15 Mwepu WEB 02.pmd
Contents
1. Du surnaturalisme au surr alisme Forum 5 1 1980 48 55 Morot Sir douard Asc se philosophique et amiti selon Gaston Berger Les tudes philosophiques 4 1961 311 16 Musinde Julien Kilanga Retour de manivelle Langres Riveneuve 2008 Mwepu Patrick Kabeya Culturalisme et r flexion existentialiste une lecture de Retour de manivelle de Julien Kilanga Musinde Tydskrif vir letterkunde 50 1 2013 97 111 Ngal Georges Les tropicalit s de Sony Labou Tansi Silex 23 1982 134 43 Sony Labou Tansi ou l engendrement du sens in Mukala Kadima Nzuji et al Sony Labou Tansi ou la qu te permanente du sens Paris L Harmattan 1997 39 46 Pascal Blaise Pens es Paris Phidal 1995 Reboul Olivier La dignit humaine chez Kant Revue de M taphysique et de Morale 2 1970 189 217 Tcheuyap Alexie Tropicalit ironie et subversion Les yeux du volcan de Sony Labou Tansi Revue d tudes Africaines Palabres IL3 1999 43 56 Zahan Dominique Religion spiritualit et pens e africaines Paris Payot 1970 214 TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE2. est encore Hare et Aubin qui le d crivent en termes philosophiques de la sorte Si pour un parti bon signifiait susceptible de pr server le r gime en place et que pour l autre parti bon signifiait susceptible de favoriser la r volution alors les deux camps ne pourraient m me pas se servir de ce mot pour exprimer leur d saccord Car lorsque l un des partis parle d un acte comme bon il entend par l qu il pr serve le r gime tandis que pour l autre dire qu un acte est bon c est dire qu il favorise la r volution Hare et al 175 C est cette tape du verbe trompeur 116 que Musinde sugg re ceux qui n gocient pour la paix devoir d passer La renaissance Le roman Jardin secret dans son ensemble est con u comme une uvre fond e sur la qu te de l harmonie sociale Il s agit l d un projet qui s av re ambitieux tant donn que le protagoniste envisage de transformer non seulement son pays la R publique des Tropiques mais aussi l humanit dans son ensemble 70 Si le personnage 210 TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE pr conise de mettre en avant plan toute solution positive 71 cela pourrait premi re approximation para tre chim rique dans un univers o la pulsion de mort est port e son comble Cependant dans sa r flexion sur l existence le h ros de Jardin secret trouve qu au del du chaos r gnant sur l humanit il y a toujours la possibilit de r h
3. mourir sans mourir insinue un changement un renouvellement perp tuel o tout tre meurt pour rena tre 69 la lumi re de ce passage on peut voir que la condition essentielle pour rena tre est de mourir Sch matiquement cela donnerait la configuration suivante vivre na tre mourir rena tre Dans ce sch ma qui r pondra it la logique d un syllogisme c est la deuxi me pr misse ou la mineure qui pose mat riellement probl me et n cessite une lucidation Cette pr misse regorge mat riellement une contradiction avec les deux autres la majeure et la conclusion Cependant la r flexion du h ros exige que l on meurt sans mourir 69 Pour expliciter cet imp ratif l on devra se r f rer ce que Musinde a insinu dans son roman Retour de manivelle Au juste pour devenir arbre qui porte des fruits succulents le grain meurt sans mourir Cette vision des choses doit interpeller cette jeunesse et toute la nation vers un mouvement o s op re sa metanoia travers un cheminement jalonn des moments de n gativit et de positivit en somme jalonn des moments de contradictions dialectiques Musinde 108 la lumi re de ce passage on comprend que la p riode de n gativit est aussi n cessaire que celle de positivit dans la mesure o la maturation de l tre en d pend Par TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE 211 cons quent le personnage de Mwanda pense que le chaos dans lequel
4. Tel l Oc an d Hom re situ aux limites de la terre nourrici re en retrait du monde dont il est la source et l incarnation de la Vie Collobert 24 ou bien la porte troite de Gide incarn e dans le journal intime d Alissa dans le roman du m me nom le monde de l inconscient de jardin secret est aussi consid rer comme une source de vie dans la mesure o il charrie des moments de positivit propres g n rer des espoirs de vivre espoirs qui servent d appoints une r flexion libre et salvatrice Dans l intimit du personnage qu a cr l auteur ce Jardin secret est aussi comparable la pierre philosophale de Breton dans sa mission de permettre l imagination de l homme de prendre sur toutes choses une revanche clatante Matthews 53 la recherche d une th rapeutique Jardin secret est un univers d initiation secr te la vie la raison fond e sur les valeurs humaines L criture litt raire rev t d un caract re th rapeutique dans un univers malade caract ris par la violence Cette criture de la praxis se veut avant tout un trait de morale et une ducation politique fond e sur l altruisme et les valeurs thiques Ce sont ces valeurs pr sent es comme obligatoirement morales que Musinde sugg re comme une voie de sortie de la crise dans laquelle l Afrique et les Africains se retrouvent Une thique altruiste Jardin secret est une expression de
5. par l auteur un homme des utopies Hugo 1025 pour re penser la morale en r instaurant l o elle est m pris e une morale bas e sur le savoir et la conscience mais dont le signe visible est l accomplissement des services civiques d sint ress s au profit de la communaut et de l humanit Voil une fonction de l art un v hicule id ologique dont la finalit est transformationnellement th rapeutique Si Jardin secret peut engendrer une r volution nous pensons comme Mongo B ti que cette r volution est int rieure et concerne la conscience et uniquement elle Djiffack 77 Conclusion Au del du monde sensible dans l inconscient d un r veur somnambule dont le sens discursif n est que tr s veill se situe le Jardin secret de l uvre Ce jardin sacr cach aux communs des mortels est enfin r v l tel le Saint des Saints aux profanes dans le monde physique dont l aspiration la plus ultime ne proc de que des penchants empiriquement goi stes Julien Kilanga Musinde se sert de ce cadre d intimit onirique non pas comme un labyrinthe susceptible de confondre le lecteur mais la fois comme une alc ve o les plus fins des artistes pr parent et exposent un monde na tre Il s agit d un nouveau monde celui des Id es les plus platoniques mais aussi celui des tres autoconscients la fois libres et altruistes Notre analyse nous a permis de d montrer que Jardin secret se pr sente ainsi c
6. Patrick Kabeya Mwepu L art et la gu rison Des imp ratifs Patrick Kabeya Mwepu est Directeur de Ath i I l cole des Langues Universit Rhodes th q oss d ans Jardin secret de Jul en r dacteur adjoint de la revue French Ki l an g a Musi n d e Studies in Southern Africa et auteur d un livre et de plusieurs articles en litt rature africaine francophone Email p mwepu ru ac za Art and healing ethical imperatives in Julien Kilanga Musinde s Jardin secret This article sets out to analyse a trend in literary re positioning in the context of socio political confrontation In keeping with the literary approach adopted by Julien Kilanga Musinde in the novel Jardin secret 2010 the article will focus on defining the ultimate objective s of literary writing in a context where the novel genre is perceived as a depiction of the author s worldview Given the socio political contradictions and widespread dehumanisation that characterise present day Africa it is important to note that Musinde s novel is one of the answers to the political contradictions that impel postcolonial Africa into a situation of endless crisis In this philosophical novel the author endeavours to address the misuse of political power He is equally at pains to decry the unethical use of scientific knowledge Much as politics is at the core of the narrative it is important to note that the political vein is nothing more than a pretext used by the author to broach dee
7. abiliter la dignit de l homme C est l imagination de l auteur qui s oppose au mal du temps et qui vient re cr er l harmonie d un monde d truit par l goisme de l homme Musinde dans une d marche philosophique a conceptualis une exp rience v cue sa vision intime du cogito dans une uvre d art Margolin 100 Cette re cr ation de l harmonie perdue est en droite ligne avec la vision de Margolin et luard Ces auteurs pensent que l imagination est un atout du devenir de l homme car elle est cr ateur d tre et permet d tre autre chose que l on n est et de se multiplier l infini Margolin 107 Pouvoir tre autre chose qu on n est et se multiplier l infini comme cela est exprim par ces deux auteurs composerait avec la renaissance na tre de nouveau C est l un th me r current dans l uvre de Musinde et qu on peut lire galement partir de la page 109 de son roman Retour de manivelle Lauteur d veloppe ce concept de la m me mani re dans ces deux romans Il consid re la renaissance comme tant la loi de la dynamique existentielle dialecticienne par laquelle devra passer le devenir positif de tout tre 69 Cependant pour bien comprendre ce concept qui pourrait constituer la quintessence de l criture musindesque il est n cessaire avant tout d en comprendre le processus que l auteur explique de la sorte Ainsi la contradiction le paradoxe apparent dans la m taphore
8. cie la vie r elle pour accomplir le r ve id al Il s agit d une r alit du futur que l on consid re comme une finalit qui tait pour Breton un objet de conqu te Breton 24 202 TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE En substance on a le personnage de Mwanda qui couch c t de sa femme entre dans un univers imperceptible et s engage dans une m ditation profonde 23 L insertion de la m ditation ajoute un caract re transcendantal tellement subtile qu il oscille entre deux mondes apparemment distincts en les r conciliant Il est n cessaire cependant de signaler que le r ve r v onirique qui est cons cutif la m ditation dans l inconscient sympathise avec le r ve id al du h ros dans le monde empirique En effet le monde sensible de Mwanda est celui de la violence la R publique des Tropiques La tropicalit de cette r publique pourrait bien correspondre au pays natal de l auteur un pays tropical ou un n ologisme de Sony Labou Tansi tudi et vulgaris par Georges Ngal et Alexie Tcheuyap Pour des raisons videntes l auteur est scrupuleux et craint de perp tuer la violence par la description de la terreur Musinde s abstient pourtant de rivaliser avec l auteur de La vie et demie dans la description de la violence Son univers sensible tant diagnostiqu comme tant pathologique l auteur cherche l quilibre cosmique en s appuyant sur le monde onirique qui le suppl e
9. du pr sent en incarnant la pens e 206 TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE humaniste Le ton po tique employ par l auteur suffit pour montrer que dans un contexte de lutte acharn e entre le Bien et le Mal l espoir artistique fait triompher la cause du Bien H las l heure est venue o une main rapace s est tendue o le silence a confondu le temps et l espace l heure o cette grandeur si riche d exp rience vitale s est loign e des siens avec son c ur qui exaltait l amiti signe de son humanisme et une t te o vibraient la science et la g n rosit 91 Grandeur exp rience c ur amiti humanisme et enfin science et g n rosit tels sont les attributs que Musinde choisit pour d crire Mwanda Ce qui fait d faut l intellectuel africain est chant et c l br par l auteur la sympathie entre le savoir scientifique et l action humaniste Un autre imp ratif moral que l auteur met en exergue dans Jardin secret est son appel pour un pouvoir politique fond sur le savoir et la conscience Cette nostalgie d une r publique platonicienne dirig e par des intellectuels autoconscients serait elle une ext riorisation d une exp rience personnelle in vivo Francastel tente de nous le faire croire Aussi la r alit qui se pr sente nous sous les figures des signes des comportements ou m me des institutions n cessite t elle de notre part un il qui est naturellement le m me depuis l
10. e gratification pour son implication politique Jardin secret est aussi visiblement un proc s de cinquante ans des ind pendances des TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE 201 DOI http dx doi org 10 4314 tvl v52i1 15 pays africains en g n ral et de la R publique d mocratique du Congo en particulier un bilan qui passe au crible le politique et l intellectuel du pays natal de l auteur Que Musinde se glissant sous la peau de son h ros ait mis en exergue le primat de la raison sur les vell it s des int r ts politiques despotiques et go stes voil qui am ne entrevoir la voie voix thique sugg r e par une subjectivit id aliste dans un monde pathologiquement obs d par l ambition politique d mesur e Son approche de combattre l injustice sociale par le recours la non violence ne trouve son sens que par le biais des imp ratifs thiques que l univers artistique pr sente aux lecteurs Cet article se propose de de valider le r ve de l artiste Musinde dans son criture litt raire la connaissance et la mise en pratique des valeurs m taphysiques peut constituer un d clic efficace dans le processus de transformation des hommes et de l humanit La probl matique thique sera abord e comme une dimension essentielle de l criture litt raire dans une duplicit spatiale dans laquelle se situe l univers repr sent Une juxtaposition des cadres Jardin secret est b ti sur deux univers juxtapos s Son h ros vit la f
11. e poste de premier ministre que le pr sident de la R publique des Tropiques lui propose 133 L uvre de Musinde sugg re cependant que le franc dialogue procure la vraie information par laquelle passe la communication ou la concorde des consciences 27 Il s agit d une invitation rencontrer l autre C est aussi un appel l alt rit qui exige aux parties de valoriser de mani re absolue la primaut de la conscience et de la libert individuelles tout en critiquant radicalement les valeurs existantes 116 Une telle attitude traduit le respect de l autre en tant qu interlocuteur respect qui doit d boucher sur une communication des consciences qui est fond e sur le respect mutuel La r flexion du h ros Mwanda l am ne rechercher la compr hension des diff rences humaines Cette compr hension se pr sente comme un pr alable n cessaire pour un bon dialogue 27 28 Lors de ce dialogue le roman invite les parties savoir faire confiance son interlocuteur en se situant toujours par rapport l int r t sup rieur eten d veloppant tout ce qu il y a de beau dans l autre 112 3 Dans tous les cas Musinde exige aux interlocuteurs de ma triser leur hypocrisie en se m fiant du verbe trompeur 116 susceptible de porter pr judice tout projet de se rapprocher de l autre moyennant le dialogue Cela revient dire que pour mieux s entendre les interlocuteurs doivent parler le m me langage C
12. es origines de l esp ce mais il n est pas un sensisol et on ne voit que ce que l on conna t Francastel 75 Ce point de vue est aussi partag par Gaston Bachelard lorsqu il pense que le travailleur scientifique ce qu il observe dans le microscope il l a d j vu On peut dire d une mani re paradoxale qu il ne voit jamais pour la premi re fois Bachelard 146 Le personnage de Mwanda et son r ve proc dent donc de l exp rience intime de l auteur qui est t moin d une p riode chaotique au cours de laquelle son pays tait au comble du d sespoir Il s agit d un point de vue de l auteur qui a cr par cons quent un objet Francastel 76 Cette vision du monde proc de donc de l exp rience personnelle de Musinde qui au d but des ann es 90 avait pris part aux assises de la Conf rence Nationale Souveraine mise en place au cours du r gne du pr sident Mobutu Lors de ces assises que l auteur voque dans ce roman 46 47 la gente intellectuelle za roise de l poque refusait de parler le m me langage et cherchait chacun confondre l autre La non violence Jardin secret est lire en principe comme une uvre litt raire stigmatisant le recours la violence pour combattre la dictature et ses exactions S il est vident que la R publique des Tropiques d peinte dans le texte est un tat o le peuple croupit dans la mis re tout en faisant face une autre forme de guerre incarn e notam
13. exte o les bellig rants ne sont pas dispos s faire la paix Musinde propose donc l imp ratif moral suivant comme tant le plus d cisif Le dialogue Hare et Aubin estiment que les conflits sociaux sont le r sultat des diff rences souvent radicales entre des groupes humains Il peut s agir de diff rences d ordre conomique religieux id ologique ou sur n importe quoi qui puisse conduire les hommes se battre Hare et al 167 Et pour mettre un terme ces conflits ces auteurs sugg rent que les parties engag es dans le conflit se mettent raisonner ensemble chacun avan ant des arguments compr hensibles par l autre et passent ensemble ces arguments au crible pour voir lesquels sont valables lesquels ne le sont pas Hare et al 170 C est cette derni re prescription que Musinde exploite dans Jardin secret L auteur propose un dialogue discursif et persuasif 24 comme un autre imp ratif moral dans la recherche de la paix Le roman soutient que l homme use de la violence pour faire entendre sa voix 24 Pour atteindre son objectif l auteur choisit une criture appropri e qui traduit de mani re imag e la s paration entre deux mondes l univers de ce roman est fond sur l exclusion d un c t il y a le r gime totalitaire et opportuniste et de l autre il y a la r bellion pr parant la guerre pour r tablir selon elle l quilibre perdu Musinde choisit de cr er une rivi re e
14. hypoth tiques comme certains philosophes les emploient Laberge 177 En g n ral dans la majeure partie le texte de Musinde est b ti sur cet imp ratif cat gorique direct d Emmanuel Kant Agis de telle sorte que tu traites l humanit aussi bien dans ta propre personne que dans la personne de tout autre toujours en m me temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen Kant 150 Ou encore L homme n est pas une chose il n est donc pas un objet qu on puisse traiter simplement comme un moyen Kant 151 Si la finalit des actes du personnage de Mwanda est l homme ou l humanit le lecteur de Musinde est pouss croire que l univers de ce roman est celui de l thique ou m me de la qu te du Bien Le point de d part et la finalit de ce Bien est donc Thomme Ce roman identifie par cons quent un homme malade ruin par des probl mes familiaux r soudre 8 et opprim par les actions d une gestion politique mal orient e 50 Cet homme de Musinde est malheureux c est la veuve et l orphelin qui pleure 50 Par contre les consid rations de l auteur sont situer au del de la r alit purement mat rialiste celle qui est directement visible nos yeux Quand comprendra t on que l homme qui souffre vaut plus que la souffrance de l homme Il ne suffit pas d enrayer de ce monde la souffrance de l homme pour le bonheur de tout l homme c est dire de l homme non s
15. is la violence qui ruine qu il faut condamner cit par Cugno 28 Pourtant Machiavel lui m me reconna t la limite de ses propos I 1se trouvera bien rarement un homme de bien qui veuille pour parvenir un but honn te prendre des proc d s condamnables ou un m chant qui se porte tout d un coup faire le bien en faisant un bon usage d une autorit mal acquise Cugno 22 23 La force de Musinde se situe cependant au del du th tre de la violence qui en puissance comme en acte n engendre que la violence 69 L auteur prend en charge le destin d un continent en pr sentant Jardin secret comme un creuset des valeurs humaines dans un monde la 208 TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE R publique des Tropiques o des hommes politiques ont perdu toute conscience humaine L injonction remets ton p e au fourreau 68 est ainsi adress e l homme au pouvoir comme l opprim Cet imp ratif sonnant comme un appel au cessez le feu a la potentialit de juguler le cycle de la violence tant donn que toute violence ne peut donc engendrer que d autres violences l infini 68 L uvre litt raire devient ainsi un atelier o des principes de recherche pacifique de la paix sont labor s On peut en d duire que Musinde sugg re d aller l cole de Gandhi Martin Luther King etc pour r soudre les diff rentes crises que conna t le continent africain Mais alors comment arr ter la violence dans un cont
16. l id alisme fond sur la reconnaissance et le respect de l autre Le roman met en exergue avant tout Thomme Cet homme sort du cercle restreint pour embrasser l humanit Chaque matin avant de se rendre au service Mwanda devait r guli rement recevoir des gens qui venaient lui soumettre une s rie TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE 203 des probl mes familiaux qu il tait appel r soudre Il ne s appartenait plus Il se consacrait non seulement sa famille mais aussi toute l humanit 8 Cet extrait situ tout au d but du roman montre d s le d part que le sujet que cr e l auteur d tient un sens d alt rit lev il s agit d un homme d actions d cisives orient vers le monde Des expressions comme chaque matin r guli rement 8 sont utilis es par l auteur pour accentuer le caract re r p titif et infatigable des actions altruistes du h ros Le summum est atteint lorsque ce personnage est d peint comme ne s appartenant plus mais plut t se consacrant toute l humanit 8 Il s agit l de l expression d un sens de l imp ratif moral tr s pouss Musinde choisit de baser ses le ons non pas sur l ducation politique ou l habitude en cours mais sur les imp ratifs moraux qui pourraient tre pr alablement ancr s dans la conscience de l homme Ces imp ratifs apparaissent indiff remment dans le texte sous diff rentes formes directs ouindirects cat goriques ou
17. ment dans la famine les maladies et la torture 32 il est aussi vident que l auteur s insurge contre toute id e de guerre de lib ration 19 Quelle est avant tout l origine de la violence 25 Par cette question l auteur sugg re de s attaquer au mal par l identification correcte de ses racines TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE 207 Selon le texte plusieurs raisons sont la base de la violence la d sinformation l indigence prouv e dans les besoins fondamentaux la haine et la jalousie 25 Jardin secret tant un roman rev tant d un caract re philosophique l auteur n h site pas de mettre en relief certains imp ratifs moraux qu il consid re comme essentiels dans la lutte contre la violence Parmi ces imp ratifs de la non violence Musinde consid re seulement deux la paix et le dialogue comme tant fondamentaux Ces deux imp ratifs font l objet d analyse travers les deux sections qui suivent Remets ton p e au fourreau Rappelons que l univers de Jardin secret est caract ris par la violence L auteur emprunte la mati re de sa description la vie quotidienne crivant sur la philosophie et le conflit Hare et Aubin affirment qu il ne se passe gu re de semaines sans qu un conflit ne soit annonc dans la presse et que c est tr s rarement qu on annonce la fin d un conflit Hare et al 167 L injonction remets ton p e au fourreau 68 est lire comme un imp ratif cat gorique direct q
18. mide dont le sommet est l homme en tant que finalit absolue de se solidifier et de r sister toute tentative de d stabilisation Quid de ces industriels th oriques Dans Jardin secret l accent est de plus en plus mis sur le r le de l intellectuel africain Le narrateur se pose les questions suivantes Qu en sera t il de l apport des intellectuels la soci t un demi si cle apr s et leur r le dans l avancement de la soci t Qu attend on d eux Qu en sera t il de leur responsabilit dans la marche et le progr s du monde en g n ral et du pays en particulier 47 Ce questionnement laisse entrevoir le fait que pour l auteur l intellectuel dans l Afrique ind pendante doit jouer un r le Jardin secret d finit ce r le par l absurde au del du questionnement ci dessus Loin de dire ce que l intellectuel africain aurait d faire de mieux le personnage de Mwanda d peint cependant ce qu il fait dans l imm diat Aujourd hui alors que le pays regorge des intellectuels dans tous les domaines on pensait que l occasion tait donn e d acc der rapidement au d veloppement Ceux qui devraient tre les lumi res ont plong le pays dans les t n bres de la b tise la b tise de l homme et la b tise des l ments 48 De la lumi re aux t n bres et la b tise l cart est vident entre ce qui est hic et nunc et ce qui devrait tre id al Dans ce contexte les intellect
19. nd r aliser ces fins 26 On voit bien que cette r conciliation des fins id ales de Musinde rappelle la r conciliation des efforts dispers s de Gaston Berger douard Morot Sir 313 316 C est cette notion de r conciliation qui s envisage comme un principe d alt rit incontournable m me dans une situation de confrontation politique La th orie et la pratique Par la profession d un id al humain le h ros de Musinde ne se pr sente pas comme un id aliste passif dont l action finit dans le r ve Dans un monde o l homme est d lib r ment d termin exploiter et tuer l homme le roman Jardin secret individualise son destinataire et peut se lire comme un r cit des obligations morales faites l intellectuel africain L auteur pense t il que l intellectuel ait failli sa mission Quelle est donc cette mission Jardin secret est b ti sur le dualisme science conscience th orie pratique savoir savoir faire Les composantes de ces dualismes ne sont pas envisag es de mani re antith tique l quilibre de la r sultante qui est comprendre ici comme une finalit relative d pend de la conjugaison harmonieuse des forces sustentatrices des composantes C est cette harmonie sympathique qui fait pourtant d faut dans l univers repr sent par Musinde Ainsi s tait creus le foss entre l homme de science et le commun de la population et particuli rement l homme au pouvoir Ce dernier s tai
20. ntre ces deux camps antagonistes Cette rivi re ou ce lac pourrait symboliser la s paration entre deux mondes qui se ha ssent L auteur d peint cette rivi re comme n ayant pas de pont L absence de pont symbolise l absence de dialogue entre ces deux camps le maquis et la capitale cette rivi re s ajoutent de nombreuses barri res de contr le Malgr la pr sence de ces nombreuses barri res la plus grande des barri res pour l auteur est surtout de l ordre psychologique Musinde estime que T go sme et le calcul sont la base de l incompr hension entre les groupes en conflit 112 Si le dialogue pr conis est la fois discursif et persuasif 24 on entrevoit l intention de l auteur de faire entrer son h ros un intellectuel id aliste et humaniste dans la sph re politique pour servir de pont entre deux mondes qui se ha ssent et qui TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE 209 cherchent s exterminer mutuellement Le protagoniste Mwanda se comporte en philosophe dont la vraie mission est de faciliter la discussion et la r flexion sur des probl mes importants Hare et al 168 S agit il pour l auteur de revaloriser travers ce personnage l intellectuel africain dans un contexte o son r le est en arri re plan et o l intellectuel est utilis des fins politiciennes La grande le on de cette uvre est que Mwanda arrive bien jouer son r le de m diateur il reste apolitique en rejetant l
21. ois dans le monde onirique et dans le monde empirique celui du conscient et du subconscient au point que le narrateur dit ironiquement son propos comme quoi on pouvait mener une vie parall le la r alit en plein r ve 23 Dans cette dualit on remarque que pour l auteur le conscient et l inconscient composent de mani re ins parable Le r veur ne se d tournant pas de la vie l assimile m me dans un amalgame alchimique o le r ve en passant par l inexplicable s unit l tat de veille Matthews 53 Dominique Zahan explique ce ph nom ne de dualit retrouvable dans le roman de Musinde de la sorte Le moi poss de normalement et naturellement un point de fission situ vraisemblablement la fronti re du conscient et de l inconscient et cette propri t assure l homme une vaste gamme de possibilit s parahumaines bilocations voyance m tamorphoses etc Zahan 19 Bourgeacq ajoute un jugement de valeur aux composantes de cette dualit dans ce sens qu il emploie les vocables de profane pour d signer le monde sensible et de sacr pour d signer le monde inconscient Bourgeacq 736 alors m me que Breton consid re cette dualit comme une r alit absolue ou une surr alit Breton 23 24 Dans le roman de Musinde cette conception dualiste de la r alit en appelle cependant une troisi me composante qui ressort du domaine de l id al Le r ve songe onirique s asso
22. omme un pr texte dont se sert l auteur la mani re de l enfer de Sartre pour v hiculer sa pens e une pens e thique qui ne recherche plus un homme id al ainsi que le faisait Diog ne mais le fa onne moyennant des imp ratifs moraux artistiquement r fl chis L criture devient un atelier d o sont cr s des nouvelles subjectivit s la mani re des masques qui disent non notre propre visage afin de transformer le monde et faire triompher ce que nous TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE 213 avons de plus profond ment personnel nous apportant ainsi un profond message de la fraternit cosmique L vesque 647 Que cette conscientisation soit rendue avec un diff r cela ne concerne nullement l auteur Par son uvre nous pensons que Musinde en tant que recteur honoraire de l Universit de Lubumbashi a rendu hommage en l illustrant la devise de son alma mater scientia splendet et conscientia Par cette uvre l auteur a ainsi rendu son Id e un jardin sacr sensible en le d voilant au plus large public possible Notes 1 Allusion est faite ici aux uvres du m me auteur comme Retour de manivelle 2008 Comme des matins ternels Kinshasa UEZA 1984 2 Le concept tropicalit est un n ologisme li en litt rature africaine l crivain congolais Sony Labou Tansi Il a t vulgaris dans les travaux de recherche des critiques africains dont Ngal Les tropicalit s de Sony Labou Tan
23. ossibilit de rena tre Pour permettre l tre de survivre rena tre Musinde exige de comprendre de respecter et d aimer l poque en d pit de sa duret sur les humains C est cette compr hension qui am ne donc l individu la ma trise de soi et la conscience de tout recommencer c est dire de rompre avec l tat dans lequel il a sombr jusque l 122 Musinde estime que le processus de maturation est plus important que la maturation elle m me Sans doute que la grande uvre de la vie humaine dont on peut r ver a comme le pensait Albert Camus moins d importance en elle m me que l preuve qu elle exige d un homme et l occasion qu elle lui fournit de surmonter ses fant mes et d approcher d un peu plus pr s sa r alit 122 Ceci revient dire qu il faut transcender l poque pour re na tre se surpasser comme Zarathoustra 70 ce titre l appr hension de la question du re na tre nous am ne conclure que Jardin secret l instar de l Oc an d Hom re est la source par laquelle advient le na tre sans le p rir mais aussi par laquelle adviennent le na tre et le p rir Collobert 23 Le p rir pour Musinde n est que la r sultante du non savoir c est dire qu il n est engendr que par l absence de discernement lors des instants de n gativit qui accompagnent toute volution humaine D aucuns pourraient penser que Jardin secret de Musinde est un royaume de
24. ouffrant 105 Loin de sombrer dans la description des malheurs de homme l uvre de Musinde s abstenant donc de d crire les horreurs elle est m me timide devant les faits politiques sporadiques qu elle voque Mwepu 97 le roman de Musinde d veloppe cependant une philosophie de l altruisme et de l espoir comme r ponse aux d lires d un monde chaotique Ce roman ne se lit pas comme un guide ou une vision critique de la question du Bien la mani re de la notion philosophique de la raison sp culative Laberge 275 au contraire tant donn que ce roman d bouche sur les imp ratifs cat goriques ou hypoth tiques sa lecture d voile une dimension qui va au del de la simple description du Bien moral laquelle 204 TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE description se voit d pass e et compl t e par l insertion d une coercition morale Le h ros de Jardin secret est une entit autoconsciente qui s impose la loi un humain potentiel dont l av nement pr cipite l mergence d un monde id alement humain La vision de Musinde s apparente celle de Kant d s lors que la finalit de toute action est l homme ou l humanit En ceci ce premier imp ratif exprim dans ce roman est l un des plus grands Musinde conclut que pour sortir de la crise il faut des dispositions vertueuses qui en elles m mes permettent d quilibrer d harmoniser et de concilier les fins id ales et les moyens par lesquelles on ente
25. per philosophical issues which are expressed through ethical imperatives Keywords African intellectual altruism ethical imperatives liberation war non violence renaissance La parution de Jardin secret de Kilanga Musinde secoue un peu le lecteur habitu l criture de cet crivain La particularit de ce roman publi en 2010 r side dans sa d marcation vis vis de la veine jusque l adopt e par l auteur laquelle veine situe l univers romanesque au del de l imm diat sociopolitique Dans ce roman les questions politiques sont visiblement pos es Le ton non pol mique n emp che cependant pas l auteur d aborder ces questions dans un angle philosophique contraignant ainsi le lecteur adopter une vision m taphysique des p rip ties v cues par les personnages cr s par l auteur et dont la ressemblance avec les contemporains de l auteur n est que tr s vidente En ce qui concerne l intrigue Jardin secret met sur sc ne un intellectuel africain non engag politiquement dans un pays d truit par les guerres civiles interminables Mwanda parce que c est de lui qu il s agit est un professeur d universit qui entend r soudre sa mani re la crise politique dans laquelle son pays la R publique des Tropiques est plong Contraint par la r bellion de rejoindre le maquis le h ros r concilie les parties bellig rantes en usant d un m canisme pacifique de r solution des conflits rejetant en m me temps tout
26. s fins qu on ne saurait jamais mat rialiser dans la mesure o les valeurs transcendantales sugg r es dans l uvre concernent l humanit et non pas l homme 212 TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE Reboul 189 Une telle objection peut se justifier vu l extr me empirisme qui caract rise le monde contemporain N anmoins on peut concevoir la victoire de l art sur les vell it s quotidiennes exprim e dans l uvre comme le triomphe d un intellectuel autoconscient Mwanda sur tous les autres c est aussi le triomphe de la plume et du scribe sur le prince et ses armes Que l auteur ignore l apocalypse dans un univers machiav lique dans lequel le Mal est plus facile accomplir que le Bien cela pourrait tre justifi par la douceur de l me po tique homme il est doux comme une femme et surtout par une transcendance qui r pond l appel du grand Hugo le po te en des jours impies vient pr parer les jours meilleurs Les pieds ici les yeux ailleurs C est lui qui sur toutes les t tes doit faire flamboyer l avenir Hugo 1025 L ici de l auteur est aussi une tape un mod le celle de l preuve n cessaire dans un processus naturel de maturation irr versible Que le h ros de Jardin secret soit cr comme une rose qui clot au milieu des ronces Musinde 56 l auteur s en sert cependant pour policer ces ronces en les faisant re na tre comme des roses L criture est utilis e
27. si Sony Labou Tansi ou l engendrement du sens Tcheuyap Bibliographie Bachelard Gaston La po tique de l espace Paris PUE 1957 Bourgeacq Jacques Surr alisme et philosophie africaine The French Review 55 6 1982 733 41 Breton Andr Manifestes du surr alisme Paris Gallimard 1971 Collobert Catherine La m taphore De la Nature chez Hom re Revue Philosophique de la France et de l Etranger 1 1996 23 29 Cugno Agn s Machiavel et le probl me de l tre en politique Revue Philosophique de la France et de l Etranger 1 1999 19 34 Djiffack Andr La dissidence Mode d emploi Pr sence Francophone 51 1997 73 96 Francastel Pierre La r alit figurative Paris Deno l Gonthier 1965 Hare Richard et Aubin Vincent Philosophie et conflit Revue de M taphysique et de Morale 2 1994 167 79 Hugo Victor uvres po tiques I Paris NRE 1964 Gide Andr La porte troite 1909 Paris Gallimard 1972 Kant Emmanuel Fondements de ma m taphysique des m urs Trad Delbos Paris Delagrave 1964 Laberge Pierre Comprenons nous enfin le sens de la formule de l imp ratif cat gorique Les tudes philosophiques 3 1978 273 89 L vesque Ren Le masque ducateur Les tudes philosophiques 4 1955 64764 Margolin Jean Claude Philosophie et Po sie Revue Philosophique de la France et de l tranger 1954 97 107 Matthews J H
28. son pays est plong est une n cessit qui pourrait tre dure mais jamais absurde 44 5 Dans cette lanc e l uvre invite le lecteur aimer l poque en d pit de sa duret avec espoir que cette compr hension am ne la maturation individuelle 45 Peut on donc comparer cette conception du processus de maturation la vision de Machiavel qui pense comme suit II n a point t donn aux choses humaines de s arr ter un point fixe lorsqu elles sont parvenues leur plus haute perfection ne pouvant plus s lever elles descendent et pour la m me raison lorsqu elles ont touch au plus bas du d sordre faute de pouvoir tomber plus bas elles remontent et vont successivement ainsi du bien au mal et du mal au bien Cugno 24 Quoiqu il en soit l uvre de Musinde se lit comme une interpellation au lecteur nosce te ipsum l invitant une connaissance profonde de soi Une telle vision est plut t en droite ligne avec la conception de Pascal selon laquelle quand l univers l craserait l homme serait encore plus noble que ce qui le tue parce qu il sait qu il meurt et l avantage que l univers a sur lui l univers n en sait rien Pascal 130 L tre pensant de Musinde est symboliquement immortel Ceci permet de comprendre selon un raisonnement par l absurde que lorsque mourir quivaut la mort la d ch ance contrairement mourir sans mourir l individu perd par cons quent toute p
29. t engag dans un empirisme aveugle mettant entre parenth ses toute r flexion scientifique dans son action En fait une sorte de tabula rasa o on ne se fiait qu la seule exp rience qu la seule pratique courante 11 12 Cet extrait voque le primat de l empirisme pur sur la conscience dans un contexte politique Le politique se mutile ainsi en n usant que d un des deux piliers qui sous tendent l orientation de l action politique la science et la conscience Musinde choisit de parler dans ce cas d empirisme aveugle 11 et ce d terminant ne rev t nullement d un sens m lioratif Cette c cit volontaire ferait du politique un tre mutil et inconscient le disqualifiant en m me temps de participer toute entreprise salvatrice Dire que l univers du roman est r gi par des aveugles suffit pour d peindre l imminence de l chec d s lors que la base de l mergence d un monde id al et humain n est que trop d fective Pour Musinde les r flexions scientifiques et les actions ou d cisions politiques TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE 205 devraient aller de pair pour un d veloppement harmonieux du pays et surtout pour une r alisation de tout programme d action 12 13 L auteur sugg re par l une collaboration inconditionnelle dans laquelle l homme d action politique prend en consid ration les pr ceptes des industriels th oriques 14 Ainsi ces deux bases permettraient la pyra
30. ue l auteur emprunte la litt rature vang lique Si ces propos attribu s J sus Christ dans l vangile de Matthieu 26 51 53 taient monos miques etunidimensionnels Musinde s en sert cependant pour exiger un arr t inconditionnel des hostilit s toutes les parties bellig rantes La violence voqu e dans Jardin secret est interminable dans la mesure o elle est cyclique car les victimes de l oppression sont elles aussi tent es de recourir la violence dans leur lutte pour la justice 68 Le texte est explicite la violence appelle la violence et lib rer par la guerre quivaut une perp tuation de la violence 19 C est pourtant le projet de la r bellion que dirige le personnage du Commandant Mukalamusi le malin en Kiswahili du Katanga en R publique d mocratique du Congo 16 La logique de la guerre de lib ration est un concept que Musinde exploite sa guise pour d crier la situation de l Afrique en g n ral et celle de l Afrique centrale en particulier L vocation des rivages d une ville blanchis par les ossements p lis laiss s par des bellig rants n est pas loin de rappeler le g nocide rwandais de 1994 ainsi que le massacre dans la partie orientale de la R publique d mocratique du Congo 1996 98 On peut dire que le rejet de la m thode de lib rer par la violence c est aussi le rejet par l auteur du machiav lisme qui stipule que ce n est pas la violence qui restaure ma
31. uels mettent leur savoir au service du mal 46 Les juristes par exemple usent de leur ing niosit pour confondre d lib r ment la masse 47 aussi ne veulent ils pas tre compris alors m me que toute d marche de pacification c est l avis de certains philosophes se voudrait avant tout facilement compr hensible Hare 172 Dans l univers de Jardin secret le langage est utilis au contraire pour faire perdurer la dispute Les juristes sont un exemple dont Musinde se sert pour montrer le penchant nocif de la gente intellectuelle pour qui devoir ne signifie pas la m me chose pour tout le monde Hare 170 Musinde montre que la science est sacrifi e l autel de la flatterie des dirigeants 48 49 Dans ce contexte de reniement du savoir scientifique pour acc der des postes de responsabilit l auteur constate que les intellectuels sont de grands id ologues des r gimes et sont m me pr ts freiner toute id e d ouverture et s opposent toute concession que le pouvoir serait tent de faire 49 50 Cependant l auteur n est pas sans pr senter le mod le Le personnage de Mwanda incarne l essence d un intellectuel tel qu il devrait tre dans un monde o les valeurs humaines sont sacrifi es L insertion du personnage de Mwanda dans sa cr ation litt raire permet Musinde de sortir du monde des Id es en pr sentant un homme exceptionnel capable de briser les cha nes
Download Pdf Manuals
Related Search