Diffuser la culture scientifique (XIXe - XXe)
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1. fond es sur des techniques de plus en plus sophistiqu es leur impact sur la vie professionnelle conomique sociale la n cessit d amener le citoyen vers le d bat scientifique conduisent reconsid rer le probl me de 1 acculturation des sciences la notion de partage du savoir il convient donc de trouver un substitut l apprentissage d un rapport au second degr avec la connaissance explique Michel Hulin de viser une connaissance plus pist mologique que scientifique Et ajoute t il si un partage tr s largi de la connaissance est devenu un objectif inaccessible il convient de substituer la comp tence scientifique largement partag e la capacit g rer le savoir scientifique aussi d mocratiquement que possible R f rences bibliographiques Michel Hulin Le Mirage et la n cessit Pour une red finition de la formation scientifique de base Paris Presses de PENS et Palais de la D couverte 1992 Nicole Hulin L Enseignement et les sciences Les politiques de l ducation en France au d but du XX si cle Paris L Harmattan 2009 Nicole Hulin Culture scientifique et humanisme Un si cle et demi d engagement sur le r le et la place des sciences Paris L Harmattan 2011 Nicole Hulin Culture scientifique et humanisme Les cahiers rationalistes n 609 610 novembre d cembre janvier f vrier 2010 2011 p 6 152. grer Quel r le leur assigner Comment montrer qu c t d une culture litt raire peut prendre place un humanisme scientifique d gale valeur ducative Telles sont les questions Les humanit s classiques et les sciences Dans l enseignement secondaire fond au d but du XIX si cle avec en 7802 la cr ation des lyc es pour les seuls gar ons l armature des tudes secondaires est constitu e par les humanit s classiques dont le socle est l tude des langues et litt ratures anciennes L organisation consacre la primaut des lettres sur les sciences et au sein des sciences la place privil gi e des math matiques Quant l enseignement secondaire f minin fond huit d cennies apr s son homologue masculin loi S e de 1880 il ne comporte pas de latin et r serve une place r duite l tude des math matiques compte tenu de sa suppos e inadaptation l esprit f minin Le processus d identification des deux enseignements sera amorc en 1924 La r forme de la bifurcation des tudes tablie en 7852 au d but du Second Empire constitue un tournant dans l enseignement des sciences avec une fili re scientifique organis e partir de la 3 Mais si celui ci prend de l importance il est impr gn d un esprit utilitaire Ce choix d orientation sera analys par Paul Langevin 1926 qui explique il semble qu on ait craint le d veloppement du sens critique qu
3. l cole unique Ils estiment que culture commune et sp cialisations prudentes ne sont pas oppos es car Le contenu de cette culture commune doit tre plut t fait de m thodes et d habitudes de pens e que de mati res identiques l objet de l enseignement est d apprendre apprendre c est aussi d apprendre r fl chir conduire des d ductions sans d faillance logique faire des hypoth ses en faire la critique la fois rationnelle et exp rimentale Cette conception p dagogique pr side l organisation de l enseignement du deuxi me degr qui s adresse des enfants s lectionn s dans le Projet de statut organique de l enseignement public qui est pr sent en mai 1927 L histoire et la philosophie des sciences Lettres et sciences font galement partie de la culture g n rale et l histoire des sciences permet de montrer le r le des sciences dans l histoire de la pens e de faire r fl chir aux fondements de la science la progression des id es et leur r percussion philosophique Ainsi souligne Madeleine Courtin 1953 c t d une culture litt raire peut prendre place un humanisme scientifique d gale valeur ducative D ailleurs en 7937 une s ance de la Soci t fran aise de philosophie Jean Perrin a t invit pour d velopper ce th me Toujours en 7937 une enqu te est lanc e par la revue L enseignement scientifiq
4. thodes une s ance de d cembre 1902 de la Soci t fran aise de philosophie Louis Couturat propose l adoption d un v u savoir que l enseignement secondaire soit anim dans son ensemble de l esprit philosophique au moyen de consid rations m thodologiques et historiques Ce v u est adopt apr s une discussion o douard Le Roy insiste sur la n cessit d une culture philosophique pour les futurs professeurs de sciences L importance de l enseignement scientifique pour la culture de l esprit sera soulign e en 1914 par le physicien Georges Vincent en expliquant qu il fait comprendre aux l ves la nature et la port e de la v rit scientifique avant de conclure qu en clairant les l ves sur la philosophie des sciences physiques on peut difier c t des humanit s litt raires des humanit s scientifiques Le retour aux humanit s classiques Mais vont tre oppos es culture scientifique moderne et culture litt raire classique Le d sint ressement est associ la conception classique de l honn te homme alors que la sp cialisation scientifique est associ e l utilitarisme Autour de la culture fran aise et de la langue qui en est le v hicule va se constituer une union sacr e la suite de l ouverture du conflit avec l Allemagne en 1914 Ce souci de d fendre la culture fran aise se traduit par une demande de relever les humanit s ago
5. Diffuser la culture scientifique XIX XX Nicole Hulin Ma tre de conf rences honoraire UPMC L int gration des sciences dans la culture g n rale constitue un objectif conforme aux nouvelles exigences de l humanisme g n r es par le d veloppement de la connaissance scientifique et son impact sur la vie conomique et sociale Si dans une conception courante l homme cultiv est celui qui fait preuve de go t judicieux et de connaissances pr cises sur les choses de la litt rature et de l art l extension rapide du domaine des sciences et leur place accrue dans la vie quotidienne impliquent qu elles doivent avoir leur place dans la culture g n rale La culture explique Paul Langevin 1944 doit tre humaniste en ce sens qu elle concerne l homme tout entier qu elle cherche r aliser un quilibre entre ses diverses facult s Or l orientation de l enseignement r sulte de la conception que l on se fait de la culture g n rale et des humanit s c est dire de la formation de l homme en g n ral en lui donnant une capacit d adaptation en dehors de toute sp cialisation aux diverses activit s Pour d finir diff rents types de culture le th me des humanit s a t utilis de multiples fa ons des pith tes vari es tant accol es au vocable humanit s du XIX au XX si cle Quelle place accorder aux sciences dans les tudes secondaires Comment les y int
6. e doit faire na tre un enseignement des sciences bien compris et bien adapt la culture de l esprit La science ducatrice Les humanit s scientifiques Dans la derni re d cennie du XIX si cle appara t un discours sur la science ducatrice th me que d veloppe Marcelin Berthelot partir de 1891 dans un article de la Revue des deux mondes Puis un nouveau tournant est pris en 7902 pour les tudes secondaires avec une quadrifurcation tablie partir de la classe de seconde comportant deux sections orientation scientifique l une classique l autre moderne Les humanit s classiques marquent un net recul avec la possibilit de l acquisition partielle grec facultatif ou m me le rejet de la culture gr co latine Les sciences doivent d sormais intervenir dans l enseignement comme instrument de culture et non pas simplement pour leur utilit pratique La contribution qui en est attendue est explicit e en 1904 par le vice recteur de l acad mie de Paris Louis Liard Dans l enseignement secondaire les tudes scientifiques doivent comme les autres contribuer la formation de l homme Elles sont donc elles aussi leur fa on des humanit s au sens large du mot les humanit s scientifiques Avec la r forme de 1902 un nouveau r le est assign aux sciences et l objectif de constituer des humanit s scientifiques implique une r flexion sur la question des m
7. n contact avec les hommes morts ou vivants par ses yeux ses oreilles et sa pens e et en contact avec la mati re par ses mains ses sens et sa pens e car alors seulement il sera pr s de ceux qui quotidiennement fa onnent le monde Et tout ceci qui prend beaucoup de temps et demande beaucoup d efforts n a jamais pu tre r ellement tent Aura t on enfin la volont politique le courage de respecter cette nouvelle exigence de l humanisme Au d but des ann es 1980 partant du constat que la connaissance scientifique intervient de mani re d sormais syst matique dans les choix politiques conomiques sociaux auxquels doivent proc der nos soci t s Michel Hulin explique que les l ves doivent tre pr par s ces choix et que par cons quent l enseignement doit leur fournir un mode d emploi de la science et de la technique Ceci sera repris dans les programmes de sciences physiques dans les ann es 1990 Mais Michel Hulin ajoutait Ce mode d emploi doit par ailleurs se fonder sur une perception des id ologies qui peuvent sous tendre telle ou telle exploitation telle ou telle r cup ration de la connaissance scientifique L enseignement correspondant doit faire intervenir les tenants des sciences humaines philosophes historiens sociologues en plus des scientifiques Ainsi dans les derni res d cennies du XX si cle le d veloppement explosif des connaissances
8. nisantes dans une opposition qui est faite avec la culture germanique Les lections l gislatives de novembre 1919 sont marqu es par la victoire du Bloc national coalition des partis du centre et de la droite et L on B rard arrive au minist re de l Instruction publique en janvier 1921 Le plan d tudes de 1902 est jug nuire la culture g n rale par les sp cialisations pr matur es et les options hasardeuses la diversit des sections affaiblissant la notion de culture g n rale et pour ainsi dire normative de l esprit Le nouveau plan d tudes tabli en 1923 est difi sur le principe d un fonds commun d humanit s associ celui de l galit scientifique Le doyen de la facult des lettres Ferdinand Brunot explique 1928 que cette disposition interdit aux vocations scientifiques le moyen de s affirmer de bonne heure en imposant l galit des programmes de sciences pour tous et que cette chim re appara t aussi dangereuse qu irr alisable la faveur de la campagne men e en 1930 contre le surmenage scolaire est formul e la demande d une r duction nouvelle de la place faite aux sciences visant plus particuli rement la physique jusque l relativement pargn e Quatre normaliens dont Maurice Weber agr g s de math matiques r agissent alors dans un article tr s incisif d non ant chez les adversaires des humanit s scien
9. tifiques ignorance flagrante de la grande majorit d entre eux l gard des faits et des principes les plus essentiels de la science moderne la m connaissance radicale des conditions de la bonne formation des esprits la d fiance et parfois la haine de la m thode scientifique et du rationalisme Culture commune et sp cialisations Maurice Weber est l un des opposants r solus au principe de l galit scientifique s levant sans rel che contre cette mesure qu il juge n faste Ce principe explique t il fait peser une menace sur l enseignement scientifique en le comprimant dans des horaires d risoires et des programmes triqu s en pr tendant le distribuer d une mani re syst matiquement uniforme des client les scolaires aussi vastes qu h t rog nes Cette culture g n rale uniforme que vise tablir la r forme B rard avec des mati res identiques et des programmes communs est bien loign e des conceptions des Compagnons de l Universit nouvelle dont Weber est membre Cette Association a t constitu e par un groupe de jeunes hommes pour la plupart universitaires qui s exprime partir de 1918 dans une s rie d articles Pour les Compagnons l enseignement doit constituer un moteur pour la reconstruction du pays apr s la tourmente de la guerre leur objectif est de r aliser l galit de tous devant l instruction par l tablissement de
10. ue concernant l histoire des sciences dans l enseignement la question pos e sur la mani re dont les professeurs de sciences pourront en impr gner leur enseignement et augmenter ainsi sa valeur de culture g n rale Edmond Bauer r pond que si les professeurs de sciences recevaient un fonds s rieux de culture historique et philosophique ils pourraient attirer vers les sciences certains bons esprits rebut s par un contact trop sec Et Maurice Weber juge que ceci permettrait de donner l enseignement un esprit nouveau car il ne s agit plus d enseigner la science il s agit de former les esprits La culture scientifique La culture scientifique doit tre une partie int grante de la culture g n rale compte tenu du r le des sciences dans la formation de l esprit par les m thodes de pens e qui leur sont propres La fin du XX si cle est marqu e par la rapidit de l volution des sciences et des techniques l accroissement du domaine des connaissances la place de plus en plus importante occup e par la composante scientifique et technique Aussi dans le texte r dig en 1974 pour une d claration commune de la SFP de la SCF et de l UdP la conclusion intitul e Les voies d un humanisme moderne pr sente un bilan des connaissances n cessaires au jeune Fran ais moyen des ann es 1880 avant d num rer celles requises de son descendant un si cle plus tard II devra tre entr e
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