropriation des images pass es de la pratique contemporaine apparemment signe de libert cr atrice s av re tre aussi un dur constat d chec pour l approche subversive En v rit la r cup ration des images ne s effectue pas dans une perspective critique au contraire la pratique contemporaine cache son absence de sens subversif en se faisant le miroir des subversions pass es Ainsi la croyance se trouve en quelque sorte r confort e mais la pratique artistique particuli rement en se rattachant sans cesse l histoire de l art t moigne d un malaise dans la mesure o ses r appropriations ne formulent aucune proposition d avenir pour l
38. nom ou la signature c est l identit incarn e de l artiste et elle contient une valeur particuli re dans la mesure ou elle parvient devenir l image de celui ci La signature normalement utile pour valider l uvre d art est simplifi e en unique apparition du nom qui est devenu le th me ou l aboutissement de la d marche de ces artistes Cependant la part critique d une pratique ax e sur l apparition du nom s effondre quand soudainement l artiste est reconnu L ironie de la reconnaissance d un nom qui n est pas encore reconnu par le r gime n cessite que l artiste qui s y int resse soit justement un inconnu Alors le sens subversif de l activit de Turk des QQistes et de Phaneuf tient donc d abord leur r cente apparition sur la sc ne artistique puis leur capacit faire de leur absence de production artistique quelque chose qui parvient obtenir une valeur dans le r gime Faire briller l existence et la pr sence de leur identit d artiste travers une absence d ceuvres d passe la simple plaisanterie en v rit cela t moigne que la subversion est toujours viable par le r le de l artiste Toutefois derri re le mythe et la d marche subversive se cache une volont d autopromotion qui ne s int resse pas autant une r flexion critique du syst me qu l inclusion dans le r gime Leur qu te de reconnaissance conjure le sens subversif de leur mythe Ainsi Turk les QQistes et Phaneuf se confrontent la r a
39. pas d un r cit historique mais qui au contraire aborde chaque uvre selon ses propres termes Ainsi la t che de l historien critique serait aussi de produire un lien entre l artiste et la culture voire le pr sent dans lequel il volue mais sans sacrifier la figure de l artiste au profit de l esth te amateur des positions spectaculaires La situation contemporaine comporte de nouvelles circonstances et de nouvelles possibilit s qui invitent reprendre le r cit de l histoire de l art mais aussi viter les cueils du jeu de popularit effectif au sein du r gime Les conceptions traditionnelles de l histoire de l art proc dent de mani re consid rer seulement les types d art qui sont pertinents la poursuite du r cit historique les autres sans int r t se situent selon l expression d Hegel en dehors de la cl ture de l histoire Cependant l esth tique des attitudes court circuite les cl tures historiques et fait des h ros de qui sait manipuler les outils de l histoire Il est alors vident que l histoire de l art n est pas termin e comme discipline puisqu elle sert encore de mani re d tourn e dans le contexte contemporain la production artistique par contre sous certaines de ses formes et de ses m thodes c est probablement une discipline 3 puis e La situation contemporaine est en quelque sorte le stade final la conclusion du processus historique traditionnel e
40. portrait de l attitude construite et expos e par les artistes une attitude fortement marqu e par le march concurrentiel des individualit s Le temp rament de l artiste ceuvrant au sein du r gime doit d velopper une volont de r gner sur soi soit se nourrir de l histoire pour ensuite s en manciper et ordonner une nouvelle figure la sienne Ainsi l uvre qu il cr e partir de ses appropriations et m tissages historiques se propose d tre sa propre identit L artiste doit tre soi m me sa propre norme l objet principal de sa r ussite est son identit qui doit tout prix se distinguer de la foule et tre reconnue en tant qu ceuvre d art Autrement dit l artiste du r gime est un metteur en sc ne de situations et de nouvelles formes d existences il impose sa propre statue au r gime afin que ce dernier lui conf re le sceau de sa reconnaissance La force de l artiste du r gime est donc d arriver partir du neutre produire une individualit remarquable Il transfigure ses attitudes en formes et produit du sens partir de ce qu on pourrait d finir telle une esth tique de l existence Le glissement de l esth tique vers l existence entendue comme reconnaissance de l artiste ne signale pas de grandes transformations au sein du fonctionnement du r gime au contraire l existence de l artiste se soumet aux lois du r gime Si d une part la prolif ration d artistes soudainement plus grands que leu
41. positions culturelles exposent plut t l importance d une essence historique qui d pend des transformations sociales et qui ne rel ve en rien de l esth tique Pourtant cette prise de conscience de l ind cidabilit de l art esquisse le profil d un caract re esth tique propre l art contemporain l absence de croyance en sa distinction esth tique comme si la fin du Beau classique interdit l existence d un Beau postmoderne d faut de v ritablement sugg rer de nouveaux param tres pour une histoire formelle plus pr s des probl matiques du ready made la pratique artistique contemporaine fait tat d une r flexion sur les limites de l esth tique sans en consid rer les ouvertures Toutefois le jeu sur la limitation de ses pouvoirs et l incertitude m me de ses effets sert aussi la d finition d une esth tique contemporaine en ce sens o la remise en question r currente de l esth tique peut faire figure de mod le esth tique particulier l art contemporain et original puisqu il ne croit pas en sa propre existence En somme la situation esth tique gt RANCIERE Jacques Malaise dans l esth tique p 15 Expressions tir es d bid p 116 MICHAUD Y ves L art l tat gazeux p 112 RANCIERE Jacques Malaise dans l esth tique p 84 75 contemporaine s impose comme le nom d une confusion dont l organisation parvient identifier les objets les modes d exp rience et les formes de pens
42. promesse d mancipation par l art L examen du r gime contemporain partir de ses effets esth tiques et historiques t moigne d un rude avenir pour la subversion en art prime abord le d sengagement esth tique autour de l tablissement et de la standardisation de l esth tique de la distraction encourage le spectaculaire Cependant 11 s agit d une forme de spectacle vide de sens dont l objectif n est pas d illustrer une r sistance mais exclusivement de susciter un impact sensible L effondrement de la cl ture historique t moigne du m me vide de significations ou d absence de puissance r sistante de l art contemporain La nouvelle libert historique dont profitent les artistes rel ve d une angoisse certaine expliqu e par le d chirement de la production contemporaine entre les notions de m moire et d oubli Ce malaise face une histoire de l art dont on ne peut se d tacher scl rose toute volont d avenir et d aspiration subversive pour l art contemporain puisque c est la possibilit d un avenir diff rent qui est la source de la forme subversive ou r sistante Prisonnier d une dynamique d histoire du pr sent perp tuel l artiste ne b n ficie que d une relative libert de cr ation et doit r valuer sa croyance en sa pratique Ainsi en liant sa production artistique une qu te d identit entendu l int rieur du r gime comme une recherche de reconnaissance l artiste parvient revitaliser l art contempor
43. propagation de leur foi En effet entre l oeuvre comprise comme tant la production initiale de l artiste et son destin s installent les intervenants interpr tatifs et critiques qui polarisent le syst me contemporain vers la visibilit et la circulation de leurs propres discours Pour att nuer les cons quences d une telle convergence de la propri t de l art par le discours s appuyer sur l histoire de l art semble une chappatoire int ressante En confrontant les productions nouvelles au r cit historique il est possible de mettre de l ordre l o il y a une lourde remise en cause Un tri syst matique des cr ations artistiques selon leur raccord ou non au r cit historique offre une issue la convergence du discours et r tablit une forme de confiance en l appareil critique du syst me contemporain Une confiance tributaire de la quantit d histoire soit la somme de r f rences historiques que l artiste est pr t admettre dans l existence conceptuelle et mat rielle de son uvre Ainsi le syst me contemporain marque un d placement historique important qui bouleverse les conditions de cr ation Ces derni res sont appel es se conformer au mod le d fendu par les historiens et les critiques pour assurer l existence de l uvre La perturbation des r les dans le syst me contemporain dessine aussi un renversement de la position de la cr ation par rapport l histoire D un point de vue id ologique la production artis
44. propre l tat esth tique contemporain pour tenter une r volution nouvelle En effet les conditions d une esth tique des attitudes autorisent d faut de bouleverser l tat du r gime contemporain une r volution des formes de l existence sensible La structure du r gime contemporain exerce un pouvoir que l activit de l esth tique des attitudes ne peut pas s approprier puisqu elle se forme en son sein Cependant il est possible qu elle neutralise par elle m me les formes par lequel le pouvoir du r gime se dresse La loi du r gime accomplit la suppression conjointe de l esth tique et de la politique alors que de son c t l esth tique des attitudes oblige ce syst me se plier une autre loi l thique L thique doit se comprendre dans la conjoncture de l art contemporain comme une r flexion critique sur les cons quences de la relation entre l artiste et le r gime contemporain c est dire la r vision des normes et des r gles impos es dans ce syst me Ce tournant thique est possible par la nouvelle forme esth tique contemporaine qui parvient rabaisser le pouvoir et la force du Jugement c est dire l appr ciation du r gime qui le d finit comme art par le rapport l objet d art qu il impose En effet le passage de l objet d art un exercice d existence soit l expression sensible d une individualit transforme le rapport dominant domin entre le r gime et la production artistiq
45. r gime contemporain les activit s de la Ibid p 103 Ibidem BELTING Hans L histoire de l art est elle finie p 16 79 critique et de l histoire de l art se sont particuli rement rapproch es leur participation commune l dification de la signification de l oeuvre fait passer le plus souvent l historien pour un critique tardif Or bien que chacune de ces disciplines tentent de d finir la r alit de l art selon des objectifs diff rents l historien d art se trouve tout de m me en face d une controverse m thodologique due son implication dans la cr ation du sens de l uvre mais aussi son absence d ajustement au contexte de l art apr s la fin de l art Comme Onfray le souligne les historiens abordent l histoire de l art apr s Duchamp avec des instruments et des pens es p rim s pire 115 rassemblent sous la seule 22 MT TT v s gt des productions artistiques tout aussi diversifi es rubrique de l art contemporain qu inclassables dans les conditions du r gime Le r gime contemporain invite au changement permanent de sens de l uvre son mode de fonctionnement et d appr hension permet la r valuation constante des significations puisque chaque intervenant du syst me en interpr tant l objet d art se l approprie nouveau Autrement dit le r gime repr sente une dure prise de conscience pour l histoire de l art et la croyance en son activit il marque la fin d une repr
46. s il s agit de l ignorer ou de la d noncer nuit la d marche subversive en ce sens o son expression est moins convaincante La critique d un syst me qui ne se renouvelle pas qui se complait cr dible que par l assermentation du r gime prend la forme dans le mim tisme d une parodie d elle m me La mise en sc ne des codes du r gime au sein du r gime met en lumi re l importance de la position culturelle de l artiste et de ses r f rences mais comporte sans aucun doute un effet pervers puisque le message d nonciateur ne s adresse qu aux acteurs du syst me d nonc En somme qu elle se manifeste envers ou pour le r gime l esth tique contemporaine prend la forme d un assemblage de r f rences d finissant sa position culturelle mais dont le sens ne sera en r alit qu accessible l lite d j convaincue par elle 3 3 2 Pour l histoire de l art L entr e dans le r gime de Turk des QQistes et de Phaneuf se lie souvent un acc s par effraction dans l histoire comme si leur connaissance et leur respect des traditions du r gime et de l histoire leur avaient permis de recr er la reconnaissance n cessaire sans qu ils ne l aient vraiment gagn e Van Meergeren avait imit le style de Vermeer croyant comme le souligne Danto qu en s appropriant le style de l artiste il s approprierait aussi son statut ce qui ne f t Jamais le cas au mieux il f t reconnu comme un excellent imitateur Ainsi l appropr
47. se d gage de plus en plus des restrictions mat rielles pour fa onner une attitude artistique bas e sur le statut romantique de l identit d artiste Ainsi au pr alable une analyse des tenants esth tiques de l art contemporain il convient de mettre en lumi re l apport particulier de Marcel Duchamp et des ready made Au tournant des ann es 1910 Duchamp d laisse la peinture pour introduire dans le milieu de l art le ready made c est dire un objet commun choisi par l artiste et expos tel un objet d art Cette nouvelle d marche esth tique marqua l histoire de l art pr cis ment par le caract re esth tique quelconque de ces objets Les ready made ont boulevers la conception esth tique traditionnelle de l art puisqu ils taient de l art sans pour autant tre beaux tout le moins esth tiques D s lors les ready made marquent une rupture fondamentale la beaut c est dire l esth tique ne peut plus constituer un attribut d finitoire de l art La d marche de Duchamp fait surgir une diversit d attitudes artistiques qui s activent au d triment d une conception esth tique de l uvre en tant qu objet charg de valeurs formelles La pens e et l activit artistiques sont alors confront es une certaine r volution la r volution du regard et du support c est dire la r vision de leur place dans le syst me d valuation de l art En effet quand Duchamp assassine le Beau en soi il remet su
48. sont des exemples frappants Cave et le travail sur la signature de Turk r f rent l art moderne et sa mise en march c est dire sur la base de la valeur de l identit de l artiste comme si la signature marquait elle seule la valeur d une ceuvre Tout comme Turk la d marche des QQistes est volontairement align e une recherche d inscription dans l histoire comme l indique le nom du tandem qui s impose de lui m me dans les ijsmes historiques Paradoxalement cette qu te de reconnaissance historique de ces artistes se conjugue avec une pratique qui d nonce le r gime et son syst me de reconnaissance comme si l essentiel de leur d marche tait en v rit d entrer dans l histoire telle l homme qui y mit fin L existence sublime vis e par ces artistes comprise en quelque sorte comme l existence finale comporte quelques cueils Leur r cup ration outranci re des codes et mod les de l histoire de l art peut autant r v ler une individualit qui informe son temps qu un individu qui n est qu une caricature de ce que l poque produit Cette culture retroactive dont font tat les pratiques de Turk et des QQistes en recyclant l histoire pour des motivations personnelles met en lumi re le sens de la vie de l artiste dans l histoire En effet comme tudi pr c demment dans les ONFRAY Michel La sculpture de soi p 131 Voir TURK Gavin Last of England Freize p 30 TOURIGNY Manon Cec
49. 0 65 x 50 cm Coefficient d art 22 4378 breuvage sugg r Sea Breeze HURTUBISE Jacques Millie s rigraphie sur papier dition 20 150 1970 50 x 50 cm Coefficient d art 18 3 breuvage sugg r Orange Blossom LA TERREUR C line B Charlie raton laveur et velours 2001 42 x 30 x 30cm Coefficient d art 22 4378 breuvage sugg r Angels Tip LA TERREUR C line B Buren acrylique et faux ongles sur bois 2003 30 5 x 35 5 cm Coefficient d art 100 breuvage sugg r Pink Lady LA TERREUR C line B Gore acrylique sur bois 2004 40 6 x 61 cm Coefficient d art 70 170 170 1701 breuvage sugg r Black Russian LEMOYNE Serge Le Masque Ken Dryden s rigraphie sur papier dition 7 35 1978 50 x 70 cm Coefficient d art 29 breuvage sugg r Vodka NACCACHE Ziad Sans titre clairs acrylique et huile sur toile 2004 183 x 183 cm Coefficient d art 3 breuvage sugg r Alexander NACCACHE Ziad Sans titre jardin Encre aquarelle et impression num rique sur papier 2004 14 x 14 5 cm Coefficient d art 2176 1 breuvage sugg r Cranberry Kiss PHANEUF Marc Antoine K Cabaret voltaire ruban gomm et plastique 2003 30 4 x 41 4 x 1 7 cm Coefficient d art 4141 breuvage sugg r Salty Dog PHANEUF Marc Antoine K Bauhaus t flon 2004 26 x 26 x 4 1 cm Coefficient d art 0 00180003 breuvage sugg r Screwdriver 96 PHANEUF Marc Antoine K Monkeywhor
50. 3 Gli piccole porti della verita 3 Test de destruction tes vous un bon visiteur de mus e 200 feuilles emporter manuel d instructions 3 2004 dimensions variables Arr t sur image de la vid o promotionnelle montrant les outils d analyse 117 FIGURE 13 QQISTES Les Balade au c ur de la V rit de l art quarante plaquettes m talliques parsem es dans la ville de Qu bec et ses institutions artistiques et une installation 2005 dimensions variables Exemples de plaquettes A E a m gt mI ICM RUN LT TEES PUO el eo O Mot Ei ron Xu r ACE cpi LT MEM his H 5 uk MEES nh ends CELA PEL R AT 118 FIGURE 14 QOISTES Les Balade au c ur de la V rit de l art quarante plaquettes m talliques parsem es dans la ville de Qu bec et ses institutions artistiques et une installation 2005 dimensions variables Vue de l installation Balade au coeur de la V rit de l art ave wet A ark 119 FIGURE 15 QOISTES Les Le luxe du vernissage happening donnant lieu l exposition de 74 photographies domestiques 29 octobre 2005 photographies 10 x 15 cm Exemples de photographies 120 FIGURE 16 PHANEUF Marc Antoine K Signature dans les livres d or encre et papier 2003 aujourd hui dimensions variables Exemples de signatures Go meam eme at Claus E puce bus iu m
51. Homme fait est Art l gor de Saint Hippolyte 103 APPENDICE D Liste des l ments de l happening Le luxe du vernissage Deux personnes de petites tailles nains Une mascotte Un homme transsexuel d guis en lapine en latex rose Une grande brul e en tenue de soir e Un itin rant Un caricaturiste qui r alisait au air brush des portraits des QQistes Un homme malpropre qui salissait les invit s Une femme ayant pour objectif de draguer les hommes pour ensuite leur tre intol rable Un dragueur chronique et envahissant Un critique qui manifestait qui veut l entendre que l exposition tait nulle Un professeur de conditionnement physique qui donnait des conseils aux gens Un politicien qui n a fait que passer sa t te dans le cadre de porte puis est parti la course Un magicien qui leur a pos un lapin Un gorille qui effectuait un strip tease tout en chantant un t l gramme Un g teau g ant avec une danseuse qui en sort Buffet kitsch produit par les commissaires de l v nement Cr me de menthe verte comme seul breuvage offert Un comptoir d abonnement la revue Aventure Chasse et p ches offrant gratuitement soixante num ros Fond musical de musique polka soit une boucle de 90 secondes qui tourne l infini Des ballons des confettis et des serpentins dispers s sur le sol APPENDICE E Liste des membres du collectif MAKPCA et leur t che Marc Antoine K Phaneuf
52. UNIVERSIT DU QU BEC MONTR AL ART CONTEMPORAIN LA FIN DE LA SUBVERSION M MOIRE PR SENT COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MA TRISE EN TUDES DES ARTS DOMINIQUE SIROIS JANVIER 2008 UNIVERSIT DU QU BEC MONTR AL Service des biblioth ques Avertissement La diffusion de ce m moire se fait dans le respect des droits de son auteur qui a sign le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles sup rieurs SDU 522 R v 01 2006 Cette autorisation stipule que conform ment l article 11 du R glement no 8 des tudes de cycles sup rieurs l auteur concede l Universit du Qu bec Montr al une licence non exclusive d utilisation et de publication de la totalit ou d une partie importante de son travail de recherche pour des fins p dagogiques et non commerciales Plus pr cis ment l auteur autorise l Universit du Qu bec Montr al reproduire diffuser pr ter distribuer ou vendre des copies de son travail de recherche des fins non commerciales sur quelque support que ce soit y compris l Internet Cette licence et cette autorisation n entrainent pas une renonciation de la part de l auteur ses droits moraux ni ses droits de propri t intellectuelle Sauf entente contraire l auteur conserve la libert de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont il possede un exemplaire REMERCIEMENTS Je tiens remercier Mme Th
53. ain en sugg rant un avenir possible mais pour sa seule individualit L artiste demeure alors le seul point partir duquel l ventualit d une renaissance de la forme subversive puisse subvenir Chapitre 3 LES ARTISTES ET L AVENIR DE L ART 3 1 La manipulation de l histoire de Gavin Turk 3 1 1 Appropriation et r volution Le spectacle de l art contemporain s attache donc la mise en sc ne de l individualit de l artiste le seul fournir l illusion d un avenir pour l art et surtout pour l approche subversive L esth tique ne se fonde plus sur une m thode mais sur un objet compl tement d nu de sa force id ologique et r sistante au profit de l expression spectaculaire l int rieur du mod le historique contemporain clat et d chir entre les notions de m moire et d oubli incombe alors l artiste de proposer un avenir artistique sur de nouvelles bases celles promises par sa croyance en sa pratique Pris au pi ge dans un r gime artistique s acharnant faire l histoire au pr sent le plongeant alors dans une dynamique d apparition l artiste doit d velopper de nouvelles strat gies d existence partir de l tude des d marches artistiques de Gavin Turk de Marc Antoine K Phaneuf et des QQistes nous pr senterons comment l activit de l artiste peut parvenir r unir les notions de m moire et d oubli de les conjuguer au futur et contourner les m canismes du r gime contemporain m me si ce ne
54. artiste dans le r gime contemporain est d autant plus fragile et incertaine que la survie de la subversion en art contemporain repose sur lut Si l ironie d une pratique contemporaine qui parvient pointer ce malaise tout en s appuyant sur le malentendu volontaire d une subversion admise par le syst me dominant peut sembler justement subversive 11 est incontestable dans la mesure o rien n est fait pour dissiper ce paradoxe qu il y a aussi toutes les chances pour que la subversion s essouffle jusqu la disparition trop vouloir faire partie du r gime contemporain Chapitre 4 LES CROYANCES CONTEMPORAINES 4 1 Une r vision thique du concept esth tique 4 1 1 La situation esth tique et ses limites La situation contemporaine de l art est particuli re en ce sens o la pratique subversive se doit pour exister de collaborer avec le syst me dominant qu elle critique Alors que certains d finissent cette situation sp cifique contemporain comme une crise nous l analysons tel un d placement de la croyance en l art et en son principe d structurant L art contemporain ne r pond plus une volont de puissance c est dire que les significations qu il produit ne sont pas destin es tre renvers es avant de s tablir en fait Au contraire les significations produites par l art contemporain s alignent sur la hi rarchie des valeurs culturelles du r gime En fait la croyance en un art agissant comme facteur de
55. artiste et son identit travers cette prise de conscience de la part historique et de son poids dans la reconnaissance de l artiste les uvres de Turk remettent aussi en question le futur possible de l artiste En effet la dimension comm morative de ces sculptures nonce aussi un commentaire sur la mort En fait l id e de mort dans ces uvres correspond surtout une facon de penser tre vivant puisque Turk aborde sa carri re par la fin c est dire l hommage et met particuli rement en forme son existence sa vie d artiste Turk construit sa mythologie d artiste c l br mais 1l laisse ouverte la question savoir pour qui et pourquoi il est c l bre car cela importe peu l uvre n est qu un outil pour la reconnaissance historique de l artiste 3 1 3 La perte de l identit L intronisation de l artiste Gavin Turk dans le temple s lect de l histoire de l art r v le la nature des outils du r gime contemporain soit leur capacit cr er un sens ou une valeur sans qu il n y ait d objet Alors Turk se propose lui m me ou plut t sa signature comme objet d incarnation du mythe Dispos la mus ification de soi Turk pr sente telle sa biographie Gavin Turk fig 6 un bas relief monochrome illustrant sa propre signature Avec cette mise en uvre de sa propre signature l artiste red finit les clich s modernistes de reconnaissance En effet Turk simplifie l extr me le processus d identification et d
56. artistique pr sume que les QQistes n taient en v rit que Phaneuf et qu il s av re leur esprit qu il est l unique instigateur de la pratique du tandem ce jour l activit de MAKPCA s est principalement int ress e la mise en march du nom de Marc Antoine K Phaneuf afin d en assurer la reconnaissance imm diate Un peu dans le m me esprit que Le luxe du vernissage Phaneuf avait entrepris depuis septembre 2003 de signer les livres d or fig 16 des expositions qu il visitait sous l identit de personnalit s connus du milieu artistique Ces livres destin s recueillir les impressions des visiteurs d une exposition servent le plus souvent aux organisateurs pour savoir qui est venu la visiter cette habitude voquant bien s r la parade des personnalit s d nonc e par Le luxe du vernissage Bien que le travail sur la signature rappelle certaines uvres de Turk l exploitation qu en fait Phaneuf am ne la probl matique de l identit sur une autre voie En fait Phaneuf s approprie litt ralement le nom voire la signature de gens connus et joue avec le syst me de vedettariat du r gime contemporain 11 manipule la machine promotionnelle du r gime contemporain ax e sur la simple pr sence d une personnalit et la d tourne en sa faveur La pr sence d une personnalit vedette signifi e par la fausse signature dans le livre d or fera 60 automatiquement le tour de bouche oreille du milieu artistique dans un rayon d
57. ations dans le cas des QQistes c est le simple fait de nommer sur leur jeu les noms de Cauquelin Barthes et Petrowsky qui am ne questionner la valeur de l activit des gens cit s C est la pertinence m me de la renomm e et du travail de ces personnalit s qui est remise en question la citation profite autant l image de Critique en herbe qu elle nuit au statut des cit s d autant plus que les QQistes mettent sur le m me pied d galit une th oricienne de l art le p re de la s miologie et une chroniqueuse culturelle locale Autrement dit le regard cynique que posent les QQistes sur l activit critique s int resse aussi aux performateurs de cette profession autant la valeur de la critique que celle du critique sont vis es par Critique en herbe Par contre le Les expressions cit es sont Tabernacle attribu e Barthes et La plus grande production culturelle depuis Le retour du Jedi attribu e Petrowsky 56 cynisme derri re ces citations comme pour les coefficients et la conf rence n est intelligible que pour le public adh rent d j une certaine culture la masse qui est pourtant destin e le Jeu est exclu En effet les personnalit s de Cauquelin Barthes et Petrowsky r f rent diff rentes approches intellectuelles ou culturelles qui ne sont pas accessibles l ensemble du public La citation est un outil privil gi par les QQistes dans leur questionnement sur la v rit de l a
58. aut comme ces artistes n avoir pour seul capital que sa vie et savoir faire du temps un outil pour polir et faire briller son existence La c l brit laquelle participe aussi cette analyse ne sera peut tre pas ternelle il faut donc que ces artistes fabriquent leur mythe une all gorie sur le th me de leur identit qui engendre un nouveau type de rapport entre la production artistique et l histoire de l art La d marche de Turk des QQistes et de Phaneuf est une manifestation marquant la mort de l identit naturelle et l av nement de l identit culturelle qui d signe des interrogations et des mises en sc nes sp cifiques sollicitant de l histoire de l art une r flexion et une pens e adapt e Les pratiques nihilistes la limite de la futilit de ces artistes expriment le besoin contemporain de cr er peut tre par abus de connaissances historiques la derni re ceuvre celle qui comprendrait tout au sujet de la production artistique tout en y mettant un terme N anmoins il n est pas certain que l attitude spectaculaire caract ris e par leurs pratiques ne soit r ellement l outil qui leur permettrait de conserver leur puissance dans l histoire La d monstration excessive de leur individualit peut aussi tre le dernier mouvement de l impuissant enlis dans l histoire laquelle il croyait chapper ONFRAY Michel La sculpture de soi p 109 7 Ibid p 140 68 3 3 3 Pour l artiste La d m
59. bidem Dans LONG Declan Are You Someone Circa 31 38 compagnies phares du march de la mode L expression de l identit et la mise en lumi re du personnage de l artiste prennent ainsi une dimension particuli re dans la production artistique I n est pas r cent que l art signale l identit d un groupe ou m me que la culture participe une certaine repr sentation de soi La diff rence que marque le r gime contemporain est que l art n est plus tant le v hicule de l identit mais l identit m me Dans le march prolifique de l art contemporain les efforts de singularisation sont tellement multipli s qu ils se reconnaissent le plus souvent par leur pr carit ne s agit pas de pr senter des chefs d uvre mais de marquer sa place de se signaler et d exister Ainsi le r gime pr sente toujours plus d histoires d identit s dont la prolif ration les rend aussi toujours plus temporaire tre vu ne suffit pas il faut savoir rester travers le temps La notori t illusoire de ces identit s construites et mises en sc ne pour le r gime contemporain d finit le d part d un nouveau jeu entre l artiste et le milieu artistique Il y a un renversement des valeurs Les artistes des avant gardes travaillaient hors du syst me et se consid raient comme des acteurs du changement social voire de la r volution envisag e sous la forme d une cr ation artistique subvertissant le statu quo institu
60. champienne n aurait pu tre possible sans Justement la reconnaissance de l artiste qui la d clenche sans la confirmation d un statut autorisant choisir ce qui deviendra un objet d art simultan ment la mise en chec du beau et la r v lation de la d pendance philosophique de l art le ready made souligne l importance du statut d artiste dans la d marche artistique La rupture duchampienne a d r gl le lien entre le Beau et la d finition de l art en rapport avec le non art elle a remplac le Beau par l artiste Le Beau n est plus une finalit de l art et participe encore moins sa d finition l artiste devient en quelque sorte le crit re distinctif de l art dans la mesure o son statut lui permet de distinguer par son choix l art du non art 1 1 2 La r appropriation du ready made L acceptation du ready made dans le milieu artistique a provoqu plus qu une rupture elle a engendr de nouveaux param tres dans la d finition de l objet d art Pourtant malgr la popularisation des proc dures duchampiennes le probl me autour de la d finition de l objet d art n a pas t r solu Au contraire le milieu de l art s est appropri la pens e de Duchamp et sa d marche cr ative au point d en faire pratiquement la fonction d finitoire de l art contemporain Ce n est pas le ready made en soi que le milieu contemporain s est appropri mais bien d faut d en tablir un son processus d identification Duchamp
61. d sorganisation des syst mes tablis s effondre avec l affirmation d une pratique contemporaine au service des attentes du r gime et laisse place un malaise Cependant un malaise n est pas une fin en soi pour l art au contraire il est n cessaire de r tablir la croyance en la pratique artistique contemporaine pour qu elle puisse survivre dans le temps En r alit le fonctionnement actuel du r gime s appuie encore sur une croyance en l esth tique en l histoire de l art et en la subversion m me si elle a subi de s rieuses modifications Ainsi la lumi re de l examen des transformations engendr es par le r gime contemporain nous valuerons comment la croyance en l avenir de la pratique artistique contemporaine peut persister La th orie esth tique classique c est dire celle construite partir de la notion du Beau a subi une violente remise en question de son r le et de ses limites avec le ready made En fait l impact de l uvre de Duchamp consiste d abord en la Voir MICHAU D Yves La crise de l art contemporain 305 p Voir VATTIMO Gianni La volont de puissance en tant qu art p 101 125 r ussite de faire admettre un objet comme tant de l art en l absence de consid rations de go t et de beau puis en la d monstration que l esth tique n est en fait pas une propri t essentielle ou d finitoire de l art En d autres termes l attribution du statut d objet d art au ready made met
62. d art Chaises 0 000822222 Table 4 12091 H BERT Louis Philippe Monument Octave Cr mazie bronze et granit 1906 5 m Carr Saint Louis Coefficient d art 120007 98 LALIBERT Alfred Monument Dollard des Ormeaux bronze 1920 2 9 m Parc Lafontaine Coefficient d art 44 96 MASSON Raymond La foule illumin e polyester stratifi avec traitement polyur thane 1985 1 5 x 6x 3m Avenue McGill Coefficient d art 1 768 x 10 la 23 RIOPELLE Jean Paul La joute bronze 1969 1970 3 8 m Place Jean Paul Riopelle Coefficient d art 29 99 VAILLANCOURT Armand Hommage au tiers monde fonte coul e 1967 63 m Carr Saint Louis Coefficient d art 13849 637 V AILLANCOURT Armand Pour le chien du Qu bec fonte coul e 1965 81 m Carr Saint Louis Coefficient d art 42 9 V AILLANCOURT Armand Trinit fer et mat riaux de ferraille 1962 89 m Carr Saint Louis Coefficient d art 74 6740674 VIVOT L a Le banc du secret bronze 1989 2 x 3 x 1 m Avenue McGill Coefficient d art au carr 99 APPENDICE C Liste des citations pour Balade au c ur de la v rit de l art 1 En arts comme en cuisine il s agit d paissir la sauce afin qu elle soit facilement mall able THEROUX Shirley Le manger pour les dentiers f roces Paris Hazan 1999 p 453 2 Art Ensemble de moyens de proc d s r gl s qui tendent une certaine fin D finition tir e
63. de cet id al puisqu ils n duquent pas tant le public sur l art que sur la v rit questionnable de l activit des intervenants ceux l m mes qui se devaient pourtant de l duquer Les QQistes s appuient sur le lien de confiance entre le public et les intervenants du milieu artistique pour poser leur programme ducatif d tourn Une confiance qu ils sont en droit de revendiquer partir de leur dipl me universitaire en histoire de l art mais qu ils troublent aussi par le caract re cynique de leurs interventions En ce sens la Conf rence sur la v rit de l art fig 10 illustre aussi le d tournement de v rit et de sens possible partir du lien de confiance entre le public et les intervenants du r gime Pr sent e Rouyn Noranda dans le cadre de l dition de 2006 de la Biennale d art performatif la conf rence des QQuistes sugg re ses auditeurs de d couvrir la v rit de l art Cependant plus la conf rence se prolonge plus elle prend la forme d une farce absurde dans la mesure o le discours des QQistes est truff d incoh rences le plus souvent perceptibles que par un public r ceptif l art contemporain Ainsi le double discours des QQistes d j pressenti dans Les coefficients d art devient alors plus flagrant En effet les QQistes se moquent des professionnels de l histoire de l art et de leur aptitude faire passer leurs id es pour la v rit incarn e en abusant de la confiance du public n ophyte
64. des avant gardes Ainsi la rupture esth tique de l art l poque moderne correspond donc une rupture analogue dans l histoire de l art laquelle est justement exploit e actuellement par l art contemporain L originalit du contexte contemporain rel ve du fait que l art n vite plus la confrontation avec la discipline de l histoire au contraire il fait ressortir de ce rapport des probl mes nouveaux D s lors que l art lui m me avait pos la question philosophique sous sa forme v ritable c est dire la question de la diff rence entre art et r alit l histoire tait finie Affirmer que l histoire est finie ne signifie pas la fin de l avancement ou m me la fin de l art Cette proposition d signe seulement que l histoire ne forme plus une cl ture incluant ou excluant les uvres En effet aux suites de la rupture ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p 82 BELTING Hans L histoire de l art est elle finie 26 DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 173 29 moderne la situation contemporaine est fondamentalement non structur e par l histoire l histoire de l art organis e de mani re narrative n y a plus d influence Paradoxalement cette embrasure dans la structure de l histoire de l art a incit la production contemporaine prendre la forme d une sorte d histoire de l art appliqu e Les d tournements historiques et les r appropriations de l art co
65. du Petit Robert dition de 1991 3 Les arts visuels pris dans un insoutenable marasme ne sauront malheureusement jamais s lever au niveau du King de Notre King Elvis Presley BOIS Yve Alain King Cogne L idole d un peuple Suivi de Le King est mort pour vos p ch s Paris Grostas 1981 p 101 4 L art est mort vive le lard Les QQistes 5 L art Ca doit choquer Guy Cogeval directeur du Mus e des Beaux Arts de Montr al dans ROUMANES Jacques Bernard et Bernard L VY Pierre Th berge John Porter Guy Cogeval Profession Directeurs de mus e Sp cialit Beaux Arts Vie des Arts No 194 Printemps 2004 p 56 61 p 57 6 Chaque fromage est une uvre d art Yannick Hachim dans JOHNSON Richard Yannick Hachim Chaque fromage est une uvre d art Journal de Montr al Cahier Votre argent 22 mai 2004 p 11 7 L art doit toujours aller trop loin Hubert Aquin 8 Gauguin n est qu un romantique attard VAISSE Pierre Du r le de la r ception dans l histoire de l art Histoire de l art n 35 octobre 1996 p 3 8 p 6 9 L art c est la sant Y ves Klein 100 10 Tex Lecor CA c t un artisse Guy Aubin 11 Ne manquez pas les QQistes au centre d art Amherst 1000 rue Amherst Montr al le 22 octobre 2005 Amenez votre cheptel 12 Espace g ch n importe quel endroit affubl d art Andy Warhol 13 Avant d
66. e l initiation de l individu qui s y frotte L esth tique de la distraction suscite aussi d un point de vue radical l inertie des fid les les spectateurs qui acceptent les certitudes et les discours du clerg esth tique du r gime contemporain pour les guider Bien que cette d finition vacue les capacit s interpr tatives et sensibles du spectateur 11 s av re n anmoins que ces aptitudes ne sont tout simplement pas sollicit es par l esth tique de la distraction Cette nouvelle sensibilit esth tique qui n en est pas une puisqu une sensibilit exige une relation plus impliqu e que distraite par rapport l eeuvre marque une r volution subtile des formes de repr sentation et de perception D une part on constate que les uvres sont isol es du public par la multiplication des couches de discours leur permettant d tre ceuvres l int rieur du r gime et d autre part l exp rience distraite de ces oeuvres exige justement l intervention plus importante du discours Ainsi le r gime contemporain a le champ libre pour transgresser les fronti res de l autonomie esth tique de l art et nier l exp rience esth tique traditionnelle selon ses propres besoins Cette r volution lente de la repr sentation et de la perception exige du MICHAUD Yves La crise de l art contemporain p 64 ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent 23 27 r gime qu il trouve des appuis ext rieurs pour son discours l art conte
67. e interpr te et l artiste ne b n ficie pas d une compl te libert de cr ation il oeuvre en vue d un impact sensible Ainsi n ayant plus vraiment de contenu d fendre ou pr senter la critique la fonction sociale de l artiste a graduellement perdu son contenu C est pr cis ment cette image de l artiste qui est touch e c est dire son potentiel de r sistance sociale et culturelle d faut de contenu de projets d fiant l art soit de libert totale les individualit s se sont exacerb es La croyance en l art passe par la croyance en sa propre individualit L identit de l artiste devient en quelque sorte la finalit de l art 2 3 2 Bxistence et jeu social Le signe distinctif du r gime contemporain est sa manipulation des croyances autour de l existence de l art L engagement nouveau des artistes dans la qu te d identit r pond l effondrement et au glissement des valeurs qui formaient la perception traditionnelle de l activit artistique En fait l esth tique de la distraction et de la nouveaut n cessite un effort de singularisation plus important des artistes La reconnaissance standardis e des objets d art et l exigence primordiale d un impact sensible d finissent un milieu artistique contemporain se rapprochant du new branded world d fini par Naomi Klein Dans l environnement tr s contr l du r gime contemporain les artistes deviennent l quivalent des Ibid p 156 I
68. e probl me nouveau t moin de la confrontation de l art contemporain avec l histoire est cette incapacit d oublier qui nuit l action soit la construction d un avenir artistique Pourtant la projection dans un avenir possible implique aussi une capacit de m moire et donc une conscience d histoire faire Les besoins d oubli et de m moire sont alors n cessaires et indissociables autant du point de vue de l art contemporain que de celui de l histoire de l art Il n y a pas de m moire envisageable sans possibilit d oublier 2 2 2 Vers un art posthistorique Il y a un degr d insomnie de rumination de sens historique qui nuit l tre vivant et finit par l an antir qu il s aje A 27 s agisse d un homme d un peuple ou d une civilisation La pratique contemporaine pointe vers le pass mais cette d marche n est toutefois pas le t moignage frustr d un pr sent qui affirmant son rapprochement avec le pass r alise qu il n en sera jamais lib r 11 serait pr judiciable de comprendre la confrontation entre l art contemporain et l histoire de l art comme le fruit d une d sillusion face l avenir de l art La relation contemporaine de l histoire et de l art invite une r valuation du positionnement de la pratique artistique actuelle dans le temps En effet le constat majeur d une coop ration n cessaire entre les questions de m moire et d oubli r v le la conscience nouvelle par l art cont
69. e styromousse acrylique et tissus 2003 74 x 92 x 21 cm Coefficient d art 5 breuvage sugg r White Russian PICASSO Pablo Corrida Vallauris hthographie sur papier 1956 27 x 20 cm Coefficient d art 173 2 breuvage sugg r Gin 97 APPENDICE B Liste des uvres pour Les coefficients d art public BUREN Daniel Neuf couleurs au vent tissus 1984 drapeaux 9 x 3 m m t 15 24 m Place Urbain Baudreau Graveline Coefficient d art 3 7 CHARNEY Melvin Gratte ciel cascades d eau rues ruisseaux une construction tour l ouest b ton granit et acier inoxydable 1989 1992 15 17 m Place milie Gamelin Square Berri Coefficient d art 122 1 CHARNEY Melvin Gratte ciel cascades d eau rues ruisseaux une construction tour centrale B ton granit et acier inoxydable 1989 1992 15 17 m Place milie Gamelin Square Berri Coefficient d art 122 CHARNEY Melvin Gratte ciel cascades d eau rues ruisseaux une construction tour l est b ton granit et acier inoxydable 1989 1992 15 17 m Place milie Gamelin Square Berri Coefficient d art 933 3337 DAUDELIN Charles Mastodo b ton moul et acier 1975 3x 5x 15 m Square Viger Coefficient d art 19472604 008 GOULET Michel Les le ons singuli res deuxi me partie bronze et acier inoxydable 1991 table 30 x 250 x 250 cm chaises 89 cm Parc Lafontaine belv d re L o Ayotte Coefficient
70. e cire ces artistes devant la m me circulation effr n e de productions sans aura et sans pouvoir d affect esth tique se d lectent d une situation sans autre issue que l inflation des simulacres Ainsi la pratique de Turk des QQistes et de Phaneuf am ne la question esth tique d j d barrass e du beau vers la compr hension d une nouvelle forme de crit re En effet la r cup ration massive et litt rale d l ments ou de noms soit reconnus par le r gime ou participants une culture populaire montre que dans le syst me contemporain l esth tique est devenue en quelque sorte la position culturelle de l objet c est dire que c est la position culturelle des r f rences qui justifierait la valeur culturelle de l objet et son statut d uvre d art Ces artistes m langent des r f rences renvoyant diff rentes positions culturelles mais toujours en s adressant l lite dans l optique de se faire accepter par le r gime Les r f rences et leurs valeurs culturelles vari es deviennent des cartes de visite pour les artistes un gage de leur habilit transformer le populaire en art Cependant le besoin de ces uvres d tre inclues dans le r gime pour prendre un sens rend probablement la d marche r sistante plus faible L exigence de JACQUES Alison Gavin Turk Flash Ar 98 MICHAUD Y ves La crise de l art contemporain p 71 64 reconnaissance des artistes et de leurs uvres m me
71. e forme spectaculaire Le relativisme entourant l esth tique contemporaine ne marque pas la fin de l esth tique en soi elle existe toujours mais sous une nouvelle forme qui invite revoir les modes de perception et d exposition des ceuvres En s appuyant sur une esth tique de la distraction le r gime contemporain s pargne ce tvpe de r valuation en privil giant une standardisation du rapport entre le spectateur et l uvre c est dire que la normalisation du mode de pr sentation de l art implique la reconnaissance automatique par le spectateur de l objet en tant qu uvre Alors qu une valuation critique se fait moins n cessaire sous l esth tique de la distraction la reconnaissance de l artiste et de son uvre s appuie aussi sur une nouvelle approche elle se fonde dor navant sur la visibilit m diatique Cette r v lation de l artiste et de son ceuvre par l acc s la visibilit c de plus de pouvoir au discours qui forge dans ces conditions le sens de l uvre mais aussi son identit sensible Cependant cette standardisation esth tique des rapports entre spectateur et ceuvre et des identit s sensibles uniformise le paysage artistique contemporain qui pourtant a plus que jamais besoin de spectaculaire pour susciter une certaine visibilit Si la pratique subversive s impose comme approche privil gi e l int rieur du r gime contemporain elle n est pas moins exempte de r flexion qui tente la r sistance La s
72. e l unicit pas l assentiment La possibilit d une esth tique des attitudes repose surtout sur la pratique artistique de la vie quotidienne comprise par exemple chez Turk les QQuistes et Phaneuf comme un exercice d existence La pratique contemporaine vise l incarnation de l identit de l artiste en d autres termes le vouloir de l artiste est le principal instrument de l op ration artistique et c est dans ce d sir abouti de transfigurer la vie qu elle incarne la possibilit d un mod le esth tique fond sur les attitudes Le r gime contemporain a introduit l uvre ouverte dont la nature suppose qu elle est nouvelle chaque consid ration dont elle fait l objet Jamais termin toujours en mouvement ob issant sans cesse plus de sollicitations le sens de l oeuvre ne se fige pas dans son parcours l int rieur des institutions du r gime Cependant une esth tique des attitudes tend modifier les propri t s de l objet d art et ainsi limiter les exc s du discours son sujet tre une chose de l art r f re non plus une distinction parmi les modes du faire mais une distinction ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p 81 ONFRAY Michel La sculpture de soi p 111 77 parmi les modes d tre autrement dit le discours ne peut se contenter de sp culer sur l identit et le sens de l objet il doit plut t s exercer comme une rencontre avec l Autre La r volution autoris
73. e par l esth tique des attitudes permet que l on pose la singularit d un tre en objet esth tique soit les attitudes qui deviennent formes et consent alors accomplir une jonction entre l esth tique et l thique qui transforme le rapport entre l art et le discours Faire des attitudes une uvre d art pr sume une d termination thique que ce soit dans l instrumentalisation de la volont ou dans la mat rialisation de l existence il n y a pas d objet d art sans d cision de structurer une esth tique de l tre voire une thique de la forme qui met l accent sur la notion d change entre l objet d art et la volont de l artiste En effet l esth tique des attitudes oblige le jugement critique et le discours revoir le fond de leur activit comme un rendez vous avec l Autre et donc int grer une part d thique leur pratique Or la structure de ce nouveau rapport entre l objet d art et le discours aboutit une sorte de pluralisme in dit se r alisant de mani re plus pr cise travers un ventail largement ouvert de m dias artistiques favorisant du m me coup l apparition d un ventail largement ouvert de motivations artistiques qui en somme ne facilite pas le r tablissement de la croyance en art pas plus qu il ne restitue la forme subversive En fait l entreprise d une esth tique des attitudes suppose l affirmation de valeurs utiles et la n gation du nihilisme qui travaille l art contemporain au
74. e regard averti de Nicolas Poussin peut comprendre la force sot rique de mon ceuvre Nicolas Poussin 27 Lorsque l art entre dans une maison la violence en sort Fernando Botero 28 Les grands plaisirs dans tous les arts ne sont que pour les connaisseurs Voltaire 29 La vraie cuisine est une forme d art Un cadeau partager Oprah Winfrey sur l esth tique relationnelle Extrait de a cuisine avec Rosie 30 Si ca se vend c est de l art Frank Lloyd Wright 3 Un intellectuel est quelqu un qui regarde une saucisse et pense Picasso Alan Patrick Herbert 32 Le mauvais go t fait passer le temps plus vite Andy Warhol 33 Quand on y songe les grands magasins sont un peu comme des mus es Andy Warhol 34 Ci git Muriel Millard 35 Seize pourcent de ce que je dis est r ellement s rieux le reste c est de l histoire de l art Geroges Didi Huberman 102 36 Dans cette re encore tr s vague de l apr s postmodernit l art se doit d tre brun comme la sauce Michel Foucault 37 Je fais de l art parce que c est un sale boulot que quelqu un doit faire Catherine Bolduc 38 Pour plus de d tails sur la Manifestation Internationale d art de QQu bec 1 800 BOB ROSS www bobross com 39 L art abstrait est fait par des gens qui n ont pas de talent vendu par des escrocs et achet par des ignares Al Capp 40 Tout ce que l
75. e repr sentation de l artiste mythique en le condensant en l ultime apparition de la signature la marque du culte Autrement dit l artiste courte la ife long quest to recognition laquelle il SMITHARD Paula nterview Gavin Turk p 7 TURK Gavin entretien avec Tim MARLOW Gavin Turk Interview devait se soumettre et pose un regard critique sur l art et la pratique artistique pourquoi produire lorsqu il suffit de signer Gavin Turk questionne la valeur de la signature savoir qu est ce qu elle v hicule outre le clich artistique endossant la valeur mythique de l artiste En fait la signature est garante d une certaine originalit de l uvre elle est la preuve en quelque sorte de l existence unique de l artiste C est d ailleurs cette unicit de l existence que Turk tente de remettre en cause en produisant une s rie de tampons industriels avec sa signature L artiste cherche en v rit cr er un autre artiste portant le m me nom que lui dans l optique de brouiller la reconnaissance identitaire pour ramener l int r t sur l uvre elle m me plut t que sur son cr ateur Ces r alisations de Turk sont une mise en lumi re de la sacralisation de l identit de l artiste dans l histoire et dans le r gume le nom devient plus r v lateur que la production de l artiste et en termes de valeur institutionnelle la signature prend le dessus sur l objet sign Turk complexifie son analyse de la signature avec One
76. ectacle et la nouveaut favorise une ouverture ou un retour vers une approche subversive Le r gime contemporain encourage la visibilit et le discours comme formes de reconnaissance mais ces formes inspirent aussi une certaine uniformisation de la valeur esth tique des uvres La subversion s av re alors une approche privil gi e puisque sa forme soit son impact sensible combine le spectaculaire une n cessit de nouveaut Cependant la reconnaissance r p t e du nouveau par le biais d une approche subversive la transforme rapidement en approche strictement int ressante La r p tition d un exercice de subversion nuit directement l approche subversive en soi ce que le r gime offre n est finalement que la forme att nu e voire inoffensive de la subversion Employ e comme ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p 97 RANCIERE Jacques Malaise dans l esth tique p 11 24 m thode spectaculaire permettant une certaine visibilit la subversion vacue les valeurs comme celles de la d rision et de l iconoclastie elle devient aussi s rieuse que le r gime En fait ce que l approche subversive perd dans son int gration au r gime contemporain n est pas tant son esprit critique pr tant la plaisanterie ou l exultation mais son potentiel d outil de r sistance La subversion dans le contexte contemporain sert faire reconnaitre l artiste qui l exploite elle ne d fend rien d autre qu elle m me en tant qu
77. el La sculpture de soi p 73 BELTING Hans L histoire de l art est elle finie p 78 36 l appropriation son action individuelle parvient s abstraire de l histoire L artiste influenc par le r gime contemporain s impose comme le h ros de la p riode posthistorique son contr le des styles lui autorise un acc s sur les territoires du critique et de l historien L artiste contemporain rivalise avec eux puisque ses propres actes de repr sentation recoupent ceux du critique et de l historien cependant par sa manipulation des uvres pass es et par le sens qu il leur donne il les contredit aussi Le jeu de ressemblance et de contradiction entre les repr sentations de l artiste et celles du critique et de l historien marque une volution qui se d roule sur le fond d une mutation importante de l image de l artiste En effet le r gime contemporain renouvelle la perception du statut d artiste 1l disperse son activit dans diverses positions et r les sous l apparence d une relative autonomie D une part l artiste contemporain semble poursuivre en toute libert sa d marche appropriative sans les contraintes de la connaissance Son action reste subjective i peut composer une repr sentation semblable celles du critique et de l historien tout en chappant aux conventions dict es par le r gime qui circonscrivent l activit de ces derniers D autre part l artiste reste victime d une certaine croyance commune et mani
78. elui qui produit ou choisit l objet mais bien celui qui g n re le sens La production de significations tant rel gu e aux critiques et aux historiens l artiste revoit son r le dans le syst me contemporain En fait en mettant les crit res d esth tisme et d originalit de c t l artiste contemporain s est int ress l id e de rupture propre la pens e duchampienne La prise de conscience de l importance du statut d artiste sous jacente la rupture duchampienne et la r appropriation du mod le du ready made ont affirm la valeur 5 BELTING Hans L histoire de l art est elle finie p 33 Voir DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire 61 de l artiste dans l histoire de l art La cr ation artistique s est d tach e de son a priori esth tique qu elle a remplac par la n cessit de laisser une trace dans l histoire Ainsi les artistes d faut d tre les seuls produire du sens pr supposent qu ils produisent aussi de l histoire de l art La production artistique est alors distribu e entre les divers intervenants du milieu contemporain La cr ation que ce soit d objets de concepts ou de significations n appartient plus exclusivement l artiste Les fronti res entre les intervenants du milieu artistique contemporain et leurs r les sont perm ables Cependant comme le dira Nietzsche Personne ne peut tre en m me temps un grand historien un artiste et un esprit born
79. emporain que le pass n est pas strictement de l histoire et que le pr sent n est pas syst matiquement de la nouveaut semble que l art contemporain ne d signe moins une p riode que ce qui se passe depuis qu il n existe plus de p riodes susceptibles de composer un grand r cit de l art et moins un style de cr ation artistique qu un certain style d utilisation des MICHAUD Yves La crise de l art contemporain p 21 NIETZSCHE Friedrich Seconde consid ration intempestive p 78 styles De plus la relation l histoire de cet art ne correspond pas au mod le traditionnel de la connaissance historique C est pourquoi nous sugg rons de reprendre l expression d art posthistorique utilis e par Arthur Danto pour d signer le caract re de l art contemporain dans le contexte o le d veloppement historique de l art semble avoir atteint son terme selon le mod le de connaissance historique classique Ainsi cette phase posthistorique de l art se d marque par l existence d innombrables directions esth tiques entre lesquelles la cr ation contemporaine peut choisir sans que le point de vue historique n intervienne ou privil gie une voie plut t qu une autre Autrement dit l absence de direction historique constitue en quelque sorte le trait sp cifique de l art contemporain L re posthistorique selon Danto implique que d sormais l art ne r pond plus aucun imp ratif historique qu apr s l art contemporai
80. ente alors comme un paradoxe entre la promesse d une r volution artistique qui exclut de sa pratique le mod le traditionnel de connaissance historique et le t moignage permanent et peut tre inconscient de la d pendance cette histoire Ces deux traits caract risent la position de l art contemporain dans l histoire 11 s agit d une r version du cours du Ibid p 121 RANCIERE Jacques Malaise dans l esth tique p 77 34 temps le temps tourn vers la fin r aliser progr s mancipation ou autre est remplac par le temps tourn vers la catastrophe qui est en arri re de nous La confrontation entre l art contemporain et l histoire de l art est le sympt me de l effondrement de la cl ture historique Dans ce contexte original o l histoire ne guide plus la pratique artistique l art contemporain se tourne vers l appropriation et le d tournement des images pass es Cette relation nouvelle l histoire invite une r vision du mod le historique et de la place de l art contemporain partir des questions d oubli et de m moire n cessaires une valuation contemporaine des pratiques artistique et historique Bien que le dessein d une nouvelle re posthistorique de l art laisse entrevoir la fin d un certain imp ratif historique la cr ation contemporaine t moigne d un malaise par rapport l histoire dont elle serait pourtant lib r e Les images appropri es et d tourn es restent toujo
81. es ou de concepts n appartient pas qu l artiste puisque trop souvent dans l interpr tation l historien d art s rige en second artiste en re cr ateur de l oeuvre De plus on constate que la pratique artistique contemporaine r siste en quelque sorte aux manifestes elle en produit tr s peu qui le plus souvent sombres dans l oubli contrairement aux mouvements d avant gardes qui les ont particuli rement exploit s pour d fendre leurs positions id ologiques Paradoxalement la conceptualisation de l objet d art s est affirm e malgr son caract re innovateur sans manifeste il n y a plus de revendication th orique par l artiste externe l objet d art et la cr ation Ainsi la pratique contemporaine exige une activit critique tout fait diff rente du pass m me si l utilisation de manifeste n tait pas significativement r pandue L objet d art se limitant un concept particuli rement lorsqu il n est pas d fendu par un manifeste positionnant et structurant son sens id ologique laisse le champ libre de multiples interpr tations Le privil ge de la production de significations par la cr ation semble avoir chang de main Les artistes ne guident plus les interpr tations par des manifestes et le d cryptage de leurs intentions est laiss au libre arbitre des critiques et historiens Dans un syst me artistique o le concept d passe l objet le producteur n est plus a priori l artiste du moins c
82. es solutions les plus extr mes consistent affirmer qu il est n cessaire de d finitivement briser les fronti res qui d limitent la pratique des diff rents intervenants du r gime soit l historien le critique et l artiste Les historiens doivent reconnaitre qu ils sont face des probl mes nouveaux et que non seulement leurs certitudes de connaisseur ne leur sont d aucun recours mais que m me l histoire sociale ne parvient pas plus pr server leur raison d tre pour l art apr s la fin de l art Ainsi il serait possible mais aussi b n fique pour la cr ation d une nouvelle croyance en l histoire de l art que l historien se rapproche d finitivement du critique afin qu merge une histoire de l art critique Avec le 7 NIETZSCHE Friedrich Seconde consid ration intempestive p 145 Voir BELTING Hans L histoire de l art est elle finie p 81 82 r gime contemporain il est clair que les faits ne suffisent plus i faut leur cr er un sens dans un contexte o l histoire de l art est critique l exigence serait de rompre avec le pass lors de l interpr tation des faits L historien devra s ex cuter de la m me facon que le critique en pr f rant la s duction des choses leur inutile v rit objective et en identifiant autant la signification que le mode de repr sentation de l uvre La situation pluraliste de l art contemporain invite une histoire de l art critique qui Justement ne d pende
83. eut r tablir la croyance dans l art tant qu elle r siste au pluralisme nihiliste soit l expression unilat rale et outranci re du moi sans objectif esth tique ou thique car la croyance esth tique contemporaine d sire avant tout un retour du dialogue entre l objet d art et son spectateur 4 2 Une r vision des cl tures de l histoire de l art 4 2 1 La situation historique et ses limites L identification de l art repose d embl e sur un regard et une pens e partir d un processus complexe de diff renciation qui suppose aussi l implication d un autre l ment pour que l objet compte comme de l art c est dire l histoire En ce sens l histoire de l art et les historiens ne souffrent pas d une remise en question de leur croyance en l art au contraire par leur implication directe dans son processus d identification ils croient en l art comme en une n cessit quasi naturelle Cependant le projet de l histoire de l art consiste trop souvent en une fa on de comprendre l art son activit transforme une conception de l art labor e partir des uvres en l ment d une explication historique ind pendante des uvres mais que les ceuvres refl tent Alors de par cette application autour d une v rit relative fond e sur une analyse par fili res d influences ou par classes d affinit s c est plut t la croyance en la pratique de l histoire de l art qui est sensibilis e par le r gime contemporain En effet avec le
84. gime afin de s y int grer de force Ces trois approches artistiques abordent le syst me contemporain avec d rision et peut tre une pointe d attitude subversive dans la mesure o elles visent les travers du r gime Par contre leurs pratiques remettent en question le r gime contemporain sans pour autant dessiner une possibilit de renversement elles ne se destinent en v rit qu l avancement d une seule individualit au sein du r gime qu elles paraissent d noncer 3 3 E avenir possible 3 371 Pour esthettque Bien que l attitude iconoclaste et cynique de Turk des QQistes et de Phaneuf laisse se profiler une approche pr s de la subversion ces artistes parviennent pourtant s int grer dans le r gime contemporain et b n ficier autant de ses institutions que de l appui de ses intervenants Cette collaboration entre les acteurs d une remise en question du syst me artistique dominant et paradoxalement ce syst me soit le r gime contemporain esquisse un nouveau type d avenir possible pour l art La promesse d un renversement du r gime n est pas tenue par l art contemporain mais i ouvre toutefois sur une ventualit c est dire la transformation de certains aspects du r gime et la mani re d y produire de l art Le dessein de cette 62 transformation se manifeste dans la mise en place de nouveaux mod les pour l esth tique pour le rapport l histoire de l art et pour l artiste Dans le respect de la
85. i n est pas une plaisanterie l irr v rence chez les QQistes Esse arts opinions p 46 66 ceuvres de Turk la question de l immortalit rev t aussi un sens dans la pratique de Phaneuf Le r gime contemporain valorise la c l brit et le succ s d ou la transformation du ready made en d marche vers la mus ification par ces artistes L entr e au mus e compose dans le r gime l aboutissement d une carri re artistique mais marque galement une sorte de mort pour l artiste Les artistes mus ifi s deviennent des fant mes l int rieur de l univers mus al l environnement th r de la production artistique pourrait se comparer des limbes o l artiste reconnu perd de sa valeur par la pr sentation multipli e d autres artistes reconnus De plus l acc s au refuge mus al signifie autant pour l uvre que pour l artiste le d but d une reconnaissance artificielle influenc e par le contexte de la collection du mus e ou pire la mise en sc ne d une hi rarchie de qualit des uvres de la production d un artiste Ainsi l immortalit a un prix l acc s elle par le mus e n cessite la dissolution de la puissance de l artiste Turk et Phaneuf tentent de transcender cette exigence du mus e de tricher cette loi en ajustant leur entr e puisqu ils ne visent pas l int gration d uvres mais de leurs individualit s Ces artistes atteignent l immortalit mus ale en faisant de leur nom un ic ne l outil par lequel
86. i sa mythologie Gavin Turk s Bronze Roller fig 5 parvient en ce sens englober autant la part historique et productive du statut de l artiste En bronzant un rouleau de peintre en b timent Turk trouble son identit historique artistique en la reliant une activit plus industrielle voire non noble Ainsi ces uvres de l artiste posent un regard critique sur le r gime contemporain et sa pratique de l hommage Il y a l une prise de conscience chez l artiste de son absence d identit au sein de l histoire de l art que Turk comble par ses sculptures qui l inscrivent dans l histoire par procuration Turk court circuite le processus traditionnel de reconnaissance historique entre la critique et la c l bration Cave et Gavin Turk s Bronze Roller sont surtout une d marche pour se faire une place affirmer son identit Ces sculptures miment la mani re institutionnelle de faire des exemples et de donner de la valeur Turk exploite cette m thode pr cise d exposition qui consiste enlever ou ajouter de la signifiance aux ceuvres et aux artistes Ainsi Gavin Turk s Bronze 49 Roller passe de l outil d ouvrier un objet marqu par cette magical value que conf rent les institutions Turk tente de cr er une mani re de regarder avec les dispositifs de repr sentation emprunt s au mus e mais il laisse l uvre amener le spectateur la regarder sous un autre angle Les sculptures ram nent toujours la r flexion l
87. iation et la manipulation des codes du r gime et de l histoire de l art de ces artistes ne leur donnent pas acc s la reconnaissance historique traditionnelle puisque comme pour Van Meergeren qui modifiait le sens et la valeur du style de Vermeer par ses imitations leurs pratiques red finissent le rapport entre l art et l histoire de l art D embl e la mise en march des existences de ces artistes fait preuve d une d marche plus ax e sur l mancipation individuelle que sur l affirmation d une 9 TOURIGNY Manon Ceci n est pas une plaisanterie l irr v rence chez les QQistes Esse arts opinions p 46 Dans DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 301 65 id ologie artistique universelle et en ce sens participe l laboration d un nouveau rapport l histoire de l art L activit de ces artistes visent a priori non pas la reconnaissance d une forme de pens e ou de pratique artistique mais leur int gration individuelle dans l histoire de l art L inclusion dans l histoire de leur simple individualit transforme le sens de l appropriation telle que connue dans les ann es 80 Leurs appropriations des formes des l ments et des noms issus de diff rentes p riodes de l histoire de l art r pondent dor navant une volont de grandeur pour imposer un rang une geste dispendieuse pour s lectionner une place dans l histoire de laquelle les d marches de Turk et des QQistes
88. ime contemporain lui ont aussi fait perdre son opposition de principe au pass Il est libre de le d composer et de le r int grer sa guise et ainsi de b n ficier d une nouvelle image lui permettant de rev tir plusieurs r les mais surtout de se substituer ses uvres L artiste n occupe plus une position stable dans l histoire de l art et sa continuit Son individualit s arrache la contingence historique et se joue d elle son propos n est pas la trace dans une poque Il agit pour lui m me en dehors de la consid ration que seule l histoire serait pourvoyeuse de destin En effet l effondrement des crit res esth tiques et de la cl ture historique offrent l artiste une plus grande vari t de r les possibles remplir L appropriation et la manipulation des images lui donnent un pouvoir nouveau Il peut dor navant autant se revendiquer de faire l histoire de l art que de viser tre un critique part enti re et dans la mesure o il r ussit remplir ces r les son discours ne ressemblera aucun type connu de discours encore moins ceux qui ont des ambitions savantes L activit de l artiste comporte donc la promesse d un avenir artistique possible puisque son propos semble se d tacher de celui entretenu par le r gime L artiste donne l impression qu il ignore les r gles tablies au mieux qu il ne connait pas la v rit en soi De plus par sa ma trise de l art de 7 ONFRAY Mich
89. ique de Turk des QOQistes et de Phaneuf illustre aussi la qualit du dilemme auquel sont soumis les artistes du r gime contemporain Autant le nouveau mod le esth tique que le nouveau rapport l histoire de l art annonc s par l activit de ces artistes exigent une certaine visibilit m diatique laquelle ils ont acc s par une approche subversive plus spectaculaire que sinc rement r sistante Cependant leurs subversions souvent comprises telles des critiques du r gime doivent toutefois tre accept es par ce m me r gime pour que l artiste ait acces la visibilit m diatique Alors que l artiste s av re tre le seul protagoniste du r gime par lequel la croyance en la port e subversive de l art puisse survivre il se retrouve tout de m me prisonnier d un jeu d existence et de pouvoir qui l emp che de v ritablement d velopper une approche subversive Bien entendu l exploitation par ces artistes du malentendu volontaire autour du paradoxe d une subversion licite se pr te un certain cynisme qui tout le moins parvient donner l illusion d une attitude subversive de la part de ces artistes Or l illusion ne peut suffire entretenir la croyance en la puissance subversive de l art dans l essoufflement pr visible d une pratique artistique sans 1d aux fondamentalement r sistants la croyance n a pas d autre alternative que de disparaitre Enfin la structure du r gime interdit par son mode de fonctionnement toute
90. iste parvient fournir l illusion de la survie de la croyance subversive et m me promouvoir cette croyance en liant sa pratique une strat gie d existence D abord nous exposerons la pratique de Turk qui questionne la valeur de l artiste et de son statut dans le march artistique et dans l histoire de l art partir d une d marche appropriative Ensuite nous examinerons la d marche des QQistes qui remettent en question la v racit et le sens du syst me artistique en manipulant ses propres croyances et ses croyants qu ils soient issus du milieu artistique ou spectateurs Enfin nous nous int resserons l activit de Phaneuf qui parall lement son implication au sein des QQistes d veloppe une d marche promotionnelle tourn e vers la mise en march de sa personne En regard avec ces pratiques artistiques nous rel verons comment ces illusions subversives t moignent n anmoins de l mergence d un mod le d artiste contemporain et esquissent un nouveau type de croyance voire le glissement subtil de la croyance en l art vers une croyance en son principal croyant l artiste En fait les subversions paradoxalement licites de ces artistes sugg rent de nouveaux crit res esth tiques toujours attach s aux exigences du syst me mais compl tement tourn s vers l individualit de l artiste au point d en esth tiser l individualit Nous constaterons aussi l influence de l effondrement des cl tures historiques au profit de l a
91. istique d un objet Le modernisme avait tent de sauver l identification esth tique et d tablir un contr le de qualit par la qu te de l autonomie de l art Cependant la duplication incessante de la pens e Nous entendons par dimension sensible l ensemble de significations et de r f rences similaire ce que Walter Benjamin d finit comme l aura d une uvre qui s applique un objet seulement lorsque celui ci est consid r comme objet d art Voir BENJAMIN Walter L uvre d art l re de sa reproductibilit technique p 269 316 DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 283 duchampienne jusque dans la pratique contemporaine a engendr une d marche oppos e c est dire sur les th mes de l h t ronomie et de d sidentification de l art L exploitation de la nature philosophique de l art invite plus particuli rement aiguiser la perception du jeu de signes sur l objet d art et par extension la conscience de la fragilit des proc dures de lecture autour de ces signes La r appropriation contemporaine de la pens e duchampienne s est donc entreprise sous la protection d une certaine nature philosophique de l art Les limites de l art que questionnait le ready made sont devenues des formes d art La fin des crit res esth tiques et de l observation permit de pousser plus loin l h t ronomie de l art jusqu au seuil du n importe quoi La question savoir si tout peut indiff re
92. it pas requis de mani re consciente son intervention tait devenue secondaire l identification artistique La prolif ration de la vid o et des outils multim dias en art contemporain participent aujourd hui la concr tisation de cette th orie de Benjamin Les nouveaux m dias et les installations artistiques fa onnant une nouvelle esth tique de l intermittence DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 141 BENJAMIN Walter L ceuvre d art l re de sa reproductibilit technique p 312 21 de l autorepr sentation et de la distraction exploitent peut tre avec ironie les v hicules de distraction de la vie quotidienne Les rituels de repr sentations artistiques n exigent plus le m me rapport entre l uvre et le spectateur l esth tique de la distraction contemporaine en appelle une attitude de r ception standardis e et sollicit e par l espace et l objet utilis s Ainsi l esth tique de la distraction loin d annoncer une v ritable esth tique d sesth tis e ou une esth tique pourrait on dire sans esth tique fait figure d une nouvelle forme esth tique plus pr s du loisir et de l inattention exigeant encore une fois plus de discours pour exister Les points de rep res esth tiques traditionnels se sont effondr s avec la mort du Beau les uvres n existent plus en tant que preuves de l existence du Beau mais en savants cryptages qui n cessitent l intelligenc
93. la v rit la source de t CAUQUELIN Anne L art contemporain p 77 55 l interpr tation critique les QOQistes invitent l utilisateur remettre en question autant le sens et la valeur de la pratique critique que l information que lui fournissent les critiques Ensuite l outil piccole porti della verita propose l usager d valuer la pertinence et la compr hensibilit de chaque uvre sur une chelle de un cinq et ainsi de trouver sa v rit Le Jeu Critique en herbe offre donc son participant l opportunit de s lever au rang de critique professionnel comme le laisse comprendre la mention Reconnu par Anne Cauquelin sur l emballage du jeu accompagn e de citations de Roland Barthes et de Nathalie Petrowsky garantissant aussi la qualit du jeu Ce lien qu exploitent les QQistes entre les noms de personnalit s du milieu culturel et de l histoire de l art et la pertinence critique de Critique en herbe rappelle la m thode de Gavin Turk qui cr e son statut d artiste en s appropriant les m thodes de reconnaissance historique du milieu artistique Chacun s appuie sur des mod les et des r f rences reconnus du public pour tablir son prestige ou sa reconnaissance Cependant l emploi de cette m thode de reconnaissance par l appropriation ou la citation remet aussi en question la valeur de ce qui est appropri ou cit Si Turk sonde la m thode d attribution et de distribution du statut d artiste par ses appropri
94. lit paradoxale entre critique et approbation du r le de l artiste dans le r gime contemporain En parvenant faire de leurs noms avant l assentiment du r gime ONFRA Y Michel La sculpture de soi p 54 70 des logos connect s sur le st r otype de l artiste et de son mythe tout en questionnant la mise en march de son h ritage et de sa reconnaissance ces artistes r pondent au besoin de retrouver dans la pratique contemporaine une d marche subversive Leurs constructions identitaires admises comme des interrogations sur la singularit identitaire et comment elle peut se rassembler sous un seul nom se posent tels des rem des aux d terminismes du r gime Puis il a y ce d sir de reconnaissance h ro que intrins que au jeu et la parodie autour du th me de la r putation qui malgr tout les obligent se conformer aux attentes du r gime pour exister et qui discr dite leur approche subversive Les exc s de ces artistes visant la construction et l laboration de leur individualit s alignent donc au projet subversif et nihiliste d tre le dernier artiste reconnu qui pourtant se dilapide par leurs autres exc s dans le dessein de laisser des traces L analyse des pratiques de Turk des QQistes et de Phaneuf permet de cerner les nouveaux mod les compris dans l art contemporain En effet l esth tique contemporaine rel ve dor navant d un classement bas sur la position culturelle de l objet d art u
95. lle r v le et remet en question la structure de ce BOURDIL Pierre Yves Introduction Seconde consid ration intempestive p 30 Ibid p 43 ONFRAY Michel La sculpture de soi p 76 DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 57 BELTING Hans L histoire de l art est elle finie 74 83 processus dans la perspective d une histoire de l art critique En fait l histoire critique correspond la reconnaissance que le contexte contemporain marque la fin d finitive du r cit historique qu apr s lui il n y aura pas d tape ult rieure car ce mod le historique a pris fin avec la fin de l art Bien entendu la fin du r cit historique ou pour emprunter les termes de Danto la p riode posthistorique ne signifie pas la fin des contraintes historiques puisque le rapport l art se d finit toujours en fonction de la position du spectateur dans le temps En effet la p riode posthistorique marque le terme d une histoire d veloppement progressif et objectif d o la condition d une histoire de l art critique du pr sent qui assume sa subjectivit L art autant celui d avant que celui d apr s la fin de l art poss de une essence historique qui justement ne se r v le qu travers l histoire l histoire de l art ne peut donc pas tout simplement s teindre elle doit renouer avec l aspect repr sentation de sa pratique pour retrouver un sens dans le contexte c
96. lus garante de sens artistique il ne lui reste que sa nature philosophique pour exister Ainsi les objets d art sont porteurs de significations qui les particularisent face au monde commun Alors que l exp rience formelle de l objet d art s miette la nature philosophique prend de l importance voire toute la place et l art devient signification L art est dor navant l effet produit par les significations Le Beau est mort avec Duchamp mais le cadavre traine toujours et embarrasse La r appropriation du ready made dissout l exp rience esth tique dans les proc dures comme pour faire revivre le Beau sous une forme diff rente Autrement dit le Beau devient la proc dure en ce sens o c est elle qui est expos e et que sa complexit devient souvent le gage de la qualit de l uvre comme le Beau l a t En fait la d sesth tisation radicale de l art par Duchamp n est pas venue bout du besoin esth tique qui s est tout simplement mut en un app tit pour la belle proc dure Le commentaire sur l objet d art s est substitu en une sorte de th orie support qui prend la place de l objet d art La r duction de la production mat rielle a provoqu un glissement de l identification de l art de la proc dure au concept en ce sens o le protocole et les notices autour de l objet parviennent non seulement faire de lui une ceuvre mais aussi satisfaire la croyance qu il y a l de l art L esth tisation des m thodes conduisant
97. me esth tique p 19 2 1 1 Une esth tique de distraction p 19 2 1 2 Le s rieux de la subversion p 23 2 2 Nouvelle relation l histoire 2 2 V L effondrement de Ja cloture histori quie debui ub beim ted 22 2 VES 0 art DOSIISIORGUG poi a ao broke veda rs 2 3 Nouveau statut de l artiste dst b Ma atu 2 32 PA EDS CUS OA an 5980402925402442 Ep SD M LR EE 23 5 E AOC SEN QUE c E ouh Chapitre 3 LES ARTISTES ET L AVENIR DEL ART 3 1 La manipulation de l histoire de Gavin Turk Jus Approprtiation 2 122 placesdans spaces 3 13 Ex pene de ireann nd ia nd MON 3 2 Jouer le r gime contemporain avec les QQistes 3 2 d Eacnique Ie publie gt ete bn pe send 2 2 2 L artiste marque 3 3 L avenir possible Sx Pour PES TOUR Rte a ad 35 2 OUT ISSN ONE PAR cc SKIPO aS Goeres E r a ETEO lii 28 28 x3 129 135 40 44 44 44 47 49 9 51 d 61 61 64 68 Chapitre 4 LES CROYANCES CONTEMPORAINES p 72 4 1 Une r vision thique du concept esth tique p 72 4 1 1 La situation esth tique et ses LES ns em p 72 4 1 2 La croyance esth tique contempOrailNe a a p 75 4 2 Une r vision des cl tures de l histoi
98. me par le fait qu ils y sont int gr s Par ailleurs le rapport la signature et aux citations de ces artistes participe aussi la logique marchande des institutions du r gime Les noms exploit s sont eux m mes des formes de duplicatas reposant sur les clich s de l art le mythe de l artiste et le st r otype du critique et ils ne prendront leur sens que s ils sont expos s l int rieur du syst me dominant pouvant reconnaitre les r f rences BURROWS David Exqisite Corpes Art Monthly p 25 Dans MICHAUD Y ves La crise de l art contemporain 76 77 63 L appropriation et la citation des noms ne questionnent en aucun cas l originalit les artistes s appuient sur la simple r f rence sur la valeur du nomm pour donner une valeur marchande leur objet ou leur propre nom Le ready made contemporain se pose alors telle une r flexion sur les enjeux de l authorship soit la paternit et la valeur de l oeuvre Le d fi de la pratique de ces artistes est prime abord l appropriation litt rale et directe de l identit pour en saisir la valeur Le recyclage dont font preuve leurs ready mades ne pr sente aucune forme d originalit conceptuelle d alt ration ou de recherche d incoh rence plastique comme c tait le cas chez Duchamp leur transcription de l l ment appropri est conforme l image qu on se fait de l l ment r el Que ce soit par exemple un jeu de soci t ou des statues d
99. mes m BOURDIL Pierre Yves Introduction Seconde consid ration intempestive p 21 MITE HAUD ric Histoire de l art Une discipline ses fronti res p 120 Ibid p 120 5 MICHAUD Yves La crise de l art contemporain p 247 248 81 2 de Nietzsche une th ologie masqu e cependant l utopie voire la croyance la concernant est morte tout en emportant avec elle une certaine repr sentation de l art 4 2 2 Les possibilit s contemporaines de l histoire de l art Sympt me du d placement de la croyance l esth tique l histoire de l art fait face une crise de sa repr sentation de l art et de la repr sentation de sa fonction Il y a une v ritable exigence d une r volution des croyances en mati re d art mais l histoire de l art n est pas appel e s y opposer ni l accompagner la r volution se fait sans elle Alors que l utopie de l histoire de l art est morte il convient d admettre qu il serait inutile pour l art d apr s la fin de l art de la ressusciter En fait c est la finalit pratique des connaissances qui en fait la valeur et dans la mesure o la croyance m me en la discipline de l histoire de l art est remise en question il y a peu de chance que les connaissances de l histoire de l art traditionnelle soient d une quelconque utilit pour l art apr s la fin de l art Autrement dit la situation artistique contemporaine exige une tout autre forme d histoire de l art L
100. mment tre de l art pouvant dor navant tre d tourn e par la philosophie et un int r t nouveau pour l ind cidabilit amp de l art l objet d art ind finissable et non identifi ne veut plus r soudre les questionnements lanc s par le ready made 1 1 3 La dissolution de l objet Comme s il ne faisait plus uvre l objet d art n est plus autonome et sa pr sence physique se dissout L objet d art n existe qu travers le choix de l artiste qui l identifie et le discours qui le d finit Son tat artistique est le produit d une collaboration entre le discours et l artiste il est l id e de l un et le regard de l autre La r appropriation du processus cr atif du ready made a d finitivement discr dit les notions de beau et d originalit Soutenir partir de ces notions trop li es la mat rialit de l objet d art une d finition de l art n a plus de sens dans le contexte contemporain Ils ne participent plus la coh rence d une d finition contemporaine de l art dans la mesure o c est dor navant l intention de faire de l art qui fait l oeuvre L objet d art n est plus substantiel mais proc dural son av nement en tant qu ceuvre d pend du couple form par l artiste et le spectateur De plus l objet gt RANCI RE Jacques Malaise dans l esth tique 76 MICHAUD Y ves L art l tat gazeux p 50 d art ne se distingue plus de ses r pliques sa repr sentation sensible et physique n est p
101. mporain esth tiquement d pendant du discours ne fournit plus en soi d outils de d finition de sa nature n est donc pas tonnant de constater un rattachement de l art contemporain avec ces puissances anonymes que sont l histoire le peuple et la communaut le discours puise dans l environnement social et culturel des r f rences lui permettant de r tablir un lien sensible entre l art et le spectateur Si l urgence d abandonner une esth tique mat rialiste pour une esth tique de la signification se concr tise avec l esth tique de la distraction elle ne se manifeste pas sans malaise En effet la description de la nouvelle forme esth tique l int rieur du r gime contemporain r v le comment ce dernier a remplac l art par l esth tique de la distraction La substitution de l objet par le discours et la mise en place d un mode de r ception et de perception distrait soit s appuyant sur la standardisation du mode d exposition pour solliciter la contemplation ont conjointement permis l appropriation de l esth tique par le discours Les m mes intervenants artistiques qui d terminent au d part l uvre d art lui insufflent aussi son sens et sa valeur esth tique L esth tique comme foyer potentiel de communaut et de communication vole en clats Il reste au mieux des diff rends au pire des ghettos Le ressentiment que suscite dans le r gime contemporain le mot esth tique est symptomatique de deux rapports l ar
102. n aucune forme d art ne saurait tre mandat e par l histoire L effondrement de la cl ture historique met la disposition de l art posthistorique une nouvelle structure historique caract ris e par le fait que tout est r ellement possible dans la mesure o justement plus rien n est mandat par l histoire L art serait donc lib r d un pass qui le poussait dans une seule direction pourtant l art contemporain t moigne encore d un malaise par rapport l histoire peut tre li l angoisse de la libert L art contemporain profite de l absence de cl ture historique par des pratiques de r appropriations des images et de d tournements de sens de ces derni res bien que ces images attestent d une r alit historique L histoire de l art est en effet mise en scene et model e tout la fois par l image et en vue de l image malgr la d construction lente de son mod le par les pratiques contemporaines les images renvoient toujours elle Les images assurent une part essentielle de la transmission du pass elles ne s acquittent Jamais de cette t che sous la forme de DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 37 Ibid p 40 MICHAUD ric Histoire de l art Une discipline ses fronti res p 119 l enregistrement passif du pr sent c est l histoire de l art qui fa onne leur mode de transmission Ainsi l art contemporain n est pas aussi libre que le laisse comprend
103. nant que dans le contexte de crise relatif l mergence de l art contemporain et de la r cup ration des probl matiques duchampiennes la croyance en l art soit appel e se transformer En fait d s Duchamp le milieu artistique a d se r ajuster face un nouveau mod le artistique Le bouleversement engendr par les proc dures duchampiennes de la distribution des r les au sein du syst me artistique a fa onn un nouvel univers de repr sentation de l art et de sa fonction L activit et la structure de ce nouveau syst me affectent la croyance en l art et sa port e subversive en modifiant justement le rapport de celle ci l esth tique l histoire de l art et l artiste c est dire son principal et s rement dernier croyant La position particuli re de l artiste telle qu tudi e dans les cas des artistes Gavin Turk des QQistes et de Marc Antoine K Phaneuf au sein du syst me artistique contemporain comporte une promesse de survie pour la croyance subversive Cependant il n accomplit pas son engagement face la croyance telle qu elle sera approfondie dans la pr sente recherche au contraire il la d coit en utilisant sa pratique artistique au profit de la reconnaissance de son individualit Ainsi alors que s effritent dans la d ception les derniers espoirs de conservation de la croyance subversive il est n anmoins envisageable d valuer les limites et les possibilit s qui s imposent et s offrent la cro
104. ne organisation qui est bien entendu assur e par les intervenants du r gime Ce classement esth tique s appuie le plus souvent sur la quantit et la qualit des r f rences visibles dans l uvre et compr hensibles par l lite culturelle Ainsi ce nouveau mod le esth tique transforme le sens des appropriations et des manipulations historiques dans la mesure o elles r pondent plus un besoin par l artiste de se positionner dans l histoire de l art qu une attitude subversive comme il f t le cas au d but de la pratique appropriative autour des ann es 1980 De plus la r alisation de cette esth tique marque la fin de l identit naturelle dans l histoire puisque les objectifs de c l brit et de visibilit m diatique de la pratique esth tique contemporaine participent l mancipation de nouvelles identit s culturelles L histoire de l art passe donc du r cit relativement objectif accumulant les h ros de l histoire au r cit de la construction de ces h ros en vue de passer bid p 125 7 l histoire Dans ce contexte le r le de l artiste est in vitablement appel s ajuster au r gime D chir entre ses ambitions subversives et son besoin de reconnaissance du r gime pour exister l artiste doit apprendre faire de ses critiques du syst me des manifestations qui sont toujours acceptables par le r gime tout en conservant une certaine cr dibilit subversive En fait la position de l
105. ner l activit du critique d art et du pouvoir qui lui est consacr La r partition hasardeuse des cotes pointe autant l absurdit de la science critique dans sa distribution de valeur aux uvres que dans sa capacit donner du sens cette valeur L activit critique telle que pratiqu e dans Les coefficients d art r f re un Jeu de hasard destin construire et conf rer une valeur aux uvres en s appuyant sur la cr dulit du spectateur pr t admettre la v racit du propos Les QQistes s attaquent ce lien de confiance entre le critique et son public d une part en discr ditant la pratique critique avec leurs coefficients d art et d autre part en duquant le public sur la valeur relative de l art et l essence de l activit critique La d marche ducative du projet Les coefficients d art prendra ensuite de l ampleur dans la mesure o les QQistes vont apposer des cotes sur les uvres d art publiques visibles dans Montr al app B Ainsi Les coefficients d art public fig 9 ne s adressent plus exclusivement un public d j assez initi puisqu il fr quente tout le moins les galeries d arts mais aux badauds aux citoyens lambdas circulant dans la ville Les QQistes s approprient en quelque sorte l id al de d mocratisation de l art d fendu par le milieu artistique et sous Jacent la pr sence d art public pour pr senter leur propre projet d ducation des masses Cependant ils d tournent le sens
106. nt chacun pr tendre l universalit de leur propre conception de l esth tique La r flexion esth tique se multiplie alors dans un certain trouble o chaque uvre ou intervenant exerce une position esth tique singuli re Le risque est que cette diversit s amplifie au point qu il n existe m me plus le minimum d entente permettant autant des accords et des DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 172 Ibid p 147 74 emprunts que des conflits c est dire que la r flexion esth tique en arrive se dissoudre dans un m andre d opinions N anmoins la confusion et la diversit esth tiques renseignent sur un aspect important de la situation contemporaine il n y a pas plus d art en g n ral que de conduites ou de sentiments esth tiques en g n ral d o l apparition d un nouveau mod le de classement esth tique voire inesth tique puisqu il est bas sur la position culturelle de l objet et non sur ses propri t s esth tiques L intervention de crit res inesth tiques dans l assignation des titres d art de pas encore art et de non art remet en question le r le de l esth tique en brisant ses fronti res voire en banalisant les liens unissant l art au non art et au discours sur l art Ainsi la pratique contemporaine signale la fin de la croyance en l essence immuable de l uvre d art ses jeux autour de l appropriation du d tournement id ologique et des
107. ntemporain se multiplient et d finissent un effort de r sistance permettant d chapper l h ritage historique En combinant par exemple l humour de Dada le litt ralisme du Modernisme et les strat gies Situationnistes l art contemporain se propose d tre un art mancip de l histoire L aecumulation de r f rences l histoire de l art oblige cette derni re questionner la l gitimit de son statut et de son sens politique puisque l art contemporain parvient donner du sens des uvres pass es et cela l ext rieur du mod le historique reposant sur une logique des formes et de leurs questionnements L histoire de l art perd son autorit quant l attribution de sens dans l histoire et ne peut plus user d une pleine v ridicit En fait ce que la d marche appropriative de l art contemporain neutralise c est une certaine facon de faire l histoire de l art L histoire de l art qui est ici cart e est celle qui rapproche ce qui est in gal et g n ralise pour rendre quivalent La pratique contemporaine emp che l histoire de l art d affaiblir la diff rence des mobiles et des motifs pour pr senter les v nements sous leur aspect le plus simple ou monumental Les d tournements et les appropriations de l art contemporain d vient la repr sentation traditionnelle des effets et des causes des courants artistiques pass s Bien que la fin d un mod le historique lin aire et de sa cl ture autorise l art contemporain
108. oire de l art partir de leur domaine de sp cialisation c est dire l histoire de l art et d un int r t pour le d tournement id ologique du r gime contemporain les QQistes mettent en sc ne un art d cal destin duquer les masses n ophytes sur la v rit et la r alit du syst me artistique actuel En fait les QQistes utilisent sous le couvert d un projet ducatif la pratique artistique pour 52 remettre en question le fonctionnement du syst me contemporain et pointer avec humour et cynisme les irr gularit s de l exercice artistique En 2004 la galerie Joyce Yahouda Montr al les QQistes pr sentent l exposition Les coefficients d art fig 8 une exposition caract re ducatif qui regroupe des ceuvres app A de diff rents artistes pour la majorit reconnus par le grand public ou le milieu artistique Chaque uvre est accompagn e d une fiche indiquant prime abord une boisson appropri e pour appr cier l uvre puis une cote voire le coefficient d art qui est attribu e l uvre D allure presque scientifique les coefficients ont t distribu s de facon compl tement al atoire et ne r pondent aucune formule math matique Ce qui n emp che pas les spectateurs de tenter de cr er des liens entre les coefficients et de mettre de l avant des interpr tations de ces cotes afin d y cerner une certaine logique derri re leur attribution Ainsi les coefficients d art invitent question
109. ol mique autour de l art contemporain La crise de l art contemporain et m me son rejet apparait alors comme une ultime tentative pour dissimuler qu un domaine de r f rence de la vie sociale a purement disparu Soudainement avec la crise il semble vident que l art est sorti du cadre de r f rence qui lui tait attribu c est dire celui de la subversion et du renversement DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 215 MICHAUD Y ves La crise de l art contemporain p 130 Chapitre 2 LE R GIME CONTEMPORAIN 2 Nouvelle forme esth tique 2 1 1 Une esth tique de la distraction La r appropriation excessive des proc dures duchampiennes en art contemporain a fa onn terme la mise en place d un nouveau syst me artistique dont le pouvoir est concentr en les figures du critique et de l historien Cette centralisation favorise en quelque sorte l exclusion de l artiste du syst me et entraine une crise des rapports entre les intervenants du milieu artistique Alors que l art est plus l affaire de ceux qui le pense que de ceux qui le font le syst me artistique contemporain se cristallise en r gime Ce que nous appelons le r gime contemporain selon les termes d Yves Michaud est la s dimentation de la contradiction et du d s quilibre provoqu s par la propri t et la production de l art par le discours ce dernier pourtant tenu comme nous l avons d montr par les r les in
110. onstration par Turk les QQistes et Phaneuf de la valorisation croissante de la c l brit et de la visibilit m diatique au sein du r gime met en sc ne un th me privil gi de la pratique artistique contemporaine l artiste En effet l artiste n est plus seulement qu un intervenant du r gime il devient aussi le sujet de sa production artistique Au del de leurs positions esth tiques ou historiques nous remarquons que les ceuvres pr sent es par ces artistes se font souvent les manifestes de l mergence ou de l tablissement d un artiste de son nom ou de son statut La figure de l artiste transfigur e en ic ne dans l uvre invite alors r fl chir la position de celui ci dans le r gime sans faire appel au raisonnement ou l analyse il montre qui il est et quelle est sa position culturelle L image de l artiste s expose comme un mythe non parce qu elle raconte l histoire d un pass intemporel et productif mais parce qu elle s affirme comme mythe fondateur De sculpteur ou peintre qui manipulait la mati re selon sa volont l artiste s est transform en ic ne dont le but est de s inscrire dans une structure officielle destin e g rer le temps et l espace de l art l instar de ses uvres c est l artiste qui est dor navant l objet de transaction dans le r gime Or la modification du rapport l histoire de l art a induit une transmutation des valeurs relatives au r le de l artiste Les prati
111. ontemporain L histoire de l art n est pas inutile tant qu il est possible de s en abstraire de la r crire dans une perspective critique pour donner un sens nouveau aux faits en s inspirant de la pratique artistique contemporaine et de sa conscience de son historicit plut t que de se contenter d une m moration d antiquaire Le point de vue historique autant que le point de vue non historique sont n cessaires au r tablissement d une histoire de l art utile dans le contexte contemporain La possibilit d une histoire de l art critique permet d unir aux effets de l histoire les effets de l art et alors faire de l histoire de l art un produit de l art et non l inverse Cette perspective d une histoire critique peut pr server les instincts d structurants soit subversifs ou au mieux les veiller malgr la structure touffante du r gime contemporain En effet travailler dans le pr sent tel que le suppose l activit d un gt 39 historien critique contraint cause du manque de recul prendre des risques 3 DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 208 Voir Ibid p 289 290 38 BOURDIL Pierre Yves ntroduction Seconde consideration intempestive p 66 ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p 120 84 et produire l histoire selon une vision c est dire r aliser la repr sentation historique sur le mod le d une parole individuelle s au
112. orique et plus particuli rement les n cessit s historiques ne soient plus d aucune utilit en mati re de croyance en l art En somme ce que la reformulation d une esth tique et d une histoire de l art propre et utile la croyance en l art contemporain r v le est cette nouvelle approche de l art tel un exercice d existence Alors que l esth tique l histoire et l artiste s individualisent autour de la pratique artistique tels des paroles toujours uniques s autorisant elle m me d exister l art contemporain assiste au d veloppement d une dimension thique Dans la mesure o toutes ces individualit s esth tiques historiques ou artistiques s imposent au r gime dominant comme des voix qui ne recherchent pas le renversement mais le dialogue entre un Soi et un Autre Le r gime contemporain se retrouve alors n gocier avec une approche thique qui est peut tre la seule qui puisse agir avec lui plut t que de simplement r agir lui en sugg rant une r vision de ses normes et mod les Cependant l approche thique celle qui semble la plus pertinente la reformulation d une croyance en l art contemporain signe d finitivement la mort de l utopie subversive En effet la croyance en une loi thique r gissant l art contemporain n exige pas de r sistance ou de subversion pour viser la 25 d sorganisation du syst me tabli elle s int resse plus la communication qu la confrontation En conclusion notre examen
113. oupe 1l faut se faire voir assister aux vernissages imposer sa marque se pr senter discuter L artiste ii MICHAUD Yves La crise de l art contemporain p 49 ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p 30 40 devient son unique repr sentant et s il veut percer il doit savoir se vendre peu importe la qualit esth tique de son travail Cette nouvelle modalit ou radicalit selon de la pr sence de l artiste inscrit l art contemporain dans une dynamique d apparition et d inscription qui transforme son tour l exp rience esth tique 2 3 3 L attitude esth tique Le r gime contemporain tend prendre l art en otage dans a mesure o ce n est plus tant ceux qui font l art qui s occupe d art mais lui L mancipation moderne d un art attach particuli rement aux concepts et aux id es a soutenu l tablissement de ce r gime par la manipulation du discours servant d finir cet art S1 la surench re d interpr tations a particip l implantation du r gime contemporain elle ouvre aussi une porte aux artistes leurs conf rant un nouveau pouvoir partir du moment o les concepts dominent l tre de l art l artiste et ses attitudes peuvent eux seuls tre art La combinaison de l esth tique de la distraction et de la tradition du nouveau a permis l mergence d une certaine attitude esth tique en g n ral c est dire qui ne s appuie pas sur des crit res esth
114. position de la vid o qui l affilie au milieu culturel En fait le MAKPCA n est pas de nature artistique son objectif est purement m diatique d autant plus qu il vendra le concept de Temps d antenne d autres artistes qui pr senteront aussi leur nom de la m me mani re durant cet v nement Ces transactions du concept mettent en lumi re l int r t flagrant du collectif pour le march artistique et la visibilit l int rieur du r gime contemporain Dans un r gime qui ne transige pas les uvres mais les individualit s l unicit du concept ou de l uvre n a plus beaucoup de valeur en comparaison avec le rayonnement m diatique d un nom 6l Enfin les prises de conscience de Turk des QQistes et de Phaneuf par rapport au r gime contemporain arrivent toutes la m me conclusion c est l artiste qui est l objet d art et non plus les uvres De mani re distincte ces artistes comprennent qu ils n ont rien attendre des intervenants du r gime et cr ent leur propre v rit et leur reconnaissance en abusant des lacunes et zones d ombre du r gime Au sein d un march vide d uvres d art Turk construit de toutes pi ces son mythe 11 s approprie les m thodes de culte et de reconnaissance du r gime pour cr er son statut d artiste des m thodes que la pratique des QQistes va pour sa part tourner en ridicule pour en souligner les failles tandis que Phaneuf et le MAKPCA vont plut t s int resser la dynamique du r
115. possibilit de subversion et alt re la qualit de la croyance en l art contemporain par contre il est encore envisageable voire b n fique de reformuler une croyance en l art qui soit pertinente l exercice du r gime contemporain De prime abord en r action l esth tique des attitudes il serait int ressant de viser la remat rialisation des contenus de l art en fonction d objectifs esth tiques et surtout utiles la cause 92 de la croyance en l art Autrement dit les attitudes esth tis es par la pratique contemporaine doivent s orienter et se concr tiser de mani re signer la fin des proc dures r f rences et concepts vides de sens afin de laisser moins de pouvoir au discours En fait l esth tique des attitudes permet en axant son activit vers le dialogue avec le spectateur de recr er un lien entre l art et la culture et alors de reprendre le contr le de ses significations face au r gime Dans le m me ordre l histoire de l art devrait voir diversifier ses points de vues soit non seulement accepter en son sein les perspectives historiques et non historiques mais bien s int resser l objectif d une histoire critique l image de l esth tique des attitudes l histoire de l art est invit e aller la rencontre du pr sent et s exercer selon une volont individuelle telle la voix propre de l historien En d autres termes l histoire pertinente l art contemporain requiert que la v rit hist
116. pul e par le r gime sa d marche n est pas libre elle se situe dans une esth tique de la nouveaut et du choc qui est d sormais sa tradition esth tique la tradition du nouveau L artiste est consid r comme un intervenant libre la libert tant examin e comme une garantie Il est cr ateur parce qu il est libre il ne peut cr er qu partir de l absence de contraintes Par contre cette croyance en la libert de l artiste n est pas viable dans le r gime contemporain pour l artiste l acte n est pas une fin en soi 11 r pond une nouvelle tradition de la nouveaut dont le choc est la finalit de l acte artistique La libert cr atrice superficielle de l artiste ne laisse que peu de place la d fiance ou la MICHAUD Yves L art l tat gazeux p 100 MICHAUD Yves La crise de l art contemporain p 111 31 32 37 r sistance N anmoins la croyance dans l art persiste mais sous une autre forme En fait le contexte dans lequel les artistes contemporains sont appel s cr er exige la r organisation et le r ajustement de leur croyance en leur propre pratique Les perturbations des r les productifs interpr tatifs et critiques ont introduit des modifications importantes aux notions d engagement et de critique la limite elles apparaissent aujourd hui tout simplement p rim es telles des vestiges de la p riode des avant gardes Dans le r gime contemporain la critique ne critique plus ell
117. qu eux m mes Leur remise en question du sens de la pratique ducative des intervenants du r gime d voile la part litiste et certainement anti d mocratique de la d marche du r gime Les QQistes signent d une certaine mani re la fin d une forme de croyance dans le syst me artistique contemporain celle d une transmission possible du savoir entre les intervenants et le grand public Dans le m me esprit ducatif le tandem pr sente la m me ann e que Les coefficients d art le jeu de soci t Critique en herbe le guide pratique du parfait petit critique fig 11 durant l exposition Free for Art Uniform ment diff rents pour veiller le public l exercice critique Critique en herbe est d entr e de jeu une installation rassemblant en plus du jeu de soci t le mat riel promotionnel n cessaire la mise en march du jeu soit une affiche lumineuse et une vid o publicitaire Le jeu consiste critiquer les uvres expos es dans le cadre de Free for Art Uniform ment diff rents partir des outils offerts avec Critique en herbe Ces outils fig 12 sont le T t O Maton la Palette et l Olive chacun permettant respectivement d valuer et d interpr ter la texture la couleur et l odeur des uvres expos es Autrement dit les QQistes banalisent l activit critique en liant arbitrairement certaines textures couleurs ou odeurs des interpr tations pr cises et abracadabrantes En pr sentant ces liens comme tant
118. que la r inscription ind finie de la soumission la loi de l Autre c est dire celle du r gime En fait de la r appropriation incessante du mod le du ready made jusqu l atomisation des pratiques et des formes de l art soit la dissolution de l objet d art en discours ces effets r v lent l ampleur du renoncement de la pratique artistique sa propre volont de puissance La d sincarnation de la erovance en l art contemporain correspond peut tre la seule r ponse possible la structure du r gime qui a ass ch de sa capacit subversive l activit artistique Les limites de cette r ponse sont bien entendu les m mes qui cernent l tat de la subversion dans la pratique contemporaine c est dire l incarnation vide de sens d un mythe dor navant exclusivement producteur de spectacle ONFRAY Michel La sculpture de soi p 171 RANCI RE Jacques Malaise dans l esth tique p 141 86 4 3 2 La croyance subversive contemporaine Le r gime contemporain comme l trange complicit entre d mocratie et culture sont parvenus acc l rer l extinction du pouvoir subversif de la cr ation contemporaine Ainsi peut tre suffirait il donc de faire un simple pas de c t pour sortir de cette aporie qui ne voit d autre issue l art que sa neutralisation par le monde administr ou sa coupable complicit avec lui en ce sens o il faudrait plut t abuser de la suspension de pouvoir
119. ques contemporaines de Turk des QQistes et de Phaneuf d montrent une capacit nouvelle faire de l artiste un maitre de l occasion capable tout le moins de prouver qu il dispose des moyens de plier le r gime sa volont Cependant si ces artistes ne sont plus au service du temps et de sa reconnaissance ils ne sont pas moins au service de ses lois et de ses caprices En faisant d eux m mes des produits artistiques ils se d gagent de la cl ture historique r alisent leur mythe mais ils se soumettent toujours aux bornes du r gime En fait qu il soit un dandy sublime pratiquant le d fi et l ironie l allure et la s duction avec toute la royaut de qui pratique l art de d plaire ou un Joueur d sabus et 5 MICHAUD ric Histoire de l art Une discipline ses fronti res 135 69 esth te m lancolique qui active une morale du m pris des valeurs bourgeoises l artiste reste toujours contraint de s exercer l int rieur du r gime pour que son existence b n ficie d un certain rayonnement Dans leur lutte contre l anonymat Turk les QQistes et Phaneuf parviennent contenir leur identit dans un nom c est dire que la visibilit du nom fait surgir leur identit Bien que ce soit le r gime qui leur conf re ensuite leur existence le nom de ces artistes devient dans leur pratique artistique le centre de l attention plus que l uvre en soi qui se trouve tre le nom m me Le
120. r art voire l art qu ils laissent tomber au profit de leur identit peut paraitre comme le sympt me Ibid p 149 4 ONFRAY Michel La sculpture de soi p 45 Ibid p 91 42 do d autre part elle d une crise profonde qui est celle de la d d finition de l art constitue aussi la confirmation de la d pendance de l artiste reconnu aux institutions L image d un artiste sans art r v le encore une fois la puissance du discours autour de l uvre pour attribuer une existence Dans la mesure o c est de l existence de l artiste dont 11 s agit le r gime peut appliquer voire plus syst matiquement le m me syst me de reconnaissance par la visibilit et enfin s appuyer sur les discours pour cr er un impact sensible autour de cet artiste L esth tique de l existence se conforme aux attentes du r gime puisque la man uvre consiste encore cr er du nouveau et donc du choc L artiste croyant s manciper ne fait en v rit que se conformer et devenir peut tre malgr lui un outil politique du r gime Mettre en uvre son individualit pour atteindre la reconnaissance officielle des institutions est un jeu manifestement aventureux 11 ne faut pas sous estimer les cons quences en termes d identit de cette reconnaissance L esth tique de l existence au service du r gime souligne la fin de l engagement et de la subversion ces notions tant d s lors exploit es pour atteindre le choc et enfin t
121. re Turk s appuie sur la reconnaissance consciente et inconsciente des l ments pour cr er une tension entre l art et le populaire pour remettre en question notre perception de l ic ne culturelle Les appropriations iconiques de l artiste soulignent comment chacun des emprunts autant les personnages que les l ments sont vides de sens La d g n rescence de l ic ne s enclenche d entr e de jeu avec la cire les sculptures r v lent comment la d pr ciation d un mode pourtant destin rendre hommage aux caract res historiques arrive ternir l image de ces personnages Les uvres de Turk dilapident l aura mythique de ces figures r volutionnaires et ouvre la voie la d sint gration sociale de l ic ne travers la d marche appropriative le caract re de culte disparait alors qu apparait toujours plus l artiste L ic ne se vide de son sens et s efface pour rendre Turk visible La visibilit de l artiste bien que travesti prend tout son sens et sa valeur du fait que ce dernier n est plus juste le support de 47 l uvre mais bien son unique sujet Bref par son travail d appropriation et sa remise en question du culte et de son objet d velopp s dans Pop Che et The Death of Marat Turk met en forme son identit d artiste Le jeu de reconnaissance iconique auquel l artiste m le son propre visage d voile le vide derri re chaque mythe mais surtout permet Turk de se mesurer eux pour faire ressortir la valeur de
122. re admis dans le circuit officiel cet gard il est int ressant de reprendre les mots de Nietzsche Mais quoi tu sers tol l individu Demande le toi et si personne d autre ne peut te le dire essaye donc de justifier le sens de ton existence en quelque sorte a posteriori en t imposant toi m me un but un service sup rieur et noble Que ce service te fasse p rir Je ne connais pas de meilleur but dans la vie que de se briser contre le sublime et l impossible La perte de l identit naturelle et l oubli de soi sont autant de cons quences que peut entrainer cette esth tique Nombre d artistes cultivent la provocation et la subversion comme si elles se suffisaient dans le seul but d arriver promouvoir leur identit L esth tique de l existence devient une thique c est dire lorsqu utilis e 16 MICHAUD Y ves La crise de l art contemporain p 118 47 bid p 144 5 NIETZSCHE Friedrich Seconde consid ration intempestive p 161 43 l int rieur et pour le r gime elle se pr sente comme une m thode conduisant au succ s La belle individualit dont l aspiration de l exposition serait l h roisme de la reconnaissance se vide de son sens et de ses potentialit s subversives et r sistantes Ce que l artiste inscrit en mettant son identit en sc ne n est plus une contradiction qui porte r flexion mais un choc qui authentifie sa soumission au r gime contemporain 11 n est plus rien de la
123. re de l art p 78 4 2 1 La situation historique et ses limites 2 2 p 78 4 2 2 Les possibilit s contemporaines de l histoire de p 81 4 3 La r alit subversive p 84 4 3 1 La situation subversive et ses DIIS obvia abd epe DR p 84 4 3 2 La croyance subversive contemporaine p 85 CONCLUSION p 88 ANNEXES p 94 BIBLIOGRAPHIE p 121 LISTE DES APPENDICES esso ductae tpe AE RE EE aU p 95 Liste des ceuvres de l exposition Les coefficients d art p 97 Liste des ceuvres pour Les coefficients d art public APPENDICE uote eumd MEN ORUM Qu p 99 Liste des citations pour Balade au c ur de la v rit de l art E a RASA bna pM rto p 103 Liste des l ments de l happening Le luxe du vernissage APPENDICE JE p 104 Liste des membres du collectif MAKPCA et leur t che LISTE DES FIGURES FIGURE 1 esseeseee eI IIR RR mH 105 FIGURE 2 eI RR IRI I Hm nme e sarete ren p 106 Che FIGURE 3 eee meme hehehe emeret p 107 The Death of Marat FIGURE 4 mehrere teat ere rentrer p 108 Cave FIGURE 5 eeeeeeeee e I he e eher te era rere eer ah eren p 109 Gavin Turk s Bronze Roller FIGURE 6 eR RR RR mre Remeras aeree re a e erae p 110 Gavin T
124. re le concept posthistorique de Danto il est au contraire plus conscient de lui m me et de sa d pendance aux interpr tations de l histoire En fait l effondrement de la cl ture historique est loin d tre li aux pratiques contemporaines c est plut t la repr sentation de l art et de sa place dans l histoire de l art dont il est question La cons quence de la nouvelle relation entre l art et l histoire est le d veloppement d un mode de perception flottant instantan et sans m moire L re posthistorique nous apparait alors comme la transcription de la structure de l esth tique de la distraction dans l histoire de l art cette structure donnant lieu un mod le historique destin s ex cuter l int rieur d un perp tuel pr sent Ce mod le historique contemporain marqu par la disparition de l aura et l esth tique de la distraction met en sc ne une conscience historique vou e au pr sent qui ne peut plus entretenir de lien avec l origine des choses et la tradition qui les conserve La rencontre des images h t rog nes dans la pratique contemporaine ne vise pas particuli rement provoquer un choc critique ni jouer sur l ind cidabilit de ce choc L appropriation et le d tournement des images du pass se posent plus tel un inventaire des traces de l histoire sans fonction critique esth tique ou politique de leurs provenances ou de leurs traditions La conjoncture historique de l art contemporain se pr s
125. rhol l opinion de tous est pr sent e sur le m me type de cartel comme si chacune de ces citations et opinions sur l art s quivalaient Les QQistes relativisent encore ici le discours critique mais cette fois d un autre point de vue puisqu ils s int ressent l opinion de tout un chacun et permettent alors au grand public de retrouver parmi les cit s des r f rences qui leurs sont accessibles Or ces 57 r f rences ne sont d aucune valeur critique au regard de l initi En fait les QQistes confrontent dans Balade au c ur de la v rit de l art deux perceptions de l activit artistique celles du grand public et des initi s pour faire ressortir la valeur al atoire de la critique selon le statut de celui qui met l opinion et le public auquel s adresse cette opinion Ces opinions n ont de pouvoir que celui que le spectateur leur conc de Cette distinction sur la valeur possible et variable d une r f rence rev t toute son importance dans la qu te de v rit de l art des QQistes En somme la pratique des QQistes joue sur le rapport conflictuel entre la culture de masse et la culture d lite elle se pose litt ralement sur la fronti re entre ces cultures La confrontation des v rit s de l art et leur projet ducatif sont des tremplins vers une remise en question de la pertinence des lites culturelles et de leur activit Les QQistes s adressent l lite culturelle et leur sugg rent d interroger la pratique des inte
126. ritiques se cristallisent dans une participation plus grande et diversifi e des critiques et historiens au sein du syst me Le savoir historique et le pouvoir critique sont condens s dans les m mes figures celles des intervenants qui participent aussi l av nement de l uvre Alors que l artiste semble cart du syst me contemporain il se dessine une crise de valeurs qui touche la foi la capacit subversive d un art produit et critiqu par le m me groupe d intervenants 1 2 4 Les cons quences Avec la perturbation des r les l int rieur du syst me contemporain il est clair que le parall lisme traditionnel des repr sentations celle de l art versus l interpr tation 7 ROCHLITZ Rainer Subversion et subvention p 72 MICHAUD Yves La crise de l art contemporain p 171 historique et critique est soumis un croisement Artistes et galeries tout comme la pratique de l histoire de l art et de la discipline esth tique doivent revoir leur place dans ce syst me Bien que ce contexte particulier contienne la promesse d une nouvelle libert d approche il reste hasardeux dans la mesure o il conduit une d sint gration g n rale des m thodes et des approches coh rentes Le syst me contemporain marque une centralisation de l activit artistique dans les r les d historiens et de critiques que Michel Onfray constate comme tant l existence d un clerg des beaux arts affair la
127. rs doivent g rer et d finir un art pluriel et indistinct Cette ind cidabilit qui cerne l art contemporain am ne une multiplication de discours et de th ories destin s tre art dans un milieu exempt d objet d art Cependant dans cette substitution du discours l objet d art une autre rupture se dessine L art se fait signification et philosophie il apparait alors que la fabrication de l uvre se d chire entre l artiste et le discours 1 2 Glissement et perturbation des r les critiques 1 2 1 Les r les productifs Une uvre est soumise une rotation des r les qui justement avec la dissolution de l objet d art ont t troubl s En effet le glissement de l art d objet concept influence la distribution traditionnelle des r les productifs interpr tatifs et critiques tous peuvent pr tendre l une ou l autre de ces activit s puisque les r les sont devenus interchangeables La fronti re entre les r les est devenue aussi poreuse et indistincte que celle entre l art et le non art Dans le syst me contemporain les r les associ s la production sont les plus touch s voire les plus incertains Il est clair que la question savoir qui repr sente et qui interpr te et lequel d entre eux cr ent vraiment l uvre n est pas r solue D ailleurs si l oeuvre d art n est plus syst matiquement un objet mais un concept il est moins ais de savoir qui aura le dernier mot sur celui ci La production d id
128. rt et la valeur du statut des intervenants du milieu artistique contemporain car elle est aussi une m thode particuli rement favoris e par les intervenants artistiques pour donner une valeur de v rit leur propos Ainsi en citant des noms connus du milieu artistique m me s ils sont parfois inconnus du grand public ils s assurent tout de m me de donner une valeur leur critique des critiques et de la critique Les QQistes approfondissent leur tude du pouvoir de la citation avec la Balade au c ur de la v rit de l art une installation pr sent e lors de l dition de 2005 de la Manifestation internationale d art de Qu bec L uvre consiste en une quarantaine de citations grav es sur des cartels de m tal fig 13 et situ s dans le lieu d exposition et un peu partout dans la ville de Qu bec Dans le lieu d exposition est pr sent e la balade c est dire une installation fig 14 d un ensemble de photos domestiques invitant le spectateur effectuer une sorte de course au tr sor pour retrouver les plaquettes L int r t critique de Balade au c ur de la v rit de l art n est pas tant l uvre que les citations En effet ces citations app C fictives ou v ridiques rapportent aux hasards des faits des d tails ou m mes des critiques sur le monde de l art provenant de personnalit s de milieux professionnels divers Ainsi des starlettes locales aux t tes de l histoire de l art en passant par Oprah Winfrey et Andy Wa
129. rtiste Dans la mesure o en se d tachant des pr rogatives d un r cit historique suivre 1 peut d s lors en alignant sa pratique son mancipation individuelle r cup rer la place conc d e l uvre dans le r gime contemporain Enfin le dernier chapitre nous permettra de revoir l tat de la croyance en l art et en ses propri t s subversives selon les conditions de la r alit artistique dans le r gime contemporain Dans ce chapitre nous tenterons de reformuler la croyance en l art en s int ressant l laboration d un nouveau mod le esth tique apte revitaliser la croyance en la singularit esth tique de l art contemporain Nous proposerons aussi une r vision du projet de l histoire de l art en ce sens o nous pr senterons une r valuation de la fonction de l histoire de l art en lien avec la r alit artistique contemporaine soit dans la perspective d un r cit pluraliste Puis nous valuerons la situation subversive contemporaine c est dire comment elle puise son sens r volutionnaire et sa valeur r sistante en se rapprochant d une thique pour en d gager les effets possibles sur le r gime contemporain en vue de la formulation d une croyance nouvelle en l art contemporain Chapitre LA NAISSANCE DU CONFLIT CONTEMPORAIN 1 1 De Duchamp la dissolution de l objet 1 1 1 Duchamp et sa rupture la remorque des r flexions duchampiennes sur le statut de l uvre d art l art contemporain
130. rtout en question la diff rence entre l art et la r alit La pr sentation d objets usuels industriels et d pourvus de toutes qualit s formelles et esth tiques invite r interpr ter le statut de l objet d art en rapport avec l objet DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 131 ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p 9 commun Duchamp d masque l utopie de la diff renciation esth tique de l art et de la r alit en faisant disparaitre l aspect utilitaire d un objet courant en lui donnant un titre soit un sens artistique Ainsi l autre versant de la rupture duchampienne est la r v lation qu art et r alit se rejoignent et que pour se distinguer et se donner un sens ou une valeur autre l art doit faire appel la philosophie et sa justification d un sens Le ready made met l art nu devant son assujettissement philosophique Cependant lorsqu il a impos ce regard introspectif l objet d art Duchamp b n ficiait d j d un statut d artiste reconnu Son parcours de peintre en France et son association avec divers groupes tels les cubistes ou les futuristes ont valu Duchamp une reconnaissance dans le milieu de l art avant l exposition de ses premiers ready made aux tats Unis Le ready made d fendu par Duchamp souligne que l objet d art n a pas tre beau tant qu il est choisi par un artiste l art est une d cision d artiste avant d tre un objet d art En fait la rupture du
131. rvenants du r gime et la v rit qu ils leur imposent mais utilisant le point de vue du grand public 3 2 2 L artiste marque d pos e La pratique des QQistes marque la fin d une certaine croyance celle concernant l lite culturelle les intervenants du r gime et leur pratique critique En remettant en question la confiance en la valeur et la pertinence du travail critique des intervenants les QQistes d construisent l utopie d une critique capable de discerner le bon art du mauvais Il n y a pas de critique ni de v rit 1 n y a que des participants un r gime qui r dent autour de l art en tentant de s en approprier le sens Cette prise de conscience du tandem se traduit par Le luxe du vernissage un happening trange autour de l v nement du vernissage qui regroupe app D sous un fond sonore de polka et une mise en sc ne des plus kitsch des participants r mun r s par les QQistes En fait l v nement rassemble des acteurs pay s par les artistes et des personnalit s du milieu artistique et intellectuel local qui pour leur part sont pr sents d office pour le vernissage Cependant il n y a pas d uvre 58 pr sent e l uvre c est le vernissage et le cirque de relation publique qui s y op re L v nement du vernissage normalement un peu glamour et people est ici d tourn en d lit kitsch par le QQistes Le luxe du vernissage deviendra donc suite l happening une exposition montrant des photos domestiques
132. sein du r gime elle contraint retrouver le sens du pr sent En d autres termes la survie de la croyance en art et de la possibilit subversive passent par la distinction thique et esth tique de l uvre au pr sent L uvre de l esth tique des attitudes doit signifier S RANCIERE Jacques Malaise dans l esth tique p 44 Le sens de l expression se r f re l id e d une esth tique des attitudes soit l esth tisation des attitudes et se distingue donc de l exposition When Attitudes Become Form pr sent e en 1969 par Harald Szeeman se concentrant sp cifiquement sur la pratique conceptuelle on DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 218 I Les valeurs utiles sont au sens d Onfray les valeurs qui mettent en ceuvre l individualit en fonction d un id al esth tique anti platonicien Voir ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p DE 78 seule sans d codage sp cifique son sens ne doit pas s appuyer sur le discours pour tre mais plut t s enrichir de la rencontre avec lui pour d finir un certain pr sent de l art et de la r flexion esth tique La croyance en l art et sa port e subversive repose donc sur la remat rialisation des contenus utiles et n cessaires pour les changes la valeur d une uvre ne se mesure pas au nombre de ces r f rences oblig es mais partir du lien que parvient fa onner l artiste avec la culture L esth tique des attitudes p
133. sera qu au profit de son existence et de sa gloire individuelle Dans un premier temps nous nous pencherons sur la d marche appropriative ax e sur une vision particuli re de la culture r volutionnaire de Turk Une d marche qui ouvre ensuite le questionnement sur la valeur du mythe et le sens de l ic ne culturelle Les uvres Pop fig 1 Che fig 2 et The Death of Marat fig 3 sont des statues de cire repr sentant chacune une figure historique r volutionnaire d c d e Sid Vicious Che Guevara et Marat incarn e par Turk De grandeur nature ces sculptures se pr sentent tel un regard macabre sur les mouvements contre courant et leur initiateur reconnus D abord la statue de cire porte d j en 45 elle une connotation mortif re mais aussi populiste en tant qu objet d hommage de moindre qualit De plus les salons d expositions de ce type d hommage sont aussi une facon populaire de raconter l histoire Les statues de cire de Turk mettent surtout en lumi re comment l admiration et l hommage activ s par elles d sactivent aussi l expression m me de la r volte Le rebelle devient une coquille vide i perd sa cause lorsqu il se transforme en culte Dans ce sens l eeuvre The Death of Marat est vocatrice Marat tout comme David qui l a immortalis ne sont plus que des noms qui illustrent pour l un l id e de r volution et pour l autre l id e de l art du pass Alors que le Che participe aujourd hui au langage co
134. son existence en tant qu artiste 3 1 2 Faire sa place dans l histoire Simultan ment l acquisition par substitution de la qualit d artiste Turk travaille sur la valeur et l impact de l incarnation dans l histoire de l art de l identit d artiste Alors qu il termine son dipl me en Beaux arts au Royal College of Art of London Turk pr sente comme projet de fin d tudes Cave fig 4 Cette sculpture est en fait une plaque de c ramique coll e dans le studio qu il a occup durant toute la dur e de ses tudes et sur laquelle il est inscrit Gavin Turk Sculptor worked here 1989 1991 Pr sent tel un objet de comm moration d un artiste alors inconnu du public Cave se veut une critique du mythe de cr ativit divine et de g nie qui entoure l artiste dans l histoire de l art Pourtant cette oeuvre rend hommage une p riode d activit de l artiste compl tement masqu e puisqu il est impossible de savoir si Turk a r ellement produit quelque chose durant cette p riode Ainsi Turk met en lumi re l acte de foi derri re chaque hommage historique en maintenant lui m me dans l anonymat les uvres cr es durant cette p riode Par ailleurs ce Jeu sur la r v lation de l invisible est aussi rep rable dans le choix du titre Cave soit une grotte un lieu normalement plut t cach qui est ici exhib voire magnifi De plus Cave est une uvre au rayonnement r duit puisqu elle est fix e un lieu qui n est pas destin
135. stallation comprenant poster vid o promotionnelle et le jeu de soci t incluant T t O Maton 3 Palette 3 L Olive 3 Gli piccole porti della verita 3 Test de destruction tes vous un bon visiteur de mus e 200 feuilles emporter manuel d instructions 3 2004 dimensions variables Vues de la boite de jeu euide pratique parfait petit crilique Taberooeclel Apres l norme aueces de Gel Drunk nod Visit cs vois offrent Mintontour nable chance de detenir un critique d art respect par vou paira sorioni lnsontene Hle poun r s proches Critique BUDE tous lcs ouule nbcessares paur xnugs arateter Les O0istes su ranid t RN x s 00 concepleurs de plus rapidement que vona ne le Critique on herbe au Tu Apres plusiours uanacs de rocher chanel tudes les QUistes onl rendait canallaer le seng qu i mane des uvres MED legavoir qui les guppartes rlilque em Norte ne joue un nombre Illimit de participanla ti coms Ica pour toul critique da pouvoir de songattoma fories vos nutili Prila FIGURE 12 QQISTES Les Critique en herbe M le guide pratique du parfait petit critique installation comprenant poster vid o promotionnelle et le jeu de soci t incluant T t O Maton 3 Palette 3 L Olive
136. t nous pr senterons la forme esth tique promue par le r gime contemporain qui en lien avec un abord distrait ou d sint ress de l art favorise l uniformisation de l approche subversive voire spectaculaire au point d en alt rer la croyance en la syst matisant Nous exposerons aussi le mouvement du nouveau rapport entre la production artistique et son histoire c est dire l effondrement des cl tures historiques qui autorise la pratique contemporaine mimer la pratique et le r cit de l histoire de l art plut t que de s y joindre qui d stabilise la position de la croyance En se faisant le miroir des subversions pass es la cr ation contemporaine d tourne la d sillusion de la croyance subversive et amoindrit la violence de l cart entre la croyance en la puissance subversive de l art et la r alit de sa situation contemporaine Nous rel verons alors l importance particuli re du croyant soit l artiste dont l image en pleine mutation au sein du r gime fait de lui l ic ne m me de la croyance En effet la manipulation voire l touffement de la croyance subversive par le r gime oblige l artiste revoir son attitude subversive car la subversion n a plus d autre espace pour s affirmer qu l int rieur m me du croyant et de sa foi Puis l int rieur du troisi me chapitre nous tudierons partir de l analyse de quelques uvres de Gavin Turk des QQistes et de Marc Antoine K Phaneuf comment justement l art
137. t contemporain des positions distinctes pourtant li es par l activit du r gime D entr e de jeu il y a le tapage autour d un art qui accueille dans ses formes et dans ses lieux le n importe quoi des objets d usage et des images de la vie profane puis la d sillusion face la promesse d une r volution esth tique qui transforme moins les formes de l art qu elle ne change simplement de mains les r nes de la production artistique les passant de l artiste au milieu artistique Par ailleurs l ventualit d un Comme par exemple dans l esth tique relationnelle voir BOURRIAUD Nicolas Esth tique relationnelle p 11 14 MICHAUD Y ves La crise de l art contemporain p 129 i RANCI RE Jacques Malaise dans l esth tique p 25 23 discours d opposition r clamant la s paration radicale entre les intervenants de la pratique de l art et ceux de l valuation esth tique ne pourrait parvenir r tablir le concept derri re le mot esth tique En fait la d nonciation de la d sint gration de l esth tique assure l existence et la d finition d un propre de l art d nonciation de la d naturation esth tique de l art tient lieu d assurance quant sa nature ou si l on veut quant l unicit de son nom cependant cette forme d fensive n est pas ajust e au r gime nouveau et paradoxal d identification de l art Le r gime contemporain ne d sapproprie pas le propre de l art de son
138. t contemporain des rep res permettant de donner une identit sensible l uvre c est dire sacraliser l oeuvre L aura de l esth tique de la distraction en est une fabriqu e de toutes pi ces pour garantir l effacement du r gime comme support de l uvre Ce qui intervient alors ne sont pas des crit res forc ment politiques mais qui tout le moins ne sont plus esth tiques L aura contemporaine se fonde sur la visibilit m diatique de l uvre voire de l artiste Loin de l id e qu il suffit d un regard qu il soit d artiste ou de spectateur pour que n importe quoi s esth tise il faut diriger ce regard s assurer qu il voit ce qu il y a voir En effet nous avons not que les r les critiques l int rieur du r gime ne pouvaient plus pratiquer avec une distance critique n cessaire En r alit la plupart des publications ne comportent pas de dimension critique ou de Jugement de valeur l valuation contemporaine passe par le fait de parler ou pas de quelqu un ou d un objet Ainsi la valeur auratique des uvres autant que le discours critique se d finissent par l acc s la visibilit de l uvre La visibilit prend la forme d une s lection critique permettant ensuite par l acc s multipli la visibilit de fabriquer une aura de donner une dimension sensible l objet ou l identit qui se propose comme uvre Le r gime contemporain sacrifie le culte de l eeuvre pour ce qu elle exprime
139. te de sa propre satisfaction la d ception r de autour d elle comme son partenaire oblig En effet plus la croyance se pr cise et se rapproche d une r gle plus il est facile de bouleverser ses expectatives voire de d stabiliser ses militants dans leur habitude de croire Formuler les attentes et les expectatives de la croyance en l art est un vaste projet dans la mesure o cette croyance se d ploie en plusieurs fixations et perspectives cet gard la pr sente analyse ne s int ressera qu l tat d un pan d une des fixations de la croyance c est dire celui de la foi en la capacit d structurante de l art soit sa force subversive La croyance en la puissance subversive de l art a commenc se partager dans le milieu artistique et philosophique d s la fin du XIX si cle pour ensuite s affirmer comme une g n ralit durant la modernit CAUQUELIN Anne Petit trait d art contemporain p 49 Pourtant r cente cette croyance se voit d j agit e par l mergence de la pratique contemporaine qui agit contresens de ses attentes et de ses exigences c est dire qui lui donne tort Dans la mesure o une croyance ne peut concr tement tre dans l erreur notre hypoth se est que la pratique contemporaine et plus particuli rement le syst me qui la g re participent au retrait de cette croyance en rendant l approche subversive tout simplement impossible L examen de l avenir de la croyance en la port
140. tendu le march des individualit s comporte certains avantages et leurs inconv nients prime abord l artiste reconnu et accept par les institutions b n ficie non seulement d une reconnaissance dite officielle mais aussi d une certaine s curit financi re qui d une part favorise chez l artiste reconnu un rel chement de sa recherche artistique et d autre part entretient aussi une rivalit entre les artistes L id e d une reconnaissance officielle d veloppe chez celui qui en profite une satisfaction de soi qui pousse le plus souvent cesser de chercher une autre forme de reconnaissance Bien que cette estime fond e sur la reconnaissance officielle se rapproche assez d une inconscience de l artiste manipul elle n attire pas moins l envie des autres artistes Suit alors une concurrence pour capter et conserver l attention des institutions Dans cet empressement l artiste en qu te de reconnaissance ne s embarrasse pas d thique et va au plus press sans foi ni loi il vise l efficacit marchande de son poque Ce jeu social entre l artiste et les institutions prend le pas sur la puissance cr atrice de l artiste le travail sur l identit d artiste se transforme en un man ge moins subtil de qu te radicale d identit par la reconnaissance Le march regorge alors de produits identitaires le plus souvent similaires les uns aux autres dans le but de satisfaire les exigences des institutions Pour faire partie du gr
141. terpr tatifs et critiques L mergence du r gime contemporain affecte alors la production artistique et oblige l artiste revoir son r le par rapport au syst me Dans un premier temps la polarisation du pouvoir dans la propri t du discours touche la forme esth tique elle n est plus militante mais d sengag e L esth tique ne sert pas d fendre une position id ologique quelconque sa mutation en discours maintenue par les critiques et historiens fait en sorte qu elle est autant la position que sa confirmation Plus que jamais l interpr tation n est plus innocente particuli rement lorsqu elle appartient au milieu artistique plut t qu l artiste En fait les artistes sont libres de toutes r gles contraignantes de repr sentation puisque l approche esth tique importe peu quand c est le discours qui fait l uvre Il est clair alors que l objet d tude de l art n a plus le m me aspect l incarnation mat rielle de l uvre est secondaire au discours qu elle fait merger Voil la particularit de la forme esth tique dans le r gime contemporain elle n est plus 20 susceptible de former un crit re L art contemporain se distingue par son absence d unit stylistique pas tant par m pris de la qualit esth tique mais parce qu elle ne participe plus la formation du discours critique ou la classification historique de la p riode contemporaine En effet partir du constat que n importe quoi peut tre de l art
142. thousand two hundred and thirty four eggs fig 7 Turk exploite des coquilles d ufs pour y inserire sa signature comme symbole de l histoire du surr alisme mais plus particuli rement pour les propri t s quasi m taphysiques de l uf L artiste souligne en opposition aux surr alistes que personne ne r ve vraiment about eggs or furry tea cups par contre l uf voque pour tous cette id e de d part et de finalit Ainsi dans 234 eggs l uf se veut l illustration des restrictions impliqu es dans la reconnaissance de la signature Le nom merge des coquilles telle la naissance d un nouvel artiste mais l identification radicale de l artiste marque aussi la fin de son parcours cr ateur d sormais limit ce nom Les caract ristiques plastiques de l uf ne vont pas sans rappeler la simplicit et le d nuement de celles de la sculpture moderniste et justement de ses restrictions cr atrices strictes au point o la diff renciation des ceuvres s articulait le plus souvent pour le n ophyte partir de l identification de l artiste Turk fait r f rence aussi au ready made et son jeu FREEDMAN Carl Making Omelettes p 99 51 d appropriation d objets sans valeur sanctifi s par la signature de l artiste En effet 1234 eggs d tourne le jeu du ready made vers une r flexion sur la compr hension acad mique de l art contemporain la signature support e par le ready made devient l outil d une prise de
143. tionnel Leur art r v lait le caract re opprimant et s gr gationniste des institutions Dans le syst me contemporain la collaboration entre les institutions et l artiste est plus que n cessaire son existence elle lui garantit la visibilit et la dur e Alors le projet des artistes contemporains n est pas de remettre en question les institutions pas plus de les faire disparaitre il consiste se faire admettre par elles Voil la position des artistes contemporains devant le syst me du r gime une prise de conscience que n importe qui peut tre un artiste s il sait comment jouer le jeu du r gime comment se mettre en sc ne en se pliant ses r gles i MICHAUD Yves L art l tat gazeux p 196 DANTO Arthur L art contemporain et la cl ture de l histoire p 216 39 Dans cette perspective 1l semble que seule la premi re apparition soit difficile Puisque pour tre admis par les institutions il faut d entr e de jeu avoir t expos c est dire exister Soyez reconnus on vous d couvrira telle pourrait tre la maxime du mim tisme institutionnel En d autres termes dans le march des individualit s du syst me artistique contemporain il faut parvenir exister pour que les institutions acceptent d ent riner l existence Dans ce circuit de reconnaissance ce que le r gime contemporain marchande sont les r putations qui comptent autant sinon plus que la r alit des oeuvres Bien en
144. tique s rige en opposition avec le pass cependant il lui est d sormais exig de s y j BELTING Hans L histoire de l art est elle finie p 82 ONFRAY Michel Arch ologie du pr sent p 19 conformer pour exister La pratique contemporaine est alors prisonni re d une sorte de culte du mus e permettant de r soudre du moins en surface les consid rations philosophiques concernant l art formul es partir du moment o il est devenu vident que tout peut tre de l art Cependant dans ce contexte o production de l oeuvre d art et discours se confondent et se retrouvent dans les mains d un m me groupe d intervenants les th ories se d finissent moins en termes de vrai ou faux qu en termes de pouvoir et d oppression Le monopole productif interpr tatif et critique des historiens et critiques touffe le pouvoir de subversion des artistes En fait la r appropriation du mod le du ready made et la dissolution de l objet d art ont d clench une s rie de bouleversements qui fa onne ce que nous appelons le syst me contemporain et sa distribution des r les Sous les apparences d une crise des rapports entre la cr ation artistique les institutions et le public se dessine une imposante transformation du milieu artistique La perte des illusions tenaces concernant l autonomie de la cr ation artistique et la contradiction imminente entre les normes historiques et critiques et leur pouvoir marquent le d but d une p
145. torisant elle m me d exister L esth tique des attitudes o la souverainet de l individualit passe par l exp rimentation de son pouvoir sur le temps fournit un exemple du rapport au temps que doit adopter l histoire critique ce sens o l s agit pour l historien critique d adh rer une volont individuelle qui ne soit redevable ni au pass et sa nostalgie ni au futur et ses illusions Ainsi l criture de l histoire de l art critique ob it des int r ts et se transmet dans la langue de l arbitraire sans pr tention de v rit donc sans croyance envisageable autre que celle en l art cette proposition subjecttve et justifi e par des attentes que l on tente de r v ler est ce qu on pourrait appeler l histoire de l art possible apr s la fin de l histoire 4 3 La r alit subversive 4 3 1 La situation subversive et ses limites La mascarade partir de la r appropriation du mod le duchampien n a gu re t qu un cran de fum e masquant la mort lente de la subversion au sein du r gime La promesse d mancipation esth tique par l art contemporain s est transform e ou plut t renvers e en une catastrophe thique sans m moire ni oubli En effet le mod le esth tique d sengag du r gime contemporain dissout la pratique artistique subversive par l exigence de spectaculaire qui att nue toute forme de signification r sistante La pratique contemporaine ainsi vid e de son sens se retrouve alors
146. tradition esth tique contemporaine issue du ready made les uvres de Turk des QQistes et de Phaneuf ne r pondent pas des crit res esth tiques pr cis Au contraire elles s appuient sur l identification du producteur en tant qu artiste pour se revendiquer du statut d uvre d art Il est n anmoins possible de d gager de leurs pratiques une approche esth tique susceptible de former un crit re pour l art contemporain D abord ces artistes am nent le ready made sur un autre terrain que celui de la d sint gration esth tique duchampienne ils le d veloppent dans une nouvelle perspective et en font le centre m me de leur pratique Le ready made de la pratique artistique contemporaine est un produit pr t pour la mus ification en ce sens o l objet d art contemporain est ready made not just for the Museum but for reproduction too Autrement dit con us comme des reproductions les uvres de Turk des QQistes et de Phaneuf r pondent aux exigences marchandes du mus e elles sont produites directement pour l exposition sinon elles perdent leur port e d nonciatrice et subversive En fait c est l inclusion des uvres de ces artistes dans le r gime contemporain qu elles tournent en d rision qui leur conf re leur sens cynique et leur valeur iconoclaste la mani re de Pierre Pinoncelli qui avait abim Fountain en se revendiquant de la pratique de Duchamp ces artistes certifient la cr dibilit de leurs attaques du r gi
147. ubversion autorise l artiste et son uvre un acc s rapide la visibilit sa forme spectaculaire justifie leur exposition Cependant la r p tition outrance de cette approche sans pour autant faire progresser ni id aux ni causes d ordre esth tique ou m me thique bouleverse le sens propre de la subversion La 28 m thode conduisant la r sistance est devenue objet un objet soumis au discours lui m me soumis au r gime contemporain L esprit de s rieux plombe lourdement l art contemporain car la r sistance s enfuit quand les actes subversifs s abritent sous la tente du syst me dominant 2 2 Nouvelle relation l histoire 2 2 1 L effondrement de la cl ture historique L art contemporain refl te l histoire de l art mais ne se situe pas dans son prolongement Ce d tachement face l histoire n est par contre pas r cent ni li l tablissement du r gime contemporain En fait cette s paration entre la pratique artistique et l histoire de l art est le r sultat de la crise des avant gardes et surtout de la perte de confiance dans une continuit signifiante et un sens de l histoire Avec le mouvement des avant gardes europ ennes du d but du si cle le programme de l histoire de l art qu il soit volutif ou progressiste a perdu son ascendant sur l exp rience contemporaine de l art L ordre id al o tout ob it aux r gles de l histoire de l art a t d truit par l art
148. ue en une correspondance entre un Soi et un Autre d o l mergence d une dimension thique dans l art Le r gime et le discours n ont plus le m me ascendant sur le sens 5 MICHAUD ric Histoire de l art Une discipline ses fronti res 27 ii RANCIERE Jacques Malaise dans l esth tique p 133 fbid p 141 87 de l uvre permettant alors le dessein d une nouvelle croyance en l art Par contre la radicalit de la loi thique ne consent pas l utopie d un art capable de promettre l mancipation la croyance qu elle introduit ressemble un constat d un tat de l art et de ses contraintes Dans un contexte o l histoire de l art apr s la fin de l histoire est possible il est clair que plus aucune pratique artistique pas plus que l actuel tournant thique de l art ne pourra se poser comme une n cessit historique et donc que la croyance en le pouvoir subversif de l art sera r orient e Le mouvement attaqu par les possibilit s contemporaines d montre que le propre de l art trop souvent compris comme une force subversive a pris la forme d une autre force La nouvelle croyance se profile par la reconnaissance de la capacit de l art recoder et inverser les formes de pens e et les attitudes qui visaient hier un changement politique ou artistique radical et par cette activit elle pose enfin la fin de l exigence d un propre artistique immuable c est dire des croyances parasites et des
149. ues les sculptures de Turk n cessitent que le spectateur les d chiffre et les d m le partir de ses propres connaissances artistiques et historiques L activit de restitution des 46 l ments reconnus dans ces uvres r v le la d marche appropriative de Turk au del de la figure r volutionnaire Outre le personnage plusieurs emprunts sont exploit s par l artiste et de la reconnaissance de ces appropriations d coulent justement leur valeur iconique Par exemple la pose des personnages dans Pop et Che est celle du Elvis peint par Warhol Du fait que le spectateur puisse reconnaitre cet l ment se r v le la valeur m me de la pose dans la conscience du spectateur mais ajoute aussi la valeur de l eeuvre o se joue l appropriation De plus il s accomplit dans ces sculptures une autre forme de reconnaissance celle de l artiste c est dire Turk reconnu travers les illustrations de gens et d l ments reconnus Dans ce jeu de reconnaissance Turk met en forme un lien entre lui et les figures mythiques bas surtout sur sa repr sentation l int rieur de l uvre En fait l artiste met en corr lation la reconnaissance de son statut avec la reconnaissance de son visage dans l uvre L efficacit de ce proc d soude les identit s de Turk les figures de r volutionnaires et les l ments appropri s dans l exp rience culturelle et iconique du spectateur et confronte l histoire de l art avec la culture populai
150. un jeu d appropriation plus riche il reste que la r interpr tation des interpr tations historiques comporte aussi un certain danger L art contemporain r active en effet Je pass sur le mode du joyeux bazar oriental o se t lescopent citations et r f rences jadis mais ce jeu ne fait que perp tuer une vieille bataille d id es et de probl mes qui a d j fait les choux gras de 5 ONFRA Y Michel Arch ologie du pr sent p 6 l histoire de l art La r cup ration outrance des uvres et images du pass place l art contemporain sur une trange vole une sorte de post post modernisme qui n est vrai dire plus apr s rien D une part la d marche appropriative des derni res ann es rel ve des vertus de l inactuel et de l intempestif l histoire n est alors qu un r servoir producteurs de sens d autre part un art d j produit avec la conscience de sa propre histoire se limite une action toujours d chir e entre la fuite et la r utilisation de ce bagage Cette confrontation entre l art contemporain et l histoire de l art les endommage autant l un que l autre L histoire de l art son mod le et surtout sa structure n est pas adapt e la conscience historique de l art contemporain il est difficile de lui faire un casier sp cifique dans la mesure o il se balade constamment dans ceux des courants artistiques pr c dents tout en se jouant de leur tiquetage Par ailleurs l art contemporain
151. urant politique et que le mouvement punk porte le visage de Vicious Turk prend part cette culture du lieu commun d naturalisant le caract re r volutionnaire de ces figures Le culte des h ros de la contre culture a construit autour d eux un clich de r volte que Turk s approprie et rev t sans pour autant se r volter La d marche appropriative de l expression de la r bellion qu effectue Turk remet aussi en question l originalit des h ros Cependant les appropriations de Turk ne se situent pas la remorque des implications politiques de l appropriation telle qu exploit e durant les ann es 80 En effet en remettant en question l authenticit du h ros l artiste met en place son propre pouvoir sa valeur et son prestige avec l utilisation de son visage En pr tant son visage ces figures r volutionnaires Turk construit sa politique personnelle Enfin le commentaire sur la d naturalisation de l activit r volutionnaire par le culte illustr dans ces ceuvres m ne une r flexion sur la d pr ciation parall le de l individu c est dire la perte de l identit propre l objet du culte Pr alable la possibilit d un discours sur la neutralisation de l expression de la r bellion Turk a d s assurer que les caract res qu il rev t puissent tre reconnus En effet la force des appropriations de l artiste r side dans son jeu sur les sp cificit s visuelles de ces h ros Compos es de r f rences kal idoscopiq
152. urer la croyance en l esth tique consiste revoir le concept en d passant l esth tique des uvres pour valuer l esth tique des attitudes En regard de la n cessit de ce nouveau mod le esth tique fond sur les attitudes il est clair que le r gime fera face des transformations quant son influence sur les ceuvres prime abord au sein d une esth tique des attitudes le discours d o Ibid p 12 ONFRA Y Michel Arch ologie du pr sent p 121 BELTING Hans L histoire de l art est elle finie 44 76 qu il provienne ne poss de pas le m me pouvoir significatif et ducatif En effet dans une esth tique des attitudes l ironte et l humour enseignent mieux que le discours docte Les attitudes esth tiques ne sont en fait que des sensibilit s voire des individualit s mises en oeuvre et qui n exigent pas particuli rement l intervention de la machine fabriquer des significations du r gime pour avoir du sens L uvre comprise travers le mod le esth tique des attitudes montre d entr e de jeu l accomplissement et le passage l acte de l artiste elle t moigne de la particularit et de la production d une identit Ainsi contrairement la logique du consentement esth tique du r gime qui contr le et favorise la duplication des ceuvres l esth tique des attitudes ne s int resse qu aux identit s singuli res qui se construisent et s imposent selon leur propre morale Elle cherch
153. urk FIGURE T ssc RR Hem rre see aae eee reserare eee p 111 One thousand two hundred and thirty four eggs FIGURE 8 esee e hme mess sese re ne near ee nenas p 112 Les coefficients d art FIGURE 9 113 Les coefficients d art public FIGURE 10 I III I I Hn er he ee n e ee e eres p 114 Conf rence sur la V rit de l art FIGURE 11 II HH Hee e ene eme eee ehe p 115 Critique en herbeTM le guide pratique du parfait petit critique Vues de la boite de Jeu FIGURE 12 eee enne eme he meses es see rre nens p 116 Critique en herbe1M le guide pratique du parfait petit critique Arr t sur image de la vid o promotionnelle montrant les outils d analyse vil RASORE NC a E AO p 117 Balade au c ur de la V rit de l art Exemples de plaquettes FIGURE uM C LU 118 Balade au c ur de la V rit de l art Vue de l installation FIGURE 15 Tr HR ps 119 Le luxe du vernissage FIGURE rc TETTE TENERE p 120 Signature dans les livres d or R SUM Au del de la simple reconnaissance d une activit artistique la croyance en l art participe la compr hension de l art de sa repr sentation et de la repr sentation de sa fonction Cette croyance artistique est muable et r agit aux diff rentes approches artistiques qui lui sont soumises alors qu elle se divise aussi en diverses expectatives Ainsi il n est pas ton
154. urs les attestations de l ascendant de l histoire sur la perception de l art L art contemporain n est done pas aussi ind pendant de son histoire que la pratique appropriative le sous entend En effet les appropriations et les d tournements ne s effectuent pas dans un esprit critique des images en soi au contraire sous une apparente attitude de rejet du mod le historique l art contemporain prolonge peut tre malgr lui le t moignage d une servitude historique des uvres pass es Bref il y a une analogie entre la rupture esth tique contemporaine et celle de sa relation l histoire Ainsi l esth tique de la distraction se traduit par une histoire du pr sent qui ensemble d tournent l art contemporain d un projet de construction d un avenir artistique pour le refermer sans cesse sur lui m me 55 lbid p 158 35 2 3 Nouveau statut de l artiste 2 3 Une image en mutation Les conditions esth tiques et historiques contemporaines ne laissent gu re d espace une affirmation subversive de l art en vue de la construction d un avenir qui lui soit propre La responsabilit d action n cessaire l laboration de la croyance en un futur artistique incombe alors l artiste Le r le et l importance des individualit s singuli res au sein d une histoire faire redoublent d autorit dans le r gime contemporain En d mobilisant l artiste de sa distance fixe au pass les d veloppements relatifs l implantation du r g
155. urs se juxtaposant l existence du concept Ainsi l historien est moins le producteur d histoire de l art que l interpr te des r alisations artistiques Son r le ne se pose plus la fin du parcours de l uvre tel un classement final il intervient directement dans la cr ation d un sens artistique pour l uvre Alors que les objets d art se pr sentent sous forme de discours c est dire d interpr tations il n y a qu un pas pour que l historien revendique dans le syst me contemporain le r le de r alisateur de l oeuvre d art Puisque le discours d sormais uvre n appartient pas l artiste mais aux intervenants qui s occupent d arts 15 1 2 3 Les r les critiques L appropriation nouvelle de la production de l objet d art par la propri t du discours voire le contr le du discours des intervenants exclut d une certaine mani re l artiste du syst me mais transforme aussi la valeur des r les critiques D abord la position productive et interpr tative de l historien dans le syst me contemporain affecte le processus traditionnel de reconnaissance historique qui est en soi une forme de critique a posteriori de la cr ation puisque l historien agit dor navant au pr sent Son r le critique ne se situe plus dans la m diatisation du savoir entre l art pass et celui du pr sent mais plut t dans une attitude visant chercher dans le pass ce qui pourrait expliquer le pr sent Cette position critique se distingue
156. utient d un pouvoir que ce soit celui de l tat celui de l institution celui de l lite cultiv e celui des maitres du discours mais la situation contemporaine est plus complexe Il n est pas r cent que les uvres d art rel vent d un codage n cessitant un d codeur Le discours et d autant plus les manifestes des mouvements d avant gardes ont souvent particip la compr hension des uvres et de l id ologie qu elles refl tent La nouveaut du r gime contemporain n est que l clatement de l art en fragments esth tiques pars qui implique une multiplication des codes et une plus grande intervention du discours qui souvent n est plus exclusivement d fendu par l artiste Ainsi si l esth tique semble mourir c est qu elle touffe sous les trop nombreux discours dispers s au gr des besoins du r gime L uvre s efface sous le discours qui parle pour elle et donne voir ce que le r gime demande voir En art comme ailleurs en philosophie par exemple l obscurit passe souvent pour un gage de profondeur tort l incompr hension semble garantir l excellence et la raret conceptuelle Lire les notices les modes d emploi les pr faces de catalogues souvent r dig s par les critiques appoint s en rouages d une machine produire du vent renseigne sur la fa on dont on cr e l illusion de l uvre Le discours donne voir comme l affirment les II MICHAUD Yves La crise de l art contemporain p
157. ventions de ces auteurs nous fixerons notre interpr tation de la situation contemporaine C est dire que nous nous int ressons confronter les cadres th oriques offerts par ces auteurs la pratique artistique contemporaine donc de sortir du pur concept pour souligner comment les renversements illustr s par les auteurs s activent Dans un premier temps nous tudierons partir du cas de Marcel Duchamp et de la modification des param tres de d finition de l objet d art le contexte conflictuel qui a faconn le syst me artistique contemporain Il sera question de l influence des proc dures duchampiennes sur la pratique artistique et le processus d identification de l art qui ont aussi introduit une nouvelle structure de r partition des r les actifs dans le milieu artistique En fait ce regard sugg r sur l tablissement du syst me artistique contemporain et d une nouvelle d finition de l objet d art vise mettre en lumi re les cons quences venir de ces transformations sur l tat de la croyance subversive Ensuite le second chapitre s int resse sp cifiquement au syst me contemporain dont la rigueur de la structure a inspir le nom de r gime contemporain Yves Michaud Selon les trois axes d influence et d action de la croyance soit son jugement esth tique son rapport l histoire et son croyant et leurs tats au sein du r gime nous valuerons les possibilit s d avenir de la croyance subversive En effe
158. yance artistique pour former les mod les d une esth tique d une histoire de l art et d un r le pour l artiste plus pr s de ce que devrait tre une nouvelle croyance en l art contemporain Mots cl s Subversion Croyance Art contemporain Gavin Turk QQistes Marc Antoine K Phaneuf INTRODUCTION Avant la cr ation d une uvre le premier regard qui se pose sur elle et l interpr tation de son sens il y a une croyance celle qu il existe une activit qui s appelle art La croyance en l art fonde les connaissances artistiques et les exigences par lesquelles ces connaissances sont transmises Autrement dit l orientation de la croyance en l art bien qu elle soit floue et mall able participe au fondement du jugement esth tique de l art c est dire qu elle pr c de ce jugement en cr dibilisant priori certaines formes et exp riences selon l objet de sa foi De plus la croyance en l art contribue la compr hension de l art dans l histoire Toujours ant rieure la cr ation artistique elle t moigne pourtant du passage du temps qui trace un cart entre ce qu elle croit et ce quoi elle est confront e La croyance en l art est ainsi soumise l influence du temps elle est en permanence d chir e entre le pass de son Jugement et le pr sent des propositions qui lui sont soumises Comme toute croyance celle en l art s accompagne souvent de d senchantement Alors que la croyance est perp tuellement en atten

Art contemporain : la fin de la subversion

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents