une recherche d`ethno-prévention du SIDA et des MST
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1. Enfin dans les enqu tes de ce genre il plane toujours une incertitude sur la fiabilit des r ponses portant sur les comportements sexuels qui n est pas d mentie ici voir R sultats Contexte de l enqu te Les v nements survenus en C te d Ivoire peu de temps avant l enqu te et susceptibles d avoir influenc certaines r ponses sont les suivants e 8 novembre 1991 annonce largement diffus e dans les m dias de la s ropositivit du joueur de basket ball noir am ricain Magic Johnson il lance un appel aux jeunes dans le monde pour se pr munir du sida e 27 novembre diffusion la t l vision nationale d un feuilleton sur le sida Partenaires avec des vedettes ivoiriennes parmi lesquelles un jeune animateur de radio tr s populaire Junior d cembre Journ e mondiale de lutte contre le sida Malgr une faible couverture m diatique la presse annonce 900 000 s ropositifs en C te d Ivoire le minist re de la Sant rectifie l estimation entre 400 000 et un million R sultats Renseignements divers 9 5 des jeunes interrog s connaissent dans leur entourage un jeune qui est s ropositif ou qui a le sida il n y a pas de diff rence significative entre les sexes Notons qu un homme de l chantillon est totalement ignorant du sida et qu une femme n en conna t que le nom D apr s l enqu te nationale de 1989 sur les comportements des lvoiriens face au sida D dy et Tap 991 7 de2. Cette notion parfois pr sent e comme une raison de la non utilisation des pr servatifs n est pas clai rement retrouv e dans l enqu te Malgr des croyances n gatives il y a des id es assez positives des jeunes sur les pr servatifs comme celle d un instrument relativement neutre de sant de contraception de bien tre corporel 43 des jeunes pensent que les pr servatifs ne sont pas g nants en particulier sur le plan des sensations physiques cette opinion se retrouve dans les pratiques puisque pr s de 40 de ceux qui en ont d j utilis n ont pas un avis n gatif sur la nature du plaisir sexuel celui ci est jug identique 30 5 des r pondants diff rent 7 5 ou sup rieur 1 5 avec un pr servatif De m me des tentatives de r solution mentionn es plus haut prennent une certaine coh rence sous la forme d appropriation de la modernit et de r interpr tations traditionnelles du pr servatif On est enfin relativement surpris par un taux d utilisateurs et une fr quence d utilisation r cente non n gligeables Ces derniers l ments montrent que les pr servatifs ne sont pas rejet s ils me font penser que les pr servatifs peuvent tre globalement bien accept s par le groupe tudi et que cette acceptabilit globale pourrait mener une utilisation croissante ll est possible aussi qu il en soit de m me dans des populations plus larges de jeunes citadins En fait d apr s
3. Abidjan 1992 Les comportements sexuels risque en C te d Ivoire Bulletin du GIDIS CI 2 pp 63 72 DCGTx Direction et contr le des grands travaux 1991 Programme de valorisation des ressources humaines politique de population pour le d ve loppement Comit de suivi sur la valorisation des ressources humaines cellule technique DCGTX Abidjan DENIAUD F 1991 Sida pr servatifs et jeunesse urbaine en C te d Ivoire un essai d ethnopr vention Bulletin de liaison du CNDT num ro hors s rie pp 46 69 GINOUX POUYAUD C 1992 Etude sociologique sur le choix du partenaire sexuel chez les femmes en ge de procr er Koumassi et Marcory Bulletin du GIDIS CI 2 p 42 PNLS 1989 Taux de pr valence du VIH en milieu urbain C te d Ivoire CIV PNLS bns Abidjan SCHUTZ R KONE N VETTER K et SAVARY D 1991 Identification de groupes risque VIH parmi la population des nouveaux donneurs de sang Centre national de transfusion sanguine Abidjan Commentaires des rapporteurs Mah Bi Il est apparu dans votre intervention que le sex ratio se situerait 5 hommes pour une femme alors que les tendances actuelles sont une g n ralisation entre les femmes et les hommes dans la contamination du VIH ce qui pourrait s expliquer par une expansion de l infection la population g n rale et done une gali sation une femme pour un homme Comment pouvez vous expliquer ce sex ratio Par a
4. actions de pr vention de tel ou tel groupe de personnes en Afrique gen se et tentatives de pr vention autochtones appropriations interpr tations ou r interpr tations de pratiques de pr vention venues de l Occident En somme l ethnopr vention s int resse aux strat gies traditionnelles de pr vention observance d in terdits port d amulettes sacrifices etc leur volution en fonction d v nements en rapport ou pas avec la sant l interpr tation de strat gies modernes de pr vention telles qu elles sont re ues par les popula tions ainsi qu la cr ation de nouvelles strat gies L ethnopr vention tente d expliquer les checs de la pr vention ses effets adverses ses rapports avec l ethique Elle tente galement de contribuer une meilleure d finition de la pr vention en fonction de son objet de ses sujets ceux qui l exercent ceux qui la re oi vent de son r le futur et de l volution du monde Pr venir anticiper aller au devant de M me si elle n a pas de d signation ou de statut particuliers ce que j appelle ethnopr vention existe d j c est l tude de la pr vention sous tous ses aspects Mais l ethnopr vention est plus qu une somme d observations et de r flexions elle est aussi une recherche de l intervention 106 Jeunesse et pr servatifs R f rences cit es DEDY S et TAPE G 1991 Comportements sexuels et sida en C te d Ivoire Rapport pr liminaire PNLS
5. ge le statut matrimonial l accord sur le principe de faire un test le fait d avoir des pr ser vatifs avec soi la perception du pr servatif comme un objet m dical et contraceptif les opinions sur sa qualit sa g ne ou sa dangerosit ventuelle n influent pas sur la proportion d utilisateurs Ces donn es apparemment encourageantes ne doivent pas faire oublier trois ombres au tableau Pin certitude du risque chez le partenaire avec lequel on utilise ou l on n utilise pas le pr servatif la n go ciation probl matique des pr servatifs tant pour la femme que pour l homme les accidents techniques d utilisation e L incertitude du risque Sur le total des r ponses la question du choix des partenaires avec lesquels on utilise des pr servatifs 35 5 des r ponses portent sur un ou une partenaire occasionnel 28 5 sur le ou la partenaire r gulier 10 sur des prostitu es Une forte proportion de femmes 33 sur 48 d clarent en utiliser avec leur partenaire r gulier contrairement aux hommes 29 sur 97 Cela laisserait il penser qu elles l emploient plut t titre contraceptif Ou bien qu elles ont moins confiance en leur partenaire que les hommes en la leur Ou serait ce leur partenaire qui n a pas confiance en elles Ceci pose la question de la perception du risque chez tel ou tel partenaire Pour une femme le partenaire r gulier a t il moins de risques d tre s ropositif qu un nouveau partenaire par exe
6. 5 des jeunes pensent que leur qualit est diff rente de celle qu on peut trouver ailleurs qu en Afrique Il n y a pas de liaison signi ficative entre l opinion sur la qualit des pr servatifs et le pourcentage d utilisateurs L efficacit dans le cas o les pr servatifs sont de bonne qualit 92 5 des jeunes pensent qu ils pr viennent efficacement le sida les MST et les grossesses La dangerosit ventuelle 82 5 des jeunes sont convaincus de l inocuit des pr servatifs 12 les jugent dangereux pour les organes g nitaux de l homme et de la femme et pour la f condit ult rieure de la femme Le danger serait d origine chimique par le contact des sexes avec le caoutchouc ou le lubrifiant ou serait li usage r p t des pr servatifs l effet contraceptif serait cumulatif et entra nerait la longue inf condit ou st rilit Le danger est peut tre aussi symbolique en modi fiant la circulation et la trajectoire du sperme p nis vagin le pr servatif rendrait le sperme dange reux pour l homme e La g ne induite 43 pensent que les pr servatifs ne sont pas g nants et 48 pensent qu ils le sont chez ces derniers n 118 les raisons invoqu es sont la diminution ou l annulation du plaisir sexuel 47 5 d entre eux la g ne psychologique la m fiance suscit e ou la honte en regard des sentiments amoureux 28 l obstacle l change des fluides sexuels 9 l obstacle la
7. L id e d ethnopr vention m est venue pendant cette recherche en effet quel autre objet mieux que le pr servatif peut voquer l troite corr lation des deux disciplines l ethnologie du fait des repr sentations de l objet et des valeurs sociales que son utilisation mobilise la pr vention sanitaire de par l vidente fonc tion prophylactique du pr servatif L ethnopr vention aborde diff rents th mes en mati re de planification des naissances elle tudie les formes traditionnelles de contraception leurs techniques leurs r f rences symboliques leurs indications elle tudie galement les perceptions et les pratiques des contraceptions modernes On conna t les r gles d absti nence sexuelle des femmes en zone rurale africaine qui viennent d accoucher les conditions de virginit des filles au moment de l excision chez certaines ethnies L ethnopr vention cherche l ventuelle mergence de nouveaux interdits pr ventifs en r ponse l apparition r cente de probl mes sociaux sanitaires ou pas De m me pour ce qui concerne les maladies transmissibles l ethnopr vention peut r pertorier des syst mes de repr sentation de la transmissibilit espaces et modes et les comparer avec leurs syst mes homologues de pr vention Si l ethnologie s int resse aux interpr tations d un mal comme le sida l ethnopr vention s attache d duire des strat gies pr ventives de ces interpr tations Elle tudie aussi les r
8. des deux partenaires ont t rapport s parmi les probl mes techniques mettre deux pr servatifs l un sur l autre 13 du total des r ponses enfoncer trop fort le pr servatif sur le p nis sans laisser le r ser voir en place 8 7 se tromper de sens de d roulement du pr servatif et forcer 8 7 se retirer apr s l jaculation alors que le pr servatif glisse ou reste dans le vagin 8 laver et r utiliser un pr ser vatif 6 enlever le pr servatif au cours du rapport sexuel 10 7 garder un m me pr servatif pour plusieurs rapports cons cutifs 2 Tout ceci montre la fr quente m connaissance des conditions de stockage et d utilisation des pr serva tifs L inexp rience l ignorance du mode d emploi la brutalit peuvent conduire des d chirures D autres man uvres relevant de pulsions incontr l es annulent l effet du pr servatif un acte comme celui d enle ver le pr servatif pendant le coit n est pas rare semble t il 1 pourrait tre li une intol rable frustration de l orgasme ou du pouvoir de procr er ou une mani re radicale de contourner la difficult prouv e se s parer de cet objet qui contient apr s le rapport la substance vitale la capacit de reproduction Pour ces raisons l homme serait alors amen interrompre le coit se retirer du vagin enlever le pr servatif et reprendre le co t sans entrave jaculation et l ins mination La relative fr quen
9. ment Co te t elle beaucoup l individu conomiquement et psychologiquement parlant Pourrait elle tre maintenue dans l avenir Enqu te Le questionnaire Il s agit d une enqu te r alis e en d cembre 1991 aupr s de 251 individus g s de 15 25 ans Elle avait pour but d tudier les connaissances les perceptions les opinions et les pratiques de jeunes li es aux pr ser vatifs ainsi que de recueillir les besoins les attentes et les suggestions de ces jeunes en mati re d informa tion de n gociation et d utilisation des pr servatifs Un questionnaire tait rempli par les enqu teurs lors d entretiens individuels avec plus de 250 jeunes r sidant Abidjan L chantillon a t constitu par choix raisonn de localisation dans quatre communes de l agglom ration Koumassi Marcory Abobo et Yopougon Les foyers taient tir s au sort dans chaque quartier visit et les quartiers taient d termin s en fonction de leur type d habitat et du loyer Au final 251 questionnaires taient exploitables 4 refus quelques foyers n abritant pas de jeunes de 15 25 ans Le questionnaire explorait en fonction d une dizaine de variables ind pendantes sexe ge statut matri monial type d habitat niveau d ducation cat gorie socio professionnelle nationalit ethnie religion une quarantaine de variables portant directement ou indirectement sur les pr servatifs Une douzaine d entretiens ont t r alis s en d
10. ruraux et de jeunes prostitu es occasionnelles ou professionnelles En C te d Ivoire la jeune g n ration d aujourd hui 16 ans a des rapports sexuels plus pr coces que la g n ration des 45 49 ans cette volution tant plus marqu e chez les gar ons que chez les filles Quant la fr quence des partenaires sexuels occasionnels les valeurs les plus lev es se voient entre 20 et 29 ans quel que soit le sexe D dy et Tap 1992 Diff rents facteurs intervenant dans ce comportement sexuel ont t voqu s tels que de nouvelles conditions de vie li es l industrialisation l urbanisation la scolarisation D dy et Tap 1992 d autres facteurs ont pu jouer comme le changement socio culturel des trente derni res ann es DCGTX 1991 la d gradation r cente de la situation sociale en C te d Ivoire pauvret promiscuit dans les villes d s ur vrement recul de la scolarisation Les changements socio culturels influen ant le comportement sexuel concerneraient la nature des relations au sein de la famille les objectifs matrimoniaux ge du mariage plus tardif l attitude des femmes et des hommes l gard de la f condit et ventuellement la nature des rapports entre les sexes Ginoux Pouyaud 1992 les pratiques de s duction le choix des partenaires la fina lit des rapports sexuels les mentalit s des jeunes Le sida et les MST la fin de l ann e 1992 certaines estimations faisaient tat d au mo
11. se substitue si l on peut dire au pr serva tif le refus du pr servatif ou l extr me le retrait d lib r du pr servatif au cours du rapport sexuel avant l jaculation dans ce dernier cas par exemple le risque infectieux d tre contamin par le VIH s il est consciemment per u est pris de pr f rence au risque symbolique de ne pouvoir jouir et procr er autrement dit de ne pouvoir affirmer son genre et assumer un r le social ou sentimental dans le contexte donn 4 culturel je pr f re symbolique Le terme de culture me semble trop vague ou trop restrictif dans sa d fi nition culturaliste pour expliquer les perceptions et les repr sentations du pr servatif 5 Selon l objectif atteindre ou selon des crit res biom dicaux ou occidentaux Fran ois Deniaud 101 Des r ponses plus structur es socio conomiques strat giques ducationnelles et symboliques tentent de valoriser le pr servatif et de l int grer dans la quotidiennet et l intimit le r seau des pairs comme source d information et d obtention le refus d un rapport sexuel en cas de refus d utilisation de la part du ou de la partenaire son utilisation avec un e partenaire r gulier e la repr sentation hygi nique vestimentaire ou cosm tique de l objet et l attribution r cente de termes vernaculaires en sont quelques illustrations telles qu on a pu les observer dans l enqu te Obstacles culturels au pr servatif
12. 1 bien avant les spermicides locaux 6 le st rilet 4 5 les injections d hormone 3 5 et le coit interrompu 3 5 14 des jeunes inter rog s connaissent un moyen de contraception traditionnel au sens d un proc d applicable avant le troi si me mois de grossesse 5 des jeunes connaissent des m thodes traditionnelles de pr vention des MST Perceptions du pr servatif Toutes r ponses cumul es les pr servatifs sont class s parmi les familles d objets suivantes objets m di caux 27 5 du total des r ponses contraceptifs 20 5 objets de toilette ou de beaut 16 5 v tements 8 Fran ois Deniaud 95 Malgr la d nomination courante de chaussette vue plus haut la typologie ne met pas en viden ce la m me fr quence de cette repr sentation vestimentaire C est plut t l image d un instrument de sant comme les m dicaments les seringues le sparadrap qui est mise en avant suivie par la contraception On retrouve en troisi me position des r ponses cumul es les notions d hygi ne et de bien tre corporel pouvant s apparenter la sant La repr sentation du pr servatif selon un m canisme magico religieux ne fonctionne pas seuls deux individus le classent parmi les objets magiques Opinions sur e La qualit des pr servatifs disponibles en C te d Ivoire elle est jug e bonne ou tr s bonne par 48 des jeunes 11 5 la trouvent m diocre et 5 mauvaise 26
13. JEUNES ET PR SERVATIFS ABIDJAN Une recherche d ethno pr vention du sida et des MST D Fran ois Deniaud Avertissement Les choix des l ments de cette recherche le pr servatif la jeunesse urbaine et l Afrique peuvent tre discut s Ne risque t on pas de fausser l tude du pr servatif en l isolant des autres moyens de pr vention En consid rant l objet plus que son utilisateur ou ses b n ficiaires En choisissant une population particu li re par sa jeunesse par les influences occidentales qu elle re oit et par sa vuln rabilit aux maladies sexuel lement transmissibles MST dont le sida C est possible Mais de tels choix s inscrivent dans le cadre plus large d une Recherche Action o la recherche n est pas une fin en soi elle s efface derri re l application de ses donn es la population tudi e afin de la faire b n ficier d actions de pr vention C est titre de m decin que je pr senterai les r sultats partiels de cette recherche men e aupr s d une population non repr sentative d adultes jeunes Abidjan ainsi que des points de vue personnels sur le pr servatif et la pr vention du sida Introduction Bien qu en augmentation depuis quelques ann es l utilisation des pr servatifs reste faible par rapport aux besoins estim s De m me encore rares sont les recherches appliqu es et centr es sur les connais sances les perceptions et les pratiques des pr servatifs aupr s de populations
14. ST que le pr servatif est suppos apporter peut tre consid r e elle m me comme une menace 12 des jeunes pensent qu il peut tre dangereux pour la sant l int grit corporelle en particulier sexuelle et la fertilit Cette id e de menace est due l tranget aux deux sens du terme du pr servatif trange car tranger peu connu des Africains il y a trois d cennies moderne in dit de par sa fonction sexuelle ce modernisme mis en balance avec les traditions africaines en particulier celle de la procr ation s est charg d une image mena ante pour la d mographie des populations Ce sentiment de menace semble cependant plus marqu chez les adultes avec l extr me chez certains l id e d un complot orchestr par l Occident dont les instruments sont entre autres le sida et les pr servatifs que chez les jeunes Ces derniers semblent tre d j familiaris s ce nouvel objet et plus attach s dans les relations sexuelles au plaisir qu au d sir de procr ation Ces croyances affich es de menace ou d inefficacit des pr servatifs t moignent donc d une part de pr ju g s ou de r actions st r otyp es comme on le voit dans l absence de diff rence significative chez les utilisateurs de pr servatifs selon qu ils d clarent ou non croire la d fectuosit du produit ou la g ne qu il pourrait induire Un dilemme symbolique 4 D une fa on g n rale le pr servatif rationalise un des
15. actes les plus spontan s qui soient en d coupant la relation sexuelle en trois phases avant la pose du pr servatif entre la pose et la d pose apr s la d pose Le pr servatif peut provoquer une crise de conscience chez son utilisateur futur ou actuel cause de cette rationalisation par instrumentation consommation ou biom dicalisation du sexe et de l amour Des l ments probl matiques entrent en jeu comme la frustration du plaisir sexuel un sentiment d au tad pr ciation de perte identitaire et de g chis de l homme lors de l limination du pr servatif conte nant son sperme fa culpabilisation vis vis du ou de la partenaire qui risque d tre offens e par la d ci sion unilat rale d en utiliser la culpabilisation vis vis des pairs si l individu n utilise pas de pr servatif et qu eux d clarent en utiliser et vice versa enfin peut tre la culpabilisation vis vis des a n s par le senti ment en cas d utilisation de bafouer les traditions en particulier les valeurs de procr ation et de filiation Ces culpabilisations illustrent la menace symbolique du pr servatif pour le corps individuel et social Les tentatives de r solution des dilemmes par les jeunes sont de deux types on distingue des tenta tives spontan es ou irrationnelles 5 qui ne r solvent pas le probl me des risques ventuels de contami nation par exemple la confiance dans le ou la partenaire qui
16. ams Dans un contexte d urgence tel que celui du sida en Afrique o faut il situer la l gitimit et l utilit de la lutte contre le sida Sur le choix des populations cibles sur le caract re op rationnel de la recherche sur les motivations et les capacit s d action des acteurs des chercheurs et des planificateurs de la pr vention Le m decin le chercheur en sciences sociales qui travaillent dans le domaine du sida les autres inter venants de la pr vention tous confront s ces questions pourraient d finir pour eux et leurs diff rents interlocuteurs leur thique de service Questions d une anthropologie de la pr vention Ces questions sur l thique de la pr vention d bouchent sur un champ de r flexion plus vaste que j ap pelerai ethnopr vention Il s agit d un nouveau terme peut tre d une autre approche en sant publique Au sujet du sida l ethnopr vention pose des questions aussi diff rentes que tel mode de pr vention de la transmision sexuelle peut il tre accept et suivi par une soci t diff rente de celle qui l a propos Pourquoi certaines pratiques traditionnelles telles que le l virat le sororat la circoncision les scarifications ont t si souvent d battues par rapport au sida un point tel qu elles ont pu masquer des comportements sexuels plus dangereux Pourquoi entend t on encore parler de groupes risques Que signifie promis cuit sexuelle Fran ois Den
17. ce d utilisation des pr servatifs dans une p riode r cente risque d tre mise en ques tion si de telles erreurs techniques persistent dans l avenir 2 7 pr servatifs d chir s sur 10 8 utilis s en moyenne au total Ceci r duit environ 10 le nombre total moyen de pr servatifs correctement utilis s par l homme et environ 5 pour la femme D autres r sultats pourraient tre pr sent s ceux qui viennent d tre voqu s nous permettent d j une vue d ensemble ouvrant la discussion Discussion Trois th mes les dilemmes des jeunes au sujet du pr servatif l obstacle culturel au pr servatif et comment aborder la sexualit africaine sont pr sent s ici en se r f rant notre groupe cible Je d veloppe rai le premier th me et me contenterai de poser des questions en rapport avec les deux autres Les dilemmes du pr servatif Dans l enqu te les jeunes ne cachent pas que la n gociation et l utilisation des pr servatifs sont la source pour eux d au moins trois dilemmes Un dilemme technologique On pourrait l noncer en ces termes un objet de consommation sans r elle consommation En effet le dilemme se situe moins dans l acquisition dans plusieurs cas elle est le r sultat d un don ou d un change que dans la consommation celle du pr servatif ne peut se comparer aucune autre utilitaire unique ph m re partag e deux techniquement contraignante se terminant dans tous les cas par l li mi
18. ces donn es il me semble que l acceptation du pr servatif a plus voir avec un contexte social qu avec une culture donn e on l a vu avec les quatre facteurs identifi s comme tant significative ment li s la proportion d utilisateurs Deux facteurs concernent le v cu social de la maladie ant c dents de MST proximit d un s ropositif ou d un malade et les deux autres le v cu social de la pr vention noto ri t de vendeurs de pr servatifs connaissance de Prudence Ainsi les obstacles culturels au pr servatif n ont ils pas t surestim s par certains Avant de chercher rendre le pr servatif acceptable par une culture donn e peut tre faudrait il se demander ce que la soci t en question attend et d sire en mati re de pr servatif Si ses besoins et ses attentes sont satisfaits si la conscience du danger est prise il me semble que cette soci t se chargera elle m me de r soudre les dilemmes li s au pr servatif de lui attribuer l gitimit et vidence ceci m me si sa culture est tr s diff rente de celle d o provient le pr servatif par la suite l utilisation courante s acquiert par l usage au sens d us la familiarisation l objet l apprentissage l ducation au sens large et l habitude La sexualit africaine comment l appr hender Dans l introduction j voquais non pas une mais plusieurs sexualit s africaines Par exemple la sexua lit des jeune
19. chez les femmes autant que chez les hommes Comment peut on expliquer cette protection non n gligeable dans une p riode r cente Peut tre par le profil des acteurs leur jeune ge peut favoriser l ouverture d esprit la curiosit et la rela tive raret des pr jug s vis vis des questions sexuelles et d un objet dot d une charge symbolique comme le pr servatif Leur urbanit peut les soustraire dans une certaine mesure l influence des traditions rel cher les attaches et l emprise familiales chez certains et leur faire b n ficier des m dias Leur niveau d ducation moyen ou bon peut intervenir de m me l impact de chansons sur le sida et les pr servatifs interpr t es par Alpha Blondy et Waby Spider tous deux tr s populaires enfin l impact de r cents v nements li s au sida cit s plus haut ont pu favoriser l identification une personalit s ropositive ou impliqu e dans la pr ven tion du sida S ajoutant cela il y a sans doute un d but de prise de conscience personnelle des jeunes favoris e par quatre facteurs la connaissance d un jeune s ropositif ou malade du sida la notori t grandissante de la marque de pr servatifs Prudence des ant c dents personnels de MST le fait d avoir d j vu des jeunes vendeurs de pr servatifs dans la rue Ces quatre variables sont significativement li es la proportion d utilisateurs de pr servatifs dans notre chantillon p lt 0 05 Par contre l
20. compris par les jeunes Des informations sp cifiquement adress es aux femmes seraient utiles afin d encourager les initiatives qu elles semblent d j prendre en la mati re On peut aussi envisager des conseils donn s de mani re infor melle de jeunes jeunes dans la rue l cole et au cours des activit s quotidiennes Pour cela il serait souhaitable d investir les jeunes d une sorte de mission de pr vention et leur donner la responsabilit de cette pr vention aupr s de leurs pairs Fran ois Deniaud 103 Parmi les messages d information il faudrait insister sur e la qualit intrins que des pr servatifs en Afrique comme dans le reste du monde e leur absence d effets secondaires e les consignes de bonne conservation les consignes d utilisation correcte En mati re de distribution Am liorer l accessibilit des pr servatifs dans la rue dans les lieux fr quent s particuli rement par les femmes par les jeunes le soir et la nuit et la visibilit de la marque Prudence dans la rue dans les medias D velopper la distribution et le marketing social de ces pr servatifs non seulement dans les quartiers d favoris s des zones urbaines peupl s en majorit d trangers d illettr s de transplant s et d inactifs mais aussi en zone rurale Il serait int ressant galement d abaisser le prix des autres pr servatifs vendus en pharmacie En mati re d utilisation Du fait des incertitudes en
21. derniers mois que de jeunes hommes Et pour le VIH il semble ce sont l les donn es de la banque du sang d Abidjan qu il y aurait plus de jeunes femmes s ropositives que de jeunes hommes chez les donneurs de sang la Banque de sang en 1991 Et puis on retrouve au niveau des tudes du CNLS qu en 1989 le taux de pr valence du VIH tait un peu plus lev que chez les hommes Mais ceci n est valable que pour 1989 et peut tre que depuis 1989 cela a volu Il y a aussi les donn es de 1991 de la Banque de sang Il existe des donn es qui lais seraient penser que les jeunes femmes sont autant menac es sinon plus que les jeunes hommes Claude Fay Il fallait forc ment un sociologue pour consid rer le pr servatif comme une pratique sexuelle et plus largement comme une pratique sociale Il me semble qu il fait cran entre plusieurs relations entre homme et femme entre occidentalit et africanit entre religion et pratique quotidienne Done pratiquement cela m tonne un peu que vous n ayez pas essay de corr ler l utilisation du pr servatif avec d autres variables comme celle de la confession Le deuxi me point c est que quant l utilisation du pr servatif avec telle ou telle femme il aurait t peut tre bon d insister sur le statut ou le r le de la femme comment l a t on rencontr e comment l a t on connue Le troisi me point cela m tonne que vous ayez tent de cerner une sexualit africaine travers
22. diverses Le pr servatif appara t comme un objet probl matique pour les utilisateurs mais galement peut tre pour les chercheurs et les planificateurs de la sant Cet objet est il trop simple trop trivial pour devenir un sujet d tude part enti re Est il au contraire trop complexe Son utilisation est elle si d rangeante qu on h site la promouvoir explicitement Geste contraceptif ou comportement prophylactique contre des maladies transmissibles l usage du pr ser vatif est aussi plus simplement une pratique sexuelle Il a t jusqu pr sent peu tudi en tant que tel D un groupe l autre d une cat gorie l autre ces pratiques changent Le pr alable toute enqu te sur l usage du pr servatif consiste donc tudier les sexualit s ici des jeunes Africains J emploie dessein le pluriel en posant l hypoth se d une diversit de la sexualit africaine tay e par la litt rature ethno logique Ce pr alable du fait des difficult s pratiques et m thodologiques qu il soul ve a t jusqu pr sent insuffisamment et in galement trait me semble t il li s agit d enqu ter sur les comportements sexuels la sant la transmission sexuelle d une infection sa pr vention et au sein de cette derni re l expression et la pratique du pr servatif ainsi que les besoins et les attentes en mati re d information d acc s et de conditions d utilisation des pr servatifs Diff rentes m t
23. ela n a rien d africain C est juste une sexua lit de jeunes sans y voir une africanit ou une occidentalit qui me rend la chose un petit peu compliqu e Il me semble que cela montre qu ils ont une sexualit assez logique ils utilisent des pr servatifs ils ont des doutes sur l utilisation A cet gard je crois que votre tude est plut t rassurante et qu elle est bienvenue R ponse de Fran ois Deniaud Je rappelle comme vous l avez dit que c est un chantillon qui n est pas repr sentatif de la jeunesse d Abidjan
24. hodes ont t utilis es parmi lesquelles dominent une enqu te qualitative par entretiens individuels avril mai 1991 et une enqu te par questionnaire d cembre 1991 C est partir des r sultats qualitatifs et semi quantitatifs de cette derni re qu est d velopp le corps de l expos L approche est double D abord descriptive les donn es factuelles sont nonc es et comment es dans le chapitre Enqu te Par la suite on en tire des applications pratiques de pr vention Recommandations Des hypoth ses s inspirant de la sociologie compr hensive de l analyse strat gique et de points de vue m dicaux anthropologiques et si possible humanistes sont propos es le pr servatif est un r v lateur des genres et de la sexualit les comportements sexuels peuvent tre vus sous l angle du pr servatif 90 Jeunesse et pr servatifs amp outil prophylactique le pr servatif est un analyseur strat gique de la pr vention du sida il concentre des paradoxes des contradictions de la pr vention telle qu elle est exerc e et re ue en Afrique mais aussi ailleurs le pr servatif intervient dans l intimit des corps et dans la dimension sociale sida et MST r orga nisent les espaces sociaux et intercorporels quant leur champ d extension leur espace de conta gion et leur mode de protection objet tranger singulier r cemment implant en Afrique le pr servatif a ici des fonctions des
25. iaud 105 Pourquoi ne pas parler plus souvent de p riodes risque ou de p riodicit des risques Pourquoi mettre davantage l accent sur les prostitu es plut t que sur les clients Qui sont les prostitu es et quels sont les crit res pour les d finir comme telles La solidarit africaine existe t elle Si oui aide t elle r soudre ou pr venir l impact social et familial du sida dans certains pays La densit des rapports de proximit et de face face en Afrique est elle un b n fice ou un d savantage pour la pr vention du sida Quelles sont les motivations profondes des personnes travaillant dans la pr vention du sida leurs id aux leurs valeurs de d vouement d altruisme et d humanisme Qu est ce que l thique dans tout cela Par exemple est il thique de promouvoir l utilisation des pr servatifs sans donner d explications claires sur ses fonctions et son mode d emploi L id e d ethnopr vention La pr vention est fondamentale pour l am lioration de la sant publique Elle ne peut tre op rationnelle que si l on tente de comprendre les syst mes de pens e relatifs aux maladies leurs modes d interpr tation d vitement et de gu rison propres chaque soci t Jusqu pr sent on parle d anthropologie m dicale d ethnom decine d anthropologie de la maladie d ethnopsychiatrie ou encore d anthropologie appliqu e au d veloppement mais pas encore ma connaissance d ethnopr vention
26. if et ses fonctions de pr vention du sida et des MST 92 Jeunesse et pr servatifs D autre part son image et son acceptabilit ne semblent pas tre mauvaises et une fraction non n gli geable de jeunes d clarent utiliser ou avoir d j utilis des pr servatifs Cependant de fortes r ticences les utiliser ou les utiliser plus souvent sont verbalis es l obstacle symbolique et physique la procr ation au plaisir sexuel et l ins mination l obstacle psychologique de sa n gociation compte tenu des sentiments amoureux des codes sociaux ou des enjeux conomiques par exemple les croyances sur leur d fectuosit et leur inefficacit Comment les jeunes Africains r pondent ils ces obstacles Quels sont leurs choix parmi les solutions qui leur sont propos es face au sida abstinence fid lit pr servatifs Comment g rent ils le doute sur l efficacit de la pr vention Quelle est leur perception des risques de contamination par le VIH par les autres germes sexuellement transmis Comment g rent ils ces risques par rapport leurs objectifs de vie leurs d sirs sentimentaux et sexuels leurs besoins conomiques leurs id aux d union de procr ation de filiation Quelles sont les conditions de l utilisation des pr servatifs par ces jeunes Est elle ancienne r guli re Se fait elle avec les partenaires les plus susceptibles d tre s ropositifs Se fait elle chaque fois correcte
27. illeurs il y a une opinion qui est souvent exprim e qui explique que la promotion du pr servatif chez les jeunes constitue une incitation la d bauche qu il y a une certaine forme de d pravation Quelle est votre opinion sur cette question R ponse de Fran ois Deniaud En ce qui concerne la deuxi me remarque je pense que c est enti rement faux C est un argument qui est souvent mis en avant par les opposants par les d tracteurs du pr servatif Il y a une tude suisse en parti culier qui a t pr sent e la conf rence d Amsterdam et qui a montr de fa on tr s claire que les campagnes de promotion des pr servatifs aupr s des jeunes Suisses n avaient en aucun cas provoqu une augmentation du nombre de partenaires sexuels Donc ce qui me semble un peu dommage dans ces argu ments l c est que bien souvent cela peut masquer une certaine hypocrisie des gens qui le disent parce que ces personnes se prot gent un peu derri re la sexualit des jeunes sans vraiment pouvoir affronter eux m mes les probl mes que leur posent les pr servatifs C est un argument qui ne tient plus Fran ois Deniaud 107 Concernant la premi re question sur le sex ratio j ai dit qu il y avait plus de femmes que d hommes et non l inverse je me suis bas sur l enqu te que j ai eu ma disposition celle de Tap Goz et D dy S ry qui date de 1989 Il y avait alors plus de jeunes femmes qui avaient d clar es une MST au cours des 12
28. images des utilisations r pertori es dans une sorte de monographie qui est notre enqu te men e chez des jeunes Abidjan il y a aussi si j ose dire du social de l imaginaire et du symbo lique dans le pr servatif et chez ces jeunes Ces hypoth ses dont certaines seront d velopp es dans le chapitre Discussion r v lent l aspect multiforme du pr servatif Poseur de questions et provocateur de contradictions source d au moins trois dilemmes biom dical technologique et symbolique le pr servatif peut am liorer notre compr hension de la sexualit et conduire une meilleure utilisation de la pr vention travers certains choix d interpr tation et certaines tentatives de r solution qu il g n re Dans cette recherche le pr servatif suscite une r flexion in dite socio anthropologique m dicale et humaniste sur la relation l autre et d autres soci t s sur la diversit de la sexualit ses pratiques ses discours et sur les paradoxes d une pr vention dont il devient l embl me et le probl me oblig Situation Les jeunes Africains des zones urbaines La croissance d mographique l urbanisation la pr carit conomique l exode rural et l hyperconcen tration humaine ont provoqu Abidjan l accroissement du nombre de jeunes inactifs de jeunes exer ant de petits m tiers dans la rue de jeunes d scolaris s ou non scolaris s de jeunes illettr s de jeunes migrants trangers ou
29. ins 500 000 personnes infect es par le VIH en C te d Ivoire A Abidjan 10 13 des femmes enceintes et des donneurs de sang sont s ro positifs Des tudes men es aupr s de prostitu es dans certains quartiers d Abidjan r v lent des taux de s ro pr valence du VIH six sept fois plus lev s Fran ois Deniaud 9i Les jeunes sont menac s par les MST et le VIH En 1989 18 des Ivoiriens entre 15 et 24 ans d cla raient avoir eu une MST dans les douze derniers mois contre 10 des plus de 40 ans D dy et Tap 1991 En 1991 Abidjan 11 7 des donneurs de sang g s entre 15 et 29 ans taient s ropositifs la g n ration la plus infect e tant celle des 30 39 ans 20 2 Sch tz et al 1991 Au sein de la jeunesse c est le sexe f minin qui appara t tre le plus expos aux MST y compris le VIH d apr s l enqu te de D dy S et Tap G 1991 23 des femmes ivoiriennes de 15 19 ans d claraient en 1989 un ant c dent de MST dans les douze derniers mois contre 13 des hommes de m me ge En 1989 les taux de s ropr valence du VIH en milieu urbain taient un peu plus lev s chez les femmes que chez les hommes de 15 19 ans et de 20 29 ans PNLS 1990 Dans l enqu te de Sch tz et al 1991 parmi les donneurs de sang g s de 15 29 ans Abidjan en 1991 il y avait plus de femmes s ropositives que d hommes 13 5 des femmes contre 9 5 des hommes La pr vention du sida et la p
30. ioula et quelques uns en anglais avec des sujets ghan ens Les jeunes interrog s Le sex ratio est d environ deux hommes pour une femme 88 femmes et 163 hommes L ge moyen des hommes 21 2 est significativement plus lev que celui des femmes 20 2 Six types d habitat urbain ont t d termin s selon l aspect de la construction et le loyer bidonville cour commune ou cour familiale logement en bande immeuble loyer mod r villa de moyen stan ding et villa r sidentielle Quant au statut matrimonial 54 des jeunes interrog s ont un ou une ami e r gulier e 31 n en ont pas 9 sont mari s et5 n ont aucun partenaire r gulier ou occasionnel Deux femmes ont d clar qu elles exer aient la prostitution 1 Au sens de d p t de la semence masculine dans les voies g nitales f minines Fran ois Deniaud 93 Le niveau d ducation est relativement bon seules 10 des personnes de l chantillon sont illettr es 20 des jeunes ont quitt l cole avant le secondaire et 41 au d but du secondaire 36 des jeunes de l chantillon taient scolaris s au moment de l enqu te la plupart dans le secondaire deux fois plus d hommes que de femmes les moins nombreux l universit les autres tant en apprentissage ou en lyc e technique Parmi les 158 non scolaris s 52 d claraient n exercer aucune activit deux tiers d hommes et un tiers de femmes 85 des individus ayant fait conna
31. l id e d obstacle culturel Vous donnez un certain nombre de faits comme le caract re plus ou moins visible ou non sensible imm diatement de la menace du sida comme le d coupage de la relation sexuelle en cases qui me sembleraient pouvoir qualifier des motifs de refus dans toute sexualit fran aise africaine ou autre Et inversement il s agit de faire du sp cifique quand vous donnez par exemple les modalit s de conserva tion sp cifiques du pr servatif qui ne se consomme pas comme les autres objets L a devient un tout petit peu abstrait Je me demandais si ce sont les informateurs qui disent cela R ponse de Fran ois Deniaud Je me suis peut tre mal exprim mais si je parle de sp cificit africaine je me r f re au contexte de la grande ville africaine des jeunes qui sont l coute des m dias assez influenc s par l Occident Je ne parle pas de sp cificit africaine mais d obstacle symbolique dans les trois dilemmes que j nonce il y a le dilemme socio conomique le dilemme biom dical et le dilemme symbolico culturel L il s agit peut tre d une querelle de mots mais je pr f re utiliser le terme symbolique car je n aime pas beaucoup la r f rence culturaliste On retrouve la symbolique en Afrique mais aussi en France en Occident ce n est pas sp cifique l Afrique il y a seulement des modes d expression diff rents de cette symbolique En ce qui concerne le croisement de variables il appa
32. la mati re les recommandations sont formul es sur le mode interrogatif e Quel est le moyen le plus acceptable pour un jeune de se prot ger contre le sida et les MST Les pr servatifs l abstinence sexuelle de situation avec un nouveau partenaire par exemple la fid lit conditionnelle mutuelle et dans la mesure o les deux partenaires sont indemnes de toute MST y compris le VIH L alternance des deux ou des trois e Comment augmenter les chances de r ussite de la n gociation des pr servatifs de la part des femmes de la part des hommes e Comment optimiser l utilisation des pr servatifs plus r guli re techniquement plus s re li e moins un profil de partenaires qu une situation relation sexuelle avec un nouveau partenaire en p riode de f te etc Comment faire en sorte que cette utilisation se maintienne dans les ann es venir e Comment r duire la vuln rabilit au sida des jeunes citadins par rapport aux adultes et des jeunes femmes par rapport aux hommes Recommandations sur les autres moyens de pr vention Une meilleure ducation sanitaire des jeunes en mati re de reconnaissance et de traitement des MST pourrait tre utile de m me qu une prise en charge des MST dispensaires anti v n riens d pistage traite ments plus ais e et plus accessible Lorsque le centre de d pistage du VIH d Abidjan sera op rationnel et qu on conna tra sa capacit de fonctionnement des infor
33. mations techniques sur la s rologie VIH et une incitation rationnelle et mesur e au d pistage volontaire pourraient tre propos es En conclusion plus d tudes m thodes multiples et compl mentaires qualitatives quantitatives et autres sur les comportements sexuels sur les d terminants sociologiques symboliques et techniques de l utilisation des pr servatifs ainsi que sur les d terminants d autres pratiques de pr vention sont n cessaires en C te d Ivoire en Afrique et dans le reste du monde Il para t n cessaire d utiliser le plus souvent possible de telles donn es pour des actions de pr vention du sida et des MST 104 Jeunesse et pr servatifs Perspectives m thodologiques et conceptuelles Perspectives m thodologiques Une telle enqu te permet de revoir ou d affiner certaines notions sur l tude de la sexualit et d tre plus pr cis dans les questions pos es ce sujet En effet selon le niveau d ducation le contexte socio culturel les situations certains termes employ s par l enqu teur peuvent tre mal compris ou diversement interpr t s ainsi qu est ce qu un rapport sexuel qu est ce qu un partenaire sexuel occasionnel un ami r gulier une prostitu e Par exemple dans notre questionnaire la place de rapport sexuel il aurait t plus judicieux d em ployer un terme d signant clairement une p n tration vaginale unique car le rapport sexuel peut tre inter pr t co
34. mme le total de co ts cons cutifs avec un m me partenaire qui risquent alors de ne pas tre comp tabilis s Au contraire chez des jeunes Fran ais par exemple un rapport sexuel peut signifier des contacts corporels intimes tels que des caresses des baisers des rapports bucco g nitaux sans obligatoirement de p n tration p no vaginale Il serait int ressant d explorer d autres pratiques sexuelles telles que la masturbation les rapports bucco g nitaux la p n tration anale les relations homosexuelles la nature des caresses rotiques l initiative et la participation des femmes dans la pose du pr servatif Des lyc ens et des prostitu es m ont pos des ques tions sur les risques des rapports bucco g nitaux deux individus de l chantillon ont cit la p n tration anale comme ventuel moyen de contraception Enfin if serait int ressant de compl ter les informations sur les modes de rencontre de s duction les circonstances des rapports sexuels chez les jeunes o quand et bien entendu sur la sexualit propre ment dite Perspective conceptuelle l ethnopr vention Partout dans le monde dans toutes les soci t s pour une raison ou une autre morale religieuse psychologique le pr servatif choque ou d range la haute hi rarchie catholique l attitude du Pape en Afrique ce sujet est difiante d autres confessions religieuses certains politiciens certains intellectuels jusqu aux simples quid
35. mple 98 Jeunesse et pr servatifs e La n gociation probl matique des pr servatifs Dans l chantillon les femmes ont utilis des pr ser vatifs 6 2 fois dans leur vie sexuelle contre 13 1 fois chez les hommes On retrouve cette in galit significative dans l enqu te o 15 des femmes contre 43 des hommes d claraient avoir utilis des pr servatifs dans la tranche d ge 20 24 ans Quelles sont les raisons de cette utilisation moindre de la part des femmes difficult s d acc s aux pr servatifs manque de pouvoir d assurance de soi de volont face un profil de partenaires ou dans un contexte donn de relations L incapacit ou les difficult s techniques existent encore particuli rement chez les femmes beaucoup n osent pas acheter des pr servatifs ou demander leur partenaire d en utiliser certaines ne savent pas ou n osent pas savoir comment et o s en procurer au moment o on en a besoin d autres ne connaissent pas ses fonctions ou son mode d emploi Le manque de pouvoir des femmes d utiliser le pr servatif est ind niable dans les deux cas de femmes en ayant utilis avec un partenaire nouveau ou occasionnel c est l homme qui a pris la d cision Quel que soit le type de partenaire c est Phomme dans sept cas sur dix qui d cide d en utiliser p lt 0 05 la d cision tant prise conjointement dans 12 5 des cas Mais l in galit des pouvoirs d utilisation en d faveur de la femme est m
36. n par la honte par la confusion ventuelle sur la signification du terme rapport sexuel par l interpr tation personnelle de partenaire sexuel ainsi que par l ven tuelle difficult bien d limiter un espace temporel de trois mois et y m moriser nos variables On n a pas de donn es chiffr es sur l ge des partenaires sexuels des jeunes tudi s et sur la nature de leurs relations On se bornera des hypoth ses issues d informations qualitatives D apr s les dires d l ves masculins d un grand lyc e d Abidjan un nombre important de lyc ennes sortent avec des hommes plus g s qu elles de cinq dix ans parfois plus Les jeunes hommes n ont donc pas toujours les occasions ou les moyens d engager une relation durable avec ces jeunes femmes Ils se tour nent alors vers des partenaires occasionnelles comme les prostitu es ou vers des jeunes filles plus jeunes qu eux certains parmi ceux qui ne sont pas n s Abidjan retrouvent des adolescentes et des jeunes c liba taires de leur r gion d origine l occasion de leurs retours p riodiques au village Abidjan les jeunes femmes auraient un plus vaste ventail de choix de partenaires que les hommes de m me ge si c tait galement le cas pour les femmes de notre chantillon celles ci concr tiseraient leurs choix moins souvent que les hommes comme le montre le nombre total de partenaires sexuels plus lev chez les hommes Mais gardons nous d affi
37. nation du produit et greff e sur un acte sans rapport avec la consommation except e la prostitution Le pr servatif n est pas consomm au sens o on l entend habituellement l utilisateur ne ressent aucun besoin de protection comme il le ferait d un v tement par exemple puisque ce contre quoi il se prot ge est invisible et il ressent peu ce plaisir habituel de consommer Pour les jeunes femmes qui esp rent un profit conomique des rapports sexuels la n gociation du pr servatif risque de bouleverser les termes de l change et de lui faire perdre ses b n fices Enfin la consommation est techniquement d licate dans certains cas elle se fait avec un produit incorrectement conserv et peut se solder par un chec 100 Jeunesse et pr servatifs Un dilemme biom dieal et d mographique Ou en d autres termes une protection incertaine voire mena ante incertaine la protection appor t e par le pr servatif est souvent per ue comme telle cause de la qualit des produits 17 des jeunes pensent que les pr servatifs disponibles en C te d Ivoire sont de mauvaise qualit et 26 5 pensent qu ils sont de qualit diff rente peut tre cause de l invisibilit de la menace car il n y a pas de b n fice appa rent et imm diat du barrage que le pr servatif exerce contre le VIH puisque la contamination sexuelle de ce virus passe inaper ue Plus paradoxale encore la protection contre le sida et les M
38. nt refus les rapports estimant que faire l amour avec n tait pas naturel Enfin une des prostitu es n en utilise plus apr s avoir prouv des douleurs vaginales lors des premi res fois Fran ois Deniaud 97 65 5 des jeunes ayant eu des rapports sexuels c est dire 146 jeunes ont utilis des pr servatifs 98 hommes et 48 femmes Dans les trois derniers mois ils en ont utilis 2 8 fois en moyenne n 138 apr s correction 2 3 fois 39 des utilisateurs n en ont pas utilis dans les trois derniers mois 60 en ont utilis moins de deux fois 0 ou 1 Pendant la vie sexuelle les utilisateurs en ont utilis en moyenne corrig e 10 8 fois 50 d entre eux en ont utilis moins de 8 fois de 1 7 Il n y a pas de diff rence significative entre les sexes pour le nombre moyen de pr servatifs utilis s dans le dernier trimestre 2 6 fois chez les hommes 1 6 fois chez les femmes moyenne corrig e Mais sur la totalit de la vie sexuelle les femmes utilisent significativement moins souvent les pr servatifs que les hommes p 0 0002 6 2 fois moyenne corrig e contre 13 1 fois Si pour chaque individu ayant d j utilis des pr servatifs on fait le rapport du nombre moyen de pr servatifs utilis s durant le dernier trimestre sur celui des rapports sexuels pendant la m me p riode et que l on fait par la suite la moyenne de ces rapports on obtient l quivalent d un rapport sexuel sur deux prot g
39. ntinent partir du d but des ann es 1970 il y a t import de fa on croissante par la suite avec la mise en place dans chaque pays africain d un programme national de lutte contre le sida L extension du sida sa notori t croissante les conseils de pr vention et la visibilit grandissante des pr servatifs dans les zones urbaines africaines posent la question des perceptions de l acceptabilit et des pratiques du pr servatif de la part des habitants en particulier des jeunes Les jeunes lvoiriens d apr s les donn es pid miologiques et sociologiques dont on dispose sont menac s par le sida et une fraction d entre eux sont touch s par des MST Abidjan comme on l a dit les femmes g es de 15 29 ans seraient plus nombreuses que les hommes tre infect es par le VIH Comment expliquer la pr sence notable de MST et cette possible in galit des sexes par rapport au VIH chez ces jeunes Pour ce faire il faudrait conna tre la sexualit des jeunes Abidjanais les comportements sexuels qui peuvent les mettre en situation de risque face au sida et aux MST ainsi que ceux pouvant r duire les risques comme l utilisation des pr servatifs D apr s les donn es de la pr enqu te qualitative Deniaud 1991 men e en avril et mai 1991 Abidjan tay es par diff rentes tudes sacio comportementales dans d autres pays africains une partie de la jeunesse urbaine africaine conna t relativement bien le pr servat
40. ntre eux ont eu au moins une d chi rure de pr servatif durant leur vie sexuelle C est le fait d une plus grande proportion d hommes de l chantillon 41 que des femmes de l chantillon et de leurs partenaires 19 p 0 03 Pourquoi Est ce d la diff rence d ge inconnue ici entre les hommes de l chantillon utilisa teurs de pr servatifs et les partenaires des femmes de l chantillon peut tre plus g s que les premiers et ayant plus d exp rience de l utilisation Ou les femmes se rendraient elles moins facilement compte d une d chirure que les hommes Ou bien seraient elles plus r ticentes le d clarer D autre part y a t il des femmes qui prennent part la pose du pr servatif ou qui le mettent elles m mes sur le p nis de l homme Si oui leur technique est elle ou non meilleure plus mesur e que celle de l homme Le nombre moyen de d chirures est 2 7 n 47 Les causes attribu es par les int ress s sont le mauvais tat du pr servatif 24 des 67 r ponses des gestes pr cipit s maladroits ou brutaux 16 sur 67 fa mauvaise conservation du pr servatif par son possesseur 7 une mauvaise connaissance de son utilisa tion correcte 7 et l inexp rience 6 3 Cette hypoth se risque de ne pas tre valable dans une situation de pr carit conomique Fran ois Deniaud 99 149 probl mes d utilisation techniques conduisant ou non une d chirure et psychologiques refus d un
41. oins claire dans certains cas de l enqu te le nombre de pr servatifs utilis s dans les trois derniers mois n est pas significativement sup rieur chez les hommes 18 femmes sur 48 utilisatrices auxquelles on peut ajouter LE femmes partenaires d hommes de l chantillon ont d clar que ce sont elles qui d cident d en utiliser d cision qui est accep t e par le partenaire Dans le cadre d une relation non matrimoniale avec un homme plus g except e la prostitution la jeunesse de la femme et la position de l homme comme demandeur ne seraient elles pas des atouts pour que celle ci convainque l homme d utiliser des pr servatifs Parfois la femme peut invoquer tort ou raison le fait qu elle est en mauvaise p riode pour d cider l homme utiliser des pr servatifs Les 12 femmes sur 31 qui d clarent prendre ou avoir pris la d cision d en utiliser avec leur partenaire r gulier sont peut tre dans ce cas Enfin 4 femmes avaient des pr servatifs avec elles au moment de l entretien sur un total de 53 possesseurs des deux sexes Inversement certains hommes qui souhaitent utiliser des pr servatifs essuient un refus de la part de femmes qui pr f rent le contact direct ou dont l amour propre ou la confiance sont bless s par une telle proposition e Les probl mes techniques d utilisation 43 des utilisateurs de l chantillon ont d j fait une man uvre incorrecte dans l emploi du pr servatif 33 5 d e
42. procr ation 7 Il n y a pas de diff rence significative entre l opinion sur la g ne et le pourcentage d utilisateurs Pratiques 91 des jeunes interrog s ont d clar avoir eu des relations sexuelles n 226 e L ge des premiers rapports sexuels 60 des individus ont eu leur premier rapport sexuel un ge inf rieur ou gal 15 ans l ge moyen est de 15 2 ans les hommes sont plus pr coces que les femmes 14 7 ans contre 16 ans p 0 001 50 des hommes avaient moins de 15 ans lors des premiers rapports sexuels alors que la moiti des femmes avaient moins de 16 ans Les comportements sexuels dans les trois derniers mois le nombre moyen de rapports sexuels est de 5 n 213 la moyenne corrig e est 4 5 n 211 Les hommes en ont eu 4 6 en moyenne et les femmes 4 3 apr s correction 50 des individus ont eu moins de 3 rapports sexuels 0 I ou 2 durant les trois derniers mois Le nombre moyen de partenaires est de 1 8 n 210 et de 1 2 une fois la moyenne corrig e n 208 21 des individus d j entr s dans la vie sexuelle n ont pas eu de partenaires et 55 n en ont eu qu un Les hommes ont eu en moyenne 1 4 partenaires dans le dernier trimestre et les femmes 0 9 apr s correc tion 90 d entre elles ont eu O ou I partenaire 2 Ce sont des avis et des opinions g n rales sur les pr servatifs recueillies aupr s des jeunes qu ils aient ou non d j utilis des pr servatifs 96 Jeune
43. r sentations Peut on r duire cette g ne en rotisant le pr servatif En Europe des campagnes de pr vention tentent de pr senter le pr servatif comme un objet non seule ment n cessaire mais aussi rotique les femmes sont encourag es par exemple le placer sur le p nis de leur partenaire on envisage de l int grer aux caresses rotiques Peut on l imaginer en Afrique I faudrait sans doute avoir une meilleure connaissance des gestes sexuels hormis le co t des caresses ainsi que des r les respectifs de l homme et de la femme dans ces gestes Est il possible d en parler aux femmes d clarant avoir d j utilis un pr servatif Le donnent elles toujours au partenaire charge pour lui d en faire usage Ou certaines ont elles d j tent de le placer elles m mes sur le p nis Si oui ce geste est il une aide ou un obstacle au plaisir Le plaisir sexuel est un des premiers dilemmes sinon le premier tre d clar par les jeunes l absence d utilisation des pr servatifs est expliqu e avant tout par le d plaisir je ou mon partenaire n aime pas a puis par la confiance et la fid lit dans le ou la partenaire on trouve les m mes motifs dans la ques tion des opinions sur l ventuelle g ne provoqu e par le pr servatif 47 5 de ceux qui partagent cette opinion portent la g ne sur le plaisir sexuel et 28 sur l amour pour son ou sa partenaire D un autre c t pr s de 40 des utili
44. ra t que quatre d entre elles sont significativement li es la proportion d utilisateurs de pr servatifs comme je l ai crit la connaissance d un jeune s ropositif ou malade du sida les ant c dents de MST la connaissance de la marque Prudence et le fait d avoir vu dans la rue des jeunes vendeurs de pr servatifs Par contre l ge le statut matrimonial le niveau de scolari sation ne jouent pas Rappelons que dans l chantillon il y a 65 des jeunes qui ont d clar avoir d j utilis des pr servatifs et ceux qui n en ont pas utilis s expliquaient leur non utilisation par le fait en premier lieu qu ils n aiment pas cela et en deuxi me position par la g ne envers le partenaire la fid lit Tout cela en fait on le retrouve tr s bien en France 108 Jeunesse et pr servatifs D Di go Buriot Je ne suis pas sociologue et je trouve cette intervention tr s riche tr s fouill e Mais il me semble que l chantillon est d abord tr s petit et done il est dangereux de faire des estimations D autre part la majorit de vos sujets ont moins de 25 ans Or vous faites des estimations du nombre de partenaires sexuels pendant la vie mais heureusement la vie ne s arr te pas 25 ans Enfin je crois que ce n est ni plus ni moins qu une sexualit de jeunes On se trouve avec moins de deux trois partenaires dans les trois derniers mois trois ou quatre partenaires par an dans la majorit des cas je crois que c
45. rise en charge des MST en C te d Ivoire Les campagnes d information pour le public g n ral ont d but assez tardivement en C te d Ivoire la fin de l ann e 1988 Ce retard n est gu re l exception dans les pays africains des pays d Afrique anglopho ne ont commenc la sensibilisation d s 1985 ni d ailleurs des pays en voie de d veloppement puisqu en France par exemple la premi re campagne sur le sida n a eu lieu qu en avril 1987 Les premiers messages d information ont mis l accent sur la maladie sida et sur sa mortalit A l cole il n y a pas encore de chapitres sur le sida et les MST inclus syst matiquement dans le cursus scolaire Les pr servatifs sont vendus un prix subventionn depuis mai 1991 sous la marque Prudence Un centre de d pistage anonyme et gratuit a ouvert ses portes Abidjan l automne 1992 La formation du personnel m dical et param dical sur le sida et les MST est en cours Malgr ces retards au d veloppement de l information sur le sida et de sa pr vention il semble que les Ivoiriens soient de plus en plus nombreux tre au courant du sida de ses modes de transmission et de pr vention mais ils sont encore une minorit d clarer utiliser des pr servatifs Questions de d part Le pr servatif est un objet r cent et notoirement pr sent depuis seulement deux ou trois d cennies en Afrique Utilis d abord dans les programmes de planification familiale d velopp s sur le co
46. rmer ou de g n raliser l enqu te montre par exemple que la relation avec un e partenaire r gulier e dure en moyenne pr s de deux ans m me si elle n est peut tre pas toujours exclusive Des entretiens avec des jeunes d Abidjan et de Dabou au printemps 1991 ont montr que leur premier partenaire sexuel est souvent de m me ge ou de m me condition sociale qu eux de plus la part des sentiments dans une relation est d clar e et ceci pas uniquement de la part des femmes Pratiques des pr servatifs 80 jeunes 32 des jeunes ayant d j eu des rapports sexuels n ont jamais utilis de pr servatifs Les principales raisons avanc es sont les suivantes 24 sur 79 n aiment pas a 14 sont fid les leur parte naire ou ont confiance II ne savent pas o les trouver ou comment les utiliser ou encore quoi ils servent chez 7 d entre eux l occasion ne s est pas pr sent e pas de partenaire occasionnel pas de parte naire leur ayant demand d en utiliser puis sont cit es de mani re anecdotique une contraception d j suivie pilule la honte la religion la mauvaise qualit du produit la n gligence Notons que 3 hommes sur 48 et 2 femmes sur 31 n en ont pas utilis car leur partenaire n aimait pas les partenaires f minines des trois hommes ont refus le rapport sexuel estimant que cette proposition du pr servatif tait une moquerie une des femmes n aimant pas les pr servatifs a galeme
47. s 15 24 ans connaissaient une personne atteinte 94 Jeunesse et pr servatifs 26 des jeunes ont eu une maladie sexuellement transmissible dans leur vie le sex ratio est de cinq hommes pour une femme Ces deux donn es semblent tre sous estim es par m connaissance ou par dissimulation e 83 peu pr s autant de femmes que d hommes seraient d accord pour pratiquer le test de d pis tage du VIH et3 l ont d j fait 16 refuseraient de le faire par peur ou par d sespoir de se savoir s ropositif pour la moiti d entre eux 45 des jeunes de l chantillon connaissent la marque de pr servatif Prudence vendue par marketing social Ce programme compos de vente prix subventionn d une distribution diversi fi e en particulier par des r seaux informels et de campagnes de sensibilisation a d but sept mois avant l enqu te Notori t des pr servatifs 99 des jeunes interrog s ont entendu parler des pr servatifs Cette notori t est apparue pour 95 d entre eux en 1984 ou apr s 53 des jeunes ont d j vu des vendeurs de pr servatifs dans la rue Abidjan L origine g ographique des pr servatifs est situ e en Europe pour 51 des jeunes et aux Etats Unis pour 23 5 d entre eux 5 5 des jeunes pensent qu ils proviennent d Afrique exclusivement ou pas Pour la plupart des jeunes le pr servatif est un objet occidental r cemment introduit en Afrique Appellation Les noms les plus
48. s de l enqu te me para t tre diff rente de celle d adultes vivant dans les m mes quartiers elle m me diff rente de ruraux etc d autre part la sexualit des jeunes n est pas une sexualit exclusivement entre jeunes Elle ne cadre pas toujours avec certaines id es re ues l absence prolong e trois mois de 6 Dans notre tude le terme culturels ne fait pas express ment r f rence la culture africaine ou la culture occi dentale mais plut t une sub culture jeune urbaine m tiss e d influences modernes et traditionnelles T Dont nous pr supposerons la validit 102 Jeunesse et pr servatifs rapports sexuels chez un quart de l chantillon pas toujours li e au manque d occasions mais aussi des choix volontaires d abstinence ou de refus la dur e moyenne des relations avec un e ami e r gulier e avoisinant les deux ans le nombre moyen de rapports sexuels et de partenaires sexuels dans le dernier trimestre non significativement diff rent entre les hommes et les femmes Par diversit on peut entendre aussi la diff rence entre les pratiques et les discours sur la sexualit ces derniers sont parfois st r otyp s avec des variations selon les milieux L rotisme et le pr servatif On a vu les perceptions de l objet privil giant sa fonction sanitaire et son utilit La diminution du plaisir sexuel qu il provoque chez plus de la moiti des jeunes est coh rente avec le pragmatisme des rep
49. sateurs trouvent que le pr servatif ne r duit pas le plaisir si on croise les opinions sur la g ne avec la proportion d utilisateurs et de non utilisateurs it n y a pas de diff rence significative On observe donc un d calage entre les d clarations des utilisateurs et de ceux qui n en ont jamais utilis entre un discours de fa ade et ce qu il peut cacher l obstacle du pr servatif au plaisir sexuel contient semble t il une part de r alit une part de croyances issues de rumeurs et une part de st r otypes Ces st r otypes renvoient leurs homologues sexuels il y aurait chez certains et certaines une attitude de conformit des st r otypes sexuels tels que la virilit de l homme attest e par exemple par le nombre de co ts cons cutifs la n c ssit du contact physique des deux sexes la soumission de la femme la circu lation du sperme et l ins mination Bien que ces st r otypes aient des r f rences culturelles la plupart d entre eux ne sont pas sp cifiques l Afrique on peut les observer en France par exemple et ailleurs Recommandations pratiques partir des r sultats de l enqu te En mati re d information sur les pr servatifs Plus d informations sur les pr servatifs en langues v hiculaires et vernaculaires sont n cessaires en C te d Ivoire Dans les informations en fran ais il est pr f rable de parler de capote plut t que de pr servatif terme pas toujours bien
50. souvent attribu s aux pr servatifs par les jeunes de l chantillon sont capote 53 d entre eux chaussette 30 pr servatif 10 et caoutchouc 2 Plus de 12 d entre eux 23 hommes et 8 femmes connaissent un terme vernaculaire du pr servatif la moiti des vocables cit s peuvent tre traduits par caoutchouc 17 des jeunes pensent que capote et pr servatif ne sont pas synonymes pr servatif correspondrait ce qui pr serve l individu des grossesses seulement confusion avec contraceptif cas le plus fr quent ou des maladies et des grossesses la capote ferait partie des pr servatifs tels qu ils sont inter pr t s plus haut Connaissance des fonctions du pr servatif Seuls quatre individus sur 248 sont incapables de r pondre ce sujet une jeune femme croit qu il permet d viter le paludisme et les fi vres Sur le total des r ponses donn es cette question choix multiples les trois fonctions du pr servatif figurent part sensiblement gale 35 des choix pour la pr vention du sida 33 5 pour la pr vention des MST et 30 5 pour l effet contraceptif Connaissance des moyens de contraception Seuls deux individus ne connaissent aucun moyen moderne de contraception Sur la totalit des r ponses donn es le pr servatif est le plus souvent cit 28 des r ponses cumul es peu avant la pilule 25 5 et l abstinence p riodique 2
51. sse et pr servatifs e Comportements sexuels dans la vie enti re les hommes tant plus pr coc ment actifs et plus g s en moyenne que les femmes leur vie sexuelle est plus longue 6 5 ann es contre 4 2 ans Le nombre moyen de partenaires sexuels est de 13 3 n 207 la moyenne corrig e est de 9 8 n 205 12 5 des jeunes sexuellement actifs rapportent un seul partenaire dans leur vie et 45 d entre eux ont eu moins de 5 partenaires de 1 4 Les hommes ont eu en moyenne 13 1 partenaires les femmes 3 4 apr s correction Selon le sexe les diff rences significatives de comportement sexuel s observent pour l ge des premiers rapports p 0 001 et le nombre total de partenaires p 0 00002 Sur ce dernier point la diff rence peut tre due en partie la dur e de la vie sexuelle des hommes plus longue de 2 3 ans que celle des femmes La diff rence peut aussi avoir t exag r e par des oublis ou des erreurs de m morisation sur cette p riode de quatre six ans et demi s il est commun ment admis que les hommes ont tendance exag rer le nombre de partenaires sexuelles il est n anmoins possible que certains oublient de comptabiliser des rela tions ponctuelles ou de prostitution d autres pouvant simplement ne pas en tenir compte les femmes pour d autres raisons seraient plut t tent es de minimiser le nombre de partenaires D une fa on g n rale la vali dit des d clarations peut tre mise en questio
52. tre leur nationalit sont Ivoiriens 52 de ces derniers n 195 ne sont pas n s Abidjan Les trangers en majorit des hommes viennent du Mali du Burkina Faso du Ghana du B nin du Nigeria Les trangers sont sous repr sent s dans l chantillon 15 par rapport la ville d Abidjan qui en compte 38 recensement de 1988 Les ethnies des r pondants se r partissent ainsi Akan 39 Krou 21 3 Eburn o volta que 11 3 Mand du Nord et du Sud 11 3 trangers 17 Les religions pratiqu es sont le christianisme 51 5 de l chantillon l islam 25 l animisme 11 5 les sectes chr tiennes 4 5 tandis que les non croyants ou non pratiquanis repr sentent 7 5 du total Le chef de famille du jeune interrog est le plus souvent le p re pour 27 5 des 213 r pondants l oncle 16 5 le fr re 12 la m re 11 5 puis loin apr s viennent la tante 4 les beaux parents 4 l ami 4 le mari Notons que 12 5 des jeunes sont chefs de famille seules 4 femmes ont ce statut Au total pr s de 30 des jeunes n ont pas une autorit familiale de la g n ration des parents Limites de l enqu te L chantillon n est pas repr sentatif de la jeunesse urbaine africaine ni m me de la jeunesse abidjanaise La recherche est centr e sur le pr servatif comme objet cet objet dont l utilisation est partag e par deux personnes n est tudi ici qu individu par individu
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