lll - UNE MENACE POUR L`EMPLOI EN FRANCE: VLA
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1. 15 d emplois de fabrication en moins dans les centres industriels Ces emplois ne seront compens s que partiellement par des emplois tertiaires de conception dans les r gions de type I Mais volume constant le solde sera largement n gatif On objectera que justement cette strat gie est la seule qui permettra aux firmes de conserver voir d accro tre leur part d un march mondial faiblement croissant et que les 15 de pertes sur dix ans d j par tiellement compens es par des emplois tertiaires seront totalement com pens s par la croissance du volume mondial dans la m me p riode ind pendamment des cons quences des gains de productivit l interna tionalisation aurait donc un effet nul sur l emploi Mais ont ne fait que mesurer ici les limites d une strat gie co teuse 20 25 des investissements de l automobile se feront l tranger de sortie de la crise par l internationalisation Se trouve totalement justifi e sur cet exemple sectoriel la mise en garde adress e dans la premi re partie contre l illusion complaisamment r pandue selon laquelle les profits d aujourd hui sont les investissements de demain et les emplois d apr s demain C est vrai en un sens mais les profits des firmes fran aises feront des emplois demain l tranger 2252. des pays de l Est et quelques autres o elle b n ficie de l exclusivit Finlande Alg rie Par ailleurs elle produit des organes r export s pour l Estafette D une toute autre port e est l accord Citro n Il s agit de produire Cra ova 130 000 exemplaires par an d un nouveau petit v hicule de bas de gamme dont Citro n devra se charger de r exporter la moiti vers l Europe du Nord Citro n estime que cet accord permettra de cr er quelque milliers d emplois en France largira sa gamme sans qu elle ait subir la d volarisation de ses mod les existants comme les Lada d valoris rent les mod les Fiat g En Pologne et URSS il s agit essentiellement de v hicules Fiat 136 partiellement r export s et pour Renault d accords d ing nierie et de fabrication de poids lourds 3 Les perspectives Comme nous venons de le voir la croissance du march mondial d j insuffisante couvrir les gains de productivit ne garantira pas l emploi en France m me part du march croissante pour les firmes fran aises Si l exportation CKD n est pas d savantageuse par rapport l exportation built up la conqu te des march s neufs dans les pays suffisamment industrialis s pour exiger de forts taux d int gration ne cr era gu re d emplois en France du moins dans la construction des automobiles Et surtout la d localisation de la production essentiellement d la production d organes
3. vers des bases r exportatrices va supprimer des emplois en France Certes la liste des pays neufs concurrents s est consid rablement r duite depuis de d but de la crise cause du marasme conomique de l instabilit politique de ces pays de leur absence de cadres Ont disparu l Iran la Turquie peut tre le Nig ria Les projets en Alg rie ne se concr tisent pas encore Le Mexique et le Br sil capteront les emplois li s aux march s des Am riques Mais la p ninsule ib rique et la Roumanie capteront bien des emplois des firmes fran aises pour les march s euro africains 137 Dans quelle mesure Une tude du BIPE 127 a tent de l valuer sur un contrat imaginaire une unit de 100 000 v hicules par an en Alg rie int gr e 80 construite de 1976 1983 Au total le solde des emplois s av re n gatif 3450 emplois durant cinq an pour le contrat produit en main 3200 emplois pour fournir les 20 de pi ces restantes contre 16 000 emplois pour fournir l Alg rie 100 000 v hicules par an Calcul assez irr aliste puisque justement les pays neufs se ferment l importation de built up Les constructeurs estiment cependant que la nouvelle strat gie de d lo calisation c est dire la construction dans les pays industriels domin s d tablissements produisant de tr s grandes s ries r export es concer nera dans dix ans 15 de la production mondiale Ce qui correspondra
4. ation pour deux branches adjacentes dans lesquelles les firmes automobiles sont souvent impliqu es l ing nierie et la machine outil 129 221 Cette fois encore Ford r alisa la nouvelle perc e par son accord avec l Espagne qui jeta les bases d une nouvelle conception de la d localisation ni pure substitution d importation pour un march local insuffisant ni pure base r exportatrice ce que les co ts de transport ne justifie raient pas mais une combinaison des deux s appuyer sur un march local en expansion us la faiblesse de la norme de consommation ouvri re n gocier avec l Etat une baisse du taux d int gration donc viter la dispersion des fabrications en change du projet clairement arr t d uti liser les tablissements comme bases r exportatrices massives pour cer tains organes On voit que ce sch ma ne traduit rien d autre qu un desserrement la premi re p riph rie du monde industriel de la logique fordiste les pays neufs deviennent les nouvelles r gions de type lil dans des circuits de branche largis d s lors qu ils sont assez pr s des march s centraux et qu ils commencent offrir eux m mes des march s promet teurs Les mobiles de la d localisation sont donc doubles forcer le barrage du protectionnisme sur des march s encore faibles mais crois sants avoir acc s des bassins d emploi bon march pour produire des organ
5. es r exportables Rappelons en un troisi me trouver des d bouch s l activit ing nierie ensemblier des centres automobiles avec ses retomb es du c t de l outillage et des machines outils Natu rellement la pond ration de ces trois mobiles varie selon les pays Pour les firmes europ ennes le premier est d terminant en ce qui concerne de Br sil et le Mexique qui constitue par ailleurs la premi re p riph rie des USA 130 le second est d terminant dans la p ninsule ib rique le troisi me dans les pays de l Est qui sont plus des concurrents que des march s Du point de vue de l emploi c est donc des franges Sud et Est de l Europe que vient la menace la plus s rieuse car l se d veloppent des industries qui ont pour vocation de cro tre plus vite que leur march donc absorber des emplois productifs au d pend de l Europe du Nord Nous avons vu que c est ce qu indiquent d j les chiffres 131 2 La situation actuelle dans le Sud et l Est europ ens a En France La France elle m me est un lieu de d localisation possible pour les firmes trang res car elle offre des bassins d emploi int ressants nous y reviendrons 132 D autant que les firmes peuvent exercer vis vis du gouvernement un chantage emplois contre subventions Celui ci le leur rend bien en d busquant gr ce la concurrence les projets d tablisse ments tenus cach s par les firmes fran aises 133 En fait le
6. nn es 60 70 de pays s int grant techniquement aux circuits de branche mondiaux du fordisme sans pouvoir en ma triser la logique dans un cadre national autonome et notam ment sans acc der son mode de r gulation sociale venait r soudre la contradiction voqu e plus haut L coexistait une classe ouvri re dispo nible pour le fordisme et des l ments d encadrement sans le niveau de vie qui aurait accru les salaires ouvriers mais avec d j un march de classes moyennes important Il s agissait pour la plupart de r gimes totalitaires ou populistes de droite comme de gauche les pays d Europe de l Est l Espagne de la fin du franquisme le Br sil etc ceux que nous avons d j rep r s comme les pays neufs de l automobile L ennui tait que ces pays exigeaient en g n ral par souci du d ve loppement national un fort taux d int gration c est dire la part la plus lev e possible de fabrications locales dans le produit final 127 A la limite ils attendaient des firmes qu elles leur installent une industrie nationale Or la plupart de ces pays avaient un march interne trop petit pour que la perte d conomie d chelle compense les avantages de fabrication locale En fait la d localisation dans ce genre de pays fut au d but contrainte et forc e c tait le seul moyen de ne pas perdre leur march 128 Et par ailleurs les usines cl s en main restent un tr s important march d export
7. nomies d chelle en produisant chacun des organes standar dis es destination de toute l Europe dans une seule localisation 125 La premi re perc e consiste donc segmenter le proc s de travail non pas tant seulement pour localiser chaque segment dans le bassin de main d uvre le plus appropri mais surtout pour profiter d conomies d chelles d s lors que de longues s ries d l ments de base se combi neront diff remment selon des mod les de voitures vari es D s lors ce n est plus l assemblage final mais le montage voir l usinage des organes donc surtout le montage m canique moteurs bo tes ponts etc qui devient le segment par excellence de la d localisation Pour une telle d localisation la proximit des march s le bas prix r gional l int rieur du monde industrialis les conomies d chelles et surtout les avantages conc d s par les Etats b n ficiaires de l tablissement viennent se combiner de telle mani re que l on peut la fois construire telle pi ce en A pour les pays et B et telle pi ce en B pour ces m mes pays et B pouvant aujourd hui se trouver de part et d autre de l Atlantique 126 Mais le dispositif serait rest interne l ensemble des pays industrialis s plus pr cis ment chacun des sous ensembles USA Canada et Europe du Nord sans le d veloppement d un nouveau type de pays les pays industriels domin s L mergence dans les a
8. plois de conditionnement Le bilan est peu pr s quilibr en emplois fran ais et souvent d favorable en termes de co ts cause de la perte d conomies d chelles de co ts de conditionnement etc Mais l exigence par les pays importateurs d emplois de montage sur place interdit souvent tout autre forme d expor tation et c est sans doute la raison d terminante de cette forme de d localisation 123 e L utilisation marginale de bassins d emploi basse r mun ration g o graphiquement situ s proximit d un march central comme base de montage de voitures l g res en vue de la r exportation vers le centre Ainsi une noria de ferry boats fonctionne quotidiennement entre St Nazaire et Vigo en Galice elle y apporte des CKD et en ram ne des 2 CV Citro n mont es qui seront vendues en France En somme il s agit d utiliser les immigr s avant qu ils n migrent 124 Tout ceci n aurait pas men bien loin sans une double perc e concep tuelle qui allait dans le courant des ann es 70 r volutionner le pro bl me de la d localisation Et l encore Ford jouera son r le d claireur Comme nous l avons d j soulign Ford est la premi re entreprise de l automobile concevoir le proc s de production une chelle multina tionale D s les ann es 60 cette firme met en place un v ritable circuit de branche travers toute l Europe industrialis e elle obtient un maxi mum d co
9. s principaux tablissements sont les usines de bo tes de vitesse de Ford Bordeaux et de GM Strasbourg La fin de l ann e 79 a soulign les inconv nients de ce type d emplois ils sont directement sensibles la crise de l industrie automobile trang re 134 fi b En Espagne De 1950 1972 l automobile se d veloppa selon la loi d airain de la substitution d importations la cr ation de filiales locales fortement int gr es tait le seul moyen de prendre pied Ainsi se d velopp rent de petites firmes espagnoles d coupl es de la maison m re FASA Renault 49 9 et SEAT li Fiat Les trois branches de PSA avaient galement de petites filiales La fameuse loi Ford de 1972 abaissa le taux d int gration minimale de 95 66 en change de quoi le constructeur devait s engager r exporter 2 3 de sa production et limiter 10 sa croissance des ventes locales De plus de grandes facilit s d importation de machines outils taient accord es Gr ce ce d cret d int r t pr f rentiel l Espagne va devenir en quelque sorte la r gion Ill de l Europe au b n fice principalement des firmes am ricaines Ford bien s r qui en fait la grande base d expor tation de sa Fiesta et de ses moteurs Mais aussi GM qui compte partir de l produire la moiti de la croissance du march europ en Cependant la FASA et les firmes de PSA r exportent elles m mes 1 4 de leur prod
10. sa lli UNE MENACE POUR L EMPLOI EN FRANCE LA DELOCALISATION Nous avons jusqu ici tudi l avenir de l emploi globalement li au produit automobile Nous avons par ailleurs tudi les chances des firmes fran aises dans cette branche Tout cela ne nous permet pas de conclure sur l avenir de l emploi dans l automobile en France Car toutes les automobiles des firmes fran aises ne sont pas produites en France et d autre part certaines automobiles jusqu au rachat de Chrysler France par PSA et en tous cas certaines pi ces des firmes trang res sont pro duites en France La question est aujourd hui pos e sous l enseigne de la d localisation dans quelle mesure march mondial donn et toutes nationalit s de firmes confondues la France va t elle rester un bon endroit pour produire de l automobile Nous commencerons par tudier la logique de la d localisation puis nous examinerons la situation et les tendances actuelles 1 La logique de la d localisation Comme des travaux ant rieurs l ont montr 122 le fordisme se carac t rise entre autres par la possibilit qu il ouvre d un clatement de la localisation g ographique du proc s de mise en valeur des capitaux Une premi re disjonction vidente plus li e la centralisation du capital qu au fordisme les fonctions financi res et plus g n ralement celles li es la propri t conomique du capital investi dans une branche n ont pl
11. uction vers l Europe du Nord c Au Portugal Ici Renault a n goci une variante de la loi Ford espagnole Quatre usines de moteurs et de voitures seront largies ou construites 13 000 emplois Le gouvernement portugais accorde de fait une certaine protec tion 135 la conqu te du march local par la filiale de Renault qui passera de 12 30 ou 40 Mais sur les 300 000 moteurs qui seront produits les 3 4 seront r export s vers l Europe du Nord d En Gr ce et en Turquie On y mesure les limites de la strat gie de d localisation La Gr ce a un march interne trop petit En revanche la Turquie tait comme l Iran un pays espoir de l automobile Elle aurait pu servir de base r expor tatrice vers le Moyen Orient Mais la tr s grave d terioration de la situation socio politique remet en cause les grands projets de Fiat fonderie et de Renault montage d organes e En Yougoslavie Fiat et Renault se partagent le march local dans la proportion 2 3 1 3 avec un peu de r exportation Cependant le d veloppement de la r expor 223 224 tation de pi ces n est pas exclu r sultats peu satisfaisants pour VW GM projette cependant une fonderie f En Roumanie C est l que Renault inaugura en 1966 l installation de soci t s d conomie mixte dans les pays de l Est L usine de Pitesti produit des R12 la Dacia et produira suite l accord de 1978 des R 18 pour le march
12. us aucune raison de rester localis es sur les lieux du proc s de production proprement dit C est ce qu on peut appeler l autonomi sation de la fonction financi re En fait le capital des groupes du secteur automobile reste largement investi dans la branche automobile et sa gestion reste dans le berceau des firmes c est dire dans les grands centres traditionnels D troit en r gion parisienne etc Cependant si le centre financier reste attach au centre du processus industriel il n en est plus de m me de la p riph rie de ce processus Et c est l que le fordisme introduit un l ment nouveau La syst mati sation de l aspect intellectuel du proc s de travail se pr sente alors comme une autonomisation de la fonction d ing nierie au sens le plus large non seulement la conception des mod les mais encore la con ception de la machinerie celle des usines et m me de leur mode d emploi peut faire l objet d une activit distincte ind pendante y compris g ogra 219 220 phiquement de la r alisation mat rielle du proc s de travail A la limite on peut concevoir tout le travail quelque part et l ex cuter n importe o ailleurs c est dire o la main d uvre est la moins ch re Mais justement il y a des limites Elles sont de deux ordres du c t de la main d uvre et du c t des d bouch s Du c t de la main d uvre si parfaite que soit la syst matisation du savoir faire ou
13. vail qualifi dans chaque segment de la production automobile Donc un bassin de main d uvre de type III id al est un bassin tr s bas co t de reproduction de la force de travail mais proximit des march s e et disposant quand m me de travailleurs qualifi s Selon la logique fordiste qui impose un couplage de la norme de consommation locale donc du salaire et de la productivit c est la quadrature du cercle Sont en effet exclues outre les r gions cen trales de type I ou Il o la main d uvre est ch re c est de l qu il s agit de d localiser les r gions sises dans des conomies trop domin es faute d un march local suffisant Compte tenu des co ts de transport et de la part quand m me relativement faible du co t de main d uvre il est exclus d utiliser les bassins de main d uvre du Tiers Monde comme de pures bases r exportatrices quel que soit pour les firmes l avantage relatif offert par les tr s bas salaires En s en tenant ces seules consid rations deux formes pauvres de d localisation sembleraient d s lors possibles e La substitution aux importations de v hicules de collections de pi ces d tach es Completely Knocked Down qui seront assembl es dans le Tiers Monde pour les petits march s des classes dominantes locales il s agit pour le pays constructeur d une forme d exportation qui substitue aux emplois de montage final des em
14. vrier par les bureaux de l Organisation scientifique du travail on ne peut pas faire faire n importe quoi par n importe qui II reste encore des activit s d usinage ou de fonderie qui exigent un certain savoir faire ouvrier donc une culture industrielle locale Pour reprendre la terminologie d j pr sent e l automobile exige outre des bassins d emplois intellectuels de type 1 pour la conception l ing nierie des bassins d emplois de type lI o r aliser certaines fabrications qualifi es et des bassins de type lil fournissant les OS II va de soi que les bassins de type l ou II recouvrent des bassins de rang inf rieur on peut toujours fabriquer enti rement les automobiles dans les r gions de type et c est ce qui se passe dans la majorit des cas Mais nous tudions ici le jeu qu autorise la disjonction des fonctions au sein du proc s de travail Du c t des d bouch s l automobile repr sente un moyen terme entre la calculette et le b timent C est un produit transportable donc expos mais c est quand m me lourd transporter Les exportations japonaises sont par exemple gr v es de 10 20 de frais de transport Le sch ma id al o les bassins de main d uvre de type III seraient tout simplement les bassins mondiaux o le salaire est le plus bas ne peut donc tre tout fait respect Sans compter qu il faut toujours encadrer la main d uvre et qu il reste toujours des lots de tra
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