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Pour une sociologie non fataliste

1. Mais a t elle seulement commenc On ne pourrait l affirmer que si l on commen ait constater une r duction des carts sociaux de r ussite et d acc s non pas simplement un niveau fix une fois pour toutes et suppos intangible mais dans les fili res d excellence et aux niveaux les plus valoris s du syst me scolaire qui peuvent voluer au cours du temps Car la d finition propos e en exigeant d observer tous les niveaux impli que qu une attention particuli re soit port e ceux qui conduisent une poque donn e aux postes les plus prestigieux et les plus r mun r s dans la division du travail ce qui n exclut pas tant s en faut une tude simul tan e des marginalisations affectant les plus d munis Comme on le voit nous sommes encore fort loin de pouvoir observer cette r duction puis qu elle n a m me pas commenc au niveau de l acc s en terminale dont on peut par ailleurs douter qu elle soit destin e rester un niveau d excellen 97 La reproduction existe je l ai rencontr e ce ce qui donne aux th ories de la reproduction une chance de pouvoir soutenir encore fort longtemps l preuve des faits Notons qu il faudrait aussi des outils statistiques adapt s une telle probl matique volutive 37 car ceux dont nous disposons participent de cette vision fixiste et s av rent d j presque obsol tes arr ter les tudes de cohortes avant l entr e l universit ne correspo
2. voisins pour les premiers 13 244 l ves 1l est s r qu ils sortent sans 25 Toutes les obtentions du baccalaur at sont totalis es quels que soient l ge et l ann e d obtention 79 La reproduction existe je l ai rencontr e qualification et sans dipl me Quant aux autres 13 921 l ves tout ce que je sais d eux c est qu ils vont dans l enseignement technique certains d en tre eux vraisemblablement ne r ussiront pas y obtenir un dipl me ni m me une qualification distinction qu il convient par ailleurs de ne pas oublier 26 le taux de r ussite au CAP tant si l on prend par exemple la session de 1988 de 62 27 DEP 1990 Ainsi 60 de la population entr e en 6 n acc de pas en seconde d enseignement long pour la g n ration des l ves suivie jusqu en 1985 27 3 seulement entrent en terminale et 72 7 n y acc deront jamais L obtention du baccalaur at quant elle ne concerne que 22 7 de la cohorte Si l on prend en consid ration le fait que la scolarit longue incluant l acc s au niveau du baccalaur at est volontiers pr sent e notam 26 La distinction entre dipl me et qualification doit tre maintenue pour ne pas oublier la faiblesse des taux de certification qui se dissimule parfois pudiquement derri re la notion globalisante de niveau Ainsi lorsqu un ouvrage r cent manant de la DEP L tat de l cole 1992 p 24 crit sous le titre 88 des jeu
3. d en sortir Quelques unes de ces nouvelles hypoth ses ont pu tre v rifi es par la suite sur un chantillon massif de 37 437 l ves dont nous avons tudi les trajectoires entre le public et le priv C est notamment le cas des strat gies familiales d vitement et de l effet tablissement ou en l occurrence l effet secteur Pour autant toutes les questions sont elles r solues Bien videmment non C est pourquoi mes perspectives de recherche que Jj ex poserai en d tail dans le prochain chapitre comprennent la poursuite de ce questionnement par des m thodes plus qualitatives questionnaires et entretiens Mais faut il dire m thodes qualitatives lorsque l on envisage de rassembler quelque 8 000 questionnaires et 500 entretiens N y a t il pas une forme de quantitatif dans ces grands nombres Et si le chercheur dispose de moyens notamment financiers pourquoi se limiterait il l tude de cas en tout petit nombre On voit que l opposition des m thodes tout comme celle de l acteur et du syst me trouve tr s vite sa limite Ainsi mon propre cheminement que je viens rapidement de retracer s inscrit en faux contre une telle opposition et plaide pour la compl mentarit Ceci dit compl mentarit ne signifie pas quivalence un chercheur qui sa vie durant n aurait effectu que des recherches quantitatives il manquerait s rement quelque chose Mais celui qui n aurait fait que du quali
4. l ves de deux co les l une favorable aux filles et compos e majoritairement d enseignants de sexe masculin l autre d favorable aux trangers et compos e presque exclusivement d enseignantes Enfin j esp re beaucoup pouvoir tracer partir des variables conte nues dans ces fichiers des profils types d enseignants g n rateurs de r ussite scolaire chez les enfants des classes populaires et r ducteurs des carts sociaux de r ussite La collecte des donn es sur l efficacit des enseignants aura lieu en 1993 et les r sultats seront analys s au cours de l ann e 1994 144 Alain L ger Projet de formation doctorale A l issue de ce tour d horizon portant sur mes recherches pass es et mes projets actuels il est sans doute inutile de justifier longuement mon projet de formation doctorale puisqu il d coule bien videmment de ce que je sais faire et de ce que j aime faire en mati re de recherche Je serai notamment conduit valoriser et d velopper chez les chercheurs en formation toutes les qualit s de rigueur m thodologique et d honn tet intellectuelle qui sont n cessaires l administration de la preuve J ai assez insist sur le danger que repr sentaient mes yeux les d rives subjectivistes qualitativistes ou intuitionnistes pour n avoir gu re besoin d y revenir ici Et pour ce qui est des outils m thodologiques j agi rai pour que soit encore renforc e une solide et compl
5. ment visibles et m diatis s il en est pourtant beaucoup d autres plus cach s et souterrains qui am nent bien des d cisions politiques rester lettre morte ou simple p tition de principe C est ainsi que la cr ation du coll ge unique et l abolition officielle des fili res en 1975 ont t sans cesse contourn es depuis cette poque par les strat gies des familles et notamment celles de milieu ais gr ce l appui de constantes complicit s l int rieur de l institution Du c t des enseignants on pourrait galement citer de nombreux exemples de strat gies autonomes contournant ou contrariant les politiques publiques Donnons en une seule illustration le d calage important qui s pare les instructions officielles et les pratiques p dagogiques mises en uvre dans le contexte de la classe comme en t moignent plusieurs tudes ISAMBERT JAMATI 1990 Enfin que restera t 1l de la fonction reproductrice de l cole si l on parvient vers l an 2000 amener 80 d une g n ration au niveau du baccalaur at puisque tel est l objectif inscrit dans la loi d orientation de 1989 et repris par cinq ministres de l ducation diff rents qui se sont succ d depuis SAVARY conque identit ou similarit entre ces deux v nements et entre les deux politiques men es Ni les revendications des manifestants n1 les projets gouvernementaux n1 l at titude des pouvoirs publics devant l v nement de nombreux ble
6. 137 138 146 151 157 158 utilitarisme 48 structure 13 17 22 27 30 35 utilitariste 49 53 113 152 45 47 49 54 58 85 102 valeurs 24 27 28 38 42 103 104 105 106 108 111 104 107 113 154 th orie des jeux 46 violence symbolique 25 30 transfert 6 12 75 108 136 156 ZEP 8 12 37 117 144 transversal 61 62 67 72 73 74 76 Achev d imprimer le Mardi 4 juillet 2000 17 35 sur configuration Macintosh Powerbook 170 avec imprimante Laserwriter IIG Logiciel de traitement de texte Word 5 0 Nombre de signes du document 280 433 SC Ce me 167
7. 141 155 156 159 p dagogiques 38 41 44 60 151 priv 5 6 7 8 9 12 13 58 59 61 74 75 101 108 109 119 131 135 136 137 145 156 157 158 professeur 5 6 8 12 38 39 43 44 105 106 117 123 139 143 152 157 professions interm diaires 84 85 101 professions lib rales 44 public 6 7 9 12 13 42 58 59 61 75 101 108 109 119 131 135 136 137 145 156 157 158 159 questionnaire 13 117 119 131 134 136 137 139 rapports de production 26 27 recherche action 14 166 redoublement 55 73 79 108 134 135 142 relativisme 28 29 relativiste 28 141 rel gation 28 54 55 rendement 100 rentabilit 46 54 r pression 25 reproduction 16 17 24 26 29 30 32 34 35 39 45 55 56 57 66 77 84 89 92 95 97 102 103 104 107 108 109 110 152 r seaux 56 de scolarisation 27 54 56 61 85 86 retard 55 78 79 81 82 83 84 100 117 136 142 r ussite 5 6 12 13 27 42 77 78 80 98 99 100 101 108 132 134 135 137 139 142 143 144 151 152 154 157 158 159 s gr gation 105 s lection 25 26 42 55 95 98 100 SES 75 sexe 133 139 144 socialisation 24 104 156 soci t capitaliste 26 52 st r otype 37 41 141 strat gie 6 9 12 13 40 46 47 48 50 60 103 104 106 Note de synth se pr sent e pour l habilitation diriger des recherches 108 109 119 122 136 typologie 14 43 117 135
8. 29 114 coercition 25 30 cohorte 62 70 75 80 81 90 92 98 117 127 134 135 comp tence 44 138 145 conflictualiste 18 27 28 34 36 101 102 141 conflictuel 9 13 31 47 86 121 conflit 15 27 29 37 42 48 114 121 consensuel 31 47 86 consommateurs d cole 46 151 contenus 28 39 45 156 contradiction 17 18 31 38 41 49 110 114 138 critique 18 22 27 28 31 34 43 44 51 52 53 55 56 66 142 156 CSP 65 82 83 84 87 88 90 96 127 133 culturaliste 27 culture 24 25 27 28 56 112 122 123 152 155 156 Index conceptuel scolaire 27 d classement 39 d mocratisation 9 16 21 37 44 54 65 66 86 89 92 95 97 98 108 154 156 dialectique 9 31 32 85 109 114 dipl me 21 54 64 79 139 159 division 27 38 54 56 du travail 56 97 sociale 17 26 28 31 35 36 42 47 57 96 dominants 16 19 53 86 106 109 114 122 domination 17 18 25 28 104 106 107 109 domin s 19 52 86 104 107 109 114 carts sociaux de r ussite 44 89 91 94 97 144 chec 5 6 7 8 12 13 27 28 45 59 98 99 100 102 115 118 135 154 155 158 159 160 cole capitaliste 26 151 conomisme 48 effet 13 17 44 58 76 99 105 106 132 133 135 139 140 141 142 148 151 152 de seuil 94 du ma tre 139 141 tablissement 12 45 99 100 117 119 pervers 49 secteur 12 45 101 119 137 164 efficacit 6 7 9 13 44 45 46
9. 47 100 101 108 131 137 138 142 144 155 156 158 galit des chances 26 41 51 151 153 limination 55 78 79 81 83 84 85 95 employ 44 82 84 87 101 160 enseignant 5 6 8 9 12 13 22 26 27 28 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 46 58 60 80 83 104 106 107 110 117 120 121 131 137 138 139 140 141 142 143 144 145 157 160 ethnologie 36 ethnom thodologique 122 tranger 12 39 76 100 118 132 133 138 143 144 valuation 8 9 42 45 62 131 135 142 145 157 158 159 vitement 12 41 104 117 119 excellence 25 97 159 exclusion 18 28 85 exploitation 43 famille 6 9 12 45 46 58 59 60 87 103 104 107 117 134 135 136 137 138 158 fatalisme 18 20 31 45 95 115 118 148 fataliste 17 18 19 51 96 98 99 102 115 118 Note de synth se pr sent e pour l habilitation diriger des recherches fonction 19 24 25 31 35 38 40 41 53 55 60 98 fonctionnalisme 55 fonctionnaliste 34 35 fonctionnement 18 33 34 35 42 54 59 84 93 112 151 154 156 159 fonctions sociales 36 37 38 59 120 grade 65 138 143 habitus 15 16 24 25 103 106 handicap socioculturel 28 31 101 102 115 h ritiers 25 86 152 holistique 30 homo conomicus 46 49 id ologie 27 38 42 52 103 121 151 159 inculcation 25 104 individualisme 52 m thodologique 124 individualiste 47 50 53 in galit s 1
10. Alain Les novateurs en p dagogie Paris juillet 1984 dactylographi 186 p L GER Alain Le Suicide de DURKHEIM mode d emploi Note de lecture sur l ouvrage de C BAUDELOT et R ESTABLET Durkheim et le suicide PUF 1984 Soci t Fran aise 14 janvier mars 1985 L GER Alain Quels enseignants pour les classes populaires Communication au colloque Classes populaires et p dagogies Rouen Universit de Haute Normandie 14 16 mars 1985 L GER Alain Innover d mocratiser Note de lecture sur l ouvrage de G LANGOU T Suffit il d innover PUF 1985 Soci t Fran aise 15 avril juin 1985 52 53 L GER Alain Note de lecture sur le rapport du COLL GE DE FRANCE Propositions sur l enseignement de l avenir 1985 Revue Fran aise de P dagogie 74 janvier mars 1986 L GER Alain L cole priv e est elle la plus d mocratique Un essai d valuation sociologique des deux syst mes d enseignement Premi res analyses en vue du colloque franco br silien Document de travail diffusion restreinte non publi 13 juillet 1987 19 p Alain L ger LANGOU T Gabriel amp L GER Alain Enseignement public et ensei gnement priv quelle efficacit Communication au colloque Les coll ges en changement depuis dix ans Analyses sociolo giques Paris INRP mars 1988 LANGOU T Gabriel amp L GER Alain Les sciences de l ducation regard histori
11. changer l cole il devient clair que l analyse sociologique a vacu toute la dimension des luttes scolaires qui n ont ni un caract re consum riste ni un caract re individualiste Car les gr ves occupations d coles luttes pour l ouverture de classes ne rentrent pas dans le sch ma r ducteur du calcul co t efficacit Ne fait on pas alors l apologie de l int r t individuel pour mieux occulter les int r ts collectifs les int r ts de classe Et ne serait ce pas en r alit le social qui a disparu de l analyse D autant que ces luttes sont un simple exemple qui manifestement ne cadre pas avec l approche individualiste consensuelle et conservatrice Mais je consid re en outre qu elles sont la partie visible de l iceberg ou si l on pr f re la manifestation la plus vidente et d ailleurs la plus m diatis e des rapports conflictuels si elles peuvent constituer un objet d tude int ressant en soi j ai pr f r pour ma part me consacrer la partie cach e 47 A la recherche des paradigmes perdus c est dire aux manifestations souterraines du conflit Or ni l un ni l autre de ces deux aspects du monde social ne peuvent trouver leur place dans les interpr tations de type consum riste Il me semble donc que la sociologie perdrait beaucoup si elle devait se r duire un conomisme sommaire et d suet m me si de telles analyses de par leur simplicit se pr tent facilement aux mod lisation
12. des processus par lesquelles l cole produit l chec ou la r ussite et mes analyses sur le caract re non fatal de cet chec En fin de compte il me semble avoir pris comme unique objet de recherche la relation conflictuelle qui oppose les diff rentes classes sociales l cole et autour de l cole les enseignants tant eux m mes des protagonistes situ s socialement dans ces luttes et non des arbitres impartiaux et neutres comme ils se l imaginent parfois Et chacun de mes travaux peut alors appara tre comme une facette de cet ensemble ou une tude de cas illustrant un aspect de ce th me unificateur En revanche pour ce qui est des m thodes d investigation mes recher ches se caract risent par la plus compl te diversit Non seulement par go t ludique de toucher tout mais surtout parce que le plus souvent un aller et retour entre diff rents instruments entre diff rents niveaux d ana lyse devient un imp ratif s cr t par la recherche elle m me Il en va ainsi des rebondissements du niveau macrosociologique au niveau local et vice versa ou des compl mentarit s entre approche quantitative et interpr ta tion plus qualitative Le chapitre III ne se contentera donc pas d num rer mais tentera surtout de justifier les m thodes et les instruments utilis s 13 Introduction questionnaires standardis s ferm s ou plus ouverts entretiens semi direc tifs utilisation de donn es existantes
13. dire de ne pas perdre en chemin les acquis et les progr s th oriques qu elles ont apport C est pourquoi tout nouveau progr s th orique ne peut provenir selon moi que d un renforcement de l interpr tation conflictualiste trop souvent sous estim e S il n est de science que du cach la science de la soci t est par soi critique constataient d j BOURDIEU et PASSERON 1970 Mais c est encore trop peu de dire qu elle est simplement critique car la critique peut conduire un fatalisme d sabus et r sign et par l m me conforter l ordre des choses qu elle critique Il ne suffit donc pas de s en tenir la r v lation partielle de ce qui est cach en se contentant de mettre en lumi re les in galit s les exclusions et les oppressions d un simple point de vue humanitaire ou mis rabiliste Il s agit aussi de d terrer ce que TOURAINE 1978 appelle la moiti enterr e cach e des rapports sociaux en faisant appel d abord ce qui est domin et soumis l ordre ce qui proteste et qui est exclu C est dans la d couverte des sources de la contradiction potentiellement explosive sur laquelle se fonde un ordre de domination que la sociologie peut pr tendre saisir la totalit du cach en m me temps qu elle peut donner des clefs pour saisir l historicit Chemin faisant j ai cru pouvoir d gager un double mouvement dans l volution des probl matiques sociologiques progr s dans
14. fois la libert humaine et les bouleversements historiques est la saisie dialectique des contradictions Il est vrai que cette analyse est sans cesse perfectionner qu elle est guett e constamment par de multiples risques scl rosants inh rents parfois aux instruments d objectivation eux m mes Par exemple la d finition des classes sociales n cessaire pour quantifier le social d gager des r gularit s dans le d sordre apparent et objectiver le sens des luttes peut s opposer la compr hension du mouvement perma nent qui fait que les classes sociales ne sont jamais exactement les m mes qu elles se d truisent et se recomposent non seulement d une g n ration l autre mais en permanence sous l effet de leur lutte m me Il y a donc contradiction non seulement au sens de conflits entre des classes qui se raient pures et dures mais aussi au sens de tiraillements de d chirements l int rieur de chacune d elle les domin s sont la fois soumis et r volt s les dominants sont la fois conservateurs et r volutionnaires les uns et les autres sont contraints par la n cessit de leur lutte bouleverser en perma 114 Alain L ger nence le monde social et eux m mes preuve de leur indubitable libert Que l on aille chercher la pr sence de ces contradictions et leurs effets au sein des groupes sociaux voire des individus est donc un affinement de l analyse Mais pourquoi saborder ce progr s dans un
15. j irai m me jusqu affirmer que la rationalit dont est capable l acteur lui permet au besoin d adopter des strat gies de dissimulation de d n gation 122 Alain L ger et d autojustification ce serait dans ce cas le prendre v ritablement pour un idiot culturel que de l en croire incapable Certes il ne s agit pas de tomber dans une sociologie du soup on qui tablerait syst matiquement sur la mauvaise foi des personnes interro g es ni dans la d nonciation jubilatoire des int r ts bassement mat riels se cachant derri re les id aux affich s ce qui serait une fa on particuli re ment moralisatrice et id aliste de laisser croire l existence d id es pures n1 encore dans une position cynique de scepticisme g n ralis Il s agit simplement de constater que les acteurs ne font pas toujours ce qu ils disent et ne disent pas toujours ce qu ils font soit parce qu ils m connaissent les d terminants sociaux de leurs actions soit parce qu ils les consid rent comme inavouables Et ce d calage dont la mise jour n a rien voir avec un quelconque proc s d intention a pu tre prouv en maintes occasions notamment par l ouvrage que j ai consacr aux professeurs L GER 1983 Le processus d objectivation reste cependant toujours inachev et toujours perfectible en tant que s rie de compromis successifs entre des exigences contradictoires Sans doute le chercheur franchit 1l un pas
16. me 36115 25982 10133 27 1 90975 984 4 me 25982 58 6 24215 1767 47 1537 870 3 me 24215 15220 8995 240 6953 773 20de 45220 683 1843 2107 Se 1592 56 _1 e 13113 10212 2901 77 2457 847 3 TOTAL des limin s 27225 72 7 23 786 87 4 Acc s en Terminale Effectif Acc s en terminale Effectif l ves sans retard en R ussite au de 6 me effectif et taux sans pourcentage de la baccalaur at 25 retard 4 terminale g me effectif et taux EEE EEE L L T L T L T L T L 217 s agit ici de l ge des l ves leur premi re entr e dans la classe les redouble ments du niveau consid r ne sont donc pas pris en compte Les l ves en avance tout comme ceux l ge normal sont inclus dans la cat gorie l ves sans retard 22 Tous les passages sont totalis s avec ou sans redoublement 23 L limination du cycle long rassemble ici deux types de destin es limination sans dipl mes vers la vie active 13 244 l ves et orientation vers l enseignement technique 13 921 l ves qui peut permettre mais pas toujours l acquisition d une qualification 24 1 s agit ici de l ge des l ves leur derni re terminale cette cat gorie inclut donc les redoublements ventuels de la terminale 78 Alain L ger La premi re r flexion que peut susciter ce tableau concerne les normes scolaires relatives l ge des l ves On pe
17. ralis chez les 1 709 professeurs de 6 me interrog s en 1989 90 A la question Quel pourcentage d l ves de votre classe vous semble susceptible de poursuivre ult rieurement ses tudes en 4 me et en 3 me d enseignement g n ral ils r pondent Ainsi 71 3 des enseignants ne croient pas la survie d au moins 80 de leurs l ves dans le cycle long g n ral et 29 estiment qu ils n en sauveront m me pas la moiti La r ussite scolaire des enfants d ouvriers surtout lorsqu ils sont trangers est meilleure avec des hommes qu avec des femmes D apr s 143 Perspectives de recherche moi cette variable qu est le sexe de l enseignant ne joue pas n cessairement un r le en tant que telle mais parce qu elle r v le une diff rence quant l origine sociale et la profession du conjoint de l enseignant variables malheureusement non disponibles dans l enqu te et traduit une distance sociale aux classes populaires plus grande dans le cas des femmes enseignantes La r ussite scolaire des filles est meilleure lorsqu elles ont un enseignant de sexe masculin sinon dans tous les cas du moins dans les milieux populaires et pour les l ves de niveau scolaire faible Ces deux derni res hypoth ses viennent en droite ligne des constats que j avais pu faire dans la ZEP de Gennevilliers sur un chantillon dont la taille ne per mettait cependant aucune g n ralisation l effectif des
18. sur les m rites individuels l cole dite unique divise tr s t t d s l enseignement primaire 1975 les l ves selon leur appartenance sociale et met en place 26 Alain L ger deux r seaux de scolarisation recrutement social oppos destin s repro duire la structure sociale et les rapports de production pr existants C est donc l cole qui cr e la division au moins tout autant qu elle se borne l enregistrer On peut avoir du mal plus de vingt ans apr s imaginer l apport capital et la nouveaut de ces analyses Beaucoup d entre elles sont tom b es dans le domaine commun Pourtant m me s il y eut des pr curseurs d ailleurs peu connus il faut insister sur la rupture que constituaient ces travaux rupture avec les repr sentations largement r pandues l poque en milieu enseignant chez les usagers de l cole de m me que chez les sociologues anglo saxons Et cette rupture intervenait sur plusieurs plans simultan ment Par rapport l id ologie expliquant les diff rences de r ussite par les dons ou les aptitudes individuelles par rapport aux explications psychologisantes voire m dicalisantes de l chec scolaire c tait l apparition nouvelle des d terminants sociaux sur le devant de la sc ne Cette d couverte tait d ailleurs d j largement pr sente notons le au passage dans grande enqu te de l INED men e sous la direction de GIRARD 1970 au d but des ann es 60
19. une d monstration qui est faite galement par de nombreux autres travaux sociologiques il ne faut pas confondre d mocratisation et d mo graphisation c est dire que la croissance des effectifs un niveau ne signifie pas r duction des in galit s de r ussite Tout se passe comme si la structure scolaire in galitaire incorporait les processus d galisation dans une forme transform e d in galit s C est ce que montre galement PASSERON 1982 lorsqu il tudie le processus d inflation des dipl mes et montre que les classes populaires et moyen nes ont vu leurs efforts de scolarisation pay s en monnaie d valu e par la mise en place de scolarit s au rabais De la m me fa on ESTABLET 1987 pose la question de la rentabilit de l cole Il compare les grandes enqu tes longitudinales de l INED et celles du Minist re de l ducation nationale et conclut une stabilit de fonctionnement de l appareil ducatif sur une p riode de onze ans Pour l essentiel la division de l cole en deux r seaux 54 Alain L ger de scolarisation reste bien confirm e l enseignement primaire profile et le secondaire d graisse Dans ce m canisme de s lection des lites qui a globalement peu chang le retard scolaire devient un facteur d limination ou de rel gation encore plus fort qu auparavant et surtout le retard pris l cole primaire On sait d ailleurs par d autres tudes que le redoublem
20. Autre rupture encore par rapport aux analyses culturalistes de la sociologie anglo saxonne que celle qui consistait introduire une vis e critique ou conflictualiste dans l explication des in galit s sociales l cole Au lieu de penser la culture scolaire comme un mod le universel et une valeur supr me et par cons quent au lieu de classer sur une chelle des valeurs les diff rents rapports sociaux cette culture il s agissait de d crire l cole comme un lieu de conflits On cessait d expliquer l chec des classes 27 A la recherche des paradigmes perdus populaires par des manques suppos s par des d ficits par un hypoth tique handicap socioculturel pour analyser les rapports de division sociale l cole d exclusion de rel gation ce qui incitait des recherches nouvelles sur le r le actif que joue l cole dans cet chec Le courant conflictualiste tait donc amen analyser les mod les id ologiques les valeurs et les normes en vigueur l cole et constater qu ils renvoient des rapports de domination de classe dans lesquels le syst me scolaire est impliqu L co le ne saurait donc tre neutre quoi qu en pensent de nombreux enseignants Et en prenant parti pour certaines fa ons d tre et de para tre pour certains contenus enseign s pour certaines m thodes d exposition pour certaines fa ons de penser de voir et de dire qui n ont rien d universel elle choisit en r a
21. Je remarquerai en outre que mon analyse si elle est confirm e par les r sultats d autres recherches reste cependant purement circonscrite au 36 Cette analyse est fond e sur un mode de calcul plus complexe que la simple lecture des pourcentages que j utilise ici puisqu elle rapporte les carts sociaux au poids res pectif de chaque groupe et au niveau moyen de s lectivit d un syst me scolaire donn Cette m thode offre notamment l avantage de permettre la comparaison de situations et de syst mes tr s divers Mais dans le cas pr sent 1l est peut tre superflu d utiliser un mod le sophistiqu les conclusions qui en sont tir es sont identiques celles que l on pouvait obtenir par lecture simple des pourcentages Qu il me soit permis de remercier les auteurs pour m avoir communiqu ce texte dont la parution n aura lieu qu en 1993 93 La reproduction existe je l ai rencontr e fonctionnement interne du syst me scolaire Or elle serait sans doute enco re mieux confort e par une analyse externe mettant en relation la formation et les flux de sortie sur le march du travail Comme le montre par exemple Lucie TANGUY 1991a il y a coexistence de deux mouvements contrai res une l vation du taux d acc s au niveau du baccalaur at o je cons tate pour ma part un accroissement des carts sociaux ce qui n est pas l ob jet du travail de Lucie TANGUY et une proportion de sorties sans qualifi cation qui n a pas
22. a t il une sorte de pi ge dans les substantifs que nous employons commun ment au singulier l acteur l individu alors qu il faudrait les utiliser toujours au pluriel Ce sont en r alit des termes g n riques caract re universel des abstractions recouvrant une collection d tres singuliers mais qui peuvent engendrer l illusion que l on s occupe de personnes individualis es l arbre cache alors la for t Et de fait aucune sociologie ne s occupe r ellement de l individu et sans doute aucune science s il est vrai qu il n y a de science que du g n ral y compris celles qui s en r clament le plus leur individu est en v rit le groupe des indivi dus donc une abstraction mythique et collective de l individu Ainsi dans un premier temps les capacit s d abstraction du langage permettent d iso ler voire d opposer l individu et la soci t par une op ration purement mentale impossible r aliser ou observer en pratique Mais la faveur de ce glissement s mantique qui nous donne l illusion de passer des universaux aux particuliers s op re un second glissement qui me para t beaucoup plus redoutable la tentative de d gager des lois du fonctionnement social qui ne doivent rien la soci t mais tout cet indi vidu abstrait que l on a cr ex nihilo D tach artificiellement de la soci t qui l a cr l individu pour ne pas rester inexplicablement orphelin doit alors imp rativement tre rattac
23. ait remplac de nos jours la bougie et la lampe p trole sauf peut tre dans le cas des personnes sans domicile fixe et des nombreux foyers qui se voient couper ou ration ner le courant lectrique faute de pouvoir en payer les factures et qui ris quent donc d tre de ce fait encore plus marginalis es Mais la reconnais sance de ce progr s indiscutable ne nous dit rien sur ses usages sociaux ni d ailleurs sur les reculs cologiques qu il peut dissimuler Car elle ne r pond pas la question fondamentale qui reste alors en suspens y a t il au tant plus ou moins d in galit s sociales depuis l av nement de l lectricit Sans tre n cessairement r trograde on est en droit de poser syst matique ment cette question tout changement qui se pr sente comme un progr s lorsqu on constate que la modernisation de la production s accompagne d une pr carit croissante Pour revenir au domaine scolaire on est alors conduit questionner la massification avec les m mes termes par lesquels LANGOU T 1985 interroge d autres innovations suffit il d innover Or de ce point de vue le tableau V nous fait constater un progr s de la scolarisation mais nous permet galement de traiter la question de l volution des in galit s sociales de r ussite les carts sociaux de r ussite entre enfants d ouvriers et enfants de cadres sup rieurs se sont accrus puis 34 Ce jugement de valeur se fonde sur un pr s
24. capi tal d s qu il abandonne une attitude fusionnelle avec le groupe tudi pour la simple raison qu une telle attitude serait fond e sur l illusion na ve d une visibilit imm diate du social et sur la m connaissance de sa propre impli cation Mais peine se croit il l abri sur la plan te Sirius des observa teurs impartiaux et enfin situ au dessus de la m l e qu il se voit par l m me forc d y replonger son corps d fendant D nonc comme tant de parti pris parce qu il n a pas pris parti en faveur de tel groupe social accus d tre hostile quand il n a pas voulu tre complaisant ou parfois l inverse encens pour son utilit dans tel combat politicien alors qu il aspire 123 Unit d approche et diversit des m thodes uniquement tre reconnu pour la valeur scientifique de ses r sultats le chercheur se sent alors incompris et en con oit un fort ressentiment D au tant qu aucune solution ne peut vraiment le satisfaire doit il se plonger dans la m l e et rendre coup pour coup au risque de perdre le peu de distance objectivante qui avait t acquise Doit 1il se r fugier dans un souverain m pris par rapport aux enjeux sociaux de sa propre recherche et n accepter de rendre des comptes qu ses pairs Ce serait alors tomber dans un litisme de caste dont la neutralit sociale n aurait rien d vident Malgr ses limites l objectivisme m thodologique me para t cepen dant
25. compl mentarit Par exemple CROZIER et FRIEDBERG 1977 affirment que l acteur n existe pas en dehors du syst me qui d finit la libert qui est la sienne et la rationalit qu il peut utiliser dans son action Mais le syst me n existe que par l acteur qui seul peut le porter et lui donner vie et qui seul peut le changer Dans un m me ordre d id es Alain TOURAINE 1978 insiste sur son rejet des approches unilat rales quelle qu en soit la nature D un c t le syst me se dissout dans les relations entre les acteurs de l autre l acteur dispara t cras par les lois du syst me et de sa structure D un c t tout est chan gement de l autre tout est ordre Positions galement inacceptables M me Raymond BOUDON 1979 qui par ailleurs d fend la th se atomis tique fort contestable selon laquelle ce sont les actions individuelles qui par agr gation constituent les ph nom nes collectifs se sent oblig de reconna tre que les individus ne sont pas suspendus dans une sorte de vide social ce sont des individus situ s socialement Mais pourquoi faut il donc que ces positions th oriques relativement nuanc es servent parfois de paravent des pratiques et des analyses sociologiques beaucoup plus 111 La reproduction existe je l ai rencontr e unilat rales qui semblent surtout press es de ranger les d terminants structurels au rayon des vieilleries id ologiques Peut tre y
26. correspond certes pas la r alit constatable actuellement mais qui peut tr s bien se v rifier un jour en France puisque d autres pays sont d j parvenus et depuis longtemps des taux d acc s proches de celui qui fonde l hypoth se Il faut alors remarquer que l acc s de tous un niveau donn auquel seule une minorit acc dait un si cle auparavant ne pourrait tre consid r comme une d mocratisation que si les besoins en formation sont d cr t s immuables Si au contraire ils voluent il y a alors simple translation de la s lection et en quelque sorte limination diff r e Mais opter pour la premi re solution c est choisir une repr sentation fixiste et fig e dont le moins qu on puisse dire c est qu elle est peu sensible aux volutions et l histoire on peut certes adopter ce postulat mais du m me coup on s interdit de reprocher aux th ories de la reproduction leur manque suppos d historicit sauf tre en parfaite contradiction avec soi m me Le premier choix nous conduirait donc assister au combat de deux sortes de fatalisme la vision m canique du progr s lin aire de la soci t contre le fatalisme du rien de nouveau sous le soleil Options qui seraient en d saccord sur tout sauf sur l essentiel de ce qui constitue leur erreur capitale toutes deux une conception m caniste et fig e C est pourquoi MERLLI 1985 a parfaitement raison d extrapoler en repla ant le p
27. d abord constater que ce cadre th orique offre l avantage de conserver l essentiel des postulats de DURKHEIM 1894 et 1922 La rupture que je viens d voquer est donc en r alit une sorte de retour aux sources Et notamment se voit r affirm le paradigme holistique affirmant que le tout le social n est pas la simple somme de ses composants les individus mais qu il est d une nature diff rente Cette sp cificit du social par rapport l individuel implique son tour deux cons quences le social ne s explique que par le social et tout au moins sur le long terme et en derni re instance l explication par les structures prime sur l explication par les acteurs Ainsi les comportements indivi duels sont le r sultat de coercitions et d impositions effectu es par les structures sociales elles m mes produites par l histoire mais ne changeant le plus souvent qu assez lentement de sorte que l on peut d gager des lois qui agissent sur les individus m me s ils n en sont pas toujours conscients Voil donc des mani res d agir de penser et de sentir qui pr sentent cette remarquable propri t qu elles existent en dehors des consciences individuelles Non seulement ces types de conduite ou de pens e sont ext rieurs l individu mais ils sont dou s d une puissance imp rative et coercitive en vertu de laquelle ils s imposent lui qu il le veuille ou non crivait DURKHEIM en 1894 En deux phrases i
28. de d crire l univers des familles tout public celui des familles tout priv et bien videmment les cas de figure interm diaires De m me nos travaux sur l efficacit compar e des deux syst mes seront compl t s par une tude des caract ristiques des diff rents usagers notamment pour ce qui est des attitudes et des pratiques exprimant la mobilisation familiale l gard de la r ussite scolaire Il est en effet vrai semblable que l on puisse trouver l int rieur d une m me cat gorie socio professionnelle des familles diff rant sensiblement par leur degr de mobilisation vis vis de l cole Il s agira donc de savoir quels facteurs rendent possible l efficacit diff rente des deux secteurs pour une m me cat gorie socioprofessionnelle l effet secteur ou la mobilisation fami liale ou encore comme j en fais l hypoth se les deux facteurs conjugu s Pour cette phase de la recherche les financements sont r unis les enqu teurs recrut s et le questionnaire est pr t pour tre recueilli avant le mois d avril 1993 Ult rieurement si des financements peuvent tre obte nus l tude locale des relations entre l offre et la demande de scolarisation compl tera utilement les r sultats actuels Il s agira la fois de mieux conna tre le personnel des deux syst mes enseignants notamment et d tudier les tablissements et leurs structures afin d en d gager une 137 Perspectiv
29. du si cle la proportion des professeurs d origine ouvri re n tait gu re plus lev e qu aujourd hui Et le fantasme du d classement se manifestait d j au si cle dernier Antoine PROST 1970 remarque que les enseignants toutes les poques n ont jamais cess de se plaindre de la d gradation de leur condition et en conclut qu il s agit l d un trait constitutif de leur mentalit collective Pour 4 Voir sur ce point l analyse que j ai effectu e partir d un inventaire de dix sept enqu tes ant rieures dans le chapitre II L tre social des enseignants notamment pp 55 68 du livre Enseignants du secondaire L GER 1983 39 A la recherche des paradigmes perdus ma part je pense que la fonction de ce mythe collectif a t et continue tre de r sister la concurrence interne la petite bourgeoisie entendue ici comme classe sociale ni exploiteuse ni exploit e mais tirant une frac tion variable de ses revenus d une r frocession de plus value cf BAUDELOT ESTABLET amp MALEMORT 1975 Aujourd hui en tout cas cette l vation de l origine sociale continue d tre sensible notamment chez les instituteurs comme en t moignent par exemple les enqu tes d Ida BERGER men es pr s de 20 ans d intervalle 1964 et 1979 les tudes de Fr d ric CHARLES 1983 sur des g n rations successives de normaliens parisiens celles de Jean Michel CHAPOULIE 1987 ou encore les comparai
30. e archa ques Tout invite au contraire devenir un nouveau sociologue depuis les discours la mode sur la modernit d j remplac e par la postmodernit 9 en atten dant une posture encore plus moderne jusqu aux sir nes de l ambition qui sugg rent de mettre bas les anciennes conceptions pour produire une th orie personnelle propre s duire une opinion en qu te de nouveaut s Et plus fondamentalement encore l attitude scientifique en elle m me incite au doute et la remise en cause permanente des syst mes de pens e les plus prouv s En outre peut tre plus que les autres disciplines les 9 Cf par exemple le num ro sp cial Postmodernit de la revue Soci t s n 35 1992 57 A la recherche des paradigmes perdus sciences de la soci t sont prises dans ce tourbillon autocritique puisque leur objet est lui m me mouvant les soci t s ne cessent de changer et presque vue d il Or le temps d volu une recherche scientifique est infiniment plus long que les temps sociaux qui scandent l actualit et donne toujours au sociologue le sentiment d arriver apr s la bataille ou de s tre tromp d une guerre Par exemple lorsque j ai commenc avec Gabri el LANGOU T notre recherche sur l enseignement public et priv en 1986 soit deux ans apr s les grandes manifestations rassemblant un million de personnes Paris et Versailles en faveur de l enseignement priv
31. en s lectionnant en fonction d une intention globale certains v nements significatifs et en tablissant entre eux des connexions propres leur 148 Alain L ger donner coh rence par souci de donner sens de rendre raison de d gager une logique la fois r trospective et prospective une consistance et une constance en tablissant des relations intelligibles comme celle de l effet la cause efficiente ou finale entre les tats successifs ainsi constitu s en tapes d un d veloppement n cessaire C est pourquoi j ai constamment tent de rattacher mon itin raire personnel l volution du mouvement des id es et des probl matiques contemporaines Cela m a permis de mieux d gager ce quoi je crois et d indiquer comment je pense apporter ma pierre cette construction collec tive En d finitive mieux conna tre les d terminants sociaux en m me temps que r cuser toutes les formes d un fatalisme sans cesse renaissant m appara t tre la voie la plus f conde des progr s de notre discipline Ayant montr comment de mon point de vue je m inscris dans ce mouve ment il est temps pr sent que j en laisse le lecteur seul juge Car pour avoir moi m me t tax de ce fatalisme que je pr tends refuser je sais fort bien que l on ne se voit pas n cessairement tel qu on est et qu on ne mesure pas toujours leur exacte valeur les effets sociaux de ses propres analyses Ce rattachement de
32. en en On voit donc se dessiner une volution sensible sur 20 ans mais qui peut sembler encore trop douce et trop peu parlante dans la repr sentation graphique que j ai construite Les auteurs du graphique publi par la DEP ont pr f r pour leur part proc der une contraction horizontale de l axe des abscisses en r duisant la longue dur e des 20 ans une chelle tr s courte et ont par ailleurs obtenu une expansion verticale en limitant l axe 67 1987 1988 1989 La reproduction existe je l ai rencontr e des ordonn es aux tranches comprises entre 20 et 50 Le graphique publi beaucoup plus impressionnant pour le lecteur non averti se pr sen te alors dans le document original peu pr s comme ceci Figure 2 Figure 2 Evolution du taux d acc s annuel au niveau du baccalaur at 50 0 45 0 40 0 35 0 30 0 25 0 20 0 e H m Te N e H m LN N e O OR OR NR IN OOOO e e e e e e e e e e e en am as s zal aml sl as en en en Utilisant cet exemple pour la formation m thodologique des tudiants je sais d exp rience que l effet produit par ces deux figures est diff rent Qui sait m me si les chercheurs pourtant plus habitu s la critique m tho dologique et la relativisation des mesures ne se laissent pas parfois influ encer leur corps d fendant Car si influence il y a la vraie question m thodologique n
33. est au contraire frappant de constater comme j ai pu le faire en comparant les donn es du panel 1973 74 et du panel 1980 L GER 1989 1990a LANGOU T amp L GER 1991 que m me sur une p riode relativement courte de six sept ans d impor tantes transformations peuvent tre constat es Rappelons les bri vement le taux de transfert a augment ainsi que la proportion des scolarit s sans redoublement le secteur priv s est ind niablement d mocratis dans son recrutement l efficacit des deux secteurs s est modifi e mais le priv a continu de r duire plus vite que le public les in galit s sociales de r ussite enfin les strat gies des diff rents groupes sociaux ont volu notamment dans le cas des enfants de cadres sup rieurs qui augmentent leur taux de fr quentation de l enseignement public contre courant par rapport au mouvement de sens inverse qui touche toutes les autres cat go ries De m me qu une massification n engendre pas m caniquement une d mocratisation et peut m me cacher un mouvement inverse tous ces changements constat s ne signifient pas automatiquement l affaiblissement du syst me de reproduction sociale par l cole Bien au contraire on peut constater une s rie d adaptations du syst me ayant pour effet d endiguer les flux d admission en terminale ce n est donc pas m caniquement ni par simple inertie que se perp tue la division structurelle mais par une trans fo
34. est loin d tre n gligeable comme je l indique en note 19 Ceci a pour effet d amplifier les scolarit s r ussies Pour tre tout fait honn te il faut galement signaler une erreur de sens contraire qui est toujours possi ble m me si elle est en pratique tr s r duite l impossibilit de suivre la scolarit de certains l ves qui avaient t inclus dans l chantillon initial par exemple la suite d un d part l tranger Mais en outre certaines erreurs de traitement informatique viennent parfois entacher la fiabilit des r sultats rien ne sert d avoir sa disposi tion la richesse d un chantillon longitudinal si l analyse se borne faire la somme des v nements r duits c est dire cumuler des coupes annuelles transversales sur cet chantillon comme cela est fait par la DEP Certes la programmation informatique est moins complexe r aliser dans ce cas mais on retombe dans les biais que j ai nonc s plus haut par exemple compter plusieurs fois les m mes l ves ou encore ne pas compter au d part les l ves inclus dans l chantillon comme redoublants de la 6 me 19 Outre les SES bien connues les sigles que j ai pu rep rer travers Rep res et r f rences statistiques DEP 1990 sont les suivants pour ce qui concerne le seul premier cycle GCA regroupant avec les SES 114 398 l ves en 1988 89 EREA 12 294 l ves SEGPA dont j ignore l effectif tablissements r
35. exp rience mais je consid rais la certification comme un simple rituel initiatique ou un rite de passage dont notre institution universitaire est particuli rement friande Consid r e sous cet aspect elle ne consistait alors qu en un exercice acad mique et artificiel un peu ennuyeux en raison m me du temps qu il fallait y consa crer et qui me semblait perdu pour des activit s plus cr atrices L unique raison de s y r soudre proc dait de la logique institutionnelle du d roule ment des carri res peut tre faudrait il dire de ma propre strat gie de carri re ce qui ne constituait finalement qu une motivation bien mince Je me trompais D abord sur le caract re ennuyeux que l exercice devait avoir mes propres yeux Ensuite je me faisais sans doute quelque illusion sur ma propre capacit ant rieure diriger le travail d autres cher cheurs En r alit j ai maintenant conscience que cet effort de r flexion sur son propre itin raire par l attitude de recul qu il impose et par les synth ses qu il permet d tablir est indispensable pour tre plus au clair avec soi 147 Conclusion m me Et comment aider les autres clarifier leurs propres d marches si l on n a pas au pr alable proc d soi m me un effort d lucidation et d autoconnaissance qui d ailleurs doit se poursuivre l avenir car il est dans sa nature m me d tre toujours inachev Pour qualifier cette sorte d acc
36. itin raire dans le vase clos d une logique interne qui serait fort subjective et sujette caution j ai donc pr f r me demander en quoi il s inscrivait dans une logique externe 14 Alain L ger celle de la production des connaissances celle de l volution des interpr ta tions sociologiques contemporaines Ce faisant il me fallait alors tenter de d gager ce que je consid re comme tant le noyau dur des progr s de notre discipline Exercice difficile dans la mesure o il s agit de s engager sur le terrain d couvert de la th orie pure et d abandonner le relatif confort des recherches empiriques o je m tais m jusqu ici leur c t clos et achev leurs certitudes sans doute limit es mais tay es par une m thodologie probante avaient quel que chose de rassurant Il aurait t me semble t il plus facile de m en tenir un expos classique de mes r sultats de recherche chacun d entre eux se rapportant une hypoth se la justification interne tait donc plus ais e tablir Mais cela aurait t aussi d un faible int r t puisque ces recherches ont t publi es et que leur contenu comme leurs justifications sont suppos s tre d j connus L une des difficult s vient du fait que les th ories renvoient plus ou moins directement aux luttes sociales et aux conflits entre classes et qu en choisir une c est en quelque sorte choisir son camp Il est donc tentant de trouver refug
37. l tat dans 48 Alain L ger toutes les sph res de l activit humaine apportent un d menti sans cesse renouvel une conception mettant l acteur individuel au centre des d ci sions conomiques M me le n olib ralisme le plus extr me s il s aventure parfois d noncer le trop d tat 7 ne pousse pas la libert de pens e jusqu s en prendre aux trusts financiers et industriels Dans une soci t qui s apparente de plus en plus une vaste soci t anonyme puisque ce sont ces derni res qui y font la loi que p se alors l individu Il est donc paradoxal que pr cis ment un moment o l on pourrait croire que le probl me du primat de la structure sur l acteur individuel est dans les faits r gl au d triment de ce dernier la conception inverse redevienne la mode chez certains sociologues On pourrait citer ce propos Alain CAILL 1981 et 1988 qui dans une vigoureuse d monstration au titre pol mique De l inutilit des sciences sociales utilitaristes 8 montre que l homo sociologicus de BOUDON ou l homo strategicus de CROZIER ne sont que les doublets de l homo conomicus classique peine rendu un peu plus complexe par la prise en compte de quelques contradictions et de tel ou tel effet pervers On pourrait m me ajouter avec BOURDIEU qu ils ne sont finalement que l universalisation de l homo capitalisticus l universalisation incons T En parfaite
38. la p riode r cente Remar quons d ailleurs au passage avec BAUDELOT et ESTABLET 1990 que la d finition du baccalaur at est sujette non seulement des volutions dans le temps mais de surcro t pour une m me p riode des fluctuations qui n ont rien d al atoire et d pendent du type de d monstration que la statisti que officielle souhaite faire ratissant tr s large lorsqu il s agit de chanter un hymne la d mocratisation la cat gorie baccalaur at se r tr cit comme une peau de chagrin lorsqu il s agit de confronter le niveau respectif des l ves de chaque pays dans les comparaisons internationales de prestige 14 Ainsi dans ce type de comparaison les l ves de niveau bac sont essentiel lement ceux des terminales C et D et encore en excluant les DOM TOM Enfin lorsqu cet ensemble d impr cisions s ajoutent les incertitudes de la classification par CSP 15 et de son volution dans le temps il semble plus prudent de ne tabler que sur des r sultats longitudinaux 14 BAUDELOT amp ESTABLET Le niveau monte Paris Seuil 1990 page 104 15 Dans les tudes statistiques manant du Minist re le classement des l ves par origine socioprofessionnelle est malheureusement sujet caution effectu par des non sp cialistes souvent les chefs d tablissement selon les principes fluctuants de la sociologie spontan e il est difficilement comparable aux donn es publi es par l INSEE 65 La r
39. la premi re d marche au risque de ne trouver aucune diff rence significative en apparence mais en sachant aussi que m me une petite variation sera potentiellement tr s significative par l effet multiplicateur qu elle pourrait avoir si par exemple on ne recrutait dans l avenir que des enseignants efficaces Je pense en effet que dans un tel type de recherche il faut abandonner une interpr tation troite des statistiques comparer par exemple la varian ce expliqu e par l origine sociale de l l ve et celle expliqu e par l effet du ma tre comme cela se fait parfois n a selon moi qu un faible int r t Et cela aurait encore moins de sens d en conclure que l effet du ma tre est faible Cela reviendrait en pratique comparer une caract ristique perma nente dont l effet reste constant quelle que soit la dur e tudi e avec une action sporadique et tr s limit e dans le temps et par ailleurs combattue ventuellement par des actions de sens contraire De surcro t dans une optique relativiste et conflictualiste on peut faire l hypoth se que le carac t re social des in galit s de r ussite est au moins pour une part d un effet des ma tres leurs st r otypes n gatifs vis vis des classes populaires et leurs pratiques litistes si bien qu il est peu pertinent d op poser deux variables qui ne sont pas ind pendantes l une de l autre Le v ritable probl me est donc d arriver mettre en
40. la structure des chances les carts constat s impliqueraient dans ce cas non pas une diff rence de nature mais une simple diff rence de degr sur un continuum qui nous fait passer en douceur des domin s aux dominants Mais il faut bien voir qu un tel postulat ni plus ni moins pertinent d un strict point de vue statistique et tout aussi peu d montr est moins efficace en termes d interpr tation sociologique Comment alors expliquer les carts les in galit s et surtout la permanence de ces in galit s dans la longue dur e voire leur accentuation aspect qu il me faudra d montrer ult rieurement Une interpr tation non conflictuelle de cette r alit ne peut conduire en pratique qu deux attitudes soit se d sint resser de la question des in galit s faute de lui trouver une explication convenable autrement dit consensuelle soit se r fugier dans un acte de foi en la d mocratisation toujours promise pour l avenir mais toujours d mentie dans le pr sent et se d robant d autant plus qu on cherche l treindre Enfin si l on regarde ce qui se passe apr s l obtention du baccalaur at on se rappellera que la th se des deux r seaux de scolarisation trouve l une de ses origines th oriques dans les travaux de BOURDIEU et PASSERON sur les tudiants travaux qui ont t ensuite prolong s l chelle de tout l ap pareil scolaire par BAUDELOT et ESTABLET Pour proc der comme je l ai fait jusqu ici i
41. laboration de typologies analyse de contenu de textes exploitation de fichiers ou d tats administratifs etc Et dans ce foisonnement je tenterai de trouver le fil directeur qui de recher che sauvage en recherche commandit e en passant par les tentations ph m res de la recherche action m a conduit m approprier ces diff rentes approches sans oublier une mention sp ciale pour l outil informatique sans lequel peut tre tort je n imaginerais m me plus de travailler pr sent Ma conclusion sera donc tr s claire un complet clectisme dans les m thodes mais une profonde unit dans les concepts et les th ories de r f rence Cette unit n interdisant pas bien au contraire une certaine souplesse par rapport aux rigidit s dogmatiques des syst mes s offrant sur le march de l interpr tation sociologique Bien s r un tel d coupage est la fois acad mique et artificiel et n a de raison d tre que pour clarifier l expos dans le v cu de la recherche concepts m thodes et th ories s interp n trent Mais ce v cu on le sait est lui m me par bien des aspects trompeur Il y a toujours quelque illusion biographique tenter de d gager la logique d un itin raire laquelle ne se fonde en fin de compte que sur le sentiment intuitif du self et de l identit personnelle ce qui constitue somme toute un argument bien mince surtout aux yeux d autrui Plut t que d enfermer cet
42. le chacun pour soi ne surprendra sans doute personne Mais au moment o par une ironie de l histoire ou une ruse de la raison h g lienne presque tout le monde avait fini par croire que MARX tait cette fois vraiment mort n est il pas tonnant de voir s taler quotidiennement ne serait ce qu en lisant la presse et sans m me aller chercher la mis re au fin fond des banlieues d sesp r es de voir sous nos yeux la confirmation de la validit des analyses marxistes fondamentales un moment reprises puis h las oubli es par la sociologie sur les rapports sociaux inh rents la soci t capitaliste et marchande Et si les courants critiques nourrissaient parfois quelque illusion sur la capacit imm diate de mobilisation et de transformation de l ordre social chez les domin s ce qui ne pr juge d ailleurs en rien de leur capacit ou incapacit future cela peut appara tre sans doute comme une erreur d analyse pour un lecteur du d but des ann es 90 Mais c est me semble t il une erreur b nigne sauf penser que la sociologie est une futurologie qui vaut plus par ses pr visions ou ses proph ties que par l objectivation des rapports sociaux existants Personne ne peut sans doute pr dire et le sociologue pas plus que quiconque si les explosions majeures sont pour demain ou pour apr s demain Mais si l on veut bien se donner la peine de dresser le bilan de la victoire apparente du capitalisme trio
43. limination nous avons certes l image de ce qui se passe au niveau d une g n ration de Fran ais l image de l l ve moyen Mais bien s r l l ve moyen pas plus que le Fran ais moyen n existe nulle part hormis dans les statistiques Observons donc la situation du retard selon la CSP Le tableau H pr sente un bilan du retard la sortie du cycle d enseignement g n ral pour l ensemble de la g n ration tudi e et quel que soit le palier de sortie Tableau I Retard selon la CSP d origine des l ves bilan final la sortie du cycle g n ral Panel 1972 73 74 suivi sur 11 ans Ed S 2 lt 2 _ _ _ __ a G Agriculteurs Chefs Cadres Professions Employ s Ouvriers Divers Total d entre interm diai prise res Age 281 284 503 316 237 173 140 253 normal 957 Retard 71 9 716 497 684 763 827 86 0 747 11110 1629 27977 Total 3402 3715 3175 5866 5950 13436 1893 37437 91 99 85 157 35 9 5 1 1000 I A I 2 Il appara t ainsi qu une seule CSP est normale en ce sens qu elle a un peu plus d enfants l ge normal qu en retard ce sont les cadres sup rieurs Mais cette CSP ne repr sente que 8 5 de la population scolai
44. on peut lui faire est que son mode de calcul s int resse uniquement l volution relative de chaque groupe par rapport son niveau initial alors qu une saisie compl te de l volution doit envisager aussi le chemin relatif restant parcourir Car il est tout aussi pertinent de se demander par quel coefficient un groupe est parvenu diviser l cart qui le s parait du taux maximum de 100 Je me propose donc de prendre en compte la saisie du changement qui sous tend ce type d objection en calculant deux sortes d indices l indice refl tant la progression d un groupe par rapport son taux d acc s initial et l indice j calculant cette m me progression par rapport l esp rance maxi male de progression qui tait possible c est dire mesurant la r alisation des chances de progression ou si l on pr f re la r duction du taux de non acc s Comme il n y a aucune raison de privil gier l un des deux indices 126 Alain L ger par rapport l autre on peut entre autres choix possibles calculer l indice k qui sera la simple moyenne arithm tique des deux pr c dents Ce nouvel indice permettra peut tre de comparer de fa on plus quitable les volutions des divers groupes relativement leur position de d part et aux chances th oriques de progression qui taient les leurs Le mode de calcul de ces indices est tr s simple comme cela est indiqu en note 39 Il permettent alors d tablir l vol
45. on peut prendre en compte la position rela tive des groupes les uns par rapport aux autres et le sens de leurs volutions compar es en m me temps que la progression de chaque groupe relative ment sa propre situation ant rieure Mais par ailleurs cette multiplication des indicateurs ne peut pas tre consid r e en elle m me comme la panac e universelle On le sait les outils statistiques et conceptuels ne seront jamais enti rement neutres et les indicateurs culture free n existent pas Ce qui illustre la r flexion de VERRET 1986 sur le malheur de la d finition qui n a jamais fini de se red finir Ou le bonheur du chiffre qui toujours se doit recompter L id ologie qui les sous tend doit tre chaque fois d masqu e et replac e dans le combat permanent que se livre la sociologie elle m me fixisme contre antifatalisme 129 Alain L ger CHAPITRE IV Perspectives de recherche Depuis la parution de notre dernier livre sur Public ou priv LANGOU T amp L GER 1991 je poursuis d une part des recherches sur l enseignement public et priv visant approfondir par des m thodes plus qualitatives entretiens questionnaires les questions nouvelles pos es par cet ouvrage D autre part je suis engag dans une recherche commandit e faisant l objet d un contrat avec la Direction de l valuation et de la Pros pective Minist re de l ducation nationale et portant sur l valuation de
46. place du cycle en trois ans am nag On cherchera dresser une typologie des innovations introduites et en valu er les effets diff rentiels notamment en ce qui concerne les enfants d origines trang res A plus long terme si des moyens financiers sont obtenus un prolon gement ult rieur de cette recherche pourra concerner un groupe restreint et sociologiquement contrast de familles fran aises et trang res Il visera gr ce des entretiens approfondis mieux cerner les raisons de la r ussite ou de l chec des innovations introduites par rapport des scolarit s nor males avec ou sans redoublement De m me si la DEP d cidait de poursuivre le suivi au del de la classe de cinqui me il serait int ressant d observer le caract re durable ou non des effets constat s 135 Perspectives de recherche Public et priv nouvelles perspectives 41 Nos travaux sur les secteurs d enseignement public et priv seront compl t s par des recherches plus qualitatives questionnaires suivis d en tretiens approfondis visant une meilleure compr hension des ph no m nes observ s des strat gies utilis es ou susceptibles de l tre par les familles D s le premier trimestre 1993 sera lanc e une vaste enqu te par questionnaires aupr s d un chantillon de plus de 8 000 familles r sidant dans trois zones g ographiques r gion de Nantes de Reims et r gion pari sienne pa
47. pre miers r sultats indiquent que m me CSP identique les l ves trangers sont toujours plus repr sent s que les Fran ais dans le groupe jug faible en fin de CM2 et proportionnellement moins nombreux dans le groupe de bon niveau Ceci est une constante quelle que soit la cat gorie sociale consid r e ce qui semble au premier abord infirmer notre hypoth se Mais l analyse devra se poursuivre et prendre en compte non seulement l appr ciation subjective et globale du niveau mais galement les perfor mances aux tests standardis s de connaissances l analyse comparative des affectations en cycle en trois ans ou en cycle en deux ans selon les r sultats ant rieurs des l ves L hypoth se g n rale est que pour un m me niveau scolaire et pour une m me origine sociale les l ves d origines trang res sont plus fr quemment affect s en cycle am nag sur trois ans que les l ves d origine fran aise Les premiers r sultats montrent que les trangers sont plus souvent envoy s en cycle am nag lorsqu ils sont d un niveau jug bon ou moyen en fin de CM2 tandis que les Fran ais y sont plus souvent affect s lorsqu ils ont un niveau faible Mais la v rification compl te de cette hypoth se suppose galement l analyse des effets d autres variables en particulier l origine sociale le sexe et l ge des l ves ainsi que l ge d arriv e en France pour les l ves d origines trang res 133 Pers
48. r pugnance pour les enfants d origine ouvri re m me r ussite scolaire identique ZIMMERMAN 1978 ce qui retentit d ailleurs sur ses comportements de notation et d valuation PERRENOUD 1984 L GER amp PERRENOUD 1989 J ai montr on le sait que la variation dans les attitudes et les pratiques reste en derni re analyse secondaire au regard de l unit profonde que constitue l adh sion commune aux valeurs de l cole y compris la s lection qu elle op re que seule une petite minorit remet en cause L attache ment aux crit res de la r ussite et au mode de fonctionnement actuel de l cole le mythe positiviste d une v rit universelle et ind pendante des conflits de classes l id ologie du service public et son corollaire l indiff rence pratique la division sociale continuent de cimenter ce qu on peut appeler l unit id ologique du corps enseignant 6 condition de montrer en m me temps que cette unit n a rien d une uniformit En t moigne notamment l attitude constante de neutralisation des d bats politiques en 5 Je fais ici explicitement l hypoth se que la m me tude men e sur des professeurs du secondaire conduirait peut tre un constat l g rement diff rent la valorisation s op rant alors au profit des enfants de cadres sup rieurs et professions lib rales Cela ne remet nullement en cause les r sultats de SIROTA mais vise seulement les replacer dans un cadre plus l
49. rents et sans contradictions toujours cons cients et rationnels suppose n cessairement une soci t elle m me harmo nieuse et non contradictoire Or l un et l autre postulats sont galement faux au vu des donn es empiriques Une telle approche a t me semble t il extr mement f conde Si l on cite quelques exemples de recherches men es sur cet acteur essentiel qu est l enseignant on peut voir travers une multiplicit de travaux r cents que l analyse sociologique a accumul de nombreux l ments affinant la con naissance du r le de l enseignant de ses fonctions de ses repr sentations et de ses pratiques p dagogiques Et la synth se de ces r sultats am ne une vision plus nuanc e remettant en question certains st r otypes sur l id e d un corps enseignant qui serait homog ne qu on le voie sous les traits de progressistes soucieux d galit des chances ou au contraire comme agents reproducteurs du syst me au service des classes dominantes On sait maintenant que l enseignant au niveau de ses comportements de carri re recherche les publics bourgeois et fuit les tablissements popu laires L GER 1981 1982 1983 et 1984 On sait qu il a tendance du 41 A la recherche des paradigmes perdus moins quand il est instituteur 5 valoriser en classe les interventions des enfants issus des classes moyennes SIROTA 1988 qu il manifeste plus d attirance pour les enfants de cadres et plus de
50. s rie D 32 mai INSEE 1988 L Enqu te F Q P de 1985 Collections de l INSEE s rie D 126 avril ISAMBERT JAMATI Viviane 1970 Crises de la soci t crises de l ensei gnement Paris PUF ISAMBERT JAMATI Viviane 1983 fonctionnement du syst me duca tif in Roland CARRAZ d Recherche en ducation et en sociali sation de l enfant Rapport de mission au Minist re de l Industrie et de la Recherche Paris La Documentation fran aise novembre 229 263 ISAMBERT JAMATI Viviane 1984a Types de p dagogie du fran ais et diff renciation sociale des r sultats tudes de linguistique appliqu e n 54 avril juin ISAMBERT JAMATI Viviane 1984b Culture technique et critique sociale l cole l mentaire Paris PUF ISAMBERT JAMATI Viviane 1990 Les savoirs scolaires Enjeux sociaux des contenus d enseignement et de leurs r formes Paris ditions universitaires LANGOU T Gabriel 1982 Technologie de l ducation et d mocratisation de l enseignement Paris PUF LANGOU T Gabriel 1985 Suffit il d innover Paris PUF LANGOU T Gabriel 1988 Diversit des coll ges diversit des pratiques d orientation L orientation scolaire et professionnelle 17 1 33 52 LANGOU T Gabriel amp L GER Alain 1987 Parcours scolaires et transferts public priv Soci t fran aise 22 janvier mars 42 50 LANGOU T Gabriel amp L GER Alain 1988a Enseignement public et enseig
51. se d gager un champ pr cis de transforma tions potentielles si l cole certaines conditions et pour certains l ves cr e l chec c est qu d autres conditions elle pourrait cr er leur r ussite Quoi de moins fataliste que de montrer concr tement que tout ne se joue pas hors de l cole et que finalement l cole ne sert pas rien En effet un important secteur de recherches qu elles soient micro ou macrosociologiques se pr occupe d une part de l effet tablissement en mati re de r ussite ou d chec scolaire et d autre part d valuer les effets d mocratisants ou non de l innovation p dagogique LANGOU T 1982 et 1985 Ce th me de l effet tablissement a d ailleurs fait l objet de colloques r cents l un sous l gide de l INRP l autre l initiative de l AECSE 1990 C est dire le nombre de chercheurs travaillant sur cette question aussi ma r f rence cet ensemble de travaux ne sera t elle qu allusive et br ve d autant qu il existe d j une tude bibliographique pr sentant une synth se du probl me DEROUET 1987 Citons rapidement quelques unes de ces recherches men es en France L GER amp TRIPIER 1983a 1983b et 1986 MATHEY PIERRE 1983 LIENSOL 1984 MEURET 1984 DURU BELLAT amp MINGAT 1988a et 1988b LANGOU T 1988 DURU BELLAT 1989 GRISAY 1990 BALUTEAU 1990 auxquelles il faut ajouter des travaux qui bien qu il ne portent pas proprement parler su
52. vue aux lois du hasard c est dire pour la plupart d entre eux des effets de sens contraire qui peuvent s annuler r ciproquement 42 Les deux attitudes les plus raisonnables seraient donc soit d abandon ner ce type d hypoth se en sachant que le fait de travailler sur les grands nombres produit in vitablement des r sultats tr s homog nes lorsqu on ne conna t qu un seul enseignant pour chaque l ve soit de se consacrer l tude de cas individuels que l on pourra toujours trouver en tr s petit 42 Ceci est nonc de fa on volontairement abrupte et uniquement pour aller l essen el car ce n est pas le moment de rentrer dans des d veloppements tr s d taill s qui nous m neraient trop loin Disons simplement pour nuancer quelque peu l analyse que dans la r alit certains regroupements d enseignants ne rel vent en aucune fa on des lois du hasard par exemple le fait de trouver des enseignants jeunes et moins dipl m s dans les tablissements populaires et que par cons quent les chances statistiques d avoir des enseignants de tel type sont loin d tre gales pour tous les l ves ce qui peut au moins en partie expliquer le fameux effet tablissement Mais il reste n an moins vrai que la s quence id ale mentionn e plus haut est peu fr quemment observa ble 140 Alain L ger nombre si on les veut suffisamment contrast s J ai n anmoins choisi dans un premier temps d explorer
53. 1987 La nouvelle sociologie de l ducation en Grande Bretagne un mouvement de pens e en voie de dissolution Revue fran aise de P dagogie 78 janvier mars 5 20 VERRET Michel 1986 Figures populaires du chiffre figures chiffr es du peuple in D mographie et Sociologie Publications de la Sorbon ne VON NEUMANN amp MORGENSTERN 1944 The Theory of Games and Economic Behaviour Princetown University Press ZIMMERMAN Daniel 1978 Un langage non verbal de classe les proces sus d attraction r pulsion des enseignants l gard des l ves en fonction de l origine familiale de ces derniers Revue fran aise de P dagogie 44 juillet septembre 46 70 160 Note de synth se pr sent e pour l habilitation diriger des recherches Index des auteurs et noms propres AECSE 6 99 151 157 158 AISLF 9 ALTHUSSER 25 121 151 BACHELARD 11 BALLION 46 99 151 BALUTEAU 99 151 BANE 155 BAUDELOT 8 9 23 26 31 32 40 56 61 65 81 86 151 158 BENJAMIN 151 BERGER 40 151 BOUDON 21 23 46 49 111 125 151 BOULOT 132 151 BOURDIEU 18 23 24 26 31 32 33 49 86 106 113 120 147 151 152 BOYZON FRADET 132 151 BRESSOUX 152 CAILL 21 49 152 CARRAZ 24 156 CEREQ 94 152 CHAPOULIE 9 40 152 CHARLES 40 152 CHARLOT 56 152 CHERKAOUI 56 138 143 152 CLAVAL 48 153 CNRS 5 131 155 COLEMAN 101 118 153 COLL GE DE FRANCE 8 28 153 COMBESSIE 125 153 COSTA 6 1
54. 26 31 32 33 54 86 106 152 159 PATY 23 99 159 PERRENOUD 5 9 23 42 156 158 159 PLAISANCE 5 24 155 159 PR VOT 125 159 PROST 39 53 160 162 SAINT MARTIN 26 152 SAVARY 59 60 SEIBEL 6 55 157 160 SIROTA 42 160 SMITH 48 SNI PEGC 121 SNYDERS 31 160 TANGUY 93 94 160 TOMASI DI LAMPEDUSA 109 TOURAINE 18 21 45 111 160 TRIPIER 5 6 7 9 37 99 100 104 117 158 TROTTIER 24 160 VERDI 157 VERRET 125 129 160 VON NEUMANN 46 160 WEBER 124 ZIMMERMAN 42 160 Note de synth se pr sent e pour l habilitation diriger des recherches Index conceptuel acteur 5 13 16 22 30 34 36 38 39 41 45 46 47 49 50 51 55 102 103 104 105 106 108 111 115 119 120 122 123 153 156 160 agent 25 32 34 35 36 41 58 103 agriculteur 84 87 101 appareils id ologiques d tat 25 151 arbitraire 25 26 28 29 45 baccalaur at 44 60 62 64 65 67 73 17 78 80 84 85 86 93 142 bourgeois 15 25 29 41 43 104 105 bourgeoisie 110 cadres sup rieurs 82 83 88 91 94 101 108 109 128 143 capital culturel 25 capitaliste 48 50 51 carri re 6 40 41 117 146 154 157 chefs d entreprise 84 101 classement 26 32 classes 26 35 42 43 114 157 159 d ge 88 163 dominantes 24 25 35 41 120 121 moyennes 25 42 populaires 8 25 27 37 54 55 85 89 101 117 118 141 143 144 sociales 13 24 25 28
55. 58 COULON 122 153 CRESF 7 158 CRESPI 50 153 CROZIER 46 49 111 153 DANDURAND 21 23 153 DEP 63 67 70 76 77 80 87 131 132 135 138 139 153 DEROUET 99 122 153 DEVAQUET 59 DUBET 99 132 154 161 DURAND 8 DURAND PRINBORGNE 6 158 DURKHEIM 8 17 23 24 29 30 31 32 50 104 154 DURU BELLAT 23 50 66 93 99 154 ESTABLET 8 9 23 26 31 32 40 54 56 61 65 81 86 151 154 158 FERRY 159 FEUERBACH 32 FORQUIN 23 29 154 155 FOURASTI 50 155 FRIEDBERG 46 111 153 GARFINKEL 122 155 GIRARD 27 155 GOULDNER 21 155 GR MY 125 155 GRISAY 99 155 HENRIOT VAN ZANTEN 5 23 Index 37 50 154 155 HODSON 101 155 INED 27 54 74 90 INRP 9 99 INSEE 40 61 62 64 88 156 IREDU 154 ISAMBERT JAMATI 5 8 9 19 23 24 31 34 35 38 43 44 60 125 142 156 157 LANGOU T 5 6 8 9 43 58 61 74 91 99 101 108 131 156 157 LE BRAS 74 158 L GER 5 6 7 8 9 22 23 35 36 37 38 41 42 43 50 61 74 99 100 101 102 104 108 123 131 155 156 157 158 LELI VRE 5 59 157 159 LEVINE 155 LIENSOL 99 158 MACHIAVEL 109 MALEMORT 40 151 MARCOU 6 158 MARX 31 32 51 52 159 MATHEY PIERRE 99 159 MAUGER 122 159 MEN 63 64 90 98 MERLLI 95 96 125 128 159 MEURET 99 159 MINGAT 66 93 99 154 MITTERRAND 59 MONTANDON 5 156 MORGENSTERN 46 160 MORIN 104 159 NIQUE 59 159 OLLIVIER 21 23 153 PASSERON 18 23 24
56. 6 18 54 55 86 88 100 108 159 d ducation 154 de r ussite 54 83 141 145 154 sociales 27 91 93 154 informatique 14 76 77 90 134 innovation 91 99 135 instituteur 39 40 42 43 151 152 interactionnisme symbolique 36 int r t 37 47 48 50 113 152 int r ts 47 53 120 123 165 de classe 47 48 lib ral 46 113 libert 47 59 104 106 107 110 111 112 113 114 longitudinal 54 61 62 67 69 70 71 72 74 75 76 77 92 139 lutte 13 15 17 19 20 32 45 47 51 109 110 114 115 148 des classes 31 32 110 148 160 march 46 48 marxisme 26 marxiste 52 milieu 17 24 60 105 144 local 5 50 155 populaire 107 social 26 133 mobilisation 137 nationalit 131 134 n olib ralisme 49 56 neutralit 26 36 124 neutre 13 28 44 norme 24 25 28 79 82 83 107 notation 26 42 objectivisme 20 32 103 120 124 objectivit 16 19 orientation 45 79 134 135 142 154 156 159 origine 24 26 40 82 84 101 131 132 133 134 135 familiale 160 ouvri re 39 42 Index conceptuel populaire 39 43 102 sociale 38 39 40 43 83 88 89 97 100 101 132 133 139 141 144 153 159 ouvrier 29 37 43 44 54 82 83 84 85 87 88 89 91 92 101 105 125 128 143 160 palmar s 100 persuasion 25 petite bourgeoisie 37 40 110 151 159 pouvoir 25 58 59 109 pratiques 5 16 21 42 43 45 79 103 106 111 121 137
57. Agriculteurs Chefs Cadres Professions Employ s Ouvriers Divers Total classe d entre interm diai fr prise res leme 33 27 5 1 5 32 49 69 35 5 me 33 3 203 46 15 0 28 7 43 8 50 0 306 ja me 380 249 611 189 33 5 49 5 55 7 353 3 me 66 7 49 5 158 41 3 59 8 75 6 77 4 59 3 2nde 70 4 56 5 236 487 659 80 0 81 8 650 fi re 761 67 3 391 60 1 736 846 86 0 727 EE EEE G L G T L L a I S a _ Terminae 23 9 32 7 60 9 399 264 15 4 14 0 273 ss 1214 1935 233 1571 2075 265 1021 Bac obt 20 1 26 9 54 0 330 218 12 3 10 6 227 EEE EEE EEE EE a L 2 _ _ _ Alain L ger On voit que m me vingt ans apr s trois mots cl s continuent de synth tiser le fonctionnement du syst me scolaire retard limination CSP Contrairement ce qu affirment toutes les remises en cause du para digme de la reproduction il y a bien une scolarit type pour les enfants de cadres baccalaur at puis tudes sup rieures et une scolarit type pour les autres et notamment les classes populaires enseignement court souvent professionnel puis vie active Certes selon que l on consid re les enfants d ouvriers ou ceux des professions interm diaires les liminations majoritaires s talent entre la qua
58. Alain L ger Pour une sociologie non fataliste Note de synth se pr sent e pour l habilitation diriger des recherches UFR de Sciences de l ducation Universit Paris V Ren Descartes 1993 Sommaire FEAVAUX pr sent s 5555 Autres travaux non pr sent s pour l habilitation S Introduction ren nsnen iraniens tres tenter nnnsisenesenssesnessee LE Chapitre I A la recherche des paradigmes perdus ss 21 LE Mon h ritate ne ne ne nie 23 2 Les limites de l h RtaSe see nt hit 31 Le role desenseighants eiin nei e ae T EN REE iak 35 Acteurs et Str CUTES sospitoses tis ses ee Rated Eaa in ee ae 45 Le retour de lastr UCtTE ranee EER E A A E 53 3 Que reste t il de mes amours sociologiques 7 56 Chapitre II La reproduction existe je l ai rencontr e 61 1 Comment on fabrique de la d mocratisation scolaire 00 67 2 Un tat transitoire du syst me mes propres r sultats 77 3 L augmentation des in galit s 4444sseiarnedeiieniiseneten 89 4 Et pourtant aucun fatalisme 98 Chapitre HI Unit d approche et diversit des m thodes 117 Distance l objet et objectivisme m thodologique 00sssesssseeeee 120 L id ologie des SMAUSUQUES rennes nettes 125 Chapitre IV Perspectives de recherche see 131 Les l ves trangers en cycle am nag se ideas 131 Public et priv nouv
59. LOT Christian amp ESTABLET Roger 1975 L cole primaire divise Paris Maspero BAUDELOT Christian amp ESTABLET Roger 1990 Le niveau monte Paris Seuil BAUDELOT Christian ESTABLET Roger amp MALEMORT Jacques 1975 La petite bourgeoisie en France Paris Maspero BERGER Ida amp BENJAMIN 1964 L univers des instituteurs Paris Hachette BERGER Ida 1979 Les instituteurs d une g n ration l autre Paris PUF BOUDON Raymond 1969 La crise de la sociologie Gen ve Droz BOUDON Raymond 1973 L in galit des chances La mobilit sociale dans les soci t s industrielles Paris Armand Colin BOUDON Raymond 1979 La logique du social Paris Hachette BOULOT Serge amp BOYZON FRADET Danielle 1988 Les immigr s et l cole une course d obstacles Paris L Harmattan CIEMI BOURDIEU Pierre 1980 Le sens pratique Paris ditions de Minuit 151 Bibliographie BOURDIEU Pierre 1986 L illusion biographique Actes de la recherche en sciences sociales n 62 63 BOURDIEU Pierre 1988 Questions de sociologie Paris ditions de Minuit 1 re d 1984 BOURDIEU Pierre amp PASSERON Jean Claude 1964 Les h ritiers Les tudiants et la culture Paris d de Minuit BOURDIEU Pierre amp PASSERON Jean Claude 1970 La reproduction l ments pour une th orie du syst me d enseignement Paris d de Minuit BOURDIEU Pierre amp SAINT MARTIN Monique de 1975
60. Les cat gories de l entendement professoral Actes de la recherche en sciences socia les 3 68 93 BRESSOUX Pascal 1993 Les effets des coles et des classes sur l appren tissage de la lecture Th se de doctorat en Sciences de l ducation Universit de Bourgogne CAILL Alain 1981 La sociologie de l int r t est elle int ressante A propos de l utilisation du paradigme utilitariste en sociologie Sociolo gie du travail n 3 257 275 CAILL Alain 1985 Splendeurs et mis res des sciences sociales Gen ve Droz CAILL Alain 1988 De l inutilit des sciences sociales utilitaristes in L tat des sciences sociales Paris La d couverte CEREQ 1990 La difficile insertion professionnelle des jeunes Bref n 50 octobre CHAPOULIE Jean Michel 1987 Les professeurs de l enseignement secondaire un m tier de classe moyenne Paris d de la Maison des sciences de l homme CHARLES Fr d ric 1988 Instituteurs un coup au moral Paris Ramsay CHARLOT Bernard 1987 L cole en mutation Paris Payot CHERKAOUI Mohamed 1979 Les paradoxes de la r ussite scolaire Paris PUF CHERKAOUI Mohamed 1989 Le nouvel ordre scolaire Encyclop dia Universalis suppl ment Universalia 152 Alain L ger CLAVAL Paul 1980 Les mythes fondateurs des sciences sociales Paris PUF COLEMAN J S 1966 Equality of Educational Opportunity Washington US Government Printing Off
61. NKEL Harold 1967 Studies in ethnomethodology GIRARD Alain 1970 Population et l enseignement Paris INED PUF GOULDNER Alvin W 1970 The Coming Crisis of Western Sociology Londres Basic Books Inc GR MY J P 1984 Les diff rences entre pourcentages et leur interpr ta tion Revue fran aise de Sociologie XXV n 3 GRISAY Aletta 1990 Des indicateurs d efficacit pour les tablisse ments Education et formations 22 31 46 HENRIOT VAN ZANTEN Agn s 1983 DEA en Sciences de l ducation Universit Ren Descartes Paris V HENRIOT VAN ZANTEN Agn s 1990 L cole et l espace local Les enjeux des Zones d ducation Prioritaires Lyon PUL HENRIOT VAN ZANTEN Agn s 1991 La sociologie de l ducation en milieu urbain discours politique pratiques de terrain et production scientifique 1960 1990 Revue fran aise de p dagogie 94 janvier mars HENRIOT VAN ZANTEN Agn s amp L GER Alain 1985 Nouvelles perspectives dans l tude des rapports entre l cole et le milieu local in ric PLAISANCE d L chec scolaire nouveaux d bats nouvelles approches sociologiques Paris ditions du CNRS 17 24 HODSON G 1975 Do schools make a difference in LEVINE amp BANE The Inequality Controversy Schooling and Distributive Justice New York Basic Books Inc Publishers 155 Bibliographie INSEE 1974 L Enqu te F Q P de 1970 Collections de l INSEE
62. Source du tableau DEP Rep res et r f rences statistiques sur les enseignements et la formation dition 1990 page 191 et DEP L origine sociale des tudiants 1960 1990 Note d information 92 39 octobre 1992 Par rapport au tableau d origine on a regroup ici les salari s agricoles avec les ouvriers et les personnels de service avec les employ s afin de se rapprocher autant que faire se peut du nouveau classement des professions PCS adopt par l INSEE en 1982 On notera que huit ans apr s la DEP n avait toujours pas remani le sien comme en t moigne la survivance de l ancienne appellation des cadres moyens 87 La reproduction existe je l ai rencontr e Effectifs en milliers 142 5 103 6 330 9 194 113 7 31 7 9 6 43 7 67 1 1036 6 RE _ 2e_ _ 2 __ _ 2 _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ En 1989 par cons quent l universit reste bien l image invers e de la nation encore que ne figurent dans ces donn es publi es par la DEP 1990 ni les tudiants des grandes coles ni les l ves des classes pr para toires dont on sait que l origine sociale est encore plus lev e 32 Bien qu ils ne repr sentent que 12 de la population g e de 17 19 ans enqu te Emploi INSEE 1989 les enfants de cadres sup rieurs constituent le groupe majoritaire l universit avec 30 3 des tudiants Inversement les enfants d ouvriers ne repr sentent qu
63. UD Philippe 1984 La fabrication de l excellence scolaire Gen ve Droz PERRENOUD Philippe 1985 La place d une sociologie de l valuation dans l explication de l chec scolaire et des in galit s devant l cole Revue europ enne des Sciences sociales XXHI 70 177 198 PLAISANCE ric 1990 chec et r ussite l cole l volution des prob l matiques en sociologie de l ducation Psychologie fran aise 34 4 d cembre 229 235 PR VOT Jean 1985 A propos d indices et de comparaisons de propor tions Revue fran aise de Sociologie XXVI n 4 159 Bibliographie PROST Antoine 1970 L enseignement en France 1800 1867 Paris Armand Colin Coll U PROST Antoine 1986 L enseignement s est il d mocratis Paris PUF SEIBEL Claude 1984 Gen ses et cons quences de l chec scolaire Revue fran aise de P dagogie 67 avril mai juin SIROTA R gine 1988 L cole primaire au quotidien Paris PUF SNYDERS Georges 1976 cole classe et lutte des classes Paris PUF TANGUY Lucie 1991a Quelle formation pour les ouvriers et les employ s en France Rapport au Secr taire d tat l enseignement technique Paris La Documentation fran aise TANGUY Lucie 1991b L enseignement professionnel en France Des ouvriers aux techniciens Paris PUF TOURAINE Alain 1978 La Voix et le Regard Paris Seuil TOURAINE Alain 1984 Le retour de l acteur Paris Fayard TROTTIER
64. a on approxi mative Or une telle position ne serait finalement pas tr s loign e de celle que je d fends et elle serait encore plus impitoyable l gard des statisti ques transversales si l on ne peut pas comparer les deux mesures c est 72 Alain L ger dire relativiser l une partir des r sultats de l autre il ne reste alors qu une solution abandonner l tude du taux d acc s par la m thode transversale Car ce qu il faut surtout retenir me semble t il de cette confrontation des deux m thodes outre l cart des r sultats c est que cet cart n est pas stable dans le temps En effet pour 1982 fin du suivi du panel 1973 l cart constat est presque nul 0 3 ce qui peut d ailleurs en partie r sul ter d une erreur d arrondi li e la finesse toute relative de la m thode que j ai utilis e retranscription du pourcentage absent partir du graphique et d un papier millim tr Mais pour 1989 pas d erreur possible le pourcen tage de 50 d ailleurs donn en chiffres dans le document original correspond bien un cart de 6 3 points Bien s r les donn es utilis es par la DEP ne sont pas en elles m mes fantaisistes ou trompeuses malgr leur marge d erreur C est surtout l utili sation qui en est faite qui me para t fort sujette caution En effet les statistiques transversales calcul es annuellement ont une grande utilit pour la gestion court terme Elles sont notamment
65. a presse locale une p tition sign e par la moiti des enseignants en poste dans cette ville qui comparait notre recherche un bulldozer d truisant l cole publique Je me suis vu galement convo qu par la direction d partementale de ce syndicat et somm de m expliquer sur mon attitude manifestement anti enseignante La situation devenait tel point conflictuelle que la municipalit a cru bon de c der aux injonctions en annulant les interventions radiodiffus es et les r unions publiques qui taient pr vues pour populariser nos r sultats Comme me l a expliqu un lu municipal compte tenu de la position dominante du groupe enseignant et de son hostilit notre recherche le rapport que j avais remis devenait une v ritable bombe De tels conflits sont certes dommagea bles m me s ils sont en soi tr s instructifs Mais que l on imagine un seul instant ce qui se passerait si le chercheur s avisait de c der ce genre de pressions en infl chissant ses analyses ou en acceptant une autocensure 121 Unit d approche et diversit des m thodes m me partielle ce serait alors comme le souligne G rard MAUGER 1985 la d bandade th orique Comment renoncer l objectivation au recul la distance vis vis de l objet tudi On y gagnerait coup s r une plus grande convivialit et une meilleure reconnaissance de la part des personnes interrog es Mais ce serait aussi abandonner l a
66. aiblesse qu ils doivent leurs d sunions et leur sentiment d impuissance La seule permanence constatable dans le monde social est donc celle de son changement quand bien m me souvent ce changement n a d autre fonction que de perp tuer et de p renniser la permanence d un tat ancien tout en la masquant Ce sont des le ons capitales le ons de science et le ons politiques que j ai retenues d un certain nombre de travaux sociologiques en particu lier ceux de Viviane ISAMBERT JAMATI dont le livre le plus r cent s ach ve sur cette phrase qui me para t r sumer tout le programme de la 19 Introduction sociologie de l ducation pour mieux saisir aussi bien les limites de l illusion p dagogique que celles du fatalisme sociologique 1990 En fin de compte c est bien dans ce double mouvement que s inscrit mes yeux mon propre itin raire de recherche tenter d avancer en d cou vrant les d terminants sociaux et en d fendant les acquis de l objectivisme mais aussi tenter de ne pas reculer en menant une lutte r solue contre tous les fatalismes 20 Alain L ger CHAPITRE I A la recherche des paradigmes perdus 2 Force est de constater qu il n y a pas l heure actuelle une sociologie mais des sociologies Certains auteurs parlent m me de crise de la sociolo gie BOUDON 1969 GOULDNER 1970 TOURAINE 1984 CAILL 1985 DANDURAND amp OLLIVIER 1987 Nous vivons en effet le te
67. aint s est donc d velopp comme le souligne Viviane ISAMBERT JAMATI un retour l acteur les hommes ayant prise sur leur histoire Mais encore fallait 1l que ce retour l acteur ne perd t pas en chemin les acquis essen tiels obtenus dans la connaissance du fonctionnement social global C est la 34 Alain L ger le on capitale que j ai retenue des travaux et des enseignements de Viviane ISAMBERT JAMATI Le r le des enseignants Pourquoi donc avoir choisi d tudier les enseignants en France aujour d hui En entamant mon itin raire de chercheur il m a sembl qu apr s les grands travaux des ann es 70 ayant refond la sociologie de l ducation en France on connaissait bien et en tout cas bien mieux le fonctionnement global du syst me scolaire son r le dans la reproduction d une soci t divis e en classes la fonction s gr gative des structures et des fili res mises en place etc Pourtant si elles ont t extr mement f condes ces grandes tudes ne permettent pas elles seules d expliquer l ensemble des processus de division sociale l cole Si l on s en tient une interpr tation troite de ces travaux on risque m me comme on l a vu de d boucher sur une vision finaliste ou fonctionnaliste du syst me scolaire les structures se compor tent comme des personnes dou es d une volont immanente et fonctionnent m caniquement au profit des classes dominantes Dans cette optiqu
68. ant l volution n est qu une bauche et donc un l ment parmi d au tres fournir aux d bats car elle reste encore bien trop inachev e Je laisse de c t la question capitale bien connue mais jamais r solue sur le fond du passage des regroupements de professions de type PCS une analyse sociologique en termes de classes sociales Une excellente d finition de ce probl me a t entre autres contributions fournie par Michel VERRET 1986 Mais la question soulev e ici est diff rente Ainsi j ai tabli partir du tableau V que les carts sociaux d acc s en terminale se sont accrus entre enfants de cadres et enfants d ouvriers passant de 44 points pour la cohorte 1962 52 points en 1973 et 53 points en 1980 Une objection peut cependant se pr senter quant la fa on dont j in terpr te les carts en consid rant seulement leur valeur absolue question qui fait parfois l objet de d bats cf COMBESSIE 1984 GR MY 1984 PR VOT 1985 MERLLI 1985 Cette objection consiste dire qu il faut plut t consid rer le progr s relatif obtenu par chacun des groupes que la valeur absolue qui les s pare Ainsi lorsque le taux d acc s l universit est pass entre 1959 et 1975 de 0 5 4 3 pour les enfants d ouvriers tandis qu il augmentait de 37 3 71 8 pour les enfants de cadres cf ISAMBERT JAMATI 1983 il ne faudrait pas dire que l cart social est pass de 37 67 points environ mais qu
69. arge la reconnaissance de ses pairs de ses semblables de classe Mais bien s r cette hypoth se reste d montrer 6 Ceci n est sans doute pas valable pour les enseignants de LP Lucie TANGUY 1991b nous montre qu ils ont perdu la foi dans leur institution et que leur crise d identit est le signe d un tat d anomie du syst me d enseignement technique et professionnel 42 Alain L ger classe relat e par les professeurs eux m mes Par del les variations du degr de modernisme de telle ou telle pratique une vis e commune semble poursuivie par tous sous couvert d esprit critique l enseignant valorise constamment les positions du juste milieu situ es gale distance de tous les extr mismes et incite syst matiquement la r conciliation des points de vue antagonistes dans une perspective centriste reconnue ou m connue L GER 1983 On sait galement qu il poursuit travers les exercices faits en classe une vis e de r conciliation sociale Ainsi l tude des activi t s d veil organis es par les instituteurs l cole l mentaire montre comment la m me vis e de pacification sociale reste poursuivie travers des modalit s diff rentes selon l origine sociale des l ves absence de r f rence l exploitation et de critique sociale dans les quartiers ouvriers discours plus critique dans les quartiers bourgeois en bref une tendance commune moraliser les bourgeois sans r volter les ou
70. aspect m caniste des premiers grands travaux 55 A la recherche des paradigmes perdus 3 Que reste t il de mes amours sociologiques Malgr ces confirmations importantes il demeure que l offensive du n olib ralisme contre le paradigme de la reproduction a marqu des points dans la p riode r cente et semble m me avoir branl dans leurs convic tions certains auteurs qui se r clamaient pourtant jusqu pr sent d une vis e plus critique Ainsi Bernard CHARLOT crit il Parce qu elles s en ferment dans les logiques anciennes celle de la gratuit culturelle ou celle des deux r seaux les th ories de la reproduction passent c t des ruptu res essentielles des ann es 60 Ce qui est le plus remarquable l po que o BAUDELOT et ESTABLET crivent ce n est pas qu il y ait deux r seaux c est au contraire que ces deux r seaux soient en train de se brouiller et qu apparaissent de multiples formes interm diaires qui correspondent aux diff rents chelons de la division du travail Or m me si l on s en tient un examen historique superficiel il appara t imm diatement qu une chose au moins a chang les apparences 1987 p 176 178 Il me semble pourtant que les th oriciens de la reproduction ne disaient finalement rien d autre les apparences ont chang mais la division demeure Et lorsque les r formes mises en place se bornent pour reprendre la formule de CHERKAOUI 1989
71. ative l effet du ma tre sur la r ussite scolaire pr sente une s rie de difficult s Ces difficult s tiennent d une part la relative raret des variables disponi bles pour d finir des types d enseignants dont on ignore par exemple l origine sociale ou le dipl me et d autre part au caract re tr s partiel de l effet mesurable En effet si l on suppose pour simplifier les choses qu il n existe que deux types d enseignants l un efficace l autre non par rapport un type d l ves donn la s quence id ale pour la d monstration serait une fois de plus de type longitudinal pouvoir isoler un premier groupe 139 Perspectives de recherche d l ves qui au cours de leur scolarit n auraient eu affaire qu des enseignants du type efficace et un second groupe qui aurait uniquement connu des enseignants moins efficaces De la sorte les effets cumul s de chaque enseignant sur la scolarit des l ves appara traient dans toute leur ampleur puisqu ils seraient de m me sens Mais tant qu un relev syst ma tique portant sur l ensemble des enseignants ayant eu le m me l ve n est pas effectu grande chelle cette s quence id ale ne peut pas tre obser v e dans la r alit car on risquerait de la chercher longtemps et de ne la d nicher que pour un nombre d individus si restreint que toute g n ralisa tion serait impossible En th orie la scolarit des l ves est donc soumise de ce point de
72. autre part un itin raire de recherche m me chez un chercheur encore jeune est lui m me en constante volution On peut y d celer des inflexions des changements d objet et de m thodes Pourtant cet clec tisme et cette diversit ne s apparentent pas n cessairement un mouve ment brownien qui pousserait de fa on al atoire le chercheur dans des directions totalement impr visibles Il est au contraire frappant de constater 11 Introduction que cette diversit recouvre une profonde unit et que je n ai peut tre eu en fin de compte qu une id e dominante de recherche par del la grande vari t des lieux et moyens d enqu te des th mes et des objets tudi s Prenant des objets aussi divers que les professeurs du secondaire l chec scolaire dans la ZEP de Gennevilliers ou les transferts entre enseignement public et enseignement priv c est en r alit d un certain point de vue toujours la m me recherche que j approfondissais toujours la m me qu te que je poursuivais En t moignent notamment les continuit s conceptuelles et th matiques qui structurent l ensemble de mes recherches et que je d ve lopperai au chapitre II Notons seulement pour l instant des parent s non voulues et m me en grande partie non conscientes jusqu ce jour qui am nent un th me rebondir d une recherche l autre C est le cas par exemple des strat gies d vitement tudi es tout d abord chez les profes
73. cc s en 1972 74 qui commence approcher de la satu ration mais au taux d acc s en seconde quelques ann es plus tard des l ves entr s en 6 me en 1972 74 la comparaison montre des r sultats assez voisins non seulement pour l ensemble des l ves mais aussi plus finement pour chacune des CSP La seule position scientifique me para t donc tre une fois de plus de se d gager des positions fatalistes fixistes ou m canistes qui ne sont pas l apanage des discours sur la reproduction l identique mais se rencontrent galement chez leurs d tracteurs L une des clefs pour y chapper est contenue dans mon rappel insistant de la division sociale l cole combi 96 Alain L ger n e une conception volutive des besoins Il n y a pas postuler que l cole en France sera toujours ce lieu antid mocratique que nous connais sons aujourd hui ni l inverse que demain on rasera gratis Le vrai probl me de la sociologie est de construire des outils m thodologiques et conceptuels pour appr hender ensemble les permanences comme le chan gement C est pourquoi je propose la d finition suivante suivie imm diate ment de la question et des conclusions qui d coulent de la d finition propo s e D finition la d mocratisation de l enseignement ne sera achev e que lorsque tous les niveaux scolaires et universitaires seront galement accessibles tous quelle que soit l origine sociale
74. ches quantitative et qualita tive quelques aspects d une compl mentarit conflictuelle Com munication pr vue au colloque Pour un nouveau bilan de la sociolo gie de l ducation organis par l AISLF Paris INRP 25 27 mai 1993 Alain L ger Introduction En sociologie un itin raire de recherche est toujours la r sultante de multiples facteurs les paradigmes dominants et l tat des connaissances un moment donn la curiosit du chercheur et son quation id ologique c est dire sa fa on personnelle de se situer par rapport l air du temps l existence de ces faits pol miques chers BACHELARD qui ne cadrent pas les mod les explicatifs habituels enfin les opportunit s de recherche rencontr es au hasard des terrains et des demandes institution nelles sont les principales forces qui mod lent et infl chissent ce parcours L originalit d une d marche de recherche qui est volontiers pr sent e dans le langage de la coupure pist mologique voire de la table rase se construit en r alit au moins autant sur des continuit s th oriques et des filiations parfois multiples que sur des ruptures radicales Elle renvoie donc en premier lieu aux recherches empiriques et aux th ories existantes qu elles soient ant rieures ou contemporaines C est pourquoi je vais commencer par rappeler rapidement quelques analyses principales afin de mieux situer ma propre d marche chapitre I D
75. ciences sociales ont d sormais perdu leur vertu critique et messianique Signe que leur vocation contestataire a finalement t touff e par l establishment Signe qu elles ont cess de concevoir et de promouvoir une soci t meilleure parce qu elles ne trouvent plus rien redire pour l essentiel la soci t actuelle Dans cette optique la sociolo gie ne saurait tre dans le meilleur des cas que prestataire de services pour le compte des dirigeants d une soci t qui n a plus rien dire sur elle m me et n ose plus se penser parce qu elle n ose plus penser sa fin ce qui pourrait d ailleurs tre en soi un bon indice permettant de proph tiser que cette fin est proche Voil dans quel contexte id ologique et pist mologique tourment celui des dix derni res ann es j ai fait mes premi res armes d ap prenti chercheur en sociologie de l ducation lorsque j ai soutenu ma th se de troisi me cycle sur les enseignants du secondaire L GER 1980 Je n avais certes pas la pr tention de vouloir inventer un nouveau syst me Mais je ne pouvais pas pour autant me r signer n tre qu un humble O S de la production des connaissances renon ant toute ambition interpr ta tive En d autres termes face des d bats insolubles et st riles tels que celui qui tourne autour de l opposition scolastique de l acteur et des structures je pensais que le moyen de sortir de l impasse concep tue
76. cip e de fran ais au baccalaur at Quatre types d enseignants sont distingu s selon le type de p dagogie qu ils pratiquent et l on peut observer chez leurs l ves des carts sociaux de r ussite au baccalaur at sensiblement diff rents Or les professeurs d un de ces groupes qui ont une vis e particuli rement critique et mettent l accent sur la d mocratisation de l enseignement parviennent m me inverser le sens habituel des carts lorsqu ils les ont eus pour professeurs les enfants d ouvriers et d employ s obtiennent de meilleurs r sultats au baccalaur at que les enfants de cadres et professions lib rales Rare exemple d une recherche qui montre non seulement que la r duction des carts sociaux de r ussite est possible mais m me que l on peut renverser le m canisme pr sent comme fatal qui favorise toujours les favoris s condition toutefois de renoncer l illu sion d une p dagogie neutre et gale pour tous et d assumer ses choix en sachant qu ils sont in vitables et que le refus de choisir masque en d fini tive le choix des l ves favoris s On voit que les notions d efficacit du ma tre de qualit de l enseigne ment de comp tence p dagogique notions tr s vagues et tr s discut es 44 Alain L ger commencent recevoir un d but de clarification Ce th me de l efficacit du ma tre sur lequel j ai l intention de travailler dans l avenir est d ailleurs li sur le plan des o
77. classe qui est comme le pr cise DURKHEIM 1938 pp 37 38 une certaine attitude de l me un certain habitus de notre tre moral c est dire un ensemble d attitudes de valeurs et surtout de dispositions penser sentir et agir d une certaine fa on devant une situation nouvelle Cet habitus ces disposi tions acquises dans le milieu d origine varient donc sensiblement selon les 3 Cette num ration de r f rences ne signifie pas que tous ces travaux soient mettre exactement sur le m me plan quant leur importance certains sont de v ritables recherches sur des recherches d autres s apparentent plus une simple compilation Mais tous nous ont t utiles une tape ou une autre de notre itin raire 24 Alain L ger classes sociales Or le syst me scolaire choisit de privil gier un habitus de classe parmi d autres celui des classes dominantes pour en faire la norme des comportements scolaires Ce choix est arbitraire au sens o il n y a pas de sup riorit intrins que de ce mod le culturel sur les autres Les agents du syst me scolaire inculquent donc un arbitraire culturel qui produit un capital culturel pr t tre investi et fructifier en termes de position dans la hi rarchie sociale Mais ce capital culturel ne profite qu aux h ritiers 1964 c est dire aux enfants issus de la bourgeoisie qui sont pr dispo s s de par leur habitus de classe pouvoir l int r
78. coles ne produisent aucune diff rence HODSON 1975 Mais mes interpr tations confirm es depuis lors par bien d autres travaux plus repr sentatifs avaient cependant mes propres yeux un caract re d vidence voire de banalit puisqu elles se situaient dans le droit fil du paradigme conflictualiste et ne constituaient de ce point de vue qu un prolongement de mes travaux ant rieurs Par la suite je me suis int ress ce qu on pourrait appeler l effet secteur puisqu il s agissait d valuer au niveau de la France enti re l efficacit du secteur public et du secteur priv pour les l ves des diff rentes origines sociales LANGOU T amp L GER 1991 L GER 1989 et 1990b Nous avons pu ainsi montrer qu niveau scolaire identique au d part les chances de r ussite pouvaient varier sensiblement selon le secteur fr quent pour des l ves de m me origine sociale Ainsi il est possible de distinguer trois groupes d l ves ceux dont la r ussite n est pas affect e par le fait de fr quenter le public ou le priv cadres sup rieurs et professions interm diaires 101 La reproduction existe je l ai rencontr e ceux pour qui le public r ussit mieux que le priv essentiellement les agriculteurs ceux pour qui l inverse le priv r ussit mieux que le public les enfants des classes populaires ouvriers et surtout employ s ainsi que les enfants des chefs d entrep
79. contradiction d ailleurs de la th orie et de la pratique puisque pour prendre un exemple dans le syst me scolaire les politiques lib rales dans le pass ont eu pour effet la mise en syst me et la centralisation de l enseignement comme le montre parfaitement Claude LELI VRE Consid rations Historiques Postface de Public ou priv op cit 8 in L tat des sciences sociales La D couverte 1988 49 A la recherche des paradigmes perdus ciente de l int r t qu engendre et suppose l conomie capitaliste 1988 p 33 34 Mais relisons plut t DURKHEIM 1894 Une explication pure ment psychologique des faits sociaux ne peut donc manquer de laisser chapper tout ce qu ils ont de sp cifique c est dire de social N est ce pas pr cis ment recourir une explication purement psychologique que de r duire et d atomiser le social en une multitude de particules indivi duelles mues par l int r t le calcul co t b n fice et les strat gies d acteurs rationnels Il me semble en tout cas que la d rive actuelle de la sociologie de l acteur volue vers une sociologie de l existence CRESPI 1992 sans consistance scientifique qui va m me parfois jusqu r habiliter l intui tion comme approche syncr tique de la r alit sociale FOURASTI 1992 A ce stade de d liquescence il ne s agit plus d une opposition stimu lante entre paradigmes concurrents mais de la dissolution pure e
80. d j in gaux devant elle Ce qui m am ne donc un dernier regard sur les in galit s de r ussite l cole non plus en termes de retard mais en termes d limination selon l origine sociale Tableau II Ce tableau pr sente le taux d l ves de chaque CSP ayant disparu du cycle d enseignement g n ral entre la 6 me et la terminale en totalisant chaque tape les nouvelles liminations et les liminations ant rieures 83 La reproduction existe je l ai rencontr e J ai soulign par des caract res gras la classe partir de laquelle a disparu la majorit des l ves d une CSP donn e L encore le cursus nor mal c est dire l acc s en terminale n est normal que pour les enfants de cadres sup rieurs Pour toutes les autres CSP sans exception l acc s en terminale est minoritaire si l on excepte les divers les ouvriers se retrouvent nouveau au bas de l chelle l oppos des cadres Le palier de scolarisation apr s lequel ils disparaissent en majorit est la classe de 4 me La m me chose peut tre constat e pour les employ s et les agriculteurs tandis que pour les chefs d entreprise la classe fatidique est plut t la 3 me et pour les professions interm diaires la seconde Tableau III Acc s en terminale obtention du baccalaur at ou limination hors du cycle d enseignement g n ral selon la CSP d origine des l ves Panel 1972 73 74 suivi sur 11 ans Derni re
81. de l volution des taux d acc s sur laquelle je reviendrai plus loin partir de l observation des trois cohortes suivies nationalement Je vais donc m arr ter sur une analyse plus pr cise de l tat du syst me un moment donn qui se situe environ 20 ans apr s les c l bres analyses des auteurs de La reproduction Le tableau I pr sente alors le bilan scolaire d ensemble calcul par mes soins de toute la g n ration rentr e en 6 me en 1972 1973 ou 1974 20 Ces l ves recrut s comme redoublants n appartiennent pas aux 3 cohortes tudi es et doivent donc tre limin s des tris Leur effectif n est pas n gligeable puisqu ils sont au nombre de 2 015 c est dire qu ils repr senteraient une augmentation de 5 4 par rapport l chantillon normal Mais l erreur qui consisterait les prendre en compte d un bout l autre de l analyse n est rien en comparaison de celle qui consiste les prendre en compte seulement certaines phases du calcul 71 La reproduction existe je l ai rencontr e Tableau I Retard et limination des l ves entre la 6 me et la terminale Panel 1972 73 74 suivi sur 11 ans r T S _ a S a Classes Effectif d l ves Passent en Quittent le cycle long Retard chez les l ves l entr e sans classe en de la 6 me 23 limin s retard 21 suivante22 6 me 37437 52 5 36115 1322 35 1217 921 5
82. de p dagogie 78 janvier mars 86 108 DEROUET Jean Louis 1988 D saccords et arrangements dans les coll ges 1981 1986 Revue fran aise de p dagogie 83 5 22 DEROUET Jean Louis 1992 cole et justice De l galit des chances aux compromis locaux Paris M taili 153 Bibliographie DUBET Fran ois 1989 Immigrations qu en savons nous Un bilan des connaissances Notes et tudes documentaires 4887 d cembre DUBET Fran ois 1991 Les lyc ens Paris Seuil DURKHEIM mile 1894 Les r gles de la m thode sociologique Paris PUF 16 me dition 1967 DURKHEIM mile 1922 ducation et sociologie Paris PUF 5 me dition 1985 DURKHEIM mile 1938 L volution p dagogique en France Paris PUF DURU BELLAT Marie 1988 Le fonctionnement de l orientation Gen se des in galit s sociales l cole Lausanne Delachaux amp Niestl DURU BELLAT Marie 1989 Orientation en fin de 5 me et fabrication des carri res scolaires Psychologie fran aise 34 4 d cembre 247 254 DURU BELLAT Marie amp HENRIOT VAN ZANTEN Agn s 1992 Socio logie de l cole Paris Armand Colin DURU BELLAT Marie amp MINGAT Alain 1985 1988a 1992 De l orientation en fin de 5 me au fonctionnement du coll ge Dijon Cahiers de l IREDU 45 48 51 DURU BELLAT Marie amp MINGAT Alain 1988b Le d roulement de la scolarit au coll ge le contexte fait des diff rence
83. demander quelles consid rations et quels int r ts ob issent les statistiques produites par la DEP Je pr ciserai que dans mon esprit il ne s agit pas de faire de d plaisants proc s d intention mais beaucoup plus l gitimement de se deman der quelle est la neutralit sociale des statistiques officielles Si des indices officiels tels que celui de la hausse des prix ou du taux de ch mage sont parfois l objet d un vif d bat social c est qu apparaissent en pleine lumi re les enjeux politiques et id ologiques et point encore plus sensible les enjeux conomiques et sociaux qui se cachent der ri re la pr tendue neutralit de la statistique administrative Dans le cas pr sent il faut voir que la question du bilan imputable dix ann es d action d un pouvoir socialiste ne peut pas tre tranch e par les indicateurs conjoncturels Quant l indicateur longitudi nal il permettrait seulement de constater que pour la g n ration entr e en 6 me en 1980 et suivie jusqu en 1989 on n observe aucune acc l ration de la tendance ant rieure si du moins il tait l gitime d tablir une tendance partir de deux observations et si la tendance ant rieure tait mesur e par des indicateurs pertinents 71 La reproduction existe je l ai rencontr e toute sa pr cision et son int r t l information apport e Or on peut con tester dans ces conditions le choix de 1989 fin du suivi plut t que 1987 premi re
84. e les enseignants ne sont que les agents d un syst me qui les d termine totale ment leur tude peut la limite sembler sans int r t par rapport celle du syst me global J ai donc cherch d s mes premiers travaux L GER 1981 1982 1983 et 1984 viter une conception aussi r ductrice Mais je ne voulais pas pour autant tomber dans un exc s inverse et faire de l enseignant le 35 A la recherche des paradigmes perdus centre du syst me le moteur premier de la division sociale l cole Si l on s en tient l attitude de recherche et que l on carte les conclusions une telle conception m aurait ramen aux postulats de certains courants de la recherche en ducation comme l ethnologie de l ducation aux tats Unis ou l interactionnisme symbolique qui se fondent sur des tudes microsociologiques men es l chelle de la classe ou m me d un sous groupe encore plus restreint et d crivent l enseignant non comme un agent mais comme un acteur disposant d une autonomie d autant plus grande que l on a d lib r ment cart du champ de la recherche l ensemble des d ter minants sociaux ext rieurs la situation observ e Cette seconde optique me paraissait encore moins satisfaisante que la premi re mais la confron tation des deux montrait qu il y avait certainement apprendre dans l tude sociologique des enseignants de leurs comportements et attitudes du r le qu ils jouent en bref da
85. e 14 1 des tudiants alors qu ils sont plus de 41 dans les classes d ge concern es Si maintenant on laisse de c t la question du taux d acc s de chaque CSP l universit et que l on regarde dans quelles disciplines s inscrivent les tudiants selon leur origine sociale on constate l aussi de profondes disparit s Une fois de plus cadres sup rieurs et ouvriers s opposent peu pr s sur tout plus forte pr sence des cadres en Droit contre plus forte pr sence des ouvriers en Lettres mais surtout sur repr sentation des cadres contre sous repr sentation des ouvriers dans les disciplines m dicales M decine Pharmacie Odontologie et sur repr sentation des ouvriers contre sous repr sentation des cadres dans les IUT 32 La DEP cite un taux de 40 d enfants de cadres et de 6 d enfants d ouvriers chez les l ves des classes pr paratoires partir d une enqu te men e sur 3 acad mies mais d clare ne disposer d aucune statistique nationale 88 Alain L ger On voit donc se confirmer massivement deux types d in galit s in galit du taux d acc s l universit et in galit des types d tudes suivies De plus une troisi me in galit pourrait tre d montr e mais elle supposerait un autre tableau dont les donn es ne sont pas pr sent es ici les in galit s de la dur e du parcours universitaire En effet si l on tudie s par ment chaque cycle on voit que la part des cadres sup r
86. e choix et de d cisions qui en th orie du moins pourraient tre diff rents de ce qu ils sont en pratique Est ce dire que nous rencontrons dans cette zone la fameuse libert de l acteur Oui si l on consid re que formellement ces choix ne sont pas contraints qu ils pourraient tre invers s qu ils sont d ailleurs invers s chez une toute petite minorit d acteurs Mais la r ponse sera n gative si l on consid re la sorte d harmonie pr tablie qui existe entre les structures de domination et les choix r put s libres des acteurs De quelle sorte de libert moutonni re peut il s agir lorsque les individus pousent sans effort et pour certains sans m me le savoir les mod les dominants Pour exprimer cette id e de fa on plus l gante demandons nous avec BOURDIEU et 106 Alain L ger PASSERON 1970 o se niche la libert dans ce syst me des relations circulaires qui unissent structures et pratiques par la m diation des habitus comme produits des structures producteurs des pratiques et repro ducteurs des structures Et m me si l on reconnaissait aux enseignants en mesure de choisir leur poste une libert au moins formelle ou potentiel le que dire alors de ceux qui n ont pas le choix les enseignants plus jeunes et moins grad s et surtout tout au bas de l chelle sociale les l ves de milieu populaire et leurs familles Ce d bat sur la libert peut tre consid r comme une
87. e conception non contradictoire non conflictuelle d acteurs rationnels isol s pour qui cha que jour serait le premier matin du monde et qui construiraient dans leur interaction du sens partir de rien N est ce pas l qu est le v ritable fixisme de la pens e la v ritable incapacit rendre compte du change ment social et historique L volution de la connaissance sociologique telle que je l envisage rev t donc ins parablement deux aspects qui ne sont qu en apparence contradictoires c est dire qu ils ne le sont pas scolastiquement mais dialectiquement d couverte des lois qui d terminent les groupes humains et interpr tation non fataliste de ces lois C est pourquoi ratta chant mes propres recherches ce double mouvement j ai toujours fait de la lutte contre tous les fatalismes une composante indispensable du mouve ment de progr s dans la connaissance des d terminants sociaux Qu on veuille bien envisager seulement cette s quence dans l explication des checs scolaires le fatalisme des dons se voit remplac par le fatalisme du handicap socioculturel lequel se voit remplac son tour par le fatalisme structuraliste que certains cherchent remplacer par un fatalisme de l in galit Si le fait de pr senter ainsi l volution des probl matiques semb le rendre d risoires les progr s th oriques qui se sont op r s puisqu chaque avanc e se mettrait en place un nouveau type de fatalisme qui p
88. e dans l hyper empirisme ou dans l une des formes de cet cum nisme distingu qui salue d un coup de chapeau les diff rents auteurs qui multiplie force r f rences voire r v rences pour finalement les renvoyer dos dos le fin du fin consistant ne jamais choisir et planer au dessus de la m l e en se faisant passer pour un observateur impartial De telles attitudes sont la fois conformes la tradition universi taire son illusion d autonomie vis vis du mouvement social et l habitus du chercheur qui doit sa position interm diaire ni bourgeois ni 15 Introduction prol taire ces postures mentales assises entre deux chaises Ce qui le conduit des gesticulations sans doute inconfortables mais dans lesquelles il trouve aussi avec une d lectation sans cesse renouvel e la preuve de son objectivit et la confirmation que prendre parti c est tre de parti pris Pour ma part sans chercher cacher que je suis un pur produit de cette tradition et que je reproduis dans mes pratiques cet habitus j ai pr f r malgr tout un autre type d inconfort celui qui consiste s engager donc choisir son camp Et tant qu faire pour que le jeu en vaille la chandelle et soit stimulant autant ne pas choisir le camp gagnant autrement dit le camp des dominants Dans le chapitre IL j ai donc tent cette entreprise en partie impos sible car toujours partielle et inachev e qui cons
89. e des r ussites des l ves d origines fran aise et trang res r ussites aux preu ves standardis es propos es en fin de cinqui me et comparaison avec les r sultats observ s l entr e en sixi me admissions en quatri me et r parti tion selon les options autres orientations vers les enseignements courts et r partition selon les voies de pr paration des CAP redoublements et sorties de cohorte sorties du syst me ducatif ou d parts dont la fiche 134 Alain L ger de suivi devrait aider conna tre les raisons vers d autres tablisse ments publics ou priv s Les orientations des l ves redoublant la sixi me ou la cinqui me seront tudi es apr s leur sortie de cinqui me juin 1992 sauf pour les l ves qui auraient effectu plus d un redoublement ce qui sera contr l Enfin le suivi de la cohorte ayant accompli un cycle en trois ans sortie de cinqui me en juin 1992 rendra possible la m me analyse des r sultats et du devenir des l ves l issue imm diate de ce cycle ainsi que l valuation compar e des deux modalit s du cycle d observation On comparera ainsi les r sultats observ s et les orientations obtenues niveaux scolaires d entr e quivalents et pour des groupes sociaux d ori gines fran aise et trang res comparables selon que ces l ves ont t scolaris s en deux ans sans redoublement en trois ans avec redoublement ou dans le cadre de la mise en
90. e les premiers ont multipli leurs chances par 8 6 tandis que les seconds ne les ont m me pas multipli es par deux Dans le cas du tableau V les ouvriers voient leur taux d acc s se multiplier par 2 5 et les cadres seulement par un coefficient de 1 5 C est par exemple une analyse de ce type qui a t mise en uvre par BOUDON 1973 ce qui lui permettait de conclure une incontestable 125 Unit d approche et diversit des m thodes tendance la r duction de l in galit des chances On sait que cette incontestable tendance a pourtant t contest e partir des donn es m mes de l auteur puisque l observation des carts sociaux pris en valeur absolue se pr te une conclusion inverse On pourrait alors rejeter cette objection comme tant un sophisme en faisant remarquer qu il est d autant plus facile de multiplier un score que ce score est faible et qu la limite un groupe partant de z ro verrait la plus infime progression sanctionn e par un coefficient de grandeur infinie Mais mieux vaut prendre cette objection au s rieux pour consid rer ce qu elle peut apporter et voir pr cis ment o elle est d faillante L int r t de cette objection est qu elle nous conduit mieux int grer dans notre analyse l id e qu il y a eu progr s du taux d acc s pour tous id e qui se trouve un peu dissimul e par le constat de la permanence voire de l augmentation des carts Mais le reproche que l
91. elevant du Minist re de la Sant 86 767 l ves et ceux relevant du Minist re de l agriculture 42 715 l ves de premier cycle Il est certain que tous ces l ves chappent un chantillonnage fond unique ment sur la classe de 6 me A quoi il faudrait ajouter sans doute une partie de ceux qui fr quentent les structures mi chemin entre l enseignement sp cial et l enseignement professionnel CPPN et CPA 968 000 l ves CEP l effectif m est inconnu ou celles qui sont mi chemin entre l enseignement professionnel et la vie active CFA 221 459 l ves rien que pour le niveau CAP 76 Alain L ger et ils sont nombreux 20 mais ne pas les exclure ensuite du total des baccalaur ats obtenus c est dire les placer au num rateur mais pas au d nominateur de la fraction calculant le taux de r ussite Ainsi s explique sans doute le fait que mes propres tris informatiques du panel 1972 73 74 dont je suis s r pour les avoir programm s personnellement de fa on avoir un r sultat r ellement longitudinal donnent comme on va le voir des r sultats inf rieurs d environ 8 ceux publi s par la DEP partir du m me chantillon en terme de taux d acc s en terminale et de r ussite au baccalaur at 2 Un tat transitoire du syst me mes propres r sultats Ayant montr pourquoi le longitudinal est pr f rable toute autre approche je laisserai provisoirement de c t la question
92. elles on peut citer dans la p riode r cente celles de DANDURAND amp OLLIVIER 1987 DURU BELLAT amp HENRIOT VAN ZANTEN 1992 FORQUIN 1979 1982 1983 1984 et 1989 HENRIOT VAN ZANTEN 1983 et 1991 ISAMBERT JAMATI 1972 L GER 1986 chap 1 et 1991 PATY 1987 PERRENOUD 1985 23 A la recherche des paradigmes perdus PLAISANCE 1989 TROTTIER 1987 ainsi que le rapport CARRAZ ISAMBERT JAMATI 1983 ou encore un ouvrage collectif tel que L tat des sciences sociales 1988 3 Je me bornerai simplement esquisser grands traits quelques volutions significatives Encore cette esquisse sera t elle tr s subjective puisque c est travers le prisme d formant de mon propre itin raire que j envisagerai les choses Je me limiterai donc resti tuer ici les paradigmes dominants et les cadres th oriques qui ont marqu ma d marche personnelle et aliment ma r flexion En quelque sorte il s agit pour moi de pr senter et de r sumer l h ritage dont mes recherches ont b n fici Pour BOURDIEU et PASSERON le syst me scolaire est un m canisme de socialisation qui reproduit les normes des classes dominantes Cette reproduction 1970 remplit en m me temps une fonction interne de reproduction culturelle et une fonction externe de reproduction sociale Car les diff rentes classes sociales ne sont pas galit devant cette fonction normative de l cole Chacune est dot e d un habitus de
93. elles perspectives sesesssssssssssssssssssereesssee 136 L efficacit des ENSCIBNANLSS RNA RES 138 Projet de formation doctorale ssseseseeeeeseseesseeeesssreesserrssesreesseeess 145 Conclusion EEE RE DE LU Bibliographie des travaux cit s eesosessoessecesoeesocesocessceesoessosesocesseesssee 151 Index des auteurs et noms propres ssessssssssocecessoocececsesooeessssseoseesssssee T L Index concepttelsssssssissssssssuisssssssissessssessosssssssssosssssssososscssinossecsscss ssssssssse L J Alain L ger Travaux pr sent s 1 Ouvrages L GER Alain Enseignants du secondaire pr face de Viviane ISAMBERT JAMATI Paris PUF coll L ducateur 88 1983 256 p L GER Alain TRIPIER Maryse Fuir ou construire l cole populaire Paris M ridiens Klincksieck coll R ponses sociologiques 1988 1 re d 1986 207 p LANGOU T Gabriel amp L GER Alain Public ou priv trajectoires et r ussites scolaires postface de Claude LELI VRE La Garenne Colombes ditions de l Espace europ en ditions Publidix 1991 188 p 2 Chapitres d ouvrages collectifs HENRIOT VAN ZANTEN Agn s amp L GER Alain Nouvelles perspec tives dans l tude des rapports entre l cole et le milieu local in ric PLAISANCE d L chec scolaire nouveaux d bats nouvelles approches sociologiques Paris ditions du CNRS 1985 17 24 L GER Alain tre social et positi
94. ens commun ne constitue pas r ellement une nouveaut pist mologique puisqu il est d j pr sent chez DURKHEIM 1922 lorsqu il affirme par exemple L ducation a infiniment vari selon les temps et selon les pays Il n est pour ainsi dire pas de soci t o le syst me d ducation ne pr sente un double aspect il est la fois un et multiple Il est multi ple En effet en un sens on peut dire qu il y a autant de sortes diff rentes d ducation qu il y a de milieux diff rents dans cette soci t Aujour d hui encore ne voyons nous pas l ducation varier avec les classes sociales ou m me avec les habitats Celle de la ville n est pas celle de la campagne celle du bourgeois n est pas celle de l ouvrier L essentiel de l h ritage dont j ai b n fici pourrait alors se r sumer par trois formules l cole reproduit l cole divise l cole est un lieu de conflits Comme toutes les formules celles ci pr sentent l avantage de clarifier l expos en le r sumant mais courent le risque d tre r ductrices en fonctionnant la mani re de slogans C est peut tre ce risque que n ont pas vit les th ories de la reproduction victimes en quelque sorte de leur succ s et s appauvrissant en contenu au fur et mesure qu elles se vulgari saient 29 A la recherche des paradigmes perdus Si comme je viens de le faire on ne se contente pas de rester la surface des notions 1l faut tout
95. ent ce niveau et notamment le redoublement du cours pr para toire est d terminant pour les chances de poursuite des tudes 93 des l ves redoublant le CP n iront pas en seconde Il a m me t d montr que le redoublement du CP engendrait une stagnation voire une diminution des performances qui a t qualifi e de d sapprentissage par rapport des l ves de m me niveau scolaire n ayant pas redoubl SEIBEL 1984 Bref l enseignement secondaire est devenu plus accueillant envers les l ves l ge normal mais plus rigoureux avec les l ves en retard qui sont par ailleurs issus des classes populaires L aussi on peut constater que le syst me scolaire ne s est pas d mocratis et que les volutions constat es vont dans le sens de la reproduction sociale Cette fonction de tri social reste inchang e mais l volution des crit res de tri montre bien qu il y a un processus actif mis en uvre et cr par l cole et non un simple enregis trement d in galit s qui seraient ext rieures et pr existantes J voquais plus haut le retour l acteur s accompagnant d une critique du fonctionnalisme On pourrait tout aussi bien dire au vu des travaux r cents qui viennent d tre cit s qu il y a un nouveau retour de balancier vers des tudes globalisantes mais qui ont toutefois b n fici de ces critiques et visent affiner les cadres th oriques de la reproduction en se d barrassant de l
96. ent de pouvoir comprendre le change ment social qui s il ne trouve videmment pas sa source premi re dans les consciences et les actions individuelles passe n anmoins obligatoirement par elles pour se r aliser en tant qu histoire humaine Les groupes sont en effet porteurs d intentions de valeurs et d id ologies g n ratrices de pratiques et que j ai toujours tent d tudier dans leurs rapports avec le 103 La reproduction existe je l ai rencontr e syst me global J ai donc limin la fois l approche subjectiviste et un objectivisme trop structuraliste d bouchant sur une action sans agent Dans cette nouvelle approche les concepts utilis s sont compl men taires et ne varient que selon l angle d attaque du probl me Prenons l exemple des familles selon la probl matique du chercheur et son orienta tion elles peuvent tre tudi es soit dans la terminologie des acteurs soit dans celle des structures Si l on tudie les rapports des familles avec l insti tution scolaire comme nous l avons fait par exemple propos de leurs strat gies d vitement des tablissements scolaires L GER amp TRIPIER 1986 c est tout naturellement le langage de l acteur qui sera adopt Par contre si l on tudie les familles en tant qu instance de socialisation puisque la reproduction sociale passe aussi par cette institution qu est la famille on sera amen n cessairement les ranger du c t des struct
97. eproduction existe je l ai rencontr e Il faut donc souligner les limites inh rentes toute comparaison dans le temps et dans l espace critique dont certains aspects ont t rappel s r cemment de fa on tout fait pertinente propos de la notion de d mocratisation DURU BELLAT amp MINGAT 1992 Si les crit res de r f rence changent avec le temps et c est presque toujours le cas alors que mesure t on l volution d un ph nom ne ou l volution de la mesure Bien s r il me semble que cette critique ne doit pas tre pouss e l exc s et conduire un agnosticisme qui d cr terait le monde social inconnais sable Mais un tel danger est loin de menacer les statistiques officielles qui sont g n ralement aur ol es d une neutralit rarement remise en question cr dit es d une fiabilit toute preuve et qui courent donc plus que les autres le risque de s assoupir sur de na ves certitudes en oubliant tout ce qu un r sultat doit ses modes de construction Or si l on admet qu une mesure d ficiente est pr f rable l absence de mesure ce ne peut tre qu condition d en conna tre les limites et d en relativiser les interpr tations En d finitive je voudrais montrer ici partir de quelques exemples que l augmentation des taux de scolarisation a t dans la derni re p riode certainement moindre que celle annonc e officiellement et que dans la recherche d une meilleure fid lit les
98. es quant au recueil de l information tant est forte la solidarit d une caste ayant appris de longue date d jouer de telles trahisons en se donnant complaisamment voir comme un groupe victime tant s est aguerrie galement la capacit d noncer et protester publiquement s il le faut de la part d acteurs qui ont l habitude de se poser en sujets et de r cuser comme ill gitime toute tentative d objectivation C est ainsi que toute investigation centr e sur les fonctions sociales exerc es par les enseignants passe aux yeux de beaucoup pour un proc s 120 Alain L ger in l gant voire inacceptable Si bien que le chercheur se sent parfois contraint de pr senter des excuses l instar d ALTHUSSER 1970 J en demande pardon aux ma tres qui dans des conditions pouvan tables tentent de retourner contre l id ologie contre le syst me et contre les pratiques dans lesquelles ils sont pris les quelques armes qu ils peuvent trouver dans l histoire et le savoir qu ils enseignent Ce sont des esp ces de h ros Pour ma part je constate que les chercheurs ne s excusent jamais aupr s de la classe ouvri re lorsqu ils enqu tent sur elle et ne vois pas pourquoi il faudrait proc der autrement dans le cas des classes dominantes A titre d exemple pris parmi bien d autres la publication des r sultats de mon enqu te Gennevilliers a entra n la riposte du SNI PEGC publiant son tour dans l
99. es de recherche typologie On pourra alors d crire et analyser en fonction d une configura tion locale de l offre scolaire les demandes et les strat gies des familles y compris l int rieur d un m me secteur d enseignement L efficacit des enseignants L tude portant sur les l ves trangers dans les cycles am nag s effectu e dans le cadre du contrat avec la DEP m am ne actuellement travailler sur une base de donn es tr s importante que je souhaite utiliser des fins de recherche nouvelle Cette recherche portera sur l efficacit de l enseignant Le th me quoique capital surtout en une p riode o l on r forme la formation des ma tres est en effet encore mal explor Il a fait d j l objet de plusieurs recherches surtout anglo saxonnes dont les r sultats sont souvent contra dictoires entre eux Comme le montre notamment CHERKAOUI 1979 la seule certitude qui semble se d gager jusqu pr sent est n gative ce ne sont pas les crit res officiels de la comp tence anciennet dur e de la formation grade de l enseignant jugement port par les sup rieurs hi rar chiques qui permettent de rendre compte de diff rences syst matiquement mesurables dans l efficacit de l enseignant Pour une part au moins on peut penser que les contradictions entre ces diff rentes recherches tiennent d une part aux indicateurs retenus pour caract riser l efficacit ou la comp te
100. est pas de se demander comme le font spontan ment les tudiants s il y a manipulation mais de savoir si l un des deux graphiques est plus vrai que l autre ou s il faut les rejeter tous les deux 68 Alain L ger Or la r ponse donner est ici tr s claire Comme il n y a pas d talon standard pour construire l chelle des axes on pourrait laisser libre chacun de faire ce qui lui pla t mais alors ce serait accepter que les repr sentations graphiques ressemblent ces miroirs d formants qui rendent volont ob se ou squelettique et transforment les nains en g ants ou vice versa Ce serait r voltant pour l esprit et dangereux pour la cr dibilit de la recher che Il y a donc tout lieu d en tirer une r gle m thodologique simple de m me qu un pourcentage de par son caract re relatif ne devrait jamais tre donn sans l effectif de r f rence de m me une repr sentation graphique qui est doublement relative puisqu elle l est dans ses deux dimensions ne convient que dans une optique comparative comparaison d au moins deux variables deux types de mesures deux volutions qui alors sont prises en compte non pour leur valeur absolue mais pour leurs diff rences relatives et de surcro t ne devrait jamais elle non plus tre pr sent e sans les donn es qui l tayent Mais laissons de c t les pi ges inh rents la pr sentation graphique de donn es qui sont en fin de compte les m mes Ce
101. eut tre interpr t comme une stagnation voire un recul il faut souligner aussi 115 La reproduction existe je l ai rencontr e que chaque destruction des modes de pens e fatalistes ant rieurs me para t en soi positive Car en quelque sorte elle montre que le fatalisme n est pas fatal 116 Alain L ger CHAPITRE lI Unit d approche et diversit des m thodes Comment expliquer mieux la compl mentarit des m thodes et le profond cum nisme m thodologique qui m anime qu en d crivant rapi dement mon propre cheminement travers une diversit d instruments et une multiplicit d approches J ai commenc mes activit s de chercheur par une enqu te sur dossiers men e l chelle nationale et concernant les changements de poste de plus de 4 500 professeurs Parall lement je retraitais les donn es existantes relatives au sfatus social de l enseignant et j analysais les r ponses un questionnaire auquel avaient r pondu plus de 200 parmi eux Puis la logique de mes questionnements et l opportunit d une deman de municipale m amenaient descendre au niveau local pour observer la mise en place d une ZEP Pendant un an sur ce terrain j ai pu avec Maryse TRIPIER multiplier les observations questionnaires et entretiens approfondis aupr s de l ensemble des partenaires analyse de contenu des projets d tablissement analyse statistique des retards scolaires dans les coles du quartie
102. h un autre ordre de d terminants Sa libert que l on exalte est en r alit soumission d autres types de lois la culture devient nature humaine et le social va m me parfois jusqu s effa cer devant le biologique Ainsi le self interest n est au fond que la version 112 Alain L ger humanis e d une sorte d instinct de conservation voire de loi du plus fort qui nous rattacherait au r gne animal Quant la sociobiologie elle pr tend d crire les soci t s humaines en s appuyant sur les mod les th o riques de la biologie Mais ces d n gations de la sp cificit du fait social parfois justifi es par la pr occupation lib rale de mieux comprendre l ini tiative et la libert humaines apportent elles au moins sur ce plan un suppl ment d me par rapport aux autres approches A mon sens il n en est rien Car les lois qui vont tre recherch es hors de la sph re du social nous ram nent en r alit un d terminisme impla cable qui ne laisse aucune place cette fameuse libert et interdisent tota lement de comprendre le changement social La pr tendue loi de l int r t individuel en tant que principe transcendant universel et anhistorique choue en premier lieu rendre compte d un certain nombre de r alit s sociales telles que le changement et commencer par le changement historique des valeurs qui fondent cet int r t Ainsi BOURDIEU 1980 n a certainement pas tort de montre
103. ice for Department of Health Education and Welfare Collectif 1988 L tat des sciences sociales Paris La D couverte COLL GE DE FRANCE 1985 Propositions pour l enseignement de l ave nir Rapport au Pr sident de la R publique Paris La Documentation fran aise COMBESSIE Jean Claude 1984 L volution compar e des in galit s Probl mes statistiques Revue fran aise de Sociologie XXV n 2 COULON Alain 1987 L Ethnom thodologie Paris PUF Que sais je CRESPI Franco 1992 Sociologie postmoderne sociologie de l existence Soci t s 35 75 84 CROZIER Michel amp FRIEDBERG Erhard 1977 L acteur et le syst me Paris Seuil DANDURAND Pierre amp OLLIVIER mile 1987 Les paradigmes perdus essai sur la sociologie de l ducation et son objet Sociologie et soci t s XIX n 2 octobre 87 101 DEP 1990 Rep res et r f rences statistiques sur les enseignements et la formation Vanves Minist re de l ducation nationale DEP 1992a L origine sociale des tudiants 1960 1990 Vanves Minis t re de l ducation nationale et de la culture Note d information 92 39 octobre DEP 1992b 30 indicateurs sur le syst me ducatif L tat de l cole 2 Vanves Minist re de l ducation nationale et de la culture octobre DEROUET Jean Louis 1987 Une sociologie des tablissements scolai res les difficult s de construction d un nouvel objet scientifique Revue fran aise
104. id e que le syst me scolaire fonctionne comme un appareil bien huil d o sont vacu es toutes les contradictions qui produit et reproduit la division sociale parce qu il est fait pour cela et sans que l on voie clairement la possibilit d une trans formation de ses fonctions C est le sens de la critique d velopp e par SNYDERS 1976 lorsqu il insiste sur le fait que la lutte des classes traverse aussi l cole 31 A la recherche des paradigmes perdus Au fond les postulats de DURKHEIM n avaient t compl t s par ceux de MARX qu en apparence seulement ou tout au moins superficiellement Chez BOURDIEU et PASSERON la lutte des classes se r sume finalement une lutte des classements Et dans les premiers ouvrages de BAUDELOT et ESTABLET elle ressemble une rh torique ayant belle allure certes mais quelque peu abstraite et fig e et sortie tout droit d un petit livre rouge Paradoxalement l volution le devenir l histoire et donc la dialectique sont encore moins pr sents chez certains de ses successeurs que chez DURKHEIM lui m me m me lorsqu ils se r clament de MARX En effet l oppos d un mat rialisme r ducteur et anhistorique MARX nous invite dans sa troisi me th se sur Feuerbach ne pas oublier que l histoire r sulte de l action humaine La doctrine mat rialiste qui veut que les hommes soient des produits des circonstances et de l duca tion que par cons quent des h
105. ie autocr a trice qui am nent la r alit scolaire se conformer aux st r otypes et aux images pr construites des usagers pouvoir mettre en vidence des contre exemples dont la vertu antifataliste est vidente en m me temps qu ils permettent de comprendre l une des voies du changement social Par exemple montrer que l immeu ble le plus r ussissant du quartier est aussi le plus insalubre le plus d gra d celui o les conditions de logement sont les plus mauvaises et gale ment celui qui abrite le plus d trangers ce n est certainement pas d couvrir un ph nom ne g n ralisable Mais c est montrer l inanit d un fatalisme sociologique bon march qui s abrite derri re des g n ralisations statisti ques mal comprises De la m me fa on tablir partir du simple exemple de deux tablissements que l cole aussi produit l chec ce n est certaine ment pas r futer le rapport COLEMAN qui se basait sur 650 000 observa tions Mais c est d j branler les postulats non d montr s qui tayaient les interpr tations de ce rapport et appeler un n cessaire suppl ment d enqu te 118 Alain L ger Affinement de certaines interpr tations remise en question de certai nes autres laboration de nouvelles hypoth ses qui appellent de nouveaux moyens d investigation comme on le voit une approche locale et plus qualitative offre un bilan non n gligeable mais bien s r condition
106. ieurs ne cesse d augmenter du 1 au 3 M cycle tandis qu l inverse la part des ouvriers d j tr s faible ne cesse de s amenuiser Sans n gliger le fait que la p n tration des classes populaires l uni versit s est l g rement accrue dans les derni res d cennies car je vais revenir sur cette question les constats essentiels que l on peut faire 20 ans apr s confirment donc tr s largement et sur de nombreux plans les analyses men es l poque par les th oriciens de la reproduction 3 L augmentation des in galit s Pour conclure j voquerai enfin la question essentielle laquelle je n ai pas r pondu jusqu ici la d mocratisation de l enseignement sera t elle r alis e si un jour on parvient amener 80 voire 100 d une classe d ge en terminale Cette question pour tre trait e avec un minimum de pertinence suppose d abord que l on d finisse la d mocratisation comme la r duction des carts sociaux de r ussite et d acc s donc en r f rence l origine sociale des l ves et pas seulement comme un simple objectif quantitatif massification ou augmentation des flux un niveau Les donn es pr sent es jusqu ici n avaient pour but que de permettre de faire le point sur ces deux l ments et de voir o nous en sommes en termes d aug 89 La reproduction existe je l ai rencontr e mentation des flux inf rieure celle estim e par les coupes annuelles et en termes d ca
107. if de prendre des crit res de r ussite ext rieurs l enseignement consid r Mais une valuation externe du type de celle qui a t men e par Viviane ISAMBERT JAMATI 1984 lorsqu elle a confront les r sultats en fran ais au baccalaur at et les caract ristiques des enseignants de l ann e consid r e est ici impossible faute de donn es L ext riorit ne pourra tre obtenue qu en prenant des crit res d valuation d cal s dans le temps c est dire la fois ant rieurs et post rieurs je proc derai ainsi en contr lant le retard et le niveau des l ves avant l entr e en 6 me le niveau en fin de 6 me les redoublements ult rieurs et les orientations jusqu la 4 me 142 Alain L ger Je souhaite notamment pouvoir v rifier qu niveau scolaire identique au d part la r ussite scolaire des enfants d ouvriers est meilleure avec des enseignants jeunes et moins dipl m s tandis que celle des enfants de cadres sup rieurs l est avec des enseignants plus g s et d un grade plus lev Cette hypoth se serait conforme aux analyses d velopp es par CHERKAOUI La r ussite scolaire des l ves en g n ral mais encore plus lors qu il s agit des enfants des classes populaires est meilleure avec des enseignants positifs dans leurs jugements et optimistes quant l avenir scolaire des l ves A titre d information signalons que les premiers tris font appara tre un pessimisme assez g n
108. ils beau jeu de remarquer que l imprudence de leur formulation hyperbolique est temp r e par des r serves prudentes qui mettent en garde vis vis des m taphores et les tiennent distance comme en quelque sorte si bien que le lecteur aurait tort de consid rer la parabole de l ternel retour comme un concept sociologique D autant que la phrase commence par cette restric tion capitale aussi longtemps que rien ne vient troubler Mais cette restriction pr cis ment pose probl me en rejetant l histoire dans une position d ext riorit par rapport au syst me en la pr sentant comme un deus ex machina dont les interventions capricieuses peuvent perturber ou non et de fa on impr visible le fonctionnement en vase clos du syst me scolaire on r affirme certes face l illusion p dagogique sans cesse renaissante d une cole lib ratrice que la r volution ne se fera pas par l cole Mais on induit aussi une repr sentation fausse des rapports entre le syst me d enseignement et la soci t globale la richesse potentielle du concept d autonomie relative se dissout alors dans une illusion simpliste d autonomie absolue laissant place par coups et sans qu on nous expli que pourquoi une d pendance presque aussi absolue 33 A la recherche des paradigmes perdus Bien s r nul ne peut reprocher aux sociologues de ne pas faire uvre d historiens Peu d entre eux seraient l abri d une te
109. indicateurs longitudinaux ont une incontestable sup riorit sur les indicateurs transversaux Ce qui clairera mais ne r glera pas la question de fond sur laquelle il me faudra revenir ensuite o en est la reproduction o en est la d mocratisation par exemple les ch meurs qui pourtant font partie de la population active semblent rang s dans une cat gorie fourre tout en compagnie des parents d c d s ou non respon sables et des inactifs au lieu de l tre dans leur cat gorie d origine 66 100 0 90 0 80 0 70 0 60 0 50 0 40 0 30 0 20 0 10 0 0 0 1969 Alain L ger 1 Comment on fabrique de la d mocratisation scolaire Une illustration int ressante de cet cart entre les m thodes transversale et longitudinale est involontairement fournie par un document statistique publi par le Minist re DEP 1990 A la page 123 est pr sent un graphique refl tant l volution du taux d acc s annuel au niveau du baccalaur at Muni d un papier millim tr j ai pu retrouver les pourcenta ges ayant permis d laborer ce graphique que je restitue ci dessous Figure 1 Figure 1 Evolution du taux d acc s annuel au niveau du 2 baccalaur at O m N m LN O e O Co N m LN O co co co co co co e e e e e e e e e e e e e e e e e en en en en mal aml ami en en mal en as as aml as
110. ioriser Les autres c est dire les enfants des classes populaires et un degr bien moindre ceux des classes moyennes ou interm diaires sont rel gu s dans des sections d valoris es Sur eux s exerce une violence symbolique autrement dit l inculcation d une culture arbitraire qui n est pas la leur mais celle de ceux qui d tiennent le pouvoir pouvoir qui est lui m me arbitraire au sens de non n cessaire Cette violence est symbolique en ce sens que la domination s exerce en douceur qu elle rev t la forme de la persuasion et de l inculcation id ologique plus que celle de la coercition de la contrainte et de la r pression En r sum le travail de s lection de l cole op re le tri suivant aux h ritiers le capital culturel et les positions socia les dominantes quant aux autres l enjeu est de les persuader qu ils sont indignes et incapables et qu ils doivent se r signer aux positions subal ternes parce qu ils ont d m rit en ne se conformant pas aux mod les de l excellence scolaire L cole appara t alors au service de certaines classes sociales et se voit de ce fait rang e avec ALTHUSSER 1970 parmi les divers appareils id ologiques d tat qui ont pour fonction essentielle 25 A la recherche des paradigmes perdus l imposition id ologique et contribuent la reproduction sociale des rapports de production Les travaux de BOURDIEU et PASSERON d voilent galement l arbit
111. ir des discours de distribution des prix recueillis sur une dur e d un si cle de la variation des objectifs et des finalit s assign s par les professeurs leur enseignement 1970 D j int ressante en soi 38 Alain L ger cette variation devenait intelligible lorsqu on la confrontait aux volutions historiques et aux changements institutionnels intervenus J en ai retenu un enseignement directement utilisable dans ma propre voie de recherche outre la relativit historique des contenus enseign s apparaissait en pleine lumi re la d pendance du p dagogique par rapport au social travers l volution m me du discours des acteurs Et c est cette derni re question que j entendais approfondir par d autres moyens Mon second point d appui tait constitu par toutes les donn es exis tantes sur l origine sociale lev e des enseignants et plus encore des femmes enseignantes sur la profession exerc e par leurs conjoints ou sur le devenir professionnel de leurs enfants Toutes les enqu tes 4 indiquent en France comme l tranger une reproduction sans risques notables d ouvri risation de lign es homog nes d enseignants et de cadres Quoi qu ils en pensent ou disent on peut en conclure que professeurs et instituteurs n ont sans doute jamais t aussi distants socialement qu au jourd hui des l ves d origine populaire En r alit l enseignant fils du peuple a toujours t un mythe au d but
112. irrempla ables lors qu il s agit de pr voir les flux d l ves et le nombre de places ouvrir l an prochain tel niveau Mais elles ne nous apprennent rien de pr cis sur la part d une g n ration acc dant au niveau du baccalaur at or c est pr cis ment pour une telle d monstration qu elles ne cessent d tre utili s es et sans le moindre commentaire de restriction En fait il suffit que le taux de redoublement augmente et que la r tention des l ves dans le syst me ducatif s accroisse temporairement pour que les indicateurs conjoncturels explosent alors que l indicateur final ne sera nullement affect par cette fi vre 73 La reproduction existe je l ai rencontr e La seule m thode fiable et s re dans une perspective de connaissance et non d action court terme est donc la m thode longitudinale On le constate une fois de plus apr s les fameux d bats qui ont r cemment agit les chercheurs de l INED propos du taux de f condit des Fran aises l indice de descendance finale longitudinal donne des r sultats fort diff rents de l indicateur conjoncturel appel aussi indice synth tique de f con dit ou somme des naissances r duites qui est un indice transversal 18 Dans le cas consid r les statistiques annuelles sont irrempla ables d s lors qu il s agit de pr voir court terme les places devant tre ouvertes en cr che Mais ce sont de pi tres outils de connaissa
113. iste justifier une th o rie par des r sultats empiriques et vice versa justifier les r sultats empi riques par la th orie Convaincu que le paradigme de la reproduction constitue le noyau central des progr s de l interpr tation sociologique contemporaine et conscient de ce qu il a apport ma propre d marche j ai voulu en quelque sorte mettre la th orie l preuve de quelques faits pr s de 30 ans apr s sa naissance dans une conjoncture o le discours dominant tend remettre en cause ce paradigme soit au nom d une pr ten due d mocratisation qui serait sinon achev e du moins en bonne voie de l tre soit au nom d une exaltation lib rale de l initiative individuelle des acteurs qui passe sous silence les in galit s ou les consid re comme fata les C tait bien s r une gageure en quelques dizaines de pages Gageure aussi sans doute que de vouloir d montrer des postulats qui comme cha cun sait sont non d montrables 16 Alain L ger Car la reproduction comme toute autre th orie se fonde sur des postulats commencer par celui qui veut que l ducation l action exer c e par les g n rations adultes sur celles qui ne sont pas encore m res pour la vie sociale de DURKHEIM 1922 ait un effet quelconque sur l enfant et notamment celui de susciter et de d velopper chez lui un certain nombre d tats physiques intellectuels et moraux que r clament de lui et la soci t pol
114. it de lecture L GER Alain Les d terminants sociaux des carri res enseignantes Revue fran aise de Sociologie XXII 4 octobre d cembre 1981 549 574 L GER Alain Les strat gies de carri re des enseignants Soci t Fran aise 2 janvier mars 1982 30 35 L GER Alain amp TRIPIER Maryse chec scolaire et cohabitation multi ethnique Soci t Fran aise 9 octobre d cembre 1983 12 18 L GER Alain A quel type social d l ves vont les pr f rences des professeurs Bulletin de Psychologie XXXVII 366 juillet ao t 1984 749 756 LANGOU T Gabriel amp L GER Alain Parcours scolaires et transferts public priv Soci t fran aise 22 janvier mars 1987 42 50 L GER Alain Enseignement public et enseignement priv id es fausses et r alit s 1 re partie Recours au priv et strat gies Soci t Fran aise 36 juillet septembre 1990 46 58 L GER Alain Enseignement public et enseignement priv id es fausses et r alit s 2 me partie L efficacit des deux secteurs Soci t Fran aise 37 octobre d cembre 1990 40 53 Alain L ger 4 Autre communication non publi e L GER Alain Enseignement public et enseignement priv quelle efficacit quelles volutions Communication au VII me Congr s mondial d ducation compar e Montr al 1989 60 p 5 Rapport L GER Alain amp TRIPIER Maryse chec scolaire et cohabitation multi ethnique dans
115. itique dans son ensemble et le milieu sp cial auquel il est particuli rement destin Mais si l on veut viter au postulat d tre un simple acte de foi il faut r guli rement le mettre l preuve des faits non pas avec l ambition de le prouver mais plus modestement pour tester sa r sistance La sociologie en effet dont le principal m rite social me semble tre de mener la chasse aux id es re ues ne peut pour elle m me admettre aucun dogme qui resterait r v l une fois pour toutes Or apr s avoir t revisit es les th ories de la reproduction me semblent globalement bien r sister cette nouvelle mise l preuve et continuer tenir la route Mais il me fallait aussi tre attentif tout ce que ces th ses peuvent contenir d interpr tations m canistes fatalistes et anhistoriques Si elles permettent de mieux comprendre comment se p rennise une structure de domination ce progr s s accompagnerait d un recul s il devait s agir de lais ser croire une ternit et donc une fatalit de la domination et d inter dire par l m me de penser le changement social Ma position leur gard est donc de chercher les dialectiser en introduisant ou en r introdui sant dans le mod le la contradiction les luttes les antagonismes g n r s par la division sociale Et cela en m effor ant constamment de ne pas 17 Introduction jeter le b b avec l eau du bain c est
116. l r sume ainsi l essentiel du paradigme fondateur de la sociologie Il ne manquait plus que les concepts commodes de reproduction et de violence symbolique m me s ils ont pu comme on vient de le voir donner lieu des interpr tations r ductrices 30 Alain L ger pour condenser en deux formules encore plus br ves les postulats durkheimiens fondamentaux Je ne renie donc pas DURKHEIM bien au contraire ni ses continua teurs que sont leur mani re BOURDIEU et PASSERON BAUDELOT et ESTABLET ou Viviane ISAMBERT JAMATI D autant que gr ce ses successeurs il s agit aussi d un DURKHEIM quelque peu vivifi par la dialectique de MARX donc moins consensuel et plus conflictuel Un DURKHEIM devenu plus critique face la soci t et l cole de son temps et prenant en compte les contradictions sociales Un DURKHEIM ayant d couvert l existence de la lutte des classes Et cet h ritage je l assume pleinement il constitue selon moi ce que la sociologie fran aise a produit de plus solide de plus convaincant et de plus utile 2 Les limites de l h ritage Cependant les analyses que je viens d exposer comportaient elles aussi certaines limites qui se sont r v l es par la suite Une avanc e avait bien t faite face au fatalisme des dons et celui du handicap socioculturel Mais une autre sorte de fatalisme n tait 1l pas en train de se mettre en place un fatalisme structuraliste l
117. l suffit alors d actualiser la d monstration de l ouvrage Les tion ni la vaste question de l insertion professionnelle non parce que ces points seraient pr sent sans importance mais parce que mes donn es ne le permettent pas 86 Alain L ger h ritiers 1964 en examinant le constat qui peut tre fait partir de statis tiques plus r centes 30 Le tableau IV 31 donne la r partition par disciplines et par CSP des tudiants en 1988 89 Tableau IV Effectifs universitaires 1988 89 R partition par discipline et par CSP du chef de famille P EE EE lt lt 2 2 E G T E Droit Scien Lettres Scien M de Phar Odon Pluri LU T Agriculteurs 2 9 39 45 45 27 46 19 31 s7 4 Industr et com 8 5 87 79 76 s l 891 102 89 94 Cadres sup et prof lib rales 31 6 27 8 24 6 33 3 44 7 45 3 50 3 ouvriers in 141 li63 127 82 8 57 163 208 141 Autres ou sans profession 187 16 6 116 4 1021 13 9 6 _ 9 6 12 9 9 _ 1441 Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 30 Malheureusement je ne dispose plus pour cela de donn es longitudinales puisque le suivi des l ves par les panels s arr te leur sortie du second degr Il me faut donc recourir aux statistiques transversales publi es annuellement par la DEP 31
118. la d couverte progressive des lois du fonctionnement social qui s imposent aux individus recul en raison des interpr tations fatalistes qui les accompagnent chaque nouveau fatalisme venant en chasser un autre plus ancien 18 Alain L ger C est ici sans doute que l on pourrait le mieux d montrer en quoi l objectivit n est pas incompatible avec le militantisme si du moins l on ne prend pas le militantisme dans le sens troit de d fense born e d un parti politique mais dans son sens large d engagement pour le progr s En ce sens je dirai m me qu il n y a d objectivit que militante Et de ce point de vue la lutte contre les interpr tations fatalistes constitue bien un progr s scientifique parce qu il s agit indissolublement d une orientation sociale progressiste qui redonne la science souvent confisqu e par les dominants sa vocation d instrument uvrant pour la lib ration de l huma nit en commen ant par sa composante majoritaire la plus asservie Vis e progressiste galement que celle qui rend les hommes ma tres de leur histoire non pas certes pour c der la na vet impatiente du tout est toujours possible tout de suite mais pour montrer qu travers les d terminismes qui les contraignent rien n est jamais acquis d finitivement comme rien n est jamais jou d avance Car les domin s sont toujours des dominants en puissance s ils connaissaient la force qu ils doivent leur nombre et la f
119. lain L ger Par contre si l on entendait d passer cette opposition en jetant des ponts entre la sociologie et la psychologie il me semble que cette d mar che serait risqu e dans une telle synth se je ne sais ce que la psychologie aurait gagner mais je vois trop ce que la sociologie aurait perdre Ainsi comme je l ai analys dans un r cent article L GER 1990a des notions comme celle de strat gie sont utiliser avec pr caution de par leur carac t re psychologisant M me un concept comme celui d habitus par ailleurs int ressant en tant que tentative pour comprendre ensemble la reproduction sociale et l initiative individuelle n est pas exempt du risque de psycholo gisation des faits sociaux Mais condition de rester fermement camp sur des positions objec tivistes qui ont fait la preuve de leur f condit et sur le terrain des rapports entre groupes sociaux qui constitue la sp cificit de notre discipline j es time qu il peut y avoir un enrichissement si l analyse int gre les repr senta tions de l acteur et montre comment les d terminants sociaux se traduisent dans les consciences individuelles Une telle perspective compr hensive me semble utile ne serait ce que dans un but p dagogique ou de vulgarisa tion afin que les r sultats de la recherche ne restent pas un pur galimatias totalement tranger aux pr occupations des acteurs et par cons quent sans utilit pour leur action Afin galem
120. le est saisi d autres niveaux d investigation si les tudes macrosocio logiques tudient les volutions temporelles de cette s lection les travaux portant sur l effet tablissement tudient les disparit s hic et nunc pour des groupes d l ves comparables que l on peut rep rer un niveau local Sur ce plan encore je ne regrette pas d avoir t parmi les premiers en France L GER amp TRIPIER 1983b explorer cette voie prometteuse lorsque nous avons compar en maintenant gales les autres variables le retard scolaire des l ves fr quentant deux coles primaires de Gennevilliers en 1982 83 Or nos r sultats montrant l existence d une cole plus favorable aux filles 100 Alain L ger et d une autre plus d favorable aux trangers ont t tout fait conformes l hypoth se Nous en tirions cette conclusion qui fit scandale locale ment l cole aussi produit l chec Certes en l absence d autres tudes men es ailleurs en France on pouvait alors douter du degr de g n ralisa tion de ce constat effectu un niveau local m me si les diff rences constat es taient donn es comme tr s significatives par le X2 d autant qu il se heurtait non seulement aux id es re ues sur la fatalit du handicap socioculturel mais aussi aux conclusions d autres enqu tes men es une chelle beaucoup plus vaste comme celle de COLEMAN 1966 et r sum es de la fa on suivante les
121. lit de favoriser certaines classes sociales au d triment d au tres mais de fa on honteuse et sans jamais le proclamer ouvertement Cette vis e relativiste en mati re de culture qui a notamment t th o ris e par le courant de la nouvelle sociologie de l ducation en Angle terre tait la fois tr s nouvelle face au dogmatisme ambiant et l ethno centrisme des contenus enseign s l cole en m me temps qu elle a cons titu un acquis pour toutes les sciences de l homme Cet apport essentiel que constitue le relativisme culturel enseign par les sciences sociales s est vu r affirm nagu re par le rapport du Coll ge de France 1985 en ces termes le seul fondement universel que l on puisse donner une culture r side dans la reconnaissance de la part d arbitraire qu elle doit son historicit En cons quence le rapport nous invite une attitude critique et un relativisme attentif la pluralit des modes de vie des sagesses et des sensibilit s culturelles M me si comme le remarque 28 Alain L ger FORQUIN 1989 ce relativisme par d finition ne saurait tre absolu m me si le d bat est loin d tre clos sur l tendue de cette part d arbitraire 1l reste que cette attitude me semble tre un acquis en tant que n gation d une conception fixiste et non dialectique de la culture Notons au passage que ce relativisme qui continue de scandaliser le s
122. lle critique qui serait par ailleurs totalement injuste puisque parfaitement r versible chaque science de l homme et de la soci t pouvant alors rechercher la paille dans l il de son voisin Mais il est vrai qu une th orie de la reproduction qui ne contient pas au moins implicitement des l ments permettant de penser le changement social et qui m me par de nombreux aspects se pr sente comme anhistorique laisse alors croire que l histoire peut s arr ter et appa ra t donc comme une n gation de l histoire L une des forces de la th orie de la reproduction tait de montrer d monstrations statistiques l appui que certains changements ne sont que des illusions de changement Mais de l conclure que tout changement est illusoire il y a un gouffre qui ne saurait tre franchi sans dommages th oriques Il faut donc constater que le paradigme conflictualiste qui tait l une des composantes les plus f condes des th ories de la reproduction a bien souvent t laiss au second plan voire pass sous silence Quoi qu il en soit ce danger fonctionnaliste et fixiste une fois per u on a tent de l liminer et les recherches men es dans la derni re d cennie ont toutes en commun de rompre avec le postulat fonctionnaliste Non sans parfois certains exc s en sens contraire En r action une approche globalisante qui d crit les hommes comme des agents d un syst me dont le fonctionnement les d passe et les contr
123. lle ne sera pas fourni par la r flexion philosophique mais par le d ve 22 Alain L ger loppement des recherches empiriques Et en m me temps ce refus du th oricisme ne signifiait pas pour moi refus de la th orie il n tait pas question de se r fugier dans le recours un empirisme scientiste et na f qui est toujours le recours une th orie informul e et non ma tris e Dans les th ories sociologiques et les mod les explicatifs existants il fallait donc choisir quitte compl ter les vides ou infl chir voire rectifier des analyses erron es Et plus fondamentalement encore il fallait choisir une conception et une pratique de la sociologie elle m me face des d rives qui me semblaient dangereuses Je voudrais ici retracer mon itin raire intellectuel et expliciter ces choix 1 Mon h ritage Apr s la longue clipse cons cutive la disparition de DURKHEIM la sociologie de l ducation se reconstitue en France et combien brillamment vers la fin des ann es 60 sous l impulsion de travaux particuli rement con nus comme ceux de BOURDIEU et PASSERON BAUDELOT et ESTABLET BOUDON ou encore Viviane ISAMBERT JAMATI Je n entreprendrai pas ici de dresser le bilan exhaustif de ce que ces auteurs ont apport la connais sance du syst me ducatif ni de brosser un panorama complet des volu tions de probl matique Plusieurs tudes bibliographiques pr sentent de telles synth ses parmi lesqu
124. mes recherches des luttes th oriques et id ologi ques globales qui sont une retranscription att nu e c est dire une version la fois plus soft et plus mondaine des enjeux de la lutte des classes n a videmment pas limin tout ce que contenait de d risoire ment subjectif la pr tention d un auteur vouloir objectiver son uvre Mais cette d marche pr sentait au moins l avantage d viter un exc s de narcissisme en me rappelant sans cesse que dans cette histoire d amour 149 Conclusion dans cette relation passionnelle la sociologie m a certainement bien plus apport que je ne lui ai apport 150 Alain L ger Bibliographie des travaux cit s AECSE Association des Enseignants et Chercheurs en Sciences de l duca tion 1990 L tablissement politique nationale ou strat gie locale Actes du colloque Paris AECSE ALTHUSSER Louis 1970 Id ologie et appareils id ologiques d tat La Pens e 151 mai juin BALLION Robert 1982 Les consommateurs d cole Paris Stock BALLION Robert et al 1991 Le fonctionnement des lyc es tude de cas Les Dossiers ducation et Formation DEP n 10 BALUTEAU Fran ois 1990 Pratiques p dagogiques en conseil de classe effets sur la r ussite scolaire Th se de doctorat en Sciences de l ducation Universit de Paris V BAUDELOT Christian amp ESTABLET Roger 1971 L cole capitaliste en France Paris Maspero BAUDE
125. mettre hors la loi la s lection visible n est ce pas le r le des sciences sociales et leur seul m rite que de secouer les certitudes faciles fond es sur l apparence et bas es sur l illusion d une visibilit imm diate du social qui est cens livrer tous ses secrets lors d un simple examen superficiel Quant la question de savoir s il existe deux ou trois ou pourquoi pas quatre r seaux de 56 Alain L ger scolarisation elle est certes importante Mais moins importante toutefois que celle de l existence m me de la division sociale l cole en correspon dance avec celle du dehors au del des brouillages et des camouflages id ologiques sous lesquels elle se dissimule Et finalement bien qu elle semble brandie comme une r futation des th ories de la reproduction cette question des formes interm diaires en reprend implicitement les th mes essentiels mais de fa on brouill e et confuse pour ne pas dire honteuse Cependant je reconnais volontiers que j ai moi m me fini par tre troubl devant ces attaques convergentes et r p t es Quoi de plus condam nable en effet que de s enfermer dans les logiques anciennes et d tre aveugle aux changements voire au ruptures essentielles Et lorsque le conservatisme le plus r trograde se pare du masque du modernisme et de la nouveaut 1l ne suffit pas de le d masquer pour se sentir soi m me l abri d une attitude scl ros e et de modes de pens
126. mphant en cette fin de si cle on y trouvera une s rie de sympt mes qui permettent d expli quer les bouleversements du pass crise conomique politique sociale et morale famine end mique touchant une partie croissante de l humanit 52 Alain L ger accumulation du ch mage des exclusions et de la pauvret aux portes de nos villes crise des nationalit s multiplication des conflits arm s anomie croissante des tats et de leur syst me de repr sentation politique y compris l int rieur de la communaut europ enne La liste pourrait s al longer et se clore sur ce constat le capitalisme existe certes mais 1l serait tr s hasardeux d affirmer qu il se porte bien Or sur ce plan les analyses critiques n ont pris aucune ride en presque trente ans d existence et me semblent m me plus utiles que jamais la compr hension des soci t s contemporaines C est dire aussi l inutilit scientifique des analyses conser vatrices utilitaristes et individualistes qui n a d gale que leur utilit id o logique et politique pour la d fense de l ordre tabli Le retour de la structure S1 ces tendances r gressives sont pr sentes dans une part non n gli geable des travaux r cents elles sont loin de concerner la majorit des recherches actuelles et c est plut t dans ce second ensemble que je puiserai pr sent quelques exemples de r sultats parmi bien d autres qui auraient pu tre cit s Nombre de tra
127. mps des mutations celui de la remise en cause des paradigmes longtemps dominants celui de l croulement des grands syst mes th oriques et inter pr tatifs Dans une optique r solument optimiste on peut y voir le t moignage de la vitalit d une science encore jeune si l on prend un crit re purement institutionnel la sociologie universitaire fran aise bien que fond e il y a plus d un si cle ne s autonomise compl tement qu en 1966 par la cr ation de dipl mes sp cifiques qui chappent la mainmise de la philosophie Ainsi les bouleversements actuels rel veraient la fois d une crise de croissance et en quelque sorte d une d mocratisation des pratiques de recherche fini le temps des savants des grands penseurs et des th o riciens g niaux mais finalement plus philosophes que scientifiques et donc quelque peu suspects place aux jeunes chercheurs qui accumulent les donn es empiriques et font uvre utile en d laissant l interpr tation du 2 L expression paradigmes perdus est emprunt e au sociologue de l ducation cana dien Pierre DANDURAND 21 A la recherche des paradigmes perdus monde au profit de sa connaissance sans pr tention l universalit et la globalisation des savoirs ainsi constitu s Mais dans un langage plus catastrophique on pourrait aussi penser que cette crise ressemble plus une agonie qu une maladie infantile Elle serait alors signe que les s
128. n se bornant l expliciter un peu mieux peut tre que les int ress s n auraient pu le faire Enfin la difficult essentielle de l approche que j laborais consistait appr hender les multiples contradictions qui traversent la fonction enseignante et renvoient en derni re analyse une situation de classe elle m me contradictoire Comment comprendre la fois l esprit de corps qui unit les enseignants et dans le m me temps les divisions qui s parent les diff rentes cat gories de personnel selon le statut ou la discipline ensei gn e par exemple ou encore les clivages selon l origine sociale et l id ologie Comment expliquer cette r alit contradictoire et en tout cas complexe qui fait souvent coexister chez les m mes individus une orien tation politique fortement ancr e gauche avec des repr sentations et des pratiques p dagogiques s av rant leur insu litistes et r v lant une adh sion profonde aux valeurs du syst me scolaire ainsi qu ses fonctions sociales Mon ambition tait d effectuer un rep rage d taill de ces contradictions puis de les interpr ter et d en trouver les principes d organi sation L GER 1983 J y reviendrai au chapitre III Pour affronter cet ensemble de difficult s mes principaux points d appui dans cette direction nouvelle que je voulais emprunter taient de deux types D abord l tude capitale que Viviane ISAMBERT JAMATI avait faite part
129. nalyse sociologique au profit de l apologie et du dithyrambe Et si l attitude du chercheur se doit d tre compr hensive il me semble qu elle ne saurait se transformer en une simple d fense et illustra tion du discours des dominants C est ce risque de confusion entre le m tier de sociologue et celui d avocat que n ont pas vit nombre d tudes am ri caines inspir es parfois par le courant ethnom thodologique Notons d ailleurs au passage que de telles d marches ont t r cem ment import es dans la sociologie fran aise par exemple avec un auteur comme DEROUET 1982 qui estime que le travail du sociologue doit dans une optique purement qualitative se borner lucider le discours des acteurs et en trouver les r f rents th oriques sous jacents Mais la nouveaut de cette approche me semble toute relative puisqu on la trouvait d j chez Harold GARFINKEL 1967 qui s opposait l id e que l acteur social soit consid r comme un idiot culturel c est dire que des d terminants sociaux puissent chapper sa conscience et tre m connus de lui Pour le courant ethnom thodologique comme le souligne Alain COULON 1987 l acteur est capable dans le cours de ses activit s quotidiennes de raisonnement de compr hension et d interpr tation de ses actions Sauf se livrer des caricatures outranci res 1l faut cependant remarquer qu aucune th orie n a jamais postul le contraire Bien mieux
130. nce et qui varient sensiblement d une recherche l autre d autre part au caract re souvent tr s modeste des chantillons sur lesquels porte l enqu te 138 Alain L ger Or j ai actuellement l opportunit de pouvoir travailler sur une base de donn es qui est hors de port e pour un chercheur isol puisqu il s agit d un chantillon repr sentatif d environ 32 000 l ves entr s en 6 me en 1989 90 r partis sur 219 coll ges m tropolitains et qui viennent d tre suivis pendant trois ans par la DEP Chacun de ces l ves est caract ris par un grand nombre de variables sociales et scolaires fiche signal tique approfondie questionnaire portant sur la repr sentation de sa scolarit En outre et c est ce qui rend possible mon projet actuel environ 1 700 professeurs de 6 ME ayant enseign ces l ves ont galement fait l objet d un relev syst matique d informations fiche signal tique et r ponses un questionnaire On peut donc mettre en relation et pour la premi re fois sur un chantillon d une ampleur indiscutable des types d enseignants caract ris s par des variables de situation de formation et d opinions et des profils de r ussite d l ves selon le sexe l appartenance sociale le niveau scolaire initial etc S1 la taille de l chantillon est satisfaisante car elle permettra une g n ralisation des r sultats en revanche une recherche extensive rel
131. nce du taux r el de f condit c est parce que les femmes ont d sormais tendance retarder la date de la premi re naissance que les indicateurs conjoncturels sont syst matiquement d prim s entra nant les lamentations du camp nataliste alors que le bilan de descendance finale reste au dessus du coefficient th orique de renouvellement des g n rations LE BRAS 1991 Moi m me j ai pu d velopper avec Gabriel LANGOU T un exemple frappant de ces disparit s entre indicateurs dans notre dernier ouvrage lorsqu on calcule le taux d utilisation du secteur priv d enseignement en suivant la scolarit d une g n ration d l ves on obtient un r sultat qui est plus que doubl 35 4 pour le panel 1972 73 74 et m me plus de 37 dans le panel 1980 par rapport au taux d utilisation conjoncturel calcul une ann e donn e et qui est de l ordre de 16 17 en moyenne tous niveaux confondus LANGOU T amp L GER 1991 Ceci s explique ais 18 Cf les articles Pourquoi l INED a t il menti parus dans la revue Science et vie n 874 et 877 juillet et octobre 1990 74 Alain L ger ment par la forte proportion de zappeurs effectuant un transfert entre les deux secteurs ces l ves qui repr sentent pourtant 28 30 de la g n ration sont de v ritables usagers fant mes dans la mesure o ils ne sont pas pris en compte par les statistiques annuelles tant rang s par l effet du hasard soi
132. nd d j pas aux besoins actuels de la recherche et n aurait plus aucun sens si l essentiel de la s lection sociale se transportait ce niveau Or pour l instant dans le panel actuellement suivi par le MEN il n est pas envisag d effectuer une telle prolongation Il serait alors dommage pour l volution future des probl ma tiques sociologiques que la question de la d mocratisation soit abandonn e non pas parce qu elle aurait t r solue en pratique mais faute d outils pertinents pour l objectiver 4 Et pourtant aucun fatalisme Certes si l on n est pas suffisamment attentif on pourrait croire que puisque les fonctions s lectives ne changent pas tout au moins dans leurs cons quences sociales puisque l cole ne s est pas d mocratis e nous sommes en pr sence d un constat fataliste et donc d un constat acca blant du point de vue de ceux qui souhaitent des transformations gali taires Mais cette conclusion serait trop superficielle et contraire aux signi fications r elles des donn es empiriques M me si tout est loin d tre connu on sait bien mieux pr sent quel niveau pour quels l ves dans 37 Nous avons plac au chapitre III une r flexion sur les indices mesurant l volution 98 Alain L ger quelles marges de variations avec quelles volutions temporelles l cole joue un r le actif dans la production de l chec valuer avec pr cision ce processus actif c est aussi voir
133. nement priv quelle efficacit Communication au collo que Les coll ges en changement depuis dix ans Analyses sociolo giques Paris INRP LANGOU T Gabriel amp L GER Alain 1988b Trajectoires scolaires et recours au secteur priv in P PERRENOUD et C MONTANDON ds Qui ma trise l cole Politiques d institutions et pratiques des acteurs Lausanne R alit s sociales 302 328 156 Alain L ger LANGOU T Gabriel amp L GER Alain 1990 Enseignement public enseignement priv in L tablissement politique nationale ou strat gie locale Actes du colloque Paris AECSE 237 243 LANGOU T Gabriel amp L GER Alain 1991 Public ou priv trajectoires et r ussites scolaires postface de Claude LELI VRE La Garenne Colombes ditions de l Espace europ en L GER Alain 1980 Situation et position sociale des professeurs en France Th se de 3 me cycle en Sciences de l ducation sous la direction de Viviane ISAMBERT JAMATI Universit Ren Descartes Paris V L GER Alain 1981 Les d terminants sociaux des carri res enseignantes Revue fran aise de Sociologie XXII 4 octobre d cembre 549 574 L GER Alain 1982 Les strat gies de carri re des enseignants Soci t Fran aise 2 janvier mars 30 35 L GER Alain 1983 Enseignants du secondaire pr face de Viviane ISAMBERT JAMATI Paris PUF coll L ducateur 88 L GER Alain 1984 A q
134. nes quittent le syst me ducatif avec une qualification le commentaire suivant en 1990 88 des jeunes sont sortis du syst me ducatif avec un niveau au moins quivalent au CAP ou au BEP il faut comprendre que nombre d entre eux sont sortis l ann e terminale de pr paration de ces dipl mes qu ils les aient obtenus ou non Ceci est pr cis dans une petite note mais dispara t ensuite totalement dans l usage social de ces statistiques lorsqu elles sont reprises par les m dia voire par certains chercheurs C est pourquoi Lucie TANGUY 1991a a parfaitement raison de remarquer que si l on voulait identifier les plus d munis il faudrait non pas les noyer dans la notion confuse de niveau mais l inverse cumuler ceux qui sortent sans qualification 98 300 en 1989 et ceux qui sortent du niveau V sans dipl me 105 000 27 Source DEP Rep res et r f rences statistiques dition 1990 p 225 80 Alain L ger ment chez les enseignants des coll ges et lyc es comme la scolarit nor male on remarquera aussit t qu peine plus du quart des l ves sont normaux de ce point de vue D autre part comme le r sume le tableau IT un quart galement de la population totale reste l ge normal jusqu sa sortie du cycle long quel que soit le moment de sa sortie On voit alors que ce qui est normal en fait c est le retard On peut alors se demander combien d l ves ar
135. ns les fonctions sociales qu ils exercent quotidien nement Or les tudes sociologiques consacr es aux enseignants taient rares et anciennes l m a sembl indispensable d en mener qui soient actualis es par leur objet et surtout renouvel es par leurs cadres th oriques Notam ment adopter le paradigme conflictualiste amenait n cessairement poser la question vacu e par la plupart des tudes ant rieures de la neutralit sociale des ma tres Je me heurtais ici des difficult s sp cifiques que j ai d j d taill es par ailleurs L GER 1985 Aux difficult s qui tiennent la constitution d un nouveau champ du savoir s ajoutait celle de mettre en question une tradition de pens e s culaire qui exalte les ma tres d coles et les cr dite a 36 Alain L ger priori de toutes les vertus d mocratiques Or tenir pour assur e avant m me tout examen la propension suppos e des enseignants uvrer pour une d mocratisation de l enseignement me semblait relever d une connivence implicite qui lie spontan ment le sociologue ses semblables de classe que sont les enseignants Que cette tradition de pens e ait gale ment impr gn de larges fractions des classes populaires et les organisa tions qui les repr sentent ne me paraissait pas pour autant conf rer aux enseignants un label d mocratique irr futable ni constituer une preuve indubitable de l existence d une communaut d i
136. nt r ts entre eux et les plus d munis Plus tard nous avons tudi l chelle locale d une ZEP le r le sp cifique jou par la petite bourgeoisie intellectuelle dans une commune ouvri re en analysant les alliances et les conflits d h g monie qui ont pour lieu et enjeu le monopole exerc par les enseignants sur l cole L GER amp TRIPIER 1986 Il fallait donc s en prendre au tabou des fonctions sociales exerc es par l enseignant et adopter dans cette tude une attitude de recul sans complaisance vis vis des st r otypes des id es re ues et des images autojustificatives que ce groupe social cherche donner de lui m me Une telle attitude m thodologique sur laquelle je reviendrai au chapitre IT m a toujours sembl tr s importante il s agit de la distance que le chercheur doit maintenir vis vis de son objet d tude distance qui lui est donn e spontan ment lorsqu il tudie des groupes socialement loign s de lui tels que les ouvriers mais qui est d autant plus importante acqu rir et diffi cile que son objet est une cat gorie tr s proche Comme nous l avons analys par ailleurs HENRIOT V AN ZANTEN amp L GER 1985 je m oppo 37 A la recherche des paradigmes perdus sais de ce point de vue nombre d tudes am ricaines sur les enseignants o les chercheurs restent si proches du discours des acteurs qu ils repren nent leur compte les l ments essentiels de ce discours e
137. nterm diaires et sur la progression la plus forte qui touche les deux cat gories extr mes les ouvriers mais encore plus les cadres sup rieurs ce qui explique bien s r l augmentation des carts Ceci dit sans remettre en cause le principe m me de la comparaison des progressions je suis d accord avec MERLLI 1985 lorsqu il affirme que les contradictions observ es selon le mode de calcul adopt proviennent du fait que l on peut simplement ordonner les groupes et que l on ne devrait jamais consid rer les indicateurs quels qu ils soient comme ayant des propri t s m triques permettant de comparer des distances Il est vrai que l on tomberait sans doute dans les illusions de la m taphore spatiale en se demandant par exemple si les employ s sont deux fois plus proches des ouvriers qu ils ne le sont des cadres moyens Sans parler m me du discours apor tique que l on peut tenir lorsqu un groupe pr sentant un taux lev par rapport n importe quel crit re voit ce taux diminuer tandis qu un groupe taux faible le voit s lever faut il alors dire qu ils se sont rapproch s spatialement puisque math matique ment l cart est plus faible o qu ils s loignent socialement puisqu ils suivent des mouvements contraires 128 Alain L ger Tout en temp rant l analyse par la reconnaissance de ces relations d incertitude il y a donc mon sens affinement de la d marche si l on multiplie les indicateurs puisqu
138. olaire des l ves ducation et Formations 6 158 Alain L ger LELI VRE Claude amp NIQUE Christian 1993 La R publique n duquera plus La fin du mythe FERRY Paris Plon MARX Karl 19638 L id ologie allemande Paris Paris ditions sociales MATHEY PIERRE Catherine 1983 La diff rence institutionnalis e pratiques d orientation d tablissements scolaires et origine sociale des l ves in De l cole l emploi diff rences et concurrences Cahier du Centre d tude de l emploi n 26 Paris PUF 141 190 MAUGER G rard 1985 La petite bourgeoisie en France 1968 1980 quelques aspects des conditions sociales de construction de l objet inClasses et cat gories sociales aspects de la recherche Roubaix DIRES MERLLI Dominique 1985 Analyses de l interaction entre variables Probl me statistique ou sociologique Revue fran aise de Sociologie XXVI n 4 MEURET Daniel 1984 Disparit s dans l offre d enseignement dans les coll ges Education et Formations 6 MORIN Edgar 1990 Introduction la pens e complexe Paris ESF PASSERON Jean Claude 1982 L inflation des dipl mes Revue fran aise de Sociologie XXII 551 584 PATY Dominique 1981 Douze coll ges en France Enqu te sur le fonctionnement des coll ges publics aujourd hui Paris La Documen tation fran aise PATY Dominique 1987 Les sciences sociales et le d bat sur l cole Esprit 1667 7 23 PERRENO
139. ommes transform s soient des produits d autres circonstances et d une ducation modifi e oublie que ce sont pr cis ment les hommes qui transforment les circonstances et que l duca teur a lui m me besoin d tre duqu 1968 p 32 Certes l objectivisme structuraliste offrait l avantage de refuser radicalement les explications psychosociologiques et du m me coup de r cuser la na vet des verdicts thiques sur la bonne ou mauvaise volont des agents BOURDIEU amp PASSERON 1964 Mais il pr sentait aussi l inconv nient de transformer les individus en automates r gl s comme des horloges selon des lois m caniques qui leur chappent BOURDIEU 1987 Or l id e d une reproduction sociale m canique entendue dans un sens quasi biologique doit elle tre imput e l incompr hension des seuls 32 Alain L ger lecteurs et aux exc s d mules imprudents ou tait elle d j l uvre dans les travaux refondateurs d une sociologie de l ducation en France On est oblig d envisager cette deuxi me hypoth se si l on prend au mot c est dire au pied de la lettre certaines analyses telles que celle ci Aussi long temps que rien ne vient troubler cette harmonie le syst me peut en quelque sorte chapper l histoire en s enfermant dans la production de ses repro ducteurs comme dans un cycle de l ternel retour BOURDIEU amp PASSERON 1970 p 236 Sans doute les auteurs auraient
140. ons socio politiques des professeurs in Classes et cat gories sociales aspects de la recherche Roubaix EDIRES 1985 199 206 L GER Alain L cole inqui te les parents in Minelle VERDI d L tat de la France et de ses habitants Paris La d couverte 1987 14 17 LANGOU T Gabriel amp L GER Alain Trajectoires scolaires et recours au secteur priv in P PERRENOUD amp C MONTANDON ds Qui ma trise l cole Politiques d institutions et pratiques des acteurs Lausanne R alit s sociales 1988 302 328 1 Ces travaux sont joints dans une annexe s par e du pr sent dossier 5 Travaux pr sent s L GER Alain Participer ou objectiver in Claude SEIBEL d Recherches impliqu es recherches actions le cas de l ducation Bruxelles De Boeck 1988 LANGOU T Gabriel amp L GER Alain Enseignement public enseigne ment priv in L tablissement politique nationale ou strat gie locale Actes du colloque Paris AECSE 1990 237 243 L GER Alain L cole et la r ussite de tous in R volution par l intelli gence tome IT Au c ur des mutations Paris Messidor 1991 79 90 L GER Alain Les strat gies des familles et le choix des tablisse ments in MARCOU G COSTA J P DURAND PRINBORGNE C La d cision dans l ducation nationale Lille Presses universi taires de Lille 1992 165 186 3 Articles de revues com
141. ons syst matiquement v rifi pour les ditions allant de 1985 1988 de l ouvrage Rep res et r f rences statistiques ainsi que dans l dition 1990 page 19 ou 21 selon les ditions Mais cela concerne galement d autres livraisons 63 La reproduction existe je l ai rencontr e On peut certes penser que c est la statistique de la population scolari sable fournie par l INSEE qui est inexacte Et elle a certainement elle aussi comme toute valuation sa marge d erreur Mais remarquons aussit t que cette erreur ne doit pas n cessairement se retrancher mais peut au contraire venir s ajouter l cart constat et que cette hypoth se ne garantit donc nullement que le d passement ne soit pas encore sup rieur celui observ En r alit si l approximation de l INSEE peut tre contest e le comptage effectu par le MEN doit l tre galement L un des biais qu il faut notam ment souligner est celui qui consiste compter deux fois le m me l ve lorsqu il a pris deux inscriptions dans des tablissements diff rents la m me ann e ou pass deux dipl mes diff rents baccalaur ats de s ries diff rentes par exemple ou brevet de technicien plus baccalaur at sans parler des bilans d effectifs artificiellement surestim s par certains tablis sements 135 Mais sans doute ces biais r els quoique importants et pr oc cupants quant la fid lit de l information n auraient que peu d incidence sur sa validi
142. origines trang res et en particulier confirmer comme le montrent d j plusieurs tudes r centes BOULOT amp BOYZON FRADET 1988 DUBET 1989 qu origine sociale identique la r ussite des enfants d origines trang res n est pas significativement inf rieure celle des enfants d origine fran aise Il s agira galement de savoir si r sultats scolaires comparables les trangers sont plus fr quemment dirig s que les Fran ais vers des structures am nag es pour l ves en diffi cult Il s agira enfin d valuer l impact r el de ces structures am nag es permettent elles d atteindre leur objectif proclam de rattrapage ou au contraire comme j en fais l hypoth se ont elles pour effet d institutionnali ser les difficult s c est dire de les p renniser et de leur conf rer un carac t re irr versible Cette recherche comporte plusieurs phases achev es ou en cours La premi re phase de la recherche a port sur l analyse comparative des niveaux des l ves d origines fran aise et trang res l entr e en sixi me L hypoth se g n rale peut tre r sum e 132 Alain L ger ainsi milieu social quivalent les l ves d origine fran aise et ceux d origines trang res se situent des niveaux scolaires globalement compa rables l entr e en sixi me Les points de diff rences et de ressemblances y compris entre les diverses origines trang res seront rep r s Les
143. ouchement ou de conscientisation le terme de psychanalyse serait bien s r totalement impropre Je pr f rerai celui de katarsis que les Grecs utilisaient pour d signer la purification des passions En effet ma passion pour la recherche me semble pr sent tre sortie purifi e et donc sans doute plus communicable et p dagogiquement plus efficace de ce qui me paraissait l origine tre un simple jeu de r le institutionnel Il fallait s arr ter un moment et r fl chir sur le chemin parcouru non seulement pour pouvoir repartir d un meilleur pas mais surtout pour objec tiver autant que possible un cheminement qui tait jusqu ici de l ordre du v cu purement subjectif J ai pr sent un plan d ensemble qui m tonne quelque peu par sa coh rence alors que j avais jusqu ici men mes recher ches de mani re inductive intuitive et par imitation peine consciente d auteurs diff rents que j avais pris de fa on clectique comme mod les Bien s r comme dans toute histoire qu il s agisse d une histoire de vie ou de l histoire tout court j ai donn un sens ce qui n avait que du sens j ai re construit c est dire s lectionn et d gag des l ments jug s perti nents J ai essay toutefois autant que faire se peut de ne pas tomber dans l illusion biographique d nonc e juste titre par BOURDIEU 1986 c est dire dans l inclination se faire l id ologue de sa propre vie
144. pectives de recherche A court et moyen terme on proc dera l tude compar e des compor tements des l ves gr ce des questionnaires qui portent sur le v cu de la scolarit ant rieure et de la scolarit au coll ge l organisation du travail scolaire la repr sentation de la p dagogie mise en uvre et enfin le v cu de l affectation dans le cas du cycle en trois ans etc L hypoth se g n rale retenue est la suivante niveaux scolaires et sociaux comparables les l ves et les familles d origines trang res manifestent un int r t au moins aussi grand et parfois plus important vis vis de la r ussite scolaire et ce qu il s agisse d un cycle en trois ans ou qu il s agisse d un cycle en deux ans Autrement dit les diff rences relev es quant l affectation en cycle en trois ans r sulteraient moins d une diff rence dans les comportements r els des l ves et des familles vis vis de l cole que d un pronostic d favora ble et hasardeux de l institution scolaire essentiellement appuy sur l id e r p t e mais non d montr e selon laquelle la r ussite des enfants d origines trang res serait en raison de leur nationalit globalement inf rieure celle des enfants d origine fran aise Lorsque la saisie informatique sera termin e et v rifi e le suivi de la cohorte ayant accompli un cycle normal en deux ans sortie de cinqui me en juin 1991 permettra de poursuivre l analyse comparativ
145. pour en faire para tre les r sultats complets seulement en 1991 on pouvait croire que l objet de ce travail n avait d j plus qu un int r t d ordre historique et qu ce titre il ne nous apprendrait gu re sur la soci t et l cole d aujour d hui Sans doute cette crainte n tait en l occurrence pas fond e Mais puisque cette recherche m amenait travailler sur les trajectoi res scolaires d un chantillon consid rable c tait aussi l occasion de faire le point sur quelques doutes qui avaient surgi dans la p riode r cente l occasion d une remise en question des analyses traditionnelles de l cole Ces derni res comme on le sait ont largement d crit l cole comme domin e par un pouvoir d tat centralisateur monolithique et omnipotent ont abondamment analys les effets de structure et l ensemble des d terminations qui p sent sur les agents du syst me qu il s agisse des enseignants des l ves ou des familles 58 Alain L ger De tels sch mas s adaptaient assez bien une p riode historique o s achevait la mise en syst me de l enseignement public comme de l en seignement priv Ils ont en outre t particuli rement f conds et ont permis de d couvrir de nombreuses lois de fonctionnement de mieux conna tre les fonctions sociales du syst me et notamment les d terminants sociaux et scolaires de l chec Mais ces sch mas peuvent aussi de toute vidence appara t
146. production n est jamais reproduction l identique elle n est en rien contradictoire avec la saisie de l historicit bien au contraire dans ses volutions comme dans la permanence de ses fonctions elle t moigne des luttes constantes que se livrent ouvertement et souterrainement les domin s dans leur r sistance aux oppressions et les dominants pour le maintien de leurs privil ges et de leur pouvoir 109 La reproduction existe je l ai rencontr e Il est vrai que pour avoir une vision plus globale et plus dynamique de l ensemble de ces bouleversements il faudrait sans doute que l analyse change d chelle temporelle et g ographique L historien pourrait alors sans doute mieux que le sociologue toujours focalis sur l tat pr sent du syst me voire d un sous syst me pour la sociologie de l ducation faire le bilan de cette contre r volution permanente qui a conduit par exemple la bourgeoisie fran aise chaud e par la Commune mener une lutte sans r pit pour casser l identit ouvri re avec le concours d cisif mais non exclusif de l appareil scolaire c est dire aussi de la petite bourgeoisie enseignante Mais le changement d chelle doit galement inclure une vision mondiale de la lutte des classes permettant de comprendre comment les contradictions un moment d samorc es par les compromis ou les victoires locales qui sont un tat transitoire du rapport des forces se transportent ailleurs et se
147. produits qui leur sont offerts sur le march scolaire peuvent comparer les prix et les services rendus et choisir librement le meilleur rapport qualit prix On pourrait citer ici BOUDON 1973 BALLION 1982 CROZIER et FRIEDBERG 1977 ainsi que d autres encore On voit la f condit heuristique de telles analyses s il s agissait seule ment de mieux conna tre la marge d initiative laiss e aux individus et aux groupes et de d passer le mod le trop m caniste d un individu enti rement 46 Alain L ger conditionn par les structures Mais on voit galement le risque d une r gression un mod le explicatif individualisant le danger d un retour des explications pr sociologiques et finalement pr scientifiques s il s agit d occulter les d terminants sociaux d oublier l analyse de la division sociale qui vient d tre rappel e Car les hommes ne sont pas galement libres d avoir des strat gies scolaires et sociales ils ne sont pas plus gali t devant la consommation des biens scolaires qu ils ne le sont dans l usage des autres biens et des autres services D autre part sous le couvert d une apologie de la libert des acteurs c est en r alit plut t un appau vrissement de la notion que nous assistons les libert s du citoyen se r dui sant celles du consommateur D s lors si l on reconna t seulement aux parents la libert de changer d cole et non pas celle fondamentale de
148. que et perspectives coll Conf rences Pointe Pitre Publications de l Universit Antilles Guyane avril 1988 22 p CHAPOULIE Jean Michel L GER Alain TRIPIER Maryse Table ronde le m tier des enseignants Projet 214 novembre d cembre 1988 35 44 LANGOU T Gabriel amp L GER Alain Enseignement public et ensei gnement priv Communication aux journ es scientifiques de l UFR de Sciences de l ducation Paris Universit Ren Descartes 11 12 septembre 1989 L GER Alain amp PERRENOUD Philippe L valuation enjeux et d termi nants sociaux Bulletin de l Association des Enseignants Chercheurs en Sciences de l ducation 6 nov 1989 19 31 L GER Alain L esprit du syst me Note de lecture sur l ouvrage de V ISAMBERT JAMATI Les savoirs scolaires d universitaires 1990 L cole et la Nation 411 septembre 1990 L GER Alain La machine litiste Le Nouvel Observateur 1351 27 septembre 1990 L GER Alain Analyse critique de l ouvrage de C BAUDELOT et R ESTABLET Le niveau monte Seuil 1990 L ann e sociologique 42 1992 456 459 L GER Alain Le choix des tablissements et les strat gies des familles in DEBARD liane amp HENRIOT VAN ZANTEN Agn s coord cole et espace urbain Lyon CRDP mars 1993 97 110 L GER Alain Quelle d mocratisation para tre dans Soci t Fran aise en 1993 L GER Alain L unit dialectique des appro
149. ques aper us dans notre dernier ouvra ge LANGOU T amp L GER 1991 mais ceux ci sont principalement struc tur s par la comparaison public priv Or il me semble utile de sortir de cette comparaison pour pr senter ici une analyse la fois plus globale et plus compl te Avant d exposer les principaux r sultats de ce travail commen ons par quelques remarques d ordre m thodologique Comme toutes les fois o il s agit d un objet de recherche et non d un objectif d action ou de gestion du quotidien c est en effet l analyse longitudinale qui s av re la m thode la plus fiable les coupes transversales tant entach es de multiples biais et illusions d optique Pour prendre une comparaison les statistiques 61 La reproduction existe je l ai rencontr e transversales sont aux statistiques longitudinales ce que la photographie est au cin ma Allez donc chercher conna tre le mouvement de chaque fourmi partir d instantan s pris une fois par an dans une fourmili re Ainsi les valuations faites l heure actuelle par le Minist re de l ducation nationale sur la part d une g n ration acc dant en classe de termi nale ou obtenant le baccalaur at laissent songeur par leur caract re haute ment approximatif puisqu elles se fondent sur des donn es transversales si l on conna t le nombre d l ves scolaris s et de baccalaur ats d livr s une ann e donn e ainsi que le nombre des naissances interven
150. r gress de mani re sensible au cours des cinq derni res ann es Ainsi crit elle bien que le nombre de ces jeunes se soit r duit leurs chances d acc der un emploi se sont galement r duites et les ris ques d tre marginalis s socialement et conomiquement sont tr s lev s p 22 ce qui confirme l existence d une g n ration sacrifi e sortie de l cole dans les ann es 80 et que l on ne sait pas employer CEREQ 1990 Cette analyse des marginalisations qui s accroissent me conduit prendre en compte un deuxi me aspect l volution des besoins en forma tion avec le temps En effet si la massification de l acc s en terminale se poursuivait et qu on arrivait un jour atteindre le fameux objectif des 80 il est alors fort probable que les carts sociaux de r ussite commenceraient se r duire ce niveau par un simple effet de seuil lorsque les cadres sup rieurs y parviendront 100 toute augmentation ult rieure des flux ne pourrait dans cette hypoth se se faire qu au profit des autres cat gories Les interpr tations globales que je viens de confirmer seraient elle dans ce cas remettre en cause fondamentalement 94 Alain L ger On pourrait r cuser cette supposition comme tant une sp culation gratuite et s en tenir aux faits observables Toutefois il ne me semble pas inutile d accepter de raisonner un moment dans le cadre de cette hypoth se qui ne
151. r l effet tablissement offrent n anmoins des outils d analyse int ressants pour saisir la sp cificit de l unit tablissement IL s agit alors d analyser la diversit des tablissements leur identit propre leur organisation particu 99 La reproduction existe je l ai rencontr e li re leur recrutement le type de climat et de coh sion ou encore le style de leur direction PATY 1981 DEROUET 1988 DUBET 1991 BALLION ef al 1991 Donnons seulement la probl matique g n rale qui sous tend ces tu des de l effet tablissement Si l on voulait prendre une m taphore cono mique on pourrait dire qu elles visent valuer le rendement c est dire l efficacit du syst me scolaire Mais il ne s agit pas d un rendement abstrait ou global sous la forme par exemple des pseudo palmar s d ta blissements qu une certaine presse se pla t tablir et dont j ai montr par ailleurs l absence de consistance scientifique L GER 1987b 1990b mais du rendement social diff rentiel de l cole chez des l ves de m me origine sociale et dans une m me situation scolaire initiale Concr tement parler d effet tablissement c est mettre en vidence que des l ves tout fait comparables socialement et scolairement ont des chances fort diff rentes de r ussite selon l tablissement qu ils fr quentent Il s agit toujours des in galit s de s lection mais le r le actif jou par l co
152. r mettant en vidence le fameux effet tablissement constitution et suivi d une cohorte d l ves faisant appara tre l vitement des tablissements du quartier par certaines familles analyse des demandes de mutation des enseignants laboration d une typologie des enseignants m amenant notamment nuancer cette id e un peu simpliste qui aurait pu tre tir e de ma premi re recherche sur les carri res enseignantes ceux qui restent en poste dans les quartiers populaires sont n cessairement des mili tants proches des classes populaires En r alit si ces militants existent il existe aussi des notables r sign s tr s n gatifs dans leurs jugements sur 117 Unit d approche et diversit des m thodes les classes populaires mais qui restent dans ces quartiers d cri s car ils ont le sentiment d y dominer sans effort Sans devenir pour autant un fervent adepte de la monographie ni un chantre des vertus du local en reconnais sant au contraire leurs limites je pensais cependant que cette approche m avait permis d avancer sur une s rie de points manipuler des variables plus fines que les indicateurs n cessaire ment sommaires utilis s dans les enqu tes lourdes par exemple pouvoir rep rer finement le type d habitat et les conditions de logement d une popu lation observer les volutions et la dynamique sociale scolaire d un quar tier et notamment les ph nom nes d tiquetage ou de proph t
153. r qu au Moyen ge les valeurs de la cheva lerie et la d finition sociale dominante de l honneur pouvaient pousser les individus des actes allant l encontre de ce que certains appelleraient de nos jours leur int r t Mais en outre il ne m appara t pas que la libert humaine ressorte grandie de cette r duction du mod le social un simple jeu de forces utilitaristes m me si l on a pu croire un instant qu en gommant les d terminants sociaux on allait assister la transmutation du r gne de la n cessit en celui de la libert Au contraire l avantage de l approche statistique qui fonde la d cou verte des d terminants sociaux est qu elle ne permet jamais ou du moins 113 La reproduction existe je l ai rencontr e ne devrait jamais permettre de tirer des conclusions m caniques du type l eau bout 100 Ce qui m nage au moins de fa on n gative une zone importante pour la libert humaine puisqu il y a relation d incertitude et d termination agissant seulement sur les grands nombres Bien s r si chaque individu croit dans son coin chapper aux d terminations ext rieures le sociologue pourra sans trop de peine montrer quel point cette croyance est illusoire Mais en m me temps il est forc de reconna tre que les d terminants qu il met jour ne d terminent pas m caniquement et uniform ment tout le monde Le deuxi me progr s th orique qui permet de mieux approcher la
154. raire des sanctions notations et jugements scolaires plus que d preuves objectives il s agit en r alit d un syst me de cooptation d un syst me de reconnaissance qui r sulte d un jeu subtil d affinit s entre les enseignants et certains de leurs l ves ou tudiants A la fois juges et parties les enseignants ne s lectionnent pas selon les m rites objectifs mais selon des crit res implicites ou invisibles d appartenance sociale les l ves les plus proches de leur propre milieu social On peut m me tablir un mod le des crit res du jugement professoral en faisant fonctionner une machine classer qui partir d une s rie d origines sociales donne automatiquement la sortie le classement scolaire r el des l ves BOURDIEU amp SAINT MARTIN 1975 La s lection est alors un v ritable syst me de parrainage mais un syst me m connu la fois par les s lectionneurs et par les s lectionn s et d autant plus efficace que sa v ri table nature demeure ignor e Bien que d inspiration th orique diff rente et se r clamant du marxisme les travaux de BAUDELOT et ESTABLET pr sentent des analyses assez convergentes Pour ces auteurs ce qui caract rise la soci t capitaliste c est l antagonisme des classes De la m me fa on ce qui carac t rise l cole capitaliste 1971 c est la division sociale Sous couvert de l galit des chances de la neutralit et du jugement objectif port
155. re c est m me la cat gorie la moins nombreuse si l on laisse de c t le groupe h t rog ne intitul divers A l autre extr me la cat gorie la plus 82 Alain L ger nombreuse celle des enfants d ouvriers est aussi la cat gorie la moins souvent l ge normal Maintenant si la notion de norme au lieu d tre prise dans son accep tion de mod le id al de r gle de conduite est entendue dans son deuxi me sens plus proche des statistiques qui d signe le comportement le plus r pandu 1l faudrait alors plut t dire que la situation normale pour un l ve en 1985 c est d tre en retard Consid r e de ce point de vue une seule CSP est anormale puisqu elle ne se comporte pas selon la r gle majoritaire les seuls d viants dans le syst me scolaire actuel ce sont les enfants de cadres qui comprennent notamment les enfants des enseignants du secondaire Encore faudrait il ajouter que le retard n a pas toujours les m mes cons quences scolaires selon la CSP Les cadres sup rieurs sont moins souvent en retard que les ouvriers mais m me lorsqu ils le sont ils parviennent plus nombreux en terminale dans le panel je constate que 40 des enfants de cadres en retard parviennent en terminale contre 8 des ouvriers en retard Le lien entre retard et limination ne fonctionne donc pas lui non plus de fa on quitable En d autres termes la norme est appliqu e in galement par l cole ceux qui sont
156. re comme simplificateurs Quatre axes de contestation leur sont fr quemment oppos s D abord que gardent ils de leur pouvoir explicatif dans une conjoncture de d centralisation o l on exalte pr sent les vertus de l auto nomie des tablissements la libert de choix des familles la diff rencia tion p dagogique la d sectorisation l initiative locale les projets d tablis sements etc Cette mort lente de l tat nation ducateur pour repren dre le titre d un chapitre d ouvrage r cent LELI VRE amp NIQUE 1993 n a t elle pas n cessairement des effets d mocratiques en rapprochant l cole des citoyens Ensuite les limites du pouvoir tatique sont videntes si l on songe par exemple que le 1 septennat de MITTERRAND nous a fourni en l espace de deux ans seulement deux exemples clatants d chec en mati re de politique scolaire ayant entra n le retrait des projets gouvernemen taux et la d mission des ministres concern s comme en t moignent conjointement les manifestations de 1984 en faveur de l cole priv e et contre le projet SAVARY et celles de 1986 contre le projet DEVAQUET 10 10 La juxtaposition des deux manifestations et des deux projets de r formes rapproch s rapidement au d tour d une m me phrase n a pas pour but de laisser supposer une quel 59 A la recherche des paradigmes perdus En outre s il est vrai que ces deux exemples ont t particuli re
157. recomposent en permanence dans le temps et l espace la multiplication actuelle des conflits arm s et l explosion des nationalit s peuvent elle nous conduire la vision d un ordre social immu able et fig sur la victoire d finitive des dominants Certes ces consid rations nous loignent en apparence de la r flexion sociologique dans la division traditionnelle du travail entre les disciplines la sociologie occupe souvent un cr neau plus empirique et plus analytique laissant parfois la globalisation et les synth ses aux sciences historiques et politiques Mais je voulais seulement montrer ici en quoi la d marche analytique et la d marche synth tique ne s opposent pas mais se compl tent tout en restant l une et l autre parfaitement coh rentes avec le paradig me de la reproduction 110 Alain L ger C est pourquoi la vieille opposition des d terminismes sociaux et de l histoire ou de la libert humaine me para t relever bien plus d un type de pens e scolastique que d une nouveaut pist mologique contrairement l opinion de ceux qui p riodiquement le d terrent en croyant d couvrir l Am rique Mais par sa permanence m me ce d bat illustre les limites les r gressions et le caract re inachev de l interpr tation sociologique Est ce donc nouveaut ou banalit que de chercher penser ensemble l acteur et le syst me Plusieurs autres sociologues ont insist avant moi sur cette n cessaire
158. riels pr sentent cette curiosit de d pas ser en permanence les 100 pour certaines tranches d ge Par exemple les tableaux publi s chaque ann e par la DEP donnent la population de chaque tranche d ge entre 4 et 11 ans comme scolaris e 100 12 En r alit cela est quelque peu inexact comme le pr cise parfois une petite note et comme on peut le calculer partir des effectifs par exemple en 1986 87 la population scolarisable g e de 5 ans est de 790 706 l ves et la popula tion du m me ge scolaris e par le seul MEN est de 810 163 l ves soit un taux de 102 5 ramen 100 pour des raisons tout fait compr hensib les Avant l ge de 4 ans ou partir de 12 ans on ne rencontre pas de tels d passements soit parce que la population est insuffisamment scolaris e soit parce qu elle est plus fortement prise en charge par des structures ne d pendant pas du MEN Mais pour que l erreur n exc de pas 2 5 il fau drait que le MEN scolarise lui tout seul la totalit de la population g e de 4 11 ans Or puisqu il y a d autres enfants ceux dont les dossiers ignorent l ge ceux qui sont dans le priv hors contrat ou dans les structures rele vant du Minist re de la Sant ou de l Agriculture ou m me on peut le supposer chappant toute scolarisation cela signifie alors que le d pas sement est bien sup rieur cet cart de 2 5 tabli dans l exemple cit 12 Par exemple nous l av
159. rientations th oriques celui de l efficacit des tablis sements et des structures scolaires que j aborderai plus loin en voquant les recherches consacr es l effet tablissement ou l effet secteur Mais cette liaison elle m me pose un double probl me comment passe t on de l efficacit du ma tre celle de l tablissement Ou d une fa on plus g n rale comment passe t on de l acteur la structure Acteurs et structures Voil donc comment au plan des orientations g n rales j ai pratiqu mon propre retour l acteur pour reprendre l expression de TOURAINE Comme on le voit cette d marche personnelle est en opposition sur le plan des cadres th oriques avec celles auxquelles s applique d ordinaire cette expression Il s agit pour moi de compl ter des manques et souvent d infl chir et de corriger des analyses trop m canistes telle celle qui attri bue toute la responsabilit de l tat pr sent du syst me scolaire aux poli tiques gouvernementales en oubliant le poids de l histoire de l institution et les r sistances ouvertes ou larv es de tel ou tel groupe social Ou encore celle qui attribue la responsabilit de l chec scolaire l l ve lui m me ou sa famille en oubliant tout ce que cet chec doit aux structures scolaires aux pratiques d valuation et d orientation et l arbitraire des contenus enseign s En bref mon orientation pourrait tre d finie comme
160. rises Ces r sultats ne permettent en aucune fa on d affirmer que l un des deux secteurs est plus efficace que l autre Mais ils permettent par contre de r futer une fois de plus l explication fataliste par le handicap socioculturel s agissant de l chec des enfants d origine populaire On voit que sans jamais renier le paradigme de la reproduction dans sa version conflictualiste et en travaillant m me de mon mieux lui permettre d englober un champ plus large de recherches empiriques j avais finalement en vue une synth se permettant de d passer l opposition st rile de l acteur et des structures Car en derni re analyse si cette opposi tion est celle d un point de vue objectiviste ou subjectiviste quant au m me objet alors il n y a m me pas discuter Les deux d marches n ont rien d quivalent du point de vue pist mologique j ai toujours t et je reste persuad que l attitude objectiviste le fameux traiter les faits sociaux comme des choses de Durkheim reste la seule qui fonde authentique ment l approche sociologique et m me l approche scientifique tout court S il s agit de la pr tendue opposition des m thodes quantitatives ou quali tatives macrosociologie ou tudes locales etc l non plus je n ai pas l ombre d un doute pour en avoir exp riment beaucoup je sais qu elles sont toutes n cessaires et compl mentaires comme je me propose de le montrer plus loin 102 A
161. rivent jusqu au bout du cursus long sans avoir pris de retard c est dire combien d l ves sont normaux sur les deux plans faire une scolarit normale compl te et la faire en restant l ge normal on peut les compter dans le tableau I ils sont 5 966 n avoir pas de retard sur les 10 212 qui entrent en terminale Or rapport s au 37 437 qui composaient l effectif initial des classes de 6 me ces 5 966 l ves repr sentent 15 9 de la cohorte Voil un r sultat qui ne d ment gu re les analyses anciennes de BAUDELOT et ESTABLET en 1985 il y a seulement 15 9 d l ves normaux dans notre syst me scolaire 28 28 Cette analyse ne vise videmment pas d montrer qu hormis les 15 9 d heureux lus tous les autres chouent Elle tente seulement de confronter aux r alit s la norme scolaire qui fonde les valuations et de montrer travers quelles d perditions se r alise le pi tre rendement du syst me scolaire d perditions d l ves qui constituent le v ritab le chec et gaspillage de temps chez ceux qui finissent par r ussir apr s redoublement Voir ce propos l excellente analyse de Lucie Tanguy 1991b notamment pp 131 152 sur les normes p dagogiques 81 La reproduction existe je l ai rencontr e Qu en est il pr sent de ces cursus selon la cat gorie socioprofession nelle des l ves En raisonnant sur l ensemble des l ves sur des pourcen tages moyens de retard ou d
162. rmation active De la m me fa on du c t des acteurs l volution des 108 Alain L ger strat gies a pour objet le maintien des privil ges ant rieurs si l on s adap te c est pour mieux les conserver Ainsi au moment m me o de nombreux d fenseurs de l enseigne ment priv manifestaient dans les rues banderoles l appui en partie peut tre par imitation des strat gies d utilisation du priv utilis es ant rieurement par les dominants et par souci d en tirer les m mes avantages distinctifs l tude statistique montre que de nombreux cadres sup rieurs sans tambour ni trompette optaient pour un choix diam tralement inverse sans doute pour viter un priv devenant trop populaire leur go t et se retrouver entre soi dans des tablissements publics haut de gamme comme ils le faisaient d j depuis longtemps dans des r gions telles que l Ouest o le priv a traditionnellement une composition sociale populaire On songe alors irr sistiblement ces aristocrates d crits par TOMASI DI LAMPEDUSA dans Le Gu pard et qui montrent leur parfaite connais sance du processus dialectique par lequel se reproduit leur domination si nous voulons que tout continue il faut que d abord tout change Ce qui finalement n est pas tr s loign de la fameuse parole de MACHIAVEL son prince si tu veux viter la r volution fais la Ainsi dans une soci t divis e en classes la re
163. robl me des in galit s scolaires dans celui des in galit s sociales globales Il montre que la sociologie de l ducation tient parfois des raisonnements qu aucune autre sociologie n oserait tenir Si l on avait 95 La reproduction existe je l ai rencontr e estim par exemple aux environs de 1960 que les in galit s salariales seraient r duites le jour o tous les ouvriers gagneraient au moins ce que gagnaient en moyenne les cadres l poque elles auraient d non seule ment se r duire mais dispara tre depuis longtemps M me chose si l on d cidait que l acc s tel bien d quipement t l phone lectrom nager ou autre doit rester un crit re intangible de mesure Encore l exemple salarial n est il pas enti rement probant puisqu il cumule deux sources de relativi sation diff rentes l rosion mon taire qui est sans doute sp cifique l exemple cit et d autre part un ph nom ne g n ralisable l ensemble des tudes portant sur l in galit le fait que d s lors que l acc s un bien se g n ralise son aptitude servir d indicateur de diff renciation sociale est frapp e d obsolescence Sinon il est trop vident qu on finira toujours pourvu qu on attende le temps n cessaire par conclure la r duction des in galit s p 647 Et MERLLI termine sa d monstration en comparant le taux d acc s en 6 me en 1962 peine plus d un l ve sur deux non pas ce m me taux d a
164. rtir d un de leurs enfants scolaris au niveau 6 me 4 me secon de ou terminale pour moiti dans le public et pour moiti dans le priv Le questionnement porte notamment sur les r sultats scolaires de l enfant sur les recours effectu s dans quelles circonstances et apr s quelle scolarit Par quel moyen d rogatoire etc sur l image de l tablissement actuel et les raisons de son choix Il analyse aussi les recours envisag s avant m me que la situation en termes de retard notamment ne cr e les conditions d un transfert effectif Enfin un questionnement plus succinct mais identique dans ses grandes lignes concerne le parcours scolaire de chacun des autres enfants de la fratrie Ainsi sera t il possible non seulement de mieux cerner les motifs r els de l attachement au double syst me de scolarisation mais encore de mesurer plus exactement la proportion de familles souhaitant b n ficier des 41 Cette recherche est effectu e en collaboration avec Gabriel LANGOU T 136 Alain L ger possibilit s d un recours ventuel Il sera particuli rement utile de d gager des typologies de familles et notamment celles qui sont fid les un unique secteur pour tous leurs enfants par opposition celles qui ont recours alternativement ou simultan ment aux deux secteurs de scolarisation selon les poques selon les caract ristiques de la fratrie et selon les possi bilit s locales Il sera alors int ressant
165. rts sociaux qui sont normes surtout dans les fili res d excellence Mais il est indispensable pour ma d monstration d analyser galement l volution de ces carts Or non seulement ces carts sociaux restent normes m me si l on s en tient uniquement au taux d acc s en terminale mais 1ls ont en r alit jusqu pr sent augment avec la massification de l enseignement secondai re au lieu de diminuer comme on aurait pu s y attendre Si nous compa rons en effet les donn es telles qu elles ont t publi es 33 et sans faire intervenir nos propres tris informatiques concernant les trois cohortes disponibles INED 1962 panel MEN 1973 panel MEN 1980 on peut alors construire le tableau suivant pour quelques CSP Tableau V Tableau V Taux d acc s en terminale selon la CSP pour les cohortes 1962 1973 et 1980 Ann e de l entr e en 6 me 1962 INED 1973 MEN 1980 MEN Cadres sup rieurs 56 74 83 Cadres moyens 50 56 66 Employ s 26 35 45 Ouvriers De 2 2 32 Ensemble 22 35 44 On constatera ais ment que le taux d acc s en terminale a globalement doubl en pr s de 20 ans Toutes les cat gories ont vu sensiblement aug 33 Source du tableau DURU BELLAT amp MINGAT 1992 90 Alain L ger menter ce taux d acc s Ceci est certainement un ph nom ne positif 34 tout comme il est positif que l clairage l lectricit
166. s Revue fran aise de sociologie XXIX 649 666 DURU BELLAT Marie amp MINGAT Alain 1992 Un regard analytique sur la d mocratisation de l enseignement valeurs heuristiques et probl mes m thodologiques des comparaisons dans le temps et l espace Soci t s contemporaines n 3 ESTABLET Roger 1987 L cole est elle rentable Paris PUF FORQUIN Jean Claude 1979 La sociologie des in galit s d ducation principales orientations principaux r sultats depuis 1965 Revue fran aise de P dagogie I 48 90 100 11 49 87 99 1 1980 51 77 92 FORQUIN Jean Claude 1982 L approche sociologique de la r ussite et de l chec scolaires In galit s de r ussite scolaire et appartenance socia le Revue fran aise de P dagogie I 59 52 75 11 60 51 70 154 Alain L ger FORQUIN Jean Claude 1983 La nouvelle sociologie de l ducation en Grande Bretagne orientations apports th oriques volution 1970 1980 Revue fran aise de P dagogie 63 61 79 FORQUIN Jean Claude 1984 La sociologie du curriculum en Grande Bretagne une nouvelle approche des enjeux sociaux de la socialisa tion Revue fran aise de Sociologie XXV 211 232 FORQUIN Jean Claude 1989 cole et culture le point de vue des socio logues britanniques Bruxelles De Boeck Universit FOURASTI Brigitte 1992 L intuition comme approche syncr tique de la r alit sociale Soci t s 35 63 71 GARFI
167. s carts bien au contraire Finalement quel que soit l indice qui serait choisi pour 1973 il se situe dans une tendance l augmentation des in galit s pour la p riode d environ 20 ans consid r e 92 Alain L ger l inconv nient des tudes longitudinales est qu elles nous donnent des infor mations un peu tardivement sur l tat du syst me puisqu il faut attendre 1989 pour faire le bilan de la cohorte 1980 mais je crois avoir montr que le gain de fiabilit en valait la peine On ne peut pas dire grand chose sur l volution des diff renciations sociales en cours actuellement et c est sans doute dommage mais le s rieux du d bat sur la d mocratisation et sur la reproduction m rite peut tre que l on ne se pr cipite pas sur n importe quel indicateur de circonstance qui serait par de toutes les vertus parce qu il semblerait r pondre plus vite une attente impatiente de transformations Notons qu il ne s agit pourtant point ici de l acc s certaines tudes prestigieuses mais tout simplement de l acc s en terminale toutes termina les confondues Ces donn es permettent d ailleurs DURU BELLAT et MINGAT 1992 de conclure l issue d une analyse minutieuse 36 que la tendance est plut t l accentuation des in galit s sociales et de souli gner l absence totale d am lioration voire une certaine d gradation en ce qui concerne les in galit s sociales tenant au fonctionnement du syst me
168. s cycles d observation am nag s notamment en comparant les cursus suivis par les l ves selon leur nationalit Enfin j ai galement un projet de recherche portant sur l efficacit de l enseignant Les l ves trangers en cycle am nag 40 Dans le cadre de l valuation des mesures prises en faveur des l ves en difficult en d but de coll ge tudes conduites sous l gide de la DEP une recherche portant plus sp cifiquement sur le suivi des l ves d origines trang res a fait l objet d une convention avec l quipe de socio logie de l ducation de l Universit Paris V Ren Descartes Unit associ e CNRS n 887 dont je suis membre et sa r alisation a t confi e Gabriel LANGOU T et moi m me 40 Cette recherche est effectu e en collaboration avec Gabriel LANGOU T 131 Perspectives de recherche Un chantillon de 219 coll ges scolarisant plus de 32 000 l ves de 6 me a t constitu par la DEP dans six acad mies de la France m tropoli taine Lyon Aix Marseille Bordeaux Caen Rouen et Orl ans Tours L objectif tait de retenir en nombre quivalent des tablissements ayant et n ayant pas un cycle d observation am nag afin d obtenir finalement un chantillon d au moins 2 000 l ves scolaris s en 1 ann e de cycle am nag en trois ans Cette tude cherchera faire le point sur la r ussite compar e des l ves fran ais et trangers ou d
169. s gr gation 90 0 75 0 60 0 45 0 30 0 15 0 0 0 de 30 30 39 40 49 Choix individuels des professeurs prioritaires Structure des postes offerts 50 59 o d enfants d ouvriers x i 38 Les tableaux chiffr s qui fondent cette analyse peuvent tre trouv s par exemple la page 33 du livre Enseignants du secondaire 105 La reproduction existe je l ai rencontr e La loi qui se d gage alors est la suivante bien qu tant les plus abondamment offerts les postes en milieu bourgeois ne sont pas assez nombreux pour r pondre l ampleur de la demande Ou en d autres termes bien qu tant extr mement s gr gative la structure scolaire ne l est pas encore assez pour satisfaire les aspirations des professeurs S1 le premier type de discrimination se caract rise bien comme un effet de structure s imposant aux individus dans la mesure o ce ne sont pas les professeurs titre individuel ni m me collectif qui cr ent les postes sur lesquels ils sont nomm s le second type de discrimination en tant que choix massif et presque exclusif des tablissements les plus hup p s r sulte par excellence d une strat gie d acteurs En effet nous voyons de la sorte appara tre une zone d action autonome o les comportements individuels loin d tre imp rativement contraints par une r gle ou une l gislation s imposant de l ext rieur aux individus sont au contraire le r sultat d
170. s et l appli cation de formules math matiques qui font science gr ce leur appa rence sophistiqu e elles n en demeurent pas moins simplistes au plan th o rique conservatrices au plan de l action et fr quemment d menties au plan empirique Je reviendrai au chapitre I sur ce d bat et notamment propos des implications th oriques des notions de strat gie et d int r ts de classe Bornons nous pour l instant remarquer qu il semble y avoir un premier paradoxe la sociologie classique s tait constitu e par opposition l utilitarisme primitif de l conomie politique qui se fondait sur le self interest d Adam SMITH et qui consistait dire en substance il n y a qu une chose c est le march et le march est ternel car ce qui cr e le march c est l int r t individuel qui est lui m me ternel universel voire naturel Or pr cis ment la sociologie tait venue pour dire en quelque sorte non le tout de la soci t ne se r duit pas au march c est dire aux seules relations calculatrices que les individus entretiennent entre eux et avec les choses CLAVAL 1980 La le on a t elle t entendue On peut remarquer en tout cas que la r flexion moderne sur l conomie a depuis longtemps abandonn ses postulats initiaux en partie peut tre sous l influence de la sociologie mais aussi parce que l existence d normes multinationales capitalistes et l intervention permanente de
171. s obtentions du bac par les non redoublants du secondaire ou 1988 position m diane dans l chelonnement chronologique Mais il me semble que les autres choix n offriraient pas l avantage d tre moins contes tables et seraient sans doute m me encore plus sujets caution le cumul a posteriori me para t moins redoutable justifier que le cumul par anticipation qui serait pratiqu si l on optait pour une date ant rieure De plus sans r soudre ce probl me th orique les autres choix ne r soudraient pas non plus le probl me pos par la non concordance des deux s ries de mesures longitudinale et transversale voudrait on rapprocher les deux mesures dans le cas panel 1980 cela ne ferait que les loigner l o elles co ncident c est dire dans le cas du panel 1973 En fait seule une contestation radicale du principe m me de la comparaison serait la position th oriquement la plus s re Une telle attitude conduirait alors refuser de faire figurer sur un m me graphique chronolo gique ou dans tout autre type de comparaison des s ries longitudinales d finies uniquement par leur date de d part et n ayant pas de date finale fixe au sens d identique pour tous les sujets car celle que nous avons est bien une date finale fixe mais elle signifie seulement la fin de l observa tion et des mesures transversales qui elles n ont par d finition ni d but ni fin mais m langent les g n rations tout en les estimant de f
172. s questions ne sont pas sans importance du moins pour qui se pr occupe des usages sociaux d un r sultat de recherche et de l ducation critique du public qui s adres se l information Cependant elles ne constituent pas l objet principal de ma d monstration L o le b t blesse c est lorsque l on confronte ce graphique aux donn es longitudinales pr sent es sans graphique la page 153 du m me ouvrage qui sont issues de la comparaison des panels 1973 et 1980 au bout de neuf ans Il s agit alors du taux d acc s r el en terminale de deux g n rations d l ves scolaris s en 6 me neuf ans auparavant donc porter 69 La reproduction existe je l ai rencontr e au cr dit des ann es 1982 et 1989 m me si pour une part ces l ves sont arriv s en terminale au bout de sept ou huit ans au lieu de neuf Ces taux sont respectivement de 35 4 et de 43 7 Bien qu il n entre pas dans mes intentions d tablir une courbe partir de deux mesures isol es je les reporte n anmoins sur le graphique publi par la DEP seule fin de comparaison Figure 3 Figure 3 Comparaison du taux d acc s annuel et du taux d acc s d une cohorte au niveau du baccalaur at 50 0 45 0 Li 40 0 35 0 5 30 0 25 0 20 0 O Om M OUR OO m1 M un OR oo O D OR OR IR IS GG 000o O On mm nm nm mn nn an dd mt mm mm mm mm a Id S1 les deux indices ne se contredisent pas en ce sens qu ils tablissent l un et l autre
173. seurs l gard des lyc es populaires puis dans la ZEP de la part des enseignants mais aussi des familles puis enfin chez les transfuges de l enseignement public ou priv C est le cas galement de l effet tablissement ou de l effet secteur tudi s tant t au niveau local tant t pour la France enti re dans mes deux derniers ouvrages Mes projets de recherche et de formation doctorale eux m mes que je pr senterai au chapitre IV s inscrivent dans une continuit th matique avec plusieurs de mes recherches ant rieures S agit il d tudier la r ussite des l ves trangers en cycle am nag de coll ge Avec d autres m thodes et sur un autre terrain je resterai n anmoins dans un domaine familier gu re loign des pr occupations qui taient les miennes quand j ai enqu t une ann e enti re dans la ZEP multi ethnique de Gennevilliers S agit il de la 12 Alain L ger poursuite de nos travaux sur l enseignement public et priv Apr s l ana lyse des effets de structure il para t maintenant int ressant d appr hender plus finement les strat gies d acteurs telles qu elles sont d crites par les int ress s et telles qu elles peuvent tre objectiv es par le chercheur S agit il enfin d tudier l efficacit des enseignants du secondaire J am liorerai ainsi ma connaissance d un groupe social auquel j ai consacr plusieurs autres travaux en m me temps que j affinerai ma connaissance
174. simple querelle philosophique sans grand int r t pour la sociologie Mais ce serait oublier que nous sommes aussi au c ur du probl me de la reproduction id ologi que comment les normes et les valeurs de l ancienne soci t s imposent elles aux nouvelles g n rations Mais comment galement se transfor ment elles Consid r e un instant pr cis fig e par l observation comme par une photographie la libert humaine n existe pas et le mouvement s arr te Tout n est qu ordre luxe calme et harmonie pr tablie Les domin s acceptent leur domination comme tant dans l ordre des choses Et parce que cet instant peut durer des d cennies certains vont alors proph tiser la fin des r volutions Mais la t che premi re de la sociologie n est elle pas au contraire de faire merger le cach de d celer le potentiel explosif qui sommeille dans les contradictions de tout syst me de domination D crire comme je viens de le faire une nouvelle discrimination qui s ajoute la liste de celles que l on connaissait fort bien est ce d crire l tat inerte d un syst me non contradictoire et stable Car s il y avait inertie alors il 107 La reproduction existe je l ai rencontr e faudrait sans doute la comparer l inertie d une charge de dynamite avant qu elle n ait rencontr l tincelle D autant que la permanence l identique du syst me n existe pas m me si l on s en tient une dur e tr s br ve Il
175. sons que j ai moi m me effectu es sur les enqu tes FQP 1970 et 1985 INSEE 1974 et 1988 Aller plus loin dans l analyse sociologique des enseignants c tait observer en particulier comment ces origines et cette situation sociale engendrent des types de repr sentation sp cifiques des mod les et des crit res de jugement particuliers des comportements p dagogiques politi ques et sociaux d termin s Si une telle d monstration tait relativement facile faire et peu originale en mati re de choix syndicaux ou d opinions politiques elle l tait d j plus quant la d pendance des choix p dagogi ques par rapport au social mais elle tait proprement scandaleuse du moins aux yeux des int ress s lorsqu il s est agi de passer au crible leurs strat gies de carri re leurs choix d tablissements c est dire ce qu ils vivent comme relevant du domaine priv des convenances personnel les pour r v ler que ces comportements se donnant voir comme les plus individuels taient eux aussi socialement d termin s et signifiaient 40 Alain L ger l vitement des publics populaires et la recherche des l ves bourgeois L GER 1981 Aller plus loin dans la connaissance des enseignants c tait aussi rompre avec le postulat de l acteur rationnel qui fait toujours ce qu il dit dit toujours ce qu il fait et sait toujours pourquoi il le fait Car cette vision m taphysique d individus coh
176. ss s chez les jeunes en 1986 et la mort de Malik Oussekine des suites de la correction inflig e par les forces de l ordre ne sont comparables L un des rares points communs que l on peut sans doute leur trouver est bien de t moigner du poids des luttes scolaires et dans certaines circonstances de la force des acteurs face au pouvoir d Etat 11 Bornons nous citer sur ce point l ouvrage de Viviane ISAMBERT J AMATI Les savoirs scolaires Paris ditions universitaires 1990 60 Alain L ger CHAPITRE II La reproduction existe je l ai rencontr e Je voulais donc voir si l cole avait fondamentalement chang depuis 20 ans hormis dans ses apparences C est pourquoi l occasion de cette recherche pour illustrer un cours de licence portant sur la th se des deux r seaux de scolarisation de BAUDELOT amp ESTABLET mais aussi pour tirer au clair mes propres doutes qui grandissaient j ai moi m me travaill sur des donn es plus r centes que les leurs afin d actualiser leurs analyses et d prouver la validit de la th orie plus de vingt ans apr s sa naissance Ainsi j ai trait sur les ordinateurs de l INSEE les cheminements des 37 437 l ves du Panel 1972 73 74 suivis par le Minist re de l ducation nationale depuis leur entr e en 6 me jusqu leur sortie de l enseignement secondaire donc jusqu en 1985 pour ceux qui ont mis le plus de temps pour effectuer ce parcours Nous en donnons quel
177. t s ils restaient constants d une p riode l autre Il me faudra donc d montrer que certains biais ne sont pas toujours constants 13 J faut ce propos voquer une source d erreur difficilement chiffrable qui r sulte de politiques locales men es par certains tablissements Par exemple tel chef d tablisse ment peut avoir int r t pour viter des suppressions de postes ou des fermetures de classes pr senter des bilans d effectifs l g rement gonfl s gr ce aux inscriptions non confirm es aux l ves ayant quitt l tablissement voire des inscriptions ficti ves Tout le monde conna t des cas o l on ajoute 2 voire 5 l ves fictifs une classe de 25 Mais videmment personne ne peut affirmer que ces cas soient g n ralisables et encore moins estimer ce qu une telle pratique induirait comme distorsions des statisti ques nationales si elle s av rait avoir quelque g n ralit 64 Alain L ger S1 l on envisage en outre une source d incertitude suppl mentaire tenant l volution de la d finition du baccalaur at qui rend al atoire toute comparaison historique peut on l gitimement inclure le bac professionnel qui n a aucun d bouch vers l enseignement sup rieur dans le total du baccalaur at d fini pour les p riodes ant rieures comme le premier grade de l enseignement sup rieur on voit qu il est permis de douter de l opti misme de certaines statistiques publi es dans
178. t risait les courants dominants de la sociologie des ann es 1965 75 et cela pr cis ment au moment o la conjoncture cono mique politique et sociale donne dans la r alit une grande validit pr dictive et une clatante confirmation a posteriori aux analyses les plus critiques des sociologues les plus radicaux Certes on ne s tonnera pas que la sociologie soit dans l air du temps et l air du temps celui qui nous est distill profusion est la r signation l acceptation fataliste de vingt ann es de crise et de leurs cons quences pr sent es comme naturel les c est dire la liquidation de toutes les avanc es sociales conquises par les luttes ant rieures Fini le temps des illusions r formistes sur la possibilit d amender un tant soit peu le syst me capitaliste de l am liorer d viter son taux de ch mage croissant et ses crises cycliques analys es par MARX d obtenir progressivement une galit des chances et d inciter une volution pour mieux viter la r volution Et voici revenu le temps des soupes populaires et de la pauvret galopante que l on ne cherche ni combattre ni m me cacher l in galit est au contraire une donn e sociale pr sent e comme universelle incontournable et in vitable Que la sociolo 51 A la recherche des paradigmes perdus gie fonctionne alors comme th orisation savante des id ologies ambiantes pr chant la r signation l individualisme et
179. t dans le public soit dans le priv selon le moment tout fait al atoire de leur cursus o est effectu le recensement Certes dans une perspective de gestion ces changes entre les deux sec teurs n ont que peu d int r t il est sans importance qu il ne s agisse pas des m mes l ves d une ann e sur l autre tant que le volume global des places disponibles de part et d autre reste peu pr s constant mais on voit aussi que la m thode des cohortes et infiniment sup rieure aux tudes de stock d s qu il s agit de mesurer l attachement des Fran ais au double syst me de scolarisation et de comprendre par exemple les raisons qui ont pouss un million de personnes manifester dans les rues en 1984 pour d fendre l enseignement priv Ceci dit m me dans les tudes de cohortes longitudinales et repr sen tatives telles que les panels d l ves certains biais m thodologiques d for ment quelque peu la g n ralisation que l on peut faire l ensemble d une g n ration d l ves par exemple le fait que l chantillon concerne unique ment la France m tropolitaine et exclusivement des l ves entr s en 6 me normale donc en excluant les DOM TOM d une part et d autre part les l ves envoy s en SES ou dans l infinie vari t des structures sp ciales qui se succ dent voire se superposent d une poque l autre et dont 75 La reproduction existe je l ai rencontr e l effectif
180. t simple de tout cadre de r f rence th orique On peut alors l gitimement se deman der si une telle d rive n est qu un avatar accidentel ou au contraire si elle constitue l aboutissement n cessaire de la logique individualiste qui sous tend les sociologies de l acteur Il est noter galement que pour une part cet oubli des d terminants sociaux globaux a t parfois facilit par la floraison d tudes microsociolo giques par la mode des tudes biographiques ou des histoires de vie par la d couverte r cente du milieu local par la sociologie de l ducation fran aise HENRIOT VAN ZANTEN amp L GER 1985 HENRIOT VAN ZANTEN 1990 DURU BELLAT amp HENRIOT VAN ZANTEN 1992 Certes l immer sion dans le local dans le particulier voire dans l histoire individuelle 50 Alain L ger peut pr senter un risque d occultation du syst me social global Mais ce risque n est pas in vitable Et selon moi il ne tient pas essentiellement aux m thodes et aux champs d investigation mais aux cadres th oriques d ana lyse Dans une telle optique les approches macro et microsociologiques ne s opposent pas n cessairement elles peuvent tre compl mentaires et s enrichir mutuellement d bat sur lequel je reviendrai au chapitre IMI Enfin le second paradoxe que nous offre le th me du retour l acteur du moins dans sa version conservatrice c est son refus de l attitude radicale ou critique qui carac
181. tatif il manquerait sans doute tout de l approche scientifique Pour la simple raison que parmi les crit res de la scientificit figurent la g n rali 119 Unit d approche et diversit des m thodes sation des r sultats et l ext riorit de l observateur qui sont acquis plus ais ment dans le premier cas de figure N y a t il pas au fond dans la compl mentarit de l acteur et du syst me une m me absence de sym trie le second terme tant toujours l l ment d terminant en derni re instance Je voudrais revenir un moment sur le n cessaire objectivisme qui me para t devoir sous tendre l ensemble des approches adopt es Distance l objet et objectivisme m thodologique Lorsque l enqu te porte sur une cat gorie appartenant aux classes dominantes le chercheur est amen plus que jamais se m fier de lui m me c est dire de la sorte de complicit ou de connivence qui le lie spontan ment ses semblables de classe Impliqu qu il le veuille ou non dans l objet qu il tudie il doit alors faire un effort particulier pour comme le dit BOURDIEU 1980 objectiver l objectivation et se rappeler que les d terminants sociaux ne d terminent pas seulement les autres de te fabula narratur D autant qu il est constamment sollicit et au besoin somm de se transformer en porte parole sinon en faire valoir des vues et des int r ts du groupe S il entend y r sister ce n est pas sans dommag
182. te formation comprenant des techniques relativement pointues telles que l analyse factorielle de correspondances ou des comp tences plus g n rales comme la ma trise de logiciels informatiques permettant l analyse statistique et le traitement des donn es Dans le m me temps ce n est pas seulement des techniciens troits qu il s agit pour moi de former mais aussi des th oriciens des concepteurs des experts en analyse et d finition conceptuelle des esprits critiques conscients des avantages et des limites de tout instrument et sachant discerner l id ologie et les pr suppos s inh rents toute d marche d objec tivation Enfin les domaines de cette formation concerneront notamment la sociologie des enseignants la sociologie de l valuation la sociologie de 145 Perspectives de recherche l enseignement public et priv et la sociologie des in galit s de r ussite scolaire 146 Alain L ger Conclusion Depuis un ou deux ans je reculais cette preuve qui consiste pr sen ter son propre itin raire de recherches en vue d une habilitation diriger celles des autres Toujours pris par de multiples t ches administratives et d enseignement je pr f rais consacrer la totalit de mon temps restant libre ma passion dominante mes propres travaux de recherche Pour dire les choses cr ment et sans d tour je me sentais apte guider de plus jeunes chercheurs et les faire b n ficier de mon
183. tie L efficacit des deux secteurs Soci t Fran aise 37 octobre d cembre 40 53 L GER Alain 1991 L cole et la r ussite de tous in R volution par l intelligence tome II Au c ur des mutations Paris ditions Messidor 79 90 L GER Alain 1992a Analyse critique de l ouvrage de C BAUDELOT et R ESTABLET Le niveau monte Seuil 1990 L ann e sociologique 42 456 459 L GER Alain 1992b Les strat gies des familles et le choix des tablissements in MARCOU G COSTA J P DURAND PRINBORGNE C La d cision dans l ducation nationale Lille Presses universitaires de Lille 165 186 L GER Alain amp PERRENOUD Philippe 1989 Sociologie de l valuation Bulletin de l AECSE 6 novembre 19 31 L GER Alain amp TRIPIER Maryse 1983 chec scolaire et cohabitation multi ethnique Soci t Fran aise 9 octobre d cembre 12 18 L GER Alain amp TRIPIER Maryse 1983b chec scolaire et cohabitation multi ethnique dans un quartier populaire les Gr sillons Rapport de recherche Paris CRESF 2 me tirage 1984 L GER Alain amp TRIPIER Maryse 1986 Fuir ou construire l cole popu laire Paris M ridiens Klincksieck coll R ponses sociolo giques 2 me d 1988 LE BRAS Herv 1991 Marianne et les lapins l obsession d mogra phique Paris Hachette LIENSOL B 1984 Essai de caract risation des coll ges selon le cursus sc
184. tre moins risqu que l attitude de recherche inverse qui fonde l individualisme m thodologique le constructivisme l ethnom thodologie ou les m thodes d analyse compr hensive h rit es de WEBER Car consid rer syst matiquement les faits sociaux du point de vue de l individu c est premi rement affirmer que cet individu abstrait existe ce qu il faudrait commencer par prouver et ensuite appr hender le social par le petit bout de la lorgnette en adoptant toutes les limitations voire les c cit s que tel ou tel groupe secr te dans la construction de sa propre v rit sociale et dans la d finition de celles qui ne sont pas bonnes dire Comme on le voit les approches m thodologiques vont in vitable ment de pair avec des cadres th oriques et conceptuels La difficult d une attitude m thodologique ouverte sur la compl mentarit des modes d inves tigation tient alors au fait que le chercheur doit tenter de d gager les m thodes et les concepts de leurs pr suppos s th oriques D autant qu au cun outil n y chappe Je l ai d j montr plusieurs reprises au cours de pr sent texte par exemple propos des pr suppos s de la statistique offi cielle Je souhaite ici relever rapidement quelques aspects qui ne mettent plus en cause seulement les autres mais aussi moi m me 124 Alain L ger L id ologie des statistiques On voudra bien consid rer que la r flexion qui suit sur les indices mesur
185. tri me et la seconde ce qui n est pas exactement le m me destin et peut conduire contester la th se selon laquelle il n y aurait que deux r seaux de scolarisation Mais ce serait faire peu de cas du fait qu une seule cat gorie sociale parvient majoritairement en terminale et obtient majoritai rement le baccalaur at tape vers l universit Toutes les autres en restent majoritairement exclues Si l on veut bien admettre que ce double crit re l accession majori taire d un groupe et l exclusion majoritaire des autres groupes repr sente plus qu une diff rence quantitative mais aussi un saut qualitatif alors la th orie des deux r seaux de scolarisation est par l m me confirm e 29 On 29 Cette analyse est bien s r une d monstration personnelle de ce qui me para t tre le noyau dur de la th orie des deux r seaux et n engage que ma responsabilit propre Elle n aurait donc peut tre pas l agr ment des auteurs de la th orie car elle laisse de c t nombre d l ments qui pourraient leur para tre capitaux tels que les crit res de d fini tion d un r seau etc Je n aborde pas non plus les aspects id ologiques de la reproduc 85 La reproduction existe je l ai rencontr e peut certes refuser cette approche dialectique du quantitatif et du qualitatif qui polarise l analyse statistique et la rejeter comme un postulat non d montr On pr f rera alors une repr sentation plus soft de
186. uel type social d l ves vont les pr f rences des professeurs Bulletin de Psychologie XXXVII 366 juillet ao t 749 756 L GER Alain 1985 tre social et positions socio politiques des professeurs in Classes et cat gories sociales aspects de la recher che Roubaix Edires 199 206 L GER Alain 1987a L cole inqui te les parents in Minelle VERDI d L tat de la France et de ses habitants Paris La d couverte 14 17 L GER Alain 1987b L cole priv e est elle la plus d mocratique Un essai d valuation sociologique des deux syst mes d enseignement Premi res analyses en vue du colloque franco br silien Document de travail diffusion restreinte non publi 13 juillet 1987 19 p L GER Alain 1988 Participer ou objectiver in Claude SEIBEL d Recherches impliqu es recherches actions le cas de l duca tion Bruxelles De Boeck Universit 157 Bibliographie L GER Alain 1989 Enseignement public et enseignement priv quelle efficacit quelles volutions Communication au VII me Congr s mondial d ducation compar e Montr al L GER Alain 1990a Enseignement public et enseignement priv id es fausses et r alit s 1 re partie Recours au priv et strat gies Soci t Fran aise 36 juillet septembre 46 58 L GER Alain 1990b Enseignement public et enseignement priv id es fausses et r alit s 2 me par
187. ues dix sept ans auparavant la mise en relation de ces deux donn es suppos es connues avec pr cision n est pourtant pas de l ordre de l vidence En effet l ventail des ges et des cursus scolaires est tr s large entre 16 ans et 20 ans pour la majorit des l ves voire plus pour les candidats libres au baccalaur at ou moins pour une petite minorit pr coce de sorte qu il est difficile de ma triser compl tement la complexit et la dur e tr s in gale des chemine ments parcourus et de les rapporter de fa on s re des g n rations bien identifi es D autre part les flux migratoires et les taux de d c s font volu er l effectif des g n rations de r f rence c est pourquoi on se base sur l estimation d une population scolarisable valu e et r valu e p riodique ment par l INSEE partir des recensements On le voit dans le meilleur des cas la coupe transversale ne permet qu une estimation dont on ignore le degr de fiabilit Le taux d acc s annuel m me lorsqu il est d compo s en taux l mentaires d acc s par classe d ge ne pourra donc jamais rivaliser avec les taux d acc s calcul s sur des cohortes 62 Alain L ger Mais il ne suffit pas de dire que la statistique officielle comporte une marge d erreur dans ses estimations il faut ajouter qu elle produit syst ma tiquement de la surscolarisation Ainsi les taux de scolarisation calcul s par les services statistiques minist
188. un quartier populaire les Gr sillons Rapport de recherche Paris CRESF 1984 1 f tirage 1983 248 p annexes Alain L ger 2000 L auteur autorise la copie du pr sent document dans les conditions suivantes l exemplaire t l charg ne doit faire l objet d aucune nouvelle copie Il ne peut tre tir sur papier qu en un seul et unique exemplaire Il ne peut tre utilis que pour un usage priv des fins de lecture personnelle ou pour l enseignement et la recherche Toute autre reproduction diffusion et usage public des fins commerciales ou non m me titre gratuit reste interdite sans le consentement crit de l auteur ou de ses ayants droit Note de synth se pr sent e pour l habilitation diriger des recherches Autres travaux non pr sent s pour l habilitation L GER Alain Algorithmes d enseignement et formation de l esprit logi que Cahiers p dagogiques n 142 f vrier 1975 L GER Alain Situation et position sociale des professeurs en France Th se de ITI me cycle en Sciences de l ducation sous la direction de V ISAMBERT JAMATI Paris Universit Ren Descartes 1980 315 p annexes L GER Alain L approche sociologique de l chec scolaire tat des travaux et tendances actuelles Soci t Fran aise 9 octobre d cem bre 1983 62 64 L GER Alain Les enseignants d une ZEP Dialogue n 40 mars avril 1984 DURAND Annick amp L GER
189. une importante augmentation des flux on voit cependant que rapport e une mesure r elle et longitudinale et non une estimation faite partir d instantan s transversaux l volution constat e par le m me servi ce statistique est d une part inf rieure 43 7 au lieu des 50 annonc s 70 Alain L ger triomphalement en 1989 m me si le triomphalisme a fait encore mieux depuis lors 16 et semble d autre part plus continue puisque dispara t la brutale acc l ration qui se serait amorc e partir de 1985 sous l impulsion des ministres que l on sait 17 Avant de tirer des conclusions de cette confrontation il faut bien s r se poser la question de la l gitimit de l op ration entreprise La principale question qui appara t est celle de l ann e de r f rence cela pose videm ment probl me dans les tudes longitudinales puisqu elles cumulent des r sultats pouvant s chelonner sur plusieurs ann es ce qui donne justement 16 Les derni res estimations publi es par la DEP 1992 font tat de 60 6 d une g n ration atteignant le niveau bac en 1991 92 Avec des indicateurs aussi optimistes il est maintenant craindre que l on d passe les 100 avant la fin du si cle tout comme on a depuis longtemps d pass les 100 de scolarisation en maternelle et dans l l men taire 17 Cette consid ration peut sembler pr senter un int r t plus politique que sociologi que si elle conduit se
190. une lutte contre tous les fatalismes contre toutes les interpr tations r ductrices et m canistes y compris celles pouvant d couler du paradigme de la 45 A la recherche des paradigmes perdus reproduction Il ne s agit donc en aucune fa on de remettre en cause ce paradigme lui m me puisque je tends au contraire mieux l tayer en l affinant Mais pour nombre d tudes au contraire l acteur qu il s agisse de l l ve de sa famille ou de l enseignant est plut t d fini comme un indivi du libre mettant en uvre des strat gies pour l obtention de telle ou telle position sociale ou scolaire valoris e Et le syst me social n est en fin de compte que l agr gation la conjonction ou l interaction de cet ensemble de strat gies individuelles convergentes ou le plus souvent concurrentes Les r f rences la th orie des jeux VON NEUMANN amp MORGENSTERN 1944 sont tr s claires et l image du joueur qui calcule ses coups pour gagner la partie est fr quente Non moins fr quente est la r f rence aux th ories lib rales de l homo conomicus qui pour chaque d cision se livre un calcul co t efficacit et value rationnellement la rentabilit de chacu ne des solutions qui s offrent Qu il s agisse des d cisions de poursuivre ses tudes du choix de telle section du choix d un tablissement scolaire les hommes sont alors d crits comme des consommateurs d cole qui face la vari t des
191. uppos tout bien pes mieux vaut tre scolaris longuement que peu ou pas scolaris du tout Ce qui peut para tre paradoxal puisque je soutiens en m me temps que l cole a des fonctions reproductrices notam ment au plan id ologique Mais je pense surtout au positif en termes de d bouch s sur le march du travail Ceci dit ce pr suppos est bien s r contestable et peut tre contes t mais il a peu de chances de l tre par ceux qui r cusent la th se de la reproduction 91 La reproduction existe je l ai rencontr e qu ils passent de 44 points en 1962 52 points 35 en 1973 et m me 53 points en 1980 Par ailleurs je pr sente au chapitre II une bauche de r flexion sur les indices pouvant affiner cette mesure des carts sociaux de r ussite Figure 4 volution des taux d acc s en terminale pour les enfants de cadres et d ouvriers cohortes 1962 1973 et 1980 s O cs 80 O OUV 70 60 50 40 30 20 10 1962 1973 1980 La repr sentation graphique de ces carts Figure 4 ne laisse gu re de doutes sur la pr tendue d mocratisation qui se serait produite Certes 35 Nos propres tris informatiques du panel 1972 73 74 donnent un cart social de 46 points seulement tout en tablissant un taux d acc s global inf rieur de 8 points Tableau INT On voit donc que l augmentation des flux qu elle soit une r alit ou un artefact n entra ne pas m caniquement une diminution de
192. ures Ainsi les acteurs portent en eux les structures dont ils font partie int grante ce qui n est pas proprement parler une d couverte surtout pour qui a r fl chi sur le concept d int gration sociale cher DURKHEIM Et comme le dit dans un condens in galable et savoureux Edgar MORN le tout est dans la partie qui est dans le tout 1990 D s mes premiers travaux L GER 1981 je suis intervenu dans ce d bat en montrant ce qu il en est de la pr tendue libert de l acteur La reproduction d une structure de domination en effet n est pas seulement redistribution sociale des m mes ou de leurs enfants aux m mes places elle est aussi et peut tre surtout inculcation des valeurs qui l gitiment cette domination et des jugements discriminatoires qui stigmatisent les domin s M attachant d gager un groupe d enseignants libres de choisir 104 Alain L ger leur poste les agr g s g s d au moins 50 ans dans la mesure o les v ux qu ils mettent sont prioritaires par rapport ceux des enseignants moins grad s et plus jeunes je constatais aussi qu ils obtenaient pour 85 7 d entre eux les tablissements les plus bourgeois moins de 30 d enfants d ouvriers 38 Il tait alors int ressant de comparer l effet s gr gatif r sultant de la structure des postes offerts et celui r sultant du choix r put libre de l acteur Figure 5 Figure 5 Structures s gr gatives et comportements de
193. ut en effet s interroger sur la notion d ge normal qui continue d tre le mod le en vigueur l cole quand on constate la lecture de la troisi me colonne que 47 5 de la population entrant en 6 me n est pas normale Cette m me colonne pr sente ensuite une curiosit on s attendrait voir le pourcentage d ge normal diminuer r guli rement ou si l on peut s exprimer ainsi la population devrait vieillir puisque tout le monde sait qu il existe des redoublements mais qu il n y a pas de saut de classe dans le second degr Or c est l inverse qui se produit entre la 6 me et la 204 au lieu de vieillir la population rajeunit au sens o le pourcentage d l ves en retard diminue r guli rement Bien s r cela est d aux pratiques d orientation qui conduisent l limination massive des l ves en retard Comme on le voit 87 4 des l ves qui ne parviendront jamais en terminale sont en retard Certes 1l faut tre attentif au fait que cette limination prend deux formes qui ne sont pas du tout identiques soit limination vers la vie active ce qui veut dire souvent vers la vie inactive compte tenu du taux de ch mage des non dipl m s soit limination vers le cycle court et les LEP c est dire vers une formation professionnelle plus ou moins qualifiante Le destin n est donc pas identique pour ces deux groupes d l ves qui ont des effectifs tr s
194. ution suivante Tableau V bis tabli partir des donn es du Tableau V Tableau V bis Taux d acc s en terminale selon la CSP pour les cohortes 1962 1973 et 1980 indice i indice j indice k taux de taux de r alisa Moyenne des progression des tion des chances indices i etj eaa aa aaa a t aa i aaa aaao i _ aaa aM Comme on pouvait s y attendre l indice i valorise la progression des ouvriers compte tenu de leur faible taux de d part l indice j valorise celle des cadres sup rieurs compte tenu de leur faible esp rance de progression 39 Par exemple lorsque les cadres sup rieurs voient leur taux d acc s passer de 56 83 83x100 l indice i est 56 148 a 100 56 x100 l indice j est 100 83 259 148 259 l indice k est D 204 127 Unit d approche et diversit des m thodes et l indice k effectue la synth se de ces deux mesures Il montre finalement que la progression a t sup rieure pour les cadres sup rieurs par rapport l ensemble des autres groupes ce qui ne contredit pas l approche des carts en valeur absolue mais il montre aussi que la progression a en d finitive t la plus faible pour les cat gories interm diaires employ s et surtout cadres moyens Cette s rie d indicateurs permet donc d affiner le simple constat de l augmentation des carts en attirant l attention la fois sur la progression de tous sur la faible progression des cat gories i
195. vaux r cents r actualisent la question des fonctions du syst me scolaire Le syst me ducatif a t il r alis les objec tifs d mocratiques qu il ne cesse de proclamer ou continue t il de servir les int r ts des groupes sociaux dominants C est avec un int r t particulier en tant que sociologue que je vois cette probl matique reprise par d autres disciplines comme c est le cas avec l historien Antoine PROST 1986 dans son livre l enseignement s est il d mocratis Cette analyse de la croissance massive des effectifs de l enseignement secondaire depuis la 53 A la recherche des paradigmes perdus guerre combin e une certaine unification des structures d enseignement permet elle de parler de d mocratisation Oui au niveau de l acc s en classe de sixi me non si l on consid re les niveaux ult rieurs et principa lement la terminale Globalement les enfants d ouvriers acc dent en proportion accrue au second cycle des lyc es mais depuis 1967 on peut constater une baisse de leur repr sentation dans les sections valoris es en terminale C notamment o ils retrouvent pratiquement la place qu ils occu paient au lendemain de la guerre La cr ation de nouvelles fili res techno logiques con ues comme des fili res de rel gation a permis la fois ce mouvement contradictoire d augmentation du taux global d acc s en termi nale et de diminution du recrutement populaire des sections d lite On rejoint l
196. vidence un effet du ma tre en tudiant l effet d un seul ma tre Si j y parviens il me semble que cet effet si faible soit il en apparence sera par l m me tabli Car choisir comme je le fais d tudier des l ves de 6 me et leur devenir scolaire sur deux ou trois ans c est d j supposer que les jeux ne sont pas 141 Perspectives de recherche enti rement faits en d autres termes que les effets cumul s des enseignants ant rieurs peuvent tre infl chis Et c est d autre part chercher mesurer une seule source d infl chissement parmi les 20 30 enseignants de coll ge qu un l ve aura en moyenne sur 2 3 ans de scolarit Autant chercher une aiguille dans une meule de foin mais si on la trouve il faut s en r jouir et non pas s tonner qu elle soit petite L un des moyens de r duire l incertitude serait bien s r d tudier la r ussite imm diate en fin d ann e scolaire au lieu de l analyser moyen terme apr s un d lai de 2 3 ans Mais cette solution ne serait pas inatta quable Elle aurait certes le m rite d annuler les interf rences dues aux enseignants ult rieurs mais elle pr terait le flanc la critique habituelle selon laquelle l enseignant est la fois juge et partie puisqu il value ce qu il a enseign Toute variation constat e pourrait alors tre interpr t e comme une disparit d valuation et non comme une diff rence d efficacit C est pourquoi il est imp rat
197. vriers ISAMBERT JAMATI 1984b Il est alors facile de montrer que cette aspira tion l arbitrage social et la m diation entre les classes r v le toute sa d pendance envers une situation de classe l cart de la production et v cue comme interm diaire L GER 1983 Mais on sait galement que les enseignants sont tr s divis s entre eux que de nombreux clivages existent et que des groupes qui peuvent tre rep r s travers diff rentes typologies propos es par plusieurs chercheurs par exemple V ISAMBERT JAMATI 1984a ou G LANGOU T 1985 visent transformer par leurs pratiques en classe le rapport in galitaire que l cole fait subir aux enfants d origine populaire Pour illustrer ce dernier point j voquerai l une de ces recherches avec plus de 43 A la recherche des paradigmes perdus pr cision parce qu elle est sans doute exemplaire de cet effort nouveau pour saisir ce qui bouge et qui est susceptible de modifier ce rapport in ga litaire parce qu elle mesure les effets r els du type d enseignant et du type de pratique p dagogique sur les r sultats des l ves Il s agit d une recher che de Viviane ISAMBERT JAMATI 1990 men e sur des professeurs de fran ais en classe de premi re qui vont tre dans un premier temps regroup s selon leurs pratiques p dagogiques et qui dans un deuxi me temps seront confront s aux r sultats obtenus par leurs propres l ves l preuve anti

Pour une sociologie non fataliste

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