PDF, 74 - Sciences Po
Contents
1. d une part il faut des r gles pour assurer le bon fonctionnement du march droit de la concurrence d autre part lorsque les conditions du bon fonctionnement du march ne sont pas r unies il souffre de d faillances market failures gt qui peuvent justifier l intervention de la puissance publique Les institutions internationales et au premier chef la Banque mondiale sont d sormais tr s largement d termin es par cette perspective intellectuelle qui d ailleurs les l gitime en tant qu institution et qu elles contribuent entretenir Voir innombrables articles dans la litt rature conomique sur la corr lation entre la croissance conomique et la bonne gouvernance not le d bat organis par le Journal of Politics Vol 69 2 May 2007 et les r f rences cit es B D finition 13 Dans cette perspective institutionnaliste la bonne gouvernance a le sens le plus large possible c est l aptitude des institutions soutenir durablement la croissance conomique Son antonyme est d ficience institutionnelle institutional failure Comp la d finition tr s large et non finalis e de la gouvernance par les auteurs des indicateurs KKZ les traditions et les institutions par le biais desquels l autorit est exerc e dans un pays L institutional failure inclut la d ficience de l Etat de l entreprise et m me du march en effet dans cette analyse le m2. corruption ing rence militaire dans la politique obligation d mocratique de rendre des comptes pouvoir et impartialit du syst me judiciaire Tout de m me l ICRG ne va pas jusqu inclure le respect des droits de l homme ils font manifestement trop mauvais m nage avec la stabilit Voir indicateur violence et conflits politiques int rieurs et ext rieurs Cette question complexe de l articulation de la stabilit de l environnement politique et des id aux politiques d mocratiques et lib raux on pourrait dire en adoptant le point de vue le plus large possible de la paix et de la justice demeure dans l impens de la construction par l ICRG de ses indicateurs Mais elle affleure et fait sentir qu il peut exister une autre approche de la bonne gouvernance beaucoup plus soucieuse des valeurs Cette approche est celle de nombreux Etats occidentaux et institutions internationales ll L approche messianique de la bonne gouvernance A Facteurs Pour les Etats occidentaux la question de pose des crit res susceptibles de d terminer le soutien accord ou non aux diff rents autres pays du monde Dans le contexte de la Guerre froide la pr occupation dominante tait celle de la promotion d un syst me conomique communiste ou capitaliste et la question de la qualit du syst me politique et en particulier de celle des droits de l homme et de la d mocratie
3. Kaufmann A Kraay Governance Indicators Where Are We Where Should We Be Going Discussion Draft The World Bank October 2007 D Kaufmann A Kraay M Mastruzzi The Worldwide Governance Indicators Project Answering the Critics The World Bank World Bank Policy Research Working Paper 4149 March 2007 D Kaufmann A Kraay M Mastruzzi Growth and Governance A Reply Journal of Politics Vol 69 2 May 2007 M Kurtz A Schrank Growth and Governance Models Measures and Mechanisms Journal of Politics Vol 69 2 May 2007 Et Growth and Governance Defense Journal of Politics Vol 69 2 May 2007 B du Marais dir Agences de notation immobilier et contrats publics Contributions sur l attractivit conomique du droit La Documentation Fran aise coll Perspectives sur la justice septembre 2007 Le droit et la note p 11 ets D North Institutional Change and American Economic Growth Cambridge University Press 1971 avec L Davis Institutions Institutional Change and Economic Performance Cambridge University Press 1990 Empirical Studies in Institutional Change Cambridge University Press 1996 avec Lee Alston et Thrainn Eggertsson Y Onuma Les droits de l homme dans le monde multi polaire et multi civilisationnel du XXI me si cle une perspective trans civilisationnelle 17 conf rences donn es au Coll ge de France les 6 et 14 mars 2008 http ww
4. bonne gouvernance peut tre donn e c est le mode d emploi de la construction d un Etat d mocratique et lib ral rig en mod le universel L antonyme de la bonne gouvernance c est ici la R publique banani re dans laquelle la corruption va de pair avec l autocratie Dans leur travail de construction de l Etat les nouveaux ing nieurs du politique gt comme tous les ing nieurs utilisent des instruments de mesure C Indicateurs associ s 1 Indicateurs de la Freedom House Il s agit d une organisation priv e ind pendante du Gouvernement am ricain mais subventionn e par lui qui peut tre consid r e comme l un des fers de lance du messianisme politique am ricain Indicateurs des droits politiques 10 indicateurs subjectifs r partis en trois cat gories Qualit du processus lectoral Pluralisme politique Qualit d mocratique du fonctionnement du gouvernement Indicateurs des libert s civiles 15 questions r parties en quatre cat gories Libert d expression et de croyance Droits d association et d organisation Etat de droit incluant not ind pendance du syst me judiciaire et galit devant la loi Droits individuels possibilit de se prot ger contre l endoctrinement libert de d placement et de travail de propri t de cr ation d entreprise mais aussi galit des sexes et galit des chances Cette approche refl
5. des centaines d indicateurs existants C Arndt C P Oman Les indicateurs de gouvernance Usages et abus Editions OCDE coll Etudes du Centre de d veloppement 2006 Les indicateurs les plus couramment utilis s sont au nombre de cinq Le Guide international du risque pays International Country Risk Guide ICRG qui est labor de mani re priv e et note 140 pays tous les mois Les indicateurs de la Freedom House organisation priv e bipartisane am ricaine qui classe chaque ann e 192 pays en trois grands groupes en fonction de leur notation libre partiellement libre ou non libre L indice de perception de la corruption IPC publi annuellement par Transparency International et qui couvre 159 pays Les valuations des performances des politiques et des institutions des pays Country Policy and Institutional Assessments CPIA r alis es par les quipes de la Banque mondiale et utilis es notamment dans le cadre des d cisions d allocation de pr ts sans int r ts et de subventions par l AID Association internationale pour le d veloppement l une des deux composantes de la Banque mondiale Ces valuations sont communiqu es au public depuis 2006 valuation 2005 Les indicateurs de gouvernance de l Institut de la Banque Mondiale World Bank Institute WBI qui dominent le champ et sont connus sous le nom d indicateurs KKZ initiales des premi
6. s imp riale s 2 Quelle image de notre pays donne un classement mondial souvent con u pour valuer les pays mergents mais qui n en attribue pas moins un rang tous les pays y compris le n tre C est un enjeu pour l attractivit du territoire fran ais France SA V p ex appr ciation de Freedom House rapport 2007 Members of the French elite trained in a small number of prestigious schools often move between politics and business increasing opportunities for corruption 3 Dans quelle mesure faut il s inspirer de ces indicateurs pour mener en interne la r forme de l Etat C est sans doute par l qu il faut commencer et nous l avons fait avec la LOLF parce qu il s agit l du seul enjeu qui ne soit pas simplement de l ordre de la communication r formons nous sans avoir peur des chiffres mais aussi en leur assignant leur juste place et affirmons ainsi la fois notre mod le d Etat et notre mod le d valuation de l Etat 16 Bibliographie sommaire C Arndt C P Oman Les indicateurs de gouvernance Usages et abus Editions OCDE coll Etudes du Centre de d veloppement 2006 Bernard Chavance L conomie institutionnelle La D couverte coll Rep res Paris 2007 W Easterly The Elusive Quest for Growth MIT Press Cambridge Massachussets 2002 D Kaufmann A Kraay Growth without Governance The World Bank World Bank Policy Research Working Paper 2928 November 2002 D
7. semblait secondaire Pour les pays occidentaux le bon r gime politique c tait celui qui tait susceptible de former un rempart contre le communisme ce r gime f t il corrompu ou tyrannique La d mocratie et les droits de l homme viendraient apr s dans le sillage du progr s conomique Victorieuses dans ce conflit les conomies capitalistes se sont alors attel es l exportation de leur mod le politique con u comme un mod le universel On assiste donc depuis la chute du Mur de Berlin un profond renouveau du messianisme d mocratique et lib ral am ricain mais aussi fran ais discours de la Baule 20 juin 1990 Comp D claration d ind pendance de 1776 Les gouvernements sont tablis parmi les hommes pour garantir ces droits et leur juste pouvoir mane du consentement des gouvern s et DDHC 1789 Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l Homme gt Ce messianisme est d sormais entr dans sa phase op rationnelle et non plus seulement id ologique Ses instruments vont de la persuasion bonnes pratiques gt la contrainte douce conditionnalit politique et la contrainte militaire la r forme par l invasion et l occupation en Afghanistan et en Irak Ce tournant a t pris par les bailleurs de fonds internationaux C est ainsi qu en 1996 le pr sident de la Banque Mondiale James Wolfenson a d cid d un re
8. Chaire t SciencesPo A D P S minaire de droit administratif euop en et global La bonne gouvernance et ses indicateurs trois approches Session du 11 avril 2008 Emmanuel Breen Ma tre de conf rences aupr s du Coll ge de France Chaire Etudes juridiques comparatives et internationalisation du droit emmanuel breen college de france fr La gouvernance fait partie de ces anglicismes qui sont en passe de cesser de l tre et dont on commence sentir avec peut tre une pointe d agacement qu on ne s en d barrassera pas et qu ils passeront dans le vocabulaire fran ais du droit et des sciences politiques Tout simplement parce que le concept sous jacent est nouveau si du c t du droit priv on traduit couramment juste titre corporate governance par gouvernement d entreprise le terme gouvernement n est manifestement pas disponible pour de nouveaux usages dans le domaine du droit public On ne se d barrassera pas non plus toujours dans le champ du droit et des sciences politiques de cette autre innovation venue de l tranger que sont les indicateurs chiffr s Ils sont imparfaits et critiquables beaucoup d gards V not D Kaufmann A Kraay M Mastruzzi The Worldwide Governance Indicators Project Answering the Critics The World Bank World Bank Policy Research Working Paper 4149 March 2007 mais ils sont l et il n est pas possible d en faire abstraction perform
9. ance de la gestion publique et des services publics performance de la justice classement mondial des universit s classement mondial des syst mes politiques et juridiques Rien n chappe par principe la mesure et les limites du quantifi reculent sans cesse L acclimatation progressive en France des indicateurs de bonne gouvernance illustre un aspect de l internationalisation de nos syst mes juridiques et politiques le paysage intellectuel fran ais se caract rise encore aujourd hui par une assez forte h t rog n it de la politique et du droit d une part et des disciplines empiriques comme la sociologie ou l conomie d autre part La position des grandes institutions internationales et en particulier des institutions de Bretton Woods est tout fait contraire et fait en particulier une large place l analyse conomique du droit et des institutions Laquelle analyse se fait en chiffres plus qu en lettres L tude des indicateurs de bonne gouvernance labor s par la Banque mondiale constitue donc un passage oblig pour comprendre dans son ensemble la question de la gouvernance en g n ral et de sa mesure en particulier Mais la Banque mondiale est certes loin d avoir le monopole de la construction d indicateurs de bonne gouvernance et le foisonnement de ceux ci est tel que des auteurs avertis crivent que les utilisateurs d indicateurs de gouvernance doivent se frayer un chemin dans la jungle
10. arch est institu si le march choue c est qu il n a pas t institu ou r gul correctement V p ex Christos Pitelis Market and Non Market Hierarchies Theory of Institutional Failure Blackwell Publishing 1991 p 1 ets partir de l de tr s nombreux travaux ont cherch mettre en lumi re le r le causal de la qualit de la gouvernance dans le d veloppement conomique Ces travaux utilisent les m thodes de l conom trie ce qui suppose une fois encore mais pour des raisons diff rentes de pouvoir disposer de donn es chiffr es relatives la qualit de la gouvernance C Indicateurs associ s Cette approche a produit titre principal les indicateurs dits KKZ de l Institut de la Banque Mondiale V galement les indicateurs CPIA de la BM Les indicateurs KKZ sont des indicateurs composites qui puisent aux sources de toutes les batteries d indicateurs d j mentionn es Ce n est pas par hasard le d veloppement conomique suppose une pluralit de facteurs Parmi ceux ci figurent n cessairement la fois la stabilit approche assurantielle de la gouvernance et dans une conomie de march la libert individuelle approche messianique Mais aussi d autres th mes comme en particulier la qualit et la performance des services publics ou de la r gulation Cette perspective tr s extensive sur la gouvernance est patente lorsqu on analyse les six grandes rubriques
11. ation de la gouvernance et de lutte contre la corruption Premier constat la notion de gouvernance est la pour servir un projet une action Ce n est pas une notion purement descriptive ou scientifique C est une notion op rationnelle La rencontre entre la gouvernance et les indicateurs est donc loin d tre fortuite la notion de gouvernance a t labor e pour servir des politiques d valuation et de r forme C est pourquoi plus qu la notion de gouvernance il convient de s int resser celle de bonne gouvernance on pourrait dire aussi la qualit de la gouvernance gt qui tient mieux compte de cette dimension normative S agissant de ce qu on pourrait appeler une notion de mission sa d finition pr cise est donc indissociable de l objet de la mission Or il y a plusieurs missions et elles sont assez diff rentes les unes des autres d o une pluralit d approches et de d finitions l L approche assurantielle de la bonne gouvernance A Facteurs Un facteur important et bien connu est l origine de cette approche il s agit de la mondialisation des investissements Les investissements internationaux ont augment de mani re consid rable au cours des trente derni res ann es C est avec le d veloppement du commerce international et de la finance internationale un aspect de la mondialisation contemporaine de l conomie Cette croissance des investi
12. des indicateurs KKZ Approche assurantielle Stabilit politique 14 Approche messianique Voix et responsabilit composante d mocratique de la bonne gouvernance Etat de droit Approche plus sp cifiquement conomique Efficacit gouvernementale Qualit de la r gulation idem Enfin ce th me finalement assez transversal qui fait le lien entre l approche messianique et de l approche institutionnaliste le Contr le de la corruption 15 CONCLUSION L exemple de la lutte contre la corruption montre bien que ces trois approches sont loin d tre strictement h t rog nes Sans pr tendre r aliser une cartographie compl te on a voulu simplement ici planter dans la jungle trois panneaux indicateurs Ces trois approches convergent aujourd hui pour donner la bonne gouvernance et sa mesure une importance de premier ordre pour la r forme institutionnelle dans les pays mergents Mais ces indicateurs concernent aussi les pays qui ont d j en particulier la France pour qui ils constituent un enjeu titres merg et plusieurs 1 Ne refl tent ils pas une vision exclusivement ou principalement am ricaine de telle sorte qu il faudrait pour d fendre le mod le alternatif d un Etat moins lib ral chercher peser sur la construction des indicateurs C est un enjeu pour la France et pour l Europe comme puissance
13. ers auteurs Kaufmann Kraay amp Zoido Lobaton C est un travail approfondi de compilation d indicateurs dont en particulier ceux qui viennent d tre cit s qui couvre entre 204 et 207 pays et auquel la Banque mondiale notamment partir de son site internet donne une grande publicit Mais il ne s agit l que d une petite s lection de ces indicateurs Pour s orienter dans cette jungle autant partir d une id e simple l indicateur est la mesure de quelque chose La construction d un indicateur suppose donc au moins trois op rations l identification de l objet de la mesure la construction de la mesure et le recueil des donn es Bien des questions se posent propos de la construction de la mesure et le recueil des donn es Il n est pas possible d aborder dans les limites de cet expos par exemple les avantages et inconv nients respectifs des indicateurs objectifs et des indicateurs de perception ou la question de la marge d erreur D autres auxquelles on se consacrera davantage concernent l objet de la mesure Ce ne sont pas des questions de technique statistique Ce sont des questions d ordre principalement th orique quelles notions quels standards sont suffisamment pertinents pour qu on se donne la peine de chercher leur associer des chiffres pour saisir la r alit Autrement dit avant de faire tourner la machine produire des chiffres il faut la calibrer Ce sont ces op ra
14. ientation lib rale de l conomie mondiale ne soit remise en cause aujourd hui l explosion de la mondialisation conomique et l av nement du capitalisme au niveau mondial s accompagnent plut t et de mani re quelque peu paradoxale d un certain retour en gr ce de l Etat ou du moins de la chose publique Il ne s agit pas d une nouvelle r volution mais d une correction Les facteurs de cette correction sont p le m le L chec relatif des politiques d ajustement structurels men es par les institutions de Bretton Woods dans les ann es 1980 et 1990 le consensus de Washington gt aujourd hui largement admis V p ex W Easterly The Elusive Quest for Growth MIT Press Cambridge Massachussets 2002 Les attentats du 11 septembre qui remettent la question de la s curit et de la puissance publique sur le devant de la sc ne 11 id ologique Le retentissant scandale de l affaire Enron qui d but au m me moment ouverture d un enqu te par la SEC le 31 octobre 2001 et qui r v le les d faillances de la r gulation du march boursier et du contr le comptable des entreprises am ricaines la bonne gouvernance de l entreprise s impose alors comme un facteur majeure pour le d veloppement conomique V not en France le rapport Bouton Pour un meilleur gouvernement des entreprises cot es 23 septembre 2002 Le rapport d bute ainsi et c est significatif de cette troisi me pe
15. isque la notion de gouvernance est appliqu e non seulement aux Etats mais l ensemble des institutions priv es ou publiques nationales ou internationales sans lesquelles l initiative individuelle et le march ne pourraient pas produire leurs effets b n fiques C est pourquoi on a propos de parler ici d approche institutionnaliste 12 On pense bien s r aux institutionnalistes fran ais Hauriou Brethe de la Gressaye qui ont mis l institution au c ur de leur r flexion et on pens cette notion par del la fronti re du public et du priv On pense galement et surtout aux conomistes qui se r clament de l conomie institutionnelle gt depuis plus de cent ans maintenant souvent avec une certaine discr tion ou plus r cemment et de mani re plus influente de la nouvelle conomie institutionnelle V not Douglass North prix Nobel d conomie en 1993 D North et les conomistes qui partagent ses intuitions fondamentales partent de l id e simple que le march et l entreprise ne sont pas des r alit s autonomes mais qu ils doivent pour fonctionner efficacement tre institu s et r gul s par des puissances non soumises la logique marchande Le postulat de base de l conomie classique n est pas remis en cause par ces travaux le march r gi par les r gles de la concurrence pure et parfaite conduit une allocation optimale des ressources Mais pr cis ment
16. nt c est m me que cette place n ait t acquise que tardivement partir de la cr ation de TI en 1993 et de l inscription de la lutte contre la corruption l ordre du jour de la Banque Mondiale en 1996 On a voqu la dimension politique de ce tournant Mais il y a galement une dimension conomique et cela ne surprendra pas compte tenu de la nature de l institution et de ses objectifs premiers 10 C est ainsi qu il existe une troisi me approche de la bonne gouvernance et de ses indicateurs qui n est faite ni du point de vue de la stabilit ni de celui de la d mocratie et des droits de l homme mais de celui du d veloppement conomique En adoptant ce troisi me point de vue la lutte contre la pauvret et la promotion d veloppement conomique une troisi me d finition de la bonne gouvernance peut tre propos e Elle participe de ce que nous proposons d appeler une approche institutionnaliste gt de la bonne gouvernance ill L approche institutionnaliste de la bonne gouvernance A Facteurs L histoire des relations de l Etat et de l conomie de march sont marqu es par des mouvements de balanciers tant t l Etat appara t trop pr sent et trop pesant et le mot d ordre est celui de lib ralisation tant t au contraire l Etat semble devoir tre appel la rescousse pour venir au secours de la croissance et d un march qui ne parvient plus s auto r guler Sans que l or
17. respectueuse de la propri t priv e et qui favorise la stabilit de l environnement dans lequel se d ploie l activit conomique L antonyme de la bonne gouvernance c est ici le fait du prince C Indicateurs associ s L exemple type de cette approche ce sont les indicateurs de l ICRG Double s rie d indicateurs indicateurs de risques financiers et conomiques mesures objectives par les principaux indicateurs macro conomiques indicateurs du risque politique mesures subjectives par des experts Le risque politique va au del de la gouvernance et prend en compte galement des donn es socio culturelles et conomiques facteurs socio conomiques l origine d instabilit s tensions religieuses et ethniques respect de la loi par la population p ex Mais un nombre important d indicateurs illustrent tr s bien de la d finition que nous avons donn e de la bonne gouvernance dans cette approche Capacit apparente du gouvernement se maintenir au pouvoir et mener bien son ses programme s annonc s Autres facteurs pesant sur les risques d investissement not expropriations Qualit de l administration si on comprend cet indicateur comme signifiant administration non arbitraire Mais lICRG ne va pas au bout de cette approche de realpolitik et inclut des indicateurs beaucoup plus teint s de moralisme
18. rom tre mondial de la corruption De mani re int ressante selon TI Les enseignements du Barom tre mondial de la Corruption 2007 montrent une forte corr lation 0 66 entre le v cu des citoyens ordinaires en mati re de pots de vin et les perceptions de la corruption par les experts qui constituent la base de l Indice de Perceptions de la Corruption l un des outils vhare de mesure de TI Les tats dans lesquels les hommes d affaire les analystes du pays et les experts remarquent que la corruption est largement r pandue sont ceux l m me o en moyenne une plus grande partie des citoyens paye des pots de vin pour avoir acc s aux services publics communiqu de presse du 6 d cembre 2007 Transparency international observe galement de mani re int ressante sur la base des donn es qu elle a recueillies que la corruption est source d injustice sociale Les familles d munies sont les plus touch es par les demandes de pots de vin dans les pays d velopp s comme dans les pays en d veloppement d apr s le Barom tre mondial de la Corruption 2007 m me communiqu Le probl me de la corruption est en effet d abord un probl me d injustice la corruption rompt l galit devant la loi A ce titre il n est pas surprenant que la lutte contre la corruption ait pris une place centrale dans le programme messianique dont les indicateurs de gouvernance sont un des instruments Ce qui est surprena
19. rspective L conomie de march fond e sur la libre confrontation de l offre et de la demande et sur le plan international sur la libert des changes a d montr sa sup riorit par rapport tout autre mode d organisation conomique Elle doit avoir pour corollaire des m canismes de r gulation efficaces Il n y a pas de syst me lib ral sans confiance dans les r gles de droit et leur bonne application Et un peu plus loin Les v nements r cents et notamment la r v lation de pratiques comptables critiquables qui ont affect des entreprises de taille mondiale ruin des actionnaires des salari s et conduit la disparition d un des tout premiers cabinets d audit sont l origine d une grave crise de confiance dans l essence m me de l conomie de march la qualit du gouvernement des entreprises et la fiabilit des comptes qui sont le lien entre la r alit de l entreprise et les actionnaires institutionnels ou individuels nous soulignons La n cessit de la lutte contre le r chauffement climatique et ses effets et la promotion active par des institutions internationales comme en particulier le PNUD du concept de biens publics mondiaux des biens soustraits au moins en partie la logique marchande mais n cessaires au d veloppement et la qualit de la vie humaine et dont la protection suppose une forme am lior e de gouvernance mondiale Un pas de plus est donc ici franchi pu
20. ssements internationaux directs ou indirects concerne tout particuli rement les pays en voie de d veloppements les fameux emerging markets Ainsi les investissements dans les pays mergents ont t multipli s par 6 depuis le d but des ann es 90 repr sentant d sormais 42 du total des investissements directs l tranger contre seulement 25 en 1991 L investissement dans un pays tranger suppose de la part de l investisseur un pari sur les risques inh rents l environnement propre ce pays C est ce qu on appelle traditionnellement l valuation du risque pays Utilis e surtout depuis le choc constitu par la nationalisation en 1956 du Canal de Suez par Nasser la notion de risque pays ne recouvrait initialement que le risque politique Il a pris ensuite un sens plus large pour inclure l ensemble des risques li s au contexte propre d un pays comme par exemple un d faut de paiement de l Etat une crise financi re crise mexicaine de 1994 crise asiatique en 1997 crise russe en 1998 ou un conflit arm Dans cette perspective domin e par le souci de la ma trise des risques et que l on peut donc qualifier d assurantielle la gouvernance participe de la composante politique du risque pays B D finition Une premi re d finition de la bonne gouvernance et de ses standards peut alors tre propos e c est une souverainet qui agit de mani re pr visible et
21. te une conception lib rale et occidentale des droits de l homme dont l acceptabilit l chelle mondiale n est pas assur e V p ex la position d fendue par le Pr japonais de droit international Y Onuma lors d une conf rence donn e au Coll ge de France Les valuations majeures de la situation des droits de l homme comme celles du Gouvernement des Etats Unis ou de la Freedom House sont trop marqu es id ologiquement Elles ne sont pas fond es sur une notion extensive qui est accept e globalement L valuation de la situation des droits de l homme doit inclure dans son champ l valuation des droits socio conomiques qui ne sont pas moins importants que les droits civils et politiques Y Onuma Les droits de l homme dans le monde multi polaire et multi civilisationnel du XXI me si cle une perspective trans civilisationnelle conf rences donn es au Coll ge de France les 6 et 14 mars 2008 http www college de france fr default EN all int_dro p1205915373444 htm Il n en reste pas moins que les indicateurs de la Freedom House sont la diff rence de ceux de l ICRG coh rents entre eux et refl tent un mod le politique et juridique nettement identifi 2 Les indicateurs de corruption de Transparency international Double mesure par des experts milieux d affaires locaux et internationaux Indice de perception de la corruption par la population sondages Ba
22. tions pr alables de calibrage qui nous int ressent ici comme il nous avait galement int ress en mati re de justice V E Breen dir Evaluer la justice PUF coll Droit et justice 2002 Osons le mot les syst mes d indicateurs traduisent une philosophie sous jacente Disons tout simplement une approche car ces philosophies sont souvent bien peu raisonn es Quelle s approche s d tecte t on derri re les indicateurs de bonne gouvernance Partons de la page d accueil du site de la Banque mondiale consacr la gouvernance Pour la Banque mondiale une bonne gouvernance et l limination de la corruption sont essentielles la mission qu elle entreprend en vue de faire reculer la pauvret et des centaines d activit s sont aujourd hui men es dans ces deux domaines travers le Groupe de la Banque mondiale Le mot d ordre est d assurer l int grit de celui ci au plan interne de r duire au maximum la corruption dans les projets qu il finance et d aider ses pays clients am liorer la gouvernance et lutter contre la corruption leur propre niveau Faisant appel la fois aux processus d apprentissage de type participatif et ax s sur l action aux outils de renforcement des capacit s et l apport essentiel des donn es l Institut de la Banque mondiale WB1 en collaboration avec de multiples services du Groupe de la Banque fournit un appui aux pays dans cette double optique d am lior
23. virement de la politique de l institution cet gard Alors que jusque l tout ce qui concernait la politique locale tait consid r comme devant rester en dehors du champ d action de la Banque partir de 1996 au contraire la Banque s est engag e sur le terrain de la r forme politique administrative et juridique Au sein de cette politique la lutte contre la corruption a pris une place toute particuli re le d tournement des aides et des pr ts nuit en effet directement leur efficacit et la cr dibilit de l aide au d veloppement Mais ces d tournements n ont pas t d couverts soudainement en 1996 La motivation de ce retournement est donc d ordre politique plus que gestionnaire Car le caract re vident du lien entre l aide au d veloppement de l conomie et la lutte contre la corruption ne doit pas en cacher toute la difficult qui est d abord une difficult de principe la lutte contre la corruption ne peut pas tre men e de l ext rieur sans un degr lev d ing rence dans les affaires int rieures d Etats souverains Avant 1996 pour la Banque Mondiale c est l ing rence et non la corruption qui apparaissait intol rable Depuis 1996 c est le contraire parce que le troisi me terme le risque d un renversement d alliances et la n cessit de se concilier les bonnes gr ces des lites locales a disparu B D finition Dans cette perspective une nouvelle d finition de la
24. w college de france fr default EN all int_dro p1205915373444 htm C Pitelis Market and Non Market Hierarchies Theory of Institutional Failure Blackwell Publishing 1991 p 1 ets 18
Download Pdf Manuals
Related Search