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Diasporas caribéennes - Hommes et Migrations

1. Les politiques de l tat am ricain envers les diff rents groupes de migrants carib ens ont clairement vari en fonction de consid rations strat giques r gionales et mondiales Pour comprendre le contexte de r ception des Cubains et des Portoricains durant la p riode de la guerre froide il est crucial par exemple de comprendre comment les tats Unis cherchaient augmenter leur capital de prestige vis vis de l Union sovi tique dans la Cara be L installation des Cubains en Floride servait de vitrine g opolitique d argument de propagande contre le r gime castriste destin notamment faire na tre des doutes parmi les Cubains qui restaient dans l le 9 Les migr s cubains ont de ce fait re u des milliards de dollars d aides pour cr er des entreprises pour am liorer leur formation ou pour acc der la propri t de leur logement Porto Rico s industrialise el exporte ses ch meurs cette poque l industrialisation de Porto Rico par invitation de capitaux priv s nord am ricains tait galement con ue pour produire un effet vitrine destin montrer les vertus du d veloppement capi taliste par opposition au mod le sovi tique en vigueur Cuba 9 Ce EI M Diasporas carib ennes Les d parts de 600 000 Portoricains vers les USA entre 1945 et 1970 ont donn lieu la premi re migration de masse par avion de l histoire Ici un charter
2. Bi Agapes 137 PUB par MOGNISS H ABDALLAH AGENCE IM M DIA La sociologie est elle un sport de combat m diatique Des m dias l imm diat d un d bat en banlieue le sociologue Pierre Bourdieu se r v le parfois touchant d autocritique parfois enferr dans sa position de dominant Comment dire une pens e sans que la posture du discours ne la distorde Une question au c ur du documentaire de Pierre Carles La sociologie est un sport de combat 1 Productions ditions Montparnasse diffusion Seuil 2001 2h20 2 Pierre Bourdieu Sur la t l vision suivi de L emprise du journalisme ditions Liber raisons d agir Paris 1996 B M dias Le sociologue Pierre Bourdieu est mort le 23 janvier 2002 Le concert d hommages posthumes qui lui a t rendu contraste avec les virulentes controverses qui ont entour cet intellectuel critique et engag aupr s du mouvement social notamment depuis les gr ves des cheminots en novembre d cembre 1995 La couverture de cette gr ve par la t l vision et en particulier cet instant o un journaliste vedette reproche un gr viste transi de froid devant son brasero d tre un nanti a provoqu chez Bourdieu un d clic il se lance dans une campagne de critique radicale des conditions de production des m dias de la circulation circulaire de l in formation et de sa violence symbolique Il interpelle les gens d
3. Per Ind gena n 29 1991 pp 11 21 97 27 Etienne Balibar Y a t il un n o racisme in Etienne Balibar et Immanuel Wallerstein Race nation classe les identit s ambigu s La D couverte Paris 1988 1997 Paul Gilroy There Ain t No Black in the Union Jack The Cultural Politics of Race and Nation Chicago University Press Chicago 1987 28 Oscar Lewis La Vida Puerto Rican Family in the Culture of Poverty Random House New York 1966 29 Kelvin Santiago Subject People and Colonial Discourses State University of New York Press Albany 1994 98 traditionnelles distinctions biologiques entre les races une forme plus discr te de racisme le racisme culturel a merg aux tats Unis tout comme dans d autres pays Le racisme culturel part du pr suppos que la culture m tropolitaine est diff rente sup rieure et bien s r incompatible avec celles des minorit s Dans cette pers pective la pauvret ou le ch mage des Noirs am ricains et des Porto ricains s explique par la culture coutumes croyances etc de ces groupes r duite une essence fig e L argument de la culture de la pauvret est une forme de racisme culturel et les Portoricains furent parmi les premiers en tre l objet d s 1966 dans le c l bre livre La Vida de l ethnologue Oscar Lewis Les Am ricains blancs qui ne peuvent pas
4. Diasporas carib ennes WI La c l bration du patrimoine culturel propre est devenue travers une profusion de soir es ou de journ es d animation l essentiel de la pr sence publique des Antillais et des Guyanais r sidant en m tropole 45 12 D s 1987 TANT recensait un total de 826 associations d originaires des D partements d outre mer dans l Hexagone 13 Pour une analyse des dynamiques sous jacentes toute l volution qui nous occupe ici voir Michel Giraud et Claude Valentin Marie Insertion et gestion socio politique de l identit culturelle le cas des Antillais en France Revue europ enne des migrations internationales vol 3 n 3 1987 pp 31 48 repris sous le titre Identit culturelle de l immigration antillaise in H amp M dossier L immigration dans l histoire nationale n 1114 juillet septembre 1988 pp 89 102 Pour une appr hension des conditions socio d mographiques de cette volution voir Claude Valentin Marie Les Antillais de l Hexagone in Philippe Dewitte sous la direction de Immigration et int gration L tat des savoirs La D couverte Paris 1999 pp 99 105 46 communautaire et se mobiliser autour de cette identit embl ma tique N anmoins il ne faut pas s y tromper cette mobilisation ne sau rait tre r duite un simple effet m canique des discriminations v cues ou
5. 11 Cf Virginia E S nchez Korrol From Colonia to Community The History of Puerto Ricans in New York City University of California Press 1994 Andr s Torres et Jos E Vel squez eds The Puerto Rican Movement Voices from the Diaspora Temple University Press 1998 Voir aussi Las memorias de Bernardo Vega d Hurac n Porto Rico 1977 T moignage exceptionnellement riche d un travailleur du cigare propos du tissu associatif syndical et politique form par les Portoricains New York d s le d but du si cle 12 Voir en particulier Sherri Grasmuck et Patricia B Pessar Between Two Islands Dominican International Migration University of California Press 1991 et Pamela M Graham Political Incorporation and Re Incorporation Simultaneity in the Dominican Migrant Experience in H ctor R Cordero Guzman Robert C Smith and Ram n Grosfoguel eds Migration Transnationalization and Race in a Changing New York Temple University Press Philadelphie 2001 pp 87 108 85 13 Michel S Laguerre op cit p 86 ch 8 Diasporic Politics Border Crossing Political Practices 14 Un r sum utile de cette histoire se trouve dans l ouvrage r cent de Mary C Waters op cit ch 2 Historical Legacies Voir aussi l ouvrage classique d Eric Williams De Christophe Colomb Fidel Castro L histoire des Cara bes 1492 1969 trad Pr s
6. Emigrations massives jusqu au milieu des ann es quatre vingt La conjonction de ces facteurs d mo conomiques se traduisit par l mergence de flux d migration extra carib enne dor navant desti nation des m tropoles coloniales europ ennes et de l Am rique du Nord qui prirent rapidement une importance consid rable Ce fut notamment le cas des Portoricains aux tats Unis des Martiniquais et Guadeloup ens en France des Surinamais et originaires des Antilles n erlandaises vers la Hollande des Jama cains et dans une moindre mesure des Barbadiens Trinidadiens et Guyanais en Angleterre d abord puis en Am rique du Nord S y ajout rent les migrations de type exode ou encore r fugi telles que celles des Ha tiens New York et au Qu bec ou encore des Cubains aux tats Unis On value g n rale ment l migration nette globale de l ensemble des pays du bassin cara be 4 millions de personnes environ entre 1950 et 1980 Nombre d les devinrent des terres d migration qui concern rent des contin gents de plus en plus nombreux tout au long des ann es soixante et soixante dix dans les Antilles fran aises Guadeloupe et Martinique par exemple le nombre des d parts annuels passa de 1 000 individus par an pour chaque le la fin des ann es cinquante 5 000 individus envi ron en 1970 Ces vagues annuelles de d parts vers les m tropoles colo niales rest rent la r gle dans la r
7. compos e en m langeant deux langues le cr ole langue du littoral et le taki taki langue du fleuve devient vite un tube Alliant le charme l amiti et la rage des voix d Opa Denis et Fonsje avec la puis sance tranquille du groupe de percussions Bigi Ting r ussit une parfaite alchimie Le grand temps est lanc se propage sur le littoral comme sur le fleuve en Guyane comme au Surinam Bigi Ting devient tr s vite un nom de l gende respect et admir sur tout le Maroni dans toutes les ethnies Il enregistre une cassette par an et donne une multitude de concerts En 1993 la jeune g n ration avec le groupe Fondering d cide de suivre la voie En 1995 Fonsje un des trois chanteurs de Bigi Ting s autoproclame roi de l al k et d cide de faire bande part Un peu plus tard le chanteur central de Fondering se fait appeler Prince S il y a un sang royal pour les ap tres de l a k Bigi Ting et Fondering en sont les h ritiers N 1237 Mai juin 2002 B souvient aussi que plus loin dans le m me secteur un cr ole de Paramaribo nomm Alex et surnomm Al k se joint la f te mais danse le lons comme le bol ro Le chanteur s en amuse et improvise Al k lolo Alex roule L al k se joue sur une base de quatre tam bours le djass frapp avec un djass tiki b ton dont l extr mit est envelopp e de tis sus le gaan doon ou bigi doon tambour basse
8. ou enti rement part 1 Philippe Dewitte Les enfants d Antillais n s dans l Hexagone et les Fran ais d origine trang re sont bel et bien dans la m me gal re gt Entre Cara bes et m tropoles parcours diasporiques et citoyennet s 6 James Cohen Les Carib ens entretiennent des relations tr s vari es avec leurs les d origine et avec leurs soci t s d accueil Et la place donn e par les m tropoles ces citoyens part est tout aussi diversifi e gt L volution au XX si cle du syst me d mographique et migratoire carib en 13 Herv Domenach Dans la Cara be 37 5 millions d individus sont diss min s sur une centaine d les Leurs nombreuses migrations au sein du bassin comme vers les pays m tropolitains sont le produit de plus de trois cents ans d histoire commune gt Les Antillais en France une nouvelle donne 26 Claude Valentin Marie Les d parts des Antillais vers la m tropole tendent se stabiliser et la migration de travail se transforme en migration de peuplement cet enracinement transforme leurs relations avec la France et suscite de nouvelles qu tes d identit gt Racisme colonial r action identitaire et galit citoyenne les le ons des exp riences migratoires antillaises 40 Michel Giraud Citoyens fran ais les Antillais r sidant en m tropole vivent d autant plus douloureusement les discriminations qu ils subissent Par ailleurs
9. assumer galement un h ritage africain The Notion of a Pluralist longtemps n glig min par l esclavage et par le mod le social de la Post imperial Britain 5 i New Community vol 17 plantation dans le syst me colonial n 2 1991 E M Diasporas carib ennes 71 3 Voir M G Smith Corporations and Society Duckworth Publishing Londres 1974 et Pluralism Race and Ethnicity in Selected African Countries in J Rex et D Mason eds Theories of Race and Ethnic Relations Cambridge University Press 1988 4 Harry Goulbourne Race Relations in Britain since 1945 Macmillan Press 1998 Robin Cohen Frontiers of Identity the British and Others Longman Londres 1994 72 La transnationalit des Carib ens en Grande Bretagne se refl te aussi bien entendu dans la proximit culturelle que l on peut observer entre de nombreuses pratiques autochtones europ ennes d une part et d origine carib enne d autre part Des traits partag s avec la diaspora africaine Leur pr sence culturelle et plus g n ralement celle de la diaspora afri caine continue d exercer une influence importante dans plusieurs domaines de la vie nationale certains usages linguistiques certains styles vestimentaires la casquette retourn e les surv tements de sport le T shirt port par dessus le pantalon etc certains styles musi caux Les disc jockey la musique diffus e haut volume et les voi
10. Fuerza Latina Force latine dont le nom fut cr par analogie au Black Power The Justo A Marti coll cf p 117 Chicago et New York les Young Lords conduits par de jeunes Portoricains entreprirent de d fendre l unit des Latinos particuli rement celle des Chicanos et Portori cains consid rant celle ci comme la cl de vo te d une strat gie de coalition avec les peuples conquis ou colonis s internes afin d ob tenir leur lib ration nationale de l imp rialisme nord am ricain voire du capitalisme mondial Les Young Lords ont brandi le drapeau de la latinit pour mieux revendiquer la d colonisation du ghetto et l ind pendance de Porto Rico Dans leur discours le terme latino ou atina renvoie l h ritage africain et indig ne faino et se d marque ainsi de toute r f rence eurocentriste en g n ral et de lhis panophilie conservatrice en particulier Avec les effets conjugu s au milieu des ann es soixante dix de la crise conomique et du d clin des mouvements sociaux contestataires puis avec la mont e de plusieurs r gimes autoritaires en Am rique latine et dans la Cara be on a vu augmenter spectaculairement les migrations vers les tats Unis avec une diversit de sources sans pr c dent Ce ph no m ne est un aspect important d un processus de mondialisation in gal D s 1980 New York tait devenue la fois une
11. de la pens e humanitaire cha ritable afin d appr hender les cons quences lointaines de les clavage dans les Antilles Guyane et la R union Signalons par ailleurs la r dition dans une collection de poche de l ouvrage d sormais classique de Louis Sala Molins sur Le Code Noir initialement paru en 1987 chez le m me diteur On y retrouvera les motivations escla vagistes de la France de Louis XIV la r glementation propre ment inhumaine que le l gisla teur avait mis sur pied dans les colonies d Am rique et de l oc an Indien ainsi que les apories des philosophes des Lumi res Une publication et une r dition qui viennent point nomm pour ali menter le d bat sur les r para tions voir l article de Manuel Boucher Durban ou l chec de l intelligence H amp M n 1234 novembre d cembre 2001 au moment o la France par la loi de 2001 semble pr te pour un v ri table travail de m moire Philippe Dewitte Diasporas Against Race Imagining Political Culture beyond the Color Line Paul Gilroy The Belknap Press of Harvard University Press Cambridge Massachusetts 2000 16 95 dollars gt Against Race fait suite lim portant ouvrage du professeur Paul Gilroy The Black Atlantic paru en 1993 The Black Atlantic se positionnait en tant que parti cipant du mouvement des Cultu ral Studies comme un travail intellectuel qui travers l his
12. deux piking doon un pour la ryth mique et un pour le solo jou s mains nues auxquels se rajoutent des maracas et parfois des cymbales Dans les ann es soixante dix DR les petits tambours jou s assis deviennent de grande taille afin d tre jou debout gr ce au groupe Salko de la ville de Paramaribo qui fut le premier enregistrer des cassettes Les fa ons de chanter l al k sont aussi tr s particuli res ces voix vibr es et accentu es en fin de phrases issues des chants traditionnels glissent sinueuses sur le jeu des percussions Cette technique voque immanquablement les chants traditionnels des S r res du S n gal l eth nie de feu L opold S dar Senghor Il insistait dans sa pr face l ouvrage de Henry Gravat La civilisation s r re cosaan Les Nouvelles ditions africaines Dakar 1983 sur le fait que les S r res en Afrique subsaha rienne comme les Berb res au Nord ont conserv l ancien tat des choses la soci t du n olithique avec le matriarcat et la primaut de la terre mais encore avec la religion animiste et les trois valeurs fon damentales de Vart en Afrique l image symbolique la m lodie poly phonique et le rythme fait de r p titions qui ne se r p tent pas De la douceur charmeuse du chant de Prince du groupe Fondering la gouaille rageuse de Fonsje le vieux baroudeur du groupe Bigi Ting ces voix semblent passer discr tement entre vos
13. migration res pectivement 20 4 et 15 9 tandis que la plupart des autres pays sont moins affect s l exception notoire des les Turks et Ca ques et dans une moindre mesure des les Vierges qui pr sentent des taux positifs soit une immigration au demeurant facile expliquer par la richesse artificielle de ces petits archipels qui attire les populations voisines La fin du XX si cle marque ainsi un certain apaisement au moins d mographique des soci t s carib ennes qui s approchent d un relatif quilibre en d pit d une histoire mouvement e et de leur vuln rabilit conomique et politique Tandis que des quilibres d mographiques internes apparaissent et laissent augurer d un avenir ma tris les populations de la Cara be insulaire restent encore la merci de processus migratoires incertains La migration forc e dirig e volontaire toujours t au c ur des processus d adaptation qui ont forg les soci t s du bassin cari b en au cours du XX si cle le syst me migratoire fond sur l cono mie de plantation a connu de profondes mutations et la dynamique des communaut s migr es carib ennes est actuellement devenue une contrainte structurelle pour les gouvernements aussi bien dans les soci t s d origine que dans les soci t s d accueil Fond sur des r seaux puissants et toujours plus autonomes le syst me migratoire carib en semble ainsi chapper de plus en plus
14. partir de 1984 le gouvernement f d ral d cide d accorder 20 000 visas par an aux candidats cubains l immigration dans l espoir de r guler le flux migratoire et d viter une nouvelle explosion Toute fois par manque de volont politique et en l absence de moyens suffi sants sur place ces quotas ne seront jamais atteints entre 1984 et 1994 7 250 visas d livr s en 1988 6 000 entre 1989 et 1990 2 700 en 1993 tandis que dans le m me temps le nombre de Cubains recueillis en mer sur des embarcations de fortune les d sormais c l bres balseros ne cessera d augmenter 2 203 en 1991 2 537 en 1992 3 656 un an plus tard Nouvelle strat gie de d stabilisation el nouvelle politique migratoire La pression migratoire se fait de nouveau sentir durant l t 1994 lorsque pr s de 30 000 personnes prennent la mer sur des radeaux improvis s dans l espoir que les courants se montreront favorables et les conduiront vers les c tes de Floride Le gouvernement f d ral r agit pour une fois tr s vite d cidant de les intercepter en mer avant de les conduire dans des camps provisoires en dehors du territoire des tats Unis notamment au Panama puis de regrouper finalement tout le monde comble de l ironie sur la base navale am ricaine de Guan tanamo l extr me Est de Cuba Le pr sident Clinton semble ainsi manifester sa volont d en finir avec l exception cubaine en mati re migratoire et conclut m me dans
15. parvienne harmoniser cultures et identit s particuli res par Michel Giraud CNRS Centre de recherche sur les pouvoirs locaux dans la Cara be universit des Antilles et de la Guyane 1 Le Bureau pour le d veloppement des migrations int ressant les D partements d outre mer Bumidom est la soci t publique qui a t cr e en octobre 1961 pour d velopper et organiser ces migrations Il a t remplac en 1982 par l Agence nationale pour l insertion et la promotion des travailleurs d outre mer ANT 2 Alain Anselin L migration antillaise en France La troisi me le Karthala Paris 1990 p 126 40 Aucune immigration ne souffre d tre peinte d une seule couleur que ce soit celle d une marche idyllique vers un eldorado ou celle d une descente apocalyptique aux enfers Les r alit s de l immigration des Antillais fran ais dans l Hexagone ne se sont ainsi jamais accommo d es ni aux r ves dor s qui ont un moment nourri les mythes du d part de Guadeloupe ou de Martinique ni aux jugements l emporte pi ce qui au temps du BumidomO assimilaient cette immigration une nouvelle traite n gri re C est qu en effet comme l a indiqu Alain Anselin dans un ouvrage pr sentant l analyse la plus clairante et la plus stimulante de ces r alit s qui nous a t donn e jusqu ce jour de conna tre elles sont marqu es dun double mouvement contradic toire l
16. tations montrent bien l intime relation qui existe entre un certain latino am ricanisme des multinationales et un multiculturalisme imp rial Actions collectives et latinil AY La construction de la latinit en tant qu amalgame instable de d fini tions nationales raciales ethniques etc exprime le caract re entrem l et ambigu de toutes ces cat gories d identit s en g n ral tout en indi quant la situation transnationale transculturelle et translocale des sujets qui les laborent En fait pour ceux qui sont au plus bas de l chelle sociale la notion de latinit peut se r f rer une exp rience partag e de travail pr caire de ghetto sation urbaine de discrimination raciale d impossibilit b n ficier des services sociaux ou encore d abus poli ciers En somme dans ces secteurs la latinit est un autre nom pour exprimer le rejet de l Autre racialis Ce sentiment de rejet est forg et reproduit par exemple dans les rencontres avec la justice ou avec le pou voir municipal dans des espaces o les Latinos ne p n trent que comme concierges coursiers domestiques ou parfois comme cambrioleurs Bien s r la morale des quartiers latinos est complexe et contradic toire oscillant entre violence et solidarit entre identification paneth nique latino et conscience des origines nationales portoricaine domini caine etc De telles affinit s se traduisent et se d veloppent souv
17. trouver en Martinique et Guadeloupe voil les populations antillaises de France somm es d y r pondre dans un contexte nouveau et d une mani re forc ment nouvelle noncer l enjeu c est du m me coup en souligner l ampleur Un provisoire qui dure Aller en France Chacun avait mille fois r v ce d part Aucun ou presque ne doutait du bonheur qui sans faille en r sulterait Beau coup ont aussi imagin leur venue temporaire Au bout de presque cin quante ans il ne reste que l incertitude d un provisoire qui dure L heure du bilan pourtant est venue Il demeure individuel pudique fragment l o conviendraient la mise en commun des exp riences l tat des lieux collectif Presqu un demi si cle de vie d j au bout duquel on se demande quel compte faire d une histoire irr m diable ment autre sans que jamais l impression ait t r ellement prouv e d avoir prise sur son destin Quel bilan faire de cette histoire Un des sin d un caricaturiste antillais souligne d un trait les incertitudes du moment Il montre deux hommes discutant de leur s jour en m tropole dans un a roport des Antilles sans que l on puisse d cider lequel part pour Paris lequel en revient Partir Rester Revenir Tous aux deux bords de l Atlantique pourraient ajouter Pour quoi faire EI M Diasporas carib ennes 33 34 L immigration antillaise vit la fin d une poque Les questions de
18. vol 2 n 2 1986 19 6 William J Serow and S O Cain Migration and Natural Increase in Florida during the 80 s Governing Florida vol 2 n 1 1992 20 de Saint Vincent pour l assistance conomique ou les Cubains venus en Jama que dans les ann es soixante dix pour la couverture m dicale et Grenade au d but des ann es quatre vingt pour une coop ration g n rale Bien que l impact r el en termes de migrants permanents soit rest faible cette forme d emprise institutionnelle fut n anmoins la source de nouveaux changes de population et donc de r seaux migratoires sp cifiques La Floride nouveau p le r cepteur la fin du XX si cle Vers le milieu des ann es quatre vingt le syst me migratoire carib en tend d une part se stabiliser connaissant m me des flux de r migra tion europ ens non n gligeables et d autre part se tourne largement vers l Am rique du Nord qui re oit de forts contingents de migrants clan destins ou non Si le Qu bec attira de nombreux Ha tiens en raison de la pratique de la langue fran aise c est l tat de Floride qui s imposa comme nouveau p le r cepteur puisqu on estimait grossi rement selon les donn es du Statistical Yearbook of the immigration and naturali zation service les immigrants carib ens y r sidant plus de 170 000 per sonnes au milieu des ann es quatre vingt dix Il conviendrait d y ajouter les nombreux cont
19. 881 hommes pour 1 000 femmes la Jama que 679 la Barbade et 589 Grenade tandis que les pays r cepteurs enregistraient des rapports inverses l instar de Cuba par exemple qui atteignait 1 131 hommes pour 1 000 femmes Par la suite les mouvements de population dans la r gion se trou v rent fortement ralentis par la fin des travaux du canal de Panama EI N 1237 Mai juin 2002 M D Es HA TI aa o A P RICO ANGUILLA b R DOMIN 1 z ANTIGUA ET amg SRG ee BARBUDA gt a ILES VIERGES a MONTSERRAT S CHRISTOPHE GUADELOUPE DOMINIQUE D MARTINIQUE 5 STE LUCIE G ST VINCENT BARB DE NICARAGUA Pe CURA AO GRENADE iai Q AR TRINIDAD Me TRS aus ET TOBAGO s aa n PRN COLOMBIE X a MS re l effondrement de l conomie sucri re et la mont e du nationalisme dans plusieurs pays qui instaur rent des politiques de contr le des immigrants Les ann es trente marqu rent ainsi un net repli des soci t s carib ennes sur elles m mes dans un contexte de crise cono mique et de troubles sociaux profonds aliment s notamment par les mouvements de retours de travailleurs migr s massivement d sem bauch s Par ailleurs l ann e 1924 marque l arr t d finitif de l immi gration contractuelle extra carib enne la suite de trois si cles de flux quasiment ininterrompus et les populations carib ennes connaissent pour la premi re fois de leur hist
20. Michel S Laguerre Diasporic Citizenship Haitian Americans in Transnational America St Martin s Press New York 1998 p 86 4 Cf Mary C Waters Black Identities West Indian Immigrant Dreams and American Realities Russell Sage Foundation Harvard University Press 1999 p 36 5 Source US Census Bureau chiffres du recensement 2000 en ligne voir aussi Francisco L Rivera Batiz et Carlos Santiago Island Paradox Puerto Rico in the 1990s Russell Sage Foundation 1996 ch 7 6 Cf Paul Gilroy There Ain t No Black in the Union Jack The Cultural Politics of Race and Nation University of Chicago Press 1987 et The Black Atlantic Modernity and Double Consciousness Harvard University Press 1993 83 Ici le carnaval carib en de Brooklyn Les diff rentes formes de la culture populaire et musicale afro carib enne et hispano carib enne ont marqu la sc ne nord am ricaine 7 Voir le livre magistral d Angel Quintero Rivera Salsa sabor y control sociolog a de la m sica tropical Coyoac n Mexique et Madrid d Siglo XXI 1998 voir aussi Mambo Montage The Latinization of New York op cit II partie Expressive Cultures 8 Cf Mary C Waters op cit p 34 Un portrait social d taill de ces groupes se trouve dans Winston James Holding Aloft the Banner of Ethiopia Caribbean Radicalism in Early Twentieth Century America Verso
21. N 1237 Mai juin 2002 B AHMP cf p 117 En raison de son statut politique particulier vis vis des tats Unis Porto Rico appara t comme un cas limite des diasporas carib ennes modernes invitant la comparaison avec d autres pays non ind pen dants de la r gion Puisque les Portoricains de l le et du continent sont citoyens am ricains la diaspora qu ils forment sur le continent est en quelque sorte interne Les Portoricains de l migration dont nous avons entrevu plus haut le haut degr d incorporation dans la vie publique m tropolitaine t moignent d un fort sentiment patriotique envers l le mais qui s exprime davantage sur le plan culturel ou sym bolique que par des actions politiques concr tes en direction du pays d origine Dans les ann es soixante et soixante dix des petits groupes de militants n ont r ussi que de mani re ph m re faire de l ind pendance nationale solution souhait e par moins de 10 des lecteurs de l le un axe de mobilisation des Portoricains du continent Il est n anmoins vrai que certaines affaires politiques qui mobilisent Porto Rico un degr exceptionnel peuvent rencontrer un fort cho en m tro pole par exemple le mouvement visant faire partir les forces navales nord am ricaines de leur base dans l le de Vieques Depuis 1999 cette cause devenue une affaire politique majeure qui mettait en jeu l auto rit des forces nava
22. antillaises soit un total sup rieur celles comptabilis es en Marti nique la m me ann e Au sein de ces familles antillaises de m tropole on comptait plus de 158 000 enfants dont 80 qui y sont n s Ces r sultats clairent d un jour nouveau l volution d mographique globale de l immigration antillaise le ralentissement de l migration n emp che pas la communaut antillaise potentielle de s accro tre L analyse r trospective des recensements est cet gard difiante l inverse du ralentissement des nouvelles installations le nombre des m nages et des familles a continu de cro tre de m me que leurs popu lations respectives et aussi et surtout celui des enfants de ces familles Une dynamique socio d mographique nouvelle est ainsi l uvre laquelle les naissances en m tropole d enfants de parents n s aux Antilles portent une contribution d terminante Entre 1982 et 1990 leur nombre a t sup rieur celui des nouvelles installations M Diasporas carib ennes 31 32 durables de migrants arrivant des Antilles Le fait est d sormais indu bitable les potentialit s de croissance de la population des Antillais de m tropole ne d pendent plus des seules potentialit s de l migra tion au d part des Antilles Ces naissances m tropolitaines ont transform l migration de tra vail des Antillais en France en une immigration de peuplement des Antillais de France Une nouve
23. autre cadre de civilit et de justice sociale pourrait remplacer effica cement celui de l tat nation Lau teur a par ailleurs presque tou jours les pieds sur terre et fournit des outils pr cieux pour observer les dynamiques et les secousses du monde contemporain James Cohen 157 hommeS ns GIP ADRI 4 rue Ren Villerm 75011 Paris T l 01 40 09 69 19 o Fax 01 43 48 25 17 info adri fr e www adri fr Fondateur Jacques Ghys t Comit d orientation et de r daction Mogniss H Abdallah Rochdy Alili Augustin Barbara Jacques Barou Hanifa Cherifi Albano Cordeiro Fran ois Gr mont Abdelhafid Hammouche Mustapha Harzoune Le Huu Khoa Khelifa Messamah Juliette Minces Gaye Petek Salom Marie Poinsot Catherine Quiminal Edwige Rude Antoine Alain Seksig Anne de Tinguy Andr Videau Catherine Wihtol de Wenden Directeur de la publication Luc Gruson R dacteur en chef Philippe Dewitte Secr tariat de r daction Marie Pierre Garrigues Franck Petit Maquette Sandy Chamaillard Site internet Laurent Girard Renaud Sagot Promotion et abonnements Marine B liard Karima Dekiouk Conception graphique Cicero 15 rue de la Folie R gnault 75011 Paris Impression Autographe 10 bis rue Bisson 75020 Paris Diffusion pour les libraires DIF POP 21 ter rue Voltaire 75011 Paris T l 01 40 24 21 31 Les titres les intertitres et les chapeaux sont de la r daction Les opinions mises n
24. cessairement au bout d un enracinement particulier il peut y avoir l illusion d une autosuffi sance de tels enracinements Ainsi si nous faisons n tre la brillante formule de notre ami Daniel Maximin selon laquelle Universel c est le Particulier sans les murs c est pour ajouter qu il faut encore pour atteindre abattre les murs tous les murs lt 21 Harry Goulbourne New Issues in Black British Politics Information sur les sciences sociales vol 31 n 2 juin 1992 p 369 TDLR St phanie Condon France Angleterre histoire compar e du logement des Antillais A D Dossier D tours europ ens n 1193 d cembre 1995 A PUBLIE M Diasporas carib ennes 53 Pourquoi les migrants guadeloup ens veulent ils tre inhum s dans leur le Les Guadeloup ens accordent une grande importance au respect des rituels mortuaires Ceux r sidant en m tropole ne l oublient pas ils r v lent leur enracinement en communiquant avec leurs d funts ou en organisant leur s pulture dans l le m me s ils ny sont pas n s Tournant le dos l Afrique des lointains anc tres et l Europe des d sillusions les Guadeloup ens se r approprient ainsi leur terre d origine par Dolor s Pourette anthropologue chercheur rattach au Laboratoire d anthropologie sociale 1 Ces discours ont t collect s dans le cadre d une recherche doctorale en ethnologie Dolor s Pourette
25. cis ment vers une affirmation plus communautaire voire ethnicitaire d une identit embl ma tique et vers la c l bration d un patrimoine culturel propre Tout en comprenant les raisons qu il juge souvent l gitimes de cette volont d affirmation identitaire il met en garde contre des glisse ments pouvant les conduire des attitudes par trop particularistes voire intol rantes notamment vis vis des immigr s trangers tout en ES M Diasporas carib ennes 10 confortant le relatif retrait des Antillais par rapport aux multiples formes d engagement d mocratique qui seraient pourtant leur port e en tant que citoyens fran ais Plus indirectement St phane Valognes chronique Initiatives p 119 contribue au m me d bat en montrant comment les mobilisa tions autour la m moire publique de l esclavage se concr tisent dans des d cisions en mati re d am nagement urbain en France m tropoli taine Ainsi l poque du cent cinquanti me anniversaire de l aboli tion de l esclavage dans les colonies fran aises 1848 1998 plusieurs groupes d Antillais taient actifs dans de tels mouvements Il soul ve la question minemment interculturelle de la mani re dont ce lourd h ritage historique est assum par les villes fran aises qui ont jou un r le de premier plan dans l conomie de l esclavage Quel statut pour les minorit s issues des ex colonies Les c
26. d ail de tomates et de piments On la roule sur elle m me et elle cuit au four avant d tre d coup e en tranches larges pour tre servie sous la forme d un norme biscuit roul Mentionnons pour finir la farofa de manteiga ou farine de manioc grill e avec des oignons et de l uf Cette farofa figure comme un des l ments de la pantagru lique feijoada completa du Br sil dont les c tes du Nord font partie de la M diterran e cara be comme l attestent les g ographes Elle peut aussi se manger seule ou avec des olives et des ufs durs Malgr tout parmi les produits de ce monde indien ce n est pas le manioc qui aura eu le sort le plus fabuleux Certes il a migr et s exporte rap pelons encore le tapioca Mais la pomme de terre ou le ma s ont eu un autre destin Certains qui voudront se distinguer peuvent pourtant pr pa rer des frites de manioc en France La racine se trouve dans de bonnes maisons sous la forme du manihot esculenta On peut aussi accompagner aujourd hui nos volailles de d s de manioc avec poivrons tomates oignons piments et autres ventuels l gumes de chez soi avec un peu de pur e d arachide d un peu plus loin Pour le reste laissons faire l imagination qui n est peut tre pas la folle du logis que l on dit Continuons jouer aux Indiens en leur empruntant les racines qu ils mangeaient apr s leur avoir pris leurs danses et leurs plumes lorsque nous tions enfants lt
27. gration pos sible Compte tenu de la forte stigmatisation laquelle taient d j confront es certaines populations d origine trang re on peut com prendre cette attitude sans pour autant la juger l gitime tant elle semble porter la marque de l ambigu t fondamentale de la situation des Antillais et des Guyanais en France Ou plus exactement tant elle porte la marque de la tension entre les deux p les de cette situation que C saire a rapproch s dans la formule choc que nous avons cit e D une part la citoyennet fran aise a longtemps fait et fait encore dans une moindre mesure des Antillais vivant en m tropole des immi gr s relativement privil gi s par rapport d autres notamment en ce qui concerne l acc s l emploi public D autre part les r alit s sociales particuli res qu ils vivent aujourd hui tendent de plus en plus les mettre part dans la soci t m tropolitaine Un tel maintien l cart du courant principal de leur soci t de r sidence tous les rejets racistes essuy s de plus en plus souvent de la part de celle ci ont pouss les populations antillaises et guyanaise vivant en France m tropolitaine au moins pour une large part d entre elles reprendre et valoriser selon la logique bien connue de l in version du stigmate la diff rence qui est leur si fr quemment oppo s e Elles ont ainsi commenc afficher une forte conscience d identit
28. l expression enfin lib r e d un atavisme culturel trop long temps brid ou pire encore d une alt rit essentielle Elle est au pre mier chef la marque d une strat gie sociale et politique comme toutes les mobilisations du m me type Celle qui fait de l affirmation et de la valorisation ouvertes d une identit particuli re en allant m me si n cessaire jusqu la re construire le moyen de la reconnaissance de cette identit comme l gitime par tous et partant de la satisfaction des revendications particuli res qui sont formul es en son nom C est la lumi re de cette indication qu il faut comprendre que la c l bration du patrimoine culturel propre la musique la danse la gastronomie et dans une moindre mesure les cr ations litt raires et th trales soit devenue travers une profusion de soir es ou de journ es d animation l essentiel de la pr sence publique des Antillais et des Guyanais r si dant en m tropole et que cette pr sence soit surtout organis e par des associations Elles sont fort nombreuses tant il est vrai que la struc ture associative est la fois le support et l outil par excellence de la mise en uvre de la strat gie en question dans la mesure o en France elle est la seule forme d organisation collective qui permette une mobilisation sur une base communautaire que ni les syndicats ni les partis politiques n admettent L volution qui tend conduire nom
29. me d lection c est l apparition de rap ports p re fils qui ne devraient rien aux d terminismes de la g n tique mais tout au libre arbitre des incli nations Un subtil dosage entre atti rance et tendresse assaisonn de mouvements d humeur et m me d exasp ration L autre fil conducteur du film est le r apprentissage de la vie une esp ce de r insertion pour deux exclus une seconde chance offer te ceux qui ont rat le d part l impression r confortante qu il n est jamais trop tard m me pour le v t ran Tahar Il n y a pas de voie de garage sans issue Le des tin pour peu qu on le sollicite offre une r vision apr s des ann es d errements famille pri EI N 1237 Mai juin 2002 M l son vieillesse La cam ra suit avec pr cision les m canismes de la remise en route Jouant de l es quive et de l ellipse entre ses cadrages minutieux elle fait en sorte que notre attention ne se rel che jamais Il y avait dans Adieu forain le premier long m trage de Daoud Aouled Syad voir H amp M n 1220 cette m me gr ce contemplative et un peu puritaine mais finale ment bouleversante Cet lan et cette po sie vers les choses et les gens les plus d munis les plus la marge Loriginalit de l auteur aid par son sc nariste Ahmed Bouanani s affine et se pr cise La r v lation et la cons cration du Cheval de vent au dernier festival de Marrakech confirme
30. nous ne pouvons accepter que les virements bancaires ou les ch ques libell s en euros Merci de votre compr hension Si l adresse de la facturation est diff rente de l adresse ci dessus pri re de nous l indiquer Num ros disponibles Liste compl te des num ros disponibles sur www adri fr 2002 Q D Alsace et d ailleurs Q Diasporas carib ennes n 1237 mai juin 12 ni 1209 7 septembre octobre 12 Q Retours d en France n 1236 mars avril 12 Q Merone a AUSE 1e Q Flux et reflux n 1235 janvier f vrier 12 ie J SNE Q Imaginaire colonial n 1207 mai juin 12 2001 U Citoyennet s sans fronti res Q France terre d Asie n 1206 mars avril 12 n 1234 novembre d cembre 12 U R fugi s et Tsiganes d Est en Ouest Q Nouvelles mobilit s n 1205 janvier f vrier 12 n 1233 septembre octobre 12 1996 de Hea H 1232 juillet a t 12 Q Ch mage et solidarit n 1204 d cembre 6 70 EN art s De Q Int gration et politique de la ville n 1203 novembre 6 70 Q Ho no l Est 12 Q Les foyers dans la tourmente n 1202 octobre 6 70 Q Vie associative action citoyenne i A n 1229 janvier f vrier 12 Q A l cole de la R publique J n 1201 septembre 6 70 2000 Q Canada La patrie du multiculturalisme Q L h ritage colonial un trou de m moire 1200 juillet y 670 n 1228 novembre d cembre 12 Q R fugi s et demandeu
31. p tit d j au lit des voyageuses qui n ont rien de clientes fortun es et rousp teuses Les vieux habitants qui regardent la mort dans l me et les larmes aux yeux s crouler les barres et les tours o ils ont fina lement t heureux Des jeunes 148 qui n talent pas leur suffisance et se laissent pater par le parcours des filles N allez pas croire que le film est ang lique rempla ant les cli ch s mis rabilistes par d autres Cette fa on de croquer la vie belles dents en gardant les yeux grands ouverts photo oblige fait un peu penser une autre balade pleine de formidables ren contres celles de Dr le de F lix de Jacques Martineau et Olivier Ducastel qui promenait Sami Bouajila de la Bretagne la C te d Azur voir H amp M n 1227 Ana logie flatteuse mais la comparai son s arr te l Soudain dans les montagnes cen trales le film va marquer la pause la pose Gwana lle et Ang la vont s attarder dans un chalet rustique en compagnie de joyeux gar ons inventifs et manuels qui ont d cid de r sis ter aux vents des modes toutes faites La vie d apr s nature ne manque pas de s ductions Elles ont l impression d y prouver des sentiments neufs Elles y c dent leur mani re discr te et r trac t e Le temps de se persuader que d autres choix sont possibles que d autres vies sont port e de d cision C est de fa on mutine que le
32. prix tablir cette harmonie qui n a rien de pr tabli Pour commencer EI N 1237 Mai juin 2002 M r pondre cette question il faut certainement garder pr sent les prit la v rit d vidence que l gale dignit de principe de toutes les traditions culturelles impose que la vision commune dont nous avons dit la n cessit r sulte d une incessante n gociation entre ces tradi tions Une n gociation qui prendrait en compte de mani re raisonn e et critique leurs diff rences pour en quelque sorte les d passer gr ce la mise en uvre de ce que J rgen Habermas nomme une thique discursive C est dire travers un dialogue permanent qui ne peut manquer d tre conflictuel mais o il ne fait sens pour chacun de s en gager qu en tant conscient qu il a apprendre de l Autre et en tant convaincu que rien n est a priori non n gociable avant un libre exa men de la raison donc en acceptant l ventualit d importants chan gements dans son propre credo Car comme le dit fort bien le socio logue britannique d origine jama caine Harry Goulbourne soumettre toutes les cultures sans exception la critique afin de cr er quelque chose d enti rement nouveau impliquera d abandonner certains aspects de chacune au profit des aspects b n fiques de toutes De ce point de vue il nous semble que dans l id e largement par tag e y compris par nous que l universel est n
33. D sirade Retrouver les siens dans la mort et rejoindre ainsi le panth on familial ne peut se concr tiser que si l inhumation a lieu en Guadeloupe 56 enterr es le moment venu sur leur le natale Cette volont anime m me des jeunes gens qui pour certains ont migr dans leur petite enfance Afin de faire respecter leur d sir beaucoup conomisent et financent de leur vivant leur rapatriement et leurs obs ques en Gua deloupe ce qui repr sente un march florissant pour les entreprises sp cialis es dans ce type d activit s dont on peut entendre la publi cit sur les ondes de la radio M dia Tropical Si l ensemble des personnes rencontr es mentionne la volont d tre inhum es sur leur terre natale trois types de raisons sont invoqu es pour expliquer cette volont Un premier niveau d explication renvoie au refus d tre inhum dans le froid de la m tropole Je ne veux pas tre enterr e dans le froid Dans ce type de discours le froid est invoqu de mani re m taphorique L analyse des discours r v le en effet com bien le monde m tropolitain lui est associ par opposition lunivers antillais caract ris par la chaleur Ainsi les Guadeloup ens se pensent chauds par rapport aux m tropolitains et de mani re g n rale aux personnes blanches de peau qu ils estiment froides d un point de vue physique et dans leur temp rament Cela fait cho aux
34. Dans l imm diate apr s lection de Fran ois Mit terrand la pr sidence de la R publique en 1981 lors de l closion des radios libres les auditeurs de la radio associative afro antillaise Radio Mango taient encore nombreux la suite des missions consa cr es la situation des Antillais et des Guyanais en r gion parisienne auxquelles nous participions r guli rement appeler le standard de cette radio pour protester contre le fait d tre qualifi s d immigr s soulignant avec force qu ils taient des Fran ais Une quinzaine d an n es apr s c est dire hier certains des Antillais interrog s par H l ne M lint d claraient toujours alors qu ils venaient d essuyer un EI N 1237 Mai juin 2002 M Amadou Gaye IM m dia refus d embauche du fait de leur couleur que cela les g ne un peu que les Fran ais pensent que tous les Noirs Antillais ou Africains c est pareil ou que c est choquant voire vexant d tre compar s des Africains En cons quence le parti qu ils ont largement pris t celui de faire le moins de vagues possible dans la nouvelle soci t de r sidence d y adopter en quelque sorte une strat gie de l invisibilit ethnique Dans le jeu de leurs comportements ils ont privil gi ce qu ils croyaient tre l atout de leur carte d identit nationale pour ten ter de s assurer parfois avec succ s de la meilleure int
35. Hommes et femmes de la Guadeloupe en le de France Pratiques li es au corps relations entre les sexes et attitudes face au risque de contamination par le VIH th se de doctorat cole des hautes tudes en sciences sociales Paris 2002 2 Catherine Beno t Corps jardins m moires Anthropologie du corps et de l espace la Guadeloupe CNRS ditions ditions de la Maison des sciences de l homme Paris 2000 p 193 54 Les discours sur la mort recueillis aupr s de migrants guadeloup ens en m tropole mettent en relief combien il leur importe d tre inhu m s le moment venu sur leur le d origine Ce n cessaire retour la terre natale conditionne l acc s au statut d anc tre et t moigne de l at tachement au territoire d origine v nement biologique la mort est galement un fait social Les rituels fun raires les deuils les hom mages rendus au d funt traduisent la mani re dont sont con us le pas sage des vivants en ce monde d une part et les liens aux anc tres d autre part En Guadeloupe la mort d un individu constitue un v nement de prime importance qui entra ne l accomplissement d un certain nombre de rites fun raires immanquablement c l br s avec faste et grandeur Le soir du d c s ou le lendemain soir si l on attend l arriv e de proches venus de la m tropole une premi re veill e rassemble la famille et le voisinage du d funt L inh
36. John Walton Labor Class and the International System Academic Press Orlando Floride 1981 7 Ivan Light Ethnic Entrepreneurs in America Business and Welfare among Chinese Japanese and Blacks University of California Press Berkeley and Los Angeles 1972 92 d autres sont construits comme Noirs les migrants de la Cara be anglo phone par exemple De m me d autres groupes dont la composition raciale est mixte sont pourtant racialis s c est le cas des Portoricains et des Mexicains entre autres Ne pas tenir compte du contexte historique de chaque processus migratoire et de chaque processus d incorporation dans la soci t d ac cueil ouvre la porte des interpr tations abusives car st r otyp es consistant attribuer l chec ou le succ s d un groupe donn sa dis position travailler dur respecter la discipline tre motiv d velopper son capital humain la fin du XIX si cle les tats Unis ont affirm un int r t strat gique important pour la Cara be la r gion tait consid r e comme indispensable pour le contr le des circuits commerciaux en direction de l Am rique du Sud et pour la d fense du continent nord am ri cain Quatre des cinq pays des Grandes Antilles ont t militaire ment occup s par les tats Unis partir de 1898 Porto Rico et Cuba en 1898 la R publique dominicaine de 1915 1924 Ha ti de 191
37. La gravit des probl mes de sous emploi ou de ch mage d ducation et de sant montrait quel point l immigration portoricaine s tait constitu e en force de travail coloniale N 1237 Mai juin 2002 M l racialis e Ce n est pas un hasard si le nouveau positionnement imp rial de New York co ncidait avec la formulation dans les ann es cinquante d un nouveau discours sur l ins curit urbaine dans lequel les immigrants portoricains taient d sign s comme l une des principales sources de dangers Dans les versions les plus p joratives du discours racial nord am ricain les spics terme raciste qui vient d Hispanics taient d crits comme des trangers certes l gaux demeurant dans le c ur des t n bres d une ville devenue violente et m connaissable Une culture urbaine hispano carib enne Les politiques dites de r novation urbaine des ann es cinquante et soixante correspondaient en r alit une strat gie de d placement de certaines populations C est cette poque qu a pris forme la notion de marginalit raciale urbaine et que la zone hispanique de Harlem El Barrio est devenue un symbole clef dans les discours mergents sur le nouveau ghetto qu ils manent des scientifiques des politiques ou des m dias Finalement les th ories sociologiques de la d viance et les eth nographies de la culture de la pauvret cf La Vida d Oscar Le
38. Londres New York 1998 ch 2 84 b ens sans parler de leur abondant contact avec des afro am ricains et plus g n ralement avec tout le microcosme plan taire pr sent dans cette ville On ne saurait comprendre des genres musicaux comme le mambo plus tard la salsa et aujourd hui le rap en espagnol ou dans un m lange d anglais et d espagnol sans prendre en compte le r le de New York comme creuset et p le important d une musique tropicale ou latino transnationale Au d but du XX si cle une poign e de Carib ens anglophones New York des Jama cains principalement s est distingu e dans le domaine litt raire au point de se forger une place originale non seu lement sur la sc ne litt raire nord am ricaine mais plus g n rale ment dans la modernit litt raire occidentale Ils taient issus d une immigration plus large qui comptait un grand nombre de personnes lettr es instruites dans le syst me scolaire des colonies anglaises Une des figures de proue de cette g n ration est Claude McKay dont El N 1237 Mai juin 2002 M IM m dia les m moires viennent d tre publi s en traduction fran aise po te romancier militant et grand voyageur McKay tait la fois un irr ductible cosmopolite et un d fenseur ardent de ses compatriotes carib ens et noirs Peuples diasporiques citoyens incorpor s C t politique une gamme impressionnante d
39. Pour en rester la Jama que quelques chiffres suffisent caract riser la difficult de la situation conomique des trente ann es d migration prin cipale 1940 1970 o se d cline encore et toujours le trop classique couple de la pauvret et du ch mage En 1943 on value d j 27 le le B Diasporas carib ennes L information circule vite parmi les candidats au d part pour d truire le mirage et rappeler la triste r alit l Angleterre est froide brumeuse et surtout elle d ploie la virulence d un racisme inattendu 63 64 taux de ch mage jama cain Celui ci va en croissant pour parvenir en 1974 toucher en milieu urbain 57 des jeunes de moins de vingt cinq ans La part de l agriculture dans l conomie r gresse passant de 39 du PIB en 1938 9 en 1972 Et si la Jama que a la chance de pouvoir exploiter chose rare dans la Cara be un gisement naturel de bauxite celui ci ne suffit pas g n rer l emploi n cessaire pour une population dont l effectif a tripl depuis le milieu du si cle dernier Une fois le mirage urbain puis il n y a plus gu re que la solution de l migration Celle ci est pratiqu e tr s t t notamment dans le cadre des grands travaux de Panama o les Jama cains fournissent une main d uvre de quelques milliers d hommes Puis elle s oriente vers les tats Unis mais est frein e rapidement par l application des lois de quotas dont le
40. Ta nos En quelques d cennies ils ont t d cim s par des maladies apport es par les colonisateurs N d T 5 Saskia Sassen La ville globale New York Londres Tokyo Descartes amp Cie Paris 1996 115 6 Cf Arlene D vila The Latin Side of Madison Avenue Marketing and Language that Makes Us Hispanics in Agust n La Montes and Arlene D vila eds Mambo Montage op cit 116 cit en argument de vente et de d velopper des strat gies publicitaires mieux cibl es envers certains publics de consommateurs Dans ces mes sages on oblit re ou on nie la dimension raciale en ne retenant qu une ethnicit d politis e et esth tis e C est le cas par exemple du restau rant Patria patrie o le titre d un journal de Jos Marti sert d ic ne commerciale idem pour Le Bol var qui a emprunt le nom du Caudillo lib rateur de l Am rique latine Simultan ment les discours m diatiques portant sur l identit latine ou hispanique continuent tisser des liens translocaux comme on le voit avec le message quotidien de la cha ne c bl e Univisi n qui touche des millions de spectateurs hispanophones Pour tout savoir sur le monde les Hispanos regardent Univisi n Mais la latinit telle qu elle est mise en sc ne par cette cha ne et par d autres du m me genre est plus blanche et plus ais e que dans la r alit De telles repr sen
41. Unis viennent de tout le bassin Cara be Influents culturellement ils s impliquent dans des institutions politiques de premier plan New York notamment Cette diaspora est naturellement hybride car elle m me issue des diasporas qui ont peupl ces les l poque coloniale Dans le cas des Carib ens ce particularisme nomade ne fragilise pas leur enracinement aux Etats Unis L auteur y d c le un red ploiement plus qu une remise en cause de la souverainet tatique par James Cohen d partement de Sciences politiques universit de Paris VIII Institut des hautes tudes de l Am rique latine IHEAL Paris 1 Voir le livre important de Linda Basch Nina Glick Schiller Cristina Szanton Blanc Nations Unbound Transnational Projects Postcolonial Predicaments and Deterritorialized Nation States Gordon and Breach Amsterdam 1994 82 Bien que les parcours et les exp riences des Carib ens aux tats Unis soient extraordinairement divers on peut consid rer comme une originalit proprement carib enne la mani re dont ces groupes affirment leur pr sence culturelle et politique dans la vie publique depuis le d but du XX si cle La soci t nord am ricaine est parfois per ue comme un assemblage de communaut s ethniques qui s igno rent et se m prisent mutuellement mais l exp rience des Carib ens montre quel point une telle interpr tation peut tre simpliste si certains groupe
42. a adress au Premier ministre le 17 mai 1994 o le premier r clame au second une acc l ration imm diate des expulsions d trangers de sa commune et d autres documents relatifs au m me probl me reproduits dans le rapport d une mission effectu e dans les DFA D partements fran ais antillais l initiative de plusieurs associations de d fense des droits des immigr s En Guyane et Saint Martin Des trangers sans droits dans une France banani re Groupe d information et de soutien des immigr s mars 1996 49 Une tape importante dans l volution du rapport des Antillais avec la France a consist en une forte mobilisation syndicale 19 L Hurbon Racisme et sous produit du racisme les immigr s ha tiens et dominicains en Guadeloupe Les Temps modernes dossier Antilles n 441 442 avril mai 1983 p 1991 50 siques contre les personnes et la destruction d habitats dont viennent d tre victimes toujours en Guadeloupe des Ha tiens et des Domini cais une affaire connue sous le nom de son premier responsable le journaliste de radio ayant appel ces violences Ibo Simon Tout comme on impute souvent on l a vu l empreinte de l id o logie assimilationniste sur les pens es et les actes de nombre d An tillais et de Guyanais de l Hexagone leur refus d tre confondus avec des immigr s d origine trang re on
43. au cours de ces ann es que les Afro Am ricains et les Portori cains furent largement remplac s par des migrants d autres pays de la Cara be R publique dominicaine Jama que etc en tant que source privil gi e de main d uvre bon march New York notamment apr s la crise conomique de 197341 Ces pays qui repr sentaient 7 des arriv es de la Cara be dans les ann es cinquante en fournissent 46 dans les ann es soixante 60 dans les ann es soixante dix et 63 ES M Diasporas carib ennes 8 Roy S Bryce Laporte Caribbean Immigrations and their Implications Jor the United States The Wilson Center Washington DC 1983 9 Robert Laurentz Racial Ethnic Conflict in the New York City Garment Industry 1933 1980 th se doctorale State University of New York at Binghamton 1980 10 Alejandro Portes and Robert L Bach Latin Journey Cuban and Mexican Immigrants in the United States University of California Press Berkeley and Los Angeles 1985 11 Saskia Sassen The Mobility of Labor and Capital A Study in International Investment and Labor Flow Cambridge University Press Londres 1988 93 12 David Bray Economic Development The Middle Class and International Migration in the Dominican Republic International Migration Review vol 18 n 2 1984 pp 217 236 Sherri Grasmuck and Patricia Pessar Between Two Islands Dominican International Migrat
44. autres Les femmes en premi re ligne La volont plus ferme ou la contrainte plus forte pour les femmes d occuper durablement un emploi alors m me que les hommes voient grandir le risque de perdre le leur a enlev toute pertinence la notion de salaire d appoint Sur ce plan les Antillaises ont pris de longue date une longueur d avance Et plus encore celles install es en m tropole qui la forte tradition d activit f minine aux Antilles ajoutent le motif m me de leur migration trouver un emploi Un imp ratif que renforce l inverse des id es re ues la pr sence d enfants qu elles l vent le plus souvent seules et en plus grand nombre que leurs cons urs ES M Diasporas carib ennes Embarquement du sucre au XIXe si cle 27 ou celles li es la forte 28 m tropolitaines elles sont pr s d un quart dans ce cas quand la pro portion pour les Franciliennes n est que de une sur dix Cette situation peut pour partie expliquer leur forte activit en m tropole Deux r sultats en soulignent l importance les femmes sont largement majo ritaires parmi les natifs des Antilles en m tropole et dans les ann es quatre vingt dix d j on comptait plus de Martiniquaises de 30 34 ans qui avaient un emploi en m tropole que de femmes du m me ge toutes origines confondues travaillant en Martinique C est dire que les Antillaises n ont gu re correspondu au st
45. aux Antilles les migrants venus d les plus pauvres doivent faire face une forte discrimination Jo l F Volson IM m dia gt Pourquoi les migrants guadeloup ens veulent ils tre inhum s dans leur le 54 Dolor s Pourette En se faisant inhumer dans leur le les Guadeloup ens de l Hexagone entendent se r approprier leur terre d origine D Pr sence antillaise au Royaume Uni 62 Christine Chivallon Les migrants issus des Antilles britanniques forment une communaut importante au Royaume Uni Ils subissent des s gr gations l emploi et au logement qui les excluent des circuits conomiques En couverture Original Black Man collage toile sur papier craft acrylic et a rosol 35 x 45 cm 1999 par Shuck artiste guadeloup en n Pointe Pitre et r sidant Paris http mapagenoosfr shuck Photo Seka N 1237 Mai juin 2002 Bi gt Familles carib ennes en Grande Bretagne 70 Harry Goulbourne La Grande Bretagne a cart le dogme de l int gration dans le discours public et les West Indians colonis s hier membres du Commonwealth aujourd hui symbolisent la diversit culturelle du Royaume gt Diaspora et incorporation pr sences publiques des Carib ens aux tats Unis 82 James Cohen Les Antillais des USA viennent de toute la Cara be Cette diaspora hybride elle m me issue des diasporas qui ont peupl les les l poque coloniale
46. aux carcans institu tionnels et voluer vers des formes nouvelles de mobilit dont on peut difficilement pr dire le devenir lt la Grande Bretagne et les tats Unis A PUBLI Dossier Des am riques noires n 1213 mai juin 1998 M Diasporas carib ennes Ram n Grosfoguel Les migrations cara bes vers la France les Pays Bas 7 Herv Domenach De la migratologie Revue europ enne des migrations internationales vol 12 n 2 troisi me trimestre 1996 pp 73 86 25 Les Antillais en France une nouvelle donne Les d parts des Antillais vers la m tropole tendent se stabiliser et la migration de travail se transforme en migration de peuplement Mais cet enracinement transforme leurs relations avec la France avec leurs les d origine avec leur pass en particulier celui de la traite n gri re Entre discriminations et exclusion sociale le taux de ch mage monte parmi les jeunes entre relations conflictuelles avec la m tropole et ambigu s avec les populations issues des immigrations trang res les Antillais de l Hexagone se cherchent une identit Une qu te qui pourrait se r sumer une question Peut on tre Antillais hors des Antilles par Claude Valentin Marie sociologue 1 En janvier 1972 Michel Debr d clare La cons quence directe de l arr t de l migration c est une situation r volutionnaire In La traite silencieuse Les
47. cas particuliers Pour les vivants quand les ampoukous tres invisibles de la for t entrent dans les corps d humains pour provo quer des transes Pour les morts lorsque l on enterre un meurtrier le sanga permet de demander aux esprits de laisser partir son me d ouvrir le passage afin de lui per mettre de figurer parmi les bons Si cette musique n a pas t jou e peu de temps apr s son enterrement ceci provoquerait un autre d c s dans sa famille gt Tuka et kwadio Ces deux rythmes sont seulement utilis s dans le cadre du d c s pour accompagner la mort l esprit du d funt la veill e puis l enterrement gt Apinti Ce langage tam tam de communication est utilis d une fa on pour com muniquer avec les vivants d une autre fa on pour communiquer avec les morts gt Mato Ce rythme accompagne les contes pendant les veill es ou l occasion de f tes comme la huitaine bokod chez les Alukus et les lev es de deuil boubaaka en alu kus bokod en djuka un an apr s le d c s gt Soussa C est une danse deux sous forme de concours pendant les bokod s et autres f tes Massero Cette musique est jou e debout avec ou sans baguettes durant les d fi l s du carnaval gt Awassa et song Chants et danses pour des soir es conviviales langages du c ur et du corps l awassa et le song sont des danses dont les origines se trouvent en Afrique quelque part dans ce continent lointain d
48. ces hommes nouvellement d couverts et leur M diterran e se partageait en deux grandes zones celle du ma s et celle du manioc o la viande tenait peu de place dans la nourriture Plus au sud vers les Andes la zone de la pomme de terre n tait pas cara be mais elle pouvait pousser sa pointe au nord Le manioc est peut tre originaire du Venezuela d o il se serait r pandu dans les les Plus tard les Portugais l introduiront en Afrique On l appelle aussi yucca ou cassave lorsqu il est sous forme de farine que l Afrique nomme galement gari et chacun sait que sa f cule s appelle tapioca Dans son lieu d origine et dans toutes les r gions des Cara bes o on le trouve le manioc avait l avantage de pouvoir demeurer en terre de un deux ans apr s maturit Il restait ainsi dans un silo naturel o il se ramas sait au fur et mesure des besoins L avantage n tait pas mince On allait d terrer ce qu il fallait pour manger et on se mettait la cuisine Pourtant les choses n taient pas si simples Sans doute parce qu au paradis ter restre la Providence a voulu que l homme n oubli t pas une de ses joies supr mes exercer son intelligence Du doux lamer En effet il existe deux maniocs le doux manihot hopi et amer mani hot utilissima Tous deux sont porteurs d un poison la manihotoxine Le manioc doux l abrite dans son corce Dans le manioc amer cette toxine se diffuse sournoisem
49. chr tienne la cis e et de bonne conscience Pour les R publicains de 1848 qui entendaient lutter contre toutes les formes d asservis sement de l homme par l homme la fin de la traite et de l esclavage d une part la colonisation de l autre devaient toutes deux parti ciper de la fameuse mission civili satrice de l Europe de ce que l on a appel ironiquement le fardeau de l homme blanc Comme la plu part des philosophes des Lumi res les abolitionnistes pensaient beno tement que les Africains ne pouvaient tre laiss s eux m mes et que la mission des Europ ens consistait arracher l Afrique ses tyrans ses rois EI M Livres barbares et aux griffes des musul mans esclavagistes Le Noir tait d sormais ce grand enfant que l on prot ge contre tous les pr dateurs du continent et que l on pr pare la vie moderne Le pater nalisme des abolitionnistes rejoi gnait ainsi celui des colonialistes Mais Fran oise Verg s ne s arr te pas l analyse politique de la pens e et de l action des aboli tionnistes Elle montre galement comment ces derniers ont sous estim la force du pr jug raciste dans les soci t s post esclava gistes comment un certain ang lisme leur a fait croire que l aboli tion aux Antilles en Guyane et la R union le dont Fran oise Verg s est originaire allait per mettre la r conciliation entre les races
50. classer les Portoricains dans une cat gorie raciale fixe ils ne sont ni Blancs ni Noirs les ont n anmoins souvent per us comme un Autre racialis une cat go rie part Un tournant fut peut tre la diffusion de la com die musicale West Side Story dans laquelle les Portoricains taient d peints pour la premi re fois comme une minorit raciale distincte Certes ce proces sus plonge ses racines historiques dans la domination coloniale dans l le mais il prend de nouvelles voies sur le continent Il ne fait pas de doute que la discrimination que doivent affronter les Afro Portoricains est plus forte que celle que subissent les Portori cains au teint plus clair cependant les Portoricains de tous les ph notypes passent obligatoirement par le labyrinthe de l alt rit raciale puisque dans l imaginaire de beaucoup d Am ricains blancs ils por tent les stigmates de la paresse de la propension la violence parfois de la stupidit ou de la salet L h rilage africain occult par les lites Plusieurs groupes ethnoraciaux aux tats Unis ont revendiqu des identit s trait d union afin de r sister aux tentatives de d n gation de leurs droits en tant que citoyens voyez le cas du terme Afro Am ricain aujourd hui r pandu ainsi que Mexicain Am ricain Kor en Americain etc Seuls les Portoricains ont rejet cet usage car les per sonnes d origine portoricaine n es
51. d Hispaniola Saint Domingue et Ha ti Les esclaves africains introduits que s organisa d abord la colonisation domin e lors de la d couverte des les par les Espagnols et fond e sur la d couverte et au d but du XVE si cle la conqu te de l espace pour la collecte des minerais pr cieux les plantations de canne sucre et de petites productions de coton et moiti du si cle qui s acheva sur un chec de la colonisation conomique et une d population importante des grandes Antilles Cuba Hispaniola Jama que Porto Rico tandis que se d ve loppaient intensivement les flux d immigration esclavagiste et que les mouvements entre les les taient insignifiants cette poque Au XVII si cle la migration forc e devint intensive aux fins d ac croissement des stocks de main d uvre esclave par ailleurs confront e une mortalit redoutable en raison des conditions inhumaines infli g es pendant le voyage d acheminement et dans les plantations Il y eut ainsi 4 5 millions d esclaves import s dans le bassin cara beO les Anglais et les Fran ais introduisirent respectivement 1 66 et 1 57 mil lion les Espagnols 800 000 et les Hollandais 500 000 environ tandis que le trafic d esclaves entre les les qu il fut l gal ou interlope tait incon testablement tr s important mais difficile valuer C est dans la seconde moiti du XVIII si cle que culmine l conomie de plantation qui conna t alors d
52. dans leur terre d origine vont l encontre d une hypoth tique absence de territoire ou de son insuffisante voire impossible symbolisation En Guadeloupe comme en Martinique des processus d appropriation et d investissement de l espace sont l uvre de mani re ind niable Et c est dans la migration dans l loignement et la rupture physique avec l espace d origine et de r f rence que se manifeste cet attache ment aux lieux La migration permet non seulement au territoire d tre rig en tant que symbole terre d appartenance point de d part et lieu de retour in luctable elle permet galement de signifier la com plexit des processus identitaires antillais et du v cu de la migration El N 1237 Mai juin 2002 M Samir H Habdallah IM m dia Les migrants guadeloup ens constituent une population aux contours flous malais e saisir et appr hender Outre la diversit des parcours migratoires familiaux socioprofessionnels et personnels de la population consid r e il appara t qu elle ne constitue pas une com munaut holiste centr e autour de la d fense d int r ts communs de l affirmation de valeurs communes et de la mise en acte de pratiques collectives et qu elle n est pas caract ris e par des formes d celables d appropriation de l espace S il existe une kyrielle d associations antillaises et dominicaines en m tropole beauco
53. dans les m mes lieux de travail les m mes quartiers de r si dence ou de rel gation Ces conditions partag es aboutirent la promo tion de formes de cr ations culturelles comme le doo wop dans les ann es cinquante et la culture hip hop partir des ann es soixante dix Cette similitude des situations des Noirs et des Portoricains a contribu galement la formation d alliances politiques se La morale des quartiers latinos situant dans un large ventail depuis l alliance des est complexe et contradictoire Black Panthers avec les Young Lords organisation oscillant entre violence et militante portoricano ciek en 1969 jusqu aux pro solidarit entre identification panethnique Son cons ue RU Darg x la City University en passant par l organisation latino et conscience des origines d un regroupement d lus noirs et portoricains dans nationales portoricaines dominicaines l assembl e l gislative de l tat de New York La d cennie 1950 fut galement celle o le mambo genre musical originellement cubain est devenu la premi re musique largement diffus e de Mexico New York gr ce aux indus tries culturelles radio cin ma danse spectacles disques ce qui a fait na tre une sph re de culture musicale populaire et latino am ri caine L existence de cet espace o la musique et la danse jouent un r le important doit beaucoup l mergence cette poque d indus tries culturelles transnatio
54. de vaincre le dernier obstacle leur domination conomique de Pen semble du sous continent Volont d expansion qui passait par le ren versement du pouvoir en place La Havane Les tats Unis pensent pouvoir acc l rer le processus de d stabili sation en facilitant la fuite des opposants et en leur permettant d orga niser depuis l ext rieur la contre r volution menant la reconqu te du pouvoir Le gouvernement am ricain et plus encore la CIA ont voulu d s 1960 jouer un r le dans l organisation de cette contre r volution et en garder le contr le Car m me si l hostilit envers Fidel Castro demeurait l l ment commun les conditions de lexil et les exp riences sp cifiques de chacun ajout es la vive passion suscit e par l analyse du proces sus r volutionnaire soulignaient la n cessit d une m diation ext rieure afin de f d rer le mouvement d opposition La suite est bien connue tandis que la brigade 2506 lan ait un assaut contre le r gime cubain au mois d avril 1961 l appui am ricain promis lui fit cruellement d faut brisant jamais la relation de confiance difficilement tablie entre la communaut cubaine exil e et l administration Kennedy L ann e 1980 a sans conteste marqu un tournant dans le traitement des flux migratoires cubains par les tats Unis Certes et comme nous l avons indiqu plus haut l administration am ricaine n a pas voulu prendre le risque de barrer la
55. de 18 25 ans quittant le syst me scolaire sans aucune qualification sans le moindre dipl me ni la moindre formation Il s agissait donc des plus d favoris s en mati re d insertion professionnelle 29 Traditionnellement les retours taient le fait de jeunes adultes dipl m s S ils avaient de r elles chances d occuper un emploi qualifi ou tr s qualifi dans les services publics ou priv s aujourd hui cette perspective s amenuise 30 On ne peut mieux souligner combien il importe aux Antillaises en m tropole d avoir un emploi et surtout de l occuper longtemps Au del des chiffres ce sont bien des strat gies diverses qui se dessinent variables pour les unes ou pour les autres ici et l bas en fonction des opportunit s des difficult s ou des contraintes estim es ou ima gin es aux deux p les de la cha ne migratoire Des retours plus fr quents mais peu de r insertions r ussies Plus fr quents les retours sont encore loin de satisfaire les protago nistes en nombre et surtout en qualit Peu de migrants des Dom sont aujourd hui en mesure de regagner leur d partement d origine avec la certitude de s ins rer conomiquement Les contraintes qui il y a plus de quarante ans avaient motiv leur d part en grand nombre se renouvellent aujourd hui pour limiter les opportunit s de r insertions r ussies Les retours observ s recouvrant dans tous les cas des r alit s tr s
56. de consid rer une langue l espagnol ou tout autre trait culturel donn comme fondement n cessaire de la portoricanit la preuve en est que nombre de Por toricains du continent pratiquent l anglais mais ne ma trisent pas l es pagnol En outre de nombreux Portoricains hispanophones des classes moyennes de l le sont plus proches des pratiques sociales de la classe moyenne blanche nord am ricaine que les Portoricains non hispano phones des ghettos urbains du continent Certains auteurs ont employ le terme commuter nation nation en aller retour 9 pour th oriser la circulation perp tuelle des personnes entre le et continent Bien que l tiquette portoricaine sans trait d union sugg re l id e d une nation d territorialis e il serait r ducteur de consid rer les identifications du continent comme un simple prolongement de celles produites dans l le Si sur le conti nent s auto identifier comme Portoricain exprime un d fi aux hi rar chies ethno raciales en place dans l le les slogans de l identit natio ri Iz M Diasporas carib ennes Les Portoricains mobilisent leurs droits en tant que citoyens de la m tropole Ici vers 1970 le Syndicat international des travailleuses de la confection d file le jour de la parade portoricaine 30 Carlos Antonio Torre Hugo Rodriguez Vecchini and William Burgos eds The Commuter Nation Ed de la Universidad
57. est cens avoir commis une trans gression d ordre sexuel ou moral en se livrant des pratiques homo sexuelles ou la toxicomanie par exemple Cons quemment il n est pas autoris r int grer la terre qui l a vu na tre En transgressant l ordre naturel et l ordre social il lui a fait injure L incin ration vise liminer les signes de la souillure physique et morale dont il est por teur et on lui refuse de rejoindre le monde des d funts et de parvenir ainsi au statut d anc tre Les discours sur la mort recueillis dans la migration montrent un certain attachement au territoire d origine et un fort investissement symbolique de ce dernier puisqu il importe tout un chacun d y tre inhum l exception des personnes contamin es par le VIH Ces observations vont l encontre de certains courants th oriques selon lesquels l espace dans les Antilles fran aises ne serait ni un espace ancestral ni un espace poss d Il n y a ni possession de la terre ni complicit avec la terre ni espoir de la terre 4 Selon Christiane Bougerol l absence de territoire serait l origine d une carence de la m moire g n alogique et emp cherait les morts antillais d acc der au statut d anc tres L attitude des migrants guadeloup ens face leur propre d c s et leur devenir post mortem ainsi que l importance primordiale qu ils attachent au fait d tre enterr s en Guadeloupe sur
58. est dict e par des consid rations politiques ou d mo conomiques lasticit et perm abilit des march s de l emploi e Elle n a aucun support institutionnel certains de ces migrants sont assimil s des r fugi s boat people alors que la migration vers l Europe a t fortement r glement e soit dans un sens favorable d in citation soit pour contr ler voire agencer des flux suivant la conjonc ture conomique et politique e Cette migration reste relativement mod r e en terme de stocks la population migr e repr sente environ 15 de la population globale 1 million d migr s estim s pour une population valu e 7 millions environ ce qui appara t relativement faible eut gard aux taux obser v s dans les autres les de la r gion qui atteignaient parfois 30 e Enfin la r f rence l mergence d une diaspora s est rapide ment appliqu e alors qu elle ne le fut gu re pour les autres commu naut s carib ennes migr es dans le monde En effet la communaut ha tienne migr e s appuie sur des fili res migratoires actives qui por tent sur plusieurs pays de la r gion simultan ment ce qui leur donne une grande souplesse d adaptation en cas de conjoncture protection niste Si New York resta pendant longtemps jusqu au d but des ann es soixante dix la destination privil gi e des migrants ha tiens ils choi sirent de nombreux autres lieux ensuite et quasiment en m me temp
59. et dans le sexe avec pour toile de fond le racisme anti noir de la soci t am ricaine Dans sa version la plus dramatique celle des tats du Sud domin s par le Ku Klux Klan comme dans sa version plus soft new yorkaise C est pas qu ici on soit pas raciste comme ailleurs mais ici on t rotise Tony bisexuel aux pratiques fr n tiques et d sordonn es vio lentes parfois vit New York Sa sexualit est affirmation de soi concr tisation d un pouvoir que l homme beau et s duisant par vient exercer sur ses parte naires L auteur pointe ici le lien entre le sexe et une certaine constitution psychique La sexua lit comme sismographe de la subjectivit pour parler comme Michel Foucault Tony a laiss tomb Marcus son compagnon et ses responsabi lit s professionnelles au sein de M Livres la revue litt raire qu il anime Il se terre dans les couloirs sou terrains du m tro new yorkais L homme perd pied d raisonne Il s enfonce de plus en plus bas dans des labyrinthes de plus en plus noirs Les souvenirs l assail lent Il est hant par une femme Agatha Cette femme myst rieuse qui des ann es plus t t la recueilli alors qu il n tait qu un enfant orphelin de p re et dont la m re d j avait sombr dans la folie Un monologue sans ponc tuation sert rendre l tat men tal de Tony qui ne parvient pas se dire raconter son histoire Enf
60. et Michel Picouet La dimension migratoire des Antilles d Economica 1992 auquel on peut se reporter pour une analyse d taill e 13 1 Philip D Curtin The Atlantic Slave Trade University of Wisconsin Press Madison 1969 14 furent plus nombreux que les Indiens Hispaniola et Porto Rico d s 1525 d pices apparurent ensuite pendant la seconde Nous analysons succinctement les m canismes fondateurs du sys t me migratoire carib en avant le XXe si cle puis les tendances g n rales de l volution des populations du bassin cara be au cours du XXe si cle les mutations d mo conomiques la transition d mogra phique et l migration de masse l mergence de la Floride comme nou veau p le r cepteur le cas atypique du sous syst me migratoire ha tien et enfin le bilan d mo migratoire au tournant du XXI si cle Le syst me migratoire carib en avant le XX si cle Les grands mouvements migratoires qui ont pr c d le XX si cle se sont successivement structur s travers la colonisation et le commerce triangulaire puis avec la libert de mouvement postesclavagiste qui a largement modifi la donne du march du travail carib en de l poque Les premiers immigrants furent les esclaves africains introduits lors de la d couverte des les au d but du XVI si cle qui furent plus nom breux que les Indiens Hispaniola et Porto Rico d s 1525 C est autour de l le
61. et aux colons euro p ens Un syst me de classes plus complexe a transform le syst me de diff renciation raciale en vigueur dans l ancien ordre colonial Cepen dant les sommets strat giques de ces conomies restent entre les mains des familles eurocarib ennes et d autres minorit s ainsi que des entreprises transnationales Relations formelles et diasporiques des deux c t s de l Atlantique Les relations bilat rales entre le Royaume Uni et les tats carib ens du Commonwealth passent bien s r par l change de high commis sioners ambassadeurs et par les services que proposent les ambas sades aux nationaux Certains petits tats partagent des repr senta ES M Diasporas carib ennes Le carnaval de Notting Hill Londres temps fort de l affirmation culturelle antillaise 73 74 tions diplomatiques c tait le cas jusqu en 1998 des petits pays de la Cara be orientale la Dominique Saint Kitts Sainte Lucie et Saint Vincent Les ambassades High Commissions aident les familles vivant en Grande Bretagne se tenir inform es sur les affaires du pays d ori gine et lorsqu elles migrent et s installent sur les affaires britanniques Un deuxi me aspect des relations bilat rales est le partage entre le Royaume Uni et presque tous les tats carib ens du Commonweath de l institution de la monarchie Les normes juridiques administra tives et politique
62. exis tences Elle reconstitue le poids qui tr s t t trop t t s est abattu sur les fr les paules de ces deux enfants Comment g rer des mo tions insupportables des blessu res qui refusent de se refermer une m moire toujours vif jamais apais e Mikey le Blanc s en sortira mieux Tony lui navigue aux confins de la folie hant par le fant me d Agatha Moi j ai suppli ma m re de me laisser entrer dans son univers pour l aider j ai voulu voir ces esprits et ce diable et leur dire de laisser ma m re tranquille et maintenant je les vois qui se moquent de moi en se servant du visage d Agatha Dans des circonstances drama tiques Agatha a confi Mikey et Tony son propre secret L encore le racisme et la violence de cette soci t am ricaine se m lent au sexe et un double tabou celui de lamour entre une Noire et un Blanc et celui de l in ceste Quand on dit ce qu on a en soi c est comme si on vous enlevait une grosse pierre por ter affirmait Agatha ces deux fragiles auditeurs Cette grosse pierre est venue alourdir encore le fardeau de Tony ses yeux le poids de la culpabilit a trans form Agatha en un monstre L histoire est sombre et terri fiante un peu tarabiscot e tout de m me la sc ne finale sent l artifice mais en d pit des hor reurs rapport s et les affres du d lire de Tony Le rire orange n entend pas tuer tout espoir Ce n est p
63. exp riences attire l at tention des chercheurs En les examinant on s aper oit que les activi t s proprement diasporiques c est dire tourn es vers la communaut et ou le pays d origine ne sont nullement contradictoires avec une incorporation dans la vie politique locale r gionale ou nationale Citons quelques exemples parmi les plus marquants e les courants pana ricanistes des USA tel que le mouvement du Jama cain d origine Marcus Garvey mais aussi la gauche radicale nord am ricaine doivent beaucoup historiquement la pr sence des Anglo carib ens New York partir du d but du XX si cle 0 e L abondante activit associative syndicale et politique des Porto ricains depuis le d but du XX si cle et particuli rement partir de l poque du New Deal du pr sident Franklin D Roosevelt a contri bu fa onner l espace politique de ce qui est aujourd hui la ville de New York Trois lus au Congr s deux de New York un de Chicago tous les trois du Parti d mocrate et plusieurs lus locaux New York marquent la pr sence visible des Portoricains dans les institutions politiques et contribuent galement donner de l cho aux affaires de l le sur le continent e La population cubaine concentr e dans le Sud de la Floride ou dans le New Jersey plus diversifi e socialement et id ologiquement qu on ne l imagine est non seulement active en direction du pays d or
64. faible ils n ont souvent eu d autre recours que de renforcer leurs liens communautaires commencer par les r seaux d entraide mat rielle d autant plus n cessaires que le racisme a sou vent accentu les dynamiques d exclusion l gard des Carib ens noirs m tiss s ou simplement d finis comme diff rents Si ces dynamiques de solidarit ne d bouchent pas n cessairement sur des communautarismes exacerb s c est parce que la logique du syst me politique interdit un groupe isol d affirmer une pr sence poli tique marquante pour obtenir l appui d un appareil politique le Parti d mocrate le plus souvent la construction non seulement de lobbies ethniques mais aussi de larges coalitions s impose C est ainsi que le communautarisme sans jamais se nier totalement se transforme en une action citoyenne Les exemples portoricain dominicain et cubain par del leurs diff rences sont tous loquents cet gard Pour bien comprendre cette particularit du syst me politique tatsunien des comparaisons s imposent Les groupes issus de la Cara be et implant s dans plusieurs autres m tropoles France Grande Bretagne Pays Bas etc fournissent un terrain particuli re ment fertile pour de telles analyses On peut avancer titre d hypo th se que de tous les pays mentionn s les tats Unis est celui o les groupes carib ens sont les plus visibles publiquement que c est en F
65. film s intitule Jeunesse dor e C est dire qu avec leurs ant c dents leur bagnole poussive leur dota tion parcimonieuse leur projet artistique minimal elles ont tout de m me bien de la chance Elles ont l ge et l allant pour que la vie sous toutes ses facettes vienne encore frapper leur porte lt El N 1237 Mai juin 2002 M Le prix du pardon Film s n galais de Mansour Sora Wade gt Quand le brouillard s abat sur le petit port de p che du littoral atlantique s n galais en pays Lebu c est pire que la pur e de pois londonienne C est une mal diction Toutes les activit s s ar r tent les habitants errent ou s immobilisent dans l angoisse des lendemains Il n est plus question de partir en mer pour en tirer l essentiel des subsistances Les marabouts convoqu s se r v lent impuissants dissiper les mal fi ces Leurs offrandes et leurs pri res les plus prouv es sont deve nues inefficaces Il faudra toute l nergie de Mba nick le fils rebelle Gora Seck pour faire cesser le sortil ge Le village retrouve ses couleurs somptueuses le go t du travail et de la f te Les barques repren nent la mer et les march s leur agitation bigarr e au retour du poisson Mbanick le vaurien qui a dompt l adversit devient du jour au lendemain une sorte de h ros Il va enfin pouvoir pr senter sa demande en mariage aux parents de la jolie Maxoye Rokhaya Niang avec
66. gion Cara be jusque vers le milieu des ann es quatre vingt favoris es par le d veloppement consid rable des transports a riens et l attrait r el ou mythique de niveaux de vie sup rieurs pour les migrants potentiels Pour la d cennie quatre vingt le solde migratoire global n gatif avoi sinait un million et demi d individus ce sont videmment les pays les plus peupl s qui fournirent les plus gros contingents Ha ti Jama que Porto Rico Cuba R publique dominicaine Trinidad et Tobago mais en valeur relative ce sont en r alit les petits pays qui furent les plus p nalis s Quelques pays cependant ont enregistr des soldes migra toires positifs provoqu s par un ph nom ne de migration par substitu tion des flux migratoires intra carib ens au cours des derni res d cen nies Ce furent par ordre d croissant les Bahamas la Guyane fran aise les les Vierges am ricaines Saint Martin les les Ca mans les les Vierges britanniques les les Turks et Ca ques Concernant les migrations intra carib ennes pendant cette p riode certains flux migratoires furent ponctuellement provoqu s par les gouver nements aux fins d assistance de formation ou d implantation cono mique on peut citer notamment les Barbadiens venus dans l le voisine M Diasporas carib ennes 5 Herv Domenach Les migrations intra carib ennes Revue europ enne des migrations internationales
67. il faut carter les questions politiques Vous ne m avez rien appris je suis d sol la fin du film une longue s quence de ce m me d bat r v le l incr du lit voire une d fiance ouverte vis vis des sociologues en g n ral et d un Bourdieu personnage m diatique en particulier Le malaise est per ceptible dans la disposition m me du public dans la salle Si les classes moyennes sont sagement install s dans leur fauteuil quelques grandes gueules du quartier debout pr s des sorties tentent de monopoliser le d bat C est pas Dieu c est Bourdieu lance un jeune avant de se livrer une tr s longue tirade sur le bradage des banlieues d sert culturel sans espoir Un autre s en prend plus directement Bourdieu Pour certains nous sommes des boucs missaires Pour d autres nous sommes des ali bis Le sociologue c est un psychiatre de banlieue Bourdieu r torque C est insultant Il y a des sociologues qui contribuent B M dias Pierre Bourdieu aux tats g n raux du mouvement social en novembre 1996 141 3 Cf H amp M n 1225 mai juin 2000 p 162 142 fournir des cautions aux politiques Ce sont des casseurs du m tier des jaunes qui peuvent l gitimer une certaine r volte g n rique contre le discours des sociologues et justifier un certain anti intellectualisme Je sais beaucoup de choses Je travaille sur
68. intellectuels de renom comme Stuart Hall et Paul Gilroy Tout en confirmant cette analyse du cadre institutionnel britan nique le sociologue Harry Goulbourne p 70 met plut t l accent sur certaines formes de dynamisme pr sentes dans la population cari b enne engagement dans des r seaux transnationaux activit s cultu relles diverses relevant de la diaspora noire du monde Atlantique et mobilisations pour le respect des droits dont les minorit s sont cen EI N 1237 Mai juin 2002 M E Morere IM m dia Le carnaval de Notting Hill Londres La population carib enne fait l objet d attentions particuli res des autorit s dans un esprit d ouverture multiculturelle au risque parfois de les enfermer dans des sch mas culturels un peu fig s et st r otyp s s es b n ficier en tant que citoyens La population carib enne fait l objet d attentions particuli res des autorit s lesquelles dans un esprit d ouverture multiculturelle cherchent relier ses probl mes d int gration socio conomiques la structure des familles cari b ennes elles m mes au prix parfois de les enfermer dans des sch mas culturels un peu fig s et st r otyp s Les mobilisations dont Harry Goulbourne fait mention se constituent surtout en r action des v nements dramatiques meurtres racistes brutalit s polici res etc Mais il est question aussi ailleurs dans son impor
69. l essor du nouveau cin ma marocain lt Fatma Film tunisien de Khaled Ghorbal Voil un film qui dit modeste ment des choses importantes Pas seulement sur la condition faite aux femmes dans un pays musulman r put avoir n goci plut t en douceur le virage de la modernit mais sur les volu tions et les blocages de toute une soci t Dans la torpeur volup tueuse de l t de Sfax dans le Sud tunisien Fatma Awatef Jendoubi tr s naturelle dans ce premier r le jeune adolescente est viol e par un cousin de la mai sonn e Les familles sont lourdes B Cin ma de ces secrets que coupables vic times et t moins plus ou moins inform s verrouillent jamais Comme tant d autres Fatma choi sit de se taire a t elle vraiment le choix sans pour autant se r si gner une vie recluse et p ni tente qui attendrait docilement le moment o son infamie serait r v l e tous Tout mariage de bon aloi exige les preuves mani festes de la virginit de l pouse Son premier combat sera celui de l instruction encore peu r pan due chez les filles mais que per mettent les orientations du r gime et les faveurs d un p re traditionaliste mais finalement assez d bonnaire Son bac en poche elle obtient l autorisation d aller poursuivre ses tudes Tunis et audace plus grande encore pour une jeune provin ciale d tre h berg e en r si dence universitaire loin de toute
70. le Maghreb depuis 1960 la plupart d entre vous n taient m me pas n s Jen profite pour vous parler d un livre La Double absence d Abdel malek Sayad un des plus grands sociologues de l migration immigra tion Sayad ce n tait pas un jaune Il a fait un travail magnifique il savait couter les gens Il m a charg de finir ce livre qu il a crit pour des gens comme vous Il peut peut tre permettre des gens de r cup rer la possession de leur propre identit historique de la souffrance de leurs parents de leurs grands parents de la souffrance de la langue de la naturalisation la souffrance du naturalis qui wen a jamais fini avec l origine le stigmate Vous ne m avez rien appris je suis d sol J ai lu Sayad Je pourrais vous en apprendre sur vous m mes Je me permets de vous le dire avec arrogance je m en fous Apr s le d bat Bourdieu et ses interpellateurs scellent la paix des braves dans la nuit noire autour de quelques grosses vannes sur les sociologues de goutti re comme s autod signent les jeunes tout hasard Bourdieu leur laisse son adresse au Coll ge de France Pourtant dans ce face face le sociologue engag a sembl mal l aise comme agac par la contradic tion Il a renvoy les jeunes leurs ch res tudes tout en se repositionnant en ma tre d tenteur du savoir une position de dominant qui pr tend conna tre l histoire des jeunes issus de l immigratio
71. litt rature d expression fran aise et plus largement sur l histoire de la pens e Pour se rappeler comment dans l entre deux guerres C saire et ses compagnons Mesnil Damas Tyrolien et bien d autres jeunes tudiants Paris ont initi l uvre collective qui allait branler l ordre colonial Pour garder la m moire de Paulette Nardal qui l on doit l introduction en France EI N 1237 Mai juin 2002 M des uvres de la n gro renaissance am ricaine et sans qui s re ment la n gritude aurait t autre Pour garder de leur exp rience la le on que le nombre ne suffit pas faire l histoire Car si faible qu il tait leur nombre n a pas emp ch ces hommes et ces femmes des Antilles d y laisser pleinement leur empreinte Il n a pas emp ch ce Les Antillais doivent grand cri qui allait pour la conscience universelle par adoxalement la traite refonder les normes du bien et du mal du juste et de d exister en tant l injuste du beau et du laid Leur histoire dans l His toire t moigne que les Antillais n ont jamais t spectateurs du monde Elle les invite tre la fois que peuple C est dire aussi qu il n y a pas d tre Antillais s rs de ce qu ils sont et lucides sur ce qu ils sont qui ne soit un projet et une volont S rs de leur exigence identitaire et lucides sur les dangers de l int grisme culturel La valorisation de soi n a pa
72. migr s des Dom d Idoc France La pr sente contribution reprend en partie compl te et r actualis e l article Les Antillais de l Hexagone paru dans Philippe Dewitte sous la dir Immigration et int gration l tat des savoirs La D couverte 1999 26 C est du d but des ann es soixante que datent les arriv es et les ins tallations en grand nombre des Antillais en France parall lement celles des travailleurs trangers la v rit dans les esprits les choses avaient pris corps dans la d cennie pr c dente avec le d part des pre mi res lites antillaises de la fonction publique Pour ceux l aller en France avec la perspective d une carri re m tropolitaine tait incon testablement synonyme de promotion et leur itin raire fa onnera durablement le mythe de la France dans l imaginaire antillais C est l poque o aux Antilles chaque d part chaque arriv e est occasion de liesse La foule se presse des amis des parents et des badauds sur les quais de la Compagnie Et l on se h le s appelle et s in terpelle Un tel ka pati Un tel vir Un tel s en va Un tel est revenu Point besoin de pr ciser o il va ni d o il vient Le transat lantique est l majestueux qui berce de nouvelles illusions ces vieilles colonies que les ann es cinquante finissantes engagent dans une muta tion radicale Un univers dispara
73. par Harry Goulbourne professeur de sociologie South Bank University directeur de l quipe de recherche Race and Ethnicity Londres 1 La Cara be du Commonwealth britannique comprend les pays suivants Antigua Anguilla les Bahamas et Barbade Belize en Am rique centrale les les Vierges britanniques les les Ca mans Dominique Grenade Guyana sur le continent sud am ricain la Jama que Montserrat Saint Kitts et Nevis Sainte Lucie Saint Vincent et les Grenadines Trinidad et Tobago Ce texte est une adaptation en langue fran aise du chapitre 2 d un ouvrage collectif dirig par Harry Goulbourne et Mary Chamberlain Caribbean Families in Britain and the Trans Atlantic World Warwick University Caribbean Studies Macmillan Press septembre 2001 70 La diversit des communaut s d origine carib enne est souvent occul t e ou subsum e sous le drapeau commun de la n gritude ou la condi tion de Carib en de Jama cain etc Mais ces communaut s sont compos es de personnes issues d un grand nombre d les et de terri toires situ s dans une zone qui s tend sur plus de 1 500 km de mer et s par s par d autres les en particulier hispanophones et franco phones La r gion s tend de la mer des Cara bes l oc an Atlantique et au continent sud am ricain La superficie territoriale et la popu lation de cette sous r gion sont assez r duites la Jama
74. quartiers urbains int rieurs et les quartiers d sh rit s o la concentration des minorit s ethniques atteint des taux importants ne laissant subsis ter aucun doute sur le ph nom ne de s gr gation dans les villes bri tanniques La vigilance appliqu e d sormais dans l attribution des logements sociaux n a pas v ritablement chang cette configuration mise en place d s les premi res installations si ce n est que les Antillais montrent aujourd hui des dynamiques r sidentielles plus por t es la dispersion gr ce leur acc s facilit au logement social Quelles r alit s recouvre cette s gr gation pour les Antillais Londres o vivent 57 des originaires de la Cara be c est plus de la moiti de cette population qui vit dans le seul Znner London Les quar tiers ethniques ne sont pas totalement homog nes et m lent plut t des groupes d origines diverses Les minorit s n y sont jamais majori taires mais y sont sur repr sent es entre 30 et 45 de la population d un quartier par rapport leur poids d mographique national 4 de la population britannique Pour l arrondissement londonien de Lambeth o se trouve le fameux quartier jama cain de Brixton la population est constitu e de 13 d Antillais Les concentrations sont cependant plus lev es si l on prend en compte des chelles d obser vation plus fines Dans les autres grandes villes d installation B
75. quartiers nord de Londres o des dirigeants tels que Jeff Crawford et John LaRose organisaient des mouvements propos des transports scolaires ou des violences polici res en direction des jeunes hommes noirs De nombreuses organisations similaires au WISC ont vu le jour EI N 1237 Mai juin 2002 M IM m dia depuis quelques ann es En travaillant avec les jeunes les femmes les personnes g es ou les malades elles suivent les m mes tendances visibles dans la population autochtone Il existe aussi de nombreuses associations organis es par le d ori gine Un peu comme les associations des Chypriotes grecs Londres plusieurs communaut s carib ennes ont fond des groupes de soutien leur village des associations d anciens l ves d une cole ou d une universit des groupes d entraide pour des questions de sant On pouvait penser que ces initiatives taient vou es dispara tre avec la g n ration des migrants mais elles se sont perp tu es parmi les jeunes qui souhaitent conserver des liens avec les pays de naissance de leurs parents Il arrive ces groupes de participer des manifestations de rue ou m me d en organiser mais dans l ensemble ils jouent plut t un r le de m diation avec les autorit s font de l animation culturelle ou d veloppent des r seaux d entraide Certaines associations aident des migrants de longue date r ussir leur retour au pays d origine
76. que la plus grande le de cet ensemble elle mesure 10 990 km a galement la plus importante population 2 5 millions d habitants Au total celle de toute la Cara be du Commonwealth ne s l ve qu six millions si bien que les migrations vers la Grande Bretagne et l Am rique du Nord dans la deuxi me moiti du XX si cle ont constitu un mouvement cons quent de population pour ces pays Les communaut s carib ennes se sont construites en Grande Bretagne La pluralit de leurs origines g ographiques engendre une grande diversit sociale des Carib ens en Europe contrairement l image souvent voqu e d un tout homog ne Une perception largement due la remarquable unit politique forg e par les Carib ens en r ponse aux probl mes rencontr s en Grande Bretagne Cependant de nombreux groupes de Barbadiens d Antiguais de Jama cains maintiennent leur caract re propre au sein des villes britanniques en termes de cui sine de musique de langage et d autres pratiques Ceci ne les emp che pas bien entendu de changer au contact des autres Lun des principaux changements que les groupes nationaux ont connu c est justement la formation de relations troites entre eux puisque sauf exception ils se rencontrent pour la premi re fois en EI N 1237 Mai juin 2002 M l Grande Bretagne Dans la Cara be un Jama cain a peu de chances de rencontrer un Guyanais ou un Barbadien en dehors des
77. r otype des femmes migrantes rejoignant tardivement leur mari dans le cadre d un regroupement familial Comme les hommes elles ont d abord t press es au d part par des imp ratifs conomiques L examen de leur taux d activit le confirme pleinement il est en 1999 Les difficult s d acc s nettement sup rieur celui des hommes en le de France au march du travail 78 contre 68 sup rieur aussi celui de leurs cons urs rest es en outre mer et il d passe plus large ment encore celui des franciliennes 56 pr carit des emplois OCCUPES La crise a eu un impact d terminant sur l volution ici ou l bas influent fortement des migrations antillaises Elle a d abord incit les pou sur les solidarit s familiales voirs publics modifier d s le milieu des ann es soixante dix leur politique d migration alors qu la m me p riode exactement ils suspendaient l immigration de travail trang re Elle a aussi en corollaire modifi le comportement des populations antillaises elles m mes et notamment des jeunes Eux qui avaient form le noyau dur de l migration se r fugient d sormais dans une position d attente Ils prennent moins le risque de migrer m me s ils n ont pas d emploi Mais si la d cision du d part est prise alors ils partent l essai et le plus souvent reviennent sans d lai Peu convaincus d sormais des bienfaits de l immigration ils pr f rent demeurer ou
78. rapport Scarman 14 J Solomos Black Youth Racism and the State The Politics of Ideology and Policy Cambridge University Press 1988 S Hall et al Policing the Crisis Mugging the State and Law and Order Macmillan Londres et Basingstoke 1978 78 galitaire la fin des ann es soixante dix le ministre Roy Jenkins devenu Lord a donn une caution officielle l id e que le processus aplatissant de l uniformit devrait faire place la recherche de la diversit culturelle et la tol rance mutuelle entre toutes les cultu res dans la soci t britannique Ce th me a t repris dans le rap port Swann 1985 propos de l cole dans une Grande Bretagne mul ticulturelle Michael Swann voyait la soci t britannique comme tant la fois socialement int gr e et culturellement diverse avec des diff rences culturelles qui ne faisaient pas obstacle au partage de caract ristiques objectifs et valeurs communs J ai exprim ailleurs mes pr occupations propos des contradictions de la notion de multiculturalisme ou de nouveau pluralisme M me si cette profession de foi publique n a pas d bouch sur une parfaite r alisa tion des id aux de ses adh rents il faut reconna tre que le multicultu ralisme en tant qu id ologie ou en tant que politique a eu un effet salutaire favorisant l unit entre groupements politiques ayant pour obje
79. retourner aux Antilles Depuis le milieu des ann es quatre vingt ils sont donc de moins en moins nombreux s installer durablement en m tropole Cette ten dance s est encore accentu e entre 1990 et 1999 Et c est pour l immi gration martiniquaise que l on enregistre les changements les plus significatifs Pour la premi re fois depuis 1954 ses effectifs diminuent 3 3 Pour les Martiniquais qui avaient les premiers quitt en nombre leur d partement il ne s agit plus seulement d un ralentisse ment mais bien d une inversion de dynamique migratoire ces dix der ni res ann es ils ont t plus nombreux quitter la m tropole qu s y installer Cons quence directe de cette mutation parmi les natifs d outre mer install s en m tropole les Martiniquais c dent la pr mi nence aux Guadeloup ens L Hexagone n a plus l attrait d antan La situation de ceux qui y vivent n a rien d encourageant Au d but des ann es quatre vingt dix les jeunes originaires des Dom en m tropole pr sentaient un taux de EI N 1237 Mai juin 2002 M ch mage 26 1 proche de ceux des trangers de la m me classe d ge 26 6 mais tr s nettement sup rieur celui des jeunes m tro politains 16 La situation apparaissait m me plus d favorable 27 2 pour ceux n s en m tropole et en ge d tre actifs Ch mage accru des jeunes el contraintes nouvelles pour les m res Les m faits de la discri
80. s reprend en 1965 cette poque le chef de l tat cubain craint de voir le m contentement populaire d boucher sur une r volte et d cide d ouvrir le port de Camarioca toutes les personnes d sirant fuir le pays Devant le volume impressionnant de candidats l exil les deux pays conviennent alors de mettre en place un pont a rien entre l le et le continent Soucieuse d ordonner cet exil massif et d ou vrir largement la porte ces victimes du communisme l administra tion am ricaine aide au regroupement des familles s par es depuis la premi re vague d immigration Environ 250 000 personnes rejoindront ainsi le territoire am ricain entre 1965 et 1973 en empruntant ce que l on nommait les vols de la libert D s 1961 un programme sp cifique Cuban Refugee Program facilite l int gration sociale et conomique des ressortissants cubains aux tats Unis Il pr voit notamment des aides sociales multiples l h bergement l acc s aux soins des stages d enseignement profes sionnel et de langue une aide la recherche d emploi l attribution de bourses scolaires Autant de prestations largement sup rieures ce qui tait alors propos aux citoyens et r sidents am ricains L administration am ricaine emp tr e dans sa propagande anticommuniste Tout au long des ann es soixante dix les critiques vont se faire de plus en plus vives l encontre de la politique migratoire des
81. sera question dans les pages qui sui vent pr sentent les formes les plus vari es d interaction avec leur pays d origine et manifestent des degr s de coh sion tr s divers dans les soci t s m tropolitaines Si les mod les d int gration en vigueur y conditionnent puissamment les dynamiques d incorporation le statut politique des pays d origine vis vis des m tropoles constitue un autre facteur de diff rence les ressortissants des pays non ind pendants poss dent la citoyennet m tropolitaine ce qui ne constitue pas nous le verrons une panac e pour l int gration mais ouvre l acc s certains droits dont les immigr s trangers ne b n ficient pas En d pit de ces diff rences de parcours on peut dire que les Cari b ens des pays m tropolitains connaissent une situation commune plusieurs gards e ils repr sentent dans presque tous les cas des migrations d mo graphiquement importantes et une fraction significative de la popula tion de leur pays d origine Par exemple il y a aujourd hui quatre mil lions de r sidents Porto Rico et presque autant aux tats Unis plus d un million de Dominicains y vivent galement sur une population nationale de huit ou neuf millions etc Idem pour les Ha tiens qui se r f rent la population migr e comme tant le dixi me d parte ment du pays Quant la population antillaise en France m tropoli taine elle constitue v ritab
82. sous l gide de la R pu blique bienveillante et par la gr ce de l exercice de la citoyen net Mais en fait ces soci t s sont encore aujourd hui radica lement cliv es entre Blancs et Noirs et l auteur souligne que la pens e progressiste fran aise se refuse consid rer que la notion de race puisse jouer un r le cen tral dans la soci t esclavagiste puis coloniale Cette pr gnance du pass esclava giste sur la vie politique et sociale de ce qu on appelait nagu re les vieilles colonies et m me sur l identit de ces habitants rend d autant plus aigus les d bats actuels sur la r paration Fran oise Verg s nous rappelle d ail leurs qu en fait de r paration le l gislateur de la IIe R publique avait pr vu d indemniser les possesseurs d esclaves qui les pauvres taient l s s par labo lition 425 34 francs par esclave pour les planteurs de la Martini que les moins bien indemnis s 711 59 francs pour ceux de la R union les mieux lotis En fait c est la comm moration du cent cinquanti me anniversaire de l abolition en 1998 qui entra nera une tardive prise de conscience et l adoption de la loi fran aise du 10 avril 2001 qui reconna t que l esclavage est un crime contre l humanit L auteur pense toute fois que la r paration doit tre pens e en termes politiques plu t t qu en termes moraux ou sym boliques Car il nous faut sortir 155
83. st r otypes occidentaux qui conf rent aux individus n s sous les climats tropicaux un caract re chaud et voluptueux s exprimant notamment par une sexualit d brid e En se qualifiant de chauds les Antillais ne font que r investir en les transposant leur avantage les propos et les juge ments d valorisants mis leur encontre par les anciens colonisateurs et plus r cemment par nombre d Occidentaux Se souder d finitivement au grand corps de la famille Le d sir d tre enterr en Guadeloupe rel ve galement de la volont de se rapprocher des siens les parents et proches d c d s car mourir EI N 1237 Mai juin 2002 M l Dolor s Pourette c est rejoindre les anc tres de la famille et m me d finitivement se souder au grand corps de la famille Ainsi la raison qui pousse Ir ne cinquante ans mettre ce v u c est le d sir de me rapprocher des miens D tre tout pr s du caveau familial Ou pr s de ma m re de ma s ur De la m me mani re Fred vingt sept ans fait un placement pour avoir sa tombe en Gua deloupe J ai envie d tre avec ma grand m re depuis l ge de tout petit sic Retrouver les siens dans la mort et rejoindre ainsi le pan th on familial ne peut se concr tiser que si l inhumation a lieu en Gua deloupe L me du d funt ne peut retrouver celles de ses proches que si son corps r int gre la terre o il a pr
84. sur le continent continuent s identifier comme Portoricains L exp rience de la discrimination a renforc un sentiment d appartenance un Porto Rico entendu comme lieu d origine imagin jusqu la troisi me g n ration et au del Ce sentiment est bien s r facilit et renforc par les r seaux familiaux et par une circulation perp tuelle entre l le et la m tropole Lorsque des Portoricains n s sur le continent visitent leur le ils sont souvent regard s avec d dain comme des Nuyoricans terme comparable N gropolitain aux Antilles Nombreux sont ceux non seulement les intellectuels nationalistes de l le mais aussi des membres ordinaires des classes moyennes qui manifestent des diffi EI N 1237 Mai juin 2002 M The Kathy Adrade Papers cf p 117 cult s supporter l hybridit culturelle des Portoricains du continent En effet les Nuyoricans lancent un d fi certaines repr sentations racistes et litistes de l identit portoricaine dans l le dans la mesure o ils sont d sormais porteurs d une culture hybride qui inclut des l ments de la culture afro am ricaine Ce qui menace les efforts de l lite pour minimiser ou occulter un important h ritage africain en privil giant leurs racines hispaniques et europ ennes Contrairement ce qu affirment certaines notions fig es circulant abondamment dans l le il est impossible
85. t sans nostalgie ou presque tant est vif le mythe de la r ussite et du progr s dans et par la France L conomie de plantation se meurt D j les subventions de la France ouvrent aux b k s la voie royale de leurs nouveaux profits dans l import export L habitation se lib re de ces femmes et de ces hommes si longtemps soumis la violence de son organisation Pouss s l exode ils s entassent dans les alentours de la ville l acc l ration de ces migrations rurales sera plus rapide et plus vive en Martinique sans y trouver les moyens de participer ce qui bient t s rigera en dogme social la consommation L poque est donc grosse de r voltes 1959 en Martinique 1967 en Guadeloupe qui ont pour acteurs ces d racin s de la plantation Ce sont eux qu il convient d loigner en priorit des les pour y pr server la paix civile et assurer leur mutation conomique La gestion politique de l migration antillaise trouve l son origine N 1237 Mai juin 2002 B Les choses d s lors s acc l rent et l tat se charge lui m me d en institutionnaliser le mouvement Il cr e en 1961 le Bumidom Bureau pour les migrations int ressant les D partements d outre mer charg officiellement d organiser cette migration R sultat le nombre des immigrants antillais qui s installent durablement dans l Hexagone va tre multipli par quinze en moins de cinquante ans En regard de l histoire du peup
86. tend galement attribuer la responsabilit du rejet des immigrants venus de pays voisins dans les d partements des Antilles ou de la Guyane l ali nation coloniale qui y demeurerait encore Plus pr cis ment on fait relever ce rejet d une volont perdue d chapper ce que Frantz Fanon a appel le grand trou noir qui est celui de la mis re pour s approcher au plus pr s de l enviable monde des dominants Le sociologue ha tien La nnec Hur bon a ainsi indiqu qu on pouvait voir dans les exclusions et les vio lences que les Dominicais et les Ha tiens subissent en Guadeloupe dont l acm a t les ratonnades des 28 et 29 septembre 1979 contre les premiers au cours desquelles des hommes ont t battus et des femmes viol es puis remis aux autorit s de police qui les ont expuls s sur le champ un effet de l interminable t che d assimilation la culture fran aise dans laquelle les Guadeloup ens sont engag s depuis l esclavage Sans qu il faille refuser tout fondement cette N 1237 Mai juin 2002 M l Jo l F Volson IM m dia interpr tation force est de constater qu elle ne permet pas de rendre compte d un des principaux traits du paradoxe examin Ce n est pas au plus fort de la p riode coloniale pas m me l apog e de l entre prise assimilationniste ni du seul fait des assimilationnistes des Antilles ou de Guyane que se d veloppent dans ces pays les att
87. toire culturelle des Noirs dans le monde moderne soit f cond d id es sur ce qu tait et qu est aujourd hui l Occident Comme l a crit Christine Chivallon cet ouvrage marque un tournant dans 156 l tude des diasporas et des iden tit s postcoloniales The Black Atlantic caract rise comme dia spora les peuples noirs des Am ri ques travers un espace temps qui transcende la fois les struc tures de l tat nation et les contraintes de l thnicit et du particularisme national En ouverture de Against Race Gilroy souligne que les hi rar chies raciales sont toujours avec nous l ouvrage se voulant une contribution prudente une tache immense c est dire la construc tion d alternatives aux th ories essentialistes et l absolutisme ethnique Le livre est divis en trois parties La premi re partie Racial obser vance nationalism and huma nism veut apporter un renouveau critique face aux avanc es des bio technologies et aux micro politi ques racialis es La seconde par tie Facism and revolutionnary conservatism porte sur la pr sence des traces pertubantes du fascisme dans le pr sent La der ni re partie Black to the future explore les composants d une r ponse cosmopolite aux dangers continuels de la pens e et des dis cours en terme de race notion autour de laquelle Gilroy place tou jours avec raison des guillemets L a
88. tr s souvent responsables du foyer Autre caract ristique la faiblesse chez les Antillais de l autocr ation d emplois la diff rence des communaut s indiennes o s affirme une v ritable culture munautaire bien moins polaris contrairement d autres groupes sur la r ussite et la repr sentation collectives Pour Londres des tudes ont montr que la s gr gation variait en fonction de la position sociale Autrement dit plus le niveau social est bas et plus la locali sation r sidentielle est s gr gu e pour n importe quel groupe eth nique ce qui vient confirmer le lien entre inner cities et pauvret De telles conditions expliquent les meutes qui jalonnent r guli rement l actualit britannique Celles des ann es quatre vingt notam ment celles de 1981 Brixton ont t particuli rement violentes et n ont pas connu leur quivalent depuis la diff rence des meutes de EI N 1237 Mai juin 2002 M la fin des ann es 1950 o des groupes fascisants d extr me droite mul tipliaient les provocations vis vis des premiers migrants les violences de rue plus r centes ont plut t exprim le d sarroi d une population jeune le plus souvent d origine antillaise et priv e de l acc s aux rouages socio conomiques qui garantissent la participation sociale On aurait pourtant tort d interpr ter ces meutes comme le r sultat d une tradition de mobilisation politique de la part des Antill
89. travailleurs et leurs familles venus de pays voisins de ces d partements notamment d Ha ti et de l le de la Dominique mais aussi en Guyane du Surinam de la Guyana ou du Br sil et leurs familles Certes cette indication doit tre dite indirecte relativement au cas des popu lations antillaises et guyanaises immigr es en France m tropolitaine sur lequel nous r fl chissons ici Mais elle ne nous semble pas hors de propos d s lors que dans les deux types de situations ainsi rappro ch es c est la m me identit ou du moins une identit affirm e comme tant commune dont l exaltation est mettre en cause et qu en cons quence le risque que fait courir cette exaltation ne saurait tre divis d un bord l autre de l Atlantique C est d ailleurs ce que nous avions commenc d indiquer d s l introduction du pr sent article en soulignant le paradoxe qu il y a ce que des Carib ens qui viennent travailler et vivre dans un autre pays de la Cara be que le leur en l oc currence la Guadeloupe ou la Guyane vont y rencontrer un accueil au moins aussi mauvais que celui qui attend dans les m tropoles euro p ennes ou nord am ricaines les migrants venus de cet autre pays Le rejet de l Autre expression du rejet de la situation coloniale Il est vrai que les autorit s fran aises portent travers la politique d immigration et la police des trangers qu elles mettent en uvre
90. tutelle familiale Dans le cocon lib ral et illusoire de la fac cours Copains cigarettes sorties en bo te ou au restau elle semble vivre harmonieusement l existence mancip e d une tu diante l occidentale Pourtant la blessure reste vive et le trau matisme bien pr sent qui va expliquer ses sautes d humeur ses replis ses fuites Tournant le dos la vie facile de la capitale elle interrompt ses tudes pour prendre un poste d institutrice Soundouz village isol et aride dans le grand Sud Ce nouveau m tier et les condi tions de vie qui vont avec deman dent la d butante beaucoup de pers v rance et d abn gation Fatma fait face et donne l impres sion de s panouir L esquisse d une liaison s rieuse et senti mentalement tr s prometteuse avec le jeune m decin scolaire r veille ses d mons et la pousse presque son corps d fendant avoir recours un exp dient qui effacera un pass toujours consi d r comme honteux Les fameux trois points de suture pour recoudre l hymen que conseillent les matrones et que pratiquent certains toubibs peu scrupu leux pratique devenue coutu 145 mi re dans une soci t qui met autant de malice transgresser les tabous qu les perp tuer Le sub terfuge r ussit et Fatma devient l pouse honn te d un m decin promis un brillant avenir Mais alors d autres remords vien ne
91. un contexte colonial entre l Europe et les autres Jusqu au XVIII si cle on appelait Indes occidentales ce que nous d signons aujourd hui comme la Cara be et l Am rique latine Si les lites issues de ces territoires se r clamaient d Hispanoamerica ce n tait que pour mieux se distinguer des Espagnols Les fragiles proces sus de formation d tats nations latino am ricains suite aux guerres d ind pendance s effectu rent en maintenant en place les hi rarchies ethnoraciales tablies au d triment des peuples indig nes et des Noirs en d pit de certaines pr tentions la d mocratie raciale Les classes EI N 1237 Mai juin 2002 M l dominantes de ces jeunes nations se repr sentaient comme les h ritiers de l Occident Les immenses in galit s dans la r partition du pouvoir et des richesses ainsi que dans la reconnaissance des groupes s inscri vaient largement dans une continuit avec l poque coloniale D s les ann es 1820 se manifesta un clivage historique entre Am riques anglophone et hispanophone Pour le pr sident James Monroe 1817 1825 le slogan l Am rique pour les Am ricains exprimait une volont de supr matie strat gique nord am ricaine La conqu te mili taire par les tats Unis de plus de la moiti du territoire mexicain 1846 1848 puis l appropriation de Porto Rico et la domination n ocoloniale exerc e sur Cuba suite la guerre hispano cubano am ri
92. une place du martyr noir organis e en juin 2000 Bordeaux invitent opportun ment interroger les l ments du paysage urbain li s la traite sa m moire et leurs usages contemporains Ce paysage n est il qu un r sidu muet et passif Ou a contrario les usages dont il est l objet ne le placent ils pas au centre d enjeux de m moire s comme r v lateur d aspirations et de temporalit s sociales et politiques contradictoires de la part de groupes sociaux ayant partie li e ou subie avec la traite transatlantique sur la longue dur e Parcourir la rue Kervegan dans l ancienne le Feydeau Nantes nous apprend que coexistent c t de visages africains sculpt s dans la pierre les mascarons un salon de coiffure afro le Black star un restaurant qui propose des menus du XVIII si cle l le myst rieuse et qu un autre situ quai de la Fosse s appelle le Nez grill Le plan de Bordeaux indique par ailleurs que Toussaint Louverture r volutionnaire ha tien promoteur d une R publique noire d port en France sous le Premier Empire est le nom d une impasse Pourtant si l on passe de ce premier niveau d analyse des usages de la forme urbaine pour passer celui des politiques municipales la comparaison entre Nantes et Bordeaux semble premi re vue faire merger sinon deux mod les du moins deux modes divergents de relations entre traces mat rielles hi
93. vements ils arrivent s imposer comme des acteurs politiques signifi catifs que ce soit l chelle municipale ou transnationale Ces mou vements contribuent enrichir l id e de citoyennet aussi bien qu diversifier les cultures urbaines en d fiant les discours dominants sur l identit et la communaut aux tats Unis comme en Am rique latine et dans la Cara be Ils contribuent galement reformuler en perma nence des notions telles que le national le racial et m me la notion d Am ricain au sens large La d marche qui consiste d couvrir ou reconna tre les iden tit s est vici e note An bal Quijano car l identit comme le montre bien l exp rience des Hispano Carib ens de New York est un proces sus Comme le sociologue p ruvien je consid re donc que l identit en elle m me ne produit aucune utopie et je formule le v u que les pro jets identitaires aillent davantage de pair avec des projets d mancipa tion sociale car ce serait l une bonne mani re d assumer et de d pas ser l h ritage de la domination coloniale lt Traduit de l espagnol par Yolande Trobat Plusieurs photos illustrant ce dossier pp 8 12 88 95 99 112 113 et 115 ont t fournies gr cieusement H amp M par le Centro de estudios puertorrique os Fond en 1973 le Centre d tudes portoricaines est un institut de recherche dont la mission est double 1 rec
94. vend est un pays pittoresque et volu bile o les gens tels qu on les d couvre pour peu qu on sy attarde sont taciturnes et les paysages aust res C est cette face cach e ou plut t ignor e que r v le la randonn e picaresque et poignante et n anmoins presque banale de Tahar et Driss Ce sont deux marginaux dont l un a au moins le double de l ge de l autre et qu en apparence rien ne ras semble sinon de fortuits et n ces saires garements ou ruptures vers des itin raires de fuite et de poursuites chim riques Et l vi dence tr s opportune qu il y a de la place pour deux sur une moto quip e d un side car le cheval de vent m taphore marocaine de la bicyclette Tahar Mohamed Majd est un ancien forgeron sans doute mis un peu trop brutalement sur la touche Comme il n y a au Maroc ni maison de retraite ni fonds de pension pour les vieux artisans il doit vivre chez son fils Rabat 144 Ce n est une sin cure pour per sonne et sa belle fille ne rate aucune occasion de lui faire sen tir son inutilit Alors lui est venue l obsession de renouer avec le pass le m tier lamour conjugal toutes choses interrom pues par les al as de la vie Pour cela il lui faut retourner au vil lage retrouver son choppe et surtout la s pulture de l pouse d funte pour reprendre avec elle un dialogue amoureux qui n au rait jamais d s interrompre Driss Faouzi Ben
95. ville globale une ville monde et une m tropole latino c est dans ce contexte que se sont d velopp s les discours sur la latinit nord am ricaine ou new yor kaise Ces derniers manent de sources institutionnelles diverses et articulent des projets id ologiques et des agendas politiques dont les buts sont souvent contradictoires Par exemple pour l tat f d ral am ricain le terme hispanique est une cat gorie officielle du recensement qui gomme pr cis ment la grande diversit parmi les Latinos Pour d autres le mot hispanique sert mieux d finir et canaliser des soutiens lecto raux ou justifier la revendication de fonds publics pour le d veloppe ment urbain ou identifier la client le des services sociaux Les deux termes latino et hispanique sont galement mobilis s afin de d finir les contours de certains march s autrement dit afin de transformer l ethni EI M Diasporas carib ennes Le Palladium ici en 1952 avec le Cesar Concepti n Orchestra et Joe Valle devint un espace pionnier de m lange des cultures amenant la latinit carib enne au c ur de la vie urbaine 3 Le terme raza lorsqu il se r f re aux Latino Am ricains comme relevant d un seul groupe ethnique ne saurait tre traduit par race N d T 4 Les indig nes de Cuba et de Porto Rico l poque de l arriv e des Europ ens fin du XVe si cle s appelaient les
96. 02 M ancien vice pr sident des Anneaux de la m moire inaugure cet usage Octave Cestor indique que ce lancer de fleurs dans le fleuve le tombeau de millions d Africains tait la meilleure mani re de comm morer Nantes cette abolition et de faire na tre la prise de conscience La localisation des deux associations M moire de l outre mer r unions la M diath que et de la Maison de l outre mer quai de la Fosse illustre leur volont d tre pr sentes au c ur des quartiers li s directement la m moire de la traite transatlantique Nantes ce d sir de rendre visible dans l espace public les souffrances de ceux qui dans le pass ont t d port s en esclavage et contraints au travail forc s est concr tis par un monument provisoire en m moire des esclaves Cette statue repr sentant un esclave levant les bras avait t r alis e par une tudiante en arts plas tiques Inaugur e le 25 avril 1998 en pr sence de 5 000 personnes cette statue f t saccag e quelques jours plus tard Cette volont de rendre le pass pr sent par des actions sur ou dans la forme de la ville est galement perceptible Bordeaux depuis quelques ann es Un collectif portant le nom de Toussaint Louverture partie pre nante de la manifestation du 24 juin 2000 avan ait comme revendication une place du Martyr noir tandis que l association Diversit s demandait un m morial de la traite des noirs pour que Borde
97. 5 1934 De telles interventions ont eu pour effet d tablir un nouveau type de relation centre p riph rie entre les tats Unis et ces anciennes colonies europ ennes et les investissements de capitaux nord am ricains ont augment de fa on exponentielle particuli re ment dans l industrie sucri re Des syst mes officiels de recrutement de main d uvre ont t tablis dans les territoires sous contr le militaire nord am ricain apr s 1900 des Portoricains ont t recrut s par les compagnies sucri res pour travailler Hawa en R publique dominicaine et Cuba des Ha tiens ont t recrut s dans les plantations de canne en R publique dominicaine et Cuba des milliers de Barbadiens ont par ticip la construction du canal de Panama Un grand tournant dans l histoire des migrations C est dans la p riode 1900 1920 qu ont commenc les migrations de masse de travailleurs de la Cara be vers les tats Unis et que les pre mi res communaut s de Carib ens se sont tablies sur le continent Ce fut un grand tournant dans l histoire des migrations pour la premi re fois des populations p riph riques des Am riques se d pla aient vers un pays industriel pour r pondre aux besoins conomiques de celui ci La Premi re Guerre mondiale a eu pour effet de r duire le flux des migrants europ ens vers les tats Unis et donc de favoriser le recrute ment de main d uvre carib enne Des milliers d
98. 73 avant d tre finalement supprim s en 1979 Il avait co t l tat f d ral plus d un milliard de dollars depuis sa cr ation Ce sont une nouvelle fois des pr occupations d ordre id ologique qui vont influencer le traitement par l administration am ricaine de la fuite massive depuis le port de Mariel d o partiront entre avril et septembre 1980 125 000 nouveaux migrants cubains vers le sol am ricain Comme en 1965 c est Fidel Castro que revient la d cision uni lat rale de d clencher cet pisode dramatique Ce s rieux d fi migra Famille cubaine Trinidad 104 toire la politique de Washington appara t alors intempestif dans un effort commun le pouvoir ex cutif et le Congr s am ricains viennent en effet de r ussir extraire de son contexte de guerre froide la d fi nition du r fugi D sireux d harmoniser leur politique avec la d fini tion de la Convention de Gen ve sur les r fugi s les tats Unis met tent en avant la notion de peur bien fond e de pers cution d nu e de toute r f rence id ologique lors de l adoption du Refugee Act en mars 1980 Dor navant la nouvelle l gislation exige qu il soit proc d une tude au cas par cas afin de stopper les mouvements migratoires massifs g n r s par l admission automatique de groupes de nationaux sans distinction entre les individus une situation rappelant bien vi demment l exception
99. 904 le percement du canal draina les travailleurs carib ens en grand nombre il y eut environ 20 000 Bar badiens 5 500 Martiniquais et 5 000 autres ouvriers en provenance de toutes les petites Antilles tandis qu on estime que plus de 20 000 ori ginaires des Antilles britanniques moururent dans cette entreprise Parmi les autres d placements de main d uvre on peut voquer les travailleurs des les au Vent partis exploiter les mines d or des Guyanes v n zu lienne et fran aise la fin du XIX si cle un flux d immigra tion aux Bermudes en provenance principalement de Saint Kitts et Nevis pour la construction et l utilisation de bassin de cale s che pour les navires l exploitation du p trole au Venezuela pendant les pre mi res d cennies du XX si cle qui amena environ 10 000 ouvriers entre 1916 1930 provenant essentiellement de la Barbade Trinidad et Cura ao la mise en place de raffineries dans les les n erlandaises qui attira des ouvriers en provenance de Saint Martin et Saint Barthe lemy d abord puis de la majorit des Petites Antilles britanniques enfin dans les deux premi res d cennies du si cle environ 10 000 baham ens sont all s travailler dans les chantiers de construction du b timent secteur en pleine croissance Miami Tous ces flux concer naient surtout de jeunes adultes masculins et se traduisirent par des rapports de masculinit tr s d s quilibr s en 1921 on trouvait ainsi
100. Hommes amp Migrations Diasporas carib ennes N 1237 Mai juin 2002 N 1237 Mai juin 2002 B Des citoyens part enti re ou enti rement part Au vu de leur situation politique culturelle et sociale dans l Hexagone force est de constater qu il y a du vrai dans le mot d Aim C saire citoyens part enti re les Antillais sont aussi et malheureusement des citoyens enti rement part En effet dans l inconscient de bon nombre de m tropolitains les immi gr s au sens pr cis du terme en provenance des Dom Tom ne sont pas tout fait fran ais On pourrait dire d eux qu ils sont dans la soci t m tropolitaine non pas des tranges trangers personne ne leur conteste s rieusement leur qualit de fran ais mais tout le moins des tranges Fran ais Et cette confu sion concerne aussi leurs enfants n s dans les brumes franciliennes qui ne sont par cons quent ni trangers ni m me immigr s C est ceux qui penseralent cette particularit qui rend la qu te d identit que la possession ou des Antillais de m tropole si paradoxale chacun l obtention de la nationalit sa mani re Claude Valentin Marie Michel est l alpha et l omega de l int gration Giraud et Dolor s Pourette soulignent dans ce l exemple des Antillais citoyens fran ais et victimes de discriminations montre qu il n en est rien dossier quel point il est diff
101. MacCarran Walter Act de 1952 qui impose un effectif d entr es aux USA limit cent personnes par an et par le antillaise Le Royaume Uni vers lequel se diri gent d sormais les Antillais semble du m me coup se pr senter comme une destination de remplacement Et si le projet migratoire se construit pour les premiers migrants sur la base d une sorte de m re patrie id a lis e l information circule vite parmi les candidats au d part pour d truire le mirage et rappeler la triste r alit l Angleterre est froide brumeuse et surtout elle d ploie la virulence d un racisme inattendu L immigration n aurait pas eu l ampleur qu elle a connue si elle n avait d abord t encourag e par une politique d appel main d uvre suscit e par l Economic Survey de 1947 qui constate une grande carence dans les secteurs non qualifi s ou peu qualifi s L apport d trangers est souhait mais pr f rentiellement depuis la tradition nelle r serve irlandaise ou depuis l Europe La Commission royale sur la population dans une d claration datant de 1949 ne fait aucun mys t re sur cette tendance pr f rer la venue d Europ ens blancs Admet tant la n cessit d une entr e de 140 000 travailleurs par an elle pr co nise que les immigrants soient de bonne origine et ne soient pas emp ch s par leur religion ou leur race de s int grer et de se fondre dans la population d accueil Le cas des sujets brilann
102. Pourtant il y a trois exceptions cette r gle La principale est celle des Portoricains qui repr sentent une anomalie puisqu ils viennent d un territoire sous autorit constitutionnelle des tats Unis et poss dent la nationalit am ricaine Or si avant les ann es cinquante les migrants portoricains bien que sous pay s taient souvent qualifi s et form s et donc taient les seuls aptes payer le voyage apr s 1950 la r duction du prix du billet d avion a rendu possible une migra tion de masse le solde migratoire positif est de 587 535 entre les ann es cinquante et quatre vingt compos e essentiellement de tra vailleurs non qualifi s souvent d origine rurale Dans les ann es quatre vingt il est vrai toutefois que les 200 000 Portoricains arriv s aux tats Unis repr sentaient une gamme beaucoup plus ample des couches sociales de l le Ils se sont majoritairement tablis dans d autres r gions que celle de New York La deuxi me exception majeure fut celle des boat people ha tiens mentionn s plus haut Ils taient de 50 000 70 000 d barquer entre 1977 et 198105 La troisi me fut l arriv e de 125 000 Cubains en 1980 ceux qu on appel s les Marielitos puisqu ils sont pass s par le port cubain de Mariel Ils provenaient des strates les plus modestes de la soci t cubaine et taient en majorit non qualifi s 9 N 1237 Mai juin 2002 B AHMP cf p 117
103. Saint Denis groupe de recherche Histoire des Antilles hispaniques Institut des hautes tudes de l Am rique latine 1 Un excellent recueil de travaux de et sur Stuart Hall se trouve dans Stuart Hall Critical Dialogues in Cultural Studies ed David Morley and Kuan Hsing Chen Routledge 1996 2 Paul Gilroy There Ain t No Black in the Union Jack The Cultural Politics of Race and Nation University of Chicago Press 1987 et The Black Atlantic Modernity and Double Consciousness Harvard University Press 1993 Voil quelques si cles d j que les les de la Cara be se trouvent au carrefour de flux migratoires denses continus et multidirectionnels leurs d buts au XVI si cle ces mises en mouvement de populations tr s diverses taient troitement li es aux premi res dynamiques de la mondialisation avant la lettre du syst me capitaliste Les les ont t peupl es par des groupes non indig nes que l on peut qualifier de diasporas au sens large colons des diff rentes m tropoles Espagne Angleterre France Pays Bas etc esclaves africains et plus tard tra vailleurs immigr s de diverses provenances les indig nes n ayant pu survivre au brutal syst me de mise au travail des premiers conqu rants europ ens Le sociod mographe Herv Domenach montre dans l ar ticle qui ouvre ce dossier p 13 comment des poques successives se sont mis en place de v ritables
104. a popu lation a moins de vingt ans dans la plupart des les du bassin cara be et m me un peu plus dans le cas de Porto Rico et Cuba le nombre des femmes en plein ge de reproduction ne cesse d augmenter atteignant plus du tiers des effectifs f minins au d but des ann es soixante dix poque o la croissance d mographique est son maximum De fait vingt ans apr s la r alit de la chute de la f condit n est plus nier sur dix sept pays carib ens seuls trois ont encore des niveaux de f condit lev s Ha ti R publique dominicaine et Grenade L conomie carib enne n ayant pas r ussi se diversifier apr s le d clin de l conomie de plantation elle tait entr e en crise et les mar ch s du travail s taient trouv s rapidement incapables d absorber les g n rations de plus en plus nombreuses issues de cette explosion d mographique Apparurent alors deux faits majeurs nouveaux e l loignement des m tropoles cesse d tre un handicap insur montable au d veloppement des flux migratoires e Les pays d accueil pr nent une certaine libert de circulation d autant plus facilement qu au milieu du XXe si cle les immigrants carib ens ne connaissent pas vraiment de discrimination selon la El N 1237 Mai juin 2002 M nationalit puisqu ils ne sont pas encore ind pendants ou rel vent de nationalit s prot g es par des accords institutionnels dans les pays du Commonwealth par exemple
105. ables diff rences de salaires entre les travailleurs blancs et les autres dans la confec tion en 1929 les Portoricains et les Afro Am ricains gagnaient de 8 13 dollars par semaine tandis que des travailleurs europ ens sou vent juifs ou italiens touchaient entre 26 et 44 dollars Apr s 1945 la migration carib enne s est encore accrue cette fois dans le contexte d une expansion conomique accompagn e d une seg mentation du march du travail c est dire d une division entre un sec teur oligopolistique et un secteur concurrentiel Le secteur oligopo listique tait caract ris par des relations sociales stables dans des industries fortement capitalis es capital intensive gr ce notamment des hausses de salaires rendues possibles par des hausses de produc tivit Dans le secteur concurrentiel o les industries ou services fonc tionnaient avec un plus fort coefficient de main d uvre labor inten sive les salaires taient nettement plus bas Or les migrants carib ens taient essentiellement recrut s dans le secteur concurrentiel La r volution cubaine 1959 et le vote de la loi sur l immigration de 1965 mettant fin aux quotas ethniques pour les immigrants l gaux ont entra n une transformation majeure de la composition des migrants carib ens puisque les r fugi s politiques cubains sont deve nus majoritaires parmi ceux qui arrivaient dans les ann es soixante et soixante dix C est
106. acinement alors que la perspective d un retour aux Antilles est remise en question par un grand nombre de Guadeloup ens La population antillaise se trouve en effet diss min e Paris et dans les villes de la r gion parisienne le plus souvent dans des quartiers qu elle partage avec des populations d favoris es d ori gine trang re pour la plupart Ce relatif regroupement n a cependant pas favoris l mergence de formes sp cifiques d appropriation du ter ritoire L habitat les commerces restaurants et autres lieux de socia bilit antillaise se trouvent parpill s dans l espace urbain o aucune empreinte spatiale ni aucune enseigne particuli res ne les distinguent Ces observations rejoignent celles de plusieurs chercheurs au sujet du fait migratoire antillais au Royaume Uni Ces auteurs s accordent pour souligner la disparit des modes de vie antillais dans la migration cette diversit tant analys e comme l expression d une identit mul tiforme et fluide 5 Une telle h t rog n it se traduit notamment par un attachement ambivalent au lieu 9 et s exprime particuli re ment dans le champ religieux caract ris par une diversit de sys t mes de r f rences l int rieur d un m me mouvement et par la pra tique du papillonnage entre glises de diff rentes d nominations Ces propos font par ailleurs cho aux observations de Paul Gilroy travers l analyse de la prod
107. ais L ac tivisme politique ne rel ve pas ici d une organisation structur e et stable Les groupes associ s au Black Power ont eu semble t il une existence br ve au Royaume Uni circonscrite Notting Hill Londres et ils ont t vraisemblablement supplant s dans ce dernier quartier par les enjeux qu exprimait la tenue du grand carnaval antillais de Londres en tant qu outil d affirmation de la pr sence antillaise Loin de voir dans ces manifestations spontan es un des signes r currents de la faiblesse communautaire comme incitent le penser certains crits sociologiques il faut plut t y d celer ce qui fait la sp cificit de cette culture savoir sa grande capacit ne pas se crisper sur de quelconques orientations communautaires qu elles soient politiques ethniques religieuses ou morales L exp rience antillaise au Royaume Uni donne voir par comparai son aux autres groupes ethniques des contours communautaires plus ouverts que ferm s pr ts vivre l exp rience du multiculturalisme plu t t que le repli identitaire Il faudrait pour mieux s en rendre compte investir le domaine religieux il foisonne d exp riences originales tou jours en changement du fait de la pratique active des fid les qui se r approprient compl tement ce champ symbolique le pla ant ainsi en complet d calage avec les structures institutionnelles dogmatiques qui encadrent d autres communaut s Peut tre fau
108. ales dans les tats d origine eux m mes puisqu ils partagent avec la Grande Bretagne et en particulier avec l Angleterre une sorte d am bivalence par rapport la nation qu on ne trouve pas par exemple dans les tats africains du Commonwealth La nationalil brilannique un cheveau juridique partir des ann es soixante lorsque les colonies britanniques de la Cara be sont devenues ind pendantes les Jama cains les Barbadiens ayant migr au Royaume Uni partir de 1948 en tant que coloniaux de l Empire ont d couvert qu ils avaient perdu leur statut de citoyens du Royaume Uni et des colonies En fonction du temps de r sidence et d autres facteurs des personnes de la communaut carib enne pou vaient acqu rir la nationalit anglaise s ils le souhaitaient De toute mani re leurs droits l gaux politiques ou sociaux n taient pas affec t s mais s ils quittaient le pays et restaient l tranger au del d un certain laps de temps ils perdaient leur droit de se r installer La loi sur l immigration de 1971 stipulait que les anciens citoyens du Royaume Uni et des colonies dont le pays de naissance tait devenu ind pen dant pouvaient devenir des citoyens du Royaume Uni par un proces sus d enregistrement Le grand nombre de textes qui r glementent l immigration et la nationalit ainsi que les lois contre le racisme et la discrimination en particulier les Race Relations A
109. amazoniennes t l 05 94 34 27 00 e mail action nplus gf N 1237 Mai juin 2002 B PUB PUB par MARIN WAGDA A la racine de la cuisine carib enne le manioc Au temps des grandes colonisations le manioc faisait le pain quotidien des Indiens karibs S accommodant de sa saveur douce et am re ils avaient appris en extraire le poison pour d guster sa chair Mais les habitants des Cara bes sous l influence des Europ ens notamment se sont peu peu nourris d autres l gumes Et de sujet principal dans le menu carib en le manioc est devenu compl ment B Agapes Lorsque Christophe Colomb vogue droit vers l Ouest d laissant une M diterran e ferm e et r vant atteindre Cathay ou Cipango il aborde encore une M diterran e plus vaste que la premi re et tout aussi riche d hommes et de cultures de produits et d art d odeurs et de saveurs Atteinte au mois d octobre 1492 la M diter ran e cara be a ses les ses rivages et ses arri re pays En un demi si cle les uns et les autres sont explor s conquis peupl s et admi nistr s Tout cela se fait au nom d une Castille la fois dominatrice et soucieuse de saintet L Am rique espagnole commence avec les Grandes Antilles puis les Petites puis s tend tous les rivages de la Floride l embou chure de l Or noque d j d couverte par Christophe Colomb son troisi me voyage Elle atteindra au Nord
110. ang re de sa cit Fran ais le plus souvent celui ci a les m mes droits et la m me l giti mit les faire valoir qu un jeune antillais d ici ou de l bas Dans la p riode ant rieure la relation entre les parents ne souffrait d aucun risque de concurrence pour l occupation d emplois publics Cela ne El 35 M Diasporas carib ennes 36 vaut plus pour leurs enfants Cette concurrence nouvelle est d autant plus vive que les emplois publics ou priv s se rar fient et que ces jeunes antillais guyanais r unionnais trangers ou d origine tran g re sont parmi les plus menac es par la pr carit grandissante du march du travail Si entre eux existe une concurrence potentielle que ne connaissaient pas leurs parents elle n enl ve rien leur com munaut de destin Que l exclusion et la discrimination pr dominent et les originaires des Antilles comme les jeunes trangers ou d ori gine trang re en p tiront Que l ambition de l galit et du respect de l autre l emportent et tous en b n ficieront Quoi qu il en soit de la relation conflictuelle ou non qu ils entre tiennent sp cifiquement avec la m tropole l avenir des Antillais de France doit donc tre pens dans une dynamique plus large et plus complexe La chose n est pas nouvelle C tait d j vrai de la gestion dont ils ont fait l objet dans les d cennies pass es Elle s est organis e sous le mode d une
111. ansforme en la pr ten tion offensive inacceptable d imposer tous les autres que soi la pro motion de ses seuls int r ts au motif de sa particularit revendi qu et Un danger d enfermement identitaire Le risque d enfermement de repli sur soi que nous voquons est loin aujourd hui de s tre pleinement r alis Mais il n est cependant pas imaginaire Il suffit pour s en convaincre de se rappeler que comme nous l avons d j indiqu le refus ancien d tre confondus avec des immigr s d origine trang re notamment africaine persiste encore chez bien des migrants antillais et guyanais ce refus est venu s ajou ter plus r cemment chez certains d entre eux la volont de se tenir distance de la population m tropolitaine avec laquelle ils entretien nent un rapport de m fiance nourri par l exp rience r p t e des dis criminations qu ils ont subies de la part de certains l ments de cette population Il suffit aussi d observer que les populations antillaises ou guyanaise de l Hexagone et surtout leurs organisations restent ton namment absentes des quelques grandes mobilisations sociales qui agitent la France Que ce soit de celles qui ont pour objectif la d fense des droits des immigr s d origine trang re par exemple celles concernant les sans papiers ou les victimes de la double peine ou encore le relogement de familles expuls es de leur appartement ou
112. ant il tait un gar on diffi cile conna tre D s qu il laissait tomber une de ses couches protec trices il en cr ait une autre plus imperm able encore Ses transes sont entrecoup es par le r cit des v nements sur venus des ann es plus t t C est une autre voix donc qui appren dra tout au lecteur l histoire de Tony mais aussi celle de Mikey un Blanc comme lui orphelin et que son ob sit transforme en souffre douleur de trois jeunes brutes Tony et Mikey deux fois rassembl s comme victimes et comme exclus C est vers cet ami le seul qu il ait jamais eu que se tourne aujourd hui Tony Je sens mon cerveau qui se d compose lentement qui s tire je sens chaque nerf tendu comme une corde je sens les pores de ma peau comme des nids de poule sur une route pourquoi est ce que je me bats contre elle je peux pas Seigneur sauve moi je peux pas Mikey je me souviens de toi Je me souviens de ton innocence et de ta paix sous toute cette guerre j esp re que ta femme l aime qu est ce que tas fait mon fr re est ce que tas vu un psy est ce que l amour d une femme bien ta sauv et l a aid garder les souvenirs intacts les mettre dans leur contexte tas un enfant dis moi j ai jamais fait a non J ai dit que je crois pas len 153 Jance mon fr re je crois pas l enfance Avec une parfaite ma trise Leone Ross rassemble les pi ces qui for ment le puzzle de ces deux
113. ante et d cente Leurs familles respec tives connaissent la pr carit co nomique et psychologique P re hospitalis fr res et s urs la charge d une m re irascible pour l une couple en crise permanente pour l autre dont le vague petit ami sort de taule et ne pr sente gu re d alternative Tout n est pas noir non plus D abord parce qu elles sont mal gr les sautes d humeur et les contrastes de caract re de vraies amies toujours complices et qu d faut du grand amour isola tionniste elles fonctionnent en bonnes copines dans la cit et partagent de petites passions sous forme de passe temps Pour elles c est surtout la photo hobby qui va leur valoir une bonne surprise et l opportunit daller voir ailleurs comment sont les autres et si par hasard elles m mes ne seraient pas un peu diff rentes Le monde n est pas si mal foutu puisqu la MJC du quartier elles remportent le projet jeunes Un petit p cule suffisant une longue escapade du Nord Est au Sud de la France en qu te d ima ges singuli res de HLM campa gnards Autrement dit des ban lieues de rien du tout avec leurs habitants de nulle part Dans une banalit aussi minimale avec leur allure de filles sages et appliqu es et leur voiture d em prunt elles vont rencontrer plein de gens la g n rosit pudique l motion contenue la gouaille sans vulgarit Le t lier qui accepte de servir le
114. ard Chaliand et Jean Pierre Rageau une volont de durer en tant que groupe minoritaire en transmettant un h ritage cette M Diasporas carib ennes Puisque le cadre social d int gration propos aux immigr s par l tat am ricain est faible ils n ont souvent eu d autre recours que de renforcer leurs liens communautaires 15 David Morley and Kuan Hsing Chen eds Stuart Hall Critical Dialogues in Cultural Studies Routledge Londres New York 1996 pp 484 503 The Formation of a Diasporic Intellectual entretien avec Stuart Hall 16 Robin Cohen Global Diasporas University of Washington Press Seattle 1997 ch 1 17 G rard Chaliand et Jean Pierre Rageau Atlas des diasporas d Odile Jacob Paris 1991 p 15 87 18 Voir The Formation of a Diasporic Intellectual in D Morley et K Chen op cit Une bodega New York vers 1950 On y trouve les produits latinos mais on vient galement y chercher les nouvelles du pays 88 aune tous les groupes recens s ici sont engag s dans des logiques dias poriques des degr s divers et selon des modalit s vari es Tout un courant actuel de la sociologie et de la pens e critique fait de l exp rience carib enne l exemple paradigmatique des processus de formation dans le monde contemporain d identit s de plus en plus hybrides fluides voire nomades Cette analyse privil gie la mani re dont
115. as du tout la propri t de la production culturelle Ainsi aucun Carib en n est entra neur ou propri taire d une quipe de foot ball d un club sportif ou d une maison de disques o en revanche leur pr sence en tant qu artistes saute aux yeux Ces caract ristiques donnent de la cr dibilit la th se selon laquelle les migrations en Grande Bretagne n ont pas chang de mani re significative la place des Carib ens noirs dans les structures sociales du monde anglo carib en transatlantique La Cara be que les migrants ont laiss e derri re eux entre la fin des ann es quarante et le d but des ann es soixante tait une r gion l conomie domin e par de petits groupes d Europ ens rest s apr s l abolition de l esclavage en 1838 Bien que la plupart de ces pays aient acc d l ind pendance EI N 1237 Mai juin 2002 M E Morere IM m dia dans les ann es soixante la grande majorit des Carib ens noirs est rest e en dehors de la sph re de la grande propri t En somme lin corporation des Afro Carib ens dans la soci t britannique et plus g n ralement en Europe n a pas t tr s loign e de leur incorpora tion diff rentielle dans la Cara be elle m me Bien s r l bas la situa tion a chang de mani re significative ces quarante derni res ann es les Carib ens noirs occupent une place plus confortable dans la vie conomique de ces pays arrach s aux boucaniers
116. as le moindre m rite de l auteur que de r ussir main tenir le suspens jusqu au bout malgr une construction narra tive qui fait fi de la chronologie et voyage entre l aujourd hui de la folie et l hier de la m moire Mustapha Harzoune Sourires de Loup Zadie Smith Gallimard gt Nous voici avec ce beau ro man dans l Angleterre des ann es soixante dix L auteur plante un d cor qu elle conna t bien pour tre n e en 1975 et avoir v cu dans une des banlieues du Nord Ouest de Londres On suit les per sonnages dans ces quartiers o les habitants proviennent pour bon nombre des lointaines contr es de l Empire britanique On s impr gne du quotidien des familles des 154 enfants dans leur quartier ou dans leur cole puis on remonte par l histoire de quelques uns des pro tagonistes jusqu aux pays d origi nes et aux circonstances du d but de leur migration comme ce fut le cas lors de la Seconde Guerre mondiale Les personnages centraux un Anglais et un Indien sont un peu d cal s C est la guerre qu ils se sont rencontr s pour ne plus se d tacher et entretenir une rela tion qui impliquera par la suite les pouses et les enfants Le propos est parfois cru mais jamais vulgaire toujours empreint d humour Il y a une sorte de bonne humeur contenue et une vitalit qui rend bien le langage parl On est proche de la trans cription phon tique dans certains dialog
117. atialis es monument lieu de m moire contre mus e d veloppant une approche scientifique de l histoire Pour autant d autres contradictions de grande ampleur sont l uvre L pop e indus trielle de la construction navale nantaise ne peut se penser sans voquer son articulation partielle avec le cycle ant rieur d accumulation du capital li avec la phase n gri re coloniale comme l a montr Olivier P tr EI M Initiatives Images d une profanation Nantes Cette statue repr sentant un esclave levant les bras avait t inaugur e le 25 avril 1998 en pr sence de 5 000 personnes Elle fut saccag e quelques jours plus tard 8 Combit dom signifie r union d esclaves en cr ole 9 Marc Lastrucci De la difficult de rappeler la traite Cahier des Anneaux de la m moire n 1 Nantes 1999 p 141 166 10 Olivier P tr Grenouilleau L argent de la traite milieu n grier capitalisme et d veloppement un mod le ditions Aubier 1996 121 11 Christine Chivallon M moire de l esclavage comme outil de gestion des relations intercommunautaires Les cas de Bordeaux et Bristol in A Gotman d Ville et hospitalit La commune et ses minorit s documents de travail fondation de la Maison des sciences de l homme Paris 2001 122 Grenouilleau Histoires urbaine industrielle coloniale et modes d ac tualis
118. ation Le contexte musical devenu incertain est un bon indicateur des mutations subies par la soci t villageoise petite pay sannerie qui vivait chichement et dont l urbanisation a aug ment les besoins sans que les ressources suivent Alors une partie de la population a recours des exp dients que favorisent autant l volution des m urs que la situation g ographique omnipotence des mafias locales et de leur cohorte de petits ou gros d linquants consommation g n ralis e de drogues douces ou dures proximit des c tes albanaises pour le trafic des ciga rettes des travailleurs clandes tins des r seaux de prostitu tion Dangerosit s diverses qui menacent tout un chacun avec des effets autrement destruc teurs que la fameuse piq re d araign e la tarentule cause des possessions malignes que seule la musique combattait Ainsi de la famille Zimba o Pino l a n apr s la mort accidentelle et mal lucid e du p re essaie de faire surface Bon fils bon p re bon fr re bon amant honn te musicien il tente de s adapter un quotidien difficile sans tout fait se compromettre Il subsiste entre les remords sur les gare ments de sa conduite pr sente et pass e les reproches de sa vieille m re les exigences de sa femme les devoirs envers ses deux enfants ou sa ma tresse les ambitions sti mulantes de sa s ur les relations conflictuelles et aimantes avec son fr re moralem
119. ation de transmission et de narration des m moires collectives se t lescopent s enchev trent La dynamique nantaise interroge en contrepoint l absence d initiative publique sur ce th me du c t de Bordeaux qui semble osciller entre le silence et l allusion mariant quelquefois la conjonction des deux Deux publications r centes de l association La M moire de Bordeaux fond e par Jacques Chaban Delmas en 1987 et soutenue par les pouvoirs locaux illus trent cet embarras M me si l objet de l association est de sauvegarder les documents et d enregistrer les t moignages ayant trait au pass r cent de l agglom ration bordelaise p riode 1940 an 2000 le premier num ro des Cahiers de la m moire paru en 1990 et portant pour titre Pr sences d b ne au Port de la Lune n voque pas directement la traite sauf par le biais de la photographie d un mascaron prise Bordeaux L ouvrage ras semble textes litt raires po sies entretiens l iconographie comportant en sus du mascaron des reproductions de cartes postales montrant des soldats africains Bordeaux d anciennes publicit s de produits coloniaux rhum et des uvres contemporaines Si l esclavage et le colonialisme sont voqu s ils ne le sont pas sous l angle bordelais Le second Cahiers de la m moire publi en 1996 avec pour titre Le n goce bordelais des den r es tropicales est un ouvrage d histoire conomique Il n aborde
120. aux Antilles semble t il elle se construit donc dans l change et la relation comme l a augur douard Glissant L auteur oppose en effet l identit racine caract ristique des soci t s ataviques qui se r f rent un mythe fondateur une gen se une filiation et un territoire l identit relation ou identit rhi zome qui caract rise les soci t s composites n es des processus de cr olisation par lesquels elles s ouvrent aux autres et s enrichissent d l ments nouveaux L exp rience des migrants guadeloup ens nous enseigne que ces deux parangons de l identit sont loin d tre exclusifs l un de l autre Si le mod le de l identit relation est l uvre dans l parpillement et dans la migration l identit comme attachement au territoire est investie au moment du d c s moment o le retour ne peut plus tre diff r C est cet instant que le territoire retrouve sa valeur symbolique comme lien aux anc tres et que le retour devient indispen sable afin de rejoindre le monde des morts La mani re dont les migrants guadeloup ens mobilisent l le d ori gine permet d affirmer que la migration a un impact non n gligeable sur les processus de construction identitaire N entend on pas d ailleurs des jeunes gens n s Paris affirmer Je suis originaire de tel village en Guadeloupe D finitivement d tourn s de l Afrique comme lieu ancestral et terre originelle et ind niablement c
121. aux accepte enfin de reconna tre son pass de ville n gri re 13 Cette association a connu un prolongement aux lections municipales avec la liste Couleurs borde laises qui a r uni plus de 3 des voix Que ce soit Bristol Nantes ou Bordeaux comme l analyse Christine Chi vallon il faut l intervention de la forme urbaine non pas seulement parce que celle ci est dot e de l efficacit de Veffet de visibilit mais parce qu elle permet aussi que s op re la distanciation temporelle n ces saire entre une actualit voulue harmonieuse et un pass r v l excessi vement tourment Q Revendications toponymiques gestes symboliques dans le paysage appro priation d espaces temps particuliers autant d initiatives d individus et de groupes sociaux issus ou li s l Atlantique noire pour reprendre l ex pression de Paul Gilroy qu elle soit carib enne ou africaine Ces actions dans et sur le paysage urbain requalifient le temps et l histoire des villes concern es mais aussi interrogent les continuit s silencieuses entre traite transatlantique colonisation et naissance de la R publique fran aise Ces continuit s au del de leurs h ritages urbains ont contribu s dimenter des repr sentations Les actions critiques engag es sur la forme urbaine desserrent de mani re partielle l tau de silence de l h ri tage colonial Ces initiatives en mettant jour les trous de m moire de l hi
122. b Fidel Castro ditions Pr sence Africaine 1975 1998 604 p 4 G Roberts The Caribbean Islands The Annals of the American Academy of Political and Social Science vol 316 Philadelphie 1958 16 fit des grands propri taires Les premi res compagnies sucri res nord am ricaines investirent en masse Cuba et Porto Rico puis en R publique dominicaine m canisant partiellement le traitement des cannes sucre La main d uvre n tant plus occup e que pen dant les cinq six mois de coupe intensive cela eut pour effet de d velopper les premiers flux migratoires caract re saisonnier et alternant la majorit des travailleurs retournant dans leur le d ori gine une fois la r colte achev e Selon Eric Williams 217 000 Ha tiens Jama cains et Portoricains all rent ainsi travailler Cuba entre 1913 et 1924 tandis que se d veloppaient parall lement des flux de travailleurs migrants internes aux Petites Antilles Une partie de cette main d uvre fit progressivement souche et on estime que 80 000 Ha tiens environ s install rent de mani re permanente Cuba d s 1930 Par ailleurs des milliers de travailleurs carib ens migr rent la fin du XIX si cle pour le chantier du canal de Panama dont une bonne proportion de migrations alternantes Roberts estime ainsi qu il y a eu 24 300 immigrants pendant le mouvement saisonnier de 1883 1884 dont 11 600 retours compter de 1
123. bert conditionnelle aux proc dures draconiennes de renvoi mises en place la fin de l ann e 1996 contre les ill gaux Une situa tion dont on ne s tonnera pas la lecture des propos de Doris Meiss ner commissaire des services d immigration INS Les difficult s manifestes proc der au renvoi effectif d trangers vers Cuba et la possibilit de r gularisation offerte par le Cuban Adjustment Act doivent dans la plupart des cas influencer favorablement l octroi D INS Policy on Cuban Jo Adjustment m morandum d une parole avril 1999 H M Diasporas carib ennes 101 2 Cuban Refugees Processing ITA Immigration Software www wave net Upg immigration cuban_refugee html 3 Cit par Jorge Dominguez Cooperating with the Enemy US Immigration Policies toward Cuba in Christopher Mitchell ed Western Hemisphere Immigration and United States Policy The Pennsylvania State University University Park 1992 p 70 102 Les exil s cubains ne sont donc pas pour la majorit d entre eux des r fugi s au sens juridique du terme et en accord avec la proc dure mise en place lors du passage du Refugee Act de 1980 Les tats Unis octroient en effet ce statut sp cifique de deux fa ons bien dis tinctes soit depuis le pays d origine du requ rant lorsque celui ci se pr sente la d l gation consulaire am ricaine pour y faire valoir ses craintes de pers c
124. bre d Antillais et de Guyanais venus vivre en France m tropolitaine d une valorisation de leur citoyen net fran aise l affirmation de leur identit particuli re n a pas t brutale mais s est faite par tapes Elle n est encore ni compl te l attitude ancienne que nous venons d voquer perdurant dans bien des cas ni a fortiori arriv e son terme Elle reste ouverte comme nous l apercevrons plus loin sur plusieurs voies possibles dont le fait d em prunter celle ci plut t que celle l d pend au moins en partie de la transformation statutaire que pourrait conna tre plus ou moins br ve ch ance chacun des Dom Le pi ge de l elhnicil Afin de mieux cerner les enjeux de ce qui se profile de mani re incer taine la crois e des chemins dont nous venons de mentionner lexis tence il nous semble utile de nous arr ter un court instant sur une des tapes de l volution examin e sa phase interm diaire tant aujour d hui largement d pass e Elle a essentiellement consist en une forte mobilisation syndicale au cours de laquelle dans la seconde moiti des ann es soixante dix nombre de travailleurs originaires des D parte ments d outre mer avaient d j fait vivement entendre des revendica tions qui leur taient particuli res notamment sur les cong s pay s EI N 1237 Mai juin 2002 M pour se rendre p riodiquement au pays et sur la titularisation e
125. breux New York Bien que citoyens du pays d accueil et malgr la constitution de r seaux de solidarit ils ont d affronter une situation sociale et conomique particuli rement difficile ainsi que l hostilit d une partie de l opinion publique L auteur y voit le prolongement contemporain de stigmatisations raciales issues du colonialisme Il montre comment les strat gies des pouvoirs publics am ricains peuvent expliquer des diff rences notables de mode d accueil entre Portoricains Cubains Haitiens Jama cains Il examine enfin les fondements des discours contradictoires articul s au nom de l identit portoricaine L exp rience de la migration portoricaine vers les tats Unis doit tre comprise dans le contexte plus large des migrations carib ennes Pour mieux comprendre ces processus migratoires il faut d passer non seu lement les interpr tations traditionnelles qui insistent soit sur l assimi lation culturelle soit sur le pluralisme culturel mais galement les approches plus r centes qui mettent en valeur juste titre le contexte de r ception de la soci t d accueil ainsi que les modes d incorpora tion des migrants dans le march du travail Pour Alejandro Portes Rub n Rumbaut et d autres chercheurs le contexte de la r ception renvoie des variables telles que les politiques de l tat envers chaque groupe sp cifique de migrants l opinion publique envers le groupe la pr senc
126. caine 1898 furent deux tapes importantes dans la r alisation de cette vis e C est dans ce contexte historique qu il faut resituer l apparition de l id e d une Am rique latine cens e faire partie d un monde panla tin que souhaitait promouvoir la France imp riale du XIX si cle sous Napol on III Ainsi s est cr e une zone interam ricaine de contacts mais aussi de combats de flux asym triques de capitaux et de mar chandises de circulations de personnes et de repr sentations entre un centre imp rialiste et une arri re cour carib enne Le clivage mergent Nord Sud se caract risait non seulement par la concurrence in gale entre capitaux et entre tats mais aussi par une concurrence id ologique entre projets de modernit entre mani res de revendiquer l h ritage occidental On en voit un exemple clair dans l image d une Am rique latine h riti re du caract re sublime de l esprit gr co romain et europ en que l Uruguayen Jos Enrique Rod repr senta dans son essai Ariel 1900 Alors que le pr sident Theodore Roosevelt 1901 1909 chantre de la supr matie tatsunienne pensait que les USA avant garde de l Occident se devaient d implanter leur virile civi lisation chez des peuples et des races consid r s comme inf rieurs New York carrefour Nord Sud D s le milieu du XIX si cle New York devient un picentre de l espace r gional des Am riques La ville appa
127. ce sport aristocra tique anglais qui fini par tre adopt avec enthousiasme par des Indiens de toutes conditions Mais l int r t de ce livre r side dans l in terpr tation que propose l auteur d un sujet d envergure plus mon diale la d territorialisation des espaces publics et le d cloison B Livres nement des imaginaires une po que o les flux migratoires et les flux m diatiques connaissent une explosion sans pr c dent Arjun Appadurai m ne une lutte vigoureuse contre le primordia lisme cette f cheuse habitude qu ont de nombreux analystes non seulement de parler des cultures des ethnies ou des nations comme d autant denti t s tanches et de plaquer sur ces collectivit s des solidarit s et des identit s qui ne correspondent pas toujours aux id es subjectives des principaux int ress s dont les discours sont les plus vari s et variables Il surprendra certains lecteurs par sa d fense de l adjec tif culturel aux d pens du subs tantif culture L auteur va beaucoup plus loin en posant les jalons conceptuels d une nouvelle cartographie de la sc ne mondiale il voque tour tour les paysages conomiques m dia tiques et ethniques les flux humains et bien entendu les jeux de pouvoir qui agitent les soci t s l int rieur de leurs fronti res et par del celles ci En anglais l ou vrage s inti
128. cercles privil gi s de la litt rature du cricket ou de l universit r gionale ou des contextes politique et syndical C est donc en exil que les personnes issues des les de la Cara be ont d couvert leurs traits communs et forg des liens ethniques qui n existaient pas sous la m me forme dans les pays d origine Des termes tels que Afro Carib en ou Afri cain Carib en courants en Grande Bretagne rencontrent peu d chos dans la r gion d origine Cependant du point de vue des autres groupes y compris celui de la majorit autochtone tous les Carib ens sont d sign s comme des Noirs ou des Jama cains Certaines pratiques typiquement britanniques d finissent la pr sence carib enne comme par exemple le carnaval de Notting Hill le reggae et le style de vie rasta ces derniers jouissent d une popularit bien au del des cercles d adeptes jama cains La cr ation de nou velles identit s carib ennes a t favoris e par des mariages entre personnes d les diff rentes car les enfants de ces foyers se sentent li s plus d un seul pays carib en et ont ten dance actuellement migrer vers la r gion L incorporation sociale diff rentielle faisant ainsi le chemin inverse de celui qu on dans les soci t s industrielles emprunt leurs parents dans les ann es cin avanc es sur la base de diff rences quante et soixante het afon n
129. ceur N 1237 Mai juin 2002 B Aux Cara bes l origine de la mondialisa tion les moins subtils mangent du manioc doux pluch Ils en usent comme l on ferait d un quelconque l gume ou d une c r ale en bouillies galettes ou r tis Tous les Indiens de l Am rique du Sud le connaissent Le manioc amer ne se cultive lui que dans la partie Nord Est du conti nent et dans les les Sans doute parce que les r gions occidentales taient plus proches du ma s du Mexique de la pomme de terre andine que l on pouvait parfois se procurer ou qu elles cultivaient plus abon damment la patate douce Il semble donc que n cessit faisait loi plus dure aux habi tants de l Or noque et de l Amazone et qu ils durent trouver le moyen de se nourrir du manioc le plus substantiellement effi cace Ils trouv rent et c tait somme toute Coll De Lalung assez simple puisque le poison du manioc amer est concentr dans son jus et qu il peut s liminer l eau Les Indiens faisaient donc en sorte de le tremper dans l eau un certain temps ou bien de le r per et de le presser dans un tissu pour extraire le jus m thode la plus fr quemment employ e aujour dhui par ceux qui conservent la tradition C est ainsi que le manioc amer put tre r ellement utilissima Il le fut m me de fa on tragique puisque les Arawak opprim s par les Espagnols en buvaient le jus dit on pour se suicider et chapper
130. ch employ dans le commerce de d tail ou dans les services tels que la sant les chelons subalternes de l ad ministration publique ou priv e ou de l ducation En somme de tous les groupes carib ens aux tats Unis les Portoricains continuent d affi cher les taux de ch mage les plus lev s les taux d activit les plus faibles et le niveau de pauvret le plus critique Les Portoricains et les mythes fondateurs de la nation am ricaine La nationalit citizenship fut octroy e aux Portoricains en 1917 dans des circonstances de toute vidence li es la Premi re Guerre mondiale recrutement des jeunes gens portoricains par les forces arm es En d pit des droits citoyens que cette nationalit a apport les Portoricains sont devenus un groupe colonial racialis au sein des Etats Unis en ne b n ficiant que d une citoyennet de seconde zone Pourquoi les Portoricains subissent ils cette discrimination et cette marginalisation en d pit du fait qu ils poss dent la nationalit de la m tropole et les droits citoyens aff rents Pour r pondre cette question il faut remonter dans l histoire d s la naissance de la R pu blique am ricaine tre Am ricain sous entendait tre Blanc th me unificateur pour les immigr s europ ens d origines diverses Le mythe du melting pot fut domin tacitement ou explicitement par une ethnicit anglo saxonne Ainsi la race devint un
131. communautaires 59 14 Richard Pryce Stuart Hall John Western Christine Chivallon notamment 15 Christine Chivallon art cit 16 John Western Ambivalent Attachments to Place in London Twelve Barbadian Families Environment and Planning Society and Space n 11 1993 pp 147 170 17 Cf Christine Chivallon art cit et Les espaces de la diaspora antillaise au Royaume Uni Limites des concepts socioanthropologiques Annales de la recherche urbaine n 68 69 1995 pp 198 210 18 Paul Gilroy The Black Atlantic Modernity and Double Consciousness Verso Londres 1993 p 19 19 Christine Chivallon art cit s 60 de vie Ainsi il n est pas rare qu un itin raire biographique m ne l in dividu plusieurs conversions et reconversions religieuses Celles ci correspondent la recherche d un mieux tre ou d une r ponse un probl me donn maladie solitude qu te d un travail ou d une r us site professionnelle Les conversions peuvent avoir lieu au sein du christianisme par le passage dun mouvement un autre vang lisme pentec tisme glise adventiste ou du catholicisme vers l is lam ou le juda sme comme c est le cas pour plusieurs de mes interlo cuteurs Dans la mort l identil relation devient identil racine S agissant de l espace d immigration il ne semble pas tre v cu comme un lieu d attachement et d enr
132. conomique nord am ricaine notamment par le biais du dollar monnaie dominante L argent que les Cubains install s aux EI N 1237 Mai juin 2002 M tats Unis envoient leurs proches rest s dans l le constitue d sor mais une source principale de revenu pour le pays et en cela Cuba ne se distingue plus des autres pays de la p riph rie sud des tats Unis Certains chercheurs partant de cette configu ration r gionale particuli re postulent que les peuples carib ens ont historiquement une vocation privil gi e la condition diasporique autrement dit une forte tendance se disperser dans le monde tout en tissant des liens entre eux avec leur pays d origine ou bien en cultivant le souvenir d une commune origine africaine Puisque ces pays ont t en quelque sorte d mographiquement fabriqu s de toutes pi ces dans le contexte du capitalisme naissant on peut voir la r gion comme le lieu d une double diasporisation La Cara be crit Stuart Hall est d j la diaspora de l Afrique de l Eu rope de la Chine de l Asie de l Inde et cette diaspora s est rediaspo ris e ici en Grande Bretagne 49 Logiques diasporiques Il importe cependant d examiner de plus pr s le terme parfois galvaud de diaspora Dans quel sens pr cis les migr s carib ens regroup s dans des pays m tropolitains constituent ils des diasporas Cette ques tion soul ve beaucoup de
133. crit re central d inclusion ou d exclusion des droits li s l appartenance la communaut imagin e de la nation La classification sociale des peuples s est effectu e sous l h g mo nie des hommes blancs dans un processus historique de longue dur e caract ris par la domination colonialo raciale Comme le sou tient le sociologue p ruvien An bal Quijano propos des Am riques en g n ral les cat gories de la modernit telles que la citoyennet la d mocratie et l identit nationale ont t historiquement construites partir de deux oppositions constitutives travail capital et Europ ens non Europ ensC5 Les droits civiques politiques et sociaux que la citoyennet propo sait aux membres de la communaut nationale incluaient les classes travailleuses blanches mais les groupes colonis s internes rest rent des citoyens de seconde cat gorie C est ainsi que les luttes pour jouir des droits civiques ont t fond es sur la notion d galit et sur l id e d une pleine inclusion dans la communaut nationale Puisqu il est devenu gr ce au mouvement des droits civiques poli tiquement incorrect d articuler un discours raciste fond sur les ES M Diasporas carib ennes 24 Ibid 25 Benedict Anderson L imaginaire national trad La D couverte Paris 1996 original paru en 1983 26 An bal Quijano Colonialidad y Modernidad Racionalidad
134. ctif commun l mergence d une soci t mieux dispos e l gard des diff rences l gitimes Usages de la famille dans l enqu te sociale Il existe peu de recherches sur la vie familiale ou les syst mes de parent des Carib ens en Grande Bretagne ce qui est assez tonnant puisque les discussions politiques propos des probl mes scolaires d emploi de logement de rapports avec la police partent souvent de tel ou tel pr suppos propos de la famille ou des formes de parent des int ress s Plus que d autres les communaut s carib ennes ont t associ es des v nements publics dramatiques pr curseurs de changements dans la vie publique Les pires furent les troubles de Brixton pendant le week end du 10 12 avril 1981 D s les ann es cinquante ce quartier du Sud de Londres tait devenu la destination pr f r e des migrants carib ens une poque o son c l bre march tait anim par des Juifs qui avaient migr de l East End Brixton est devenue une zone de surveillance polici re excessive exerc e notamment l gard des jeunes hommes noirs On interpr te g n ralement ces v nements comme l entr e des jeunes noirs dans la vie publique britannique car ils ont pr cipit d autres v nements similaires Liverpool Man chester Birmingham et Bristol Ils ont attir l attention publique non seulement sur la surveillance polici re excessive mais aussi sur le taux ch ma
135. cts de 1965 1968 et 1976 donnent du travail lucratif bon nombre d avocats Le gouverne ment Blair a reconnu que en d pit du travail salutaire de certaines ONG et de certains organismes officiels les fonctionnaires qui tra vaillent dans ce domaine ont besoin d tre mieux form s juridiquement Le processus de migration vers la Grande Bretagne ainsi que les retours qui se d veloppent depuis la fin des ann es soixante impli quent peu d intervention tatique Mais il y a eu au moins un moment o les leaders des tats carib ens se sont sentis oblig s d intervenir dans les affaires britanniques lors des meutes de Notting Hill Londres de 1958 lorsque de jeunes hommes blancs ont tu des immi gr s noirs Ces violences constituent la toile de fond de la loi sur l im migration de 1962 texte qui a pos des limites draconiennes l immi gration des personnes de couleur De ces v nements est n la West Indian Standing Conference WISC organisme dont l objectif tait de t moigner des probl mes v cus par les Carib ens devant les autori t s et de promouvoir de bonnes relations raciales entre autochtones et immigr s EI M Diasporas carib ennes 5 Robin Cohen Frontiers of Identity the British and Others Longman Londres 1994 75 6 Manuel Castells La soci t en r seaux trad Fayard Paris 1998 vol 3 de La soci t de l information 7 Cf A Hinds Report on Organisa
136. cubaine en vigueur cette poque N 1237 Mai juin 2002 B Celia Aubourg Pourtant d s le mois de mai 1980 cette politique en th orie appli cable au 1 avril de la m me ann e va tre totalement remise en cause par le pr sident James Carter Sa c l bre formule il d sire accueillir les r fugi s cubains c ur et bras ouverts replonge in vitable ment la politique migratoire cubaine des tats Unis dans des consid rations id ologiques Pour faire bonne mesure face aux critiques l ad ministration Carter d cidera d accueillir les nouveaux venus en cr ant un statut sp cifique celui de special entrant les privant ainsi de cer tains des b n fices accord s aux personnes admises sous le r gime de la parole Leur situation sera toutefois r gularis e d finitivement par l Immigration Reform and Control Act de 1986 Des marielilos aux balseros vers la fin de l exception cubaine Comment d finir les objectifs strat giques du gouvernement des tats Unis l gard de Cuba depuis l installation au pouvoir de Fidel Castro en 1959 Ils se r sument principalement la volont de pr cipiter la chute d un r gime communiste dont la proximit g ographique faisait planer une menace de conflit sur la soci t am ricaine comme lors de la crise des missiles d octobre 1962 Mais les gouvernements am ri cains qui se sont succ d s depuis 1960 avaient aussi pour objectif
137. d autres mettent en place des r seaux d entraide transatlantiques Avec l ind pendance des tats carib ens dans les ann es soixante on a assist l mergence de l id e d unit r gionale tandis qu en Grande Bretagne d s la fin de la m me d cennie l id ologie du multi culturalisme s est substitu e la philosophie publique d assimilation Le multiculturalisme l gitime les diff rences et vise unifier Noirs Bruns et Blancs Black Brown and White au nom d une soci t plus M Diasporas carib ennes Les parents carib ens se plaignent des insuffisances du syst me ducatif britannique Ils ont cr des coles communautaires du soir pour les petits Antillais de Grande Bretagne 9 Harry Goulbourne Exodus Some Social and Policy Implications of Return Migration to the Caribbean Commonwealth in the 1990s Social Policy vol 20 n 3 77 10 R Jenkins Racial Equality in Britain in A Lester ed Essays and Speeches by Roy Jenkins Collins Londres 1967 11 Lord Michael Swann Education for All Report of the Committee of Inquiry in to the Education of Children from Ethnic Minority Groups HMSO Londres 1985 rapport Swann 12 Harry Goulbourne Ethnicity and Nationalism in Post Imperial Britain op cit Varieties of Pluralism op cit 13 Lord Scarman The Brixton Disorders 10 12 April 1981 HMSO Londres 1982
138. d une r elle volont politique Il suffit pour s en convaincre d observer les efforts d ploy s par le S nat pour amender la loi de 1996 qui pr voyait l origine l abrogation du Cuban Adjustment Act de 1966 afin d aligner la situation des Cubains N 1237 Mai juin 2002 M Anibal J Pella sur le droit commun Les s nateurs Graham Dole Mack et Abraham vont cette occasion convaincre leurs coll gues de conditionner la sup pression de la l gislation de 1966 l av nement d un gouvernement d mocratiquement lu Cuba amendement sera approuv par soixante deux voix contre trente sept et il figure aujourd hui en bonne place la section 606 de legal Immigration Reform and Immigra tion Responsibility Act de 1996 Dans leur argumentaire les s nateurs favorables cette mesure expliquaient notamment que les Cubano Am ricains m nent une existence prosp re et sont tr s patriotes et que la politique des tats Unis visant depuis trente ans accueillir ces Cuba ins consciencieux et amoureux de la libert a t une bonne chose pour la Floride et pour l Am rique l vidence une majorit d hommes politiques am ricains reste soucieuse de poursuivre une politique de confrontation avec l le de Cuba Une autre majorit peut tre un peu moins importante consi d re l accueil automatique des exil s cubains sur le territoire am ricain comme faisant partie int grante de cette p
139. d bats entre sp cialistes car la notion est aussi polys mique que les exp riences sont diverses Quelques auteurs comme Robin Cohen ont men assez loin l exp rience d une typologie des diasporas associ une d finition param tres multiples et g o m trie variableG Sans entrer dans le d tail il para t utile en abordant l histoire de la Cara be d tablir une distinction entre une d finition classique et plut t restrictive de la notion et une d finition plus ouverte La version classique partant notamment de l exp rience des Juifs ou des Arm niens souligne l id e d une dispersion provoqu e par un d sastre pers cutions guerres etc L esclavage des Africains dans les Am riques correspondrait cette d finition ceci pr s que les d racin s n appartenaient pas tous un m me peuple et qu il n y avait donc pas d unit ethnoculturelle au d part Ce n est qu en largissant la notion pour y inclure les flux migratoires massifs provoqu s par les vicissitudes du capitalisme moderne que l on parvient y int grer les migrations carib ennes du travail au XXe si cle L autre l ment cl de la d finition valable pour tous les cas d es p ce c est la notion de qu te d unit ethnique nationale ou reli gieuse qui peut aussi prendre la forme d une qu te du retour r el ou mythique au foyer originaire Il existe dans tous les cas comme l cri vent G r
140. d enfants carib ens confi s aux services sociaux ou lev s par un seul parent Si les troubles de Brixton constituent le mouvement de contesta tion le plus significatif de l av nement de la soci t multiculturelle en Grande Bretagne dans les ann es quatre vingt dix l v nement qui a le plus profond ment marqu l imaginaire public et le plus remis en cause l id e d un progr s lin aire vers une soci t plus juste et plus ouverte fut l affaire Stephen Lawrence Nous avons d j mis l hypo th se que les communaut s carib ennes ont pu braver des conditions sociales d favorables gr ce leurs r seaux familiaux et d amiti EI N 1237 Mai juin 2002 M l l affaire Lawrence constitue h las une parfaite illustration de cette hypoth se Le jeune Stephen Lawrence a t brutalement poignard en avril 1993 dans le quartier d Eltham Londres Sud sans avoir pro voqu personne Non seulement la police a refus de prendre des mesures rapides contre les jeunes gens blancs soup onn s mais le pro cureur de la Couronne a d cid qu il manquait de preuves pour les inculper et les juger Jusqu en 1999 des probl mes de relations raciales entre la police et les familles noires ont continu de s accu muler Il a fallu toutes les nergies des parents de Stephen ainsi que celles des groupes de solidarit toutes origines confondues pour obliger les autorit s ouvrir une nouvelle enqu te sur les fa
141. d enseignement et de recherche en sociologie universit de Caen doctorant en Sciences sociales l cole normale sup rieure Nantes bordeaux et la m moire de l esclavage Les deux grands ports n griers de l Ouest Nantes et Bordeaux portent la m moire du martyr noir Les fa ades les noms de rues de restaurants et plus r cemment les politiques municipales en t moignent Si la ville de Nantes a tent de rompre avec les silences coupables Bordeaux oscille toujours selon l auteur entre le silence et l allusion 1 P tr Grenouilleau Olivier Nantes au temps des n griers Hachette Paris 1998 p 254 2 Ce projet est pr sent dans L le de Nantes Le plan guide en projet ditions Memo 1999 et dans le n 100 de Nantes passion d cembre 1999 dit par la ville de Nantes 3 Lire le quotidien Sud Ouest Bordeaux lundi 29 juin 2000 S B Initiatives Du pass n grier nantais restent les fa ades des maisons bour geoises de l le Feydeau Que ce paysage urbain nous serve de le on crivait Olivier P tr Grenouilleau en conclusion d un ouvrage r cent La possibilit voqu e par le journal municipal Nantes passion en avril 2000 de la mise en place d un mus e national de l esclavage et de la traite n gri re sur l le Sainte Anne dans le cadre du projet de restructuration urbaine de l le de Nantes ou la manifestation Pour
142. dans la note 11 Dans les ann es quatre vingt dix de relever L enqu te est partie des r crimi l v nement qui a le plus nations exprim es par des parents carib ens profond ment marqu l imaginaire propos des insuffisances du syst me du public fut l assassinat de Stephen Lawrence catif anglais grand sujet de pr occupation depuis la fin des ann es soixante 9 Lorsqu elles ont pu en 1977 expri mer leurs frustrations devant le Select Committee sur les Relations raciales et l Immigration de la Chambre des communes l tat a com menc prendre la question au s rieux d o les deux c l bres rapports Il est int ressant de voir comment dans ces enqu tes la structure des familles carib ennes est pr sent e comme racine des probl mes sociaux Le rapport Rampton explique par le racisme les performances scolaires inad quates des enfants d origine carib enne mais ce facteur n est pas retenu comme le plus crucial puisque les enfants asiatiques sont pr sum s sujets un racisme tr s similaire L auteur se demande ensuite si l usage des langues cr oles carib ennes en famille peut exercer un effet n gatif sur le d veloppement des comp tences linguistiques des enfants facteur cart Les punitions corporelles subies par les enfants carib ens en famille leur manque de jouets et le faible niveau de parti cipation des parents la vie de l cole sont avanc s comme des explica ti
143. dans les d partements d Am rique une lourde responsabilit dans les difficult s que connaissent ces immigrants cara b ens l entr e comme durant le s jour qu ils y font Mais on ne peut pas pr tendre qu une telle politique et une telle police se d veloppent sur place dans une sorte de vide social et que les populations et les responsables locaux ne feraient que les observer de loin sans y prendre part Il para t bien au contraire qu ils y consentent dans une certaine mesure quand ils n en sont pas les complices actifs Ce fut le cas en Guade loupe lors d un v nement datant de l ann e 1979 voqu un peu plus loin quand des Guadeloup ens se transform rent en auxiliaires de fait de la police fran aise dans sa politique d expulsion d immigr s domi nicaisG Cela s est confirm r cemment dans les agressions phy ES M Diasporas carib ennes Le refus ancien d tre confondus avec des immigr s d origine trang re notamment africaine persiste encore chez bien des migrants antillais et guyanais 17 Voir sur ce point le court article que nous avons donn la revue du Groupe d information et de soutien des immigr s sous le titre Les migrations intracara b ennes l autre exclusion in Plein droit dossier Outre mer autre droit n 43 septembre 1999 18 On pourra galement ce propos lire avec int r t la lettre que le maire de Saint Martin
144. de Puerto Rico Rio Piedras 1994 99 31 Ram n Grosfoguel Frances Negr n Muntaner and Chloe Georas Beyond Nationalist and Colonialist Discourses The Jaiba Politics of the Puerto Rican Ethno Nation in F Negr n Muntaner and Ram n Grosfoguel eds Puerto Rican Jam Rethinking Colonialism and Nationalism University of Minnesota Press 1997 32 Arjun Appadurai Modernity at Large University of Minnesota Press 1996 33 Linda Basch Nina Glick Schiller et Cristina Szanton Blanc Nations Unbound Transnational Projects Postcolonial Predicaments and Deterritorialized Nation States Gordon and Breach Publishers Amsterdam 1994 34 Ram n Grosfoguel Frances Negr n Muntaner and Chloe Georas op cit 35 Depuis 1952 Porto Rico poss de le statut d tat libre associ statut unique en son genre C est un territoire li aux tats Unis par une Constitution commune et incorpor dans le syst me f d ral sans y tre repr sent lectoralement Les Portoricains demeurent citoyens des tats Unis ne paient pas l imp t f d ral sur le revenu mais circulent librement entre l le et le continent N d T nale portoricaine font d sormais l objet d un consensus id ologique entre toutes les forces politiques L exp rience migratoire on le voit a transform les migrants en porteurs d identit s nouvelles hybrides syncr tiques D sormais les discou
145. de travailleurs agricoles en 1946 17 Ram n Grosfoguel Migration and Geopolitics in the Greater Antilles From the Cold War to the Post Cold War Review Fernand Braudel Center vol 20 n 1 1997 pp 115 45 18 Ram n Grosfoguel World Cities in the Caribbean The Rise of Miami and San Juan Review vol 17 n 3 1994 pp 351 381 19 Jorge I Dom nguez Cooperating with the Enemy US Immigration Policies toward Cuba in Christopher Mitchell ed Western Hemisphere Immigration and United States Foreign Policy Pennsylvania State University Press 1992 Ram n Grosfoguel World Cities in the Caribbean 20 Ram n Grosfoguel Migration and Geopolitics 95 21 Ibid 22 Sherri Grasmuck and Ram n Grosfoguel Geopolitics Economic Niches and Gendered Social Capital Among Recent Caribbean Immigrants in New York City Sociological Perspectives vol 40 n 3 1997 pp 339 363 23 Ibid 96 Les migrants portoricains ont souffert de logements insalubres et surpeupl s d un manque de soutien institutionnel l cole et de pi tres services de sant mod le d industrialisation s accompagnait d une politique d encoura gement des d parts vers le Nord afin de diminuer les tensions sociales dans l le en se d barrassant d une partie des ch meurs Une telle politique a donn lieu la premi re migratio
146. des bases d j bien tablies par les pr coces Race Relations Acts de 1965 et 1968 C est avant la fermeture des fronti res de 1962 que les Antillais viennent s installer au Royaume Uni de 1948 1962 on compte 260 000 arriv es Environ 60 d entre eux sont d origine jama caine cette p riode la provenance depuis les Antilles domine les autres flux migra toires venus de l Inde ou du Pakistan Apr s 1962 la situation s inverse La migration devenue essentiellement familiale ne concerne plus jusqu en 1974 que 68 400 Antillais alors qu elle est devenue beau coup plus importante depuis le sous continent indien ce qui est mettre directement en lien avec la souplesse des structures familiales antillaises favorable aux projets de migration individuels ou restreints quelques membres d une m me cellule familiale Au total la popula tion dite Black Caribbean atteint aujourd hui presque 500 000 per sonnes toutes g n rations confondues migrantes ou n es au Royaume Uni Cette pr sence antillaise reste li e la composante jama caine de loin la plus importante S gr gation sociale L hostilit rencontr e par les migrants et leurs descendants est tr s vive surtout au cours des ann es soixante et soixante dix la lutte contre le racisme ayant depuis cette p riode r ussi rendre les rela EI N 1237 Mai juin 2002 M l IM m dia tions sociales non pas galitaires mais moins sujet
147. des commissions d enqu te taient selon leurs crit res propres sensibles aux objections que l on pouvait leur faire propos de leur mani re de pr senter la famille carib enne Parmi les grandes conclusions du rapport Scarman on rel ve le fait incontest qu entre les ann es qua rante et soixante et au del les parents carib ens devaient lever leurs enfants sans l aide de la famille largie une forme de solidarit tr s pratiqu e dans les pays d origine En Laurent Chivallon Le march carib en de Brixton Londres Tandis que les Jama cains se sont plut t install s dans les quartiers londoniens au Sud de la Tamise Brixton ceux de la Barbade se retrouvent au Nord Notting Hill 80 Grande Bretagne non seulement ce soutien tait absent mais les m res devenaient souvent des salari es absentes du foyer familial Leslie George Scarman ne formule pas des reproches aux participants des troubles sans pr c dent de Brixton mais sa description des conditions de la vie familiale est partie int grante d une analyse globale propos e comme le contexte des v nements On y trouve une corr lation implicite entre la structure familiale et les troubles L auteur fait par exemple tat d indices statistiques des changements destructeurs survenus dans la famille cause des nou velles circonstances de l immigration et signale le nombre dispropor tionn
148. des mouvements sociaux de port e nationale comme ceux de la lutte contre la pauvret ou pour la d fense des droits des ch meurs et internationale comme les mouvements de lutte oppos s la mondia lisation lib rale ou de solidarit avec les combats de diff rents peuples du tiers monde Et ce en ce qui concerne ces derniers mouvements m me quand une certaine proximit g ographique historique et cultu relle des Antillais et des Guyanais ces peuples comme c est par exemple le cas pour le peuple ha tien laisserait attendre une plus grande implication de leur part Dans ces conditions il nous para t douteux que l on puisse se r jouir de ce que le recul de l assimilation nisme traditionnel des originaires des Dom explique comme on le dit souvent le relatif fl chissement du refus premier de ces derniers d tre consid r s comme des immigr s si en m me temps le sur EI N 1237 Mai juin 2002 M gissement de la fiert identitaire d tre antillais ou guyanais qui est corr lative de ce recul doit les s parer tout autant mais pour un autre motif de toutes les autres composantes de la soci t o ils vivent y compris les immigr s d origine trang re Il est une autre indication du danger de l enfermement identitaire qui nous pr oc cupe celle qui nous vient de la connaissance des discriminations et des violences que doi vent affronter dans des d partements fran ais d Am rique les
149. diaspo riques et transnationaux qui annoncent la fin de l appartenance nationale telle que nous la connaissons Tout cela la fois Quant aux autres peuples carib ens la forme diasporique de leur pr sence aux tats Unis n est pas incompatible avec une r elle incor poration dans la vie publique du pays d accueil le cas des Dominicains tant le plus loquent James Cohen p 82 Agust n La Montes p 110 sugg re quant lui que la latinit r f rence ethnique contenu tr s variable est un vecteur parmi d autres d une conscience politique fortement enracin e dans l histoire des luttes syndicales et politiques de l espace nord am ricain Le pr sent dossier n a aucune pr tention l exhaustivit citant des exemples fran ais britanniques et nord am ricains il n glige pour des raisons videntes d espace d autres pays m tropolitains mar qu s par les parcours diasporiques les Pays Bas l Espagne et le Canada ainsi que d autres pays de la Cara be au sens large Guyane Surinam N anmoins il fera avancer coup s r un d bat d j entam parmi les sp cialistes mais par nature ouvert tous sur les formes de citoyennet et d action citoyenne que les Antillais ou Carib ens peuvent exercer dans les soci t s m tropolitaines aujourd hui lt Dossier Des am riques noires n 1213 mai juin 1998 A PUBLI gt Dossier Fragments d Am riqu
150. drait il aussi revenir au rastafarisme au reggae et tout ces m langes de codes qui se logent dans bien d autres expressions de la culture antillaise pour comprendre qu il n y a pas qu une mani re pure et dure de faire la communaut Il y a aussi les possibilit s immenses qu offrent la diversit et le m tis sage quitte ne pas toujours para tre Un et Uni une mani re d tre que les Antillais ont peut tre invent e face la violence des planta tions esclavagistes et reconduite dans la migration en r ponse la nouvelle assignation raciale impos e par la soci t britannique lt Alec G Hargreaves La politique d int gration au Royaume Uni A D Dossier D tours europ ens n 1193 d cembre 1995 A PUBLIE M Diasporas carib ennes 69 Familles carib ennes en Grande Bretagne Colonis s hier membres du Commonwealth aujourd hui les Carib ens ont fourni probl mes et solutions aux questions soulev es par la diversit culturelle au Royaume Uni Tirant les le ons de drames symboliques la Grande Bretagne a depuis les ann es soixante dix cart le dogme de l int gration dans le discours public au profit de celui de la diversit Les ann es quatre vingt dix marqu es par l assassinat raciste d un jeune carib en Stephen Lawrence ont la fois mis en cause la justice britannique et r v l la place de la famille au c ur des r seaux d entraide carib ens
151. e n 1162 1163 f vrier mars 1993 12 N 1237 Mai juin 2002 B The Justo A Marti coll cf p 117 L volution au XX si cle du syst me d mographique et migratoire carib en Dans la Cara be 37 5 millions d individus sont diss min s sur une centaine d les Leurs nombreuses migrations au sein du bassin comme vers leurs m tropoles sont le produit de plus de trois cents ans d histoire commune La fin de l esclavage la construction du canal de Panama le d clin de l conomie de plantations alli une explosion d mographique ainsi qu une relative libert de circulation au XX si cle ont encourag les mouvements migratoires jusqu au milieu des ann es quatre vingt avant de tendre vers un quilibre encore pr caire Les pays de la Cara be insulaire ont connu au cours du XXe si cle une conjonction de facteurs d favorables la stabilisation de leurs populations la crise profonde de l conomie de plantation l explo sion d mographique la d colonisation les besoins en main d uvre des pays industrialis s puis la r volution des transports a riens et la mobilit croissante des populations le d veloppement de l conomie de transferts la croissance des populations flottantes li e aux activit s de services touristiques Longtemps analys comme un r servoir in puisable de main d uvre qu auraient utilis volont les anciennes m tropoles coloniales en f
152. e Cubano Am ricains pour tenter de satis faire les nombreux adversaires de la politique du deux poids deux mesures en faveur de l immigration cubaine adversaires qui vont des communaut s afro am ricaine et ha tienne de Miami jusqu aux acti vistes de la FAIR Federation for American Immigration Reform Quand la tradition de l affrontement prend le pas sur la volont politique La tendance g n rale en mati re migratoire qui est la restriction se confirme par la promulgation au mois de septembre 1996 de l Zllegal Immigration Reform and Immigrant Responsibility Act Public Law 104 208 Parmi les principales mesures de cette loi on rel vera la d tention syst matique des trangers entr s sans documents l gaux aux tats Unis l gislation s appliquant galement aux demandeurs d asile dans l attente d une r ponse des services de l immigration et l acc l ration des proc dures d expulsion Mais l encore les fonction naires de l INS peuvent en toute discr tion d cider de l octroi d une lib ration conditionnelle pour des raisons humanitaires d urgence ou dans l int r t public g n ral Ce cas de figure reste majoritaire s agissant des ressortissants cubains En d pit des actions entreprises en 1995 une exception cubaine perdure bien dans la politique migra toire am ricaine m me si elle para t davantage r sulter aujourd hui d une tradition historique que proc der
153. e Jama cains de Por toricains et de Cubains ont t employ s pour effectuer des travaux agricoles ou subalternes dans le cadre de l effort de guerre ainsi en 1920 il y avait environ 35 000 migrants de la Cara be anglophone dans la ville de New York N 1237 Mai juin 2002 B Pendant les vingt cinq ann es suivantes 1920 1945 les flux ont diminu en r ponse notamment aux revendications des syndicats am ricains et suite la Grande d pression puis la Seconde Guerre mondiale Un r sultat de cette diminution fut que des minorit s internes des tats Unis en particulier les Noirs am ricains du Sud mais aussi les Portoricains citoyens am ricains depuis 1917 sont devenus la principale source de main d uvre bon march pour le com plexe industriel du Nord Est et de New York en particulier La loi sur l immigration de 1924 en limitant la migration euro p enne a acc l r l arriv e de nombreux Portoricains New York Tan dis que les travailleurs d origine europ enne connaissaient une mobi lit sociale ascendante les emplois industriels bas salaires notamment dans le secteur de la confection ont t abandonn s aux minorit s racialis es Pendant les ann es vingt et trente les Afro Am ricains sont devenus la principale source de main d uvre bon march de ces industries New York les Portoricains la deuxi me avec 30 000 arriv es dans les ann es vingt Cela a engendr de not
154. e ou l absence d une communaut ethnique organis e qui faci lite l int gration socio conomique La combinaison de ces variables d termine diff rents types d incorporation dans le march du travail Il importe cependant d inclure dans la notion de contexte de r cep tion une dimension strat gique rendant compte des grandes options de la politique trang re tatsunienne car chaque groupe doit tre situ dans le contexte des rapports entre son territoire d origine et les tats Unis Par exemple la relation a t elle comport historiquement des interventions militaires directes ou bien l tat en question est il d une importance secondaire pour Washington Ce facteur exerce une influence 1 sur les origines de classe et sur les niveaux scolaires des migrants 2 sur les politiques d incorporation de chaque groupe 3 sur les perceptions de ces migrants par l opinion publique Ces trois facteurs affectent leur tour les modes d incorporation dans le march du travail La composition ethnoraciale du groupe migrant est galement cru ciale pour comprendre le contexte de r ception Certains en particulier ceux venus d Europe sont repr sent s comme Blancs tandis que EI M Diasporas carib ennes par Ram n Grosfoguel professeur d tudes ethniques universit de Californie Berkeley 1 Alejandro Portes et J zsef B r cz Contemporary Immigration Theoretical Perspectives on it
155. e pour beaucoup mais pas seulement En effet le personnage m me du sociologue devient attachant il n est plus fig dans ses certitudes il doute h site reconna t ne rien comprendre au contenu d une lettre du po te Jean Luc Godard Le contraire du mandarin inaccessible Ses digressions de pr cision en pr cision montrent une pens e en constante volution le contraire d un dogme absolu sans retour Certes il reste le ma tre mais m me lorsqu il prodigue ses conseils ses disciples il semble s adresser une autocritique implicite La sc ne o il pr vient Lo c Wacquant sp cialiste de la politique s curitaire du mod le lib ral p nal am ricain contre les lourdeurs sociologiques est de ce point de vue g niale Quand Bourdieu dit bon a va on a compris pas la peine d en rajouter on croit r ver Les conseils qu il prodigue propos du proces sus d criture dont la fragilit est connue de tous les scribes petits ou grands est touchante mouvante Ainsi lorsque Bourdieu demande sans cesse quelle heure est il ou conseille de noter le soir la transition qui permet de reprendre le fil des id es de la r daction du lendemain il para t sinc rement le contraire du mandarin inaccessible Finalement il nous ressemble Volontairement ou non la distance critique est incarn e dans le film de Pierre Carles par les jeunes du Val Fourr Mantes la Jolie Si les groupie
156. e pour tous les Antillais install s aujourd hui en Grande Bretagne Pour eux il est plus juste de faire d buter l exp rience migratoire au cours des ann es cinquante lorsque vont s tablir ces grands flux entre la Cara be et l Europe amenant des milliers d Antillais vers une desti nation qui se r v lera vite bien en de des espoirs qu elle avait fait na tre Le sch ma est classique La situation dans les les offre un profil bien connu travers toute la r gion La vieille conomie de plantation est incapable de satisfaire les exigences de modernisation du grand capi talisme international Quant la petite agriculture vivri re d velopp e depuis l abolition de l esclavage par la paysannerie noire elle ne cesse d tre fragilis e du fait de l in gale r partition des terres en Jama que par exemple 70 de propri taires ne contr laient en 1960 que 13 des terres cultiv es L norme pression d mographique sur les minuscules lopins de terre favorise ainsi la polarisation urbaine et la formation des fameux ghettos de Kingston depuis lesquels s expriment d s les ann es trente les mouvements de contestation li s au rastafarisme ce cou rant de pens e politico religieux tellement fascinant par son c t baroque qui sur fond musical de reggae d nonce l oppression de la Babylone blanche et pr ne le retour vers l Afrique natale Le mirage d une m re patrie id alis e
157. e tr pass est enterr ailleurs il semble que son me soit dans l incapacit de trouver son chemin celui qui la m nera au panth on familial au statut d esprit bienveillant au statut d anc tre Ce retour n cessaire la terre natale au sens figur comme au sens propre il s agit d tre enterr en Guadeloupe et donc d int grer la terre guadeloup enne est explicitement mis en valeur dans le troisi me type de discours Je suis n e l bas je veux tre enterr e l bas o j ai pris naissance Cependant certains d funts ne peuvent regagner leur terre d ori gine Il s agit de ceux dont les corps portent les empreintes de certaines maladies socialement stigmatis es et per ues comme d gradantes pour l ensemble du groupe familial comme le sida Il convient en effet de pr ciser que les individus porteurs du virus VIH ont subir une forte discri mination et un puissant rejet social en Guadeloupe comme dans la population guadeloup enne de m tropole Par cons quent ceux qui se savent contamin s pr f rent le plus souvent taire leur tat et ils vivent leur maladie dans l isolement Ce premier niveau d exclusion sociale pr c de la mort biologique mais le corps du d funt ne pourra tre enseveli il sera incin r La cr mation pratiqu e la demande du malade ou M Diasporas carib ennes 7 Catherine Beno t ibid 8 St phanie Mulot Je suis la m re je suis le p
158. eaist Tandis qu en Grande Bretagne il est FOGRIES a TONEMENNESTEN important pour les Carib ens de chercher les possibilit s de participation des Carib ens se forger une identit ethnique distincte la vie conomique et sociale dans la r gion elle m me cela semble moins n cessaire dans la mesure o les personnes d origine africaine consti tuent d j une majorit d mographique et affirment leur pr dominance culturelle Si en Grande Bretagne les personnes d origine carib enne ou africaine tissent de nouveaux liens ethniques dans la Cara be ce sont plut t les groupes issus du sous continent indien qui affirment leur diff rence vis vis d une majorit ethnoculturelle noire En Grande Bretagne la majorit des personnes d origine cari b enne se r f re un h ritage africain ancien mais tout en tant davantage consciente de ses liens avec la soci t britannique Si les Carib ens ont t oblig s de se forger une nouvelle identit c est parce que leur accueil a t bien des gards n gatif Tout en jouissant des droits formels du citoyen le vote la nationalit etc ils s esti ment largement exclus du sentiment d appartenance nationale ainsi que d une participation active sur un pied d galit aux institutions cl s de la nation britannique C est ainsi que les communaut s d ori gine carib enne en sont venues d finir une conscience commune de ne leur r gion d origine et
159. ence Africaine Paris 1975 86 d terminant dans la tr s probl matique reconstruction d Ha ti depuis la fin de la dictature duvali riste l entr e des Ha tiens sur la sc ne politique du pays d accueil a t du fait m me de cette forte activit diasporique frein e Des identit s hybrides Que signifient ces pr sences denses et multiformes de certains groupes issus des migrations carib ennes R pondre cette question c est comprendre ces pr sences dans le contexte historique tout en les situant dans celui du mod le d int gration propre aux tats Unis M me si l espace g ographique de la Cara be appara t comme singu li rement fragment puisqu il s agit de petits pays insulaires ayant connu diverses formes de tutelle coloniale et de d colonisation peupl s de descendants de plusieurs r gions du monde la r gion Cara be forme n anmoins certains gards un tout g opolitique et g oculturel intelligible Les colonies tablies par des puissances europ ennes Espagne France Grande Bretagne Pays Bas Danemark ont jou un r le particulier dans la formation d un capitalisme mondialisant partir du XVIe si cle Dans ces territoires les indig nes n ont pas surv cu une exploitation intense proprement g nocidaire si bien que les peuples qu on appelle aujourd hui carib ens sont tr s composites constitu s partir de diasporas coloniales anglaise fra
160. ences politiques Ce sont sur tout ces derni res qui nous int resseront ici mais pour les comprendre dans leur contexte socio historique il est bien s r impossible de faire abstraction de la dimension culturelle De ce c t l une distinction s impose entre les cultures expres sives populaires et les formes plus cultiv es de la cr ation artis tique et litt raire mais dans les deux domaines des Carib ens de diverses origines ont laiss une empreinte durable sur la soci t nord am ricaine Il suffit de penser aux diff rentes formes de la culture musicale afro carib enne et hispano carib enne qui ont marqu la sc ne nord am ricaine On peut comprendre le reggae comme une expression parmi bien d autres d une diaspora noire du monde atlan tique Les musiques hispano carib ennes cubaines portoricaines dominicaines qui s imposent de plus en plus aux tats Unis et pas seulement parmi les hispanophones sont n es bien souvent de pro cessus de cr ation transnationaux et connaissent comme le reggae et ses d riv s une diffusion qu il serait plus juste de d crire comme mondiale La ville de New York fonctionne depuis longtemps comme le carrefour m tropolitain o se rencontrent les divers peuples cari ES M Diasporas carib ennes 2 Cf Agust n La Montes and Arlene D vila eds Introduction Mambo Montage The Latinization of New York Columbia University Press 2001 p 22 3
161. engagent que leurs auteurs Les manuscrits qui nous sont envoy s ne sont pas retourn s ISSN 0223 3290 Inscrit la CPPAP sous le n 55 110 Hommes amp Migrations est publi avec le concours de rysy Mirist re LA VILLE E 2 d 8 5 E 6 CCFD Bon de commande retourner h TE 7 ns 4 rue Ren Villerm 75011 Paris NOM A A R nn INN E e OORS Oe EINE a eee nn nn ne an nn nn Adresse Telephone niera nr nr en Ma en nn times Cochez les cases correspondant votre choix Reporter le montant TTC Qi Je m abonne pour un an 6 num ros D Je me r abonne abonn n Re Institutions biblioth ques entreprises France 56 40 tranger 75 40 Particuliers et associations France 48 70 tranger 67 80 L Je commande num ro O O i O Cochez les num ros command s sur la liste au verso 12 TTC Montant de la commande _ _ Pour l tranger compter 1 50 suppl mentaire de frais de port par num ro Montant total du r glement Je r gle ce montant Q par ch que bancaire ci joint l ordre du GIP ADRI Date Q par versement sur votre compte la Banque Martin Maurel 75008 Paris RIB n 13369 00006 60 555401026 25 A par mandat international Signature Important Pour nos abonn s l tranger
162. ent par des actions collectives que ce soit via des mouvements de d fense des victimes d abus policiers ou des droits des immigr s de protection des femmes contre la violence domestique ou bien dans un tout autre genre par des activit s ill gales comme celles de la bande des Latin Kings and Queens une des cibles privil gi e de la police de New York On observe aussi de multiples mouvements caract re diasporique comme ces courants de soutien qui se manifestent New York en faveur des travailleurs en gr ve en R publique dominicaine ou bien ces r seaux d entraide cr s par certaines communaut s ethniques transnationales EI N 1237 Mai juin 2002 M tels que celui des Indiens mixt ques situ s cheval entre Oaxaca Mexique et New York Dans le m me temps depuis Brooklyn et le Bronx des Garifunas du Honduras du Guatemala et de Belize unissent leurs efforts dans la construction d un mouvement Noir centre am ricain Cette ample gamme d actions engag es au nom de la latinit est tant t le fruit de la discrimination raciale des d s quilibres du pouvoir politique ou des in galit s sociales crasantes tant t le r sultat d une volont de s affirmer culturellement de projeter un pouvoir symbo lique ou de revendiquer une reconnaissance et un respect culturel C est enfin le moyen de forger des identit s de groupe Malgr la fragmentation et la dispersion ind niables de tels mou
163. ent dans tout le rhizome Rien de grave exhumons du manihot hopi pluchons le et appr tons le et laissons aux animaux de la for t qui en voudront bien du manihot utilissima H las non Ou plut t gr ce Dieu non S il ne fallait plus d jouer les ruses du paradis terrestre on s y ennuierait ferme Le distingu latiniste qui veille sous le lecteur m me le plus candide a en effet d j devin pourquoi le manioc amer a t baptis utilissima par ses minents confr res botanistes C est que tout simplement il est plus riche et nourrissant que son alter ego le doux et gentil manihot hopi qui pense na vement se prot ger avec une armure empoisonn e Mais aucune armure ne prot ge chacun le sait qui a un peu navigu Les le ons du paradis terrestre nous difient chaque jour et les r v lations qu il nous fait en donnant manger la cr ature humaine m ritent d tre comprises comme des enseignements d une vraie spiritualit Le manioc utile est en effet nourrissant et sucr en m me temps qu amer et empoi sonn C est le jeu subtil des go ts et l nigme de l existence On retrouve ce jeu dans l adage du Maghreb sur les trois verres de th la menthe pr par s dans une th i re en trois infusions successives La premi re est r put e tre pre comme la mort la seconde forte comme la vie et la troi si me suave comme l amour Pour le manioc cru c est un balancement de l amertume la dou
164. ent perturb et phy siquement d labr C est en effet le cas de Donato le cadet qui est le plus path tique Il est all d chec en chec et l exemple combatif de son fr re ne lui fait que mieux mesurer sa d ch ance M me un man uvre tunisien s apitoie sur son sort une possible r demption par la pizzica o il tait un as du tam bourin le meilleur espoir de la contr e sa liaison avec Teresa son unique amour il pr f re le d nigrement le laisser aller la fr quentation des voyous nantis ou minables qui l am neront sa perte et celle des tres chers Mais le film superbement inter pr t par des amateurs est le contraire d un lamento mortif re Le d vouement ultime d un fr re pour lautre projette sur toute l histoire une lumi re de renais sance et d espoir qui touche toute la r gion du Salento et ses habi tants indestructibles dans leur r sistance Musique lt N 1237 Mai juin 2002 Bi PUB PUB HER Romans Le rire orange Leone Ross Traduit de l anglais par Pierre Furlan Actes Sud 2001 317 pages 20 euros gt Dans un va et vient entre d mence et m moire Leone Ross jeune romanci re anglaise d ori gine jama caine retisse les fils d li cats et emberlificot s des mo tions De celles qui remontent loin dans l enfance et dont on ne peut jamais tout fait se d barrasser C est une plong e dans la folie
165. ers cas peut sembler inad quat il n en est rien D s lors que les immigrants carib ens dans des pays de la Cara be y voient leurs fa ons d tre et d agir ramen es des h r dit s de groupe particuli res paranatu relles les Ha tiens sont comme ceci les Dominicais sont comme cela il ne fait pas de doute que dans ces pays ils sont racis s et discrimin s en tant que tels Quatre colonies devenues d partements en 1946 D s le d but de la colonisation au XVIIe si cle tous les habitants de Guadeloupe de Guyane et de Martinique y compris les esclaves sont cens s et r put s naturels fran ais selon les termes d un dit royal de 1664 Alors que l esclavage a t aboli en 1848 la Ille R publique leur garantit la fin du si cle dernier la citoyennet fran aise avec le plein exercice des droits d mocratiques qui lui sont associ s et notamment la repr sentation parlementaire Ce mouvement d assimilation politique sera parachev en 1946 avec l rection des quatre vieilles colonies Guadeloupe Guyane Marti nique et R union en d partements de la R publique fran aise Quel que soit leur statut politique dans leur pays de r sidence tous ces groupes connaissent des difficult s comparables et leur tour les pays d o proviennent les immigr s carib ens marginalis s dans les m tropoles europ ennes et nord am ricaines sont des lieux o d autres im
166. es m dias sur le mode qui tes vous d o parlez vous en rappe lant sans cesse que les classes domin es ne parlent pas elles sont parl es domin es jusque dans la production de leur image sociale de leur identit sociale Elles sont expos es devenir trang res elles m mes Le 23 janvier 1996 Bourdieu participe Arr t sur image l mis sion de d cryptage des m dias de Daniel Schneidermann sur la Cinqui me Mais cette exp rience tourne au fiasco ce qui l am ne conclure La t l vision ne peut pas critiquer la t l vision parce qu elle utilise les m mes dispositifs Le 15 mai de la m me ann e Paris Premi re diffuse en deux parties de cinquante minutes une conf rence exposant ses th ses sur la t l vision La cha ne du c ble a acc d ses conditions il plaque ainsi le format de sa discipline sur l mission ce qui donne un tr s mauvais r sul tat t l visuel Il donne l impression de confondre cours magis tral par visioconf rence pratique laquelle il est par ailleurs rompu dans le cadre d interventions internationales avec ses audi toires am ricains et communication t l visuelle Il laisse m me penser qu il m conna t l objet de son tude la t l vision Pierre Carles documentariste iconoclaste qui a tudi Bourdieu la facult et a fait un d but de carri re la t l vision avant de remettre en cause lui aussi les connivences entre l
167. es et une femme ne sombre jamais dans le mis rabi lisme il garde jusque dans les pisodes les plus tragiques des l ments d aventure Ne sont pas davantage absents la soif de conna tre le go t du risque ou l irr sistible attrait d un parcours initiatique Le rire peut m me relayer l motion sans que jamais B Cin ma nous chappent l injustice des d s quilibres mondiaux la cruaut ou la rapacit des hommes d s qu ils d tiennent une parcelle de pouvoir le rempart efficace des solidarit s contre l adversit Malgr tous ces attraits la pro duction et le tournage d un tel film taient hauts risques Il est des sujets qu on pr f re pas ser au rouleau compresseur de l information d actualit Et le public n aime pas tre durable ment bouscul dans ses convic tions ou ses doutes On doit donc f liciter ceux qui permirent au film d exister en l occurrence les mousquetaires de Vertigo Pro ductions A ssa Djabri Farid Lahouassa et Manuel Mutz qui n en sont pas leur premier coup d clat Sujet br lant et casse figure casting d inconnus condi tions de tournage difficiles seu lement au Maroc en raison des susceptibilit s et de l ins curit r gnant ailleurs confiance faite un d butant pour mener bien l aventure Pari gagn On en est fier pour eux lt Jeunesse dor e Film fran ais de Za da Ghorab Volta gt Ceux qui avaie
168. es journalistes et 139 le pouvoir dominant dans Pas vu pas pris essaie dans un premier temps d obtenir un temps d antenne assez long en direct du c ur du syst me de fa on ce que le sociologue ne soit pas inaudible Peine perdue Il se d cide alors r aliser un film suivant Bourdieu la trace pendant pr s de C est AAT trois ans Pour filmer La sociologie est un sport de pas Dieu cest Bourdieu f combat Pierre Carles a chang son fusil d paule lance un jeune avant de se livrer Il ne cherche plus pi ger son personnage il l ac une tr s longue tirade sur le bradage compagne au travail Millau pour le rassem des banlieues d sert culturel sans espoir blement de soutien Jos Bov au bureau au comit de r daction avec ses coll gues des di tions Liber raisons d agir etc Il ne fait pas myst re de son adh sion au tra vail du sociologue Lui tudie les m canismes de domination Je me suis rendu compte que je pouvais les rendre visibles d clare Pierre Carles Lib ration le 30 avril 2001 Le documentariste rejette donc d embl e la pos ture objectiviste qui pr tend livrer le pour et le contre En revanche son parti pris volue avec une aisance et une sensation de libert par rapport aux pesanteurs de la discipline auxquelles l image de Bourdieu et de ses travaux renvoient habituellement La souplesse dans la mani re de filmer des questions ardues y est sans dout
169. es n interceptaient que 25 des bateaux ceux qui r ussissaient passer trouvaient s employer infor mellement comme jardiniers servantes et souvent continuaient vers la Floride ou parfois jusqu New York N 1237 Mai juin 2002 B C lia Aubourg Le cas des Portoricains migr s aux tats Unis et plus particuli re ment dans l tat de New York m rite une attention particuli re d envi ron moins 24 dans les ann es cinquante le taux d migration a chut 8 et 4 pour mille dans les ann es soixante et soixante dix devenant ensuite positif 1 9 o dans les ann es quatre vingt puis nouveau n gatif en 2000 2 1 Il faut noter que c est le seul pays du bassin cara be avoir connu une migration retour aussi intense et aussi pr coce Le sous Syst me migratoire des Ha tiens une situation atypique Dans le contexte de la r gion Cara be la migration des Ha tiens vers l tranger pr sente des aspects que l on peut qualifier d atypiques e c est une migration r cente sans r f rents historiques dont on peut situer le r el d marrage la fin des ann es soixante dix la dif f rence de l migration des autres Antilles commenc e partir des ann es cinquante EH M Diasporas carib ennes Ha tienne de Floride Aujourd hui cet tat am ricain s impose comme une nouvelle terre d accueil pour les migrations carib ennes 21 C y
170. es r ali t s l alternative d tre ici ou l bas se substitue l imp ratif de se penser d ici et de l bas De se construire sa nouvelle le de France antillaise Et parce qu elle est d j de longue date un lieu de m moire les nouvelles souches peuvent paradoxe y puiser mati re penser leurs multiples racines En convenir c est admettre aussi que ce nouveau territoire antillais a vocation bouleverser les sch mas de pens e les proces sus individuels et collectifs d identification les modes de repr senta tion de soi les strat gies culturelles et politiques de tous ceux qui se revendiquent comme Antillais Ici et l bas Avec le risque aussi que se fassent plus visibles et plus violentes les divergences d int r ts de strat gies de visions du monde peut tre entre ici et l bas La seconde cons quence de cet enracinement nouveau est qu il EI N 1237 Mai juin 2002 M modifie la dynamique des interrelations carib ennes Un bouleverse ment d autant plus vif que parall lement se modifient et se renouvel lent les territoires de l change Y concourent ceux qui en pareil transbord Londres ou New York et un degr moindre Amster dam y construisent eux aussi leurs nouveaux espaces carib ens Une nouvelle dynamique de la relation prend donc forme qui s ouvre de nouveaux r seaux de nouvelles fili res de circulation des biens et de
171. es spectacles de vari t s New York en 1955 r seaux transnationaux de migrants Il s agit non seulement des cercles familiaux mais aussi des liens associatifs souvent nou s par municipalit d origine commerciaux financiers et politiques Si ces r seaux concernent tous les pays de la Cara be une distinction s im pose toutefois entre tats souverains et territoires qui rel vent politi quement de leur m tropole Pour ces derniers avant m me de parler de r seaux transnationaux il faudrait d abord interroger le statut de la nation car ces groupes n articulent pas leurs identifications collec tives de la m me fa on que les citoyens des tats reconnus comme sou verains depuis un si cle ou deux m me quand il s agit de souverai net s limit es circonscrites notamment par les int r ts conomiques et strat giques nord am ricains cas de figure fr quent dans la Cara be e Entre plusieurs pays de la Cara be et les m tropoles se sont for g s des liens diasporiques d un autre type qui se nouent autour d af finit s culturelles communes on pense aux musiques afro cari b ennes latines afro latines aux carnavals voire la r f rence l Afrique comme source culturelle De tels ph nom nes mettent en relief le caract re transnational labile et hybride des pratiques cultu relles en question cette th se l anthropologue Dolor s Pouret
172. est culturellement influente et s implique dans les institutions gt La probl matique int gration des Portoricains aux tats Unis 91 Ram n Grosfoguel Bien que citoyens du pays d accueil et malgr la constitution de r seaux de solidarit les Portoricains ont d affronter une situation sociale et conomique difficile ainsi que l hostilit d une partie de l opinion publique gt Origines et devenir de la notion d exception cubaine dans la politique migratoire am ricaine 101 Michel Forteaux Attir s aux USA pour vider l le de ses cerveaux et fomenter la contre r volution les Cubains b n ficient d un r gime de faveur Mais depuis la fin de la guerre froide leur image positive de r fugi s politiques s est peu peu ternie gt New York et les avatars de l identit latino 110 Agust n La Montes L exp rience des immigr s hispano carib ens dans la ville globale de New York permet de comprendre comment les diff rentes fa ons de se r clamer de la latinit se sont forg es et comment elles continuent d voluer CHRONIQUES INITIATIVES Nantes Bordeaux et la m moire de l esclavage St phane Valognes MUSIQUES Les Noirs marrons de Guyane Ga l Planchet avec la collaboration de Emile Gana AGAPES la racine de la cuisine carib enne le manioc Marin Wagda M DIAS La sociologie est elle un sport de combat m diatique Mogniss H Abdallah CIN MA Le c
173. et de s gr guer la soci t Des projets associatifs comme les Transamazoniennes ou la cr ation en cours d un centre culturel de rencontre au sein du camp de la Transpor tation l ancien bagne de Saint Laurent du Maroni et les deux plates formes associatives l une pour la ville de Saint Laurent l autre pour toutes les autres communes de l Ouest guyanais permettent de pr sen ter la Guyane comme un ventail de couleurs de teintes et de sons Musiques et danses traditionnelles des marrons Les Noirs marrons ou bushineng s Noirs de la for t vivant sur le fleuve Maroni sont essentiellement issus des ethnies Djuka et Aloukou galement connues sous les noms de Boni et Paramaka Ils sont enfants de la for t amazonienne libres secrets mystiques et surtout en parfaite harmonie avec leur m re nature Dans leurs veines coule le fleuve Maroni plein de l histoire de leurs anc tres ayant fuit l esclavage afin de garder leur dignit Ayant brav les dangers de la for t et du fleuve des g n rations de Noirs marrons ont r ussi atteindre un certain accord d harmonie avec ces deux l ments Vol s l Afrique comme le chantait si bien Bob Marley ces enfants aux c urs de tam bours devenus experts de la navigation dans les nombreux sauts rapides du Maroni et de ses affluents savent en utiliser toutes les ressources La tradition orale des Noirs marrons conte certaines histoire
174. ette situation comme certains sociologues lont fait cette caract ristique tout fait particuli re de la soci t britannique en octroyant effectivement l galit des droits entre migrants et autochtones elle r ussit placer le sentiment national au dessus de l exercice de ces droits comme si tre britan nique relevait d une origine sacr e ayant peu voir avec une partici pation ordinaire la vie citoyenne mais seulement avec l h ritage ou l h r dit insulaire De l il est peut tre plus ais d avoir une id e claire de cette cat gorisation raciale qui heurte tant les esprits form s par l id ologie r publicaine universalisante La division entre Blacks et Whites fait ce point partie de la vision britannique du monde social qu elle figure comme cat gorie officielle du recensement Et comble d un certain paradoxe c est aussi cette cat gorisation qui sert de jus M Diasporas carib ennes cette population qui vit dans le quartier 1 C Neveu Communaut nationalit et citoyennet De l autre c t du miroir les Bangladeshis de Londres Karthala Paris 1993 65 Londres dans les locaux du journal Black Voice 66 tification une action inverse celle dont elle tire son origine la lutte institutionnalis e contre le racisme in gal e en France et men e en premi re ligne par la Commission for Racial Equality cr e en 1976 sur
175. eux obstacles majeurs les limites de la production industrialis e dues la concentration des terres et l insuffi sance de moyens techniques les tensions sociales et la remise en cause du syst me esclavagiste l exception de Cuba o la plantocratie resta farouchement esclavagiste et r ussit maintenir le commerce des EI N 1237 Mai juin 2002 M esclaves jusqu en 1868 le Trait de Vienne 1818 qui stipulait l arr t de la traite et le droit de perquisition des navires suspects marqua le premier tournant dans l volution de la main d uvre et de son utilisation dans len semble des Antilles L acquisition de laj libert pour les esclaves et donc le droit aux d placements avait rendu possible les mouvements entre les les Ils se d velopp rent d autant plus facilement que bon nombre d affranchis taient la recherche de terres acqu rir que la plupart des petites les ne pouvaient leur offrir Les grands planteurs provo qu rent en mettant en place un sys t me de travailleurs sous contrats pour remplacer la main d uvre esclave del nouveaux flux d immigrants en pro venance de l Inde de l Afrique de la Chine et de l Indon sie Vers 1830 apparurent les pre miers mouvements migratoires intra DR carib ens qui se transform rent en flux plus ou moins r guliers dans la seconde moiti du XIX si cle Le plus important concerna les originaires des Pe
176. fait d avoir discut directement avec les autorit s cubaines plut t que le fond qui est alors d nonc e par les manifes tants Un sondage diligent par le Miami Herald au mois de mai 1995 r v le que seulement 44 des Cubano Am ricains interrog s estiment que les tats Unis ont tort de renvoyer vers l le les Cubains intercep t s en mer m me si plus de 75 d entre eux jugent avoir t trahis par le pr sident en exercice Bien entendu la d cision de renvoyer ces personnes vers Cuba n aurait jamais t prise en p riode de campagne pour les pr sidentielles le vote cubano am ricain tant essentielle ES M Diasporas carib ennes 107 Manifestants cubains lors du sommet interam ricain de Miami en 1994 Sur la question migratoire le lobby cubano am ricain de Floride menace tous les quatre ans d influencer fortement l issue du scrutin pr sidentiel 5 Si Bill Clinton avait r ussi recueillir pr s de 40 des votes cubano am ricains en 1996 Al Gore n aurait convaincu selon des estimations publi es par le Miami Herald le 9 novembre 2000 que moins de 20 de la communaut cons quence probable du traitement de l affaire du petit Elian Gonzales par les autorit s f d rales un an plus t t 108 ment concentr en Floride un tat crucial dans la course la Maison blanche L administration am ricaine sut cependant profiter des h sitations d une majorit d
177. faut d autres solutions repr sentent ce qu ils trouvent le plus facilement Ces difficult s d acc s au march du travail ou celles li es la forte pr carit des emplois occup s ici ou l bas influent fortement sur les solidarit s familiales car les enfants demeurent plus longtemps la charge du foyer Cette r alit qui se v rifie des deux c t s de l Atlan tique change notablement la perception par ces jeunes du d s uvre ment en m me temps qu elle ajoute aux contraintes des parents des m res plus particuli rement Moins les enfants trouvent du travail plus les m res doivent s efforcer de re trouver s employer L analyse de l activit des Antillaises install es en le de France illustre parfaitement cette n cessit S il est d j extraordinaire de noter que leur taux d activit d passe celui des hommes franciliens il lest encore plus de constater qu il progresse jusque dans les tranches d ge les plus lev es ce point que la progression de l activit des Antillaises g es de 40 54 ans a partiellement compens les effets du ralentissement des arriv es nouvelles de jeunes venant des Antilles M Diasporas carib ennes 2 A M Fr aud L insertion professionnelle et l acc s l emploi des jeunes d origine trang re direction de la Population et des Migrations minist re des Affaires sociales Paris 1991 L tude portait sur un groupe de jeunes
178. ge lev les logements pr caires et la marginalisation g n rale des Noirs dans la soci t britannique L lite politique a t ainsi obli g e d inscrire l ordre du jour la question de la place des minorit s dans une nouvelle soci t post imp riale qui se voulait multiculturelle juste et d mocratique N 1237 Mai juin 2002 B Deux autres exemples importants montrent quel point l exp rience des familles carib ennes a influenc des domaines cl s de la vie nationale La commission Rampton 1981 et la commission Swann 1985 ont conduit des enqu tes sur l tat de l ducation dans une soci t autrefois homog ne 5 devenue l vidence diverse sur le plan culturel Le titre du rapport Swann tait particuli rement r v lateur cet gard Education pour tous Il s interrogeait sur le type d duca tion dont devraient b n ficier les jeunes dans une soci t multicultu relle Ses recommandations parfois controvers es furent largement ignor es par l tat mais les autorit s locales se sont souvent efforc es de les mettre en pratique avec intelligence et raison Le document c l brait la diversit et la pr sentait comme un d fi que le pays dans son ensemble se devait 15 A Rampton West Indian Children in our Schools Interim Report of the Committee of Inquiry into the Education of Children from Ethnic Groups HMSO Londres 1981 r f rence au rapport Swann
179. gent pas moins de 100 000 visas par an pour leurs ressortissants Faisant sien l argumentaire de certains R publi cains au milieu des ann es soixante l administration d mocrate est convaincue pour reprendre les termes de Richard Nuccio en 1995 que le prochain pr sident cubain se trouve Cuba Il s agit donc d en courager une r volte depuis l int rieur de l le plut t que de vider Cuba de ses forces vives Il serait bien entendu na f de consid rer cette nouvelle politique migratoire envers Cuba d un seul point de vue de politique trang re Des l ments de politique int rieure entrent en ligne de compte au moment o les partisans d une plus grande fermet vis vis des entr es ill gales se font entendre et alors que beaucoup s inqui tent d une hispanisation de la soci t am ricaine dans les d cennies venir Les contribuables et lecteurs am ricains sont d ailleurs de moins en moins nombreux faire la diff rence entre immigrants et r fugi s entre l gaux et ill gaux et encore moins entre les Cubains et les autres Latino Am ricains Au sein m me du fief de la communaut cubaine de Floride dans le comt de Dade la d cision de 1995 est loin de choquer les esprits Certes les Cubano Am ricains vont appeler la gr ve et manifester dans la rue mais leur mobilisation appara t plus de principe que d termin e faire revenir Bill Clinton sur sa d cision c est la forme le
180. gr menter les f tes L al k Nouveau style apparu dans les ann es cinquante l al k embellit la vie en commentant le quotidien toutes ces histoires simples pleines d habitudes de clins d il qui vont droit au c ur ce c ur qui bat comme un tambour On y parle de filles de gar ons d hommes de femmes d or de vie On se rappelle qu un jour sur le bord du fleuve Tapanahoni affluent suri namais du Maroni un homme And li chante dans une maison Une femme curieuse attir e par cette voix tr buche en franchissant le seuil de la maison Elle tombe devant le chanteur qui improvise aussit t une chan son Gons i qui devenue lons i baptise ce style de musique On se Bigi Ting une histoire de famille royale En 1991 l association Aids Guyane soutenue par l ethnologue Diane Vernon organise une campagne d information et de pr vention autour du sida sur le fleuve Maroni et en particulier dans la ville de Saint Laurent cette occasion un concours est propos aux groupes du secteur afin que chacun compose une chanson sur le sida et la pr sente lors d une grande journ e de spectacles dans le quartier de La Charbonni re Plu sieurs musiciens issus de diff rents groupes d al k s unissent sous le nom de Bigi Ting afin de r pondre la proposition Ils pr sentent la chanson Condoom et gagnent le concours ce qui les propulse imm diatement parmi les grands Di mo sa ki pass
181. h t rog nes Traditionnellement ils taient pour une bonne part le fait de jeunes adultes dipl m s dont le s jour tudes n est pas assimilable une migration de travail Au terme de leur itin raire m tropolitain leurs projets d insertion sont relativement clairs et ils disposent en principe des moyens de les concr tiser Mais si jusqu une p riode r cente ils avaient de r elles chances leur retour d occuper un emploi qualifi ou tr s qualifi dans les services publics ou priv s aujourd hui m me pour eux cette perspective s amenuise compter du milieu des ann es quatre vingt la d gradation de la situation conomique en m tropole a modifi la composition de ces flux de retours en acc l rant leur prol tarisation du fait de l augmentation de la part des migrants de faible qualification venus en m tropole cher N 1237 Mai juin 2002 B Amadou Gaye IM m dia cher un emploi ou une formation professionnelle et qui se retrouvent en situation d chec ceux l le s jour m tropolitain n aura t d aucun b n fice Leurs difficult s se r ins rer aux Antilles demeurent sup rieures celles prouv es en m tropole Il n est donc pas tonnant que les enqu tes men es sur place montrent parmi les migrants de retour une proportion de ch meurs gale la moyenne du d partement Cette r alit se double d une in galit entre les sexes les pers
182. heval de vent Fatma Fronti res Jeunesse dor e Le prix du pardon Sangue vivo Andr Videau LIVRES Le rire orange Sourires de Loup Abolir l esclavage une utopie coloniale Le Code noir ou le calvaire de Canaan Against Race Imagining Political Culture beyond the Color Line Apr s le colonialisme Les cons quences culturelles de la globalisation James Cohen Philippe Dewitte Abdelhafid Hammouche Mustapha Harzoune St phane Valognes 119 125 133 139 144 153 Diasporas carib en Basse Terre en Guadeloupe au d but du XX si cle S C est l poque o aux Antilles chaque d part chaque arriv e est occasion de liesse La foule se presse sur les quais et le Transatlantique est l majestueux qui berce de nouvelles illusions les candidats l migration Entre Cara bes et m tropoles parcours diasporiques et citoyennet s De France d Angleterre ou des Etats Unis les Carib ens entretiennent des relations tr s vari es avec leurs les d origine Tout aussi diversifi est leur degr d implication dans les soci t s d accueil examin es dans ce dossier Une ligne de force se d gage toutefois les liens transnationaux d une communaut structur e en diaspora Mais le d bat porte avant tout sur la place donn e par les m tropoles ces citoyens part par James Cohen d partement de Sciences politiques universit de Paris VIII
183. hite British et les Black British Cette cat gorie Black englobe et fond tous ceux qui issus de l immigration sont li s l histoire de l Em pire colonial et sont originaires principalement de la Cara be de l Inde du Bengladesh ou du Pakistan Il est bien s r essentiel de voir dans l existence d une telle cat gorie une repr sentation produite par la soci t britannique qui est loin de correspondre la mosa que cultu relle que forment les diff rents groupes de migrants au Royaume Uni Pour ceux qui viennent de la Cara be cette histoire semble avoir com menc anciennement si lon en croit le travail r alis par des historiens sur quelques villes portuaires comme Liverpool On retrouve dans des gazettes locales datant du XVIII si cle l annonce de ventes d esclaves pratiqu es aux abords du port Une communaut noire commence ainsi se constituer assez t t partir des trafics du commerce triangulaire Il est possible qu elle ait regroup des esclaves en fuite trouvant se cacher dans certains quartiers pauvres et surpeupl s de la ville cette poque certains planteurs antillais envoient galement leurs enfants n s d unions avec des femmes noires recevoir leur ducation en Angleterre EI N 1237 Mai juin 2002 M l Laurent Chivallon Quels que soient l importance et surtout le poids symbolique de cette histoire elle ne constitue cependant pas le point d origine d une filiation direct
184. icile d tre antillais en dehors des Antilles L assimilation inconsciente entre immigr s et trangers se retrouve galement dans les discri minations dont souffrent les uns et les autres Leurs conditions de vie dans nos banlieues leur acc s ou plus souvent leur non acc s au march du travail ainsi que le regard que porte sur eux la soci t globale font que les enfants d Antillais n s dans l Hexagone les Fran ais d origine trang re et les trangers sont bel et bien dans la m me gal re Pourtant ce sort partag n est pas si souvent synonyme de solidarit s effectives les Antillais ne veulent pas tre confondus avec les Africains et ils ont souvent c ur de se distinguer de tous les autres immigr s de leurs revendications et de leurs aspirations Mais le racisme au front bas lui ne fait pas la diff rence entre la carte d identit et le permis de s jour et les stigmatisations la raciali sation des minorit s les pr jug s et les discriminations de toutes sortes se conju guent pour laisser des populations enti res la porte de l eldorado La d mons tration est d autant plus parlante qu elle vaut aussi mutatis mutandis pour les citoyens am ricains que sont les Portoricains des tats Unis ou pour les Black Bri tish outre Manche Philippe Dewitte B Diasporas carib ennes 1 DOSSIER COORDONN PAR JAMES COHEN Diasporas carib ennes gt Des citoyens part enti re
185. iendra pas v ritablement sur cette disposition En revanche elle va inter venir pour freiner l acc s au sol de Grande Bre d sh rit du Inner London tagne des sujets ressortissants de l ancien empire colonial C est ainsi que d s 1962 le Commonwealth Immi gration Act vot dans un climat de tension sociale et raciale exa cerb par la mont e des mouvements d extr me droite dont l Union Movement d Oswald Mosley soumet les sujets britanniques au contr le d immigration La loi se fait plus subtile partir de 1968 pour exempter d un tel contr le les sujets pouvant attester d une ascendance directe avec une personne n e au Royaume Uni c est dire les Blancs vivant outre mer notamment en Afrique du Sud ou en Australie Les fronti res ferm es seuls les regroupements familiaux sont tol r s jusqu en 1971 date qui cl ture la p riode migratoire En 1981 le Nationality Act finit par ent riner cette distinction entre sujets nationaux et non nationaux laissant aux seuls premiers le pri vil ge de se d placer librement Si la plupart des migrants install s au Royaume Uni ont eu la pos sibilit d acc der cette nationalit britannique les distinctions introduites par la loi sugg rent n anmoins une diff renciation entre les citoyens selon qu ils sont n s ou non au Royaume Uni au point que certains ont pu parler de citoyennet de second rang ou deux vitesses On peut m me d duire de c
186. igine mais aussi pleinement ins r e dans la vie politique locale Des rangs des Cubains ont surgi depuis 1959 plusieurs maires de Miami et actuellement deux lus au Congr s e Les ressortissants de la R publique dominicaine sont non seule ment actifs dans un dense tissu de r seaux transnationaux familiaux conomiques politiques entre les tats Unis et leur pays d origine mais galement tr s investis dans la vie politique new yorkaise For tement concentr s dans le quartier de Washington Heights Manhat tan ils comptent depuis 1991 un conseiller municipal issu de leurs rangs ainsi qu un repr sentant dans l assembl e l gislative de l tat de New York e titre de contre exemple les Ha tiens font encore tr s peu par ler d eux dans la vie publique de New York ou de Boston ou de Phila delphie Si les r seaux transnationaux qu ils ont d velopp s sont consid rables et si l activit politique de la diaspora joue un r le ES M Diasporas carib ennes 9 Cf Un sacr bout de chemin d Andr Dimanche 2001 compte rendu dans H amp M n 1234 novembre d cembre 2001 10 Voir l excellent ouvrage de Winston James Holding Aloft the Banner of Ethiopia Caribbean Radicalism in Early Twentieth Century America Verso Londres New York 1998 Voir aussi l uvre compl te de Cyril Lionel Robert James Trinidadien d origine et intellectuel marxiste d une tr s grande originalit
187. ing taine d ann es Au d but des ann es cinquante les mouvements migratoires restent relativement n gligeables dans la Cara be tandis que l explosion d mographique en cours n est pas encore perceptible et que l loignement des m tropoles coloniales reste un handicap majeur Mais une d cennie plus tard l intervention directe des gouver nements des pays europ ens en pleine croissance industrielle et donc demandeurs de main d uvre organisa et conforta les flux naissants d migration carib enne leur donnant une ind niable assise r gle mentaire et administrative tandis que dans les les la pression d mo graphique croissante tait interpr t e comme un Le J EINE emg rafoire ph nom ne porteur d une situation sociale et poli carib en tend se stabiliser tique explosive connaissant des flux cette poque les niveaux de f condit enregis de r migration europ ens non tr s en milieu insulaire taient lev s sans pour n gligeables et se tourne largement autant atteindre les maximums observ s dans vers l A m rique du Nord d autres pays proches par exemple le taux de nata lit tait de 52 o au Venezuela en 1952 Ainsi la descendance moyenne atteignait au plus fort de la tendance entre 5 et 6 5 enfants par femme Les g n rations nouvelles devinrent chaque ann e plus nombreuses d terminant un rajeunissement rapide de la population dans les ann es soixante la moiti de l
188. ingents d immigrants portoricains qui ne sont pas comptabilis s en raison de leur nationalit am ricaine et les immigr s clandestins Torigine les communaut s cubaines install es Key West et Tampa avaient d velopp une industrie du cigare prosp re pendant la pre mi re moiti du si cle et amen nombre de travailleurs cubains en raison de la proximit des c tes apr s la r volution cubaine de 1959 les flux furent quasiment arr t s dans un premier temps puis devinrent rapide ment l immigration principale en Floride pendant les ann es soixante dix o ils repr sentaient 42 de l immigration l gale globale Avec la d cen nie quatre vingt ce pourcentage n tait plus que de 22 environ en raison de la tr s forte immigration latino am ricaine Colombiens et surtout Mexicains par le biais de l agriculture et des r coltes saisonni res Nica raguayens jouissant du temporary protective status vot par le Congr s am ricain en 1990 et Carib ens Ha tiens et Jama cains essentielle ment Mais il faut aussi voquer les nombreux migrants en provenance de Saint Domingue qui franchissaient les cinq cent cinquante kilom tres qui les s paraient de Porto Rico travers le dangereux canal de la Mona contre le vent et le courant pour tenter de trouver mieux que les trois dol lars par journ e de travail qu ils gagnaient chez eux Or les autorit s fron tali res portoricaines estimaient qu ell
189. io EI N 1237 Mai juin 2002 M Jo l F Volson IM m dia conomiques de la soci t de r sidence et ses processus de s gr gation Auparavant les Antillais leur volont de promotion Le second est celui qu oppose une philoso e ee phie de soci t fond e sur le mythe de la nation homog ne et la n ga l occupation d emplois tion des diff rences leur revendication d un droit l identit Si Publics Aujourd hui leurs enfants sont menac s chacune de ces revendications se heurte des obstacles ou des inter par la pr carit dits sociaux juridiques ou institutionnels le mod le dominant tient du march du travail pour plus inconcevable encore l nonc de front d une exigence de pro motion sociale et d une volont d expression culturelle sp cifique L s enracine l ambition d une nouvelle mani re de concevoir la citoyennet Celle o la diff rence affirm e ne serait plus corollaire d exclusion Ce qui impose chacun de ne jamais se faire alibi ou complice des pratiques de rejet de ces Autres qui on conteste la l gitimit jouir du droit commun Ambition qui rel ve non pas de la morale mais bien de l exigence politique Alors on aura garde d ou blier que tout jeune originaire des Antilles vivant dans une des ban lieues de l le de France est autant concern par le devenir du cousin aux Antilles que par l avenir du jeune d origine tr
190. ion University of California Press Berkeley 1992 Alex Stepick et Alejandro Portes Flight into Despair A Profile of Recent Haitian Refugees in South Florida International Migration Review vol 20 1986 pp 329 350 Nancy Foner West Indians in New York City and London A Comparative Analysis International Migration Review vol 13 n 2 1979 pp 284 297 Alejandro Portes and Robert L Bach Latin Journey op cit Silvia Pedraza Bailey Political and Economic Migrants in America Cubans and Mexicans University of Texas Press Austin 1985 13 Jos L V zquez Calzada Demographic Aspects of Migration in Centro de Estudios Puertorrique os Labor Migration Under Capitalism Monthly Review Press New York 1979 14 Ram n Grosfoguel Puerto Rico s Exceptionalism Industrialization Migration and Housing Development 1950 1970 th se doctorale Temple University 1992 Barry B Levine ed The Caribbean Exodus Praeger New York 1987 Centro de Estudios Puertorrique os Labor Migration Under Capitalism op cit 15 Alex Stepick et Alejandro Portes Flight into Despair op cit 16 Alejandro Portes et Robert L Bach Latin Journey op cit Silvia Pedraza Bailey Political and Economic Migrants op cit 94 dans les ann es quatre vingt De tels flux ont eu pour effet de r duire consid rablement le pourcentage de Portoricains dans les ent
191. iques de la communaut antillaise dans son processus d insertion en France m tropolitaine minist re de la Recherche document multicopi Paris 1990 p 14 9 Jean Galap art cit p 53 43 10 Stuart Hall Old and New Identities Old and new Ethnicities in Anthony D King ed Culture Globalization and the World System Contemporary Conditions Jor the Representation of Identity Macmillan Londres 1991 p 53 TDLR 11 In H M lin op cit p 100 44 Telle ou telle couleur n est jamais une donn e pourquoi objectivement le Noir serait visible et le Blanc ne le serait pas mais une construction historique et sociale empire de la race exprime en v rit une domination sociale et ladite vidence n aboutit qu travestir celle ci en tentant de la l gitimer par le fait de la pr senter comme naturellement fond e Il faut donc se tenir l cart de l inversion des causes qui fait prendre la vessie du colorisme pour la lanterne de la domination Qui tend faire croire que les groupes d une certaine race constituent des minorit s sociologiques du fait de la visibilit de leurs ph notypes l o s re ment c est la place que leur ont r serv lhis toire coloniale et le contexte d une minoration bien actuelle dans le syst me social o ils vivent qui explique qu ils sont particuli rement vus et discrimin s Ai
192. iques non nationaux Or cette m me p riode les mouvements depuis les pays du Common wealth et les colonies sont facilit s par le statut de libre entr e sur le sol britannique dont disposent tous les ressortissants de ces r gions Sur ce point il est essentiel d avoir l esprit la l gislation en mati re de natio nalit et citoyennet non seulement parce qu elle claire sur les condi tions d accueil de la population migrante son arriv e mais aussi parce qu elle explique comment a pu tre confort e au fur et mesure des dispositions l gislatives la partition sociale et raciale de la soci t bri tannique entre Blacks et Whites N 1237 Mai juin 2002 B la diff rence de la France o citoyennet et nationalit sont li es l acc s l une tant conditionn e par l autre la Grande Bre tagne distingue au contraire ces deux attributs Le statut de sujet britannique accord depuis 1948 l ensemble des populations des pays du Commonwealth et des colonies permet d acc der d s larri v e sur le sol britannique la totalit des droits civiques Il est donc possible pour celui qui r side au Royaume Uni d tre la fois citoyen et non national et par Londres o vivent 57 exemple de voter et d tre lu au parlement tout des originaires de la Cara be en tant de nationalit indienne ou jama caine c est p lus de la moiti de La l gislation ne rev
193. ir mingham Manchester Nottingham le ph nom ne est comparable accentu m me par le fait que les communaut s sont de taille bien plus r duites qu Londres et qu elles ont tendance tre presque exclusivement pr sentes dans un ou deux quartiers Bristol par EI M Diasporas carib ennes 2 C Peach Does Britain have ghettos Transactions of the Institute of British Geographers n 21 vol 1 1996 pp 216 235 67 3 C Peach The force of West Indian identity in Britain in C Clarke D Ley C Peach Geography and Ethnic Pluralism Georges Allen and Unwin Londres 1983 pp 214 230 4 P Petsimeris Une m thode pour l analyse de la division ethnique et sociale de l espace intra m tropolitain du grand Londres L Espace g ographique n 2 1995 pp 139 153 68 exemple la population antillaise vit pour 60 dans l inner city o elle repr sente 13 de la population du quartier l ensemble des minorit s ethniques atteignant 29 en cet endroit Il est vident que la forma tion de ces enclaves urbaines par un ph nom ne de rejet de la part de la soci t britannique a rencontr une volont intracommunautaire de regroupement ou l a peut tre encourag pour les Antillais C est ainsi que les quartiers ou les villes d implantation expriment une tendance valoriser l origine insulaire les Jama cains se sont plut t install s dan
194. is la r ussite de la syndicalisation a rendu la main d uvre portoricaine trop ch re pour un secteur manufacturier qui de plus en plus recou rait une main d uvre informelle En m me temps le Nord Est des tats Unis r gion o s tait tablie la majorit des Portoricains a connu un processus historique de d sindustrialisation De sorte que la majorit des emplois industriels sont partis vers des r gions p riph riques du monde entier tandis que les emplois restants s informali saient l industrie manufacturi re toujours la recherche d une main d uvre bon march comptait de plus en plus sur des immigr s latinos r cents l gaux ou ill gaux ayant encore moins de droits que les Portoricains Or avec leur expulsion des emplois industriels et cause des carences d un syst me scolaire qui les excluait s est form e une force de travail superflue ne pouvant pas se r ins rer dans le march du travail formel Il s agit de ce groupe que beaucoup d auteurs ont appel une sous classe underclass portoricaine mais que je pr f re d nommer population racialis e d plac e Ainsi selon de r centes tudes seulement 14 des Portoricains travaillent en usine tandis que N 1237 Mai juin 2002 M plus de 50 sont soit sans emploi soit non comptabilis s comme actifs En 1993 environ 40 du salariat portoricain tait constitu d une main d uvre bon mar
195. is naissance Un lien peut tre ta bli entre cette n cessit de r incorporer la terre natale et la tradition qui consistait autrefois enterrer le placenta 5 La nnec Hurbon La mort sous les esp ces des morts Car n 5 1980 p 18 6 Il s agit de la grand m re paternelle de Fred qui l a lev jusqu ses trois ans Elle est d c d e alors qu il en avait huit dans le jardin de la case et d poser le cor Avec la migration l le natale don ombilical au pied d un arbre fruitier devient terre d appartenance x i A i apr s la naissance d un enfant Aujourd hui point de d part et lieu de retour seul ce cordon voire le bracelet de naissance de l enfant est enterr au pied d un arbuste in luctable et la complexit des processus du domaine familial parfois plant pour l oc identitaires antillais peut s affirmer casion Cette pratique vise inscrire l enfant dans son groupe familial maternel le plus souvent mais galement tablir un lien d s la naissance entre l individu et la terre o il est n lien symbolis par la relation inalt rable entre l individu et l arbre au pied duquel une partie de ses attributs de naissance a t enterr e ou d pos e Afin de rejoindre le monde des morts et des anc tres il semble qu il doive imp rativement r int grer sa terre natale et recouvrer ainsi une certaine compl tude physique Si l
196. its Il a fallu ensuite d importants efforts de la famille Lawrence pour obtenir un nouveau proc s et une enqu te sur le refus initial de la police de poursuivre les meurtriers La publication en f vrier 1999 du rapport de la commission d enqu te men e par le juge McPherson a ramen au centre de l actualit nationale les injustices v cues par des familles carib ennes et asiatiques dans la soci t pr tendument libre juste et multiculturelle de la Grande Bretagne post imp riale L affaire Lawrence cause c l bre des ann es quatre vingt dix a attir l at tention sur le contexte social dans lequel les parents carib ens l vent leurs enfants La soci t britannique dans son ensemble doit beaucoup la t nacit de la famille Lawrence dont les efforts ont permis de faire reculer les fronti res de la justice Les grandes institutions doivent d sormais s interroger sur racisme institutionnel non intentionnel qu elles pratiquent Pour les communaut s carib ennes l exp rience des Lawrence symbolise l importance de la famille dans la d fense de la valeur propre de l individu lt Traduit de l anglais par James Cohen Cathie Lloyd Citoyennet et antiracisme en France et en Grande Bretagne gt Dossier D tours europ ens n 1193 d cembre 1995 A PUBLI M Diasporas carib ennes Diaspora et incorporation pr sences publiques des Garib ens aux Etats Unis Les Antillais des tats
197. itudes x nophobes dont nous avons parl mais au moment o cette entre prise fait largement l objet d une profonde mise en question et ce y compris dans les milieux nationalistes Un tel d veloppement aurait donc partie li e avec la pouss e identitaire qui nous occupe au moins avec certaines modalit s de celle ci Parce qu elle suppose face aux menaces de phagocytose culturelle que comporte la colonisation un renforcement quand ce n est pas une rigidification des fronti res de l identit pr server ce que La nnec Hurbon a justement appel une passion de l homog n it 9 cette pouss e conduit en effet non seulement un rejet de l autorit m tro politaine mais aussi comme par ricochet l exclusion des autres peuples Une exclusion d autant plus marqu e lorsqu il s agit de popu lations immigrantes Parce que l arriv e de celles ci vient videm ment tendre un peu plus la comp tition pour l acc s aux ressources convoit es de l ordre d partemental en mati re de r mun ration et de droit du travail de protection sociale de couverture sanitaire d ins truction gratuite que l on veut garder pour soi Mais aussi parce que les migrations participent du proc s de transnationalisation qui met en crise le mod le de l tat nation selon lequel les souverainet s poli tiques cara b ennes se sont r cemment constitu es et d autres pour raient dans l avenir se former Contribua
198. l horreur de leur condition de serfs soumis au travail forc Recettes d un monde nouveau Est ce aussi le jus de ce manioc amer que l on utilise sous le nom de cas sareep dans la zone centrale d usage de la racine l embouchure de l Or noque Cela est souvent assur Mais moins d tre un boucanier cara be ou une mamma antillaise il est difficile de donner un avis d exp rience En tout cas le condiment existe On le fait en r pant du rhizome pluch dont on extrait le jus On verse ce dernier dans une casserole paisse et l on chauffe en remuant On obtient ainsi une cr me assez consistante qui entre dans la pr paration du fameux pepper pot de Trinidad au large de l im mense estuaire de l Or noque dans l le la plus m ridionale des Antilles On imagine que chacun apporte ce qu il veut et peut au moment o il se d cide entreprendre une telle recette Bref c est un m li m lo de volailles et de viandes recouvertes d eau et bouillies Pourquoi pas de la poule du b uf et quelques d s de porc L dessus on ajoute un oignon en Bi Agapes Indien Karib dessin d apr s nature par le p re Plumier Extrait de Plantes de la Martinique et de Guadeloupe 135 136 rondelles deux piments robustes un b ton de cannelle des clous de girofle et du thym Enfin deux cuill res de sucre roux huit de cassareep avant un dernier mijotage et une rasade de vinaigre de malt Le r sul
199. la foul e un accord avec les autori t s cubaines visant assurer la d livrance effective des 20 000 visas annuels promis depuis 1984 Quelques mois plus tard en mai 1995 le gouvernement am ricain franchit une nouvelle tape en n gociant avec le gouvernement de Fidel Castro le renvoi syst matique vers l le communiste des balseros EI N 1237 Mai juin 2002 M intercept s en mer par les gardes c tes am ricains Cet accord est l poque habilement balanc par la d cision d admettre sur le terri toire am ricain la plupart des quelques 20 000 ressortissants cubains toujours d tenus Guantanamo On notera que pour la premi re fois l administration am ricaine s impose en leader dans les discussions de 1994 1995 Par le pass l ex cutif am ricain s tait davantage content de g rer au mieux des v nements plus ou moins t l guid s par le r gime castriste et s tait retrouv pris au Les USA ont tent de g rer pi ge de sa propre politique d ouverture des au mieux des v nements plus fronti res aux combattants de la libert Si Bill Clinton m ne le jeu en 1994 c est qu il s estime d barrass de toute contrainte id o ou moins t l guid s par le r gime castriste et se sont trouv s pris au pi ge logique et en mesure de tenir t te aux repr de leur politique d ouverture des fronti res sentants cubains la table des n gociations lorsque ces derniers exi
200. lcanique ou cyclone tropical Avant la loi sur la nationalit British Nationality Act de 1981 entr e en vigueur en 1983 la nationalit britannique tait transmise principalement par naissance sans prendre en compte le statut natio nal des parents Selon les termes de la loi de 1981 la nationalit bri tannique peut s acqu rir par descendance mais aussi par enregistre ment et par naturalisation La loi de 1981 a aboli la r gle du jus soli par laquelle les individus pouvaient acc der la nationalit simplement par le fait de na tre sur le sol britannique ou dans un espace sous juri diction britannique un navire ou un avion Autrement dit la loi a adopt le principe plus r pandu sur le continent europ en du jus san guinis Elle num re quatre formes de la nationalit britannique la citoyennet britannique celle des citoyens britanniques des territoires d pendants celle des citoyens britanniques d outre mer enfin le sta tut de sujet britannique Mais la question de savoir qui appartient ces quatre cat gories ne peut pas tre tranch e par la simple lecture de EI N 1237 Mai juin 2002 M la loi il faut parfois consulter les textes ant rieurs pour d terminer la citoyennet d une personne ce qui donne un caract re d cid ment flou l identit britannique post imp riale Un flou qui n est pas non plus enti rement absent de la d finition des identit s nation
201. le Nouveau Mexique et le Texas avec des pointes jusqu au Nebraska Elle s tablira au Sud du Venezuela au Chili Ainsi par vagues concentriques depuis les premiers tablissements d Ha ti et de Saint Domingue c est de la M diterran e cara be que tous partirent un jour conqu rir des empires apr s le voyage initial du G nois Seule l Argentine fut abord e par des navires venant directement d Espagne qui remon t rent le Rio de la Plata la rivi re d argent jusqu au Paraguay Les premiers indig nes rencontr s en Ha ti puis ailleurs sont des grands marins karibs et des Arawaks que de doctes accompagna teurs de Colomb pr tendent tudier sous les aspects de la religion et des m urs Le fr re Ramon Pane transmet l amiral un rapport recommandant l vang lisation et la r pression de toute tentative de r sistance Le docteur Alvarez Chanca examine les cr nes des anc tres conserv s pieusement par les Karibs et les voit bouillir des t tes de lamantins pour se nourrir Il en conclut qu ils sont can nibales et la l gende est lanc e Elle fut complaisamment r per cut e en Europe au milieu du XVI si cle et ne fut jamais s rieuse ment contredite Les gens des Cara bes se mangeaient donc entre eux et la question de leur nourriture et de la gastronomie des les et rivages de cette M diterran e r v l e se trouvait r solue 133 134 Ils taient pourtant bien moins carnivores que les Espagnols
202. lement en termes d mographiques une troisi me le Diasporas visibles diasporas discr tes e Comme beaucoup d autres groupes de migrants les Carib ens en m tropole connaissent des parcours sociaux bifurqu s cet gard le cas des Cubains est souvent examin part en raison des circonstances tr s particuli res de leur migration en masse vers les tats Unis par tir de 1960 r volution castriste exil des couches ais es aides excep tionnelles fournies ces exil s par les autorit s tatsuniennes pour faci liter leur installation Mais cet exceptionnalisme socio d mographique et politique cubain est en train de s estomper comme le sugg re Michel Forteaux p 101 qui montre bien l importance centrale des consid ra tions strat giques dans les d cisions prises e En d pit des droits dont ils peuvent b n ficier lorsqu ils sont citoyens des pays m tropolitains les Carib ens affrontent presque tou jours des pratiques discriminatoires et des formes ouvertes ou banali s es de racisme e Entre la Cara be et les m tropoles se multiplient de nos jours les M Diasporas carib ennes 3 Cf Michel S Laguerre Diasporic Citizenship Haitian Americans in Transnational America Saint Martin s Press 1998 pp 162 164 4 C est le sous titre d un ouvrage d Alain Anselin L migration antillaise en France La troisi me le Karthala Paris 1990 Le Teatro Puerto Rico et s
203. lement des d partements d origine la dynami que est impressionnante un Antillais sur quatre n aux Antilles a aujourd hui tabli sa r sidence en m tropole En 1999 leur effectif 212 000 quivaut peu de choses pr s la population totale de Mar tinique 239 000 ou de Guadeloupe 229 000 en 1954 La ponction appara t plus remarquable encore quand on sait qu elle a privil gi l poque les jeunes en ge d tre actifs Sur dix Antillais qui ont quitt leur d partement d origine pour s installer en France sept avaient en 1990 moins de 40 ans et pr s des deux tiers de 15 39 ans Pr s de la moiti des Antillais g s de 30 40 ans taient cette date durablement install s en m tropole Sans indiquer les liens troits qui unissent la migration de travail des natifs des Dom et celle des trangers on ne peut comprendre la place respective qu occupent les uns et les autres les contradictions qui les opposent et les perspectives qui s offrent eux Ainsi seule l af fectation s lective des trangers sur les postes non qualifi s de lin dustrie durant les ann es soixante et soixante dix permet d expliquer et donc de comprendre le privil ge de l emploi cette poque d une majorit d actifs antillais dans le secteur public et assimil Les m mes inter relations sont l uvre aujourd hui sur le march du tra vail mais leurs cons quences sont toutes
204. les du pr sident des tats Unis et du Congr s mobi lise beaucoup l migration tel point que toute la vie politique new yorkaise en a t affect e Un mod le d int gration communautariste Si l histoire propre des migrations carib ennes nous permet de saisir cette pr disposition r gionale la diasporisation encore faut il com prendre comment ces collectivit s trouvent leur place aux tats Unis dans le cadre d un mod le d int gration dot son tour de fortes par ticularit s La soci t nord am ricaine semble encourager plus que d autres des processus d int gration fond s sur un certain commu nautarisme si l on entend par l une pr sence collective y compris publique o la r f rence aux origines nationales et ethnoculturelles est mise en valeur Une explication de ce ph nom ne consiste attribuer ces pr sences communautaires un mod le d int gration multiculturaliste mais l interpr tation pour r pandue qu elle soit demeure sch ma tique Le syst me de comptabilit ethnoraciale incorpor dans les m thodes de recensement peut donner l impression que la population est divis e le plus officiellement du monde mais les cat gories offi cielles ne servent pas fondamentalement d finir des groupes ethno culturels Si multiculturalisme il y a il est peu syst matique peu comparable par exemple au syst me fortement institutionnalis en vig
205. les grands r cits identitaires pana fricains ethnoraciaux plus g n ralement puis nationaux font l objet chez les peuples carib ens de recompositions kal idoscopiques perp tuelles en fonction des d placements Pour Stuart Hall sociologue de la culture Jama cain tabli en Angleterre depuis les ann es cinquante et qui se d finit lui m me comme un intellectuel diasporique les identit s hybrides issues des diasporas carib ennes seraient un ph nom ne postmo derne par excellence La vision postmoderne va parfois vite en besogne en d cr tant la mort de la souverainet nationale et de l tat nation consid r s comme des produits d une modernit r volue On n a pas besoin d ad h rer l int gralit de cette vision pour reconna tre qu il existe chez les migrants carib ens une pr disposition historique exceptionnelle la construction d identit s hybrides et la transnationalisation de leurs horizons de vie Pour rendre op ratoire la notion de diaspora dans l analyse des parcours historiques des peuples carib ens il convient d tre sensible aux contours des histoires nationales particuli res et de ne pas oublier que les logiques diasporiques ne sont pas contradictoires avec de fortes logiques d int gration dans l espace public de la soci t d accueil comme en t moignent chacune sa fa on l histoire des Dominicains celle des Cubains et celle des Portoricains
206. lle population se constitue que nous avons choisi de d signer par l expression originaires des Antilles En mars 1999 elle comptait 337 000 personnes soit autant ou presque que la population totale de Guadeloupe 387 034 ou de Martinique 359 579 il y a seulement dix ans La constitution de cette population dite des originaires des Antilles met en lumi re le r le majeur et paradoxal de l migration dans l his toire g n rale de la formation des populations antillaises Trois phases peuvent en tre distingu es La premi re la plus longue est celle du peuplement des Antilles Faite de vagues continues d immigration apr s que f t r gl e si l on ose dire la question am rindienne cette phase dure environ trois si cles pour l essentiel domin s par la traite durant lesquels se sont succ d es les arriv es libres les habitants semi contraintes les engag s forc es les esclaves ou contrac tuelles les travailleurs sous contrat venus nouveau d Afrique ou des Indes La seconde phase marque les d buts de l enracinement C est le moment o faisant souche pour la premi re fois ou presque les popula tions des Antilles se d veloppent plus raison de leur croissance natu relle que du fait des arriv es de nouveaux immigrants Entam e seule ment aux alentours du premier tiers de notre si cle 1920 1930 elle dure peine trente ans D j lui succ de le
207. migrants de la Cara be sont confront s une non moins forte marginalisation Cet amer paradoxe donne mati re r flexion Non pas tant pour alimenter le sens commun qui proclame que partout l immigration est une voie bien troite et que souffrir de l injustice en M Diasporas carib ennes DR 41 3 Les Antillais seraient bruyants f tes visites etc et trop nombreux Pour une comparaison franco britannique de la question du logement des immigrants cara b ens voir S Condon L acc s au logement fili res et blocages le cas des Antillais en France et en Grande Bretagne minist re de l quipement rapport au Plan construction et architecture document multicopi Paris 1993 et du m me auteur L acc s au logement le cas antillais en France et en Grande Bretagne Population Notes et documents vol 2 1994 pp 522 530 4 Il y a l une illustration saisissante du processus d ethnicisation ou de racisation de certaines populations op r par nombre d administrations publiques Voir V De Rudder C Poiret et F Vourc h L in galit raciste Luniversalit r publicaine l preuve Puf coll Pratiques th oriques Paris 2000 p 186 5 tude cit e in Claude Valentin Marie Les Antillais en France Histoire et r alit s d une migration ambigu Migrants Formation n 94 septembre 1993 pp 5 14 Voir galement concerna
208. minants ceux qui repr sentent les ex domin s Des d saccords merg rent entre les groupes propos de la prise en compte des cons quences nantaises de la traite des responsabilit s africaines ou de l absence de dimension mo tionnelle de l exposition au regard des traumatismes engendr s par la traite transatlantique Si l on peut qualifier St phane Valognes cette rupture de strat gique c est parce qu elle appara t tout la fois port e par des motivations politiques et citoyennes et qu elle int gre dans le m me temps des imp ratifs cono miques afin de repositionner Nantes en tant que m tropole atlantique Ceci ne pouvait tre fait qu en regardant le pass en face sans pour autant s y attarder pour reprendre une phrase de Jean Marc Ayrault abondamment comment e Dans le cadre du projet de r am nagement de l le de Nantes qui pr voit un parc de la m moire un projet de mus e maritime pouvant articuler plusieurs volets traite port construction navale fleuve semble se dessi ner Un projet commun aux diff rentes associations appara t possible Les Anneaux de la m moire et M moire de l outre mer travaillent de nouveau ensemble sans pour autant gommer les diff rences d approche pour un mus e national de la traite et de l esclavage Nantes Sans tre r conci liables ou synth tisables les contradictions l uvre pourront peut tre coexister en tant sp
209. mination l embauche s ajoutent l de mani re patente aux difficult s des parcours scolaires d une grande part de ces jeunes Une tude sur l insertion professionnelle et l acc s l emploi des jeunes r alis e en 1991 montrait ainsi que la situation des jeunes antillais en difficult scolaire se distinguait peu de celle des jeunes africains Ils se sentaient exclus les uns comme les autres en raison de leur apparence physique Cette discrimination tait du reste confirm e par les employeurs potentiels interrog s qui taient nom breux d clarer ne pas pouvoir embaucher de Noirs m me fran ais pour ne pas perdre une partie de leur client le L auteur de l tude ajoutait que pour ces jeunes a question de la nationalit n est jamais simple car ils font l exp rience que sur le march du travail l identit juridique change peu le v cu Chez les Antillais interrog s cela se traduisait par un doute sur l origine de leurs grands parents la question de quel pays tes vous aucun n a r pondu qu ils taient Fran ais mais ils ont estim qu ils taient s rement Africains exprimant ainsi combien il est possible de rester tranger l identit juridique De fait de tous les groupes tudi s ce sont eux qui pr sentaient les parcours d insertion professionnelle les plus d favorables Leur s quence d activit tait essentiellement occup e par des stages qui d
210. n aise etc de l esclavage africain de l immigration asiatique et de nombreuses autres sources Depuis le d but du XX si cle la r gion est plac e dans une rela tion d extr me d pendance conomique et strat gique vis vis des tats Unis L h g monie strat gique nord am ricaine s y manifeste par une tendance contr ler directement ou indirectement tous les r gimes politiques que ces territoires ont pu mettre en place Certains pays ind pendants Cuba la R publique dominicaine et Ha ti en par ticulier ont longtemps constitu des zones de surveillance directe voir d intervention militaire L h g monie conomique nord am ri caine se manifeste de diverses mani res entre autres par l immense pompe aspirante qu elle constitue d sormais pour les populations actives de tous les pays de la r gion Exception faite des exils politiques Cuba apr s 1959 la R publique dominicaine apr s 1965 Ha ti de fa on continue les migrations carib ennes dont il est question ici sont des migrations de travail du Sud vers le Nord L exceptionnalit cubaine l effet exil post 1959 s est quant elle estomp e partir des ann es quatre vingt les tendances lourdes du capitalisme mondial se r affirmant la longue les migrants cubains d aujourd hui sont sou vent des personnes de condition modeste la recherche d un niveau de vie plus lev En d pit de l embargo Cuba est revenue dans la zone d influence
211. n cessaires solidarit s de condition qui lient les immigr s antillais et guyanais avec non seulement les autres immigr s mais aussi avec les autres couches populaires de la soci t fran aise et au del des fronti res de la France de toutes les soci t s du monde EI M Diasporas carib ennes 14 Michel Giraud et Claude Valentin Marie art cit p 36 47 15 H B ji Radicalisme culturel et la cit Le d bat n 58 janvier f vrier 1990 p 48 16 C est l une des principales dimensions de ce que nous avons dit ailleurs tre le paradoxe de l ethnicit Voir Michel Giraud Lethnicit comme n cessit et comme obstacle in Gilles Ferr ol sous la direction de Int gration lien social et citoyennet Presses du Septentrion Lille 1998 pp 137 165 48 C est qu en effet on peut craindre que comme l crit la philosophe d origine tunisienne H l B ji il y ait dans toute proclamation de sa diff rence une secr te conviction de l vidence de sa sup riorit et qu alors la r clamation culturelle de sa diff rence ne peut plus tre consid r e comme une manifestation du droit mais comme une conomie masqu e de la force 4 Ou pour le dire de mani re plus nuanc e que cet auteur que le refus de se voir imposer une identit que l on n a pas choisie ou au moins accept e une attitude de d fense qui est par principe l gitime ne se tr
212. n de masse par avion dans l histoire environ 600 000 Portoricains en grande partie ruraux et non qualifi s sont partis entre 1950 et 1970 Puisque seule comptait la vitrine c est dire l conomie de l le les tats Unis y ont investi d im portantes ressources financi res tandis que les migrants sont partis vivre dans les ghettos urbains de la m tropole dans des conditions socio conomiques souvent dramatiques Les travailleurs arriv s New York en grand nombre partir des ann es cinquante ont pu b n ficier de r seaux de solidarit portori cains ou latinos qui s taient constitu s Ils ont rencontr l accepta tion passive des autorit s gouvernementales et un soutien institution nel faible de l office cr par le gouvernement portoricain le Migration Division Office qui tait cens d fendre leurs droits l mentaires Leur r ception par lopi nion publique fut largement hostile Les nouveaux migrants ont souffert de logements insalubres et surpeupl s d un manque de soutien institutionnel pour r ussir l cole et de pi tres ser vices de sant Dans la division du travail ethnora ciale de New York les Portoricains occupaient le cr neau des emplois manufacturiers mal pay s c tait le cas de plus de 50 des actifs portoricains en 1960 En r action pendant les ann es soixante les Portoricains se sont organis s en syndicats et en mouvements pour l galit des droits Ma
213. n mieux qu ils ne la connaissent eux m mes et qui partir de ce postulat risque fort de par ler leur place d faut de consid rer ses contradicteurs ind licats comme des acteurs de ce fameux mouvement social qu il a tant souhait l habitus du profes sionnel de la parole a repris le dessus c est dire les dispositions ou com portements qui marquent l appartenance un groupe social d termin selon la d finition de Bourdieu lui m me Apr s la disparition du sociologue le d bat sur les processus de repro duction de la domination sous ses diff rentes formes et sur la transmis sion du capital culturel continue bien videmment La sociologie est un sport de combat peut lui servir de support tr s utile Ultime paradoxe ce film fait par un homme d image n a toujours pas t diffus la t l vision Qu cela ne tienne apr s sa sortie dans quelques salles de cin ma il vient de sortir vid ocassette diffus e en librairie par les ditions du Seuil lt N 1237 Mai juin 2002 B PUB par ANDR VIDEAU Le cheval de vent Film marocain de Daoud Aoulad Syad l issue de ce film plein de contrastes la fois m lancolique et confiant en lavenir aride et hospitalier on pense pour la para phraser la r flexion paradoxale de Lyautey un connaisseur en la mati re Le Maroc est un pays froid o le soleil est chaud Le Maroc tel qu on le voit et le
214. n rondelles et met au four Ni le sucre ni les graisses ni la farine de bl ni la levure ne sont Indiens et part le pain il serait difficile de trouver un plat authentique de la culture indienne du manioc D autres v g taux gagnent du terrain En effet il faut avoir conscience que m me le manihot utilissima ne pou vait combler les besoins en nergie de la population autochtone qui recou rait toute une panoplie de v g taux que l on retrouve aujourd hui et qui enrichissent la gastronomie et l industrie agroalimentaire de l Europe et des tats Unis Il y a d abord le ma s qui pousse son avantage depuis le Mexique vers cette zone du manioc qui court de l embouchure de l Ama zone jusqu recouvrir toute l Am rique centrale Il y a surtout le haricot pr sent sous de multiples formes de la Floride au Br sil Il y a la courge calebasse les arachides et la patate douce tr s importante dans les pays au sud de l Empire azt que Plus tard vinrent s ajouter des produits venus du Mexique puis d Europe d abord introduits par les Espagnols puis par les esclaves d Afrique De ce fait le manioc c de du terrain et para t plut t comme comparse dans les pr parations de la cuisine cara be On le trouve Cuba dans le brazo gitano une large et paisse galette de pur e de manioc au beurre et l uf paissie de farine de bl et garnie de b uf en conserve d oignons EI N 1237 Mai juin 2002 M l
215. nales Le public dispers dans plusieurs pays tait li par l identification des genres musicaux tels que le tango et le bolero styles d abord nationaux puis reconnus comme latino am ricains New York le mambo bien que produit en g n ral par des musiciens cubains ou portoricains en est arriv forger un espace culturel transnational ce qu on a fini par baptiser Latin Music Le Palladium bal que l on appelait alors le foyer du mambo devint un espace pionnier de contact multiracial un lieu de m lange des cultures par le plaisir de la danse amenant la latinit carib enne au c ur de la vie urbaine Le surgissement de la cat gorie latino comme d nominateur commun des groupes d origine latino am ricaine et hispano cari b enne New York et dans tous les tats Unis prend tout son sens en relation avec les nouveaux mouvements sociaux des ann es EI 114 N 1237 Mai juin 2002 M soixante En effet dans cette conjoncture de luttes est n e une politique vernacu laire anti coloniale dans les quartiers lati nos Dans le Sud Ouest des tats Unis l appellation chicano devint pour la nouvelle g n ration de jeunes un terme positif d signant une identit politis e exprimant des revendications de justice sociale et d autonomie culturelle La consigne de Que viva la Raza mouve ment chicano fut reprise par nombre d organisations de la c te est parmi elles
216. nis re oivent des immigr s de tous les pays de la r gion et en nombre significatif C est une vieille histoire qui remonte au XIX si cle mais elle atteint les proportions d un mouve ment de masse apr s 1965 ann e de l abolition des quotas limitant l entr e aux tats Unis d immigr s non europ ens titre d exemple il y avait officiellement 13 293 Dominicains New York en 1960 dix ans plus tard ils taient 66 914 en 1990 plus de 330 000 et aujour d hui plus de 500 0000 Les Ha tiens de l migration que le pr si dent Aristide a baptis la dixi me province du pays taient plus de 1 5 million en 1996 entre New York d autres villes du Nord Est et Miami Les Cubains aux tats Unis aujourd hui sont plus de 1 2 mil lion essentiellement entre Miami et le New Jersey Les Carib ens anglophones venant de plusieurs petits pays insulaires Jama que Trinidad Barbade Saint Vincent etc seraient plus d un million et sont eux aussi fortement concentr s New York Les Portoricains citoyens des tats Unis qui sont environ 4 millions dans l le sont plus de 3 2 millions sur le continent Historiquement concentr s New York o ils repr sentent encore le groupe hispanique le plus nombreux ils sont d sormais nettement plus dispers s Cultures expressives transnationales En examinant les groupes consid r s il est utile de faire une distinc tion entre pr sences culturelles et pr s
217. notre sens d uvrer la valorisation des races stigmatis es et des cultures d pr ci es toute l gitime qu elle soit en elle m me Car ces soci t s sont d sormais trop diverses pour que les groupes d origines diff rentes qui les constituent puissent se tenir ensemble dans l galit sans partager un syst me commun de valeurs et de normes Un syst me qui tout en s enracinant d une certaine fa on dans chacune des diff rentes traditions en pr sence les transcendent toutes Un syst me qui partant puisse faire obstacle ce que chacun de ces groupes tende exciper de sa diff rence pour tenter de l gitimer les concurrences qui l opposent d autres et d imposer tout prix la satisfaction de ses seuls int r ts y compris par la captation des moyens de l tat qui sont th oriquement tous en pensant avoir le droit avec lui En France le principe de la compatibilit du droit l affirmation d identit s particuli res par ceux qui s en r clament et l exigence uni versalisante de conqu rir l galit des droits de tous les individus de quelque identit qu ils soient est en passe de devenir un l ment cen tral du discours politiquement correct Il nous semble urgent de recon na tre que ce discours arr te son raisonnement juste avant le point o il devrait commencer savoir juste avant la question liminaire des conditions de possibilit de ladite compatibilit comment et quel
218. novembre d cembre 12 RE Sr i T Les C ET Q Pour une thique de l int gration es SOmorienS CE Rance n 1182 d cembre 1994 6 40 n 1215 septembre octobre 12 Q mi tsvet solidarit s Nord Sud Q Sarcelles n 1181 novembre 1994 6 40 igrants et solidarit s Nord Su R 2 pa n 1214 juillet ao t 12 Q Qu tes d identit s Q Des Am ti n 1180 octobre 1994 6 40 es Am riques noires n 1213 D 12 Q Les lois Pasqua n 1178 juillet 1994 6 40 Q Immigr s de Turquie n 1212 mars avril 12 u US 4 PP saie n mai Q Le racisme l uvre See y n 1211 janvier f vrier 12 Q La m moire retrouv e n 1175 avril 1994 6 40 Q Australie Canada USA 1997 n 1174 mars 1994 6 40 Q Portugais de France Q Minorit s au Proche Orient n 1210 novembre d cembre 12 n 1172 73 janvier f vrier 12 60 Le port est compris pour la France seulement Pour l tranger compter 1 50 de frais de port suppl mentaires par num ro
219. ns et dans une moindre mesure les les Turks et Ca ques et Saint Kitts et Nevis sont dans une situation proche mais il s agit de tr s petits effectifs de population perturb s par d importants mouve ments migratoires l oppos on trouve les pays qui ont quasiment achev leur processus de transition m me si les effets de la reproduc tion des jeunes classes d ge adulte se font encore sentir Barbade Cuba Guadeloupe Martinique Trinidad et Tobago Mais il est diffi cile de hi rarchiser finement dans la mesure o de nombreux pays interm diaires pr sentent les caract res d un processus avanc mais contrari par tel ou tel indicateur e Les taux d accroissement naturel qui r sultent de la diff rence entre les taux bruts de natalit et les taux bruts de mortalit confir ment bien que la transition d mographique carib enne est encore loi gn e de son ach vement puisque la moyenne montre une diff rence positive de 11 8 o N 1237 Mai juin 2002 B e Les taux d accroissement annuel pr sentent une moyenne un peu plus faible 8 o mais avec un cart type tr s lev 9 2 o qui r sulte de situations particuli res imputables la migration e En effet les taux de migration nette soldes des mouvements migratoires qui r sultent de la diff rence entre l accroissement natu rel et l accroissement annuel pr sentent d importantes variations Dominique et Grenade connaissent encore une forte
220. nsi que l crit le sociologue jama cain Stuart Hall pro pos des Noirs d Angleterre leurs histoires sont dans le pass inscrites dans leur peau Mais ce n est pas cause de leur peau qu ils sont des Noirs 4 C est qu en effet telle ou telle couleur n est jamais une donn e pourquoi objectivement le Noir serait visible et le Blanc ne le serait pas mais une construction historique et sociale L inversion du stigmate Il aura fallu du temps pour que les migrants guadeloup ens guyanais et martiniquais venus s installer en m tropole percent jour sous le voile d une certaine id ologie r publicaine le caract re d exclusion de la repr sentation particuli re des immigr s originaires des anciennes colonies de la France dont nous avons parl plus haut Il aura fallu du temps pour qu ils connaissent et reconnaissent que les attributs de la nationalit fran aise ne suffisent pas les mettre tota lement l abri des effets pratiques de cette exclusion Ainsi durant la premi re p riode de la pr sence dans l Hexagone d Antillais et de Guyanais la plupart de ceux ci ont farouchement veill ne pas tre confondus avec les populations d origine tran g re et pour cela ont refus d tre consid r s et de se consid rer comme des immigr s Ce d autant plus qu ils comptaient encore dans leur rang une proportion importante d individus appartenant aux classes moyennes
221. nt d stabiliser les revendi cations nationalistes dans des territoires o celles ci ne correspondent encore qu un projet de minorit s agissantes qui se heurte de vives r sistances de la part de larges fractions de l opinion ce processus et les mouvements migratoires qui en sont un des vecteurs ne peuvent ainsi que faire l objet de suspicion dans le camp patriotique de ces territoires Si donc aux Antilles et en Guyane comme partout la concurrence dans l acc s des ressources rest es rares est le premier moteur de la x nophobie celle ci s alimente aussi particuli rement de la crispation identitaire qui accompagne le plus souvent les recherches d une sortie de la situation coloniale Des luttes de lib ration la valorisation des races Il ne fait pas de doute selon nous que les populations venues des pays de l ancien empire fran ais pour s installer dans l Hexagone celles d origines antillaises et guyanaise inclues face la marginalisation sociale dans laquelle on tente de les confiner et au racisme d inspira tion coloniale par lequel on pr tend justifier celle ci sont port es EI M Diasporas carib ennes 20 Ibid p 1998 51 52 dans le tr fonds d elles m mes par l aspiration l galit des droits de tous Une aspiration qui r pond un id al si ancien que nous n osons pas parler son propos d ambition d une nouvelle citoyennet Cette aspiration doi
222. nt les discriminations racistes l embauche mais aussi dans la recherche d un logement certaines enqu tes men es par Jean Galap et les chercheurs du Centre de recherche et d tudes sur les dysfonctions de l adaptation Par exemple Ph notypes et discriminations des Noirs en France Question de m thode Migrants Formation dossier Les originaires d outre mer Questions d identit n 94 septembre 1993 pp 39 54 42 tant que collectivit n immunise pas contre le risque de la faire col lectivement souffrir d autres que pour essayer de comprendre ce qui rend possible un tel tat de choses afin d en tirer toutes les implica tions quant la promotion des droits des immigr s de quelque origine qu ils soient et o qu ils se trouvent D un c t les Guadeloup ens les Guyanais ou les Martiniquais qui sont discrimin s en France m tropolitaine le sont en d pit du fait qu ils ont de longue date le statut de citoyens fran ais cf encadr p 41 Et de l autre les Antillais et les Guyanais qui apportent leur concours la marginalisation des immigrants cara b ens venus aux Antilles ou en Guyane fran aises pour tenter d y gagner leur vie ont en commun avec ceux ci d appartenir des peuples qui ont connu les m mes malheurs d histoires coloniales globalement semblables et qui sont culturellement au moins des cousins La prol larisation et l exp rience du racisme Un m
223. nt la tarauder Elle ne se r si gne pas un processus de rachat qui a bafou sa dignit Seul l aveu son mari apaiserait d fini tivement sa conscience et lui per mettrait enfin de s affirmer pleine ment hors des mensonges et des compromissions Elle a pr sum des forces de son combat indi viduel m me avec le renfort d un amour d apparence sinc re contre les lois de l honneur coutu mier Aziz l poux progressiste et le m decin clair la r pudie tout comme le ferait le moindre potentat de village illettr et tyrannique Bagdadi Aoun rend bien l ambigu t du personnage adulte immature toujours soumis aux r trogrades pressions mater nelles malgr son statut social Les perspectives ouvertes la fin du film laissent perplexe Certes Fatma a rompu les amarres et 146 elle ne manque pas de cran pour affronter une vie nouvelle On imagine pourtant le prix qu elle aura encore payer pour sa libert si libert il y a D autres sont pass es par l ses amies Radhia et Samira qui n ont fait que changer d assujettissements Les personnages f minins du film appartenant la bourgeoisie cita dine on peut tre pessimiste sur la lib ralisation du sort des femmes de ce pays toutes ori gines confondues Ce qui est le plus nouveau et le plus r confor tant est peut tre qu un film aussi courageux dans son constat ait finalement pu exister et porter sans pr cautions hypoc
224. nt vu Souviens toi de moi peu de monde en v rit son moyen m trage sorti en 1994 et surtout ceux qui l avaient entendue exposer avec pugnacit sa r solution de faire des films sa fa on quelles que soient les emb ches tendues une jeune r alisatrice autodi dacte et de surcro t d origine immigr e ne seront pas surpris devant la r ussite de Jeunesse dor e premier long m trage de Za da Ghorab Volta film d lec table et contre courant Elles habitent en banlieue pari sienne Colombes des grands ensembles ni plus gris ni plus d labr s que les autres Elles ne sont plus tout fait des adoles centes sans avoir pour autant bas cul dans le monde sans illusion des adultes Leurs parents ne sont pas venus des antipodes mais sans doute de provinces bien de chez nous ou des mal logis de la m gapole voisine jusque l pas de quoi moustiller un producteur La brune Gwana lle Alexandra Jeudon a 17 ans Elle pose de 147 fa on intermittente chez un peintre parisien La blonde Ang la Alexandra Laflandre a 18 ans Elle chante de fa on tout aussi occasionnelle dans un groupe de rock Voil r gl e contre pied la balade attendue des beurettes rebelles qu affectionne un cin ma ghetto s et surd termin que hait la r alisatrice Mais tout est loin d tre rose dans le quotidien des deux copines auxquels les petits boulots ne per mettent pas une vie ind pend
225. oin de constituer une premi re Harry Truman en 1948 avec le Displaced Persons Act et plus encore Dwight Eisen hower avec le Refugee Relief Act de 1953 consacraient d j l int r t id ologique des r fugi s d Europe de l Est pour la propagande am ri caine Ce qui est nouveau en revanche c est le qualificatif de com battants de la libert octroy des migrants venus du sous continent am ricain Une d marche plut t originale pour une r gion jusque l encline fournir de la main d uvre bon march au grand fr re du Nord cette poque le consensus est total entre l ex cutif le Congr s et l opinion publique au sujet de lexil cubain aux tats Unis peut tre parce que la menace d un Cuba communiste est g ographiquement tr s concr te mais certainement aussi en raison de la relative confor mit sociale des nouveaux arrivants avec la moyenne bourgeoisie am ricaine et de leur parfaite ad quation avec les valeurs du pays d ac cueil Comme l indique l poque Frank Chelf d put d mocrate la Chambre des repr sentants They come from a good stock N 1237 Mai juin 2002 B Entre 1960 et 1962 environ 150 000 Cubains arrivent aux tats Unis et b n ficient automatiquement des avantages sp cifiques offerts par le Centre de refuge cubain Puis le flux migratoire interrompu en 1962 par un Fidel Castro qui s inqui tait de voir partir des ing nieurs et pro fessionnels qualifi
226. oire une phase de stabilisation et de croissance naturelle sans perturbation D autant que les premiers effets de la m decine et des politiques de sant publique font d j diminuer la mortalit de mani re sensible pr misses de l explosion d mographique venir Jusqu la Seconde Guerre mondiale le fait migratoire carib en resta marginal dans l volution des populations antillaises tandis que l migration extra carib enne tait alors presque inexistante et de caract re litiste La transition d mographique carib enne el l migration de masse Cons quence de la baisse marqu e de la mortalit dans toute la Cara be partir des ann es vingt et de l accession progressive la modernit on observe au milieu du si cle un net allongement de la dur e de vie moyenne en Jama que par exemple l esp rance de vie tait de 28 ans au d but du XIX si cle de 36 ans au d but du XXe de ES M Diasporas carib ennes 17 R Gimeno P Mitrano Sciences Po Paris 2002 18 53 ans en 1945 et de 68 ans en 1970 Comme parall lement la nata lit se maintenait des niveaux tr s lev s environ 35 naissances annuelles pour 1 000 habitants les taux d accroissement naturels pas s rent en moyenne de 1 dans les ann es vingt 2 dans les ann es quarante avant de culminer autour de 3 la fin des ann es cin quante ce qui signifie un doublement de la population en une v
227. olitique Si l int r t id olo gique et plus encore strat gique de cette politique d exception est de plus en plus discutable on conviendra que dans ce domaine les tats Unis sont prisonniers d une tradition historique d affrontement qu ils ont eux m mes lev es par le pass au rang de dogme Sur la question migratoire comme d ailleurs sur celle de l embargo conomique impos Cuba Washington est dans l incapacit de mener une r flexion long terme le lobby cubano am ricain de Floride mena ant tous les quatre ans d influencer fortement l issue du scrutin pr sidentiel Pour autant la situation ne peut voluer que vers une normalisation du processus migratoire comme en t moignent les d cisions prises en 1994 1995 Tandis que la part de la population cubaine ne cesse de dimi nuer en Floride au profit des immigr s d Am rique centrale et du Sud et qu une nouvelle g n ration d Am ricano Cubains devient de plus en plus visible dans le Sud de l tat il est probable que la question migra toire devienne de moins en moins pol mique au sein m me de la com munaut encourageant ainsi les discours politiques s int resser davantage aux questions pos es par l int gration sociale conomique et culturelle de l ensemble des Hispaniques vivant en Floride lt Bibliographie compl mentaire gt Robert M Levine and Moises Asis Cuban Miami Rutgers University Press 2000 James S Olson and Judith E Ols
228. on Cuban Americans from Trauma to Triumph Twayne Publishers New York 1995 David Reiff The Exile Cuba in the Heart of Miami Simon and Schuster New York 1993 Alejandro Portes and Alex Stepick City on the Edge The Transformation of Miami University of California Press Berkeley 1993 M Diasporas carib ennes 109 New York et les avatars de l identit latino L exemple des Latinos aux tats Unis montre quel point les identit s sont des produits de l histoire En l occurrence une histoire faite de domination ethnoraciale colonialiste de stigmatisations mais aussi de r actions et de r sistances contre l enfermement dans un statut inf rieur L exp rience des immigr s hispano carib ens dans la ville globale de New York est particuli rement importante pour comprendre comment ces diff rentes fa ons de se r clamer de la latinit par Agust n La Montes d partement de Sociologie universit de Massachusetts Amherst tats Unis 1 A Puerto Rican in New York and Other Sketches International Publishers New York 1961 1982 2 Il s agit ici d une version tr s condens e des propos d velopp s par l auteur dans son r cent livre co dit avec Arlene D vila Mambo Montage The Latinization of New York Columbia University Press New York 2001 110 se sont forg es et comment elles continuent d voluer Le militant communiste et ouvrier du secteu
229. onction de leur conjoncture conomique le bassin cara be a connu pendant la seconde moiti du si cle des volutions socio conomiques qui ont consid rablement fait voluer la dynamique des r seaux migratoires intra et extra Cara be en termes de flux et de stocks de migrants d une part et en termes de formes nouvelles de mobilit dans l espace et dans le temps d autre part En 1700 la population carib enne insulaire tait estim e 350 000 habitants Multipli e par six en moins d un si cle soit un effectif de 2 millions d individus environ en 1790 elle connut ensuite une crois sance exponentielle 5 7 millions en 1880 17 millions en 1950 30 mil lions en 1980 37 5 millions en l an 2000 Et les projections moyennes conduisent estimer qu en 2025 hors ph nom nes migratoires parti culiers la population carib enne pourrait se stabiliser autour de 48 millions d individus Concernant plusieurs centaines d les r par ties en une trentaine d entit s g opolitiques sur 717 200 kilom tres carr s les migrations carib ennes sont le produit d une histoire com mune forg e dans le creuset de l conomie coloniale de plantation H M Diasporas carib ennes par Herv Domenach d mographe directeur de recherche l IRD Institut de recherche pour le d veloppement Aix en Provence Cet article s inspire pour la partie historique de certains l ments de l ouvrage de Herv Domenach
230. onditions d exercice de la citoyennet ne sont pas les m mes en Grande Bretagne qu en France comme le montre bien Christine Chi vallon p 62 Elle met en relief l usage au Royaume Uni des cat go ries ethnoraciales dans le recensement cat gories retenues pour de bonnes raisons li es la lutte contre la discrimination mais qui s ins pirent n anmoins d une version tr s racialis e du monde h rit e du colonialisme Elle met galement en vidence l existence de plusieurs statuts en mati re de citoyennet et de nationalit pour les ex sujets coloniaux Elle souligne enfin le r le de la philosophie publique qui met en avant la notion de multiculturalisme et pr tend mobiliser P tat dans la d fense de l galit des droits des minorit s raciales Mais Christine Chivallon souligne surtout les stigmatisations et les s gr gations qui ont emp ch de nombreux Carib ens d affronter avec succ s des probl mes chroniques de sous emploi d chec sco laire etc Dans son portrait ils sont loin d tre crisp s sur de quel conques orientations communautaires et seraient m me plut t enclins tous les m tissages seulement leurs mobilisations s av rent difficiles car activisme politique ne rel ve pas chez eux d une organisation structur e et stable Les Carib ens britanniques semblent pour tout dire quelque peu invisibles sur la sc ne publique m me si certains d entre eux sont des
231. ons possibles Le rapport Rampton a provoqu un scandale mais il faut bien noter que les deux rapports vitent d affirmer cat goriquement que la famille de l enfant carib en est la raison principale de l chec scolaire Plus pr cis ment en soulignant la duret de la vie des p res et des m res ces rapports donnent l impression que l chec scolaire des enfants est imputer non l cole mais quelque d faillance du foyer familial Le foyer pris comme institution cl de l ordre social Un troisi me document le rapport Scarman 1981 tout en traitant des conditions de logement des performances scolaires de la situation de l emploi et des relations entre la police et les communaut s noires Brixton reprend son compte plusieurs id es re ues propos de la EI M Diasporas carib ennes 16 S Tomlinson Ethnic Minorities in British Schools Londres Heineman 1983 Harry Goulbourne Race Relations in Britain Since 1945 op cit 79 famille carib enne Celle ci figure parmi les grandes rubriques d une tude de la communaut noire de Brixton o il est question de la jeu nesse de Brixton un peuple de la rue Il ne faut pas trop s tonner de ces r f rences la famille puisque les auteurs partent du principe qu elle reste une des institutions cl s de l ordre social Une lecture d pas sionn e des rapports Scarman Ramp ton et Swann r v le que les membres
232. ont on se souvient gr ce ce qu on a pu en sauvegarder On peut danser seul deux ou en groupe suivant l induction des tambours tous moments de la vie pour les f tes comme pour les deuils Lors des lev es de deuil un an apr s le d c s les chasseurs de retour au village y posent le gibier L apinti appelle les gens pour les festivit s Commencent alors les contes et les blagues mato souvent anim s par les plus anciens Puis les danses chauffent l ambiance Awassa et song sont suivis d un concours soussa Pour obtenir ces musiques le mato l awassa le song B Musiques 127 128 et le soussa une base de trois petits tambours est n cessaire un fooun donnant le tempo un gaan doon assurant la basse et un tambour ryth mique solo permettant l volution de la danse Les chansons populaires al k permettent par la suite la participation de tous De nos jours on peut se d placer facilement sur le littoral au Surinam comme en Guyane et voyager en Europe Des associations de danse se cr ent afin de faire conna tre d autres l h ritage des Noirs marrons de le pr senter sur des sc nes en y ajoutant des chor graphies et de l enseigner Musiques modernes base de percussions De l Afrique les Noirs marrons ont gard cette facult d entrer en contact avec les esprits wintis gr ce aux tambours De cette musique de com munication aux diff rents langages des rythmes se sont cr s pour a
233. onvaincus que l Europe n est pas la m re patrie promise les Antillais de m tro pole parviennent consid rer les Antilles comme lieu d origine L le natale est enfin rig e en terre d origine qu il s agira de regagner t t ou tard lt l Agathe Petit L ultime retour des gens du fleuve S n gal b Dossier Retours d en France n 1236 mars avril 2002 A PUBLIE M Diasporas carib ennes 20 douard Glissant Po tique de la Relation Gallimard Paris 1990 21 douard Glissant emprunte Gilles Deleuze et Felix Guattari la distinction qu ils ont tablie du point de vue du fonctionnement de la pens e entre la notion de racine unique et celle de rhizome La premi re est celle qui tue autour d elle la seconde est celle qui s tend la rencontre d autres racines Gilles Deleuze et Felix Guattari Mille plateaux Capitalisme et schizophr nie Les ditions de Minuit Paris 1980 61 Pr sence antillaise au Royaume Uni Les migrants issus des Antilles britanniques forment une communaut importante au Royaume Uni Bien que britanniques ils sont soumis aux r gulations d entr e r serv es aux Black British Et une fois en Angleterre la s gr gation l emploi et au logement les exclut des circuits conomiques Pour autant la communaut antillaise britannique reste peu marqu e par les replis identitaires par Christine Chivallon CNRS Tide Ter
234. oreilles pour devenir tr s vite envo tantes Les groupes Pokina et Lagadissa de Paramaribo Cl mencia et Alkowa de Grand Santi Rasta de Papa chton Tranga Oousel de Maripasoula Mabouya de Apatou Switi Lobi de Albina Sapatia Lespeki et Africa de Saint Laurent du Maroni agr mentent les ann es soixante dix puis quatre vingt de leurs belles m lodies Cette musique a v cu volu chang de nom et elle arrive dans les villes du littoral avec l exode rural massif dans les ann es quatre vingt En 1991 Bigi Ting compos de transfuges des groupes Alkowa Africa Sapatia Lagadissa et Switi Lobi redynamise le style al k Saint Laurent du Maroni devient la base de la musique al k dans les ann es quatre vingt dix gr ce ce groupe Elle devient urbaine comme un rap version Maroni mais sans oublier ses racines le fleuve M Musiques Un large ventail des musiques marronnes peut s couter sur CD gr ce la compilation Transamazoniennes musiques de Guyane d Front Line Night amp Day 129 130 Fondering de Grand Santi jeune groupe dans la lign e de Bigi Ting devient vite le repr sentant du nouveau style al k remportant deux ann es de suite le concours du festival Transamazoniennes CD Live Boys et Bigi Monie de Saint Laurent Bigi Libi et Young Cl mincia de Grand Santi Wan Ton M lody et Big Control de Papa chton Slave et Bigi La de Maripasoula sont act
235. origine Et pourtant les Antillais doivent paradoxalement la traite d exister en tant que peuple La chose est incontournable il n y a pas de fait antillais en de de la traite C est dire aussi qu il n y a pas d tre Antillais qui ne soit un projet et une volont Rena tre du transbord comme on l a fait de la traite et renouve ler encore et toujours le devenir antillais telle est l ambition tel est aussi une fois encore le d fi lt HAM Michel Giraud et Claude Valentin Marie Identit culturelle de l immigration antillaise gt Dossier L immigration dans l histoire nationale n 1114 juillet ao t septembre 1988 A PUBLI M Diasporas carib ennes Racisme colonial r action identitaire et galit citoyenne les le ons des exp riences migratoires antillaises et guyanaises Fran ais issus de d partements fran ais les Antillais et Guyanais r sidant en m tropole vivent d autant plus douloureusement les discriminations qu ils subissent Mais ce racisme apparent pr sum fond sur la couleur ne serait que l artefact d une s gr gation qui d coule plut t de la m moire coloniale et de la paup risation de cette population Ainsi dans ces m mes D partements d outre mer les migrants venus d autres les plus pauvres des Cara bes doivent faire face une forte discrimination L auteur en d noue les racines et s interroge sur le prix payer pour qu une soci t
236. ort et au respect des rituels mortuaires perdure Lorsqu un proche demeur en Guadeloupe d c de nul n h site entreprendre le voyage afin d as sister ses fun railles et de lui rendre hommage Si le d placement n est pas envisageable pour des raisons m dicales financi res ou pro fessionnelles une messe sera prononc e dans une glise m tropoli taine en hommage la personne d c d e Les Antillais sont tenus inform s des d c s qui surviennent en Guadeloupe et en Martinique par les bulletins n crologiques diffus s quotidiennement sur les ondes de la radio m tropolitaine M dia Tropical Par ailleurs la f te de la Toussaint demeure l occasion pour les per sonnes originaires de la Guadeloupe d honorer leurs morts en assistant des messes en r citant des pri res et en allumant des bougies leur domicile Ce jour l est tout entier consacr communier avec les d funts Mais ceux ci interviennent chaque jour aupr s des vivants ceux dont ils taient proches lorsqu ils taient en vie Pour cette raison les individus et plus particuli rement les femmes sont attentifs au contenu de leurs r ves par leur entremise les morts entrent en communication avec les vivants pour les clairer les conseiller leur annoncer un v nement venir une naissance un d c s ou les mettre au fait d une situation ayant cours en Guadeloupe Je ne veux pas tre enterr e dans le froid Dans la migra
237. out autre se voudrait fid le au souve nir de Mbanick va c der aux avances du Yatma et devenir son ins parable compagnon Incons tances humaines face aux forces de vie que Maxoye elle m me finira par prouver Bien d cid e au d but faire payer son crime l poux impos elle ne restera pas ternellement insensible ses charmes Yatma l assassin n est pas quitte pour autant Restent les remords qui le rongent et surtout la ven geance l gendaire de la mer plus constante que celle des hommes Le film par moments si r aliste et si proche des pires faiblesses indi viduelles ne recule pas devant l in trusion du fantastique Les requins qui rodent autour des embarca tions pourraient bien tre l me de Mbanick et l arme du destin Adapt du roman ponyme de Mbissane Ngom Le prix du par don b n ficie sans doute de ce fait d une solide construction ce qui fait souvent d faut de nom breux films africains En outre le r alisateur qui signe l son premier long m trage a acquis depuis 1983 une grande exp rience de la fiction travers six courts m trages qui lui ont donn une exceptionnelle ma trise de la direction d acteurs On joue juste dans cette histoire aux confins du r el et de l imaginaire et ce n est pas l un des moindres atouts de ce film prometteur lt 149 Sangue vivo Film italien de Edoardo Winspeare gt D embl e ce film vous a comme
238. ouvement de prol tarisation a conduit les populations antillaises et guyanaises install es en France m tropolitaine d un tat o encore peu nombreuses elles se composaient jusqu la fin des ann es cinquante principalement d individus appartenant aux classes moyennes fonction naires de rang moyen et sup rieur membres des professions lib rales celui d aujourd hui o elles sont massivement constitu es d employ s et d ouvriers occupant des postes de basse qualification Ce mouvement les a men es dans une situation proche bien des gards de celle des groupes issus des immigrations d origine trang re les plus d pr ci s notam ment ceux venus du Maghreb et d Afrique noire auxquels elles sont souvent assimil es Ainsi dans le contexte d une concurrence sociale aviv e par les mutations conomiques de grande ampleur en cours dans la soci t fran aise les populations en question sont comme ces groupes directement touch es et cela du fait m me de la consolida tion de leur enracinement dans l Hexagone par l exacerbation du racisme anti immigr s qui est une des manifestations majeures de cette concurrence Par exemple elles se heurtent parfois dans les proc dures d attri bution d un logement social aux m mes oppositions que celles que ren contrent les trangers souvent dans les m mes communes et ce au titre d une politique discr te de quotas men e pa
239. pas expli citement les rapports sociaux li s au syst me colonial L encore on trouve les m mes reproductions d anciennes publicit s pour les rhums raffin s Bordeaux La l gende de la publicit pour le Negrita attire l attention L l gante publicit du rhum Negrita le rhum le plus vendu en France Une rupture discr te dans les politiques publiques semble avoir merg avec l exposition Regards sur les Antilles qui s est tenue au mus e de la ville de septembre 1999 janvier 2000 Constitu e partir du legs d un collectionneur comportant peintures objets d arts cartes et docu ments anciens elle a consacr une salle annexe l activit n gri re du port de Bordeaux dans un climat tendu comme le rapporte Christine Chivallon Le paysage urbain comme support narratif critique Les contrastes ou les d calages existant entre Nantes et Bordeaux au niveau des politiques culturelles quant l vocation du pass n grier par le biais de publications ou de projets mus ographiques ne sauraient mas quer des similitudes dans l mergence d une utilisation critique des formes urbaines et du paysage comme support de m moires ou de reven dications Le jet annuel d un bouquet de fleurs dans la Loire sur le quai de la Fosse pour la comm moration de la seconde abolition de l esclavage depuis 1987 par Octave Cestor pr sident de M moire de l outre mer et EI N 1237 Mai juin 20
240. passe souvent par une cer taine affirmation publique et politique de la solidarit communautaire En France en revanche on sait que les syndicats et les politiques d couragent toute tentative de particulariser les enjeux en fonction des origines des uns et des autres c est ainsi que le cadre associatif comme le souligne Michel Giraud p 40 est devenu un espace privi l gi des affirmations communautaires sans toujours embrasser la sph re politique En quoi consiste le nous antillais en France Les impasses et les frustrations que connaissent de nombreux origi naires des Antilles en m tropole ne sont pas seulement li es nous sug g re Claude Valentin Marie p 26 aux stigmatisations racistes et aux al as de l insertion socio conomique mais aussi cons quence de d cennies accumul es de marginalisation relative ce qu il n h site pas d finir comme une pr occupante incapacit des Antillais eux m mes avoir prise sur leur destin En quoi pourrait ou devrait consister le nous antillais Si Michel Giraud dresse comme Claude Valentin Marie un tableau assez sombre de la situation des Antillais en m tropole notamment en rai son des stigmatisations racistes qui tendent les d finir comme des trangers il met galement en vidence leur tendance d laisser les engagements syndicaux et politiques d autrefois pour se tourner davan tage dans le cadre associatif pr
241. pe de l cart grandissant entre nous d ici et nous de l bas M me si beaucoup demeurent comme suspendus ind cis entre ici et l bas la mutation s op re In luctable Elle rend inad quate la simple poursuite des actions caritatives et du seul engagement b n vole Une v ritable mobilisation institutionnelle est de nouveau requise Et elle devra favoriser en priorit un enracinement politique des populations antillaises et leur pleine participation au quotidien de la cit o s inscrit durablement leur avenir Pour une nouvelle re de la citoyennet cet gard l exemple antillais a aussi pour m rite de nous clairer sur les liens si souvent tablis entre exclusion et affirmation identitaire l inverse du discours culturaliste il montre que les formes prises par la revendication identitaire d un groupe domin ne peuvent tre com prises en dehors des processus de contr le de marginalisation de rel gation dont il est l objet dans la soci t dominante Ce sont ces m canismes de stigmatisation qui conditionnent les modalit s de la revendication identitaire et non comme on s vertue le faire croire l affirmation identitaire qui in luctablement conduit la discrimination Par del les statuts juridiques les appartenances nationales et ou les sp cificit s culturelles les groupes concern s sont confront s un double refus Le premier est celui qu opposent les r alit s soc
242. pectives de r insertion positive sont encore moins favorables pour les femmes Aux Antilles comme en m tropole le ch mage p nalise davantage les femmes que les hommes Conscientes de cette r alit les Antillaises ins tall es durablement dans l Hexagone h sitent plus encore tenter lex p rience d un retour Au total si les retours se sont accrus ces derni res ann es les r insertions r ussies demeurent d sormais exceptionnelles Il existe un troisi me groupe inclassable Il rassemble ceux en nombre grandissant qui ne sont stabilis s ni ici ni l bas protago nistes d une navette entre ici et l bas Plong s dans un long processus de marginalisation ils c toient en permanence les mondes de la d lin quance drogue prostitution vol Leurs probl mes et les risques qu ils encourent sont conjointement pr sents aux deux p les de la cha ne migratoire en m tropole et aux Antilles Enfin dans les ann es plus r centes se sont ajout s les premiers retours retraites des migrants dont l arriv e en m tropole date du d but des ann es soixante et qui pr figurent un mouvement de plus grande ampleur dans un proche avenir largissement de l espace de reproduction rupture ou renouvellement La pr sence majoritaire des femmes dans l immigration antillaise impliquait logiquement un d veloppement important de la vie fami liale En 1999 on comptait dans l Hexagone plus de 98 000 familles
243. puis le d but ne lui ont pas manqu e Faute de r ponses elles demeurent Mais les frustrations se sont faites plus vives En quelle terre plonger aujourd hui ses racines Quoi esp rer encore du pays natal Comment sa perte substituer une nouvelle mani re d tre ensemble Comment penser les formes d un rassemblement adapt es l pret nouvelle du monde Comment penser un projet d avenir qui ne distingue pas irr m diablement ici de l bas Seul est indubitable le fait qu il n y a plus de migrations pour se sauver de l chec de la migration Mais personne sur ce point ne peut se tenir quitte du pass En favo risant le maintien de la paix sociale les d parts des ann es soixante et soixante dix ont cr les conditions de la mutation des soci t s antillaises et de leur entr e dans cet univers de consommation aux quelles elles se r duisent aujourd hui Ils ont donc plus que contribu l am lioration des niveaux de vie de ceux qui sont rest s Plus que jamais ce rappel s impose aujourd hui que les tentatives de retour sont l objet l bas d une m fiance grandissante Comme s impose en compl ment une vive attention aux volutions institutionnelles aux Antilles De la d centralisation au renouveau de la revendication d autonomie rien ne garantit qu elles sauront toujours prendre en compte les ambitions les projets les attentes les besoins de ceux de l migration Cela aussi partici
244. r es de Carib ens de 79 soit 450 413 dans les ann es cinquante ils sont descendus 5 soit 57 217 dans les ann es soixante dix Dijj renciations de classe apr s 1960 En fonction de leurs origines de classe les migrants carib ens ont connu de multiples formes d incorporation dans le march du travail de la soci t d accueil Bien que au sein d un seul groupe puissent se mani fester divers modes d incorporation chaque groupe pr sente une ten dance dominante un extr me il y a les Cubains migr s entre 1959 et 1979 qui ont b n fici de nombreux privil ges et l autre les boat people ha tiens arriv s en Floride partir de 1977 apr s avoir travers plus de mille kilom tres en haute mer sur des embarcations de fortune Entre ces deux p les on trouve des modes d incorporation interm diaires par exemple les travailleurs qualifi s ou cols blancs venus de Jama que et d Ha ti entre 1965 et 1980 Pour leur part les Portori cains ont connu les conditions socio conomiques parmi les plus d favo rables de tous les groupes admis aux tats Unis Parmi les chercheurs il y a un consensus pour dire que les Cari b ens migr s aux tats Unis depuis les ann es soixante sont globale ment des travailleurs relativement qualifi s urbains et bien form s et qu ils ont des revenus qui les situent nettement au dessus des couches les plus pauvres de leurs pays d origine
245. r certaines munici palit s y compris celles de gauche Les immigr s d origines antillo guyanaise et trang re ont t regroup s pour l occasion dans une m me cat gorie celle de populations allog nes Ou encore elles essuient souvent comme les travailleurs trangers les plus stigmati s s des refus d embauche motiv s par le ph notype des candidats comme le confirme une tude officielle portant sur l insertion profes sionnelle et l acc s l emploi de jeunes sans qualification Des EI N 1237 Mai juin 2002 M a Antillais la recherche d un emploi s entendent dire que s ils n taient pas noirs ils seraient pris Et quand ils en ont un il est av r que en m tropole un niveau de formation quivalent un travailleur des Dom a plus de difficult s qu un travailleur m tropolitain pour acc der un emploi correspondant sa formation ou sera plus fr quemment orient vers un emploi moins qualifi comme le souli gnait d s 1983 le rapport Lucas Alors qu on ne cesse de leur proclamer qu ils sont de droit des Fran ais part enti re les Antillais d couvrent en m tropole qu ils sont de fait selon la formule d Aim C saire des Fran ais enti re ment part Les difficult s d insertion communes aux Antillais et certaines populations d origine trang re mettent ainsi en relief le fait que comme nous en avons fait ailleurs l h
246. r de la production de tabac Jes s Col n 1901 1974 nous raconte avec humour dans son recueil de chroniques intitul Un Portoricain New York et autres r cits com ment dans les ann es vingt il avait collabor un journal militant crit en espagnol mais dont le titre tait en latin Le lien entre les Grecs les Romains et le monde hispanique de New York apparaissait tonnant aux militants ouvriers Pour eux le mot latin tait d pourvu de r f rent culturel ou politique et le terme latino am ricain n attirait pas davantage leur attention Ceci se d roulait bien avant que le nom latino ne devienne dans les ann es soixante le d nominateur com mun de toute une s rie de revendications sociales ou antiracistes Nous examinerons bri vement ici l histoire et les significations multiples des discours identitaires latinos en nous concentrant sur l exemple de la ville de New York C est la lumi re de l histoire qu il convient d appr hender la pro bl matique de la latinit partir du XVIe si cle dans le contexte de l mergence du colonialisme europ en et de la premi re vague d expan sion mondiale du capitalisme on assiste l mergence d un discours sur l Occident li l laboration de syst mes de classification culturelle et raciale dans les Am riques Noir Blanc Mul tre M tis Indien etc Ces cat gories ethnoraciales sont le fruit de la rencontre dans
247. ra t comme une zone frontali re de rencontres imp rialo coloniales d changes in gaux et de d imbrications culturelles Des discours s y laborent qui joueront un r le important dans la formulation des identit s carib ennes et latino am ricaines Car New York s journent des sujets de l Empire colonial espagnol en parti culier des Cubains et des Portoricains qui d veloppent dans l exil des strat gies de r sistance Le plus c l bre d entre eux est l crivain cubain Jos Marti 1853 1895 qui insiste sur la distinction entre notre Am rique m tisse les pays du Sud et Vautre Am rique les tats Unis Jos Mart tait conscient de sa propre ambivalence puisqu il tait sen sible la s duction exerc e par la modernit industrielle et technologique ES M Diasporas carib ennes 111 D s les ann es vingt la Ligue portoricaine et hispanique ici en 1934 organisait les luttes contre la discrimination par exemple lors de l meute du Barrio quartier hispanique de Harlem en 1927 112 nord am ricaine tout en rejetant violemment la condition de subalternes culturels r serv e aux Am ricains du Sud par la nouvelle puissance Apr s 1898 New York devint la deuxi me m tropole la plus peupl e du monde le principal lieu d immigration ainsi que le centre nodal des finances internationales et une place industrielle primordiale l chelle du continent no
248. rance qu ils le sont sans doute le moins et que la Grande Bretagne constitue un cas interm diaireC Il faudrait se garder cependant de formuler des jugements de valeur l emporte pi ce propos de tel ou tel mod le national en ne faisant ressortir que les diff rences visibles entre les pays Car il existe aussi des traits communs dans les dynamiques d incorporation des populations carib ennes dans les soci t s m tropolitaines Partout leur importante dispersion engendre des processus identitaires d une plasticit tonnante d o le moment diasporique n est jamais totale ment absent et le moment citoyen non plus Les identit s hybrides des migrants carib ens notamment ceux qui ont des horizons de vie transnationaux repr sentent sans aucun doute un d fi la souverai net des tats m tropolitains Mais ce d fi est loin d tre total C est plut t un red ploiement plus ou moins ma tris selon les espaces qu une remise en cause fondamentale de la citoyennet nationale que nous assistons et de ce point de vue l observation des multiples parcours carib ens peut tre remarquablement instructive lt Dossier Fragments d Am rique Migrants et minorit s aux USA n 1162 1163 f vrier mars 1993 A PUBLI 90 N 1237 Mai juin 2002 Bi La probl matique int gration des Portoricains aux Etats Unis Les Portoricains ont longtemps constitu le groupe hispanique et carib en le plus nom
249. rd am ricain Les gratte ciel les ports les tunnels les moyens de transport et de communication confirm rent New York comme la ville capitaliste par excellence et comme mod le du paysage urbain moderne Elle devint un aimant attirant d abon dantes populations du Sud pour des motifs conomiques politiques culturels ou touristiques parmi lesquelles les Cubains et les Portori cains taient au d part les plus nombreux Pendant les ann es vingt et trente l poque o Jes s Col n organi sait des luttes ouvri res des organisations ethnoraciales ont galement vu le jour comme la Ligue portoricaine et hispanique Les luttes contre la discrimination organis es par la Ligue par exemple lors de l meute du Barrio quartier hispanique de Harlem en 1927 montrent le r le impor tant des Portoricains dans ces combats et t moignent de leur esprit d op position fond sur des revendications linguistiques et ethnoraciales qui conditionnaient d j l mergence d une identit hispanique Apr s la Seconde Guerre mondiale et dans le contexte de l affirmation de l h g monie des tats Unis dans le monde pr s d un million de Porto ricains ont migr New York formant le premier groupe de migrants a riens de l histoire moderne La majorit des Portoricains ne s int grait dans le march du travail qu aux plus bas niveaux et commen ait d j tre vinc e de la sph re du travail formel
250. re l nigme matrifocale Relations familiales et rapports de sexes en Guadeloupe th se de doctorat cole des hautes tudes en sciences sociales Paris 2000 57 9 Daniel Borrillo L homophobie Puf coll Que sais je Paris 2000 p 46 10 douard Glissant Le discours antillais Gallimard Paris 1981 p 149 11 Christiane Bougerol Une ethnographie des conflits aux Antilles Jalousie comm rages sorcellerie Puf Paris 1997 12 Christiane Bougerol ibid p 130 13 Catherine Beno t ibid Christine Chivallon Du territoire au r seau comment penser l identit antillaise Cahiers d tudes africaines n 148 1997 58 celle de sa famille lorsqu elle est dans la confidence consiste d truire par le feu tout stigmate laiss par le virus et par l m me toute trace de d gradation morale susceptible d affecter le groupe familial dans son entier Ce processus de destruction est le m me que celui qui consistait dans l Europe du XVIII si cle condamner les sodomites au b cher La mort par le feu appara t comme une forme sp cifique et n cessaire de purification non seulement de l individu dont on br le la chair pour sauver l me mais galement de la communaut dont on extirpe ainsi le mal qui la ronge de l int rieur Le territoire d origine objet d un fort investissement symbolique L individu qui a contract le sida
251. relation non pas simplement binaire mais trian gulaire Entre eux et la m tropole s est en permanence insinu r el ou fantasm le migrant tranger ou d origine trang re C est dans cette relation triangulaire que se jouera aussi leur avenir Il faut y voir plus qu une ironie de l histoire Peut on continuer d tre antillais hors des Antilles Les enjeux de cet avenir se formulent aussi sous la forme d une simple question peut on tre Antillais hors des Antilles Comment g rer ce rapport proximit loignement soi m me dont Aim C saire dans le Cahier d un retour au pays natal a donn il y a plus de cinquante ans le mod le v nement majeur de la construction de l identit antillaise l criture du Cahier s est nourrie du long d tour qui a ramen le po te la plus grande des proximit s avec lui m me Ce long d tour par lequel on revient soi chaque immigr antillais en fait l ex p rience Mais l enjeu n est plus seulement aujourd hui de rassembler les pans parpill s de cette aventure individuelle et collective pour enfin hors des jours trangers faire retour au pays natal L enjeu est d crire une nouvelle histoire avec cette part du nous qui d sor mais largit les rives du pays natal La geste du Cahier d un retour au pays natal ne peut plus tre renouvel e En revanche son exemple doit tre pleinement m dit Pour se rappeler son impact sur la
252. reux sont d j les pays qui l in verse sont en dessous du seuil de reproduction 2 1 enfants par femme Barbade et Cuba ne sont plus qu 1 6 enfant par femme Aruba la Mar tinique et Trinidad 1 8 la Guadeloupe et Porto Rico 1 9 e L analyse par grands groupes d ges 0 14 ans 15 64 ans 65 ans et plus montre que la plupart des les gardent une structure par ges encore jeune puisque les individus g s de 65 ans et plus ne repr sen tent en moyenne que 7 3 de la population La migration contre 27 9 pour les moins de 15 ans et 64 8 forc e dirig e volontaire pour le groupe des 15 64 ans a toujours t au c ur des e Si l on rapproche ces l ments des mesures processus d adaptation qui ont forg des taux bruts de natalit et de mortalit on voit les soci t s du bassin carib en bien comment se d cline maintenant le processus de transition d mographique dans la Cara be avec des r gimes encore tr s lev s de natalit et de mortalit une population de moins de quinze ans repr sentant 40 de la population totale et un nombre moyen d enfants par femme estim 4 4 il est clair que Ha ti est encore au d but du processus Grenade et la R pu blique dominicaine montrent des niveaux encore lev s de natalit et de f condit confirm s par des structures par ge tr s jeunes respec tivement 37 et 34 de moins de 15 ans et seulement 3 9 et 4 9 de plus de 64 a
253. rioritairement sur des solidarit s de type professionnel ou plus lar gement de classe vers une autre o pr dominent les relations et les solidarit s de type communautaire Un risque dont l option unique de l associationnisme communautaire est particuli rement susceptible d tre porteur surtout paradoxalement quand la citoyennet fran aise des membres de la communaut leur longue habitude des jeux politiques nationaux et les grandes comp tences ainsi que l entregent de leurs lites relativement nombreuses conf rent cet associationnisme via les pratiques discutables du lobbying politique une efficacit discr te mais r elle que n a pas dans la m me mesure celui des populations d origine trang re De la n cessit de prendre en compte les particularit s effectives de la situation des Antillais et des Guyanais vivant dans l Hexagone pour pouvoir satisfaire les aspirations de ces derniers qui tout en tant particuli res de fait sont g n ralement nous voulons dire dans la g n ralit du droit naturel l gitimes l on pourrait alors passer une obligation quasi ontologique de sp cificit Celle ci viendrait ainsi justifier a priori et en toutes mati res les profitations injustifiables d une pr f rence ethnique m me s il est vraisemblable que celles ci resteraient alors d une importance modeste Et ce au m pris ou dans l indiff rence des
254. rites le d bat sur la place publique On mesure ainsi le chemin parcou rir D autant que le r alisateur avoue tre sorti puis de six ans d efforts lt Fronti res Film fran ais de Most fa Djadjam gt On a coutume de traiter le sort des clandestins en blocs motion nels en impacts m diatiques ou catastrophes plurielles m lant indignation compassion militan tisme On est sensibilis par une foule d enfants et d adultes expul s s manu militari d une glise par des cargaisons de noy s sur les pat ras du d troit de Gibraltar par des livraisons de voyageurs asphyxi s dans des camions frigo rifiques Africains du Sahel Chi nois Philippins Marocains Rou mains Albanais ou Kossovars Finalement presque tous anony mes et confondus dans des abs tractions ou des concepts bien ou mal pensants l opulence enviable de l Occident l aggravation de toutes les mis res du monde et plus particuli rement celle des pays dits mergents l indiff rence des nantis ici et l la corruption des lites les agissements crimi nels des mafias interm diaires Pour son premier film tr s pr m dit Mostefa Djadjam a choisi un tout autre point de vue se pla cer hauteur d homme et s y tenir tout au long du p riple qui va mener ses personnages des rives du fleuve S n gal la c te tang roise et pour les plus chanceux au havre d Alg siras promesse d Europe Entre weste
255. ritorialit et identit dans le domaine europ en Maison des sciences de l homme d Aquitaine Pessac Une version court e de cet article est parue dans la revue Volcans n 31 1998 21 ter rue Voltaire 75011 Paris 62 La pr sence antillaise au Royaume Uni en Angleterre devrait on dire car Pays de Galles cosse et Irlande du Nord ne sont concern s qu des degr s mineurs n est pas d embl e tr s connue ni imm diatement mise en rapport avec la sp cificit britannique et qui viendrait s ajouter la panoplie de ses signes distinctifs la famille royale Westminster les bobbies le th le tournoi de Wimbledon les pubs les Beatles et autres plus r centes Spice Girls Certes on peut se r jouir du fait qu une com munaut ne soit pas transform e en clich ou st r otype Mais on peut aussi tre tonn de cette sorte d invisibilit au moins pour le regard ext rieur qui ne sait pas ou peu que les plus fameuses minorit s eth niques britanniques se composent en grande partie de migrants antillais et particuli rement des Jama cains et de leurs descendants Il faut sans doute y voir l le r sultat de la fa on dont la soci t britannique a n goci son passage une soci t pluriethnique en d veloppant d abord et sans doute encore un net clivage entre groupes sociaux cli vage fond sur le crit re racial et donnant lieu deux entit s distinctes les W
256. rn et road movie une sorte de Paris Dakar l envers mais plein de rebondisse ments Le tout construit partir d une recherche minutieuse de l authenticit qui exclut toute d magogie tant dans les motiva N 1237 Mai juin 2002 M tions de d part que dans les com portements durant la travers e de ce vaste hinterland que consti tuent les fronti res incertaines p rilleuses mais n gociables entre la Mauritanie l Alg rie et le Maroc Pour cela le r alisateur a longue ment enqu t aupr s des candi dats lexil qui se nourrissent d esp rances ceux qui ont eu des accidents de parcours et ont d rebrousser chemin ceux qui ont cru tre arriv s bon port Tout a t soigneusement enregistr r crit et travaill pendant des mois avec les interpr tes retenus Peu d entre eux taient des pro fessionnels mais ils avaient le temps et la capacit de se fami liariser dans une dynamique de groupe avec des r les assez proches de leur r alit Ainsi du baroudeur Lou Dante Sipipi ou de Delvelin Matthews Arvey Noir am ricain qui d passa les bornes de la fiction et s en alla mourir brutalement Paris lors d une interruption de tournage Le r sultat de cette fa on exi geante et pudique de traiter les individus conduit une authenti cit qui conf re son tour au film toute sa force de conviction Le voyage compliqu et hasar deux des sept personnages six homm
257. route ce mouvement de fuite sans pr c dent Mais l exode depuis le port de Mariel a durablement fragilis l image positive dont jouissaient jusqu alors les exil s cubains aupr s de l opinion M Diasporas carib ennes 105 106 publique am ricaine Le contexte anarchique dans lequel se d roula cet v nement a permis beaucoup de Cubains de tenter leur chance en embarquant pour la Floride sans qu aucun crit re familial social ou pro fessionnel ni aucune proc dure de filtrage n entre en ligne de compte De ce fait les exil s de Mariel sont socialement professionnellement et racialement l image de la soci t cubaine de l poque c est dire tr s loign s du profil st r otyp du r fugi derri re lequel s abritait la com munaut cubaine de Floride Les exil s cubains d j install s aux tats Unis depuis dix ou vingt ans ne sont d ailleurs pas les derniers s tonner de la sombre couleur de peau et du comportement d viant des nouveaux arrivants une cons quence selon eux du processus r volutionnaire impos par le r gime castriste Les m dias am ricains mettent en outre l accent sur la pr sence parmi les marielitos de d linquants lib r s pour l occasion des prisons cubai nes et expuls s vers la Floride En tout tat de cause et que cette crainte soit ou non v ritablement fond e les tats Unis vivent apr s 1980 dans la peur d un nouveau Mariel
258. rs d asile Q Violences mythes et r alit s n 11 98 1 a MAT 1230 n 1227 septembre octobre 12 a A minorit s Lise Q Au miroir du sport j i pus l f n 1226 juillet ao t 12 Q Jeunesse et citoyennet n 1196 mars 6 70 Q Sant le traitement de la diff rence Q cit s diversit disparit s n 1225 mai juin 12 n 1195 f vrier 6 70 Q Marseille carrefour d Afrique Q L Italie Quelle politique d immigration n 1224 mars avril 12 n 1194 janvier 6 70 Q Regards crois s France Allemagne 1995 n 1223 janvier f vrier 12 7 7 Q D tours europ ens 1999 n 1193 d cembre 6 40 Q Pays de la Loire divers et ouverts Q re oes pngugs 640 n 1222 novembre d cembre 12 a n FOCOS r Q Immigration la dette l envers Tsiganes et voyageurs n 1221 septembre octobre 12 n 1188 1189 juin juillet 12 60 Q Islam d en France Migrants chinois Q Apr s les O S le travail des immigr s n 1220 juillet ao t 12 Ne T187 mal sue Q Combattre les discriminations Q Rh ne Alpes Un carrefour Nord Sud 1186 avril 6 40 n datae arun KS Q b i dei illes n 1185 4E Q La cit mode d emploi n 1218 mars avril 12 ES net D Sma ETO Q D Espagne en France Q La ville d sint gr e n 1184 f vrier 6 40 n 1217 janvier f vrier 12 l SN Q Passions franco maghr bines 1998 n 1183 janvier 6 40 Q Politique migratoire europ enne 1994 n 1216
259. rs identitaires se forgent dans un espace transnational en se fon dant sur une appartenance double et apparemment contradictoire le groupe ethnique et la nation Lorsque les droits civiques ou sociaux sont en jeu les Portoricains formulent leurs revendications en jouant sou vent sur le registre ethnique au sein de l tat m tropolitain lorsque l enjeu tourne plut t autour d affirmations culturelles ou de revendica tions politiques les Portoricains peuvent d ployer un discours r so nance nationale qui v hicule des revendications d autonomie Si ni l id e de nation ni celle de groupe ethnique ne suffisent pour rendre compte des processus identitaires des Portoricains peut tre les notions de transnation de transnationalisme 6 ou d ethno nation seront elles plus ad quates Du moins si nous entendons par ceux ci une forme mergente d identit hybride qui d passe les cat gories d ethnicit et de nation tout en les incorporant dans une m me d marche La notion d ethno nation se r f re davan tage un processus qu une r alit statique puisqu elle suppose le d ploiement d un double registre l accent tant tant t mis sur l un lethnie tant t sur l autre la nation selon le contexte politique M me les plus nationalistes des Portoricains reproduisent les ambigu t s du transnationalisme d coulant de l ambigu t du statut de l tat libre associ de Po
260. rto Rico au sein du syst me politique tatsunien Ainsi les Portoricains mobilisent leurs droits en tant que citoyens de la m tropole afin de revendiquer l acc s la totalit des programmes de ce m me tat f d ral mais ils peuvent galement jouer sur un registre plus nationaliste pour d fendre des droits culturels ou pour rejeter cer taines pratiques aux tats Unis En ce sens l exp rience portoricaine illustre plus clairement que d autres l id e que les identit s se mani festent comme des constructions et que celles ci sont li es des stra t gies politiques dans des champs de pouvoir donn s lt Traduit de l anglais par James Cohen James Cohen Les Portoricains et le melting pot en panne l A PUBLI gt Dossier Aper us am ricains n 1149 d cembre 1991 Marta Tienda L int gration des Hispaniques gt Dossier Fragments d Am rique Migrants et minorit s aux USA n 1162 63 f vrier mars 1993 100 N 1237 Mai juin 2002 B Origines et devenir de la notion d exception cubaine dans la politique migratoire am ricaine Cuba cheval de troie communiste plant dans le talon du continent am ricain En tentant d radiquer cette exception g opolitique Washington a fait na tre une seconde exception dans ses fronti res celle de sa gestion de l immigration cubaine Un temps attir s pour vider l le de ses cerveaux et fomenter la contre r volution les Cubain
261. s souvent des femmes d ailleurs un paradoxe pour l auteur de De la domi nation masculine boivent les paroles du mythe vivant comme du pain b ni les lascars de banlieue interpellent avec rugosit l intellectuel lors d un d placement du c t de chez eux pour un d bat sur l in galit face EI 140 N 1237 Mai juin 2002 M G rard Vidal IM m dia l ducation et la culture Une des premi res sc nes du film commence par une mission Radio Droit de cit Les jeunes animateurs de Mantes la Jolie re oivent le sociologue l antenne en lui affirmant qu il ne faut pas se laisser impressionner par les mots Ils encha nent Alors monsieur Bourdieu qu est ce que la sociologie R ponse sur un mode p dagogique assez d contract Le sociologue essaie d tablir des lois des r gularit s des mani res d tre r guli res et d en d finir des principes Pourquoi des gens ne font pas n importe quoi pourquoi ils font ce qu ils font pourquoi les fils de profs ils r ussissent mieux que les fils d ouvriers Bon voila Sans se d monter les jeunes on ne sait pas vraiment s ils ont enregistr le sens de la r ponse demandent Et les in galit s monsieur Bour dieu a sert quelque chose C est un probl me m taphysique sur lequel un sociologue n a pas prendre position J carte cette question Pour poser les bonnes questions scientifiques
262. s le Qu bec et les territoires fran ais de toute la Cara be tout particu li rement la Guyane et Saint Martin notamment pour des raisons de langue les Bahamas les les Vierges et maintenant la Floride Le bilan au tournant du XXE si cle En lan 2000 la situation d mographique et migratoire du bassin cara be pr sente une image tout fait nouvelle voir tableau p 22 e l esp rance de vie a consid rablement augment au cours des derni res d cennies sauf en Ha ti qui reste hors normes 49 ans rapprocher de la moyenne du bassin cara be 72 7 ans Les r sultats sont cependant tr s disparates comme le montre l cart type 6 5 entre les vingt et un tats insulaires observ s Certains pays comme ES M Diasporas carib ennes 23 24 Aruba les les Ca mans Cuba la Guadeloupe la Martinique ou les les Vierges atteignent ou d passent m me le niveau des pays occidentaux ce qui s explique en partie par des structures par ge encore tr s jeunes et donc moins soumises au risque de mortalit e Le nombre moyen d enfants par femme indice synth tique de f condit indicateur qui traduit bien l volution du processus de la transition d mographique a fortement diminu partout l exception encore d Ha ti 4 4 enfants Si la R publique dominicaine et les petites les Turks et Ca ques ont encore un r gime de f condit lev e 3 et 3 2 enfants en moyenne par femme nomb
263. s Les journalistes affluent les radios les t l s RFO MCM Africa couvrent l v nement Toutes les ethnies locales Noirs marrons Am rindiens et Cr oles partagent la m me sc ne l origine de cette initiative particuli rement r volutionnaire dans le contexte guyanais un groupe d amis uvrant auparavant au sein de diff rentes associa tions Ils d cident d unir leurs forces dans ce projet commun afin de d cloisonner et de d senclaver ce petit monde quatorial en offrant un espace de rencontre Ils cr ent l association Magua nom qui sonne comme un cri annon ant la rage et le d sir de mouvement Un homme Micha l Christophe une force de la nature irra diant d nergie s impose la t te de ce qui va repr senter un raz de mar e balayant les incertitudes et refusant le retour des vieux fant mes Depuis sa premi re dition en 1997 le festival a g n r un prodigieux travail de structuration Il a organis la promotion des cultures et des musiques du Maroni en Europe au Canada aux tats Unis au Br sil Aujourd hui au del de l v nement lui m me des concerts r guliers sont organis s des disques enregistr s dans un studio professionnel des changes sont initi s entre jeunes musiciens guyanais et europ ens Les Transamazoniennes ouvrent l esprit l vent l art en moyen d ex pression au service du partage avec l autre de l interculturel pour une soci t plu riethnique Contact Trans
264. s mais aussi de leurs r alit s sociales et culturelles En m tropole une com munaut originale serait ainsi en voie de se constituer tirant profit de la forte concentration g ographique des populations concern es dont pr s des trois quarts se regroupent en r gion parisienne et plus pr cis ment sur un axe nord nord est Paris et dans ses d partements limitrophes Mais souligner cette dynamique et en dire l importance dans l his toire antillaise ce n est pas conclure sans autre pr caution lexis tence av r e d une communaut unanimement d termin e exister comme telle dans l espace public m tropolitain et RE Pour les fils de l immigration qui montrerait une capacit politique peser sur nr la vie de la cit la France n est plus ce lieu d o Deux exigences au moins doivent cet gard l on peut r ver un prochain tre remplies La premi re est l acceptation par le retour au pays natal Elle est lieu plus grand nombre de l id e d une installation den aissance sinon d j terre d origin e d finitive en France La seconde est la capacit faire admettre son originalit socioculturelle sans rien c der de lim p ratif de promotion individuelle et collective des membres de la com munaut L ambition il est vrai est constitutive de l histoire m me des Antilles Mais alors que les conditions politiques m me de la satis faire pleinement sont encore
265. s pour d couvrir ici des mascarons l des balcons galb s l gamment form s Ainsi ces l ments du paysage urbain nan tais sont syst matiquement convoqu s pour dire et permettre l interpr ta tion d un processus historique aux multiples dimensions Ces immeubles et ces fa ades sont quelque part assign s dire le pass n grier nantais et par extension le pass n grier fran ais Bordeaux poss de aussi des h tels particuliers orn s de mascarons mais ils ne sont pas encore assign s t moigner d une histoire ni voquer une m moire dans l espace public Comme le rel ve Eric Saugera les fa ades du XVIII si cle ne laissent rien transpara tre de l activit de leurs occu pants d alors all es de Tourny elles refl tent la prosp rit d une cit qui n a pas de conflit avec l histoire 6 Le Grand th tre de Bordeaux pos s de galement une fresque en son plafond dont une partie d nomm e Le port et ses esclaves voque le pass n grier de la ville Si ces l ments ne sont pas construits comme des traces actives les choses sont cependant susceptibles de changer Ces discours s articulent la pr sentation courante qui veut que le cycle n grier se soit interrompu avec la R volution fran aise et la premi re abo lition de l esclavage en 1794 en occultant la traite clandestine qui s est poursuivie jusqu au milieu du XIX si cle Ils font cho au discours r p
266. s Determinants and Modes of Incorporation International Migration Review vol 23 n 3 1989 pp 606 630 Alejandro Portes et Rub n Rumbaut Immigrant America A Portrait University of California Press Berkeley 1990 2 Elizabeth Petras The Global Labor Market in the Modern World Economy in Mary M Kritz Charles B Keely et Silvano M Tomasi eds Global Trends in Migration Theory and Research on International Population Movements Center for Migration Studies New York 1981 91 3 Marfa Eugenia Estades Font La presencia militar de Estados Unidos en Puerto Rico 1898 1918 Ediciones Hurac n Porto Rico 1988 4 Ram n Grosfoguel The Divorce of Nationalist Discourses from the Puerto Rican People in Frances Negr n Muntaner et Ram n Grosfoguel eds Puerto Rican Jam Rethinking Colonialism and Nationalism University of Minnesota Press 1997 5 Suzy Castor La ocupaci n norteamericana de Haiti y sus consecuencias 1915 1934 Siglo XXI Mexico 1971 Juan P rez de la Riva Cuba y la Migraci n Antillana 1930 1931 Anuario Estadistico de Estudios Cubanos 2 la rep blica neo colonial Ed de Ciencias Sociales La Havane 1979 Nancy Foner Jamaican Migrants A Comparative Analysis of the New York and London Experience Occasional Papers n 36 Center for Latin American and Caribbean Studies York University 1983 6 Alejandro Portes and
267. s carib ens ont t moign en effet d une forte orienta tion communautaire et si certains souvent les m mes sont vic times de racisme et de taux disproportionn s d exclusion socio co nomique cela n a pas emp ch bon nombre d entre eux d intervenir activement dans l espace public des tats Unis en tant que citoyens ou en tant que cr ateurs en d passant de loin tout particularisme des origines Par ailleurs les groupes carib ens qui affirment une forte pr sence publique sont souvent les m mes qui entretiennent des r seaux transnationaux familiaux commerciaux coop ratifs finan ciers politiques etc entre le pays d accueil et le pays d origine Ces migrants cheval entre deux espaces forgent de nouvelles pra tiques de citoyennet transnationalis es D sormais les Carib ens vivant aux tats Unis repr sentent beaucoup conomiquement poli tiquement et culturellement pour leurs pays d origine et tendent chaque fois en fonction d histoires nationales particuli res constituer des diasporas actives il faudra naturellement s en tendre sur le sens de ce dernier terme qui peut pr ter quivoque nous y reviendrons N 1237 Mai juin 2002 B De quels Carib ens parle t on Contrairement la Grande Bre tagne avec ses West Indians ressortissants des anciennes colonies et contrairement la France avec ses citoyens des d partements d Am rique les tats U
268. s d antan du temps o leurs anc tres ont t vol s cette terre m re Dans ces temps anciens o ils n avaient pas Anne Marie Zoccarato Le groupe Bigi Monie originaire de Saint Laurent Un repr sentant de la nouvelle g n ration dite des rappeurs du Maroni 126 tous la m me langue puisque venant de r gions diff rentes le tambour leur servait communiquer L expression visible du tambour sur leurs corps s est appel e awassa ou song Les per cussions les touchant au plus profond de leur me les lib rent et induisent l authenticit l expression corporelle de ce qu ils sont individuellement ou socialement Chaque personne a sa propre fa on de danser Chaque village a son propre style Les pieds sont orn s de liens garnis de graines de kawat permettant de sonoriser les pas Dans certaines familles l art de la danse se transmet de g n ration en g n ration tout comme l art du tambour Parfois la com plicit entre le percussionniste et le danseur les am ne une comp tition o le premier met l preuve le second Si le danseur estime que le per cussionniste a bien jou il s en approche en dansant et l arr te en posant son pied sur le tambour N 1237 Mai juin 2002 B Les rythmes traditionnels marrons La tradition orale contient l histoire de ce peuple Elle est toujours soutenue par des rythmes particuliers jou s sur percussions que l on peut cla
269. s de meilleur atout que l change et louverture aux autres et pas de pire ennemi que la gestion int griste de son identit Tant il est vrai que l identit n est pas un tat mais une construction et qu elle n a de chance de se pr server qu raison de sa perp tuelle recr ation La pr servation de l identit n est pas la pr servation de liden tique tre Antillais ce n est pas seulement se r f rer un pass C est vouloir tre Antillais tre Antillais n est pas une simple donn e de naissance ni d origine c est un projet C est l le lot de tous les peuples Mais la bri vet de notre histoire nous contraint d en tre plus conscients que d autres D autant que s y ajoute le d fi d un enracine ment toujours inachev toujours recommencer peu de peuples il a t impos d y faire face ce degr et aussi vite peine la r alit antillaise commen ait elle de se dessiner dans son espace carib en qu elle tait d j somm e de se re construire en territoire m tropoli tain Ce mouvement de d construction reconstruction est une particu larit des peuples carib ens Nous le partageons avec les West Indians de Londres ou les Portoricains de New York d rouler le fil de l his toire de la traite n gri re aux transbords de l migration on pourrait m me s tonner que nous existions encore D battre aujourd hui du fait antillais d battre d une r alit an
270. s en vigueur dans la Cara be du En soulignant la duret de la vie Commonwealth sont ceux de la common law des p res et des m res anglaise Elles constituent un ensemble tacite les rapports Swann et Rampton mais puissant de liens entre la r gion et la d t l impression que l chec scolaire P E CARRE p i q Du point de vue de la transnationalit des des enfants est imputer non l cole peuples carib ens des deux c t s de l Atlan mais quelque d faillance du foyer familial tique la question de la nationalit rev t la plus grande importance dans des relations bilat rales L acceptation de la double nationalit par la Grande Bretagne et par les tats de la Cara be du Commonwealth en est une claire expres sion Un Barbadien ou un Jama cain qui poss de la double nationalit peut non seulement avoir deux passeports mais peut aussi tre pro pri taire lecteur et candidat dans les deux pays Les personnes sont sujettes aux lois du pays de r sidence Dans la Cara be du Common wealth la nationalit vient principalement de la naissance sur le terri toire national mais elle peut galement tre acquise par descendance par enregistrement registration ou par naturalisation De plus en plus les tats de la r gion voient les communaut s vivant l tranger comme une ressource notamment en mati re d investissements mais aussi en mati re d aides l occasion d un d sastre naturel ruption vo
271. s gardent le b n fice d un r gime de faveur Mais depuis la fin de la guerre froide leur image positive de r fugi s politiques s est peu peu ternie L exception cubaine dans la politique migratoire des tats Unis est par Michel Forteaux fr quemment cit e par les partisans d une approche plus souple ou au see contraire plus rigide des flux migratoires Les premiers s en inspirent pour demandeurs d asile pour exiger que d autres nationalit s puissent b n ficier des m mes a O an avantages tandis que les seconds n en finissent pas de demander qu il soit mis un terme ce r gime d rogatoire Partie int grante de la l gislation am ricaine le traitement pr f rentiel r serv aux ressortissants cubains ne peut se comprendre que dans une perspective historique que nous pr senterons plus loin Retenons ici que le Cuban Adjustment of Status Act de 1966 accorde automatiquement le statut de r sident permanent aux exil s cubains un an apr s qu ils aient t inspected and admitted ou paroled admis sur parole aux tats Unis On pourrait penser que ce filtre de l admission sur le territoire viserait pr cis ment restreindre le nombre de titres de s jour finalement d livr s dans le cadre de cette loi Mais lexception cubaine en mati re migratoire commence d s l entr e sur le sol am ricain et la presque totalit des nationaux cubains chappe encore par le biais de cette parole sorte de li
272. s les quartiers londoniens au sud de la Tamise Brixton ceux de la Barbade au nord Notting Hill les Antillais des petites les Sous le vent Saint Kitts Nevis Antigua Montserrat se retrouvent en plus grand nombre dans la ville de Leceister etc Des contours communautaires tr s ouverts La s gr gation spatiale sur fond de discrimination raciale se double d une profonde in galit conomique La carte des plus forts taux de ch mage urbain pouse parfaitement celle des inner cities Pour reprendre l exemple de la ville de Bristol le taux de ch mage pour 1991 passe du simple 9 9 au double 19 4 selon qu il s agit de la population blanche ou d origine ethnique Les trois quartiers eth niques qui forment l inner city connaissent en toute logique des taux sup rieurs ceux de la ville les baisses enregistr es depuis le milieu des ann es quatre vingt n ayant pas affect les carts entre Blancs et non blancs Dans cette m me ville les Antillais forment la commu naut la plus touch e par le sous emploi 21 apr s les originaires du Bangladesh et les autres populations noires une cat gorie du recensement Ce taux varie consid rablement en fonction du sexe les femmes antillaises se r v lant beaucoup mieux int gr es sur le march du travail 12 de ch mage Bristol que les hommes 28 ce qui l encore est mettre en rapport avec une dynamique familiale o les femmes sont
273. s mod les culturels La troisi me cons quence enfin est le renfor cement de la probabilit de divergences d int r ts et de strat gies entre les populations antillaises d ici et de l bas L image de la nouvelle le de France antillaise que nous utilisons a pr cis ment pour fonction de signifier ces mutations et leurs effets symboliques Si l on en cro t Maurice Halbwachs un groupe se pense et se survit dans sa m moire collective laquelle n existe que dans la trace physique qui la mat rialise dans l espace Ici le d fi tient justement dans cette absence de lieu de comm moration La m moire s inscrit ici dans un rapport paradoxal les pace Les lieux de m moire sont plus les syst mes de signes par o le groupe t moigne de sa conscience de soi que les traces visibles qui mat rialisent son existence en des points d limit s et conserv s de l espace Plus des itin raires r els ou imaginaires travers lesquels il parle de lui m me Plus le territoire symbolique qu il se construit que l espace physique qu il occupe Mais au fond cela est il tellement nou veau N est ce pas toute la m moire antillaise qui a eu se constituer dans un rapport paradoxal au territoire et l origine La traite est ici incontournable Elle a t l exp rience d un d ni d humanit Elle a aussi laiss la trace d un rapport initial de r pulsion avec une terre qui force finira par devenir d
274. s pages des Damn s de la terre compartimentait vio lemment le monde colonial en deux sous ensembles exclusifs l un de l autre et antagoniques deux esp ces ou deux races D s lors pour en revenir la situation qui nous occupe ici la cou leur de la peau Lou plus largement le ph notype fait que les Fran ais de couleur deviennent dans la r alit quotidienne des trangers Cependant il convient de ne pas se laisser aveugler par l apparente vi dence de cet empire de la couleur comme peut l induire l usage r cem ment r pandu en France de la notion de minorit visible Un tel M Diasporas carib ennes 6 H M lin Le r le de l identit culturelle dans le processus d insertion sociale le cas des Antillais en France m tropolitaine m moire de DEA universit de Lille III document multicopi 1996 p 100 T7 Voir p 43 du rapport du groupe de travail pour l insertion des ressortissants des D partements d outre mer en m tropole dont la mise en place fut demand e par le secr tariat d tat aux Dom Tom et la pr sidence confi e au chef de l Inspection g n rale des Affaires sociales du minist re des Affaires sociales et de la Solidarit nationale Michel Lucas Ce rapport fut remis le 16 mai 1983 8 Voir Michel Giraud et Claude Valentin Marie avec la collaboration de J Fredj R Hardy Dessources et P Pastel Les strat gies sociopolit
275. sa di n est plus tout fait un jeune homme sa vie jusque l semble n avoir pas tr s bien tourn Quelques lar cins command s par l oisivet et le d nuement l ont m me conduit en prison Le voil libre non pas pour accepter n importe quel boulot de gagne petit ou de cr ve mis re mais pour se lancer la poursuite de son enfance vol e Il a justement re u une myst rieuse lettre lui signalant lexis tence de sa m re l autre bout du pays Elle l avait abandonn dans son plus jeune ge et il en tait depuis sans nouvelles Itin raires peu pr s identiques et moyens de transport en com mun vont conjuguer ces doubles appels au voyage tapes et ren contres travers un Maroc oubli ou soigneusement vit par les voyagistes vont ponctuer le d rou lement du film et l impr gner d une po sie sans complaisance Dans cette sorte de pays parall le avec ses rivages d sert s ses villes languides aux forteresses hors du temps Azemmour ses pistes et ses corniches hors cadastre et sans balises les rares gens crois s sont peu d monstratifs mais ser viables Le champ est ainsi libre pour que l essentiel prenne tout son relief qui ne s inscrivait pas forc ment dans les motivations de d part Rien dans leurs qu tes nourries de fantasmes de r ves et de regrets ne laissait pr sa ger d affinit s suffisantes pour conduire l amiti Plus qu une amiti de circonstance ou m
276. sser comme suit gt Obia Ce mot se d finit de deux fa ons diff rentes Il d signe soit un rem de en m decine bushinengu e soit une force spirituelle Afin de trouver une solution un probl me de prendre une d cision ou d obtenir un soutien dans une action l obia man gu risseur communique avec des forces spirituelles par l interm diaire d un humain Trois langages de percussions sont utilis s dans ce cas le koumanti pee le papa pee et le sanga e Koumanti pee Koumanti est un esprit africain souvent sollicit pour soutenir les combats Il est le chef des esprits de la for t et de l eau Le koumanti pee est le lan gage utilis pour entrer en contact avec l esprit de l eau Boussounki l esprit de la for t Amanfou intervenant pour la danse du feu faya dansi l esprit de l air et de la for t Ossolo le vautour e Papa pee Relatif l esprit Papa Winti ce langage est utilis pour entrer en contact avec trois esprits principaux afin de solliciter leur protection Pour les appeler et com muniquer avec eux il est n cessaire d employer l aguida un tambour couch sur le sol et frapp avec une baguette Les esprits sont symbolis s par des tres vivants le boa constrictor Dagw symbolise un esprit de la terre le petit ca man blanc Ka man un esprit du fleuve et des criques la couleuvre ou anaconda Oumboma un autre esprit du fleuve et des criques e Sanga Ce langage est utilis dans deux
277. ssionnalisation des nombreux artistes de la r gion Elle galement entrepris un travail patrimonial d identification des traditions musicales Nous vous en pr sentons ici le volet consacr aux musiques des Noirs marrons r sidant sur les deux rives du fleuve Maroni Mot des Antilles alt ration de l hispano am ricain cimarron qui signifie esclave fugitif Esclave n gre marron qui s est enfui pour vivre en libert in Le Petit Robert 1993 B Musiques de Guyane Dans l Ouest guyanais il est impossible de parler de culture ou de tradition au singulier En effet trois traditions principales am rindienne noire marron et cr ole constituent la majeure partie de l identit de cette r gion Elles ont t pr serv es pendant plu sieurs si cles par leur isolement g ographique et culturel Des tra ditions asiatiques et occidentales sont aussi pr sentes ainsi que des l ments isol s issus de diff rents flux migratoires de lhis toire malgache libanais arabe indien javanais Depuis une vingtaine d ann es un mouvement d exode et d urba nisation compl t d un syst me scolaire favorisant la mixit eth nique a permis l mergence de cultures guyanaises constitu es d un l ment majoritaire et de multiples autres l ments en fili grane Comme le montre l crivain Amin Maalouf l identit de cha cun est constitu e de l h ritage inn la tradition q
278. stoire urbaine m moires collectives institutions et groupes sociaux 119 4 Le Guide Vert Bretagne Michelin ditions du voyage 2000 p 285 5 ric Saugera Bordeaux port n grier chronologie conomie id ologie XVII XIX co dition J amp D Biarritz Karthala Paris 1995 p 15 6 Colloque international sur la traite organis l universit de Nantes en 1985 7 Les Anneaux de la m moire L histoire en face ville de Nantes 1992 Voir aussi H amp M n 1222 nov d c 1999 dossier Pays de Loire Divers et ouverts 120 D un c t une rupture strat gique avec les silences du pass initi e par l quipe municipale de Jean Marc Ayrault maire de Nantes depuis 1989 De l autre c t bordelais une relation difficile ce pass oscillant entre le silence et l allusion Cependant le d tour par une analyse prenant en compte l usage social des formes urbaines en tant que formes mat rielles et repr sentations invalide partiellement ce d coupage manich en Si l on aborde aujourd hui le th me de l esclavage et de la traite dans l his toire de Nantes travers des publications caract re touristique on trou vera des indications renvoyant des l ments du paysage urbain Le Guide vert des ditions Michelin indique propos de l ancienne le Feydeau Il est amusant de d tailler ces immeubles d opulents n go ciants lire n grier
279. stoire de France participent d un changement dans l nonciation poli tique des droits de l homme Ce n est plus tant l Homme g n rique et ind termin des droits de l homme qui nonce les droits inali nables des hommes concrets ma s bien la masse de ceux qui ont disparu sans lais ser de traces 0 lt Iz M Initiatives 12 Octave Cestor Intervention au congr s des jeunes avocats de France mai juin 2000 Nantes reproduite in Dom Tom com n 35 Nantes septembre 2000 p 8 13 Entretien avec Diallo Karfa t te de liste de Couleurs bordelaises T l rama Paris 7 mars 2001 14 Christine Chivallon Bristol et la m moire de l esclavage changer et confirmer le regard sur la ville Annales de la recherche urbaine n 85 Paris 1999 pp 100 110 15 Paul Gilroy The Black Atlantic modernity and double CONSCIOUSNESS Harvard University Press 1993 16 Alain Brossat et Jean Louis D otte L poque de la disparition Politique et esth tique L Harmattan Paris 2000 p 9 123 PUB par GA L PLANCHET avec la collaboration de MILE GANA Les Noirs marrons Saint Laurent du Maroni depuis plus de cing ans une mobilisation sans pr c dent a lieu en faveur des musiques des communaut s Le festival Transamazoniennes initi par l association Magua uvre pour la reconnaissance la promotion les changes et la profe
280. syst mes migratoires refl tant chaque tape l tat des relations entre les et m tropoles Depuis le d but du XXe si cle les populations fondatrices de la Cara be moderne se redispersent de par le monde et tout particuli rement dans les m tropoles ou ex m tropoles coloniales Pour Stuart Hall important penseur des mutations sociales et culturelles du monde contemporain et lui m me originaire de la Jama que cet effet de rediasporisation conf re une importance paradigmatique la Cara be la pla ant au c ur d une r volution dans notre mani re de penser les identit s les solidarit s ethniques et culturelles ainsi que les imaginaires collectifs La notion de diaspora a t longtemps r serv e aux cas des peuples dispers s par un d sastre fondateur guerre pers cution massacre etc Mais en suivant l usage de Stuart Hall ou de Paul Gilroy on peut employer le terme dans un sens plus large qui permet d y inclure aussi les populations africaines amalgam es par le commerce d es claves les colons fondateurs d empires ainsi que les travailleurs immi N 1237 Mai juin 2002 M l gr s et leurs descendants d s lors que d une mani re ou d une autre ils maintiennent des liens avec un pays d origine y compris par le biais des pratiques culturelles transnationales voire par l vocation d une appartenance plus lointaine et indirecte l Afrique Les groupes carib ens dont il
281. t tre en effet davantage re ue comme l expression de la volont de gagner sur le sol de l ancienne m tropole coloniale le combat de la d colonisation qui n a pas t enti rement achev e avec les ind pendances africaines et asiatiques ou la transformation des vieilles colonies en d partements de la R publique fran aise C est sur des terrains diff rents le m me combat qui se poursuit contre le m me ennemi la domination et l exploitation de l homme par l homme telles qu elles se nouent autour des pseudo justifications de la diff rence de race de couleur d ethnie de culture ou de nationalit Un combat qui est port par le m me id al celui des r volutions de 1789 et de 1848 tel qu il a t repris mais aussi dynamis transform par la r volte g n rale des esclaves aux Am riques en vue de l aboli tion de la servitude et de l av nement de la justice et de la fraternit universelles Cependant cet id al est p riodiquement perdu de vue par ceux qui m nent un tel combat au profit douteux d affirmations et de revendi cations particularistes arrim es l id e contestable d une pr f rence de la race de la couleur de l ethnie de la culture ou de la nation oppri m e pour la seule raison pr cis ment qu elle est opprim e Or dans les soci t s contemporaines et au premier chef dans les grandes soci t s d immigration qui nous concernent ici il ne suffira jamais
282. t positive l autre tr s n gative qui bornent l horizon des jeunes d origine antillaise en m tropoles leur gard notre devoir est aujourd hui de capitaliser et de prolonger cette exp rience collective Un double imp ratif en d coule leur transmettre notre histoire mais plus encore leur donner les moyens d crire c est dire d inventer leur histoire La nouvelle le de France antillaise Cette dynamique cet enracinement nouveau a une triple cons quence La premi re est de transformer les rapports que les popula tions des Antilles celles d ici et celles de l bas entretiennent avec la France den changer la nature en tant qu espace de r f rence de modifier la place qu il n a cess d occuper dans la conscience et l ima ginaire antillais Pour les fils de l immigration la France n est plus ce lieu d o l on peut r ver un prochain retour au pays natal Elle est lieu de nais sance sinon d j terre d origine Avec eux et quoi qu elle veuille la France elle aussi se transforme Mais avec eux se transforme plus encore son mythe dans l imaginaire antillais Les figures tradition nelles du colonisateur d nonc par les uns ou de la m re patrie v n r e par les autres clatent Figures d autant plus mythiques que loin taines S y substitue la r alit nouvelle de la France comme lieu de vie de populations antillaises comme lieu de r f rence de nouvell
283. t la r insertion professionnelle d finitive dans celui ci mais ce dans un cadre qui tait le plus souvent celui des grands syndicats nationaux S il convient de s y arr ter aujourd hui c est pour se rappeler que les travailleurs dont il vient d tre question ont connu de grandes diffi cult s faire valoir le bien fond de leurs demandes aupr s des ins tances dirigeantes de leurs syndicats peu ouvertes la prise en compte de sp cificit s qui ne seraient pas uniquement d ordre profes sionnel ou de classe Ce n est donc qu apr s qu ils furent en cons quence d us du peu de r sultats de leurs initiatives syndicales que la grande majorit des militants sociaux de l immigration antillaise et guyanaise se sont tourn s vers un associationnisme de type commu nautaire pour uvrer la satisfaction des revendications de leur col lectivit Et ensuite pour souligner qu avec l chec de la mobilisation syndicale voqu e se sont loign es la perspective d une conciliation r aliste des revendications particuli res qui avaient t alors et qui sont encore exprim es et les exigences g n rales du vivre ensemble dans lequel les populations antillaises et guyanaise sont pour l ins tant toujours engag es Et enfin pour que nous nous interrogions sur le risque d une limitation si ce n est d un enfermement ethnicitaire que comporte selon nous le glissement d une mobilisation fond e p
284. tante uvre d une 5 Cf Harry Goulbourne visibilit non n gligeable des minorit s dans les partis politiques et a tuone I Britan since 1945 d Macmillan les appareils syndicaux britanniques 1998 ch 3 Diasporas transnationales Des ressortissants de nombreux pays carib ens et latino am ricains se rencontrent dans une situation multi diasporique aux tats Unis et tout particuli rement dans une ville monde comme New York bas tion carib en depuis le XIX si cle Le contenu de la citoyennet des Carib ens dans l espace nord am ricain est aussi divers que les groupes eux m mes qui connaissent diff rentes formes et rythmes d incorporation en termes socio conomique politique linguistique culturelle etc Les Portoricains frapp s depuis longtemps par de puissants m ca nismes de stigmatisation Ram n Grosfoguel p 91 n en sont pas moins implant s dans la vie syndicale politique et culturelle New York et ailleurs Leur appartenance assum e au syst me politique tat sunien ils sont citoyens depuis 1917 coexiste et se m le de diverses mani res une conscience nationalitaire portoricaine tr s r pan M Diasporas carib ennes 11 due plus culturelle que politique dans sa port e Sont ils donc des citoyens marginaux victimes d un racisme h rit des sch mes colo niaux d antan Des citoyens actifs des tats Unis Des sujets
285. tat se pr sente comme un s rieux plat unique accompagn aujourd hui de riz ou pommes de terre Mais ici le manioc n est qu une insinuation discr te comme le rago t subreptice d une pot e d j relev e De fait l histoire de la racine dans le quotidien est dans le pain de chaque jour confectionn par les femmes dans les campements de nomades ou les villages de s dentaires comme il le fut partout presque pareillement avec d autres produits La mani re traditionnelle de pr parer la farine de manioc est peu pr s toujours la m me chez ceux qui pratiquent encore ce rite antique usage du gaz et autres modernes outils mis part La racine est r p e press e dans un linge s ch e au soleil puis tamis e C est avec cette farine que l on confectionne des galettes sur des plaques de fer pos es sur des braises Elles sont ensuite expos es de nouveau au soleil pour rassir avant d tre consomm es part ce pain assez semblable celui qu ont pu manger autrefois les Indiens toutes les recettes base de manioc ont subi l influence des usages culinaires et des produits introduits par les Europ ens puis par les autres immigr s des Cara bes et il faut dire que sa pr minence a peu peu disparu Citons tout de m me les biscuits cassava sortes de petits g teaux ronds de manioc doux r p avec sucre beurre saindoux uf farine de bl et levure On y ajoute de la noix de coco on p trit d coupe e
286. tats Unis envers Cuba et c est alors plus g n ralement l immobilisme de la poli tique trang re am ricaine envers l le qui est d nonc preuve que d j les deux questions taient intimement li es et ne pouvaient se concevoir s par ment La notion de deux poids deux mesures est alors fr quemment utilis e pour comparer le traitement de faveur accord aux migrants cubains automatiquement accueillis sur le sol am ricain avec le sort beaucoup moins enviable r serv aux popula tions fuyant la r pression au Br sil ou en Ha ti Aveugl e par ses objec tifs id ologiques et prisonni re de sa propagande anticommuniste l administration am ricaine verra donc avec soulagement le gouverne ment cubain mettre un terme aux vols de la libert en 1973 pilogue dont les deux ennemis sauront se satisfaire chacun de leur c t Fidel Castro craignait nouveau de voir fuir les forces vives du pays n ces saires la survie du r gime dans un contexte conomique en tr s l g re am lioration et par cons quent moins favorable un soul ve ment populaire tandis que les tats Unis voyaient avec soulagement se tarir le flot continu d exil s et avec lui la charge financi re croissante ES M Diasporas carib ennes 4 Ibid p 39 103 impos e aux autorit s f d rales Le Cuban Refugee Program sera lui aussi peu peu remis en cause et ses cr dits r vis s la baisse par tir de 19
287. te p 54 vient apporter une nuance int ressante en soutenant que l at tachement des Antillais vivant en m tropole leur terre d origine rel ve davantage d une conception de l identit comme racine que de l identit relation diasporique et hybride dont parle le po te philosophe martiniquais douard Glissant N 1237 Mai juin 2002 B The Justo A Mart coll cf p 117 En examinant les formes et les modalit s de l engagement citoyen des Carib ens en m tropole les auteurs du dossier font appara tre un clivage notable entre deux sortes de situations celle o ils deviennent des acteurs visibles dans la vie publique et celle o leur visibilit est tr s limit e Autant aux tats Unis on peut mettre en vidence le rayonne ment culturel et politique des Portoricains et d autres groupes autant en France m tropolitaine les Antillais restent globalement en de d une citoyennet active publique et inform e par des projets L exemple des Carib ens d Angleterre appara t comme un cas interm diaire Comment expliquer ces diff rences l vidence les syst mes d int gration en vigueur dans les pays m tropolitains jouent un r le important Aux tats Unis on sait que beaucoup de groupes immigr s ont recours des formes d auto organisation communautaire dans un contexte d ethnicisation et de racialisation ambiante des rapports sociaux si bien que la voie de l int gration
288. temps du transbord Une communaut nouvelle De cette histoire antillaise initi e par l aventure coloniale le trans bord inaugure la troisi me phase Il marque aussi une rupture Si les deux phases pr c dentes ont t domin es par un processus d agr ga tion continue de populations nouvelles et ou de croissance naturelle plus ou moins rapide celle ci a pour particularit de faire pour la pre mi re fois des Antilles une terre d migration et par suite d largir l espace de reproduction des populations antillaises au del du seul territoire d origine Un largissement qui s accompagne d une auto nomie grandissante de ces populations d territorialis es par rapport celles que l on peut d j nommer les populations m res Ou mieux des filles m res en charge d une descendance une fois encore mal assum e par l ex colonisateur Cette volution est capitale pour l avenir Elle touche toutes les dimensions conomiques sociales culturelles et politiques de l histoire des populations antillaises Elle introduit une inflexion majeure sinon EI N 1237 Mai juin 2002 M une rupture dans les dynamiques qui ont jusque l sous tendu cette histoire Un renouvellement in luctable des liens entre l immigration et les soci t s d origine s op re depuis pr s de vingt ans Il se traduit par une autonomie grandissante de leurs dynamiques d mographique
289. tes une expression virulente et violente du rejet des migrants ph nom ne d sign outre Manche par les termes racial harassment C est sans doute dans le domaine du logement que s est compl tement stigmatis e cette hosti lit ce lieu tant par excellence celui o s exprime le mieux le degr d acceptation de l Autre par la plus ou moins grande proximit consen tie Les fili res d acc s au logement ne tardent pas s affirmer comme ouvertement discriminatoires Il est fr quent de trouver dans le sec teur locatif priv des panonceaux ou des annonces affichant l imp ra tif No Black No Irish parfois compl t s par No dog pas de Noir pas d Irlandais pas de chien Des pratiques similaires d exclusion sont l uvre dans le parc de logements sociaux et dans l immobilier en g n ral l ensemble de ces usages se cumulant pour constituer de v ritables zones r serv es Le programme de r novation urbaine en cours depuis l entre deux guerres tend privil gier l habitat indivi duel dans la ceinture p riph rique des grandes villes tandis que les centres se voient d class s Ce sont dans ces zones centrales d habitat souvent d labr constitu par les alignements caract ristiques de maisons mitoyennes toutes identiques que les opportunit s d acc s au logement pour les migrants se r v lent les plus grandes D o la for mation des fameuses inner cities signifiant la fois les
290. tillaise en le de France d une culture antillaise et de sa place dans l ensemble hexagonal et europ en pourrait donc tre tenu pour une gageure Cela n est possible que par la gr ce de femmes et d hommes qui ont dans la pire des conditions dit non la n gation de leur humanit C est cette r sistance qui est au d part de ce qui allait for mer les peuples des Antilles Deux mots en r sument l histoire r sistance et cr ation Celle ci est donc par essence volontaire et optimiste Mais elle impose aussi de toujours regarder les choses en face Sans complaisance l gard du risque toujours pr sent du reniement de soi Elle enseigne enfin qu il ne suffit pas de qu mander un droit d tre Il faut affirmer sa volont ES M Diasporas carib ennes 37 38 d tre et la poser comme une des dimensions positives de la vie de la cit L exemple du groupe Kassav est clairant Pur produit de l immi gration son existence est comparable celle de la Fania All Star de New York Tous deux t moignent de l explosion de vie carib enne dans leur espace m tropolitain respectif Il faut s en r jouir en jouir et sur tout y contribuer D autant plus que parall lement les dangers mena cent Ils ont pour nom ch mage drogue destructuration sociale Dans leurs sillages s laborent aussi des mod les d identification des sys t mes conomiques des strat gies Deux r f rences l une fortemen
291. tion l attention port e aux contenus oniriques est d au tant plus marqu e que les r ves constituent le moyen de maintenir un lien avec l environnement naturel social et familial guadeloup en Par leur interm diaire les morts peuvent ainsi communiquer aux vivants une situation actuelle qui a lieu loin d eux Patricia a de cette mani re t avertie de l infid lit de son fianc demeur aux Antilles Juliette qui a perdu son p re l ge de quatorze ans r ve de lui lorsqu elle a une d cision d importance prendre Elle observe les conseils qu il lui donne en r ve et il manifeste son m contentement si elle lui d sob it Quant Ir ne elle a compris que sa ni ce allait avoir un enfant lors qu elle a r v que sa s ur d c d e lui confiait un nourrisson Ces observations soulignent quel point il importe aux vivants de maintenir une relation avec leurs morts en d pit de la migration et bien qu ils n aient pas souvent l occasion de se rendre sur leurs s pul tures Mais au del de cette relation vivace entre les vivants et leurs morts qui se maintient dans l loignement les personnes originaires de Guadeloupe accordent une importance primordiale au fait d tre EI M Diasporas carib ennes 3 Les pr noms cit s dans ce texte sont fictifs 55 4 Christiane Bougerol fait la m me observation in La m decine populaire la Guadeloupe Karthala Paris 1983 Cimeti re la
292. tions Serving the Afro Caribbean Community Londres WISC West Indian Standing Conference 1992 8 Harry Goulbourne Ethnicity and Nationalism in Post Imperial Britain Cambridge University Press Londres 1991 76 Depuis quelques ann es de nouveaux probl mes ont pr occup les gouvernements des tats carib ens et les autorit s britanniques en particulier ceux des trafiquants de drogue jama cains et d autres r seaux criminels transnationaux Comme le signale Manuel Cas tells l mergence de la soci t en r seaux facilite la communica tion plan taire mais aussi la formation de r seaux criminels Certaines crises survenues dans la Cara be ont provoqu des r ac tions fortes parmi les Carib ens de Grande Bretagne le conflit entre Afro Guyanais et Indo Guyanais par partis politiques interpos s la r vo lution Grenade en 1983 l invasion de cette m me le et tat du Com monwealth par les tats Unis de Ronald Reagan en 1983 les mesures d aust rit adopt es par le gouvernement jama cain de Michael Manley au d but des ann es soixante dix les r voltes tudiantes Kingston Jama que en 1968 la r volte du pouvoir noir Trinidad en 1970 Il existe sans doute un lien troit entre ces v nements et l mergence d une conscience politique afro carib enne dans toute la zone Atlan tique nord tats Unis Canada et Grande Bretagne Associalivil et repr sentation des comm
293. tites Antilles britan niques vers Trinidad et la Guyana qui auraient ainsi re u quelque 19 000 immigrants entre 1835 et 1846 tandis que par la suite entre 1850 et 1921 la Barbade aurait fourni ces deux pays 50 000 immi grants elle seule et que le nombre de r sidents originaires des West Indies Trinidad passe de 12 106 en 1844 24 047 en 1881 On note galement les premiers mouvements de coupeurs de canne sucre en provenance de quelques unes des petites les au Vent Antigue Saint Vincent et Sainte Lucie vers la Barbade et galement des mouve ments de plusieurs milliers de Dominicains vers le Venezuela ainsi que de Barbadiens vers Sainte Croix et le Surinam Les mutations de la premi re moiti du XX si cle Au tournant du XX si cle et l exception de Cuba le d veloppe ment colonial et l conomie de plantation des les commencent montrer des signes de d clin cette poque la concurrence bette ravi re europ enne mais aussi nord am ricaine ruina nombre de petits planteurs et privil gia les monocultures d exportation au pro EH M Diasporas carib ennes Femme mul tre de la Martinique accompagn e de son esclave 1805 2 Dawn Marshall A History of West Indian Migrations Overseas Opportunities and Safety Valve Policies in The Caribbean Exodus ed Barry B Levine ditions Praeger 1987 15 3 Eric Williams L histoire des Cara bes de Christophe Colom
294. toutes les chances de succ s Seule ombre au tableau la jalou sie f roce de son ami d enfance Yatma lui aussi perdument amoureux de la jeune fille r le complexe et ingrat dans lequel on a la surprise de retrouver Hubert Kound l un des trois chenapans de La haine en rupture de ban lieue qui effectue ici un remar quable retour aux sources La B Cin ma rivalit des deux gar ons ne va pas chapper la violence et la fatalit Au cours d une rixe et par tra trise Yatma blesse gri ve ment Mbanick et le jette au large agonisant La disparition brutale du jeune homme h ro que provoque la consternation Tout le monde soup onne la v rit mais feint l ignorance par hypocrisie et pour viter lengrenage de la ven geance Lami meurtrier est appa remment innocent et peut m me convoler avec la fianc e du d funt et servir de p re son fils post hume Une r gle tacite s impose Il ne souffrira d aucun ostracisme et les comm res accepteront le pois son qu il p che en compagnie de Adu le jeune fr re de Mbanick qui au d but lui marquait tant d hostilit C est loccasion pour ce film plein de subtilit malgr une intrigue assez m lodramatique de brosser un portrait pas banal d adolescent en qu te d idole et d id al tiraill entre la voix et les all geances de la tradition qui veulent faire de lui un griot et l appel aventureux de la p che en mer Ainsi Adu qui plus que t
295. tule Modernity at large ce qui signifie la modernit sans bornes d cloisonn e dimension plan taire Il sagit pr cis ment de montrer comment ces paysages en mouvement favorisent la forma tion de communaut s imagin es transnationales d un type nouveau organis es en sph res publi ques diasporiques irr ductibles un seul tat m me quand il leur arrive de se r clamer d une nation particuli re avec ferveur La r vo lution m diatique aidant Vima ginaire a abandonn crit Appa durai p 31 l espace d expression sp cifique de l art du mythe et des rites pour faire d sormais partie dans de nombreuses soci t s du travail mental quotidien des gens ordinaires Parmi les confr ries transna tionales qu il voque plusieurs reprises le cas de figure troublant des nationalismes ou confession nalismes violents le pr occupe Qu elles soient ouvertes ou cris p es sur une identit particu li re les sph res publiques dia sporiques constituent aux yeux d Appadurai le creuset d un ordre politique postnational Lauteur est convaincu que les tats nations entrent dans leur phase terminale n tant plus en mesure de contenir les flux qui d bordent leurs fronti res Ce point m rite rait naturellement beaucoup de discussions Appadurai ne pose pas cette hypoth se avec l g ret mais admet au contraire que pour le moment il ne voit pas quel
296. tures trafiqu es sont des exemples de la visibilit et de l audience des sans pouvoir Ces traits de la diaspora africaine se pr tent difficilement des cat gorisations nationales puisqu ils s entrem lent constamment en traversant de fa on nomade les fronti res L existence de cette dia spora l chelle du monde atlantique qui inclut les Carib ens des tats Unis et de la Cara be ne fait que renforcer la pr sence et l impact des Carib ens en Grande Bretagne Ce que l on peut observer pour la musique populaire le langage quotidien et les styles vestimentaires vaut aussi pour la participation aux activit s sportives l industrie du spectacle et aux publicit s pour les biens de consommation Cette proximit de la culture carib enne du Commonwealth langue et litt rature sports et spectacles valeurs et religion avec la culture de la majorit britannique explique la pr sence visible et audible des Carib ens dans ces domaines en Grande Bretagne N an moins l incorporation sociale diff rentielle dans les soci t s indus trielles avanc es sur la base de diff rences raciales ou ph no typiques a fortement restreint les possibilit s de participation des Carib ens la vie conomique et sociale C est ce qui permet en par tie de comprendre qu en d pit de leur niveau lev de participation la cr ation culturelle les personnes d origine carib enne contr lent peu ou p
297. u uoneiBlu ep xneL C C jenuue jeungeu JUaUSSSI0122 u W SSIOY 0 PHJLHOIN 0 ULJEN 3 sue cg sue g GL sue L 0 saueyzus p aqn 9 puo39 ep uiu s Ipul SIA p euelods seu 2210 uore ndod 0002 u eqiele2 uisseq np s ed s p sonbiyde16owusp sinsje2ipul EI N 1237 Mai juin 2002 M osie5uei aue no edA u1e33 euusion 1vV1OL sol s 64 1A sal senbie 8 san oBeqol 8 peplulil PEU919 78 ULAS SIA N 8 SHIN JUIES epn1 ajules euleIuIuog day oly OOd enbiuruen nb ewef eH ednojepeno epeus1 enbiulwuog eqn sal sueue epeqieg seweyeg eqn y epnqueg 3 enbnuy HOaU s jjuy 22 e Tr s t t ind pendante 1804 Ha ti n a pas connu le processus de d colonisation des autres les intervenu apr s la Seconde Guerre mon diale qui avait notamment engendr un syst me migratoire propre ces r gions mouvements intercontinentaux l gislations et mesures appropri es d pendantes des anciennes m tropoles lieux d accueils exclusifs et privil gi s politiques de rapprochement de la main d uvre locale du capital m tropolitain etc e Migration d exclusion et de mis re apr s celle des lites intel lectuelles elle recouvre des situations de ruptures passage de lau tarcie une conomie de p nurie et de d pendance au contraire de la migration des autres les vers les anciennes m tropoles qui
298. ublicain qui rejette sur l Ancien R gime la pratique et la l gitimation de l esclavage Rupture strat gique ou silence allusif Le retrait du soutien financier de la ville de Nantes l initiative Nantes 85 sous la municipalit de Michel Chauty d clencha un processus aboutissant apr s la victoire de Jean Marc Ayrault aux lections municipales de 1989 la mise en place de la manifestation Les Anneaux de la m moire 1992 1994 port e par l association du m me nom et initi e par Cargo 92 Lasso ciation qui tait l origine une commission municipale est pr sid e par un lu local mais assist de trois vice pr sidents qui illustrent par leurs origines la relation Europe Afrique Am riques qui est le sujet des Anneaux de la m moire Sa premi re p riode f t celle du consensus com EI N 1237 Mai juin 2002 M m moratif qui rapidement vola en clats d s louverture de l exposition d bouchant sur l mergence de deux autres associations Combit dom devenue M moire de l outre mer et Regards crois s respectivement p le antillais et p le africain du triangle Europe Afrique Am riques Les facteurs expliquant l clatement du consensus comm moratif tien nent en partie au fait que le pass n grier l histoire de la traite et de l esclavage ne peuvent tre per us de la m me mani re entre ceux qui repr sentent les ex do
299. uction artistique des cultures noires en Am rique et en Europe il met en vidence l existence d une Black Atlantic qui n a nul besoin d une nation pour exister L mergence de cette diaspora noire caract ris e par son hybridit est li e d apr s l auteur au d sir d chapper aux fronti res restrictives de l ethnicit de la nationalit et parfois m me de la race elle m me Si l on ne peut parler de communaut s agissant de la population guadeloup enne dans la migration on peut n anmoins comme Chris tine Chivallon l a propos concernant les migrants jama cains de Sou thampton voquer le motif du r seau ou du segment communau taire pour d finir le fait migratoire antillais En effet les diff rentes EI N 1237 Mai juin 2002 M formes de regroupement aussi diverses labiles et changeantes soient elles peuvent tre consid r es comme des segments travers lesquels se jouent les liens communautaires Ces segments dans leur polymor phisme la multiplicit de leurs orientations et parfois leurs oppositions constituent autant de lieux et de moments o s labore et se niche l identit antillaise En s attachant des modes d expression nomades et en pousant des configurations multiples insaisissables et fuyantes elle chappe au regard ext rieur et par l m me se d robe l analyse anthropologique Dans la migration plus qu
300. ue l on com pl te au fur et mesure de sa vie d exp riences d acquisitions d l ments culturels divers D une personne l autre en Guyane la composante majoritaire est souvent diff rente Cr ole de Mari pasoula Noir marron de Saint Laurent du Maroni Am rindien de Kourou Hmong de Sa l Blanc de Sinnamary il y a tant d identit s complexes qu il para t difficile de les unir Toutefois cette future culture commune est en voie de cr ation L Ouest guyanais ses communes sa ville se retrouvent la crois e des chemins Vies modernes et vies traditionnelles s entrecho quent s entrem lent dans un tourbillon d influences entre les quelles chacun zappe volont L volution est tr s rapide De plus en plus on peut parler de cultures de l Ouest guyanais en les dif f renciant des traditions Celles ci se retrouvent dans les villages o l unit ethnique le permet mais d s que le syst me devient urbain lectrique et m diatis la culture intervient comme un consensus un lien entre la tradition et le monde ext rieur Chaque ethnie et chaque peuple constituant le m lange guyanais poss de un patrimoine plein de richesses et d originalit mais trop souvent r serv aux initi s Depuis quelques ann es un mouve 125 ment de r action tend affirmer que la pr sentation et la fiert de son identit culturelle et traditionnelle peuvent permettre l change avec l autre au lieu de cloisonner
301. ueillir conserver et donner acc s des ressources docu mentaires sur l histoire et la culture des Portoricains 2 produire faciliter et diffu ser des recherches propos de l exp rience diasporique des Portoricains de mani re lier l enqu te universitaire l action sociale et aux d bats sur les politiques publiques Nos remerciements vont son directeur F lix V Matos Rodriguez Pedro Juan Hern ndez archiviste et N lida P rez biblioth caire gt Centro de estudios puertorrique os Hunter College City University of New York 695 Park Avenue salle E 1429 New York NY 10021 tats Unis T l phone 001 212 772 5688 ou 650 3673 Pour tout renseignement centro hunter cuny edu Site web www centropr org Publication Centro Journal revue semestrielle M Diasporas carib ennes 7 Sociologue p ruvien contemporain auteur d une uvre consid rable Depuis les ann es quatre vingt dix il d veloppe la th se de la colonialit du pouvoir c est dire de la perp tuation l poque moderne de rapports ethnoraciaux issus du colonialisme En fran ais voir l article de An bal Quijano Colonialit du pouvoir et d mocratie en Am rique latine in Am rique latine d mocratie et exclusion hors s rie de la revue Futur ant rieur L Harmattan Paris 1994 pp 93 100 N d T 117 PUB par ST PHANE VALOGNES HI attach temporaire
302. uellement les repr sentants de cette nouvelle g n ration surnomm e les rappeurs du Maroni Le karwina Ce rythme africain est sauvegard par les Saramacas ethnie noire marron localis e l int rieur des terres du Surinam Il y est repris par les autres Noirs marrons Cr oles et Am rindiens pour enrichir leurs musiques Acoustique ou lectrique le karwina devient vite la principale musique populaire de ce pays Du c t guyanais rares sont les groupes s tre appropri ce style musical Le groupe de karwina se pr sente comme une norme batterie de dix musiciens jouant diff rentes percus sions timbale arie cotie skrankie kwa bangi banc bushineng sha shas maracas sur des rythmes toniques et saccad s Ses principaux repr sentants sont Umari Spo ti Boys et Papa Jacob lt Les Transamazoniennes Tremplin international le festival guyanais Transamazoniennes a investi l enceinte de l ancien bagne de Saint Laurent du Maroni ville fronti re avec le Surinam Il y accueille les plus brillants repr sentants de la jungle culturelle du plateau des Guyanes Des groupes d al k d awassa de karwina de reggae de ragga et de bigi pokoe d barquent de leurs pirogues en provenance des villages implant s tout au long du fleuve D autres viennent de Cayenne de Kourou ou de Paramaribo la capitale du Surinam Le camp de la Transportation abandonne son vieil aspect car c ral pour recevoir des milliers de spectateur
303. ues Le ton est alerte le style agr able et on re oit d au tant plus finement les p rip ties que connaissent les uns et les autres notamment les tiraille ments des adultes et des enfants par rapport la culture du loin tain pays d origine On entend et on situe galement mieux lex ploitation politique des questions relatives l immigration par Enoch Powel et son parti et la reprise de leurs arguments dans les quartiers Zadie Smith manie avec bonheur le loufoque l humour et la satire Elle parle des gens comme de lointaines contr es avec une jus tesse de ton surprenante pour son jeune ge Abdelhafid Hammouche EI N 1237 Mai juin 2002 M Esclavage Abolir l esclavage une utopie coloniale Les ambigu t s d une politique humanitaire Fran oise Verg s Albin Michel 2001 229 p 18 29 euros Le Code noir ou le calvaire de Canaan Louis Sala Molins Quadrige Puf 2002 292 p 10 euros gt C est Lamartine partisan de l abolition de l esclavage qui le premier utilisa le vocable humani taire dans le sens actuel de bien veillance envers l humanit et ce nest pas un hasard si ce n olo gisme est n dans le contexte de la conqu te coloniale du XIXe si cle L auteur montre en effet comment la colonisation est fille putative des abolitionnistes et comment les humanitaires du XX si cle ont en partie repris la rh torique des anti esclavagistes faite de chari t
304. ueur au Canada Pour comprendre la tendance historique des groupes immigr s s organiser en communaut s voire en diasporas il EI M Diasporas carib ennes 19 Cf Andr s Torres et Jos E Vel squez ds The Puerto Rican Movement Voices from the Diaspora Temple University Press 1998 20 Voir James Cohen Porto Rico et les tats Unis d fense commune citoyennet de seconde zone Lim s n 3 t 2000 pp 54 65 21 Michel Wieviorka classe juste titre les tats Unis parmi les pays multiculturalisme clat ou fragment Voir Le multiculturalisme solution ou formulation d un probl me in Philippe Dewitte d Immigration et int gration l tat des savoirs La D couverte Paris 1999 pp 418 425 89 22 Voir par exemple Mary Chamberlain ed Caribbean Migration Globalised Identities Routledge Londres New York 1998 et Caribbean Migrants to Core Zones dossier de Review du Fernand Braudel Center vol XXII n 4 1999 coordonn par Ram n Grosfoguel 23 Pour se faire une id e du mod le britannique et du r le que les Carib ens y occupent voir Harry Goulbourne Race Relations in Britain since 1945 Macmillan 1998 para t plus r aliste d voquer tout d abord le mod le socio conomique en vigueur puisque le cadre social d int gration propos aux immigr s par l tat am ricain est
305. umation a lieu les jours suivants et marque le d but de la neuvaine pendant neuf soirs cons cutifs la famille et les proches se r unissent afin de prier pour soutenir le d funt dans son accession au monde des morts La neuvaine s ach ve par le v n r soir e de pri res en compagnie du voisinage et par la messe des neuf jours ou messe du neuvi me jour Les veill es les messes et le placement du d funt au cimeti re visent rendre hommage au mort et le guider vers le monde des d funts Ils constituent des moments importants au cours desquels se nouent ou se renouent les liens sociaux et auxquels nul ne se soustrait Au del de l v nement ponctuel que repr sente le d c s d un indi vidu les activit s li es la mort occupent une large place dans la vie sociale guadeloup enne Les d c s sont quotidiennement annonc s la radio La f te de la Toussaint c l br e le 1 ou le 2 novembre est l oc casion pour chacun de se rendre au cimeti re afin de retrouver ses morts et de converser avec eux Par ailleurs les morts interf rent El N 1237 Mai juin 2002 M l constamment aupr s des vivants qu ils guident et avec lesquels ils com muniquent Enfin les individus consacrent une part non n gligeable de leur budget au financement de leurs obs ques afin de leur assurer des fun railles dignes de ce nom Dans la migration en m tropole l importance accord e la m
306. un air connu Celui de la pizzica chant musique et danse aux vertus parfois psychoth ra peutiques par les transes qu elle g n re tr s enracin e dans la r gion du Salento le Sud de la botte italienne l extr mit des Pouilles C tait d j le th me de Pizzicata le premier long m trage d Edoardo Winspeare en 1996 qu on avait beaucoup aim voir H amp M n 1210 Une sorte d op ra r aliste m lange de romance ethnologique et de drame musical Quelque soixante ans apr s les choses ont bien chang au pays des amours tra giques de Cosima et Toni l Am ricano o se situe encore Sangue vivo qu on aurait pu traduire par pur sang ou sang neuf si on s en tait donn la peine Certes la pizzica cette musique obsessionnelle voix et tambou rins qui exaltent les pulsions des corps et des c urs et expulsent venins et d mons est encore pr sente mais lors des bals popu laires elle est condamn e battre l estrade pour rivaliser avec les rythmes plus au go t du jour amplifi s de micros et de synth tiseurs Pour une partie des jeunes quand ils ne sont pas d cid s siffler elle est consid r e comme un interm de vieillot et un peu ridicule N est il pire embaumement que de voir se profiler l int r t des ethnomu sicologues et des prospecteurs des maisons de disques de Bari 150 moins que selon les optimistes cela n annonce une r surrection et une p rennis
307. un d ascension et d int gration sociales l autre plus fort de d gradation relative et de marginalisation Les immigr s venus des Antilles et les candidats de ces pays l migration n ont vraisem blablement pas cess de peser respectivement le pour et le contre de ce mouvement Tant que cette balance leur a laiss esp rer un solde positif l installation en m tropole de ceux qui y taient arriv s est res t e relativement stable et les flux migratoires se sont d velopp s Alors qu aujourd hui il para t leur sembler que les inconv nients de la migra tion l emportent largement sur ses avantages ces flux tendent dimi nuer et le retour au pays autrefois mythique devenir quelque peu r alit Cependant il est un fait d terminant dans le parcours d int gra tion leur nouvelle soci t de r sidence la discrimination de type raciste qu ils affrontent Cela est vrai pour les Antillais vivant en EI N 1237 Mai juin 2002 M l France m tropolitaine comme pour les autres Carib ens immigr s dans divers pays d Europe ou d Am rique du Nord mais aussi pour les Ha tiens venus s installer en R publique dominicaine aux Bahamas ou encore dans un des trois d partements fran ais d Am rique pour les Dominicais de la R publique de la Dominique en Guadeloupe ou pour les Dominicains de la R publique dominicaine anciennement Saint Domingue Porto Rico Parler de racisme dans ces derni
308. unaut s En Grande Bretagne les communaut s carib ennes n ont pas tard entreprendre des activit s d entraide mat rielle et d expression cultu relle De fa on g n rale les fondements de l action collective et orga nis e ce sont les affinit s communes lesquelles sont devenues un motif d exclusion et de discrimination consciemment ou non Il existe une large gamme de centres anim s par des Carib ens ainsi que des cours de formation professionnelle des cours alternatifs et de nom breuses glises dirig es par des Noirs Cependant de m me que les familles carib ennes ne sont pas les mieux organis es pour favoriser l accumulation conomique rapide celles ci ne sont pas les plus aptes exploiter la solidarit ethnique dans la comp tition pour des res sources rares Un deuxi me type d activit organis e dans ces communaut s est celle de groupes ou d individus m diateurs brokers entre celles ci et les organes officiels institutions nationales ou locales employeurs ou prestataires de services Partout il a exist des organisations para pluies qui ont jou un r le de m diation entre l tat et la commu naut la mieux connue tant la WISC voir plus haut Cet organisme continue d tre consult par les autorit s mais il n a plus le m me prestige que dans les ann es soixante quand il tait la pointe de plu sieurs luttes dans les communaut s noires tout particuli rement dans les
309. up d entre elles exer cent une activit r duite D autres ne rassemblent qu un nombre limit d individus et ne refl tent pas un r el collectif Bien des associations sont en outre orient es vers l organisation d v nements ponctuels rencontres sportives d ners dansants contes qui ne semblent pas sceller de puissants liens communautaires et qui ne sous tendent pas la d fense d int r ts communs ou de revendications collectives La vie quotidienne des personnes rencontr es se caract rise par une multitude d orientations et de conduites Il est malais en effet de d celer un ensemble commun de pratiques culturelles ou religieuses et de valeurs partag es par tous Elles font au contraire preuve d une grande diversit et d une grande variabilit et elles empruntent divers registres culturels antillais m tropolitain mais aussi maghr bin africain Les pratiques religieuses sont exemplaires de cette diversit Le v cu religieux des Guadeloup ens de m tropole est carac t ris par une multitude de tendances qui peuvent se rencontrer au sein d une m me famille et galement au cours d une m me histoire M Diasporas carib ennes Les auditeurs de la radio associative Tropic FM manifestent en 1987 pour le maintien de la fr quence Bien des associations sont orient es vers l organisation d v nements ponctuels qui ne semblent pas pour autant sceller de puissants liens
310. uteur analyse de mani re appro fondie les biopolitiques tournant autour de la mise en sc ne du corps racialis par exemple celles qui continuent r ifier les corps des athl tes et des sportifs noirs dans les magazines destina tion des publics non majoritaire ment noirs L ouvrage est impressionnant de ma trise et de r f rences aussi bien europ ennes qu am ricaines La musique et les cultures de la Black Atlantic sont mobilis es l appui des d monstrations de Paul Gilroy L ouvrage forme un cadre de r flexions et d analyses solides et convaincantes St phane Valognes 1 Christine Chivallon La diaspora noire des Am riques r flexions sur le mod le de l hybridit de Paul Gilroy L homme n 161 2002 N 1237 Mai juin 2002 B Mondialisation Apr s le colonialisme Les cons quences culturelles de la globalisation Arjun Appadurai Traduit de l anglais par H l ne Frappat Payot 2001 322 p 22 11 euros gt On pourrait se contenter de d crire Arjun Appadurai comme anthropologue et sp cialiste de l Inde mais dans ce livre de 1996 enfin accessible aux lecteurs fran cophones il embrasse le monde et r invente pour notre poque une pens e des identit s et de lima ginaire Ce professeur de Chicago originaire d Inde se r f re abon damment son pays natal les lec teurs se d lecteront par exemple de ses analyses de la d colonisa tion du cricket
311. utions il s agit du In Country Refugee Program soit l issue de l examen approfondi d une demande d asile lorsque celle ci est d pos e la fronti re ou apr s que l tranger ait p n tr sur le territoire On rel vera avec int r t que le In Country Refugee Pro gram n a concern que 2 018 Cubains en 1999 et qu ils repr sentaient cette m me ann e moins de 2 des demandeurs d asile Les crit res d ligibilit au statut de r fugi pour les ressortissants cubains ont pourtant t largis en 1996 et concernent aujourd hui les prisonniers politiques les membres de minorit s religieuses pers cut es les mili tants des droits de l homme les victimes du travail obligatoire entre 1965 et 1988 les personnes forc es de quitter leur emploi ou devant faire face une s v re discrimination du fait d opinions politiques r elles ou suppos es et toutes les autres manifestant une crainte cr dible de pers cution aux termes de la Convention des Nations unies pour les r fugi s Dans ce contexte la revendication d une identit de r fugi s par la communaut cubaine des tats Unis marque donc essentiellement la volont du groupe de mettre en avant les circons tances dramatiques ayant conduit ses membres la fuite L immigration cubaine aux tats Unis un enjeu id ologique et strat gique L accueil favorable r serv partir de 1960 aux exil s cubains n est en rien surprenant et est l
312. wis paru en 1966 ne faisaient qu un avec les textes journalistiques ou litt raires avec le th tre et le cin ma West Side Story montrant des Por toricains paresseux irrationnels sous d velopp s discourtois sexuelle ment agressifs etc De cette id ologie de la d cadence urbaine dans laquelle la ville devenait ingouvernable car envahie par des trangers et des classes dangereuses surgit un sentiment de peur et d ins curit d o d coula une politique logique de surveillance et de punition aujour d hui encore l uvre New York et dans beaucoup d autres villes des tats Unis EI M Diasporas carib ennes Jesus Colon Paers cf p 117 113 Pour leur part les populations subalternes portoricaines New York ont toujours tent d laborer des discours alternatifs et des pratiques fond es sur les notions d identit et de communaut Au moment o Piri Thomas dans son t moignage romanesque Down these Mean Streets 1967 d crit le d veloppement de la violence et de l ill galit d autres commencent laborer des strat gies pour affronter l oppres sion Les quartiers latinos devinrent des lieux o se d veloppaient des solidarit s de nouvelles identit s collectives des cultures populaires des mouvements sociaux Un trait important dans cette dynamique fut la localisation des Noirs am ricains et des Portoricains arriv s New York peu pr s la m me poque
313. ypoth se les discrimi nations dont sont victimes ces immigr s prennent moins appui sur la ligne de partage trac e par le droit entre nationaux et non nationaux que sur une repr sentation des immigrants originaires des anciennes colonies et de leurs descendants qui fait d eux une r alit trang re au corps social mena ante pour l int grit de l identit nationale la lumi re de l opposition construite par cette repr sentation entre ceux qui non seulement au plan formel du droit mais aussi et sur tout dans l ineffable sentiment de l appartenance l gitime sont de la nation et ceux qui n en sont pas les Antillais et les Guyanais sont consid r s comme n en tant pas tout fait bien qu ils ne soient pas au sens strict des trangers L empire de la couleur une vidence aveuglante La repr sentation en question qui repose la fois sur une conception biologisante de la nation et sur une stigmatisation raciste de ces immi grants provient directement de l exp rience coloniale de la France Mais un tel h ritage n est pas une particularit fran aise on le retrouve dans tous les pays d immigration qui ont t des m tropoles colonisatrices La repr sentation examin e n est donc au fond que le produit de l activation continu e dans un nouveau contexte du vieux principe de coupure qui comme Frantz Fanon l a exprim de mani re incisive dans les premi re

Diasporas caribéennes - Hommes et Migrations

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