Faux, rumeurs et désinformation dans le cyberespace
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1. et son quivalent s mantique un nom d utilisateur qui est enregistr par un fournisseur d acc s ou un r seau bref une inscription Or chacun de ces dispositifs qui s interpose entre votre identit phy sique et votre identit en ligne peut donner lieu tromperie Si les appareils sont identifiables par exemple par une adresse IP il n est pas facile de prouver apr s coup qui se tenait physique ment derri re l cran surtout dans un cybercaf Quant l identit d clar e aupr s d un fournis Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace seur d acc s ou pour s inscrire sur une plate forme il va de soi qu elle peut tre fausse Sans m me parler du cas o le compte ou le message ou la transaction n mane pas d une personne physique mais d un robot d un algo rithme qui parcourt le r seau pour y intervenir comme un humain Cela ne signifie pas que n im porte qui puisse faire n importe quoi anonymement sur la Toile il existe des dispositifs d enregistre ment de g olocalisation d identification de tra age etc M me si tout le monde prouve un sentiment d impunit agir derri re un pseudo ou un avatar ceux qui ont mis des Tweets racistes ou pratiqu la piraterie informatique peuvent par fois voir la police d barquer chez eux ventuelle ment apr s une enqu te relativement longue et co teuse Cela signifie simplement qu il faut des connaissances techniques ou des protectio2. intellectuelle certaine et d une volont de faire d Internet un espace d changes d infor mations et non de rumeurs m 11 OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES La contagion du faux sur Internet par Fran ois Bernard Huyghe Directeur de recherche PIRIS S il est un th me qui revient syst matique ment dans tout d bat sur Internet c est bien celui du faux le cyberespace est par excellence le lieu o chacun craint d tre tromp L utilisateur s inqui te de ce qui se passe de l autre c t de l cran dans ce monde d mat rialis qu il ne peut ni contr ler ni vraiment comprendre De plus chaque internaute a fait l objet d au moins une tentative fut elle aussi grotesque que celle de l escroc qui commence par vous app ter en vous proposant de faire transiter moyennant pourcen tage quelques millions de dollars par votre compte Certes il est possible d crire des livres mensongers sous pseudonyme de truquer des photographies ou de manipuler des images fil m es Et cela s est vu Mais l av nement du nu m rique a pos la question de la falsification en termes nouveaux La structure m me du r seau au coeur de la question de l authenticit La structure m me du r seau renvoie au probl me de l authenticit Si vous voulez utiliser le r seau il vous faut une interface mat rielle un ordinateur un smartphone une tablette
3. le rire la joie le d go t la peur Pourquoi ces sentiments Car ces sen timents sont des sentiments qui sont reconnus par toutes les cultures m me celles qui sont orales Ils font appel ce qui est au plus profond de nous La rumeur doit vous faire r agir Sur un autre plan une bonne rumeur doit absolu ment avoir une assise sociale et non pas phy sique Une rumeur qui affirme que X ou Y est d c d peut tre balay rapidement il suffit que la personne suppos e morte parle pour que la rumeur s autod truise En revanche si l on se base sur la croyance il est beaucoup plus dur de d montrer que la rumeur est fausse La croyance a une forte valeur sociale Bien sou vent les gens pr f rent modifier la r alit que modifier leurs croyances En plus de faire appel aux sentiments premiers il faut que l au ditoire soit tendu c est dire qu il soit dans un contexte d appr hension ponctuel ou d faut d veil quelconque Prenons un exemple une rumeur de rachat signifiant im plicitement que 40 des salari s seront mmm Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace 7 OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION D INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES sax licenci s On parle alors de mise sous ten sion des capteurs IRIS Comment lancer une rumeur Laurent Gaildraud Tout d pendra du produit Il existe cependant certaines r gles comme celle du
4. accr dit es par aucune source officielle ou professionnelle Comme tout repose souvent sur la confiance que l on accorde son sem blable pr sum de bonne foi le membre de sa communaut la nouvelle douteuse passe tr s vite de l un l autre sur un mod le conta gieux Mais la v rit ou au moins la volont de v rifier et d aller aux sources primaires devient tout aussi contagieuse Tous ces l ments se contredisent et peu vent se r sumer en un paradoxe plus il y a de techniques de la communication moins il y a de certitudes moins il y a de certitudes plus on v rifie et on lutte contre la manipulation Mais ce n est pas en tombant dans la parano a ou en n gligeant les conditions pratiques du ph nom ne que nous r soudrons ce paradoxe E 13 OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES Rumeur et d sinformation La rumeur est souvent pr sent e comme le plus vieux m dia du monde puisque le bouche oreille le cancan le potin le comm rage le bruit souvent la m disance sont sans doute n s avec le langage articul Pour d finir plus pr cis ment la rumeur nous pouvons ajouter qu elle doit porter sur l nonc d un fait qu elle est toujours cens e r v ler quelque chose qu ignorait l interlocuteur qu elle suppose un incessant passage de l in formation qu elle n est pas n cessairemen
5. ce que tel journaliste s approprie l information pour la diffuser plus largement Les cas de fausses infor mations reprises par les m dias sont l gion Cela peut concerner le texte avec par exemple une usurpation d identit d un compte tweeter d une personne importante ministre star de ci n ma faisant faire cette derni re une fausse d claration Il peut galement s agir d images retouch es l ordina teur via des logiciels sp cifiques qui peuvent berner certaines r dactions qui ne se rendent compte de leur b vue qu une fois leur num ro dit Enfin il y a videmment le probl me des vid os pour un prix modique n importe qui peut s improviser journaliste pol miste enqu teur et r aliser des montages vid o m me de servir ses opinions Le citoyen est avide d information L importance de cette m diasph re de l informa tion est d autant plus puis sante qu elle fait cho un nouveau r flexe analys avec pr cision par Raffaele Simone dans son ouvrage Pris dans la Toile l esprit aux temps du web le D bat Gallimard 2012 savoir la recherche d informations par le citoyen sur Internet soit comme source directe soit comme source compl mentaire des m dias dits traditionnels Il est d ail leurs fort probable que les g Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace n rations actuelles et futures auront tendance privil gier l informa
6. la rumeur se meut via les me dias d abord et avant tout Cela serait d autant plus vrai pour les rumeurs d ordre co nomique qui n ont de sens que lorsqu elles touchent un public extr mement cibl salles de march s actionnaires d ci deurs Le cycle de vie de la rumeur Il semble qu il existe une relation d une part entre la fia bilit de l information repr sen t e par la courbe A et le niveau de propagation de la rumeur et d autre part entre ce niveau de propagation et le franchisse ment d un seuil m diatique au del duquel la presse transmet elle aussi la rumeur gt Populations La courbe A illustre le fait que plus nous nous loi gnons de la source d informa tion t moin direct plus celle ci devient inv rifiable et par cons quent peu fiable La ru meur dont le cycle de vie est repr sent par la courbe B germerait dans cet tat de flou informationnel au moment o l information devenue inv rifia ble mais suffisamment vrai semblable devient un facteur de lien social sous forme d un v nement informationnel sou dain digne d tre repris port et partag par une cha ne d ac teurs Pour Tamotsu Shibunati la rumeur trouve son origine dans l interrelation entre l im portance et l ambigu t d un v nement si son impor tance est nulle ou si l v ne ment n est pas du tout ambigu il ny aura pas de rumeur Barri re ou s uil m
7. une classique comp tition de l p e et du bouclier avec les techniques de tromperie et de simulation Mais la r ponse pourrait aussi tre culturelle des attitudes de d fiance syst ma Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace tique se d veloppent et avec elles des pratiques comme le fact checking par les m dias c est dire l examen syst matique de tous les l ments qui par exemple devant des images sens es provenir d une zone de combats peu vent certifier la date la localisation ou l authenti cit de ce que l on voit Sur les r seaux sociaux les enqu teurs spontan s se multiplient partant en qu te de la documentation qui montrerait une ten tative de tromperie et avertissant les autres Celui qui se donne la peine d aller chercher des l ments accr ditant ou d mentant une version de la r alit peut le faire il peut tout aussi bien se renseigner sur l tat de l art en mati re de trucage ou de pira terie Quitte parfois tomber dans le d faut in verse douter de tout on finit souvent par adop ter les pires th ories de la conspiration une minorit cach e manipule tout commencer par les m dias on nous ment en permanence tout est mis en sc ne rien n est vrai sauf le discours qui dit que rien n est vrai Nous retombons ici encore sur la question de la structure m me des r seaux ils se pr tent par nature la diffusion rapide de th ses qui n ont t
8. vu certaines cat gories de rumeur se d placer sur toute la plan te Elle subit dans ce cas des mu tations culturelles Mais s il n est pas possible de la contr ler il est ventuellement concevable de booster une rumeur dans son premier demi cycle de vie C est compliqu mais faisable IRIS A d faut de la contr ler peut on imagi ner limiter la diffusion d une rumeur Laurent Gaildraud Limiter c est dans un sens contr ler Alors sans rh torique il est possible dans une certaine limite de r pondre une ru meur Premi re id e ridiculiser la rumeur marche assez bien Prenons l exemple du can cer de Fran ois Mitterrand Un journaliste lui avait pos la question et le Pr sident de la R publique lui avait r pondu avec un sourire Oui il m arrive d ternuer Qui rigolerait de son cancer De m me deuxi me id e amener une rumeur dans l absurde Ce qui tait jusque l probable possible devient alors impossible Non je n ai pas vol 50 000 euros mais 50 milliards Troisi me id e le d menti Un art difficile dans le cadre des rumeurs Il ne faut pas baser son d menti sur une quelconque lo gique scientifique mais sur l imaginaire Seul un imaginaire peut r pondre correctement un ima ginaire N oublions pas qu il est galement im possible de d mentir sans propager Il faut de la finesse et de l entrainement pour d mentir une rumeur sans en parler En
9. d sinforma tion financi re la diffa mmm 5 zP OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES sun mation les op rations de d cr dibilisation l alerte pa nique pour semer la terreur Les deux auteurs r sument assez bien les deux facettes de la rumeur litt raire d un c t et instrumentalis e de l autre C est bien entendu le second qui nous int resse dans cet ar ticle La proph tie du 11 septembre 2001 Un tr s bon exemple de rumeur circule depuis les atten tats du 11 septembre 2001 Il s agit de la conversion alpha b tique d une soi disant imma triculation d un des appareils qui a percut le WTD Le mes sage invite le lecteur convertir Q33 NY en alphabet windings sur Word Cela donne Q33 NY gt 56 La d monstration est stup fiante et la plupart des in dividus r agissent positive ment et transmettent le message leurs amis Ici les l ments de manipulation sont concentr s dans l expression graphique et la symbolique qui s en d gage Dans cet exem ple on associe un fond d anti s mitisme historiquement tr s fertile voir le mythe du Proto cole des sages de Sion des affects li s au drame l ensem ble se renfor ant mutuellement au point de faire oublier la question essentielle aucun moment les victimes de ce hoax s interrogent sur la r alit de cette immatriculation L
10. diatique Point d mergence Eloignement Espace Temps Facteur humain Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace D s lors la rumeur prend vie et forme grandit s enrichit jusqu atteindre un niveau de maturit et entamer une phase de d clin sans qu il soit possible de dire si elle meurt v ritablement ou si elle couve comme le feu sous la cendre ce que semblent confir mer les chercheurs qui obser vent un ph nom ne de r currence Internet favorise cet gard le ph nom ne par la mise en m moire des rumeurs qui une fois mises sur la toile sont stock es et accessibles sans limite dans le temps Typologie des rumeurs sur Internet Il est n cessaire ce stade d esquisser bri vement une typologie des diff rents types de rumeur que l on peut rencontrer sur Internet Si l on se r f re la typologie de V ronique Campion Vincent et Jean Bruno Renard on peut distinguer 7 types de messages rumoraux les alertes aux virus informatiques les cha nes magiques ou superstitieuses les cha nes de solidarit les p titions les rumeurs propre ment dites ou canulars les l gendes urbaines les histoires dr les et les photos ou dessins humoristiques De son c t Di dier Heiderich outre les l gendes urbaines distingue la d sinformation but commer cial l attaque politique lat taque directe d une offre commerciale les fausses offres commerciales la
11. es Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace prit critique est inhib et lan crage renforc par un effet de r p tition massification d la propagation rumorale Au final il devient vident qu un myst re plane sur le 11 Septembre mais ce myst re est en r alit une construction collective un mythe qui s inscrit d sormais dans la m moire de l humanit et deviendra r guli rement le lieu d mergence de nouvelles rumeurs E OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES Rumeur mode d emploi Entretien avec Laurent Gaildraud Consultant amp conf rencier sur la manipulation de la rumeur Auteur de Orchestrer la rumeur Ed Eyrolles Propos recueillis par Pierre Yves Castagnac IRIS Au fond qu est ce qu une rumeur Laurent Gaildraud Une rumeur est avant tout un bruit informel Il existe il persiste il s vapore Il repart aussi vite qu il est arriv Il s agit d une ou de plusieurs informations qui circulent et qui sont transmises par un vecteur individus inter net Il n y a pas forcement de source d termi n e On est dans le il parait que Ce flou trouve sa source dans l imaginaire collectif Au fond pour qu une rumeur prenne corps il est n cessaire de se demander qu est ce que mes contemporains ont envie entendre Ces ru meurs ont certes des fonctions r currentes mais il faut arr ter
12. pi ge car ces faux virtuels que l on s ajoute sur son compte n ont de r el que leurs identifiants Les faux amis et fol lowers disparaissent soit par ac tion de Twitter et Facebook qui y jouent leur cr dibilit soit par le cybernaute acheteur lui m me qui demeure suspect avec ces avatars qu il ne connait pas qui crivent des phrases sans sens et dans une langue trang re de l acheteur Il y a ainsi une forte com munaut sur Internet qui v rifie les informations et qui de cette fa on renforce l int r t et la va leur des sites inspect s Mais ce qui est tr s int ressant et qui s est particuli rement vu lors des derni res lections pr siden tielles am ricaines c est ce ph nom ne de fact cheking Lorsqu un homme politique parle la t l vision ou accorde une interview un journal ses dires sont le jour m me confron t s un examen souvent r alis sur Internet o l aide de gra phiques d extraits d articles on peut d montrer que l homme politique ne connait pas ses dossiers ou qu il dit le contraire d une d claration pass e Cet exercice stimulant intellectuelle ment ne doit pas tre sur appr ci le journaliste ou la mmm 10 gt TP OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION T S INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES mmm communaut d internautes qui v rifient l information peu vent se tromper ils peuvent manquer de d
13. serveur cibl Au fond votre identit est emprunt e sans grand dommage pour vous puisque la masse dis sout votre participation relative Il y a donc un dou ble processus d anonymat celui d un individu perdu dans une masse d attaques et celui de lor dinateur qui sert d cran au vrai manipulateur qui orchestre l op ration Voici encore une illustration de la complexit de l identit sur le cyberespace qui m riterait un livre entier m Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace 3 OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES Internet est il un acc l rateur de rumeur par Franck Bulinge Ma tre de conf rence Professeur l Institut sup rieur de commerce de Paris Docteur en Sciences de l information et de la communication Par l interm diaire du courrier lectronique des listes de diffusions et du web Inter net permet de v hiculer une quantit vertigineuse d informa tions Cette surabondance d in formation pose le probl me du choix mais galement du dis cernement et de la capacit de traitement C est sans doute cause de cette infinit de choix que l on pourrait percevoir a priori Internet comme un ac c l rateur de rumeur On constate de fait un fort d velop pement des rumeurs lectro niques selon Emmanuel Ta eb qui souligne au passage l identit de nature entre la ru meur et Internet
14. L une comme l autre ob issant une n cessit de circulation Internet appara t d s lors comme le v hicule id al pour la diffusion des rumeurs Pour Pascal Froissart parce qu internet propose une orgie de textes dans tous les genres parce que le r seau des r seaux semble gouvern par tout le monde ou personne parce que n importe qui se connecte n importe quoi parce qu aussi Internet est une m canique complexe on a pu dire qu Inter net tait le m dium r v de la rumeur Le r seau mondial ou Web travers les sites blogs Wiki forums listes chats per met d mettre des hypoth ses des th ories qui peuvent tre pr sent es per ues ou inter pr t es comme des certitudes Toute personne qui a une th orie poss de maintenant un m gaphone titrait le journal USA Today Il est int ressant de noter que toutes les situations angoissantes ou de tensions mondiales peuvent susciter une vague de fantasmes sur Inter net lesquels se nourrissent et alimentent la th orie du complot En ce sens Internet ne fait qu amplifier des tats socio psy chologiques provoqu s par les crises lesquelles se caract ri sent par une augmentation de l tat d incertitude et des facteurs anxiog nes tr s fertiles en termes de rumeur Medias Internet versus medias de presse L id e qu Internet est un r seau anarchique o circule des informations douteuses est commun ment r pandu
15. OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION 16 janvier 2013 Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace SOUS LA DIRECTION DE FRAN OIS BERNARD HUYGHE DIRECTEUR DE RECHERCHE A L IRIS Fetes 1 sa nes OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES Internet ou la v rit de l illusion Que cachent nos crans Il ne se passe pas de jours o la question du vrai ou du faux sur Internet du trucage ou de la mystification de la d sinformation et de la rumeur ne se trouve au premier plan de l actualit Le jour o nous crivons nous apprenons qu un article de l encyclop die en ligne Wikipedia pr sentait une guerre purement imaginaire en Inde ou que sur Twitter a t annonc e une fausse mort de l auteur de la saga Harry Potter On signale galement de pseudo mes sages de gendarmes et des usurpations d identit De m me un quotidien pr sente une tude des diverses escroqueries la carte de payement qui reposent notamment sur la fabrication de faux sites bancaires Le faux semble tre partout Et du reste les autorit s politiques ne cessent de se heurter la difficult de savoir qui a vraiment mis tel message et qui menace r ellement la s curit in formatique ou l ordre public Ainsi la Chine impose l obligation d enregistrer leur v ritable identit tous ceux qui s expriment en ligne En France une ministre r clame Twit
16. SERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES tre para tre et usurper dans le cyberespace Entretien avec Olivier Kempf Ma tre de conf rence l Institut d Etudes Politiques de Paris Auteur de Introduction la cyberstrat gie Ed Economica 2012 Propos recueillis pas Pierre Yves Castagnac IRIS Avant d explorer la question du faux qu est ce que l identit r elle d un individu Olivier Kempf Sur le plan administratif l identit d un individu est avant tout repr sent e par sa carte nationale d identit Il s agit d un document officiel qui mentionne quelques caract ristiques nom pr nom date de naissance taille etc Mais derri re cette identit publique il existe une identit intime qui est plus riche et plus complexe Elle d pend d un v cu mais galement de r f rences fa miliales amicales scolaires et professionnelles On peut tre n d un p re alsacien et d une m re bretonne On peut tre n Marseille mais vivre Paris On peut se sentir Fran ais tout en tant Eu rop en L individu est ainsi composite Ce tout est cependant parfaitement fonctionnel Au fond dans cette question de l identit il est n cessaire de se demander qu est ce qui fait que l on est soi Quelles sont nos r f rences dans la vie de tous les jours IRIS De quelle mani re retrouve t on cette com plexit dans le cy
17. berespace Olivier Kempf Si dans la vie r elle la notion de l identit intime est complexe il en va de m me dans le cyberespace L individu n en a d ailleurs pas for c ment conscience mais il a n cessairement plusieurs identit s Par identit il faut compren dre code r f rence L individu est identifi par des chiffres des lettres Il s agit d identifiants qui lui sont propres Ils lui ont t attribu s par un op rateur Ce qui permet ce dernier de l identifier di rectement On peut parler de r f rence client Chaque site a les siennes Les num ros que l on vous demande sont chaque fois diff rents mais l on s aper oit que le seul d nominateur commun c est VOUS IRIS Il s agit l du volet technique de liden tit mais il est galement possible de se cr er des pseudos Olivier Kempf Exactement Ces codes que je viens d voquer concernent un aspect technique Un op rateur vous impose un identifiant Cepen dant un individu peut galement se cr er ses pro pres identifiants adresses mails pseudos avatars peut ainsi exister sous plusieurs noms Un individu peut ainsi avoir plusieurs adresses mails Elles peuvent tres impos es car il a plu sieurs fournisseurs d acc s yahoofr gmail com hotmail fr mais il peut galement se cr er son propre carnet d adresses personnel Il va s parer l adresse mail professionnel
18. ces ou s il est suspect en raison de trop nom breuses modifications issues d un panel de participants res treint V rifier est fastidieux mais pas impossible Le probl me est plus compliqu lorsqu il est question de vid os et d images surtout car pour prouver que l image est fausse il fallait jusqu pr sent que l auteur du clich original se manifeste qu un cybernaute re trouve le fichier brut sur un autre site ou qu un sp cialiste de la photo analyse la photo et y re p re des incoh rences Le temps n cessaire chaque v rification tant trop long surtout si l on pense aux milliers de pho tos qui sont quotidiennement mis en ligne que les grands m dias la BBC a t la premi re ont achet des logiciels capa bles de rep rer toutes les modi fications op r es sur une photo Le risque de publier une fausse information photo est donc consid rablement r duit mais pas inexistant le contexte de la prise de la photo pouvant tre modifi Ce tableau assez som bre de la valeur de l information en fin de compte ne doit pas carter l id e qu Internet s auto Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace r gule par ses propres outils Par exemple lachat de follo wers sur Twitter ou d amis sur Facebook fausse l int r t que repr sente le cybernaute ache teur sur la Toile Le candidat Romney pour l lection pr si dentielle de 2012 s est ainsi fait prendre ce
19. conclusion compren dre les rumeurs c est aussi les appr hender On nous r p te depuis la nuit des temps que la ru meur c est mal Je pense que l on rivalise mieux quelque chose que l on comprend m Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace 8 OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES La v rification sur Internet une mission sans fin par Maxime Pinard Adjoint des formations PIRIS SUP Chercheur en g opolitique du cyberespace PIRIS L une des critiques ma jeures adress e Internet porte sur la v racit des informations que l on peut y trouver De par sa facilit d utilisation son d ploiement l chelle internatio nale et surtout les millions de personnes qui ont r dig tel ou tel document on pourrait presque dire qu Internet re gorge d informations Pour tre plus pr cis l inflation d infor mations par rapport la p riode pr Internet n est pas aussi fla grante qu on ne l imagine il est davantage question d un ph no m ne de duplication de l infor mation La cons quence premi re est facilement imagi nable une fausse information post e sur un blog en France peut en quelques heures tre re prise par des m dias trangers en Asie il suffit de cr er le lien qui m diatisera la fausse information via l envoi des tiers du lien vers le blog via des tweets par exemple jusqu
20. de penser que toutes les rumeurs sont orchestr es IRIS Quelles sont ces fonctions r currentes Laurent Gaildraud La rumeur est n cessaire ment officieuse A partir du moment o elle de vient officielle elle perd son caract re de rumeur pour devenir information ind pendamment du fait qu elle soit vraie ou fausse Une rumeur a galement pour vocation de contr ler les indivi dus dominants Tout individu important peut tre d stabilis par une rumeur Il faut cependant gar der l esprit que la dur e de vie d une rumeur est limit e dans le temps Plus dans le temps que dans l espace Elle est g n ralement courte de quinze jours un mois Il existe un pic gaus sien quinze jours C est une moyenne La ru meur base galement son r sonnement sur des faits r els mais d forme cette r alit On re trouve ainsi dans le sch ma des rumeurs des fausses informations des canulars des l gendes urbaines ainsi que des pr jug s N oublions pas qu partir du moment o tout le monde croit en quelque chose cette chose de vient vraie Elle s autovalide Enfin une rumeur doit tre quelque chose de simple et direct Elle doit tre comprise par le plus grand nombre La simplicit la rend ais ment appropriable IRIS Quels sont les ingr dients d une bonne rumeur Laurent Gaildraud Pour qu une rumeur fonc tionne il est n cessaire de faire appel aux sen timents premiers
21. e Inter net identifi comme l espace de toutes les d rives et de tous les dangers est rapidement montr du doigt jusqu devenir lem Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace bl me spectral de la manipula tion des masses Ainsi Internet favoriserait la rumeur tandis que l information fiable serait communiqu e par d autres m dias Cette condamnation est elle r ellement fond e Ne cache t elle pas dans certains cas une r action aux progr s des technologies de l informa tion et de la communication face la remise en cause pos sible du r le pr dominant de la presse en mati re d informa tion Il est certain qu internet offre des possibilit s de trucages et de manipulation susceptibles d engendrer la rumeur Cepen dant les autres m dias com mencer par la presse sont ils plus fiables Dans un contexte d industrialisation de la presse les journalistes n apparaissent plus aux yeux du public comme les garants d une infor mation propre et fiable L infor mation de presse r pondant des crit res conomiques tend devenir uniforme Dans cer tains cas la rumeur franchit m me la barri re d ontolo gique des journalistes et se r pand dans la presse Emm 4 OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION D INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES sum Pascal Froissart consi d re que loin de se diffuser ac cidentellement via les medias
22. encourager les associations de consommateurs pour s adresser aux op rateurs Il existe donc une action indivi duelle de pr vention et une action collective de soutien Derri re le consommateur il y a le ci toyen Sur une autre chelle l individu va devoir faire confiance ce qu on appelle l ordre public autrement dit l Etat Un Etat peut mettre des r gles de droits pour tous ceux qui vont pratiquer le cyberespace sur son territoire Les Etats pos s dent en effet les outils de la violence l gitime avant de parler des gendarmes Il s agit de l dic tion du droit et de son respect par la justice Avec en permanence tenir la balance gale entre la n cessaire protection des citoyens et le respect indispensable des libert s individuelles IRIS Une derni re question qu en est il des robots bots spy bots DDOS Olivier Kempf Ils constituent un autre aspect de l usurpation d identit ceci pr t qu on ne cherche pas attaquer l identit de l individu mais juste l utiliser pour se camoufler En effet la proc dure consiste installer un petit logiciel furtif qui utilisera votre ordinateur sans que vous en ayez conscience Du coup cet ordinateur ser vira de relais pour participer des attaques col lectives C est le m canisme sous jacent aux attaques dites DDOS d ni de service distribu qui utilisent des masses d ordinateurs zombies pour lancer des requ tes contre un
23. le de celle pour ses amis ou encore pour sa famille Un indi vidu est ainsi pluriel dans le cyberespace Certaines adresses peuvent tre proches de mon tre social D autres au contraire sont plus loign es Nous pouvons encore complexifier cette notion d identit en voquant les pseudos et les avatars L individu peut se cacher derri re un nom d emprunt Une personne s appelant dans la vie r elle Jacques Martin peut se faire appeler John Smith ou encore Gandalf Internet favorise l usage des pseudonymes Les r seaux sociaux et les plate formes de discussions permettent de multiplier les noms d emprunt Tous ces pseudos ou avatars sont l expression de notre identit Mais comment rap procher Gandalf de Jacques Martin alors que l on est ext rieur au cercle intime LL Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace 2 zP OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION T INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES ss IRIS A partir de quand passe t on dans Pill galit Olivier Kempf L ill galit commence avec usurpation d identit S il est possible de se cr er des pseudos il est galement possible d usurper l identit d un individu Autrement dit quelqu un peut se faire passer pour soi dans le cyberespace Il a donc la capacit de voler une part de mon identit Dans la vie r elle c est exactement la m me chose si je perds ma carte d identit ou m
24. moment Si vous avez le choix il est pr f ra ble de la lancer durant une p riode de crise toute forme d instabilit sociale est g n ratrice d inqui tude Et tout ce qui est anxiog ne est bon pour les rumeurs car il a un besoin in formationnel De m me les anxieux ont be soin de communiquer de se retrouver dans des r seaux sociaux Ce besoin de com muniquer propage in volontairement la ru meur Facebook Twitter Internet vont alors servir de m gaphone Mais la qualit de votre rumeur est infiniment plus importante que les canaux de diffusion que vous choisirez pour la propager On peut dire sans risque que plus la rumeur sera de qualit et moins vous aurez d efforts fournir pour la diffuser IRIS Peut on contr ler une rumeur Laurent Ga ildraud On ne contr le pas une ru meur On peut l initier mais certainement pas la contr ler Elle se propage d elle m me si elle a t bien construite Elle se diffuse et s autoali mente des vecteurs qu elle va croiser un peu comme une maladie Des math maticiens des sciences sociales se sont d ailleurs pench s sur le sujet Ils ont t oblig s de reprendre ce que les pist mologistes avaient fait car les mod les de propagations sont similaires Le cercle s lar git progressivement La rumeur s accroche ou non sur un individu qui devient lui m me source de diffusion Au fur et mesure qu elle se dif fuse la rumeur peut muter Nous avons d j
25. ns po litiques comme un pays qui abrite des activit s de piraterie sur son territoire pour pratiquer des mys tifications ou op rations ill gales Le second domaine o s introduit la pos sibilit du faux est celui du contenu m me et ceci est inh rent au num rique qui autorise la repro duction parfaite la combinaison parfaite et la mo dification ind celable du texte du son et de l image Le tout au bit ou au pixel pr s Et comme de surcro t la Toile met notre disposition un nombre incalculable de documents ou de logi ciels m me avec un talent tr s moyen un utili sateur peut produire des textes pastich s des photos retouch es de faux sites ou des s quences vid o remont es pour en d tourner le sens Ceci vaut qu il s agisse de pomper un m moire universitaire de pratiquer l activisme politique de faire une simple farce ou de monter une escroquerie Eux 12 OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION D INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES sum un troisi me niveau celui des syst mes toute action offensive pr suppose une forme quel conque de falsification Dans la plupart des cas cela quivaut une usurpation d identit s em parer d un mot de passe donner un cerveau lectronique des instructions illicites qu il s agisse d y pr lever des donn es de d traquer le fonc tionnement de l ensemble ou de le d tourner son profit Qu il y ait un d fau
26. on passeport quelqu un peut s en servir et voyager avec Sur internet les proc dures de falsification sont cependant rendues plus faciles Le r el souci vient surtout de la v ri fication de l identit comment prouver qu il s agit bien de moi Si J r me Durant d cide de s appeler Jacques Martin sur Internet il en a le droit Internet est un espace libre Jusqu pr sent c est moi qui donnait de la coh rence mes identit s Mais subitement quelqu un peut pr tendre tre moi ma place Que faire si J r me Durant commet des actes r pr hensibles au travers de son alias Jacques Martin Le vrai Jacques Martin va avoir du mal prouver que Palias ne lui appartient pas Internet est un es pace de libert mais il pose le probl me de la ma trise de cette libert Il n est pas possible de contr ler totalement cet espace IRIS Existe il des moyens de combattre cette usurpation d identit Olivier Kempf Il existe d un c t une action de l individu et de l autre un environnement dans le cyber D o les questions que peut on faire sur l individu Et que peut on faire sur le cyber L individu doit d une certaine fa on ma triser sa propre libert et essayer de la contr ler Il doit tre prudent ouvrir par exemple un compte sur chacun des grands r seaux sociaux Twitter Fa cebook et y avoir une pr sence minimale Dans un deuxi me temps il peut
27. onn es connues des seuls protagonistes de l af faire mais surtout l auditoire qui suit la transmission t l vis e n est pas n cessairement iden tique celui qui consulte les in formations v rifications en ligne Il s agit donc d un travail salutaire mais imparfait et in complet La v rification un enjeu de pouvoir Toutefois il convient de rappeler que ce probl me de la v rification de l information n est pas sp cifique Internet Le pla giat de romans de th ses de doctorat les erreurs factuelles dans tel ou tel essai en d pit de multiples relectures rappellent que l information est un enjeu de pouvoir qui doit tre constam ment surveill pour ne pas tre utilis mauvais escient N an moins il faut reconna tre qu In ternet en faisant du cybernaute un potentiel acteur et cr ateur de l information les m dias en couragent cette pratique qui leur permet d tre quasiment omnis cients brise les barri res tradi tionnelles du contr le de l information et favorise implici tement l mergence de rumeurs et autres contrev rit s Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace L optimisme doit cepen dant pr valoir car m me s il y aura toujours de fausses infor mations qui circulent sur Inter net la mise en lumi re de leur existence par des technologies de pointe par les cybernautes et leur correction ou leur sup pression t moignent d une vita lit
28. ormation ont conduit les administrateurs des sites d information mais galement les cybernautes se mobiliser car le p ril est r el Si un site est jug peu fiable son audience di minue parall lement et un autre site le supplante Sans pour au tant exag rer c est galement un danger pour l outil Internet en tant que tel car il est clairement interconnect avec nos vies pri v es et professionnelles son af faiblissement par des scandales li s sa capacit propager ra pidement de fausses rumeurs aboutirait une r flexion collec tive sur la place de l information et son partage sans r elle solu tion C est pourquoi de nom breux sites internet cherchent des parades pour viter une fausse information il peut tre question d une v rification pr publication d une v rification post publication avec un co t important pour le site si ce sont ses salari s qui doivent v rifier l information C est ainsi que les sites misent d sormais sur la mobilisation des internautes qui de par leur nombre peuvent ra pidement rep rer la fausse infor mation Cela peut se faire en commentant le faux article en le signalant un mod rateur ou en avertissant sur le forum du site les autres utilisateurs jusqu au retrait du dit article Wikipedia a ainsi mis en place un syst me de mod rateur et de signaux permettant au cybernaute de sa voir si l article a t v rifi s il manque des sour
29. s mises en sc ne ou la construc tion d une pseudo r alit La d sinformation est souvent une version politique de la diffamation au sens p nal le fait d attribuer faussement quelqu un un comportement honteux Le plus souvent la d sinformation impute ses victimes de noirs complots le plus habile tant parfois d accuser la victime d tre elle m me d sinfor matrice et de d cr dibiliser par avance tout ce qu elle dira Plus simplement la d sinformation accro t la confusion et le d sordre Elle est le contraire de ce que devrait tre l information au sens tymologique in formation mise en forme Paradoxe Internet en permettant chacun de devenir diteur presque sans contr le et anony mement a largement favoris l closion de la d sinformation notamment dans un cadre de guerre conomique IRIS Institut de Relations Internationales et Strat giques 2 bis rue Mercoeur 75011 Paris France iris iris france orq le d veloppement des m dias et de l importance strat gique de la ma trise de l information Il analyse par exemple les rapports de force entre puissances politiques et cono wwvw iris france orqg www affaires strategiques info miques et les firmes qui contr lent le flux des informations dans le Monde Secr tariat de r daction Pierre Yves Castagnac Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace 14
30. t dans le syst me de d fense par exemple un mot de passe trop faible ou qu un humain ait t tromp il n y a pas de pi raterie informatique sans une forme quelconque de tromperie envers un homme ou un logiciel Cela revient au final se faire passer pour quelqu un d autre comme si l on faisait croire la machine que l on est le propri taire l gitime La possibilit que les acteurs ne soient pas ce qu ils pr tendent que les messages ne refl tent ni la r alit ni l intention de leur auteur ou encore que les dispositifs de contr le abus s ne fonctionnent pas comme ils devraient tout cela hante le cybermonde Et comme nous sommes de plus en plus d pendants psycho logiquement culturellement conomiquement politiquement de syst mes de messagerie gestion et transaction distance l obsession de la tromperie empire La lutte de l p e et du bouclier Mais ce danger que personne ne songe nier a suscit des contre mesures Certaines re courrent la r pression ou la surveillance les plus classiques comme l obligation faire aux in ternautes chinois de donner leur v ritable nom pour acc der aux blogs ou aux r seaux sociaux D autres sont des techniques de plus en plus so phistiqu es de v rification et d accr ditation des tin es rendre des identit s infalsifiables ou des protections s mantiques insurmontables Elles nourrissent du reste une v ritable industrie et ont lanc
31. t mensong re ou erron e qu elle se caract rise par sa source pr sum e qu elle peut tre lanc e d lib r ment que si l intention perverse ne fait pas obligatoi rement partie de la d finition de la rumeur on au rait beaucoup de mal citer des rumeurs logieuses que de la m me fa on si la rumeur peut th o riquement porter sur tout elle tend souvent re venir sur les m mes th mes que souvent la rumeur fournit une explication d apparence rationnelle donc rassurante des faits dus au hasard que les nouvelles technologies ne freinent pas l extension des rumeurs au contraire L Observatoire G ostrat gique de l Information Sous la direction de Fran ois Bernard Huyghe cet observatoire a pour but d analyser l impact de l information mondialis e sur les relations internationales Comprendre La d sinformation consiste quant elle propager d lib r ment des informations fausses pour influencer une opinion et affaiblir un adversaire Le mensonge ici porte sur la r alit qu il d crit un fait imaginaire sur la personne ou l appartenance de qui la rapporte et enfin sur le but de son nonciation qui est de produire un dommage et non d informer Cela en fait une sorte de mensonge au cube Cette strat gie agit indirectement contre quelqu un et par un interm diaire m dias opinion abus e d o un jeu trois initiateur public victime qui peut faire appel de v ritable
32. ter un dispositif qui favorise les d nonciations directes de propos scan daleux antis mites ou homophobes et l identification de leurs auteurs qui se trouveront sans doute tre dans de nombreux cas des gamins troubl s par la pu bert Le faux fausses nouvelles faux partisans faux interlocuteurs fausses images est contagieux Qui vous garantit que votre interlocuteur en ligne n est pas un faussaire voire un algorithme cr pour produire artificiellement des mou vements d opinion Olivier Kempf s interroge sur cette identit r elle ou num rique source de tant d inqui tudes Frank Bulinge d crit les m canismes qui font d Inter net un formidable acc l rateur de rumeur mais aussi sur nos faiblesses qui font que nous sommes si r ceptifs de telles tromperies Laurent Gaildraud pour sa part tudie les facteurs qui font le succ s ou l chec de la rumeur en particulier lectronique voire sur les strat gies que l on d veloppe pour s en prot ger Maxime Pinard nous rappelle que le r seau est aussi l origine de comportements et de techniques de v rification qu elle soit citoyenne ou m diatique Enfin nous concluons en analysant le rapport entre la technique num rique ou la structure des r seaux et cette exceptionnelle facult de rendre le faux conta gieux mais aussi de faciliter les proc dures de v rification m Fran ois Bernard Huyghe Faux rumeurs et d sinformation dans le cyberespace 1 OB
33. tion num rique ne se rait ce que par l explosion des terminaux d acc s Internet qui en facilitent grandement la consultation Ce succ s de l informa tion en ligne ne doit pas cepen dant laisser croire que les cybernautes donnent carte blanche aux sites qu ils consul tent L actualit est maill e d his toires plus ou moins graves o une fausse information a t re p r e soit rapidement soit par fois apr s plusieurs ann es d existence Wikipedia est sou vent critiqu pour la v racit de ses articles certains cr ant de toute pi ce une information cr ation d un personnage d une le d une bataille tandis que d autres respectent les faits mais donnent leur point de vue sans n cessairement le signaler Wiki p dia qui se veut une encyclop die collaborative mondiale apparait alors comme une source de d sinformation voire de manipulation Des exercices sont ainsi r alis s dans les coles et universit s o l on de mande aux tudiants de rep rer les faux passages de tel ou tel article dit sur Wikipedia mm m 9 gt TP OBSERVATOIRE G OSTRAT GIQUE DE L INFORMATION T S INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRAT GIQUES sam Cette confrontation la v rification de l information touche aussi bien le citoyen lambda que le journaliste voire m me l entreprise qui doit s as surer que rien de faux n est dit son sujet Les nombreux cas de fausse inf
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