La Mère Michel a lu N°3 (hiver 2008-2009)
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1. C J V H Combien Je Vous Hais femme Mais lamour ne durera pas Robinson n est ni humble ni soumis la Providence tout est refaire neuf sans doute les maisons et les hommes Miroirs noirs est une uvre cl qui utilise une structure en mosa que succession d instantan s invention stylistique tactique et strat gique dont nous traiterons par la suite d une redoutable efficacit Les deux romans scandalisent la critique catholique et conservatrice ils enthousiasment la plupart des crivains et lecteurs de la g n ration d AS Les possibilit s de publication deviennent meilleures la situation mat rielle d Arno et d Alice va s am liorant Sont publi s alors Alexandre ou Qu est ce que la v rit Les migrants et un peu plus tard Sc nes de la vie d un faune Paysage lacustre avec Pocahontas Cosmas C ur de Pierre Citons C Riehl ici in extenso propos des livres de cette p riode Est ce Pinfluence d Andersch fortement impressionn par Pesprit rigoureux et math matique de l auteur ou celle de Max Bense lui m me philosophe des sciences qui pointe dans ses essais l aspect d exp rimentation radicale de cette prose si finement cisel e et si pr cise C est sans doute ce dernier qui poussera Schmidt crire ses Calculs un Schmidt qui d ailleurs affirmera petit petit de plus en plus crire de la lt litt rature pure une notion qu il veut2. la tonsure l en r compense sur ses seize ans Arthur approche du prieur La belle et atroce histoire d j va l amble Merlin s est volatilis Envoy par le roi serait il prisonnier des moines L Eglise ne haitelle pas les Enchanteurs les sorci res Le chevalier Pellinore se voue pourchasser la B te furieuse qui gorge et ventre enfan ons et berg res autour de Vurvian village tout proche dont demeurent aujourd hui encore les traces pour quivoudrait les chercher Mais l histoire prend le galop La B te est insaisissable elle tue et tue encore Arthur a emmen Martin on s appr te difier la capitale de ce monde naissant son palais son glise Martin sera un jour fait v que et conseiller royal Viviane se sera jointe la petite troupe Elle agr mentera les nuits royales apr s s tre chapp e de son in pace et avec la complicit de l eau s tre bellement veng e D Ornulfe son tour menteur Galian fils b tard du comte de Logres lui aussi sauv du massacre entre en sc ne Il court les bois s duque la fauconnerie partout accompagn de son aigle bott e qu il a nomm e Dorine du nom de sa propre m re Au passage Arthur et sa troupe vengeront la maison de Logres l usurpateur et chef des corcheurs un certain baron de Lours avec toute sa bande d assassins seront taill s en pi ces par les chevaliers d Arthur Excalibur tranchera la t te du baron Morholt
3. La M re Michel imagine qu un tel r gime d existence d veloppa chez AS la passion de l ind pendance d esprit doubl e d une grande rigueur dans l organisation des id es Sa boulimie de lecture en fut probablement une cons quence tout fait naturelle ainsi que son exceptionnelle r sistance aux travaux de longue dur e C Riehl nous rappelle qu il traduisit sans s essouffler la Littlepage Trilogie de Fenimore Cooper les romans monstrueux de Bulwer Lytton Il fut aussi un homme susceptible ses m saventures aux preuves de l Abitur quivalent du baccalaur at sont loquentes ce sujet et aussi l ami d une certaine discr tion sans doute en partie explicable par la crainte d tre rep r par la menace hitl rienne montante Entre son mariage avec Alice Murawski en 1937 sa mobilisation en 1939 il eut le temps de passer dans une cole de commerce peut tre de se produire comme calculateur prodige dans des cabarets de travailler l tablissement d une table de logarithmes 10 chiffres il y fait allusion dans L viathan et la M re Michel n y entend goutte ce qui selon d aucuns lui faisait perdre son temps Il tait un isol superbe et le titre de sa premi re fiction inachev e L ile est loquent cet gard De 1937 1943 autre Apollinaire il est canonnier oubli en Norv ge o guetteur d horizon la Buzzati il fait ses classes
4. agit du r ve d un enfant de quatre ans p 103 pourtant toujours simple et tr s clair selon Freud lui m me La contradiction n meut que rarement le p re de la psychanalyse m me quand il parvient la d celer Le r ve de la bouch re par exemple se comprend comme le souhait de r alisation d un d sir n gatif qui ne peut r pondre aucune pens e inavouable pp 105 108 O est ici la coh rence de la th se freudienne elle m me quant au r ve et au refoulement Cette coh rence est mise mal dans bien des exemples cit s par Freud que ce soit le r ve du march p 109 et sqq dont Pinterpr tation est tout enti re construite partir d une association d id es qui est venue Pesprit du seul Freud Constructions Associations d id es Tout est possible avec ces outils l du ch teau de Versailles la cabane de branchages au fond du jardin Ren Pommier poss de Part consomm de jeter la lumi re sur les fissures du monument sur linstabilit de Pabri ph m re Pour ce r ve du march Panalyse de notre auteur m cr ant est d un exceptionnel int r t tant elle r v le que Freud dans son interpr tation d cr te plus qu il ne d montre aboutissant ce quoi il veut et d cide d aboutir plus qu ce quoi il devrait aboutir s il restait dans le droit fil de sa th orie est ici soulign le singulier manque de rigueur de sa d
5. fils cadet de ce dernier est pargn et emmen vers la future Camelot belle recrue que celuil et promis lui aussi un furieux destin L aigle de Galian fondant sur un vol d outardes indique le lieu o ser a fond e Camelot Broc liande Vurvian Viviane est de retour Elle recrute douze jeunes gens filles et gar ons sa troupe elle des amis d une enfance qui s loigne comme eux s loignent pour une myst rieuse mission Sur leur pas Merlin que la jolie f e a su d livrer r pand les brouillards complices Romain le forgeron leur ennemi jur tire une langue bleue dans sa bouche de b gue et ne r ve que de vengeance O est la B te Quelle est cette B te que Pellinore poursuit en vain Au palais de Camelot Arthur est pris de sa reine Gueni vre fille du roiLeodegrance Le c ur de Lancelot bat aussi pour la reine Rien ou peu pr s de tout cela n chappe aux yeux fureteurs et aux oreilles aux aguets de l v que Martin et du bient t chancelier Morholt aux carri res fulgurantes Dehors les moines excitent le peuple contre Merlin le magicien et Viviane la putain L arriv e de Ra inelle la Demoiselle au gui escort e du nain Corbon lequel ma trise trop mal l art de la magie distrait un instant les regards Gauvain culbute Corbon sur le pr Lancelot contemple Gueni vre L histoirene va pas tarder d raper Martin sans succ s apparent s me le doute dan
6. Pommier nous propose une lecture inspir e par le bon sens Pesprit logique et son exp rience personnelle p 13 Une ambition aussi modeste m ne toutefois tres loin comme nous le verrons ici Freud est en qu te d une m thode d analyse des r ves m thode de d chiffrage qui limine Pinterpr tation globale et privil gie l interpr tation des d tails d couverte des id es latentes du r ve au del de son contenu manifeste Pour cela Freud va pouvoir disposer d un nombre beaucoup plus grand d l ments qui lui serviront construire une interpr tation susceptible de le satisfaire Toute les ambigu it s et les risques sont d s lors possibles analyste construit ce qui le satisfera et interpr te selon ses sch mas pr tablis A commencer par ceci que rel ve notre auteur Il Freud affirme que les id es latentes sont la mati re que le travail d laboration transforme en r ve manifeste Mais il Paffirme il ne le d montre pas p 30 Il nous est difficile d entrer dans toutes les p rip ties de ce voyage dans les r ves de ses patients qw entreprend Freud et que suit pas pas R Pommier Le grand d couvreur lui m me rel ve assez souvent les incertitudes de ses pr suppos s mais il oublie tout aussi souvent de les r duire et ramener des v rit s plus tay es L une des incertitudes c est une litote majeures est que lanalyste dans le c
7. ce jour et plus tard dans ces deux ouvrages De la r flexion de Claude Riehl retenons d abord quelques l ments biographiques qui peuvent nous donner d Arno Schmidt AS une vision humaine plus pr cise son go t passionn d archiver sa propre m moire une m moire en acier tremp restera certainement l un des ressorts constants de son activit d crivain Elle le portera mettre la m moire des autres contribution son service en quelques sorte un cahier de sa m re Clara lui sera tr s utile et il mettra aussi contribution 9 anciens camarades de classe qui ressusciteront avec lui ses premi res ann es Hambourg dans un livre qui ne para tra qu apr s sa mort Portrait d une classe On peut pr sumer par ailleurs que l impr gnation de toute l uvre d AS d l ments autobiographiques qu il tente d objectiver le plus possible que son go t m me pour les autobiographies d crivains connus ou moins connus indique un d sir peut tre inconscient de toujours garder le contr le AS fut selon ses propres dires l autodidacte n Il n aimait pas l cole Il y obtenait n anmoins de bons r sultats En la fuyant mentalement il dut chercher les indispensables compensations culturelles dans des qu tes personnelles il lui fallut jouer le jeu autrement son rythme selon ses pentes selon ses tranges r ves d envol Cf Miroirs noirs
8. et concours et du R glement du Prix de la Nouvelle d Angers 2010 Harfang 13 bis Avenue Vauban 49 000 ANGERS Au num ro 12 amp bulletin d abonnement dans chaque num ro De la Librairie Elle souffre norm ment de la conjoncture conomique actuelle beaucoup de librairies ferment d finitivement leurs portes et tous les libraires ne sont pas de simples marchands de papier imprim C est une catastrophe culturelle d ampleur nationale et internationale La M re Michel n effectue ses achats de livres qu en les commandant ses libraires parisiens et bourguignons et elle conseille vivement ses lecteurs d agir de la m me fa on Les lectures de La M re Michel sont reprises dans leur int gralit sur WWW ENCRES VAGABONDES COM et LE SITE DE L CRIVAIN JEAN CLAUDE BOLOGNE Fin de La M re Michel a lu III
9. marche Ren Pommier lui ne se fie pas sa seule lucidit de lecteur et d analyste des textes la M re Michel est fi re de cette d finition il cite la barre des auteurs qui ont de longtemps critiqu les interpr tations freudiennes tels Adolf Gr nbaum Jacques Van Rillaer et quelques autres qui mirent le doigt sur les failles du syst me C est un trait d honn tet et il faut aussi faire savoir qu on n est pas le seul nager contre courant Pour conclure nous dirons citant R Pommier que de son vivant Freud connut videmment critiques et d tracteurs nombreux et que pour r pondre toutes les objections il est oblig de compl ter sans cesse sa th orie qui devient ainsi de plus en plus complexe et de moins en moins cr dible En effet on ne peut sans cesse rapetasser la construction de bric et de broc sans qu elle finisse par tre de guingois bicoque paradoxale voire contradictoire Il met en examen rapide en fin d essai les th ories concemant le souvenir d enfance le refoulement pilier de tout P difice de la psychanalyse selon Freud la m connaissance du d sir et d autres difficult s qu implique la th orie psychanalytique Ce sont l des remarques des observations car Ren Pommier ne cherche pas jeter bas le ch teau tout entier Il s en est pris l interpr tation des r ves et n a pas pr tendu que Freud ma rien ab
10. que tout concourt maintenir m connues le d fi ma plu Comment mieux caract riser la passion Notre diteur ce notre est au moins double sens nous confie encore comment il se veut diteur et auteur galit et ce en d pit de la difficult de la double fonction quelles relations d estime et de confiance il entretient avec la plupart des auteurs qu il publie ses projets enfin qui se r sument continuer crire publier La simple probit Le nouvelle qu il nous propose Contes d auteur a les avantages pr cieux d illustrer par la fiction la r alit toujours inqui tante de l tat d diteur il s agit quelle co ncidence de la rencontre du directeur des ditions Nevermore avec un myst rieux repr sentant d E A Poe aux allures de petit notaire en vue de l ventuelle dition d un recueil intitul Tales of fantasy auquel son auteur n aurait jamais fait allusion Du doute quant l authenticit de ces histoires de l expertise la publication on aboutira apr s un myst rieux accident sur la voie publique la publication detrois cents exemplaires dont quarante sept se vendront avec l aide modeste du critique d une petite revue vendue sur abonnement Parmi les nouvellistes publi s dans cette livraison retenons Marc Bernard Prix de la Nouvelle d Angers 2008 pour qui L criture amplifie la vie en lui fournissant un cho car com
11. www editions singulieres fr 5 JEAN PAUL ROUSSEAU LES CREVISSES DE MONSIEUR LE PRIEUR Si vous aimez d guster ces d licats crustac s d eau douce aux vertus aphrodisiaques si vous appr ciez l atmosph re feutr e quoique anim e en leurs profondeurs de nos villes des champs et deshalliers ici La Ville aux bois reconnaissable entre toutes parce que la v tre si vous appr ciez les rencontres furtives les chasses rapides des braconniers d alc ves eh bien c est le recueil de nouvelles de Jean Paul Rousseau que vous devez ouvrir Vous y trouverez en entr e la savoureuse recette d crevisses cardinalis es la mode de M le Prieur et des religieuses du couvent de Bons dans l v ch de Bella y serviesle mieux a vec un blanc de Virieu ensemble qu appr ci rent galement l pouse d Honor d Urf et Brillat Savarin Ces premiers raffinements de table go t s le premier p ch commis les suivants n attendent plus que votre bon vouloir Il vous faudra accepter d en passer par une panne de voiture aux cons quences inattendues par une chambre d h tes et la rencontre de l h tesse trop petite trop ronde habill e la diable d une jupe et d un polo Lors d une soir e pot e auvergnate t l moustillante Vos derniers scrupules tomberont vos v tements aussi votre vertu itou si vous pensiez en avoir et cela prendra les quelques jours n cessaires la r paration d une s rieus
12. LA M RE MICHEL A LU Hiver 2008 2009 RE Photo Josette Fourquet La m re Michel a lu un livre Au lieu de faire son m nage Eh bien c est comme a qu elle l a perdu son chat Denis Diderot Billet Sophie Volland coll Priv e Les vraislivres doivent tre les enfantsnon du grand jour et de la causerie maisde l obscurit et du silence Marcel Proust Le Temps retrouv Notre vie est un livre qui s crit tout seul Nous sommes des personnagesderoman quinecomprennent pastoujoursbien ce que veut l auteur Julien Green Adrienne Mesurat SOMMAIRE L Un mot encore P 2 2 Arno Schmidt D but du parcours D couverte amp Approche 2 P 3 3 Ren Pommier Sigmund est fou et Freud a tout faux P 7 4 Monique Castaign de Chasses royales P 13 5 Jean Paul Rousseau Les crevisses de Monsieur le Prieur P 18 6 HARFANG Revue de litt ratures N 33 P 21 LUN MOT ENCORE Apprendre de ses erreurs est dit on la mani re des scientifiques et des sages Ayant la t te fort peu scientifique et sage moins encore la M re Michel n apprend qu avec difficult et comme autrefois la M re Denis lavant aux petits crans le linge sale de la France enti re elle lavera le sien au vu et au su de tous les lecteurs de ce bulletin elle ne promettra donc plus rien pour le bulletin suivant elle ne tirera plus de ch ques de lecture sur lavenir
13. aise pour Assez d cod en 1979 et le prix Alfred Verdaguer que lui d cema r cemment en 2007 PInstitut pour ensemble de son oeuvre d montrent que celle ci ne reste pas sans chos et que bien des lecteurs avertis y trouvent leur bonheur Trouverons nous le n tre dans ce Sigmund est fou et Freud a tout faux La M re Michel avoue que pass le premier moment d tonnement eh oui elle y croyait peine la petite m re quoique un peu tout de m me elle s est adonn e avec joie et gourmandise ce d montage en r gle de la m thode et de quelques th ses du p re de la psychanalyse oui encore une fois c est aux rituels automatis s et la liturgie que notre auteur s en prend Etonnement d abord parce que Freud aura eu le m rite ind niable de d clarer Pexistence d un double fond dans notre esprit suppos avant lui ne s battre qu entre les all es de la rationalit et les gouffres de la divagation Mais cela notre auteur ne songe pas le nier ou le d nier bien entendu quoiqw il prouve de s rieux doutes lesquels clatent en fin d ouvrage Non ce sont certains errements et flottements du discours tenu dans L interpr tation des r ves 1900 que Ren Pommier met en relief lesquels jettent une ombre et plus encore sur la m thode et la th orie de celui qu on a pu qualifier de plus grand cr ateur de mythes de notre temps Th Alajouanine La m thode d abord R
14. atil la B te Quelle folie lui fera perdre la t te Comment le chevalier Gauvain emm neratil la Demoiselle au Guivers son ch teau de Carlisle et jusqu ses six s urs De quels mal fices le nabot Corbon revenu de l autre monde usera contre ces belles et d lur es princesses Comment Gauvain saura leur rendre leur beaut vol e La belle sombre et magique histoire l une de nos mythologies endor mies d roule ses anneaux comme un songe o demeure le lecteur charm et sans possible veil en attente puis courant comme elle grandes foul es Il saura le sauvetage de l Enfant de Gueni vre que Morholt avait pr serv La traque que l exorciste Ogier m ne derri re ses gibiers Viviane et Merlin Il verra les forces de la l gende bretonne s affronter celles de l Eglise comme autrefois aux rives de la mer Eg e Pan et les siens rencontr rent O Michelet les tenant d un nouveau culte L heure d autres r glements de comptes va sonner o les enchanteurs l emporteront encore Ogier et le nouveau prieur de SaintMarcel feront les frais du combat entre les deux mondes Les d lateurs les vengeurs toujours amis des pouvoirs qui montent sont cruellement ch ti s ou s exterminent entre eux Morholt croit tenir Martin et ambitionne le pouvoir absolu Mais quitient l autre Trente ans passent soudain Les temps changent certes mais le temps n est plus de m me nature L enfant contrefa
15. calqu e sur celle de math matiques pures distinctes des math matiques appliqu es une litt rature qui se justifierait essentiellement par sa recherche de formes nouvelles le sujet du r cit tant indiff rent La M re Michel pour jeter au jug le sel le poivre l oseille et le persil dans son brouet du soir n en conserve pas moins un fond irr ductible de cart sianisme m l de scepticisme qui lui permet de douter que l on se suffise de formes nouvelles qui habilleraient des r cits plus ou moins semblables tout en conservant en elle assez de curiosit pour pr ter attention aux formes qu on invente Elle est donc dans les transes esp rant comprendre comment se r soudront ces paradoxes et contradictions Elle attend donc avec impatience de recevoir dans sa bo te aux lettres son La M re Michel a lu IV pour se faire une id e comme on dit dans son quartier Ah o est encore pass ce chat 3 Ren POMMIER SIGMUND EST FOU ET FREUD A TOUT FAUX On sait combien Ren Pommier qui professa la Sorbonne aime crever les baudruches de la pr tention faire tomber les masques du Rappelons que la plupart de ces livres sont publi s aux ditions Christian Bourgois et Tristram savoir approximatif et de la science peu consciencieuse et non moins ouvrir les yeux innocents sur bien des lectures impr cises voire fautives propos es par certains professeurs qui en viennen
16. ces objets sont manipul s par le grand Sigmund cet gard l pop e d une dent arrach e dans son lien avec lonanisme et lexhumation d un p re d c d p 64 et sqq ne manque pas de tout le sel de la terre et des obscurit s n cessaires toute croyance et toute foi La m thode utilis e par Freud est d une grande commodit elle permet de faire face tous les impr vus de les contoumer et d toumer dans le sens souhait par Panalyste Tenons nous en ces conclusions malicieuses et s v res de R Pommier Ce que Freud demande au r ve c est ce que le voyant demande sa boule de cristal de lui laisser une totale libert d interpr tation Au total la m thode de Freud est si suspecte si videmment con ue pour lui permettre de voir dans les r ves ce qu il veut y voir et seulement ce qu il veut y voir qu elle ne peut qu inspirer la plus grande m fiance l gard des conclusions auxquelles il pr tend tre arriv Au plan des th ses freudiennes concemant le r ve la base est P affinmation de lexistence immanquable d un sens tout r ve quel qw il soit Selon Freud Pactivit intellectuelle qui le construit est une activit lev e et compliqu e La question est cela qui est d j incompatible avec la somnolence peut il P tre avec le sommeil lequel suspend toutes les activit s de l tat de veille Ou bien faut il abandonner toute forme de logique d
17. d crivain en imitant et tudiant ceux du pass entre autres Hoffmann Friedrich de la Motte Fouquet qu il red couvrit Tieck Storm Stifter les uvres sages qu il produit alors ne seront publi es que dans les ann es 1980 sous le titre g n ral de Juvenilia Il reviendra dans ses livres futurs sur cette p riode d apprentissage Apr s un myst rieux voyage en Angleterre en 1938 en compagnie d Alice voyage dont certains se demandent encore s il eut lieu ou s il fut pure fiction les ann es de guerre l auront profond ment branl C Riehl En Norv ge o il passera toute la guerre calculer des tables de balistique s exercer l criture la M re Michel pense ici non sans affliction aux petits ma tres ahuris du roman fran ais de ces derni res d cennies qui jamais ne prirent une seconde le temps d apprendre crire et naissent au printemps de leur propre nombril de leur fatuit na ve c l br s unanimement puis unanimement oubli s aux premi res gel es de l hiver France grande Josyane Ce qui s op re en lui cette poque C Riehl le d crit avec pr cision Schmidt ex cre la soldatesque d j rien qu cause de son p re la discipline humiliante la promiscuit la vulgarit la b tise et la violence aveugle Durant tout ce temps la col re et la haine s accumulent dangereusement et menacent d clater Dangereusement parce
18. e et du fantastique lequel prolonge de mani re fascinante le r el initial et finit par le teinter l englober le phagocyter le plaisir d crire et le bon plaisir de l crivain ses traductions traduire c est tout simplement crire non pas r crire sa mani re de pratiquer les ateliers d criture comme une transmission culturelle et un plaisir partag Sur la nouvelle Les Brucolaques qu il pr sente ici la M re Michel limitera son commentaire Michel Host tant un sien parent loign la d cence y invite ceci il s agit d une rencontre avec l crivain suisse al manique Robert Walser et une illustration de la fa on dont le fantastique parvient teinter et phagocyter le r el La rencontre avec Alain Kewes nous apprend c qu est un jeune diteur le pourquoi de sa passion Il ny a pas de mais lorsqu un texte doit tre diffus connu Alors on se fait diteur et un peu comme J eanne d Arc on se met en marche on part chercher le roi pour le faire sacrer Reims Et commence la guerre de cent ans Pour ce qui est de la difficult de publier et de vendre des nouvelles aujourd hui en ce pays Alain Kewes all gue des raisons techniques et commerciales prix de vente modeste peu de gain sur des livres minces faible visibilit sur les tag res et les tables des libraires Alors pourquoi insister Eh bien parce que Porter au jour des uvres majeures
19. e panne d automobile La punition de vos fautes devrait s ensuivre et il semble bien qu elle soit in luctable Mais mais comme vous tes en fin de compte un type fort peu recommandable vous vous en tirerez pour un prix somme toute modique Je vouslaisse le plaisir de d couvrir de quelle fa on se pa yent les imprudences Parti comme vous l tes allant au train d une phrase l gante quoique sans fanfreluches ni circonvolutions vous ne verrez aucun inconv nient louer aujourd hui nos Grands Hommes Cela vous rappellera les ann es claires obscures de la derni re avant guerre avec quelque chose un peu aussi de nos aujourd huis de leurs carambouilles et compromissions postures et impostures v rit s officielles v rit s ma squ es et de la main d une femme vous recevrez le coup de gr ce Un jour de pluie la magie noire viendra votre rencontre sous la forme du coup de foudre J P Rousseau o la narrateur ne nous cache rien Certains amants d butants se persuadent volontiers que lehasard ne suffit pas expliquer un v nement aussi cosmique que leur rencontre Il leur faut tout prix mettre la naissance de leur passion sous le signe du destin D o les inconv nients ult rieurs Norma et Antoine se marient ont des enfants m nent l existence des m nages sanshistoires jusqu ce que certaine lassitude se fasse sentir II y aura pour Antoine l Afrique la femme no
20. ire Tout ce qui arrivera ensuite pour tre extra conjugal n en resterait pas moins tr s peu extraordinaire si n tait l irruption des sortil ges de la m disance des marabouts et f tiches II ne semble pas donn tout le monde de se sortir son avantage du mode d emploi d un f tiche La M re Michel ne s y risquerait pour rien au monde Mais si une femme outrag e se donne la peine d en d couvrir l usage intelligent qui ob it aux raisons profondes de l tre elle peut y trouver de notables consolations y compris celles de la vengeance Il ne sera donc pas dit que leshommesne sont pasfaits pour tre heureux Pour vous remettre de ces prouvantes aventures l auteur vous conviera aussit t ses Menus plaisirs soit un Divertimento pour instruments cordes sensibles II vous fera conna tre La Pr sidente Dalmace une dame fort respectable et respect e qui souhaiterait qu on l initi t l uvre de R tif de la Bretonne dont nul n ignore qu il naquit non loin d Auxerre et qui entre autres ouvrages nous donna Monsieur Nicolas Nuits de Paris et L Anti Justine Le d sir de s instruire de la Pr sidente passera par l aimable entremise du biblioth caire par des gravures un divan d indispensables travaux pratiques avec le piment du brin d attente n cessaire d o na t le d sir de la connaissance r elle Les mouvements du Divertimento se d veloppent ensuite en des Bouque
21. it retrouve sa m re Gueni vre qui le re oit le reconna it Morholt se fait son pr cepteur l instruit de tout tire les ficelles provoque la guerre L enfant intrigue son tour il a rang de fou du roi L histoire d sor mais ne galope plus mais d vale la pente qui l emm ne sa fin La guerre d vore l ordre ancien le temps s loigne arthur meurt frapp par excalibur apoth ose des d solations Dans Camelot assi g e Martin et Morholt cor gents du royaume en d sh rence se livrent leur dernier combat puis La capitale des songes succombe sous l assaut des l preux L agonie de tout rejoint les pr ludes broc liande d gorge un flots de merles et dernier tour des enchanteurs morholt le f lon n a plus que ses mains vides pour seul pouvoir Broc liande s teint dans les brouillards tandis que nu couch dans la barque par un pauvre fou la bosse corch e le corps du roi les yeux ouverts serrant son p e sur sa poitrine descend les rus et les canaux du pass Merveilleux roman quinoustire loin dans les nostalgies les mer veilles les horreurs les miracles le dernier sommeil des enchanteurs et des f es les gouffres des ges enfuis Roman po me Po me oman Quelle vie ample et forte sait insuffler Monique Castaign de aux fant mes du pass Monique Castaign de Chasses royales roman 150 pp M ditions Singuli res 18 Impasse Gaffinel 34 200 S te
22. jets se pr tant d utiles symbolisations et suggestions des patients est d une richesse qui emporte la client le dans un assortiment digne de quelque cabinet des curiosit s de Pinconscient parfois m me d une vitrine de farces et attrapes Restreignons nous quelques exemples que le sexe masculin puisse trouver ses symboles appropri s dans une canne un parapluie un crayon coulisse passe encore S il s agit d un dirigeable zeppelin d un manteau d un chapeau d un lustre le doute s installe Mais comme dit notre auteur la logique de Freud n est pas celle de tout le monde Quant au sexe f minin cavemes vases bo tes coquillages chambres et maisons seront ventuellement de bon usage mais que Pon passe des mat riaux comme le bois le papier un tel degr d arbitraire et d absurdit permet de penser que Freud en effet est pr t soumettre tous les objets de Punivers des d monstrations qui satisferont ses interpr tations et laideront fortement suggestionner ses patients Bien entendu les observations de R Pommier vont loin au del de celle que reprend Pesprit impertinent de la M re Michel encore que notre auteur ne se prive pas de rire et de faire rire son lecteur Le magasin contient aussi d autres objets aptes symboliser Pacte sexuel lonanisme la relation homosexuelle Le fantastique dans divers sens du terme n est jamais loign quand
23. me toute activit cr atrice elle permet de focaliser ce qui est flou et de donner un sens ce qui n en a peut tre pas Belle d finition 4 Qui n sabe la nouvelle qu il nous offre propose une nigme excitante pour l esprit une qu te dont l objet comme celui de La lettre vol e est ce point sous nos yeux que ceux ci longtemps vitent de la voir Joli texte brod au point du temps un point que seuls connaissent les vrais artistes Beno t Camus avec Lampedusa nouvelle ancr e dans les eaux de notre poque nous rappelle que les p cheurs m me habiles et entra n s ne p chent pas toujours les m mes poissons sur les mers qu ils connaissent pourtant fort bien Un sujet mouvant violent aussi qu il traite avec finesse parce que dans ces sortes d affaires il convient parfois mieux de s en tenir aux ombres Annick Demouzon dans Virage dangereux d veloppe un r cit que l on ne peut toucher sans le d florer sans mettre le lecteur pr matur ment sur le chemin de l nigme il s agit plut t d une route dangereuse de la vie et du d sir que l on a parfois de la consid rer avec plus de distance La M re Michel est bien bavarde elle en a d j trop dit Une tension permanente De la belle ouvrage Sylvie Dubin en jetant son lecteur dans l existence d un expert comptable homme de routine et de r p tition du m me identique la n tre peut tre celle de beaucoup d e
24. ne l emp che nullement de proposer aux diteurs en tout premier lieu sa fable de logarithmes C tait l poque de la reconstruction les calculettes n existaient pas AS serait devenu riche si les diteurs l avaient suivi L criture sur laquelle il se rabat le laisse dans de grandes difficult s financi res C est tandem avec Alice qu il rend visite aux diteurs allemands Ses rapports avec eux sont difficiles Arno est violent souvent il peste et injurie Invit au restaurant en 1950 par l diteur Rowohlt il s emporte et crira ensuite o l on voit comment les diteurs lapent leur bisque de homard dans le cr ne d charn de leurs auteurs Son roman Brand s Haide sera n anmoins publi La M re Michel ne se cache pas d admirer ce genre de caract re et ces crivains qui ne rampent ni dans les escaliers des diteurs ni aux marches des Acad mies fussent elles fran aises Ne pas ramper n emp che rien par ailleurs en 1951 Alfred D blin remet AS le Grand Prix de l Acad mie des Arts et des Sciences de Mayence qui vient d tre fond En 1951 AS crit son tr s pessimiste Miroirs noirs que Rowohlt publie avec Brand s Haide Ces deux romans sont essentiels Dans le premier l imagination de l crivain invente la bombe neutrons un monde d apr s l ultime catastrophe qu il situe en 1960 un monde de survivants la rencontre du narrateur et d une
25. ne pouvant une fois encore honorer tous ceux qu elle signa dans La M re Michel II Elle se contentera donc pour aujourd hui de se promettre elle m me que toutes les lectures annonc es seront faites dans les bulletins venir Son chat retour de sa baguenaude miaule ses pieds en signe d approbation VJ Le chat Apache Photo Cathy Garcia 2 ARNO SCHMIDT D BUT DU PARCOURS d couverte amp approche 2 La M re Michel dans sa premi re livraison pr sentait Arno Schmidt comme un crivain usant de proc d s bien lui pour exprimer ses obsessions et son univers proc d s qu elle se promettait d expliciter dans sa deuxi me livraison ce qu elle ne put faire et dont elle s excusa aupr s du lecteur impatient La promesse h las ne se r alise pas encore aujourd hui o seul le trajet de l homme et de l crivain sera abord Cela pour les plus press s est amplement expos par Claude Riehl l excellent traducteur de l crivain dans ARNO TOMBEAU OUVERT magnifique essai contenu dans le livre publi aux ditions Tristram TINA O DE L IMMORTALIT Dans ROSES amp POIREAU m me diteur on trouvera les formes de prose imagin es son propre usage par Arno Schmidt dans trois textes qu il a consacr s cette question Calculs I IT et IM seuls les Calculs I et II ayant t publi s de son vivant La M re Michel puisera pleines mains
26. ntre nous nous confronte l inattendu et au merveilleux issus d une machine une vieille Remington mod le 1910 pourvue d une trange qualit elle dit la v rit lorsqu on frappe ses toucjes et elle est non moins capable d exaucer certains v ux et d sirs du moins tant que son vieux ruban maura pas t au bout de lui m me L amour d abord v u ardent Mais affreux dilemme ce gratte papier d ailleurs nomm AZERTY voulait il Pamour v ritable ou l amour par machination Version nouvelle de la f e et de sa baguette magique sans doute dans une fable nouvelle bien trouss e et men e De souffrances en d sillusions notre expert comptable finira par comprendre que le bout du rouleau approche Il lui faudra sauver sa peau s extraire du temps qui court et vite refiler le mistigri en quelque sorte Il y parviendra in extremis La fable s intitule Le chagrin dans la peau Avec La peau du loup Sylvie Heurtel finaliste du concours 2008 nous dira comment on fait la peau au vieux violeur de Petits Chaperons rouges ce loup velu et trompeur toujours l aff t l attirail bien connu du conte Charles Perrault peut tre la peur aux fant mes au d go t tout en se tenant victorieuse petite et rouge sous de grands arbres verts Cela est l gant conduit l allure d une infernale poursuite sous le masque des ombres de la nuit avec un art consomm de l allusion et du
27. ourant des s ances tient ses patients dans ses propres sch mas Il les influence les conditionne et leur sugg re continuellement les r ponses qu il attend d eux p 35 C est l un grave d faut de la cuirasse et R Pommier en rel ve des exemples vidents parmi lesquels certains sont tr s amusants voire d sopilants aux pp 60 et 61 celui de cette jeune fille qui souffrant d une n vrose obsessionnelle observait avant de se coucher un rituel qui lui faisait arr ter ou faire emporter toutes les pendules de la maison Selon Freud qui d nie au tic tac des horloges son d faut le plus souvent constat qui est d emp cher que Pon sendorme donn e de lexp rience ordinaire il faut aller bien plus loin et consid rer une autre interpr tation symbolique ce que notre malade craignait surtout C tait d tre troubl e dans son sommeil par le tic tac de la pendule Ce tic tac peut tre consid r comme une repr sentation symbolique des battements du clitoris lors de l excitation sexuelle Outre le caract re abracadabrantesque O grand Jacques tu auras au moins apport ce qualificatif notre langue appauvrie de cette traduction symbolique on note qu ayant refus toute interpr tation symbolique pour la globalit d un fait significatif ou d un r ve Freud s empresse d en faire usage pour chaque v nement et d tail de ce fait ou de ce r ve Le magasin freudien des ob
28. que dans les derni res ann es de guerre le moindre mot contre la hi rarchie et le r gime vous condamnait irr m diablement dangereusement parce que ce cauchemar scellera pour lui son destin d crivain hurleur et fr n tique et donc une existence rien moins que confortable A S se rendra aux troupes anglaises le 16 avril 1944 Il d cidera tr s vite de se consacrer exclusivement l criture entrant dans une vie mat rielle des plus difficile C est dans Pharo Journal d un naufrag texte d un ton et d un style nouveaux que s annonce un crivain nouveau et novateur lui aussi Un naufrag y est recueilli sur une le par un gardien de phare magicien qui le r duit en esclavage venir bout de l enchanteur tyrannique ne sera pas une affaire simple Les interpr tations de ce texte sont nombreuses On y lira ceci qui sonne comme une d claration de guerre la soci t encro t e comme au romanesque enlis Je veux m attacher sur une planche passer c t de la Noire ricanante sur la mer vers les hommes st riles Je veux courir comme un flambeau travers les A savoir L le Dialogues des po tes aux lys es Le jeune monsieur Siebold Le Rebelle La Maison de la Holetschkagasse Le Jardin de monsieur von Rosenroth Le trangers D abord militaire puis sergent de ville Hambourg cit s Vivez Mais vivez donc Dans une autre version Lisez Mais lise
29. raccourci plus bref encore que celui qu emprunte le monstre Viennent ensuite trois nouvelles Les chiens rouges de Pascal M tayer Viande rouge de No mie Arnault Pass pourpre de Benjamin Crouton qui ont pour trait commun de s inscrire dans les probl matiques de notre monde actuel rougi de sang humain nouvelles r ellement tendues bien plus que sous tendues par le souhait de r v ler de d noncer les ignominies exc dant parfois jusqu leur sujet dans une forme de surench re po tique dans l lan m me de leur intention Des qualit s avec parfois les d fauts de ces qualit s entre autres cette difficult mal surmont e ici ou l de conserver l impact plus fort encore que permettraient l ellipse le sous entendu les vraies ruses de l criture en somme Comme si peut tre l ampleur de la t che le sentiment secret de l efficacit relative du texte en l occurrence demandait un surcro t d effort mais l effort est parfois visible Tout cela si c est pour l honneur est aussi reconnaissons le l honneur de qui aventure ici son esprit et ses mots Ce Num ro 33 de Harfang se cl t avec le Nouvellaire un ensemble de r f rences concernant le monde de la nouvelle vaste et tr s riche les parutions r centes recens es ici par Jo l Glaziou un tour d horizon des publication des dits petits diteurs une br ve Revue des revues suivie de L Echo des prix
30. s branches des bouleaux la musique fra che des oiseaux des bois et des champs De cette lecture enchant e on se rel ve comme d un bain de jouvence et d une onction d huiles parfum es Le songe commence quine le sait lorsque la main d Arthur arrache Excalibur du fourreau de pierre o Merlin et les f es l ont plant e Le sang des massacres impr gne le moindre brin d herbe corcheurs et rapineurs tra nent la campagne les comtes de Logres avec toute leur maisonn e gisent dans leur ch teau N chappent la tuerie que le petit Lo c et sa s ur Viviane issus de manants et de l preux Ils seront recueillis par Dom C cil prieur de Saint Marcel Lo c exhibe l anneau D or du comte Martin qu il s est pass au doigt l esprit tait prompt en ces ges recul s Mon nomest Martin de Logres Le comte mon p re me l a donn pour mes dix ans C est ainsi qu il s ouvre la carri re par le mensonge et Lusur pation et le prieur voit tout le parti qu il tirera d un gar on au si bel aplomb Quant Viviane Ornulfe le moine lubrique luidonnera bient t l avant go t de l enfer C tait donc au prieur rena tre dans un nid d intrigants et de d vots tre bonne cole en somme Lancelot et les preux hantent les chemins font vider les triers leurs pr somptueux rivaux amusent les demoiselles Le petit Loic d sormais fr re Martin fait cession de son patrimoine au prieur
31. s et attrapes Lucifer et Satan Venise le jardin d den et Jean Paul Sartre peuvent ais ment se c toyer Lorsque vous fermerez le recueil la t te vous tournera peut tre un peu comme rappelez vous comme lorsqu il vous est arriv de boire quelques coupes ou fl tes d un d licieux champagne Jean Paul ROUSSEAU Les crevisses de Monsieur le Prieur nouvelles 121 pp 10 ditions Rhubarbe 4 rue Berder 89 000 AUXERRE France info ditions rhubarbe com www editions rhubarbe com 6 HARFANG revue de litt ratures N 33 La derni re livraison de la belle revue Harfang est consacr e au Prix de la nouvelle qu elle organise chaque ann e Angers r unissant des textes de qualit D autres nouvelles paraissent aussi dans ses pages il s agit d un num ro exceptionnel qui en compte 150 et aussi des entretiens avec des po tes et nouvellistes Jean Yves Masson Bourse Goncourt de la nouvelle en 2008 pour Ultimes v rit s sur la mort du nageur Michel Host un lointain cousin de la M re Michel et Alain Kewes valeureux nouvelliste et ma tre d uvre des ditions Rhubarbe soit un ensemble fourni et de lecture tr s agr able Retenons les moments cl s de ce num ro De Jean Yves Masson nous apprendrons qu il entend la nouvelle comme une esp ce de r ve veill qu il tire sa r flexion et ses mod les aussi bien de Deleuze et Guattari que de Boccace Cervant s Marguerite de Na
32. s l esprit du roiau sujet de Gueni vre La trahison de Lancelot n chappe qu ceux qui n ont pas le don de voir La reine met au monde L enfant contrefait l enfant bossu Arthur dans sa premi re fureur charge Morholt de d barrasser la cour de Lavorton Le n ud des tra trises et des intrigues se resserre autour des secrets Martin et Morholt se mesurent l un l autre dans un duel mortel et long ter me Lancelot qui ne para t plus la cour que masqu porte un lin blanc quile d signe ceux qui sont dans son secret Et toujours et encore caracolent les amants Dehors dans les frimas et par les chemins perdus Viviane Merlin et les enfants chassent la B te introuvable puis se dirigent vers un trange ch teau le ch teau du roiP cheur D sor mais l histoire va rouler un train d enfer Fautil poursuivre le r cit du r cit Oui sans doute encore un peu et grands traits La B te et quelque Graal aussi ne sont pas si loign s que la troupe des enfants et des enchanteurs ne mettent la main sur eux Viviane et le roi P cheur concluent un pacte Merlin se lie Galian le fauconnier et doit avec Viviane se d fendre des nouvelles manigances du prieur de SaintMarcel Dom C cil et des vis es mortif res de l v que Martin qui voulait ar demment leur mort afin que s efface avec eux le souvenir du petit croquant effront qu il avait t autrefois Pellinore vaincr
33. s que Pon entre dans la maison de Sigmund R Pommier d veloppe ce point bien davantage citant Tartini et sa Sonate du diable citant aussi Roger Caillois Dans le r ve quoi qu on dise jusqu Pimagination se tait p 89 Si le r ve ne cr e rien on peut penser n anmoins qu il nous donne l illusion de cr er L existence d une finalit du r ve article de foi pour Freud est aussi mise en doute par notre auteur et selon Pinventeur de la psychanalyse la premi re de ces finalit s est Paccomplissement du d un d sir Ch IH de L Interpr tation des r ves Une autre question se pose et pourquoi du d sir seul Le moteur du r ve ne pourrait il tre mis en marche par d autres sentiments et appr hensions Freud ne le nie pas bien entendu mais il finira toujours par ramener la chose au d sir la signification de chaque r ve est un accomplissement de d sir et qw il n est pas d autres r ves que des r ves de d sir L interpr tation des r ves p 95 L exp rience personnelle mais aussi Pexamen attentif des cas pathologiques cit s par Freud montrent que Pesprit de syst me r git le syst me freudien Comme Pon sait Pesprit de syst me ne contrevient jamais au syst me mais tend P tayer par tous les moyens fussent ils parfois sujets caution Les objets symboliques sont toujours des outils utilisables pour ces apports th oriques m me s il s
34. solument rien invent encore que lPenvie ne lui en ait pas manqu ses observations finales puis conclusives en font foi La M re Michel se doit de les citer pour partie du moins parce que Ren Pommier selon la r gle classique sait tre divertissant quand il instruit et qu il pratique en virtuose Part de la formule qui rend sa lecture des plus r jouissantes L inconscient freudien ressemble son p re il se croit tr s malin mais c est un bon rien Il est aussi incapable de r aliser nos d sirs que Freud et ses disciples de gu rir leurs patients C est un pur escroc c est un parfait jean foutre mais il a une tr s bonne excuse celle que Stendhal reconna t Dieu il n existe pas Si Freud a tout faux c est donc d abord parce qw il veut riger des r gles universelles partir de constatations qui ne le sont pas Freud se comporte comme un magicien qui gr ce divers artifices et tout un attirail d objets truqu s transforme n importe quoi en n importe quoi Il ne nous raconte gu re sur le sujet du r ve que des histoires dormir debout Il va sans dire que la chronique litt raire ordinaire qui ne sait caresser ses animaux familiers que dans le sens du poil n a gu re fait cho aux critiques de notre auteur Ren Pommier Sigmund est fou et Freud a tout faux ditions de Fallois 18 4 Monique CASTAIGN DE CHASSES ROYALES Chroniq
35. t tromper leurs tudiants encombrant leurs esprits d analyses erron es servies parfois dans les jargons les plus abstrus et d lirants Sen tre pris Pauteur du Degr z ro de P criture notamment dans Roland Barthes ras le bol et Le Sur Racine de Roland Barthes fut en m me temps qu un exercice de lucidit une marque de grand courage intellectuel quand on sait de quelle v n ration idol tre fut et reste l objet cet auteur Blaise Pascal le professeur Barberis furent aussi ses victimes L une insensible si Pon peut dire Pautre encore en vie lorsque fut publi Un Marchand de salades qui se prend pour un prince R ponse du petit Pommier au grand Barbers C est que notre auteur sait lire et qu on ne peut la lui faire Contre cela il west de parade que pr ventive celle de la lecture juste qui engendrera analyses et interpr tations qui auront quelques chances d tre justes elles aussi Les pomponneurs de textes les phraseurs qui s coutent sans couter Pauteur qu ils commentent les bricoleurs d arguments mal assur s qui usent de Moli re Mallarm Apollinaire et de tant d autres comme de simples escabeaux pour regratter un brin de notori t sont pri s de passer au large et de se faire oublier La bibliographie de Ren Pommier comporte seize titres Certains ne lui firent pas que des amis on le devine Cependant le Prix de la Critique de Acad mie fran
36. ts offerts par la m me Pr sidente qui nous r v le que certaines femmes jusque dans leurs hardiesses ont plus de c ur que les hommes Puis reviennent les crevisses Andantino sostenuto e cantabile et Noces Allegretto vivace suivi de Conte de f e Allegro assai o dans les plaisirs de bouche et les f tes se poursuivent les raffinements d autres plaisirs et bonheurs assur s par la soigneuse ducation re ue par la Pr sidente et la tranquillit d un temps provincial au coursretenu Laissons au lecteur le plaisir de d couvrir dans Un pr nom pour la vie de quelle fa on Solange qui d testait ce pr nom par son p re inflig pour flatter une grand tante h ritage qui avait laiss entendre qu elle appr cierait cette marque de d f rence s exon re des importunit s de son lourdaud de mari avec l aide de l glise se laisse emporter dans ce qu il est convenu d appeler le tourbillon de la vie et de quels artifices usent les puissances sup rieures pour d livrer la vieille tante du purgatoire o elle expiait la mauvaise plaisanterie faite son arri re petite ni ce Pour clore le recueil Une passion selon internet un m dia dont la M re Michel n use qu avec circonspection vous ram nera dansun monde que vous croyiez conna tre celui des disparus sans laisser d adresse des pr fets de police des carnets secrets des rencontres sur sites internet dans un univers d crans o farce
37. ues au temps du roi Arthur Merlin s est endormi sous mon feuillage Il tressaille et g mit dans son sommeil Des profondeurs ses songes lentement remontent vers l aube pour clore en fleurs de sang Rien ne presse cette histoire ne commencera pas sans lui Ces premi res lignes d un pr lude qui lui aussi nous fait tressaillir tant y affleurent les images d anciens livres D Heures nous plongeant d embl e dans les magies de la l gende et du souvenir que d s l enfance nous nous sommes forg d un moyen ge dont purs comme l eau des ruisseaux ou sanglants comme les batailles et les massacres d alors nous gardons en nous les chos r v s et choisis Monique Castaign de tient fermement les r nes de ses chevaux d Histoire et de ses palefrois de L gende l attelage va grand erre par des paysages d tangs de sources et de for ts au pied de ch teaux aujourd hui silencieux sinon en ruine qui furent jadis emplis des mur mures et des cris des hommes d ar mes des chevaliers des rois des princesses des hommes liges et des f lons C est de Broc liande Camelot et jusqu Carlisle et avalon tout un univers que sa tapisserie ressuscite dans la gr ce et le charme d une phrase pr cise et mieux histori e que les bas reliefs les plus nets dans la vivacit des dialogues les rimes des chansons des villages et des pr s le galop du temps le souffle des aubes et des nuits dans le
38. varre et Goethe Qu il n y a pas d sesp rer de la vitalit de la nouvelle fran aise tant donn sa richesse et sa vari t mais peut tre seulement peut on rester perplexe devant l accueil presque exclusif que nos chroniqueurs r servent aux nouvellistes am ricains apr s et ceci est de la M re Michel avoir persuad la plan te que le roman fran ais agonise dans l insignifiance Avec Une absence d image Jean Yves Masson nous donne une superbe nouvelle o se profile la figure d un grand p re qui ne voulut pas laisser d images ni de lui m me ni de ses actes et travaux l exception de quelques figures dans des ch les et des tissus figures de la seule po sie seul h ritage mieux ou autre chose de plus profond qu un visage peut tre J imagine les ch les que dessinait mon grand p re comme un jardin du regard une tendue rassurante o vient se refl ter symboliquement le monde De l entretien que Michel Host donne Harfang il faut retenir peut tre le regard que l crivain jette sur son parcours qu il aura voulu finalement discret et non carri riste d abord pour des motifs ind pendants de sa volont mais aussi parce qu il ne sait assembler ni r unir naturellement les notions d art et de carri re Il voque ensuite diff rentes facettes de son travail d crivain ses doutes quant l existence du r el ou d une quelconque r alit sa notion de l imaginair
39. z donc On pressent la mise en place d une autre esth tique et le placement de la voix crits de 1946 1949 Enthym sis ou C J V H L viathan ou le Meilleur des Mondes Gadir ou Connais toi toi m me Alexandre ou Qu est ce que le v rit Dans la nouvelle Enthym sis on lit Cependant j avais pass sous silence ce qui m importait le plus o s enfuir si la terre est une sph re Que disparaissent une fois pour toutes ces faces d humains de notre regard pouvant et jette aussi les miroirs et ferme les yeux en buvant Haine de la population amn sique qui a repris ses activit s comme si rien ne s tait pass La col re est dans le c ur d AS Il pr pare ses armes de romancier Sur cette fuite d sir e L viathan porte un clairage singulier Les ex g tes y trouvent l bauche d une th odic e n gative qu il AS forme partir de la m taphysique de la Volont de Schopenhauer entre autres une critique de certain optimisme de Leibniz Ce monde notre monde est bien marqu du sceau de D mon C Riehl ajoute que ce pessimisme n est pas un fatalisme car demeurent les armes de la Raison L viathan recevra un bon accueil de la critique C est la p riode de l apr s guerre dans cet ouvrage comme dans son Alexandre ou Qu est ce que la v rit Arno Schmidt d j met en uvre une prose d un style inou et fulgurant ce qui
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